« A EUX LA PAROLE » - ELOISE MINAZZO : « En Boucle ».

 « A EUX LA PAROLE » - ELOISE MINAZZO : « En Boucle ».

Il fallait laisser passer l’été pour engager cette nouvelle rubrique annoncée il y a un moment déjà.

« A eux la parole »…
Nombre de mes anciennes et anciens élèves on fait de la musique leur métier, donc leur vie…
Conjoncture actuelle, changement total des critères de diffusion, production, médias et autre, omniprésence des réseaux sociaux, multiplicité des petits labels et démocratisation de l’autoproduction… contraintes intermittentes de plus en plus raides pour les professionnels dont c’est le seul statut véritable… j’ai expliqué dans mon article initial présentant cette rubrique à quoi la jeunesse artistique d’aujourd’hui était confrontée.
Mais il n’y a rien de tel que de les interviewer… car c’est tout de même eux qui en parlent le mieux.

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Eloïse Minazzo a vingt-trois ans, une volonté de fer, une voix à l’identité bien travaillée et déjà un parcours professionnel déterminé (il vous suffira de taper son nom dans la barre de recherche pour vous en rendre compte).
Un mot est revenu souvent dans notre échange, c’est « travail », qu’elle associe beaucoup à « passion » et « partage ».
Elle a donc tout compris.

Elle compose et écrit les textes de ses chansons, elle les joue au piano et bien entendu les chante.
Sa vie oscille entre Paris et Sainte Maxime.
A Paris elle est au cœur de la vie artistique.
A Sainte Maxime, elle vient se ressourcer en famille et travailler l’été avec sa voix et son piano.
Pas d’artefacts, juste voix et piano… et elle séduit à chaque fois son public, j’en sais quelque chose car elle me fait l’amitié de m’inviter à l’accompagner, au piano, quand l’occasion le permet.
Amitié… quand on est face à une artiste qu’on a connu sur les bancs du conservatoire pendant plus d’une dizaine d’années, cela est un résultat relationnel gratifiant, satisfaisant et surtout bienfaisant à constater. Auréolé d’une forme de fierté, il va sans dire.
Alors …
On a laissé passer l’été, mais je voulais absolument commencer cette rubrique avec et par elle.

Voyons un peu ce qu’elle nous raconte à l’occasion de la sortie récente de son single « En Boucle ».

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En boucle, Eloise - Qobuz
La jeune Maximoise Éloïse sort son premier single, à écouter en boucle - Var-Matin

L’interview a été réalisée le 14-09-2023, retranscrite depuis notre échange en visio, elle a un emploi du temps très chargé et sa vie artistique c’est du plein temps…

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- « Bon alors, vas-y… tu te présentes ?... »
- Je m’appelle Eloïse Minazzo, j’ai vingt-trois ans et je suis chanteuse, pianiste, auteure, compositrice.
J’ai commencé la musique à l’âge de six ans, par le conservatoire, en tant que pianiste, piano classique en formation pendant quatre ans et puis après j’ai bifurqué en musiques actuelles puis j’ai fait en tout dix années de conservatoire.
- « Ah ouais quand même, ça en fait beaucoup »
- 2006 à 2016. Dix ans.
Dix ans de conservatoire et après avoir bifurqué en musiques actuelles j’ai eu plusieurs groupes de rock, etc. et j’ai arrêté après l’obtention du B.E.M (Brevet d’études musicales).
Après, j’ai eu un parcours scolaire classique et à l’obtention de mon BAC je suis partie étudier deux ans dans une école de musique qui s’appelle la Music Academy International (M.I.A) sur Nancy et après ces deux années-là j’ai commencé à chanter dans des restaurants, des hôtels, etc. pour me professionnaliser et ça fait trois ans que je vis de ça maintenant.
- « D’accord… tu en vis vraiment »
- Ouais… ouais, ouais. J’en vis à 100%, je ne fais que ça.
- « D’accord… est-ce-que ça a été difficile ? Tu vis ça comment ?»
