ROBBIE DUPREE (cf Robert Dupuis – 23/12/1946) – Part one.

 

ROBBIE DUPREE (cf Robert Dupuis – 23/12/1946) – Part one.

On le retrouve souvent dans les compilations sous-titrées « Cali’f », en général avec des « tubes » qu’il a concocté dans les années 80 comme « Steal Away » (plus de 4 millions de passages radio aux States), « Hot Road Hearts » …
Et… c’est à peu près tout.
C’est de là que j’ai décidé de me pencher sur la musique de cet artiste, chanteur à la voix soul blanche souvent soutenue par des amis pour lesquels j’ai une grande admiration, à savoir, Michael McDonald, Bill LaBounty ou encore David Sancious.
Avec ces maigres mais brillantes cartes en mains, j’ai fait ma chasse au trésor.
Et forcément, j’ai trouvé des pépites scellées sur cet artiste qui a commencé sa carrière en chantant a capella au carrefour des rues de l’Eastside de Brooklyn, puis comme (ex) chanteur du groupe d’Atlanta « Yacht Rock Revue » puis de « New World Rising » (avec Nile Rodgers qui y fit ses débuts) et qui revendique comme influences Marvin Gaye, Curtis Mayfield, Sam Cooke, Smokey Robinson, entre autres ...

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« Robbie Dupree » / Elektra 1980.

C’est ici (ou presque) que commence ma quête.
Son premier album.
La production bien calif’, les chœurs immédiatement identifiables de Bill LaBounty avec l’anecdote tout de même amusante concernant la chanson « Steal Away », devenue très vite tube.
Cette chanson fut chanson jugée par la presse (Los Angeles Times/Washington Post) comme un plagiat de « What a Fools Believe » de… Michael McDonald.
Des similitudes peuvent être en effet remarquées, pour autant, style oblige, je pense qu’on peut « dans le genre » en trouver chez tout à chacun…
Combien de descentes chromatiques à la « My Way » ?
Combien d’anatoles schématiques ?
Combien de suites d’accords dits « magiques » ?
Bon…

Qu’en est -il de ce premier album ?
Là où le sillon synthétique va commencer à creuser la production eighties, Robbie Dupree reste, pour sa part, ancré dans ce son soft (on dit maintenant soft-rock, encore une étiquette de plus…), doucereux, caractéristique de ce terme générique de rock calif’ (étiquette que je préfère, enfin… les étiquettes…).
Une sorte de varièt’ à l’américaine encadrée de pointures de studio qui emballent le paquet cadeau avec un luxe évident.
Peter Brunetta agit, aux drums, en clone de Gadd, Michael Boddicker tout comme Bill LaBounty prêtent leurs voicings de claviers – un terrain d’écoute familier.
Je note surtout ce chanteur quelque part intemporel, à la voix caressant les registres aigus sans aucune force, sans exagération, simplement, légèrement, avec toujours ces inflexions soul émanant des Marvin Gaye et autres Al Green.
Je remarque aussi autre chose : Robbie Dupree est et se situe définitivement hors « mode ». J’entends par là, et déjà ici alors que cette étiquette Calif’ commence sérieusement à se synthétiser et prendre la donne eighties en considération dans ses productions, lui, reste fidèle à un axe non désuet, non passéiste (il est bien trop jeune pour raisonner ainsi), mais trempé d’un enrobage tant en compositions qu’en arrangements mais aussi en « jeu musical » qui est le sceau de ce « genre ».
Des ballades voulant tour à tour rivaliser avec le « slow de l’été », des mid tempos groovy chargés de cocottes de guitares, des solos de sax à la Dave (Sanborn) ou autres Tom (Scott), des chœurs obligato et systématiques chargés d’harmonisations gospélisantes sous-jacentes, des percussions discrètes mais renforçant le sujet, un drumming écrit au cordeau qui colle à la basse tout cela pour cette voix de velours.
Un premier album qui agit comme ces mises en bouche culinaires qui vont permettre de savourer plus loin.
Alors il faut y aller – plus loin.  

