HISTOIRE D’ŒUFS… et d’autres gourmandises.


HISTOIRE D’ŒUFS…
et d’autres gourmandises.

« Comm’ quand j’étais môme » - Eddy, je crois…
Dimanche de pâques, les chocolatiers se sont affairés, masqués.
Ils ont sorti de leurs mains habiles des œufs, des lapins, des poules, des cloches – mais rien n’est aujourd’hui… comme avant.

Je n’ai jamais vraiment connu la frénésie de la course aux œufs de Pâques, gamin.
Mes parents étaient bien trop anticléricaux pour que cela puisse s’installer dans l’idée d’un rendez vous annuel sur fond de fête religieuse.
Par contre on s’est rattrapé ensuite avec nos enfants et maintenant, nos petits-enfants.
La chasse aux ‘tineufs avec la magie des yeux qui brillent à chaque découverte, la frénésie du départ en mode starting-block pour faire la plus improbable des récoltes, le rendez vous incrédule père Noël gourmand…
Les cris de joie des enfants, l’excitation, l’agitation, puis le moment de saveur…

Y’aura bien une appli pour la rendre virtuelle en ce jour, genre un petit jeu avec des trucs à dégommer, des pièces d’or en chocolat qui scintillent à chaque buisson exploré, à chaque recoin de maison inspecté, à chaque objet soulevé… une petite trompette pourrait fort bien accompagner l’affaire.
Un gros « pouêt » de ratage, une fanfare de réussite !...
Une marche hypnotique de recherche…
Quelques lapins sortent du bois, une poule court afin de ne se faire attraper, des cloches indiquent la direction à suivre…

Mais tout ce virtuel ne replacera pas l’arrivée en grandes embrassades de toute la famille dont chacun s’est éclipsé afin d’aller planquer les trésors gourmands.
Tous sont arrivés tout sourire, chacun a amené un truc en plus de la malle de trésors de saveurs.
Ceux-ci sont enrubannés – aujourd’hui c’est nous qui le somment d’un masque qui n’a rien à voir avec le Zorro de notre enfance.
La famille est là, l’apéro, le repas, la rigolade et le beau temps…
Les embrassades…
Les gosses, cousins, courent dans le jardin – pour eux ces retrouvailles participeront à leurs meilleurs souvenirs… d’enfance.
Pour nous, se retrouver tous ensemble est déjà largement un bonheur qui s’appelle la famille…
C’est si peu en temps normal et si cool, pourtant.
C’est si important de se rappeler que ça a existé, vraiment… aujourd’hui.


Macron a-t-il organisé une chasse aux lapins crétins dans la cour de l’Elysée ? ...
Il va peut être réaliser que ceux qui cherchent sont et seront les vrais héros du futur et qu’il faudra non seulement les remercier mais les considérer bien plus que ces joueurs de foot surestimés, surpayés, surmédiatisés…
Les vrais héros sont désormais ailleurs que dans le stade, ils sont dans une arène avec un ennemi invisible qu’il va pourtant falloir terrasser et cette coupe est vraiment une coupe du monde avec une seule équipe, l’humanité… contre… le microscopique…
Replacer les choses dans leur juste espace de valeurs…


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Aujourd’hui on part donc à la chasse aux œufs musicaux…
Un petit jeu commencé avec les poissons…
Après tout, faut bien s’occuper, alors, allons y…

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Dans mon jardin musical j’ai donc trouvé, en premier lieu « The Egg » de l’album « Empyrean Isles » de mon très cher Herbie Hancock. 
Il y a là la crème de la crème, les ressortissants du fameux quartet de Miles – sauf Wayne… et à la trompette c’est Freddie Hubbard…
Ron Carter, Tony qui est encore Anthony…

C’est complètement free, c’est les délires du quintet quand Miles avait fini son solo et qu’il se mettait sur le côté afin d’écouter ses jeunes lions.
Le plan de piano sert de passerelle, il serait funky si Tony et Ron ne s’amusaient à le rendre inaccessible…
Freddie est en tous sens éveillé, mais au détour de cette recherche du miracle de gourmandise musicale voici que Ron sort son archet, qu’Herbie va fouiller dans les recoins du piano, que Tony nettoie son attirail, il sort de là un de ces passages musicaux tant improbables que miraculeux.
Herbie redécouvre Debussy et l’enjambe pour partir vers une école de Vienne free….
Tony décide de passer un coup de balai et Ron repart en promenade walkin’ pour tracer et rendre la quête dans ce chemin la moins anarchique et sinueuse possible…
Mais les gamins partent dans tous les sens, c’est le bordel absolu… et ce ne sont pas ces retours sommaires vers le cadre qui vont changer grand-chose.

