ROCK POP … (02) … B side (45mn) … confirmation

 

ROCK POP … (02) … B side (45mn) … confirmation

01
SANTANA « Moonflower » - Album « Moonflower » - CBS 1977.

On ouvre la face B.
« Moonflower », le titre, l’album, dès le premier jour, juste après « Carnaval » qui fit s’auréoler un été grenoblois assez formidable.
Violetta, s’empare de son carton à dessins, file au supermarché, prend la commande des potes de la classe et elle me pique ce « Moonflower » obligatoire, incontournable…
Le premier Santana m’avait enthousiasmé, là encore une copine de bahut me l’avait filé, pas son truc… elle c’était Mike Brant, elle avait même porté le deuil pendant un mois, curieux le fanatisme musical.
Et elle avait filé tous ses disques aux potes de la classe, elle ne voulait plus rien écouter d’autre que… Mike…
J’avais hérité du premier Santana.

« Santana » c’était l’un des moments que je préférais quand régulièrement, à chaque fois qu’il passait, au ciné, au centre culturel, aux amphis de fac où je me débrouillais pour avoir mes entrées, j’allais admirer le film « Woodstock ».
Jimi, Joe, Sly, Alvin… et Santana…
Alors, adorateur du truc, de ce flot percussif, de ce son de guitare immédiatement reconnaissable, de ce lyrisme électrique de la guitare, de cet esprit latin-gypsy qui ne m’évoquait pas grand-chose voir strictement rien mais qui semblait être incarné par ces gars là j’ai suivi Santana des années et des années durant.

« Moonflower » est resté avec son parallèle studio « Carnaval » l’un de mes chouchous, mais il y en a tant d’autres.
Et j’en ai tant d’autres.
Santana c’est la passerelle, finalement, entre le rock et le jazz-rock, sans chichi, sans fioritures, John McLaughlin ne s’y est pas trompé en enregistrant avec lui, ni Alice Coltrane d’ailleurs, ni même Wayne Shorter parti en tournée avec lui (j’ai assisté à celle-ci), sans parler de certains albums avec des Carter, Williams, Herbie… il intervient même chez Weather Report et ne cache pas son affiliation avec Miles (« Caravanseraï » certainement son album avec « Borboletta » le plus engagé dans la direction davisienne).

Je sors souvent « Moonflower » du côté vinyles, cd, et forcément streaming.
Et je m’arrête toujours sur ce titre qu’en plus on a mis au programme depuis l’été dernier et à chaque fois c’est un bain de jouvence musical.
Le tapis soyeux de l’orgue de l’inimitable Tom Foster qui ira aussi iriser l’ambiance de ces string ensemble si prisés en vintage aujourd’hui.
A l’époque cela semblait kitch, aujourd’hui je vois cela comme un sommet de jeu orchestral en voicings et ça dresse le poil.

Comme on en a l’habitude Carlos va passer d’une balade latino rhumba à un mambo effréné aux gimmicks pianistiques sortis tout droit du ghetto newyorkais cubanito.
La basse et l’ensemble batterie – percussions sont un modèle d’assise et ce titre, un ajout studio fait en cours de tournée (Santana est toujours sur la route à cette époque – et encore aujourd’hui) a encore le pouvoir mélodique infatigablement créatif du grand guitariste.
Santana a certainement composé pour la guitare électrique les plus belles mélodies, de celles qui s’inscrivent dans la mémoire, au-delà de son tube planétaire « Europa », chacun de ses album possède ce pouvoir de l’axe mélodique saisissant l’auditeur.
Ici pas de saturation, de son sali par l’énergie débridée du rock, ici juste un son clean, pur et propre, avec un jeu articulé à l’extrême (de celui qu’un certain Al Di Meloa saura réutiliser dans ses premier albums solo, embarquant, avec lui une partie de l’équipe de Santana pour mieux fusionner son projet), avec un détail de la note, du dessin mélodique, de l’expression par le bend, etc. ce qui va exacerber le chant guitaristique.
Et rendre, de fait plus beau (et lisible) ce titre qui n’est pas une récréation studio (puisque c’est aussi le titre de l’album), mais bien une direction posée par le groupe qui va bifurquer assez vite dans cette direction musicale de façon plus marquée à l’avenir.

