SI ON BOUQUINAIT ? …
SI ON BOUQUINAIT ? …
Ouais, pour lire, faut le temps…
Ou le prendre…
Et le prendre…
Cela fait un bon moment que je voulais parler de ce qui suit, il est donc
temps.
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« IL N’A JAMAIS FAIT AUSSI BEAU » - Eric Buffard.
Des bouquins qui parlent de rock, te « racontent » le rock, y’en a
pas mal…
Des bios…
Des « analyses » de mouvements musicaux, d’esthétiques diverses et
variée.
Eudeline, l’insupportable Manœuvre, allez, tutti quanti.
Des témoignages édulcorés, de la récup’ suite à une
« reconnaissance » de gratte papier de revues telles rock’n’folk,
retour de Best, etc… etc…
Attitude, fantasmagorie, connaissance d’un sujet version VIP.
Et puis, un petit miracle arrive par le biais de commentaires, d’une relation
respectueuse et lointaine – une « rencontre » virtuelle mais bien
réelle.
De fil en aiguille, Eric, à force de discussions blogueuses sur base de jazz
(comme quoi), puis d’emails, afin de souder les échanges, finit par m’envoyer
son livre, tiré à compte d’auteur (un schéma que je connais bien versant
musique).
Presque boulimique et avide, à peine reçu, me voilà plongé dans le premier
chapitre pour arriver, à la fin de celui-ci, à la conclusion suivante :
« bon là c’est du lourd… je le pose et le mets de côté en dessus de la
pile de tout ce que je n’ai pas encore lu, pour réellement avoir le temps de
m’imprégner de cette bio » - car finalement c’est est une.
Enfin c’est plutôt un réel témoignage où l’auteur est l’acteur, relatant par sa
vie, son vécu, son passage… dans le quotidien qui, vu de l’autre côté semble
glauque, sombre, hanté… de la « génération » punk.
Une génération et un mouvement qu’il n’a pas – comme certains devenus notoires
et s’en servant à des fins autres – fait qu’effleurer ou récupérer.
« Sex and Drugs and Rock’n’Roll », c’est pile dans le bon ordre de ce
titre éminemment ajusté qui fit le succès éphémère de Ian Dury, pour
cette lecture qui nous embarque au gré d’albums de groupes (référencés par
chapitres) obscurs - des groupes pour lesquels le mot underground semble désuet
- au cœur de la scène, de la vie, des squats, des quartiers, des communes et de
la région proche, des trains, des places, des ruelles, des concerts, des clubs,
bars, scènes, disquaires, pharmacies, campings, zones... de Bordeaux.
Une B.O acide, rarement paisible, excessivement nerveuse et urgente accompagne
donc d’entrée, chaque chapitre, afin de lui donner, si le besoin s’en
ressentait, encore plus de véracité. Elle s’impose et si l’on a la chance de
trouver ces groupes et leurs albums, elle renforce la lecture. Ici la musique
n’est pas véritablement le sujet, ici la musique fait juste partie du package
triangulaire et elle ne peut en être détachée ou même extraite.
Et des acteurs, enfin cela pourrait l’être si une plateforme découvrait ces
« épisodes » et avait l’envie d’en faire une « série »,
non… des compagnons …, petite communauté de route, de fortune et d’infortune
qui passent, suivent, agissent et interagissent avec les tribulations de vie de
l’auteur.
Des gonzesses aussi et forcément, qu’on imagine belles, sortes de fantasmes
rock’n’roll sexy et diaboliques, parfois junkys, accros comme leurs
partenaires, au sexe, comme un exutoire, comme une nécessité, comme un besoin
viscéral, un plaisir parfois extrême, détaché de la notion sociale empreinte de
cette lourde éducation religieuse de l’époque, de « culpabilité ».
Une libération instantanée, impulsive, un horizon libérateur nécessaire.
Un zeste d’amour, aussi.
Il en faut.