Tout le langage free exploré chez Miles et qui sera la pâte de Herbie dans le futur est là… dans cette poignée de minutes hors normes, hors cadre, véritablement frees, ouvertes…
Anthony conclut cela par un solo loin de ce qu’il fera par la suite et qui conclut peut être là son langage d’avant par une sorte d’adieu à ce qu’il fut avec Miles, ce qu’il fut avec Eric…
L’électricité tout comme pour ses amis ici présents va le happer.
Freddie les a laissé faire, ils sont rompus à l’exercice… Il a préféré s’effacer pour revenir, flamboyant sur le thème légato, bien contrasté rapport à ce pattern aux orientations funky, groovy qui s’ignore encore.

« The Egg » est le titre certainement oublié de ces sessions d’un album mythique, il est atypique, ailleurs… avec le VSOP, ils retenteront ce genre d’affaires, plus tard…
Avec le trio Herbie, Ron, Tony, aussi…
Mais c’est déjà une autre histoire…

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1981…
Un groupe que j’ai toujours bien accroché sur mon mur de posters d’ado : « The Cars » …
Quand même étrange d’appeler un groupe « les voitures », y’a bien que les américains pour imaginer un truc pareil… bon cela dit avec notre téléphone on n’a pas été plus malins non plus.
Et puis il y a ce nom qu’on retient de suite rien que par sa « bizarrerie » - il en faut peu, parfois – Ric Ocazek.
Premier album à gros succès… certains auront suivi, fans de première heure.
D’autres pas… et pourtant ce « Shake it up » sorte de gourmandise quatrième album, new wave pop bien dansante et kitch a tout pour séduire…
« Little Black Egg » sur boite à rythme avec son arpège de guitare et son histoire d’œuf trouvé dans l’arbre est juste délicieux et donne envie de se faire l’intégralité de cet album passé aux oubliettes… ou pas… selon qu’on aimait monter en voiture américaine, banquette molesquine et jolie pinup de calendrier fantasmée à ses côtés.

Un mythe…
La couleur du passé…
La bonne humeur festive.

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« Got an Egg »… 

Ça sent la fin…
Chichin a chopé ce truc, vous savez cette autre maladie dont on n’arrive pas à bout… le cancer…

Entre la sortie de cet album des Rita Mitsouko (08 octobre 2007) – « The Eyes Ep » -  et le décès du génial artiste (28 novembre 2007), je vous laisse faire les comptes…
Ils n’ont pas pu s’éclater en tournée…
Catherine la fera pourtant, cette tournée… on n’arrête pas le train en marche il n’aurait certainement pas voulu cela.
Il y a là tout ce qu’on a aimé des Rita, ce côté déjanté, ce côté tellement barré…
Les grattes supers, le coq de pacotille qui fout son cocorico, suivi de sa basse-cour, à tout va…
Une batterie basique et millimétrée…
Toujours ce second degré, toujours ce truc si reconnaissable, toujours cette dérision rock.

Chez les Rita, il n’y a pas eu que Marcia…
Eux aussi ont été là dans la chasse aux œufs pour sortir le rock français de l’ornière variétoche…
Purée, qu’il est bien ce EP…

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« The Egg »… quoi de plus logique que ce titre quand on signe la BO d’un film devenu culte, un documentaire animalier sur le froid, le courage, l’instinct de reproduction à tout prix…
Et cette longue marche, non napoléonienne, mais d’un autre empereur… 

Jusqu’alors on ne le connaissait pas vraiment cette sorte d’oiseaux non volant, mais nageur et protecteur, familial aussi…
Et puis il aura fallu des images sublimes, de la volonté d’évasion, d’espace, mais aussi les prises de conscience émergeantes sur le climat tout cela enrobé dans une BO bourrée de vitamines électro, auréolée d’une rare féminité créatrice, faisant la pige à l’autre échappée du grand froid, Björk… pour qu’un mythe français estampillé nouvelle scène émerge…
Une certaine Emilie… Simon.
L’intello de la zic… DEA Musicologie, Stages à l’IRCAM… bref la musique dans la boite du Mac, elle connait… et elle sait faire.