- Alors moi j’ai beaucoup de chance parce que j’ai réussi à avoir le statut d’intermittent du spectacle ce qui permet d’en vivre aujourd’hui. Assez rapidement, après la sortie de mon école, en fait, l’été qui a suivi, beaucoup de concerts, du coup j’ai réussi à obtenir ce statut.
Grâce à ça aujourd’hui j’ai des revenus mensuels. Donc j’m’en sors pas trop mal et à côté, j’ai aussi beaucoup de projets qui commencent à se goupiller, notamment mon projet qui est dans la création, la composition…
Ecrire des titres, sortir des chansons, etc.
Après j’ai quand même eu beaucoup de chance d’avoir eu ce statut pour pouvoir en vivre.
- « Oui mais alors, attends, tu estimes que c’est une chance, ou tu as fait quoi… une chance comme ça, ça se provoque un peu non ? Ce n’est pas arrivé du ciel… »
- Ah oui… mais avec mon école, comme c’était une école avec formation professionnelle, il faut considérer qu’on avait un statut qui nous a ouvert cette possibilité de droit d’intermittence et après j’ai fait pas mal de concerts, une chance dans ce sens-là. Après j’ai travaillé pour l’avoir …
- « Ouais, c’est-à-dire ? Quand tu dis j’ai travaillé pour l’avoir, tu démarches toute seule, tu fais quoi ?»
- Oui j’fais des démarchages, j’ai contacté des bookers, j’ai eu des rendez-vous, etc… puis j’ai été référencée dans un réseau d’agences, de booking d’artistes et j’ai été placée surtout dans la région PACA puis maintenant un peu partout sur Paris, Courchevel…
- « Oui, donc t’as quand même un peu provoqué tout ça… c’est pas toi, c’est pas toi qui te débrouilles toute seule uniquement »
- Non, bien sûr, j’ai de l’aide extérieure puis après, je trie de mon côté mais j’ai des gens qui m’appellent etc… c’est un réseau en fait, j’ai un petit réseau avec lequel je travaille.
- « D’accord… oui c’est important de dire ça car on croit en fait que le statut d’intermittent c’est simple… Non mais ça n’est pas tout le monde qui peut l’acquérir »
- Bien sûr, bien sûr…
- « Pour avoir le statut d’intermittent, il faut quand même, je pense, une part de talent tout de même… »
- Ah, certainement bien sûr, après c’est beaucoup de travail, le talent on l’a ou on ne l’a pas mais après, au-delà de ça, c’est énormément de travail et d’assiduité.
- « Qu’est-ce que tu entends par assiduité ? »
- Qu’il faut travailler un petit peu tous les jours comme on peut … le métier d’artiste, chanteuse, interprète c’est de se mettre à la place du public, de travailler des nouveaux morceaux, de renouveler son répertoire, c’est de travailler aussi son instrument qui pour moi est la voix, le piano.
Enfin, ce que je veux dire c’est que tout ça c’est… du travail
- « Alors, tu travailles combien de temps par jour – à peu près ? »
- … avant les prestations ou …
- « Non, en gros… tu t’entretiens ? Tu as un quotidien organisé comment pour ton travail musical ? »
- … moi c’est un p’tit peu aléatoire j’avoue. Quand j’ai des dates, etc. j’travaille aussi en amont donc tout mélangé j’dirais trois, quatre heures, ça dépend… En vrai y’a des journées où j’peux passer huit heures sur mon piano, d’autres pas du tout. J’me mets pas trop de contraintes de c’côté-là mais après je sais que quand j’ai des contrats, c’est réglo.