02
ALAIN BASHUNG « Vertige de l’amour » - Album « L’essentiel des albums studio » - 1981 Barclay.

J’ai un souvenir précis et particulier avec cette chanson, à tel point qu’afin d’en être respectueux j’ai mis des décennies à oser enfin la chanter et l’inscrire dans mon répertoire.
Pudeur et respect obligent parfois.
Cette chanson c’est le pouvoir absolu, un peu comme certaines des œuvres de Gainsbourg.
Il y a une sorte de magie inexplicable quand ce titre entre en scène, enfin et c’est même rare à constater en chanson française (ici on parle aussi de rock, car Bashung c’est du rock) qu’une chanson hexagonale n’a pas uniquement de valeur par son texte qui apparait en priorité, la musique passant souvent au second degré mais par une équité entre texte et musique, musique et texte.

Le texte…
Purée quand je chante ce truc improbable, je me retrouve barré dans les non-sens ou insensés  avec sens caché d’une période de Bowie.
Une analyse de prof de français qui devra être obligatoirement rock’n’roll serait probablement utile afin d’entrer dans les sens cachés (Gainsbourg aime cela aussi en jouant avec les mots) ou apparents, ou semblant d’êtres, ou en multiples dimensions que propose ce titre.
Qu’il fasse en plus, un tube indéniable, est un des mystères qui indique que, quand le français est capable d’être éveillé, il est aussi capable d’avoir un éclair d’intelligence.
La musique…
Cette guitare sortie des Doors, cette montée qu’on voudrait chromatique ambiguë, ce soutien en cocotte rock, ce, enfin changement d’accord qui va tout auréoler un instant.
Puis on va s’énerver, partir en guerre de langage et de musique, l’orgue insiste, les pointillés qui obligent au break.
Il reste alors ces incartades de guitare finale, marquantes, réglant le tout en quelques secondes alors que Bashung finit d’éructer son délire verbal.
Avec ça un nouveau génie de la chanson française est entré dans nos âmes perdues et désespérées par le pouvoir ringard des Guy Lux, Carpentier, Drucker et Jacques Martin.
Et enfin il a mis tout le monde d’accord .
Et d’un quasi seul accord à la progression tonale soutenant un texte de pur génie délirium poétique, Bashung a redonné un espoir rock à nos attentes désabusées.

Puis il est devenu une icône, un incontournable insaisissable mais reconnu, un extraterrestre venu porter haut et fort l’idée de vraie culture française tant poétique que rock.
Et il a repris cet espace traditionnel de la chanson française en lui apportant l’impact musical en équité avec le texte, l’un et l’autre indissociables, l’un et l’autre porteurs du même message pas si loufoque que cela, pas si barré qu’on l’imagine mais tout simplement « à décoder ».
Il est alors devenu tant utile que nécessaire.
Et il l’est véritablement encore – car qui va, aujourd’hui, pouvoir entrer en lice de la sorte ? ...
Tant en imagination qu’en création…

(tiens cette semaine je parlais avec un chef de rang de restaurant gastronomique qui a connu Alain Bashung. Il ne m’a pas caché son admiration pour l’artiste, l’homme, si humble et simple, si « gentil » et pourtant, m’a-t-il dit, quand Alain Bashung entrait dans la salle du restaurant, instantanément le silence se faisait tant sa présence dégageait du charisme, ce même auprès d’une clientèle étrangère ne le connaissant pas).

