CARLA BLEY – Saison 2 - « Le temps des études ».


CARLA BLEY – Saison 2.
« Le temps des études ».

Se poser, écouter, comprendre, étudier.
Cérébral pour apprécier davantage ?
Mais où est donc passé le… « jazz » ?

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Milieu des années 80, je me retrouve à la direction d’un big band.
Beaucoup de culture à rattraper, une « jazz attitude » qu’il faut désormais avoir.
Connaitre ses classiques et en écrivant cela on implique « tous » ses classiques…
Et s’intéresser à tout ce qui est actuel, évolutif, ayant prise sur ces socles … ou pas.
Basie, Duke, Woody, Buddy, Lalo, Mel, Glenn… et les autres…
Bobby, Carla, ONJ, Instabile, Vienna Art, Antoine Hervé, Laurent Cugny… et tellement d’autres…

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Comprendre pour mieux diriger.
Lire et décortiquer tout en remodelant, réarrangeant, arrangeant aussi, parfois (à la table, pas encore de Finale/Sibelius ou autre).
Lire des bouquins, des articles s’y référant.
Et travailler sa direction, sortir du poncif « battue », chercher l’inflexion, trouver la dynamique, le moteur, la sollicitation, l’énergie.
S’appuyer sur le batteur, gérer les rôles pupitres, cibler les identités des solistes.
Sur le terrain, mais aussi en recul sur écoutes.
La route a été longue – 10 ans, puis un autre Big Band – un peu plus de 2 ans…
Partir ensemble d’un point – chercher où est l’autre, rester artistique et jazz et s’ouvrir.
Et créer des expériences parallèles (interactifs orchestras) … sortir des schémas battus.

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KURT WEILL « Suite for Wind Orchestra from « the threepenny opera / 1928 » - London Sinfonietta direction David Atherton – DG 1976.

Sorti fraichement du service militaire obligatoire, me voilà prenant tout ce que je peux trouver comme boulot.
D.V parti vers des contrées créatrices électroacoustiques me refile son poste de prof de solfège.
C’est dans cette école de musique que je vais trouver tant vocation enseignante que nouvelle direction artistique.
J.c.P le directeur va m’aider à prendre ces directions.
Je lui pose l’idée d’un ensemble interactif dans lequel tous niveau, horizons et instruments peuvent venir jouer – je passe des heures à arranger. J’apprends.
Il me complète mon taff avec des heures pour un métier qui est en devenir, intervenant en milieu scolaire…
Le solfège…

Cet album va tomber à pic pour faire le lien entre tout cela.
Côté solfège il va me servir comme support pour des dictées musicales à plusieurs voix, la réécriture pour ces instruments transpositeurs, etc… un véritable outil …
Côté écriture et arrangement il y a là une telle clarté, une telle évidence qu’il suffit de repiquer (car pour trouver les partitions à cette époque…) et… comprendre.
Enfin, il suffit, c’est vite dit… mais en tout cas, c’est ainsi et avec le soutien d’ainés connaisseurs (ma prof de solfège que je continue à voir - je persiste même à assister, pour observer et comprendre sa rare pédagogie, à ses cours sup / J.c.P et quelques autres amis).
Côté musique à l’école ces pièces aux couleurs art déco, mêlant rythmiques caractéristiques, mélodies immédiates, engouement musical sont parfaites à de nombreux degrés…
Elles suscitent l’imaginaire, elles éveillent l’oreille, elles structurent l’expression corporelle.

Je me renseigne sur Kurt Weill.
Et bien souvent l’on parle de suiveurs, de rapprochements d’écriture… des noms… Nino Rota, Carla Bley…

Je travaille en complément d’heures dans une immense médiathèque d’entreprise. A cette époque les boulots de profs n’incluaient pas les vacances scolaires qui devenaient vacantes (c'est bien malheureusement encore le cas dans certaines structures - un jour futur je m'exprimerais sur la réalité quotidiennement et souvent précaire du prof de musique en établissements spécialisés histoire de faire tomber des idées tellement reçues)…
Autant dire qu’il fallait se bouger pour avoir un boulot pendant ces périodes imposées par l’E.N mais non rémunérées par les institutions d’enseignement artistique.

Mon boulot "complémentairement vital" ?
S'apparente à un paradis de mélomane… répertorier les achat de disques pour les médiathèques et bien sûr je pouvais en emprunter autant que je voulais…

Là, deux albums de Carla Bley…
Il était donc temps.