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« Street corner Heroes » - Elektra / 1981.

Vous aimez les Doobies, Hall and Oates, Todd, Michael McDonald, M.Franks, Bill LaBounty (qui ici prête tant voix que compositions) ?
Cette pop groovy, sucrée, chargée de ballades, de chœurs kitchs, de cordes en paquets cadeaux, de solis de sax pêchus et mielleux à la fois, de riffs de cuivres pugnaces… tout est là pour vous.
Pas étonnant qu’avec un tel album Robbie ait pu flirter avec les charts.
Sa voix haut perchée, toujours aussi soul fait miracle.
Chaque titre est un petit régal, chaque entrée en groove, ballade, pop song est la promesse de quelques minutes de plaisir.
So perfect…
Tout est ici taillé sur une mesure Fm à consommer sans aucune modération puisque savamment dosée – un cocktail orchestré avec parcimonie qui fait mouche dès qu’on prend un verre.
Tout un art, une maitrise, un savoir-faire, une école même.
Celle de la mélodie qui immédiatement accroche, celle du bon tempo, celle de la rythmique pile calibrée, celle de la technique vocale, juste ce qu’il faut de plus… et de pas trop, celle de la science orchestrale qu’il s’agisse de cordes, chœurs, cuivres, celle de la connaissance stylistique, celle du son, bien sûr – juste irréprochablement intemporel…
Juste tellement bien exécuté, joué, interprété par ces pointures studio dont la seule évocation des noms force le respect.
Une pincée de gospel spirit, un zeste de mélancolie romantico soap, une dose d’harmonies Broadway-Pop-Jazz, un tiers de pianos somptueux, on secoue avec quelques guitares qui jouent avec les « genres » pour les caractériser et, la cerise, c’est forcément cette voix, autour de laquelle tout s’organise, est construit, conçu, dédié et imaginé.
Le seul problème aura certainement été de passer l’ensemble des années 80 en partant dans un sens opposé à ce packaging, indémodable mais pas taillé ou peu pour passer une décennie ou, tant musicalement que techniquement et en usages… les choses sont allées… très (trop) vite.

« Street corner Heroes » c’est direct dans la set list coolitude, soleil à fleur de peau, chemisette Hawaï et plage/maisons de luxe qui défilent le long du ruban d’asphalte.
Mais c’est aussi « Desesperation » qui  permet d’imaginer que tout n’est pas si rose ou frivole que cela.
On le retrouvera plus tard, ce titre…

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« Carried away » / Chrome Willie Music – 1989.

Encore à la bourre, dirais-je…
Un son eighties évident, une prod soignée, synthétisée, des drums bien massifs et triggés…
Quelques faux marimbas, calliopes, bon, on connait.
Sauf que ça sort en 1989… largement tard pour… ce son, cette prod qui a rattrapé cet esprit soft/Calif’… allons donc comprendre…
Mais…
Qu’a donc fait Robbie pendant cette décennie ?
Quelques chœurs chez des amis, glandé au bord de sa piscine en mode cool-cool en se dégustant des Tequila Sunrise, savourant au passage ses rentrées budgétaires issues de ses ascensions au sommets de charts… peut être et oui pourquoi pas…
Finalement on n’en sait pas grand-chose ou rien du tout si ce n’est qu’il aurait eu des problèmes avec sa maison de disques.
Robbie est sorti des radars, on peut tout imaginer et le net pourtant friand d’anecdotes V.I.P salaces semble complètement ignorant de cette pause décennale.
Robbie est un gars secret et sa vie professionnelle ou privée n’apparaissent pas au grand jour.
Curieux…
Même l’album – rien, nada… pas une indications de zicos à se mettre sous la dent, racheté et passé de labels en labels selon les pays, l’objet apparait comme anecdotique ou collector, selon les degrés d’intérêt.
Pourtant…
Même si cette prod sonore estampillée eighties saute aux oreilles avec la plus grande familiarité, on se dit que…
Un peu comme avec son pote Michael Mc Donald ou son ami Bill LaBounty en ces années synthétisées et calibrées Cubase/Atari, on est dans la même veine créatrice, les mêmes directions.
Même E.W.F auquel je pense aussi parfois ici a barré dans ces chemins, en ces temps.