03
CROSBY STILL NASH AND YOUNG « Carry on » - Album « Déjà Vu » - Atlantic 1970.

Là, je touche un souvenir que la musique m’a obligé à dépasser.
Il y a bien longtemps, ma copine d’adolescence et sa petite troupe d’amies n’écoutaient que cet album, en boucle, avec le « Harvest » de Neil.
IL n’y avait pas un seul instant, pas une seule « réunion » entre potes, pas un seul moment seule à seul où cet album ne sortait pas sur l’électrophone.
J’en étais à un point de saturation tel que j’ai fini par mettre complètement de côté cette musique, ces artistes fabuleux, ce trio vocal et instrumental guitare devenu quatuor aux harmonies vocales inimitables et inqualifiables.
Puis un jour…
Bien après une séparation d’ado et une vie reprise de part et d’autre, je vois cet album dans un bac de disquaire. Allons donc savoir pourquoi, mais j’ai franchi le cap et osé le réécouter avec des oreilles neuves, déchargées d’un contexte qui, finalement occultait la musique.
Alors je me suis pris à chercher dans cette masse vocale unilatérale quelle était réellement la mélodie…
J’ai trouvé Stills et ses intentions rock avec wha wha absolument révolutionnaire.
J’ai ouvert mon oreille sur cet autre usage de l’orgue, plus churchy, plus roots, plus « américain ».
Et puis j’ai pressenti cet axe latinisant qui a fait que les congas et autres bongos sont devenus incontournables, presque obligatoires dans ce rock seventies.
Et puis pour conclure j’ai réalisé l’inventivité de ce changement de tempo interne pour cette assise puissante, sur ligne de basse en mouvance et drumming solidement appuyé sur after beat de tambourine, vous savez ce truc loin d’être anecdotique sorti directement de l’église où le chant gospel prie avec ferveur avant de partir dans la plus grande des transes transcendantales… porté par, justement ce petit instrument à la présence si percutante qui tient tout.
Et un jour j’ai décidé de comprendre le barber song, mais c’est une autre histoire, similaire, parallèle et peut être bien patrimoniale et traditionnelle, mais autre (ou presque).

04
BLONDIE « Call Me  - theme from American Gigolo » - Album « Autoanerican » - Chrysalis 1980.

Georgio Moroder, dès qu’il met son nez dans le soutien artistique, la production, l’arrangement, bref, tout ce qui fait l’ampleur de la musique, il gagne à tous les coups, un peu comme Nile Rodgers ou Brian Eno.
Ces gars transforment un matériau brut, beau mais et plein d’aspérités en un produit de luxe, en de l’or…
Là, autour du groupe initial Blondie avec l’indétrônable Chris Stein aux guitares tapageuses, on va trouver des invités afin de donner du relief, de la texture, d’auréoler le sujet en le rendant encore plus international.
Des invités comme Wah Wah Watson, Tom Scott, Alex Acuna, Jimmy Haskel ou encore le contrebassiste de jazz Ray Brown vont alors poser leurs talents respectifs au gré des sessions.

Blondie…
Quel ado rock’n’roll n’a pas fantasmé sur elle, sorte de Marilyn new wave – punky, fashion revendiquée, sexy en diable, à la voix et l’attitude tapageuses.
Blondie : provocatrice, allumeuse, érotique… inaccessible.
Une sorte de poupée pas franchement Barbie d’un temps nouveau, bien installée dans la rock attitude ce qui donnait une ambiguïté bien réelle et pas surfaite comme le sont certaines starlettes forcées d’aujourd’hui.

Avec ce titre oscillant entre une pré-electro à la Cerrone, Moroder, bref tout ce qui fit leur succès et un jeu du groupe qui ne renie pas sa hargne rock, ils ont fait un carton et c’est en fait tout à fait logique.

Ce beat sur boucles de triolets puisé dans le shuffle (directement piqué au « knock on wood » version Ami Stewart) pour lequel s’invitent des synthés nerveux et enloopés, sous un jeu rock sans détour, avec ce qu’il suffit d’énergie brute et brutale a tout eu pour séduire.
Cette voix haut perché, nasillarde (seule façon de passer sur le fatras rock du groupe), brute, sans effets redondants, juste naturelle et sortie du corps, avait tout pour accrocher tous les auditeurs.
Voilà ce qu’a pigé Moroder et qu’il a su exploiter, extrapoler, subjuguer.