Et puis il y a la et les drogues, l’alcool – tout ce qui est socialement
diabolisé – authentiques comme fabriquées, imaginées en mélanges et
associations chimiques diverses et variées à partir de produits du quotidien.
Et alors il y a aussi la mort, le sida, l’enfer carcéral et le corps comme
l’âme en débris.
Alors me voici entrant dans la réalité prégnante et poignante, palpable,
visuelle, captivante, réelle et vécue d’une époque, d’un mode de vie réellement
antisocial, d’une effective contre-culture revendiquée, assumée, affirmée et
parfois violente.
Une immersion totale, remarquablement narrée par une écriture rapide, flash,
percutante dans un espace parallèle à des « valeurs » socialement
correctes, une chute dans l’abîme de la vie éphémère, non prioritaire, que l’on
brûle à coup de paradis artificiels, « junky » n’ayant plus même de
réel sens, car ici cela s’englobe dans une volonté délibérée d’une vie
« autrement » et en fait juste partie…
Cette vie-là, on aime et on a l’habitude de l’extrapoler autour des
« stars » du système, quelque époque que ce soit et de leur
entourage, quel qu’il soit.
Les punks, eux, qu’ils soient pseudo stars, là encore éphémères( et de cette
fugacité de l’instant de vie au présent devenus parfois légendaires) – on le
lit à la perfection ici – c’est une véritable identité autrement sociale,
autrement communautaire, autrement quotidienne.
Paraissant extrême.
Ici on est face à leur vie, leur « état d’esprit », leur être
profond. Et ce qui semble et semblait, de « l’extérieur » (à savoir
du point de vue social « pensant », à cette époque) – entendons un
extérieur par rapport à eux qui était la norme – incompréhensible, comme un
qualifiable quelque part, d’anarchie chronique, n’est finalement rien d’autre
qu’un état voulu de vivre autrement, en la brûlant délibérément cette vie, en
l’imaginant et la souhaitant immédiate, détournée des usages généraux de la
société en cours.
Ni juvénile, ni comme l’on imaginerait le pointer, irresponsable ou dégénérée,
non … juste avec des valeurs et des codes spécifiques et autres.
Ce qui est intéressant de constater et j’en finirais ici avec ce livre que je
vous souhaite de découvrir - surtout ceux qui aiment à « parler » si
presque bien, de rock et souvent de s’y croire affiliés par l’écoute et
l’écriture, ça les fera prendre du vrai recul et se relativiser – c’est que
nous somme ici, non à Londres, Paris ou Berlin…
Non, nous sommes simplement à Bordeaux, face à une jeunesse qui a besoin
radicalement et viscéralement de se démembrer par rapport à des valeurs
sociales (on n’imagine même pas le sens du mot politique, d’ailleurs ici il
n’en est nullement question tant elle semble microscopique à l’échelle de ces
autres valeurs – en écrivant cela, je repense à la scène légendaire Balavoine /
Mitterrand, qui parallèle à cette période, semble déjà tellement, d’une part
comme évidemment de l’autre, intégralement décalée comme pathétique) - dans
lesquelles la seule idée d’une parcelle de reconnaissance, au sens large, n’a court.
C’eut pu être Grenoble, Clermont Ferrand, Draguignan, Nantes, Dijon ou autre…
La jeunesse et ses appartenances antisociales n’a pas de localisation
géographique, d’urbanité ou de ruralité.
C’est l’autre évidence de ce bouquin.
Et pour conclure en lisant ce livre je n’ai pu éviter, justement, un
rapprochement évident avec un de mes anciens élèves, fils d’une amie, parti à
l’adolescence épouser cette vie, de façon tant surprenante pour tout son
entourage qu’il soit familial, amical, proche et même du petit village où il
n’était pas certainement « à sa place ».