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« SOCIAL STUDIES » - The Carla Bley Band – Watt  1981.

Quand tu t’attends à du jazz à l’entrée en matière de cet album tu tournerais vite fait les talons.

« Reactionary Tango – In three parts » a beau être un tango se voulant réactionnaire, de nombreuses questions surgissent.
Bon, le tango, faisant du bal (là encore pour des raisons d’ordre financières – mais une école oh combien formatrice…), c’était pour moi le moment de la pause. On ne joue pas de batterie dans un tango, point barre…
Mais tiens, justement, ici… 
Trois variations sur ce schématique/rythmique taa, tada,ta – un traitement instrumental cuivré, l’orgue en tapis, le trombone qui gueule, la trompette qui chante lyrique, les saxs qui sont en mode parade circus ou jazz section/et solistes, le tuba qui se la joue moi aussi je peux, le piano qui arpège in style.
Les accords se déplacent mathématiquement, une forme d’humour, de parodie semble lier tout ça, un jeu oui…
Un thème entre rétro belle époque et désuétude absolue, une sorte d’art déco musical, des dorures, des volutes, un modernisme sur du vieux…

L’entrée, la découverte, l’oubli immédiat de cette étiquette jazz et je me suis directement barré vers cette sensation qui balaie tout vers le mot et le sens « musique ».
Ca a aussi balayé la Carla des années précédentes et annexé ses albums découverts auparavant, pour mieux les comprendre et surtout désormais les redécouvrir.
« Social Studies » est donc devenu en l’espace de ces quelques 12 mn d’un tango pastiche, bourré de clichés et d’humour tant que de génie d’écriture mon tout nouvel album fétiche de celle qui devient instantanément mon idole en tant qu’arrangeuse, orchestratrice, compositrice, artiste.

« Copyright Royalties », merveilleuse fanfare en écriture chorale lorgne vers le jazz de rue (ce solo de clarinette sur Tuba, juste et tellement classieux) tout en reprenant les poncifs d’un certain Benny Goodman rematérialisé par Igor et son « Ebony Concerto », se perpétue par cette entrée magistrale de Gary Valente au trombone geignard, cuivré, gueulard et excessif à souhait (l’image sonore de nombre d’albums de la dame que ce Gary) – oh que voilà, finalement … du jazz.
Enfin, ce jazz à la Carla, vraiment jazz, mais pas que…

« Utviklingssang » que je vous laisse traduire c’est juste une mélodie immédiatement accrocheuse par son côté purement mélancolique et poétique. Ecriture presque contrapuntique de chants et contre chants, harmonisation serrée et tendue avec une première partie s’organisant sur pédale harmonique. La mélodie se suffit en elle-même et passe de l’un à l’autre comme si chacun en voulait un bout…
Le solo de Carlos Ward sur une rythmique épurée au possible reste dans cet état d’âme.
La sonorité lyrique de Michael Mantler et Gary Valente revenant en retenue…
Certainement l’un des titres de Carla que je préfère, émotionnellement…

« Valse Sinistre » - Weill, Rota, l’orgue de barbarie, l’alcool, la rue, le bordel, la pauvreté, les bas-fonds. L’orgue toujours impeccablement dans le ton, cinématique, mélodramatique, mélodique et tranchant de Carla. La rythmique (Sharpe/Swallow, les piliers de toute une époque) veut s’engouffrer dans le jazz, mais les cuivres à la viennoise la recadrent direct. Comme l’accompagnement d’un vieux muet avec l’orgue, au ciné…

« Floater » met en avant le charismatique Steve Swallow- de multiples strates cuivrées reposant sur une seconde ascendante ou descendante et organiques dissonantes encouragent ce développement soliste en aucun cas démonstratif (jamais de démonstratif chez Carla et paradoxalement des solos d'une incroyable technicité, personnalité et "présence") – là encore un drumming sans fioritures.
Puis changement sur l’entrée de Gary, incisive (on retrouvera ce schéma dans un titre futur « Real Life Hits ») qui restera presque jusqu’en jusqu’auboutisme …

« Walking BatterieWoman » parodie le bop (Carla est quelque part souvent en exergue du "post bop") et pose là encore les bases de « Real life Hits » avec ces entrées de riffs dégingandés en mode multi-influences qui ponctuent les solos véritablement ancrés dans le jazz le plus bop possible (Mantler en Dizzy facétieux lorgnant ver le free - Dagradi free – Valente carrément blues hurleur). Carla s’amuse à singer Jimmy Smith.
Zappa aurait certainement aimé écrire un truc dadaïste-jazz pareil.