Résultat des courses, ce « Call me » reste un incontournable qui plus est construit avec une parfaite maitrise formelle (le pont avec sa modulation qui assouplit le tout), le solo terminal de synthé se prenant presque pour une guitare saturée usant de bends.
Il faut écouter l’enchevêtrement et la superposition des guitares, apprécier le jeu lourdingue mais non dépourvu d’intelligence de relances et d’appuis de Clem Burke.
Et surtout prendre en compte cette rencontre, cette fusion, ce qui n’aurait pu être qu’un vague collage dénué de sens fondamental entre une musique électronique en vogue et une new wave/punky elle aussi en vogue – deux mondes parallèles, semblant diamétralement, à cette époque, opposés voire infréquentables et qui pourtant se réunissent ici sous la houlette d’un coup de génie producteur et productif.
Ils ont fait mouche…
Et tant pis pour les boudeurs (mais dans un coin de leur tête dès qu’ils entendent ce « CALL ME !!! », ils sont comme tout le monde, ils chantent à tue-tête)…

05
PETER GABRIEL « I Don’t Remember » - Album « Peter Gabriel 3 – Melt » - Charisma 1980.

On appelle ça aujourd’hui de l’art rock.
Après tout, pourquoi pas…

Quand Peter a quitté Genesis, représentant ultime avec « the Lamb » (qui sonna le glas) d’un rock progressif devenu conceptuel, théâtral, délirant, un peu comme avec Sting dans la même affaire, il était attendu au tournant, par les fans, par la presse, par…
Après un premier album parti en directions diverses et variées et avec un casting tant surprenant que captivant (Robert Fripp y joue tout de même du banjo…) et des titres trempés dans nombre de références, mais qui démontrèrent de suite la capacité personnelle de Peter à dépasser un cadre apparemment formel.
Puis sous l’égide d’un second, acide, tranchant, acéré placé sous la houlette productrice et protectrice de Robert Fripp, Peter embauche Steve Lillywhite, étoile montante de l’environnement productif de la nouvelle génération (Siouxie, XTC, Ultravox, etc.) pour son troisième opus.
Il demande à Pete Levin d’apporter son nouveau jouet, le Stick au son moelleux et aux possibilités infinies et il invente un concept innovant en demandant à ses batteurs d’abandonner purement et simplement leurs chères cymbales pour un jeu qui deviendra plus tribal, plus jungle en s’exprimant exclusivement sur les fûts.
Son vieil ami Phil acceptera immédiatement l’aventure et il est certain que cela l’aura aidé à ce jeu fracassant sur les toms qui seront son identité immédiate et Jerry Marotta suivra dans la foulée pour une aventure captivante.

« I Don’t remember » - Peter se prend d’entrée pour Johnny Weissmuller et le titre prend alors une fantasmagorie de Comics à la Tarzan – une sensation qui ne m’a pas encore lâché dès que ça « commence ».
Le Chapman Stick de Levin est l’attraction immédiate du titre… ce jeu est éblouissant de modernisme.
Fripp et Gregory se partagent les guitares aiguisées taillant dans le son roots et jungle de la texture et Larry Fast détourne ses synthétiseurs pour un solo enveloppant et sous acide.
Les chœurs semblent tout droit sortis d’une jungle urbaine d’un futur SF pas vraiment réjouissant, glauque et nauséeux, de ceux que j’ai tant lu ado puis adulte, incité par mon père à « aller » vers cette littérature (K Dick, Andrevon, Asimov, Hebert…) et, quand j’écoute cet album, je me prends à feuilleter également, en réel ou imaginaire, ces temples de la BD que sont les œuvres de Druillet, Bilal ...

Peter avec cet album m’a complètement connecté sur un imaginaire dans lequel avec lectures, pictural (Giger…) et BD je baignais déjà abondamment.
Il ne manquait qu’une véritable B.O pour accompagner cela et je dois avouer que cet album a largement rempli ce rôle et cette contribution.
Enfin du rock capable non d’évasions oniriques comme le faisait le prog mais d’une confrontation avec un imaginaire futuriste plus concret, plus réaliste, plus « actuel ».
Et que dire de cette pochette !
Et de cette fin bruitiste… digne des univers les plus spectraux et oppressants des films SF.

