FETE : "Music" - Madonna



Fête : La chanson parfaite que l’on écoute le samedi soir, juste avant d’aller faire la fête ou de dîner entre amis (tout dépend de votre génération et de votre dynamisme).

"MUSIC" - Album "Music" / Madonna - 2000

Madonna - Music - YouTube


Été 2000 , Août...
Hey Mr DJ...

DJ... le mot autour duquel va s'articuler une soirée de vie musicale peu ordinaire, enfin, c'est selon, car on en tellement vu...

Isère nordique, un chateau, célèbre de renommée VIP.
Parc immense, salles infinies, terrasse avec vue champêtre, dépendances immenses, golf, héliport...
Le DJ montant des soirées VIP, mariages, bals de pompiers et d'associations diverses me contacte.
C'est un jeune gars souriant, dynamique et avec un gros sens des affaires, une équipe de frangins, cousins, amis très proches, bref une affaire de famille.
Il ne "mixe" pas, il passe des CD, les derniers tubes, c'est encore ça un DJ, surtout en milieu rural.
Il a son stock de Cloclo, quelques mambos et musettes, il connait par cœur Johnny et aussi ses démons de minuit, les compils disco emplissent son bac posé à côté des platines.
Il a encore des maxi 45 vinyl et il s'est mis au CD - il est passé par les eighties, comme tout le monde, mais lui, adolescent de cette période a sa vision plus tubes du truc...
Le matos est relié par des enceintes JBL, le fleuron de l'époque, le truc qui en ces 2000, millénaire naissant fait hésiter à briser le livret A ou le compte épargne.


Il m'a posé le deal compliqué, mais aguichant, sachant que je pianote bar dans ce chateau depuis un certains temps déjà, il a pris les devants... pour cette soirée on ne doit pas se louper, c'est... du lourd et on est en confiance.
"Bon, tu viens en duo avec la chanteuse, celle dont on m'a parlé..."
Il s'agit de L, qui effectivement est remarquable et remarquée.
"On aura deux mariages, vous faites l'apéro du premier, extérieur dans le parc, puis vous réintégrez le matos intérieur grand salon pour animation repas familial pour le mariage de la fille d'une grosse fortune russe - je te passe des enceintes pour le son si t'as besoin"...

Samedi début d'après midi, on arrive, on passe le vigile sécurité posté à l'entrée du chateau (inhabituel, ce qui sous entend que là, c'est du VIP de chez VIP...), on gare la 205, passée in extremis à l'aire de lavage, chargée à bloc de claviers, enceintes - énormes et fidèles KB100 Peavey - et tout un stock de curvers emplis de câbles divers et variés.
Il est déjà là, il s'installe, me passe le complément de matériel, nous offre une bière.
Il est détendu, a le sourire et me glisse déjà la petite enveloppe dans la poche.

Puis il part faire la balance sur un truc chargé d’électronique, cette voix ça me dit quelque chose... pas le temps pour l'instant de causer zic et de se renseigner, y'a du taff.

On prépare les deux scènes, il n'y aura que les claviers à déplacer et replugger, simple...

Tintamarre, klaxons, rires tonitruants, vrombissement de l'hélico qui surgit en complément, la mariée est délicieuse, charmante, belle, pétillante et animée d'une furieuse envie de faire la fête.
Une envie compulsive, obsessionnelle, fusionnelle avec l'ambiance qui se dégage déjà depuis moins de cinq minutes du cercle des invités.
Ça dansouille de partout...
Ça promet...

Le deal est "Apéro Jazz".
De champagne en whiskys aux années laissant rêveur, le latino mambo chacha, mâtiné groove de luxe prendra vite place sous nos cordes vocales et doigts passés de pianistique à synthétique.
Le bonheur inonde ce moment, on est souriant, détendus et là, forcément on joue avec aisance...
Un public réceptif, ça aide à "être bon" aussi... du moins donner le meilleur.

La mariée est la petite fille d'un illustre artiste qui lui a légué une fortune colossale - elle a déjà le champagne festif, elle nous bise, nous adore, cause avec nous, nous abreuve et nous charge de petits fours sous l’œil inquisiteur du maître d’hôtel gay, acariâtre et méthodique à l'excès.
Elle aura beau tenter de le faire sourire et de le chambrer, elle n'aura qu'un sourire commercial de circonstance professionnelle...
Quant à nous, on est déjà bien embarqués dans cette première fête.

Mais... l'heure tourne et un chapelet de limousines vient d'entrer.
"Comment ? vous partez déjà ?" - nous lance la mariée avec une voix chargée de regrets. "Promettez moi, dès l'autre mariage terminé de nous rejoindre et de profiter de la fête avec nous".
On promet.
Après tout, s'offrir une grosse teuf après avoir bossé une am et bonne partie de nuit c'est du why not ?