 ///

Donc après ça, soit on aime, que dis-je, adore.
Soit on ferme la page.

Vous savez ce que j’ai fait.

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« MUSIQUE MECANIQUE » - The Carla Bley Band – Watt 1979

Pas d’ordre chronologique donc.
Cette musique mécanique, finalement agit en parfaite image de cette écriture métrique, au cordeau tant qu’ouverte sur tous les possibles…
Là encore, le jazz, ou « autre chose », oui mais quoi ? ...
Même addiction, même choc, même entrée, mêmes constats.

« 440 » (entendons là la hauteur du la – aujourd’hui passé fréquemment à 442) sert de prétexte à une série de variations qui va s’incliner vers le rythm’n’blues et quelque part un certain beat rock (n’roll) qui n’est pas pour déplaire aux solistes qui surgissent des nappes crépusculaires, denses, amples organisées autour de ce « la ».

Carla aime donc les variations (le tango m’a alerté sur la chose) cela permet au-delà de l’idée de thème puis solos (progression structurelle typique du jazz) d’imaginer comme en classique l’idée d’une forme avec développements, ces développements useront d’emprunts stylistiques, d’usages d’écriture, le tout émaillé – à l’intérieur du développement – de solos expressifs, forcément, caractéristiques, de fait et où les personnalités sont mises en phase avec la progression structurelle et d’écriture choisie.
Autour du la/440 que faire ?...
Carla offre une réponse, la sienne et un argument pour se faire.
Un peu comme en classique où une œuvre en telle ou telle tonalité se sert de cet « univers » tonal pour créer tout ce qui va s’y référer (thème/sujet/mélodie, tonalités voisines ou relatives, formes balisées en mouvements) – ici l’argument est juste de diapason.

Mais l’album va mettre nombre d’arguments en avant…
Le tango pastiche dans « Social Studies » en était un avec ses variations en développement en us d’écriture – etc… 
On va s'habituer à ce mode compositionnel et conceptuel chez la dame.

« Jesus Maria and other Spanish Strains ».
Un titre à faire bondir certains extrêmes.
On l’a donc pigé, l’argument sera ici hispanisant.
Gary s’en régale d’ailleurs (tous en fait) … ils sortent l’attirail Habanera, Paso (carrément incisif et intrusif), Fandango et tutti quanti, injectés en arrangements d’influences harmonique mineures, en rythmiques rhumbaïsantes. Une liberté prend place, Charlie Haden est arrivé, sorti directement de son Libération Music Orchestra mettre un peu de bordel au milieu de tout ça qui va partir en valse déjantée quasi-mariachi… une banda quoi, et toute une Espagne et ses croyances, son histoire, son patrimoine, revue et corrigée par une Américaine qui en fait… sa vision.
On est à mil lieues des frasques de Chick, on s’est écarté de ce qui a mis le truc à la mode avec Gil et Miles – c’est juste l’Espagne vision Carla… et c’est sur ce solo free disjoncté de Gary en usage sourdine wahwah vocal qui s’est retiré de la banda pour aller boire un verre et entrer dans l’arène suivi de cette reprise thématique exagérée, quasi clownesque triste que s’achève ce pur moment de plaisir musical, d’écriture, d’intelligence et … d’humour mélancolique et presque dramatique.

« Musique mécanique » commence comme il se doit, tel une boite à musique en fin de course.
Mais là, la boite et surtout sa danseuse sont sorties avec la Banda dans le titre précédent et elles ont pris une sacrée cuite. Le mécanisme se remonte et s’accélère et veut tout faire rentrer dans l’ordre mais une bande de clowns sortis d’un nulle part de fin soirée, ayant embarqué leur orgue disloqué n’arrive pas à rentrer dans ce moule rythmique.
Un véritable film musical que la musique de Carla Bley…
Une véritable musique de film, à nous d’en créer les images.
Fellini est forcément là, Rota l’illustre divinement.
La musique de Carla nous emmène dans ces mondes déviants, voisins et parallèles, pas vraiment normaux mais pas tant hors de ceux-ci (c'est quelque part, son mode compositionnel).

La mécanique de cette musique est compliquée à gérer. Elle ralenti, s’emballe, s’intensifie, s’autorise à prendre quelques plages de répit, elle s’amuse avec elle-même, se ressaisit, tourne, fait volteface et change de direction, n’oubliant jamais de récupérer cette gamme ascendante qui semble n’en jamais finir de grimper, mais vers où, vers quel paroxysme ? ...