06
PHIL COLLINS « Against All Odds » - Album « Against All Odds » - Columbia 1984.

La B.O de ce « thriller romantique » (je l’ai vu si, si…) est du genre miraculeuse quand on sait le sujet (un remake de « la griffe du passé » feat Mitchum et J.Greer – 1947) et surtout la teneur générale du film assez seconde zone il faut l’admettre.
Mais…
Je ne sais pas comment ils se sont débrouillés pour le casting (y’a même Kid Créole dans son propre rôle) acteurs (Widmark, Woods, Bridges, Ward…) et mieux pour le coup de génie de la B.O qui fait s’enchaîner Phil Collins, Mike Rutherford, Peter Gabriel (bref tout le Genesis en mode post Peter), Steve Nicks, Big Country et Kid Creole and the Coconuts – tout ça pour la face A vinylique, mais il faut dire qu’ils ont fait très fort.
Et en face B on a une B.O instrumentale d’une géniale teneur composée par Michel Colombier et interprétée par le grand Larry Carlton.
Avec tout ça sûr que le film est passé du côté anecdotique et que sa B.O a pris le dessus.
Ceci dit, si le film avait été à la hauteur de cette puissante et créative B.O, j’ose à peine imaginer le truc cultissime que c’eut été.

Bon, après Peter j’ai souvent la logique Phil…
Curieusement, sur la distance, ce faiseur de grandes mélodies, de « véritables » chansons pop tient, quelque part, mieux que Peter.
Ou disons de façon plus honnête, vu son choix artistique, qu’il a écrit des titres qui se sont installés dans la mémoire de tous comme incontournables.
Peter explore, cherche, innove, expérimente… c’est son truc et avec ça il use de la technologie contemporaine à son travail de recherche.
Phil se met au piano, il chante ses affres, sa vie, ses douleurs et il touche les gens.
Phil, côté explorateur, a pourtant été l’un des pionniers de la boite à rythme, paradoxe suprême pour un batteur qui signifie bien là son immense intelligence, usant de cet outil comme d’un instrument autour duquel il va « articuler » ses « songs ».
D’ailleurs sa façon de programmer ses boites reste un mystère unique qui a fait bien des émules. Il ne les programme pas comme une batterie, le batteur… c’est et reste bien lui.

Phil est aussi un des pionniers du « home studio », puisqu’il enregistrait tout chez lui, sur bandes (il a même fait cela pendant des années après l’arrivée des logiciels de musique, leur préférant ses usages analogiques) et en multipistes, invitant ses amis à s’ajouter à ses prises initiales (les cuivres de Earth Wind and Fire, E.Clapton, D.Struermer, David Crosby et tant d’autres…).
Phil enregistrait sur le vieux piano de sa grand-mère, ce qui explique le diapason de ses chansons, toujours un peu plus basses.
On aura vu Phil chanter ce titre (Live Aid parmi tant d’autres…) solo en s’épanchant seul avec le piano, pourtant, ici ce n’est pas lui qui tient l’instrument à touches blanches et noires, mais Rob Mounsey – lui se contente de chanter sublimement et surtout de fracasser via sa chambre de reverb naturelle sa surpuissante batterie (avec un jeu sur les fûts qui est directement issu de son approche chez… Peter…)

Cette chanson est un petit miracle de pop song.
Une introduction mystérieuse.
Un piano en Eltonjohning/Lennon majestueux qui joue sur le principe des basses inversées pour les accords donnant là une couleur harmonique magique sur bases simples.
Un chant véritablement poignant d’expression sentimentale.
Puis la batterie entre, il balance ses propres chœurs en re-recording et les cordes posent un horizon de nappes et tout prend sa juste place sur l’échiquier musical.

Cette chanson serait sortie sur l’un de ses propres albums hors de ceux dédiés à la compil’ elle aurait fait de celui-ci certainement l’un de ses plus immenses succès (ceci dit côté tubes il a tout de même bien inondé de ses slows les pistes de danse…).

On aura encore et toujours sorti Phil Collins, en le pointant du doigt, de la sphère rock de laquelle il s’est extirpé non par souhait, mais par le hasard du divorce.
C’est cet événement de sa vie qui l’a amené à créer un/ce truc inédit, nouveau et autre avec son premier album.
Un truc que tout le monde attendait sans vraiment savoir pourquoi ou comment et il l’a mis miraculeusement en avant.
Alors Phil est devenu international, sorti du carcan Genesis il s’est retrouvé face à un succès dépassant largement ce que le groupe et sa musique lui avaient offert jusqu’alors.
Et fort de cela il a empoigné les sujets de la vie pour en faire des chansons parlant à tous, taillées pour sa voix unique et organisées pour son jeu de batterie tout aussi unique.