Un choc social pour une petite commune rurale que de le voir de temps rares à
autres temps rarissimes repasser au gré de ses errances et de ses coupes skin iroquoises
nullement fashion en tenues paramilitaires, mais juste identitaires, voir ses
lointains proches…
J’ai souvent parlé avec lui.
J’ai souvent tenté d’y voir clair, de façon amicale et détachée et ai touché du
doigt, certainement, la chose.
J’aime savoir…
En lisant ce livre, j’ai peut-être bien eu la clé « qui me manquait ».
(Eric est sur Facebook, pas difficile à trouver et en mp vous pourrez commander son livre)
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« NOWHERE GIRL » - Magali Le Huche – Dargaud/Bande Dessinée.
La musique sauve, soulage, est exutoire, permet de s’évader, d’entrer dans un
monde parallèle…
Et tant d’autres choses encore.
Comment pourrais-je dire le contraire ?
Magali a 11 ans, c’est une petite gamine attachante au sein d’une famille de
classe moyenne « normale », une mère attentionnée et truffée des
clichés de tentative d’être cool avec ses ados, une « grande » frangine
en forme de faux modèle, ironique tant qu’iconique pour sa petite sœur, qui
charrie très fort et qui peut écouter sans forcément comprendre, un père…
Des copines nunuches, des profs revêches… des garçons boutonneux…
Magali était heureuse, insouciante.
Une petite fille lambda.
Elle entre au collège et tout va basculer.
Elle n’y est nulle part à « sa place ».
Stigmatisée par les profs, elle qui jusqu’alors était bonne élève, la voici
face à un stress de réussite scolaire inexplicable – une phobie scolaire.
Montrée du doigt par ses camarades, n’ayant aucune « appartenance » à
la vie sociale adolescente quotidienne de ses « copines », n’arrivant
pas à communiquer socialement, humainement, « amicalement », familialement
sur le moindre sujet commun à toutes et tous la voilà qui va progressivement
s’enfermer, aimer la solitude comme solution de repli, jusqu’à, au fil d’un
cheminement médical psy rapide se déscolariser et faire l’école « chez
elle ».
Ainsi elle sera dans une zone de pseudo confort recluse qui, au bout du compte
lui convient probablement.
Car ainsi elle peut… non vaincre, mais échapper à ses peurs.
Un sacré sujet qui est traité ici.
Mais Magali a fait une découverte chanceuse…
Elle est tombé sur un album des Beatles et le miracle est apparu sous la forme
d’un fanatisme boulimique, inexplicable, amoureux et passionnel envers eux.
C'est ce qui va donner à cette vie un « sens » et l’aider à franchir sans
heurts réels, sans conscience angoissante trop prenante, cette étape solitaire
de sa vie adolescente d’enfermement social.
Alors elle va tout connaitre des Fab Fours, elle découpe leurs images, elle
s’imbibe des « citations », elle prend parti pour les uns et les
autres…
Sa vie tourne désormais exclusivement autour des Beatles.
Dans sa maigre période scolaire collégienne elle en arriverait aux mains avec
ses camarades ignares face à cette musique de vieux, leur préférant les
chanteuses en vogue de r’n’b et autres stars sorties d’une académie.
Cette inculture, cette méconnaissance face à ce qu’elle estime être le plus
grand groupe du monde et à leur musique l’exaspère.
C’est aussi ce qui va progressivement mais rapidement l’inciter à trancher avec
cette société dans laquelle - puisque sa passion n’est pas acceptée, reconnue
ou même n’a simplement pas la moindre place dans son quotidien - elle n’estime
avoir de place.
Alors Magali rentre chez elle, s’enferme dans sa chambre et s’évade au gré de
titres, de chansons, de musiques et de paroles qu’elle ingurgite, absorbe,
envahissant son corps, son esprit, son âme et toute sa vie.
Sa famille s’inquiète, suit ces pérégrinations de délire adolescente avec un
désarrois certain, tente tout ce qui est en son pouvoir afin de guérir ce qui
devient, au fil des années qui ne sont plus passade mais s’allongent, ce
comportement associable, cet enfermement maladif.