La famille russe est arrivée, on profite qu'ils s'installent dans leurs chambres et s'offrent une promenade dans le parc pour s'installer rapidos, timing oblige.
Il faudra là aussi commencer par l'apéro jazz puis accompagner de douces ballades pop le repas pour enfin faire danser sur un court timing d'une heure.
Ils ont l'air nerveux et fatigués, fâchés aussi...
Curieux pour un jour de mariage...

On commence, rien ne décolle, pas la moindre vibration festive - on vient de passer de blanc à noir, on est sceptiques...
Et soudain, de la bouche d'un jeune serveur nous arrive l'explication... le maître d’hôtel si exigeant, si intransigeant a juste "oublié" de prévenir le curé du village et de réserver l'église...
Mieux, il s'est trompé de jour pour le mariage civil et celui ci n'a même pas pu être célébré...
Tout aura été fait pour tenter de rattraper le coup dans la fin de matinée au moment où la boulette a été découverte, mais en Août, tu parles... c'est un peu la bousculade question mariage... le samedi...
Ils sont donc là pour fêter leur mariage, mais... ne sont pas mariés.
Les parents sont d'une humeur massacrante, les mariés non mariés ne cessent de se consoler amoureusement...
On joue, dans un vide sidéral.

L'apéritif est passé sans la moindre réaction.
Pour le repas, le père de la mariée, voyant que nous tentons d'apporter un peu d'ambiance à cette situation pour le moins inhabituelle appelle le maître d’hôtel avec autoritarisme et lui demande de nous placer en terrasse et de nous servir un bon repas.
Il ne souhaite pas de musique pendant le dîner, la situation ne s'y prête pas, ils ne danseront pas mais il faut tout de même respecter les musiciens qui "eux au moins font leur travail avec professionnalisme !!!".
On s'installe, on est franchement mal, mais on finit par se détendre, causer boulot (on est tous deux profs de musique), famille, répertoire, dernier album sorti...
Le père de la mariée vient nous voir.
Il a une requête.
Avant de rejoindre leurs chambres, il vient d'apprendre que le mariage pourra être célébré demain, sur cette touche d'espoir il va nous demander de jouer "Summertime" afin de garder une sensation positive de cette déplorable soirée.

On s'installe, ils sont là, devant nous tel un vrai public, comme au concert.
Solm6, D79b, c'est parti...
Ils pleurent, nous remercient, nous glissent une petite enveloppe de remerciement complémentaire, s'excusent de l'ambiance...
Le maître d’hôtel s'est éclipsé, salutaire initiative.
Je ne le reverrais plus par la suite.

Il est bien "tôt" finalement...
On range le matos et c'est l'occasion de répondre favorablement à l'invitation de notre attachante et sympathique mariée VIP... (je garde son nom pour moi, désolé...)
On entre dans l'immense dépendance transformée en salle de danse... aveuglés par les lights qui clignent de toute part, assourdis par un son énorme, dense, trippant.
Notre ami DJ nous regarde, interrogatif : "Vous avez déjà fini ?" - on lui raconte... pas le temps de disserter...

Un cri de bonheur... la mariée (ou du moins, ce qu'il en reste).
"Super, vous êtes venus, allez servez du champ' à nos amis musiciens... Venez faire la fête avec nous !"
Elle se rue sur moi, m'ôte ma cravate, se tourne vers le DJ :
"Remets nous à fond le nouveau tube de Madonna ! Vous connaissez ?" nous hurle t'elle dans les oreilles, éméchée à souhait.
Sa magnifique robe n'est plus que parcellaire, son maquillage s'est estompé depuis un temps déjà, elle est dans une forme festive o-lym-pi-que.
Une voix inonde l'espace, les JBL vibrent, un vocoder nous happe, une première basse, puis une qui arrache tout. Je reconnais immédiatement ce tube mis à la balance.
Elle nous prend par la main :
"Allez, on va danser, profitez, amusez vous - c'est bon hein ?"

On aura dansé, bu, déliré, puis à une heure matinale hors normes, suivie d'un serveur me montrant au passage la montagne de cadavres de bouteilles de champagne débordant du local poublelles, elle nous aura embarqué vers la piscine, avec DJ, enceinte JBL et lecteur CD pour terminer, totalement nue cette fête au son de "Music" passé là en boucle, faisant apparaître des vagues sur l'horizon d'une piscine qui en quelques secondes sera passée d'un calme plan d'eau frémissant à un espace festif empli de créatures hilares, dans le plus simple apparat et magnifiques.