J’admire Phil Collins, ce gars humble, décisif, créatif qui s’est révélé par le hasard de la vie comme l’un des plus grands songwriters (et batteurs) de ce que la pop et le rock réunis nous ont donné.
C’est ainsi – et j’admire le succès largement mérité.

07
YES « Owner of a Lonely Heart » - Album « 90125 » - Atlantic 1983.

La rupture totale.
Terminées (pour le moment) les pochettes magistrales et Fantasy de Roger Dean, terminés les longs titres vaporeux et symphoniques, surchargés de claviers intemporels.
Yes a pris la mesure de la chose et s’ils veulent survivre, réexister, acquérir un nouveau public il faut frapper fort – c’est du moins ainsi que j’ai vécu la chose.
D’emblée j’ai adoré ce titre, cette direction sur le riff qui en deux mesures va prendre place sur le podium des riffs rock incontournables du genre et de la guitare.
Yes n’était plus et était même devenu le groupe du passé à oublier voir mettre au peloton d’exécution punk et post punk.
Mais voilà que sous la houlette de Trevor Horn à la production, le nouveau groupe « Cinema » créé par White et Squire histoire de voir, invite à jammer Jon Anderson qui embarque avec lui Trevor Rabin (guitares) et Tony Kaye (claviers) – finalement le « nouveau » Yes est bien là, sous leurs yeux et les voici, avec ce sang neuf, prêts à en découdre.
Alors pour montrer au monde leur retour ils vont même jusqu’à intituler l’album « 90125 », n° de catalogue Atlantic de celui-ci, tout simplement et histoire démontrer que désormais ils vont entrer dans l’ère du « produit », qu’on se le dise.
Ils feront mouche.
Plus « jeune » (« Yes » passait pour un groupe de vieux pour un public de vieux…), avec un son et une production actualisée (l’usage des « hits » aux claviers, les nappes ambient sorties de la new wave synthétique, le jeu métrique et mat de White, la basse enfin solide et collée à la guitare – mais quel solo !, les chœurs plus pop que symphoniques mais restés marqués Yes et les voix si haut perchées, si inaccessibles - Anderson en tête…) par un son désormais numérique, encouragé par l’usage du synthé FM et une envie rock d’un certain retour à des sources passées (Anderson de son côté en solo penche lui aussi dans cette direction et juste après son premier album « Olias of Sunhillow » sorte de testament post Yes, il va balancer quelques albums bien trempés), Yes part, guitares saturées et riffs bulldozers en légion, reconquérir le monde du rock.

Et ils vont gagner et réussir.
Les « vieux » vont les bouder.
Les « jeunes » qui soit leur tiraient dessus encouragés par certaines Manœuvre (s) médiatiques (il y a toujours des récupérateurs de foules pour tirer les ficelles), soit les ignoraient complètement vont finalement céder à cet attrait du riff du tube « Owner of a Lonely Heart », ficelé new wave, tendance FM rock comme il se doit et mieux, Yes va prendre un statut de groupe international en s’inscrivant dans les obligatoires charts.

Je ne peux que me souvenir de l’arrivée du « nouveau » Yes dans ma sphère musicale…
J’ai eu un choc, ne m’attendant absolument pas à cela, Yes était devenu un groupe presque du passé en 1983… mais d’un coup ils sont revenus, au-delà du suivi de leurs aventures solistes (surtout Jon & Vangelis qui débutèrent leur association en 79), dans ma zone de priorités.
Il suffit parfois d’un recul, comme toujours de l’intelligence, de la remise en question et surtout d’un grand savoir-faire, pour retourner une situation et reprendre les choses en mains.
Et Yes devient incontournable dans une playlist rock.