- « Un minimum et des fois t’as la pression… »
- Oui, oui
- « Ouais bien sûr c’est logique… Donc c’est un VRAI métier, on est d’accord »
- (rires…) Ah oui, c’est un vrai métier, oui…
- « C’est pas moi qui vais te dire le contraire mais j’aime bien te l’entendre dire… »
- (rires…)
- « Donc, à vingt-trois ans … je sais que dans ta famille y’a pas de musiciens… »
- Non, non, aucun… mais si, y’a ma petite nièce mais … c’est tout nouveau…
- « Oui, ça va être toi le modèle… »
- (rires) hmmm. ouais, c’est ça…
- « Comment ça s’fait alors… comment ça t’es arrivée un truc pareil – de choisir… ça ? »
- La musique… ça m’est arrivé en fait, un peu par hasard.
J’ai eu un accident quand j’étais petite, ça m’a paralysé mon bras droit ... et comme les médecins et les spécialistes pensaient que mon bras n’allait jamais se développer, ils ont conseillé à mes parents, après un an et demi je crois, de paralysie, de plâtre etc. quand ils ont vu que mes nerfs commençaient à repousser, de me mettre au piano pour la rééducation en plus du kiné.
C’est comme ça que mes parents m’ont inscrite au conservatoire.
Et… à la base ma mère a toujours voulu que quelqu’un fasse de la musique dans la famille mais mes frères ils n’ont jamais voulu… du coup elle s’est « servie » de moi pour réaliser son « rêve » et en fait je n’ai jamais arrêté …
- « Mais tu… en fait c’est le hasard. Mais au sortir, cette décision d’en faire ton métier c’est venu comment ? »
- Et bien, c’est venu… c’est venu un peu grâce à toi quand même…
- « Ah… merci… »
- C’est venu quand j’ai commencé à chanter. A la base je ne faisais que du piano en classique, ça m’plaisait, j’faisais un peu d’chorale à côté, tout le parcours conservatoire, solfège, etc. et puis… y’a un moment je n’ai pas voulu arrêter mais j’étais un peu lassée, ma mère n’a pas voulu que j’arrête donc j’ai continué. J’ai alors décidé de passer en musiques actuelles pour arrêter le classique, ça m’plaisait plus et après, de là, moi je ne chantais pas du tout … donc c’est toi qui a commencé à me mettre sur des chansons en tant que choriste puis après tu m’as dit « prends la lead » et puis … j’ai pris la lead.
J’étais pas du tout à l’aise, mais après, j’ai pris des cours de chant – ouais puis j’ai jamais arrêté et j’pense que le chant a pris un peu l’dessus sur le piano.
- « Hmm » …
- Et je me suis vraiment rendu compte plus vers mes douze ans, que j’voulais faire ça.
  Douze treize ans …
- « Et après tu ne lâches plus quoi… »
- Ouais et après je n’ai pas lâché bien sûr.
Même si j’ai arrêté le conservatoire j’ai continué à prendre des cours avec toi en parallèle et puis des cours de chant… voilà je n’ai jamais arrêté.
Jamais, jamais …
- « Je sais que tu joues dans les restaurants, les hôtels, etc… puis l’an dernier tu m’as confié que quand même c’était bien mais que ne t’allais pas y passer ta vie, qu’il n’y a pas que ça… »
- Hmmm… non…
Pour moi, au-delà du fait que ce soit ma passion etc., je considère que c’est un petit peu « alimentaire ».
En partant du principe que j’aime tellement la création, la composition… écrire et composer… je me dis que dans les années à venir mon objectif c’est vraiment de faire connaitre ma musique et aussi d’envisager d’écrire, composer pour d’autres artistes et travailler autant dans la lumière que dehors.
- « Ah oui, tu veux vraiment développer la création mais pas exclusivement pour toi ? »
- C’est ça. Bon dans un premier temps j’aimerais vraiment faire connaitre mon projet en espérant que ça marche et je pense que, dans un deuxième temps, j’aimerais beaucoup aider des artistes à écrire leurs chansons.
- « C’est un bon projet… c’est bien »
- Hmmm.