La fête...
Aujourd'hui j'écoute encore cet album...
Il est effectivement idéal pour s'engager un samedi soir et partir pour l'aventure festive.
Grosse basses pulpeuses à souhait, effets rythmiques de sursauts compulsifs, vocoders et vintageries de luxe, la voix qui revient dans les teintes gamines des eighties, le petit gimmick qui obsède...
Ça, c'est de la bonne humeur en boite...
J'ai adoré "Ray of Light", j'ai cet attachement en souvenirs dû à ce "Music", j'ai été addict des "Confessions on the Dance floor" me disant que s'il était sorti plus tôt notre incroyable mariée se serait certainement lancée sexy dans un délire Moroder...

"Hang up"...














Commentaires

  1. Quels souvenirs dis donc !! Je m'y croyais presque ;)
    Quel titre et quel album, un de mes préférés également, avec un super son !
    La production de Mirwais est pas mal, non ?! :D

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  2. Peut-être ma période favorite de Madonna avec ses débuts. Mais je connais pas assez pour m'avancer davantage.
    Mirwais a vraiment fait de l'excellent boulot.

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    1. En fait j'aime bcp Madonna, l'ensemble de sa carrière, ses choix esthétiques qui ont permis de rendre populaire des émergences artistiques...
      Toujours avec ce qu'il faut ce même dans les excès, paradoxal.
      THX

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  3. Sans dire que je suis fan de la dame, j e reconnais qu'elle a une vraie personnalité et sait très bien s'entourer. Une capacité à rester à la page sans jamais être ridicule. De cette période, j'ai souvenir de singles de Madonna que j'aimais tout à fait, car loin du formatage qu'on peut attendre d'une artiste aussi installée. J'aimais aussi, comme Chris, effectivement beaucoup le son made in Mirvais.

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    1. C'est ce son qui m'a en fait fait renouer avec Madonna.
      Tant de bals à jouer holidays ou who's that girl puis papa don't preach ... overdose eighties puis là, avec Ray of Light et ensuite ce Music ça m'a fait prendre un bon virage.

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  4. J'ai failli oublier de commenter, pas grand chose à dire cette fois, ton anecdote, que dis je ta petite histoire, que dis je ton histoire est plutôt .. houahhhhh

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    1. des anecdotes comme ça j'en ai nu bon nombre, forcément.
      Mais celle ci c'est un condensé assez rare.
      bon hier soir ai terminé de jouer à 02h30 du mat', d'où comms tardifs et post du dernier article parfaitement en phase avec l'état dans lequel je suis (fracassé...)...
      REPOS !

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  5. J'avais oublié Madonna, pour tout te dire, je l'écoutais tandis que je lisais, mais en fait j'avais oublié quand même

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    1. Moi ce soir là, j'ai même oublié la tête du marié... tellement la mariée illuminait de vie cette soirée.

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  6. Mais bien sûr, pourquoi n'y ai-je pas pensé : la reine Madonna, la papesse de la dance-music, l'impératrice déglinguos, l'empêcheuse de dormir en boîte de nuit.
    Tout le monde aime la détester ! Plus de 40 ans d'une carrière irréprochable, de frasques titanesques, d'exhibitions grand-guignolesques, de majeurs tendus à ses détracteurs, d'œillades sournoises ! Sacrée bonne femme... je la déteste !!!!! ;-)

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  7. Elle a beaucoup disparu de mes oreilles à cette époque à peu près. je(re)découvre le morceau. Et je ne suis pas sur de reussir à me l'adopter, plus le son dont j'ai envie.

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    1. le son...
      probable s'il n'est lié à un fil émotionnel ou conducteur.
      bien souvent avec les "vieux tubes" c'est ce fil qui fait que, sinon être passé à côté à la sortie ne fera pas forcement resurgir un quelconque intérêt.
      je peux comprendre, il y a tellement de belles choses à écouter soit pour guincher le samedi soit pour rêvasser le dimanche.
      ou suivre le reste de la semaine comme on l'a fait ici.
      thx

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  8. Aïe aïe aïe. Impossible, trop dur pour moi. Tu me passes ça en début de soirée, tu me plombes la fête.
    J'aime pas Madonna, c'est un fait entendu, mais j'ai quand même écouter la chanson mais non vraiment, peux pas.

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    1. Si t'avais vu la mariée, je suis sûr que tu aurais changé d'avis... :)
      Mais c'est loin maintenant, en tout cas, merci d'avoir forcé l'écoute, pour voir...
      Impec !
      YHX

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