La variation 1 a fait chanter en chœurs lyriques ces clowns en culminant ce point, mais ils sont épuisés et tout finit par se casser la gueule jusqu’à cet orgue glauque …
Variation 2
Il est minuit et le crime métronomique va célébrer Halloween en teintes vespérales.
Il reste un « chanteur » qui braille à la pleine lune sur ce métronome obstiné.
Un orchestre tente de le soutenir… il déclame, complètement bourré…
Drame.
Variation 3
Retour martial en force, la raison et le thème reprennent le dessus, la mécanique est réparée et les rouages rythmiques se sont stabilisés, quelques mises au point restent à faire car parfois, comme sur un vieux 78 tours rayé, le sillon se bloque sur quelques notes. Mais il suffit pour le coup de simplement déplacer l’aiguille et chanter la suite en chœur.
Après tout, ici tout n’est pas grave, c’est juste sérieux, sans l’être.
C’est juste absurde et fou tant qu’intellectuellement mûr et réfléchi.
C’est juste étrange tant qu’évident.
C’est juste passionnant et tellement intelligent.

Ah oui…
et le jazz dans tout ça ?
Peut-être les derniers hoquets d'Alan Braufman ?
Mais si, vous en faites pas, c’est bien du jazz, ou du moins… de la musique américaine étiquetée telle.
Bon, sur cette musique mécanique j’ai dû maintes fois vérifier que le disque n’était pas rayé, mais non, il est en parfait état – eux par contre à l’issue de cette séance…

///

 
A ce stade,
Carla Bley.
Où en suis-je ?...

Variations sur thèmes ou prétextes, parodies, pastiches, caricatures, réalismes, authenticités, variantes déviantes, vérités transformées  … un simple la/440, un tango, une idée de l’Espagne, une simple cellule rythmique, minimaliste et l’on s’embarque vers des contrées orchestrales incroyables, un motif de gamme ascendante semblant infinie...

Tout est bon pour, à partir d’un « rien » musical, créer ad libitum, inventer de nouveaux usages, de nouvelles combinaisons, créer l’unique à partir du commun.

Les timbres… sortir des cuivres, les cuivrer à l’excès renforçant ainsi leur pouvoir excitant, leur charge émotionnelle.
Chercher le cor, le faire pleurer et glisser depuis des aigus aux sommets inaccessibles,
User des flûtes pour les rendre tour à tour diaphanes, percutantes, doucereuses,
Faire chanter le hautbois,
Renforcer tubas et autres euphoniums, pour créer une basse alternative à Steve qui jongle avec basse et fausse guitare.
Colorer de saxophones en tous genres, de clarinettes diverses.
Puiser dans les percussions,
Maltraiter les voix,
Désincarner l’orgue en le triturant churchy, mélodique, barbarie, rock, théâtre/cinéma.
Réduire la batterie au minima vital tout en lui offrant des moments solistes magnifiés.
User de la basse non comme basse mais comme guitare basse.
Prendre la guitare comme intégrante et intégrée de « l’ensemble ».

Fixer le soliste en espaces dédiés, en l’entourant de riffs, de nappes et autres éléments jamais compliqués mais souvent complexes et de points d’appuis à la mise en place désorientée pour mieux le faire rebondir en l'obligeant à s'y fixer en rendez vous.
User pour cela des protocoles du jazz, de façon pure et dure, sans pour autant n’être « que » jazz en lui glissant nombre de trappes stylistiques, de variations de tempos, de cassures anarchiquement contrôlées et savamment écrites.
Chez Carla Bley, l’orchestre compte et décompte les mesures, se prépare, est en permanence « attentif », concentré et en éveil. Il ne faut pas « se louper ».
Et tout cela…
Avec sérieux, avec humour, avec réflexion, avec intelligence, avec simplicité tant que complexité.
Avec féminité affirmée et assumée.
L’évidence devant le méandre, la science d’une écriture orchestrale et conceptuelle parfaite, métrique, agencée à l’excès, reposant sur des éléments minimes qui s’emboitent pour créer la difficulté de jeu tel  un vaste échiquier musical qui pourtant semble toujours (à l’écoute) direct et accessible.