Ils espèrent.
Elle s’évade.
Ils vont vers elle, font leur possible entre énervement, écoute, discussion,
intérêt et toute autre forme de compassion et de dialogue possibles pour
simplement comprendre afin de solutionner.
Elle s’enferme et repart à l’aventure onirique et musicale.
Mais un beau jour…
Oui, car tout a parfois, une fin.
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« MONTANA 1948 » - Larry Watson – Totem.
Nous voici au cœur des tabous, des non-dits familiaux, du poids social et
familial… et de ses … secrets.
Des notables, famille bien-pensante, référente d’une communauté, politiquement
et socialement placée, financièrement aussi.
Un domaine, un ranch, on est dans le Montana et en 1948 le poids américain
social, on l’imagine mais on le réalise en lisant ce livre, est lourd, chargé…
de bonnes manières, de bienséance, de bigoterie, d’apparence et d’apparat, de
valeurs affichées et de lâcheté sociale.
Un gamin, pré adolescent va à travers son regard murir très vite et réaliser,
face à une réalité familiale connue et tabou de tout son entourage parents,
grand parents, épouses et même amis, relations et personnel embauché, que son
oncle, notable de la ville est très loin d’être le type sympa, jovial et
avenant envers son neveu dont il a « l’image ».
Alors à travers le regard, qui d’innocent et interrogateur, de ce gamin
deviendra lucide, mature et surtout qui, de passif, deviendra acteur et pris à
parti de façon inévitable, on va suivre avec passion, malaise, curiosité
presque voyeuriste cette histoire de la destruction lente, mentale, morale,
sociale d’une famille qui tentera de sauver les apparence, de garder la tête
haute et froide, se déchirera de désaccords en décisions inéluctables pour
finir par se désagréger.
Et partir pour tout laisser.
Un fait pas vraiment divers.
Une tentative pour l’amoindrir, puis l’éradiquer.
Une société avec ses usages passée au crible.
Racisme, abus, pouvoir social, éducation communautaire.
Des images comme sorties d’un vieux film, presque de cowboys, en Panavision.
Un ranch, des pickups, Ford, des chevaux, du cuir, du bois, de la chaleur, de
la poussière.
Des humains ridés par la dureté du travail, du climat, de la vie… soumis au
climat, aux saisons.
Une famille et ce qu’il en restera.
Et un adulte qui raconte ce qui a marqué son enfance, afin que l’on n’oublie
surtout pas.
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Bonne(s) lectures.
Hi Pax.
RépondreSupprimerJ’aime beaucoup cette idée d’association, un film, une série, des lectures avec au bout le déclic d’une musique ou d’un son. Pour les bouquins, la suggestion peut devenir une BO. Je me souviens de Brigitte GIRAUD qui citait Dominique A dans un de ses bouquins. Le retour fut que Dominique A enclencha l’inverse, des auteurs à écrire sur ses chansons (et aussi « Fantaisie littéraire »). La plupart de mes bouquins tournent autour de la botanique ou la musique. Un de mes derniers livres est Warren Hellis sur le Chewing-gum de Nina Simone.. un pur régal, et un flot d’anecdotes et de ressentiments dégoulinent sur toutes les pages. Même un roman qui fait déambuler le personnage en écoutant des chansons me va totalement.
« Pink Floyd en rouge » de Michel Mari, des BIO et même des pavés sur l’histoire d’un label (éditions ALLIA sont des champions).. bref des mots s’entrechoquent de son et de mélodies.. des déclics tout le temps.
Je note tes références. je connais aucune des 3.
A+
Vincent
Merci Vincent d'être passé par là.
Supprimerun peu pareil pour moi et quand y'a pas de bande son... je me la fais moi même ;)...
en tout cas prends le temps sur ces trois là, on part direct.
à +