- « Alors on va parler de ton single, pour le moment, puisque c’est un single… : « en boucle » – je l’ai réécouté plusieurs fois attentivement. Bien sûr, il tourne autour du piano… »
- Ouais, ouais… ouais…
- Et… ça parle… de quoi ? »
- … ça parle d’une rupture en fait, d’une rupture amoureuse … dans les grandes lignes… et je l’ai écrit vraiment… pratiquement… d’entrée…
J’étais à Paris, dans mon appartement et… j’écris, franchement je n’ai pas du tout d’horaires, de méthode, de plan d’attaque… pour écrire une chanson, c’est vraiment par hasard, souvent et là, en l’occurrence, c’était le soir, j’étais dans mon lit et puis j’ai commencé à écrire un truc et… ça a bien pris. Donc j’suis partie au piano. Instinctivement j’ai trouvé des accords tout de suite, c’était très, très fluide et du coup, il se trouve que la veille ou l’avant-veille j’avais rencontré quelqu’un qui est devenu mon ami par la suite et qui fait toutes mes productions et arrangements.
- « Il s’appelle comment ? »
- Il s’appelle Tom Bourcier
- « Donc… ouais, ouais, c’est du vécu ou pas, alors ? »
- Ah oui, oui, c’est du vécu.
Ce sont des expériences.
J’écris rarement sur des choses qui ne me concernent pas de près ou de loin, même si je n’écris pas toujours sur moi.
Mais j’écris toujours sur des choses que j’ai ressenties, vécues, entendues …
- « C’est pour ça que j’ai écouté…on y croit… c’est normal… j’veux dire ça ne semble pas fantasmé ou… tu vois… les paroles sont directes, on écoute et c’est clair, évident. J’voulais savoir parce que, des fois, on écrit en se basant sur tel ou tel sujet… »
- Oui bien sûr, ça arrive à plein d’artistes. Ça va certainement m’arriver aussi mais pour le moment c’est vrai que je pars sur mon vécu.
- « C’est important »

- « Bon, tu m’as expliqué ta façon de procéder quand tu composes, alors… une fois qu’c’est fait, là… tu procèdes comme ça… tu t’en rappelles par cœur ? tu notes un peu les choses ?
-  Non je…
Les paroles je les note sur mon téléphone… j’ai pas trop le cahier avec le stylo… j’essaie mais j’ai du mal parce que souvent c’est aléatoire, donc comme j’ai toujours mon téléphone sous la main c’est avec lui que je note et puis les accords je les note aussi en grille comme ça. Et puis, surtout, j’enregistre sur dictaphone pour pas oublier les toplines parce que là, par contre, je peux avoir une idée et après j’oublie.
Donc ça je l’ai enregistré et en fait, il se trouve que le lendemain j’avais une session studio – j’l’ai proposée comme ça, sans être sure, j’sais pas. J’aimais bien mais je n’étais pas hyper… enfin je ne sais pas, je … vraiment j’ai proposé ça comme ça et il m’a dit, « c’est une super bonne idée, on va travailler sur ce titre ». C’était pas du tout prévu qu’on travaille ce morceau, à la base, c’était un autre. Et on est partis sur celui-là. On s’est rendu compte que ça rendait bien et on a travaillé dessus pendant… au moins… au moins… sept mois je pense… sept, huit mois…
- « Alors vous avez procédé comment ? Parce que sept huit mois de travail pour sortir un morceau, bon j’présume qu’en parallèle vous en faites d’autres, hein… »
- Oui, en fait, on a chacun nos projets, lui est extrêmement pris aussi… on s’voyait un peu par intermittence. Y’avait des mois on s’voyait très peu, donc on travaillait de chez lui, de son studio room, sa chambre. Il a un mini studio et du coup, on travaillait comme ça les sessions sur Logic et une fois qu’on a vraiment eu et décidé du truc, moi je suis partie enregistrer les voix chez un ami en Bretagne. Quand les voix ont été prêtes, on a fini et fignolé la prod et on est parti sur le mix-master de ce titre qui a été fini l’année dernière en juillet…
Après j’ai mis beaucoup de temps à le sortir parce que – je ne sais pas- je pense que plusieurs facteurs entraient en ligne de compte.