08
STEVEN WILSON « Permanating » - Album « To The Bone » - SW Records 2017.

Me voici avec le plus grand défenseur actuel du prog, un gars que j’ai d’abord suspecté ce à cause de ses multiples remasterisassions, remixages et remises en production des albums emblématiques du genre.
Steven Wilson c’est grâce aux échanges entre blogueurs et à Chris en particulier que je l’ai réellement écouté et découvert, au point de le faire travailler à mes élèves, tant le matériau musical valait un bon coup de pédagogie.
J’ai bien tenté, une année, à la sortie de ce titre de le faire jouer et découvrir à un groupe d’élèves adultes enfoncés comme des clous rouillés dans un rock tellement vieillot que moi-même je m’y ennuyais – mais leurs grimaces respectives m’ont vite fait abandonner le projet et j’en suis resté là.
Il y a pourtant tant de choses magnifiques ici sur ce titre.
Un piano comme sorti du chapeau de Supertramp, un axe vocal (le pont en avec sa descente harmonique) comme révélé par les Beatles, un solo de guitare comme habité par Zappa et ses suiveurs – bref plein de références additionnées, tuilées, mises savamment ensemble… non par collage, mais juste par un fait de culture. Une culture rock-pop des racines que connait bien S.Wilson.

Je suis désormais régulièrement ses interviews sur Insta – le bonhomme va chez le disquaire et il sort des bacs un album qu’il connait (il en connait tant… c’est une encyclopédie que cet artiste) et il le « raconte », souvenirs, production, artistes, rencontres… et il l’explique (vous imaginez bien à quel point cela peut me passionner).

« To the Bone » est un album qui peut suivre avec aisance le « 90125 » de Yes.
S.Wilson y fait chansons, rock et pop, dans un format plus réduit, plus compact, plus efficace et il contient des perles de création musicale (mais en fait c’est cela pour tous ses albums).
S.Wilson sort régulièrement des albums – il ne faut  (surtout) pas oublier de les écouter.

09
GENESIS « Land of Confusion » - Album « Invisible Touch » - Warner 1986.

Peter, Phil… et que faisait Genesis pendant qu’eux, en 86, avaient vraiment plus que décollé ?
Mike profitait de son temps libre pour sortir de temps à autre quelques albums solo et rejoindre certainement son pote Tony pour bosser un peu sur des idées, mais aussi établir de nouvelles stratégies tournées vers le futur afin d’enterrer définitivement le passé.
Tony devait avoir le nez dans les notices de ces nouvelles machines, bien différentes de celles qu’il avait connu par le passé, désormais digitales, numériques, M.I.D.I et aux touchers (sans parler des sons) en peine évolution …
Tout ça en attendant que Phil ait des trous dans son agenda…

Je ne les écoutais plus, ou presque, juste d’une oreille inattentive avec un paradoxe qui était celui d’acheter tout de même leurs albums, à chaque sortie, désormais au format CD (celui-ci).
Comme un vieux réflexe, acheter le « dernier » Genesis et l’écouter, un peu.
Et je retournais à ma série fétiche des trois post Peter (« A Trick of the Tail », « Wind and Wuthering » , « And Then they Were Three »)… ces trois albums absolument délicieux à savourer quand on a envie de musique.

« Abacab » a été un tournant que j’ai failli adorer (j’ai même fait jouer ce titre à un groupe d’élèves), puis je me suis retrouvé à jouer pour un groupe « Mama », puissant, habité, un autre nouveau versant à explorer me suis-je dit alors.
Avais-je, encore une fois, loupé un truc ?
Et j’ai ressorti tout ça, ces albums enfoncés dans les eighties et rangés soigneusement sur les étagères rock  à la lettre G (Genesis prend carrément un étage complet…) dont le sommet d’iceberg ridicule « I Can’t Dance » et son clip m’avaient fait plus que grimacer.

Hmmm.
Si on veut parler gros son et même d’une forme rock de rock devenu FM (et ce serait peut-être bien là pourquoi pas le rock FM so british) avec puissance, lourdeur et une direction finalement où Phil insère son nouveau savoir faire dans un contexte plus dense, groupe (ceci dit mené de mains de maitre par Tony Banks, heureux avec ses nouveaux jouets synthétiques), ce titre peut démontrer bien des choses.
Il pourra(it) non réconcilier ceux qui tournèrent le dos, disant la chose fichue, mais rassembler (attention pas de connotation politique merdique ici) ceux qui auraient eu l’idée d’une « seconde/dernière/énième chance », ou encore ceux qui, ignorant le Genesis passé, prendraient simplement là, l’affaire.