Robbie, au sortir, pourrait être accolé à une étiquette qui a évolué (et continue de le faire) de décennie en décennie mais il y a là ce truc un peu autre qui rend l’affaire digne d’un intérêt certain.
L’emballage est usité, mais par contre, les compos, les arrangements, donc le socle de cette partie visible de l’iceberg c’est de la haute volée.
La voix reste instantanément attachante, expressive et blindée d’une émotion directe, sans fard, simple en étant d’une aisance et d’une maitrise technique qui, au-delà de l’admiration qu’elle force, installe ce confort de velours luxueux, de richesse émotive, de feeling intemporel.
Le casting de zicos flaire bon le niveau habituel, ici réadapté aux nouveaux critères, le requin de studio a muté, s’est « ajusté ».
Les grattes cocottent à tout va et leurs solos incisifs giclent en tous sens (« Emotion »), basses synthé programmées se tirent la bourre avec quelques parties – mode oblige - slappées, des cuivres en compression Brecker sortent du chapeau, la panoplie claviers numériques a remplacé les croyait-on obsolètes analos (« Carried Away ») sans parler de ces pianos brillants et chaleureux, les drums semblent sortis de la chambre de reverb de Phil Collins, les chœurs comme à l’accoutumée collent au leader et, purée, ça joue.
Certains grimaceront – normal – face à ce calibrage, mais il faut savoir aller au-delà et surtout reconsidérer la chanson, juste pour ce qu’elle est.
Et ici côté mélodique et gestion harmonique (« Tears »-« Why ») – on est servis…
Et côté chanteur (sans parler de son « chant » à l’harmonica) … hmmm… impossible de résister.

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Trois albums et déjà touché direct au but.
Un mystère attachant, un artiste certainement discret mais entouré d’une sacrée équipe d’amis, de pros.
Je suis donc passé complètement à côté de ce gars…
Il aurait pourtant dû prendre sa place aux côtés de mes favoris du genre : Hall and Oates, Steely Dan, Mickael Franks, Michael McDonald, Bill LaBounty, Donald Fagen, Larsen/Feiten, Christopher Cross, Chris Rea, Bozz Scaggs, David Koven (chez nous), etc…
à n’y rien comprendre…

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Je vais ainsi continuer à explorer la délicieuse discographie de Mr Robbie et la partager.
Mais déjà, avec ces trois albums, les amateurs de ce style peuvent compter sur des jours ensoleillés (ou presque).
 

Commentaires

  1. Je ne connaissais pas. J'ai commencé à écouter. C'est vrai que cela fait très pop US de l'époque. Christopher Cross, H&O, Fagen, tout ça, je suis passée à côté. DevanF m'avait fait redécouvrir H&O. Mais je me dis qu'il y a une sensibilité US qui n'est pas exactement la sensibilité européenne au niveau formatage des charts. Pour moi, il y a trop de ou pas assez de... Je sais pas. J'aurais du mal à en écouter des heures.

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    1. Tout à fait et je peux comprendre ce point de vue.
      Américain donc...
      Moi je suis tombé dedans gamin, aussi ce formatage je l'ai en habitudes, mais justement, ça fait partie des points de débats récurrents avec nombre de mes amis musiciens de tous bords que ce "son" et ce traitement musical.
      merci d'être passée commenter.
      à + bien sûr.

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  2. Moi ce serait le son anglais des années 78-83 pour lequel je ne serais peut-être pas objective..

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    1. C'est sûr que un album, un titre, un "son", un "genre"... si on l'a aimé (ou plus) à une période de notre vie pour une raison x ou y, non seulement on manquera d'objectivité rapport à ça mais également on le défendra avec conviction (ce, même si parfois les arguments contraires feraient pencher la balance).
      C'est un peu ce que j'ai souvent essayé d'expliquer ici dans le blog, ce rapport intime avec la musique et les sensations qu'elle a, aurait, pu procurer.
      Thx

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