Ce n’était peut-être pas le bon moment… chaque fois y’avait quelque chose qui repoussait la sortie… et… il est enfin sorti en Mars, là, cette année.
- « Ah oui, quand même de juillet à mars… ça fait quand même un p’tit temps… »
- (rires) 
- « Tu me dis effectivement que t’étais pas sure, etc. qu’est-ce qui détermine… en fait là tu m’as fait me poser une question… en fait le ce n’est pas le bon moment … comment est-ce que tu choisis « ça » ? »
- Honnêtement j’en ai aucune idée… j’pourrais pas expliquer… mais je sais que le titre il a été terminé en juillet, on a fait la pochette d’album en aout.
J’ai appelé un ami qu’est photographe qui est super – on a défini la cover ensemble – fin aout.
En fait le titre a été prévu pour le mois d’octobre et après je n’ai aucune idée de pourquoi ça ne s’est pas fait.
J’pense que je me posais beaucoup de questions sur la promo… j’ai beaucoup repoussé la sortie par rapport à ça, j’avais un peu peur et pas forcément de contacts pour m’aider là-dessus…
En fait j’avais peur de le sortir dans le vent et que ça ne marche pas du tout et que les gens passent au travers.

Entre temps j’ai fait des rencontres au MaMA Convention à Paris, c’était au mois de novembre je crois (après vérif’ c’était mi-octobre), c’est une convention où énormément de gens du métier se rencontrent, avec des labels, producteurs, managers…
C’est un pôle vraiment indispensable pour tous les artistes qu’ils soient côté comme moi auteure, compositrice, interprète ou qu’ils soient de l’autre côté, production. Là, on m’a conseillé quelques trucs, j’ai rencontré du monde et on m’a recommandé de ne pas le sortir pendant la période des fêtes parce que, vraiment, ce n’était pas là le bon moment. Décembre, Janvier sont passés puis du coup, de là j’me suis dit « allez on y va » en sachant qu’il faut un mois de délai pour un premier titre j’l’ai déposé fin février et il est sorti en mars.
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Et entre temps j’avais fait des rencontres qui m’ont permis d’envisager une promo un peu plus poussée, sans que ça soit exceptionnel, je n’ai pas eu les moyens de faire un clip, malheureusement, mais c’était prévu…
- « C’est quand même étonnant, enfin moi, ce qui m’épate, c’est comment tu fais pour arriver à faire ça… bref, tu rencontres des gens, etc. , faut quand même une sacrée force de conviction, parce que t’as un projet à défendre, t’as peut être des gens qui le défendent un peu, mais… t’es allée au charbon tout de même, faut y’aller quoi ! »
- Hmmm, ouais, c’est ça, j’pense, bon comme c’est le premier, c’était un peu le grand saut et j’pense que j’avais un peu peur des retours, de faire un flop, de ne pas avoir de retour même… et je pense que ces quelques mois où le titre devait sortir et où il est sorti m’ont vraiment permis de me lancer, pas tête baissée, mais justement d’avoir fait des rencontres qui m’ont un peu aidée.
J’ai rencontré quelqu’un notamment qui a un label et à qui j’ai fait écouter des titres, qui m’a rassurée sur le projet.
Tout ça a fait qu’à un moment donné je me suis sentie vraiment prête et le titre est sorti.
Il a pris comme il a pris, je ne regrette pas de l’avoir sorti et de toutes façons il faut bien sortir à un moment donné ses titres, sinon, ils restent enfermés dans les placards toute la vie…
Ce n’est pas le but !
- « Tu as raison, alors il est en streaming, j’ai vu… j’imagine sur YouTube, etc. En gros aujourd’hui t’en es à combien de lectures, d’écoutes… à peu près … tu dois avoir des stats ? »
- Alors, ça c’est une très bonne question…
Je suis sur la plateforme DistroKid, j’ai placé mon titre sur ce site pour le distribuer à toutes les plateformes de streaming. Et je n’ai pas réussi à me renseigner pour avoir toute la totalité des streamings confondus, en revanche je sais que sur Spotify, je suis pratiquement à 30.000 écoutes… Apple, Deezer, etc. je n’en ai aucune idée et YouTube c’est affiché vu que c’est public, tout le monde peut le voir, pratiquement 3000 écoutes. Hip, juste la pochette avec le son.