Si l’on se débarrasse d’un passé encombrant, nuisant à la nouvelle direction du groupe qui est en plein dans l’actualité musicale des eighties (gros sons de synthé basse, guitares saturées posées sur écriture de computer, Phil essoufflé et qui balance ses chœurs en ohh ohh ohh sans y croire vraiment, juste pour « dire » et « faire » que cela « fonctionne en mode tubiste, Simmons Drums en pagaille) on remarquera que ce titre est vraiment parfaitement réussi et réunit toutes les « bonnes » choses qui marchent à cette époque (peut être bien là aussi ce qu’on leur aura reproché).

Deux axes, le premier poussé par une double basse entre synthétique et réelle (ce qui alourdit considérablement le sujet et en fait, positionne de façon originale la texture de la chanson) puis un pont qui rappelle ce que fit Genesis dans un passé désormais lointain, ce comme un rappel, un flash de mémoire, un souvenir fugace noyé dans cette nouvelle dimension.

Le son eighties est là à son paroxysme de vieillissement d’abus d’usages (Synthèse FM, Simmons, Computer world machines, métrique Cubase à la quantification déshumanisée, M.I.D.I environnement, lourdeur des kicks de drums…), mais malgré ce constat de réalité sonore incontournable, si on veut le dépasser (après tout, l’ensemble de la production de ces années souffre de ce même engouement pour cette démocratisation du studio via le système M.I.D.I), alors on sera en capacité de prendre réellement en compte ce nouveau Genesis comme une sorte d’univers en lui-même, non dénué d’intérêt et en tout cas de sens.
Et se replonger dans cette série d’albums, comme dans une série TV bien trempée dans son temps, sera un gage de plaisir parfois même nostalgique.

10
VAN HALEN « Panama » - Album « 1984 » - Warner 1982.

On va terminer cette face B avec Van Halen.
Le groupe, le guitariste mythique, David et ses déliriums, leurs histoires intestines…
Van Halen c’est aussi l’entrée du rock dans toute la presse (à scandale aussi, désormais à la mode et truffée de ces paparazzi qui avec le rock ont de quoi alimenter leur torchons), et avec cette entrée c’est un succès qui dépassera la seule sphère du rock.

On ne reviendra pas ou peu sur cet album « 1984 » essentiel à de nombreux égards et comptant parmi les obligatoires qu’un(e) fan de rock se doit d’avoir sur ses étagères cd, vinyle ou encore dans son streaming favori.
Cet album dépote grave.
Cet album possède tout ce que la nouvelle direction de la production sonore musicale a de mieux comme par exemple ce kick de grosse caisse qui dès l’entrée du titre va vous faire réfléchir à investir dans un truc appelé caisson de basses car votre enceinte lambda commence à sérieusement sortir de son calibrage où jusqu’alors elle se croyait tranquille.
Le riff est d’anthologie, le jeu d’Eddie aussi (écoutez comme il joue bend, tapping, larsens intégrés, bref c’est un monument), les cris suraigus de David poussé(s) en adrénaline pure sont au-delà de l’incitatif.
Et puis il y a les deux compères qui portent ce tout avec une formidable intelligence de jeu (le frangin Alex, un de ces batteurs qui comptent plus que tout dans l’évolution de ce jeu qui désormais sera celui du métal, celui du proche futur – l’insistant Michael Anthony, pilier aux doigts marchants sur les cordes en croches métriques imperturbables) – avec ça ces américains nous ont conquis et mis des étoiles rock dans les mirettes.
Et je n’ai jamais lâché l’affaire Van Halen …
(ce titre dans le live « right here, right now » est là encore un véritable feu d’artifice)
Et c’est par ce feu d’artifice qu’on va conclure cette face B d’une K7 qui n’en finit pas de tourner en autoreverse…
Enfin pour celles et ceux qui aiment à se souvenir de ces vieilleries que furent les K7.

à très vite pour la suite.







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