///

Tiens, le beau temps est revenu …

 










Commentaires

  1. Je rebondis sur ta dernière phrase, à Menton ce Mercredi 15/11 le beau temps...
    Kurt Weil, pour une dois SOULSEEK n’avait rien de suffisant, alors j’ai acheté un album qui côtoie Kurt Weil, Nino Rota et ?? Fiorenzo Carpi (Circus Suite) à découvrir… plus tard ?
    Puis en lisant lentement les deux Carla Blay.
    Je me disais il y a chez toi ce même talent d’évocation qu’une Rebecca Manzoni, ses incartades pendant le déroulé d’une musique ne gêne pas, apporte un contrepoint plus émouvant que savant. Bien entendu tu as ta propre patte, celle du musicien pédagogue.
    N’empêche un montage comme elle aime les faire, musique au volume qui baisse pour laisser la place à commentaire pour ensuite reprendre le fil sans le rompre. J’aimais l’imaginer alors que joue « Jesus Maria And Other Spanish Strains »
    Kurt, Nino et les deux albums de Carla. Pour l’automne, histoire de trouver une métaphore pour éviter la redite de ta présentation.
    Il y a cette mélancolie riche en couleurs, là où l’hiver – musical – joue le dénouement, la mise en valeur de peu, l’automne, Carla propose toute une variation riche en éléments même si ils ont tous ce climat mélancolique, bastringue, cassé et déjanté. Familier mais passé.

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    Réponses
    1. Sincèrement merci pour ce retour.
      Ah... la pédagogie...
      Le vaste débat que voici.
      Faire comprendre, faire apprécier, faire aimer...
      Créer le choc qui va te faire aller plus loin, plus avant, progresser, découvrir.
      Eveiller le sens de la curiosité.
      Et tenter d'être capté par le plus grand nombre, sans pour autant oublier tout à chacun.
      Car, chacun a son approche, son entrée, son besoin de...

      Si je suis devenu passionné de l'écoute musicale (on appelle cela mélomane, mais je réfute ce terme par trop réducteur sur une approche historique, méthodique, analytiquement technique de la musique) c'est grâce à deux profs.
      Donc on se refait pas...
      L'une - prof de solfège - nous apprenant une fois le temps d'exercices passés (et quels exercices !) à écouter pour le simple plaisir. Rien de véritablement "gratuit", toujours en lien avec ce qui avait été fait, mais il fallait juste en prendre conscience.
      L'autre - prof référent classes horaires aménagés - s'évertuait à nus faire comprendre la pensée d'un compositeur, le comment / "génèse" d'une œuvre, puis on entrait dans la partition écrite avec le support ou à se créer mentalement à l'écoute et là on devait saisir ce que celui-ci avait voulu exprimer. Là encore, un libre arbitre, une porte ouverte entre évasion et histoire réelle, la musique qui parle d'elle même tenant compte et s'émancipant tout à la fois de la ligne "encyclopédique".

      Avec et grâce à eux j'ai gardé cette forme éthique de l'approche de la musique.
      Le musicien joue la musique...
      Pour autant l'écoute t'il ?...
      Enfin, à part celle qu'il joue ...

      Voilà bien un débat que je pose quotidiennement. Il est au cœur de nombre de "réunions" tant animées que stériles et il s'intitule : "culture".

      Je n'écoute pas la radio et il m'a fallu aller voir qui est cette Rebecca (joli prénom).
      Mais un comparatif de ce niveau est flatteur, tu vas booster mon ego :)...

      Ce samedi j'ai fait une conférence intitulée "gagner haut la main" - il s'agissait de décrypter ce qui fait un tube, une mélodie dite éternelle, bref comment entrer dans la mémoire collective...
      Les ficelles, ou pas, donc le hasard...
      En sortant de là le musicien que je suis se regarde dans le miroir et se dit : "Purée, si j'avais su ça plus jeune peut être que..."
      Mardi j'ai fait un cours à partir d'une idée amenée par une élève à la guitare.
      Puis il a fallu faire des choix pour mettre cette idée en lumière - quel style, accords, forme, axe... donc... puiser dans la culture et à partir de là... y mettre le savoir, même minimum.
      A l'issue c'était presque une réissue d'un schéma floydien.
      Comme quoi.

      Bon, Carla Bley, loin d'être fini, mais il va surement y avoir une pause détente.
      à suivre...
      Merci pour tout !
      à très vite - oui, il fait "re-beau" - et je ne m'en plains pas.
      D'ailleurs les champignons sont de sortie et là tu sais comment les accompagner...

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