Faudrait que je me renseigne pour savoir combien d’écoutes cumulées au total, mais je sais que le titre continue à vivre pas mal.
Il y a eu un regain au mois de juillet, c’était assez calme mai, juin et puis en juillet c’est reparti – mais j’laisse faire, c’est aléatoire…
- « C’est ce titre-là qui t’a amené… oui j’ai vu que t’as fait une tournée, alors tu vas nous parler de tout ça… »
- En fait ce titre, avant de le sortir, ce que j’ai fait c’est l’envoyer un peu partout.
A plein d’amis, de potes, de gens dans le métier.
J’ai essayé de le faire découvrir en amont de sa sortie pour que, potentiellement, les gens soient moins étonnés s’ils l’entendent et surtout que l’écoute soit familière.
Je me suis dit que c’était un bon moyen peut être pour les professionnels et les médias que de l’avoir déjà entendu et je l’ai envoyé à plein de monde…
Là j’ai eu des contacts qui m’ont proposé de faire une première partie en Corse, grâce à un ami et le titre, enfin le projet, a été proposé – car il y avait vingt minutes, donc à peu près cinq / six titres.
Le projet a été validé et grâce à ça j’ai fait la première partie de Jennifer en Corse, cet été.
- « Combien de concerts ? »
- Avec Jennifer, un.
Mais après j’ai tourné avec un autre projet, différent, avec un groupe, que de la reprise, c’est un groupe que j’ai intégré au mois de mars, grâce à Tom (avec qui j’ai fait mes titres).
C’est complètement différent mais ça se rejoint un peu parce que c’est important.
La finale c’est à l’Olympia, le 11 novembre.
On est en tête d’affiche sur une soirée.
- « Et tu vas aussi chanter tes chansons ? »
- Non, du tout, là vraiment à l’Olympia, ce n’est que des reprises.
C’est pour une association qui s’appelle « Premier de Cordée pour les enfants à l’Hôpital », c’est vraiment à but caritatif, mais, par contre mes chansons, c’est toujours… à côté, c’est pour ça que je disais que c’est détaché de mon projet mais c’est tout aussi important pour moi parce que c’est quand même l’Olympia, ce n’est pas rien, et… je suis hyper contente de chanter là-bas !
- « Et ta première partie de Jennifer, y’a eu quel impact, au niveau du public ? »
- Au niveau du public y’a eu un très, très bon retour.
Je ne m’attendais pas à avoir autant de retours positifs…
J’ai beaucoup de gens qui sont venus me voir après, j’ai eu pas mal de nouveaux ajouts sur mes réseaux.
Après, c’était un concert de deux mil personnes, donc, c’est beaucoup.
Mais c’était un seul donc pour fidéliser un public c’est plus compliqué – les gens te voient une fois puis après ils ne te voient plus… mais, en revanche, ça m’a apporté pas mal de visibilité sur mes réseaux et là on a eu récemment un contact d’une production dont Jennifer fait partie pour potentiellement faire d’autres premières parties.
C’est en cours de cheminement et ça va se faire, là, dans les prochains mois, j’espère en tout cas.
La production était contente on a eu des bons retours de tout le monde.
- « C’est important que tes projets ils aient une lisibilité publique aussi… »
- C’est sûr !
- « Tu comptes faire des scènes prochainement avec tes chansons ? »
- Là j’en ai une en préparation soit début décembre, soit début janvier, dans une salle qui s’appelle le Can Can à Pigalle.
J’en ai une autre qui est en discussion, là où j’ai fait d’ailleurs mon premier showcase au Bizz’Art à Paris et une troisième en discussion également.