Cette B.O est simplement géniale et tout aussi culte que celle que fit Serra avec son Grand Bleu, c’est dire si elle se place à un certain niveau.
Dans ce titre les harpes se mêlent à une electro rythmique sonore et bruitiste…
Elles seront rejointe par quelques cordes de chambre, délicates, féeriques, pures et blanches comme ces espaces vierges, beaux tant qu’hostiles qu’elles sont censées accompagner au fil d’un film resté dans ma mémoire…
Par son sujet ?
Par sa musique ? oui certainement…

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Ella est dans la cuisine…
Elle prépare le repas pour son chéri et en bonne ménagère américaine, entourée de tous les ustensiles obligatoires vantés en publicités télévisées la voilà qui s’affaire, tout swing dehors et dedans, dans sa kitchen.
« I’m a Poached Egg without a Toast » un standard des frères Gershwin qu’elle a tellement chanté…

Ça swingue grave, le big band ponctue ce chant qui navigue et se promène sur une mélodie loin d’être simple… (un petit pont en forme de récit fait prendre la mesure de la difficulté du titre…).
L’arrangement est comme cette recette d’œuf poché sans le toast qu’elle prépare en métaphore culinaire et amoureuse, soigné au détail prêt, amoureusement goulu et sexy, coquin et féminin à souhait.
Les trompettes vont se renforcer de sourdines en son clair, le swing de prime abord up et délicat va se transformer en pas de danse au fur et à mesure que la recette prend forme.
Et… nous voilà embarqués dans ce tourbillon de jazz délicieux, gourmet, chargé d’images…

Cette belle Amérique aujourd’hui dans la tourmente…
Ce rêve d’insouciance devenu en quelques maigres semaines réalité cruelle sous l’irresponsabilité d’un clown teneur de manettes twittées…

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Allez, le printemps est là, pour autant ce n’est pas la peine d’aller batifoler tout jogging dehors…
Il n’y a pas que des œufs qui se planquent là, partout autour de nous…
Celui qui est montré comme une petite sphère boutonneuse est loin d’être savoureux… méfiez-vous en…
Mais rien n’empêche pour autant de se faire plaisir chocolaté… at home…









Commentaires

  1. :D cool, me suis pas fait laisser prendre cette fois-ci. Loupé le poisson, mais pas l’œuf.
    Je regarde tes titres et je reviens .. déjà Emilie Simon.. je l'ai pas écouté depuis des lustres.

    Bonne journée Pascal(e) ;D

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    1. Hello, bon dimanche pascal...
      après les oeufs...les lapins ? les cocottes (en funk de quoi faire) ? les cloches (mais là on va déborder politique... ou pas...)
      Bizs

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    2. Ouaih bah j'ai carrément débordé politique .. j'appréhende le retour avec tous ces lustucru.. tiens.. des pochettes avec des nouilles ;D (y'a pas un truc avec les Who.. ou Zappa avec sauce tomate??) Pour les cloches moi c'est direct ACDC et macron en culotte courte et casquette. Le lapin.. eh eh... un disque Murat "Grand lièvre" 2011.

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    3. ouai, moi aussi j'appréhende...

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  2. Lu dans le silence, qui me fait du bien, j'ai dû saouler mes voisins depuis 11h. The EGG, cela me semblait mystérieux.. Madame Simon c'est ça? Donc c'est un joli monument que je ne connais pas, ou à mon insu?
    Je jeu de l'oeuf est attirant. J'ai mon pote Pascal qui est né le 9 avril, pas belle cette date?
    Bon, quelques appels familles, sans oeufs que deviendrions nous? ;-) Rebizousse

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  3. Hé oui, en ces temps confinés c'est musique plein pot...
    en écoute, au piano, en reportages, en concerts...
    bref, de quoi se satisfaire.
    Je reviendrais vers toi pour Wagner...
    Bizs porte toi bien

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  4. Emilie, superbe... du tendre accessible, du "Prince" parfois... Je voulais même me jeter sur le film. Je comprends et ne savais pas que son disque était aussi réputué que le "grand bleu"

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    1. hello,
      retard de comms...
      j'ai réécouté l'album - il a tout des grandes B.O, tu peux l'apprécier dans sa fonction normale et première, en regardant le film, très beau d'ailleurs, ou de façon complètement autonome, comme une musique pure et dans cette situation et ce cas présent, ça fonctionne super.
      à +

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