C’est pour ça que pour le moment je ne mets rien car aucune date encore fixée, mais ça va se faire, au Sofar, c’est un concept où les artistes viennent chantent leurs compos, etc. fidélisent un public et il y a pas mal de gens du métier qui viennent aussi… ça permet de faire connaitre le projet.
- « ça existe encore ces scènes, là, c’est bien ! »
- Oui, y’en a pas mal, bon c’est surtout à Paris, en fait.
- « C’est ce que j’allais te dire, c’est là où nombre d’artistes ont décollé, sur ce genre de scènes où tu viens présenter tes projets, etc. c’est bien que ça existe encore, j’en étais plus du tout convaincu »
- De quoi, que ça existe ? Si, y’en a beaucoup à Paris, ça se fait beaucoup, même pour les premières parties etc.
- « Parlons vite fait métier – donc toi tu n’vas pas changer de métier alors… »
- « Ah non, pas du tout, non, non.
Absolument pas, j’pense que je n’suis pas faite pour faire autre chose, donc non, non.
Enfin je ne me vois pas faire autre chose que ça, non, non.
- « C’est dur au quotidien ou pas ? Financièrement… »
- Ouais… c’est dur… en fait c’est un peu une pression permanente, être dans la musique on n’est jamais au repos parce que… ce n’est pas parce qu’on est pas dans la lumière qu’on ne travaille pas.
On travaille plus hors de la lumière que dedans et je trouve que… quand on est surtout … indépendant … comme ça, y’a personne…
Quand on n’a pas d’équipe c’est compliqué et même quand on en a une je pense que la pression est la même, faut toujours se dépasser, faut toujours proposer de nouvelles choses pour avoir de la créativité… faut s’mettre au niveau, faut beaucoup écouter ce que les autres font aussi pour s’enrichir. Je trouve que ce n’est pas facile… surtout … que ce soit financièrement, oui, c’est une chose, mais mentalement faut avoir le moral bien accroché.
C’est aléatoire, c’est un jour oui, un jour non – un jour on appelle, un jour on n’appelle pas…
- « Décourageant… des fois ? »
- Ah oui, c’est sûr.
- « A chaque fois qu’t’as un truc, c’est une victoire en fait… »
- Oui… une victoire et en même temps… une satisfaction de n’avoir pas lâché, d’avoir travaillé comme il faut mais après, même quand c’est décourageant, etc. il faut se rappeler pourquoi on le fait et à la base c’est juste une passion, donc, il ne faut pas que ça devienne de la torture quoi…
- « D’accord, j’comprends » (courte pause).
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- « La suite… tu vas en sortir d’autres ? »
- La suite… là est prévu, j’espère pour avant la fin de l’année, un nouveau single … je ne miserais pas sur deux, à la base j’avais prévu deux, mais je pense ça va être un peu short, enfin, je ne sais pas.
Mais de toute sûr, oui, un nouveau single avant la fin de l’année avec un clip, ça c’est sûr.
Pour que les gens puissent avoir un repère visuel sur qui je suis, parce bon là j’ai des photos etc. mais c’est important d’avoir un clip quand même. Et vu que je n’ai pas pu en sortir un pour le premier il faut absolument que pour le deuxième il y en ait un.
Et puis j’ai une stratégie d’en sortir un avant la fin de l’année puis un troisième single, puis après le troisième single selon comment ça prend, sortir un EP.
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Parce que sortir un EP maintenant c’est trop tôt, les gens ne connaissent pas encore assez le projet.
Je trouve ça dommage de lâcher cinq titres d’un coup qui passeraient potentiellement au travers alors que quand on a travaillé dur dessus… et … j’aimerais bien que les titres aient un tout petit peu plus de lisibilité.
Donc je pense que, déjà … un single … voir un peu les retours, les retombées du deuxième et … le troisième et puis après … voilà.
- « Bon c’est une stratégie, vraiment, là t’as un plan de campagne en fait… tu t’présentes aux élections… bon on raisonnait pas vraiment comme ça avant, mais c’est bien ! ça a changé, hein… c’est les réseaux sociaux qui ont fait changer ça …»
- Oui, beaucoup… les réseaux sociaux c’est vraiment… pfff (rires), c’est compliqué !...
- «  Alors tu vis ça comment les réseaux sociaux… au quotidien… parce que je trouve et je sais que tu es assez active, mais… comment tu procèdes »
- Oui je suis active mais je le vis pas forcément très bien, enfin, en fait, si je pouvais m’en passer je le ferais volontiers. Moi j’ai un peu du mal avec ce qui est Tik Tok etc. etc.
Je suis assez spontanée, mais je n’ai pas le réflexe de filmer toujours ce que je fais, c’est-à-dire que même quand je compose je n’ai pas forcément envie d’avoir mon téléphone à côté qui enregistre tout ce que je fais.
Du coup c’est un peu compliqué pour me faire connaitre sur les réseaux.
Je publie beaucoup de photos parce que c’est facile, mais tout ce qui est vidéos, parler des projets … ce n’est pas un réflexe pour moi que de prendre mon téléphone et filmer et de parler aux gens.
Du coup, si je pouvais m’en passer je le ferais, mais comme je ne peux pas, bien… je fais avec et j’essaie petit à petit de … faire un peu … comme tout le monde, entre guillemets, filmer sur Tik Tok… filmer des bouts de compos… pour faire vivre le truc…
- « Est-ce que tu penses que mettre ta vie, quand tu crées, quand tu fais ceci ou cela, etc… est-ce que tu penses que ce serait, vraiment, absolument… nécessaire ? »
- Je pense que ça l’est quelque part, parce qu’aujourd’hui les gens … sont dans une espèce d’intrusion … qui fait qu’ils ont envie de « savoir » un peu …
Et je pense que la vie des artistes et comment on les perçoit ça a un peu changé.
Maintenant les gens ont envie de se sentir un peu familiers et je trouve et du coup y’a ce truc de … quand on partage beaucoup de ce qu’on fait, les gens se sentent proches de nous et, du coup, ils ont plus envie d’être avec nous et nous suivre … de …
ça n’est pas comme avant où … en fait … les gens, les artistes, on ne les entendait pas, ils sortaient un album, on venait les voir en concert et ça s’arrêtait là …
Parce qu’il n’y avait pas les réseaux sociaux pour suivre.
Maintenant, comme, entre guillemets, tous les artistes et les personnages sont publics et… on a des réseaux qui sont publics, du coup, quand on les suit on a envie de voir un peu ce qu’ils font … 
Enfin … tout le monde, hein…

Je pense que c’est nécessaire, mais après, chacun fait un peu comme il veut aussi, mais … je ne me forcerais pas à faire des trucs que je n’ai pas envie de faire, ça c’est sûr !...
Je me dis que chacun doit y mettre un peu du sien et qu’il faudrait que… que je m’y mette aussi…
- « Ok, ça c’est un manque sur lequel il faudrait que tu te penches… »
- Mais c’est une stratégie aussi, les réseaux sociaux c’est … après il y a des gens qui sont adeptes, d’autres pas.
Je ne dis pas que sans réseaux sociaux on ne peut pas réussir, ce n’est pas vrai, mais je pense que ça aide beaucoup aussi aujourd’hui… même au niveau des labels, etc.
Je sais… j’ai déjà entendu, après est-ce que c’est vrai, pas vrai… toutes les sources sont discutables mais, que certains labels ne regardent même pas les artistes qui sont proposés s’ils n’ont pas … moins de 10.000 abonnés, des trucs comme ça quoi… en gros ça joue quand même énormément parce qu’ils considèrent que si on est suivi par Instagram, Tik Tok et tout, c’est que le projet peut être intéressant et eux s’y mettent aussi…
Bon c’est un peu le serpent qui se mord la queue…
- « Mais bon, il faut bien gérer ton image dans ces cas-là »
- Ah oui, c’est super important, je pense qu’il faut partager sa vie mais il faut savoir mettre une barrière sur l’intimité et … pas dire tout et n’importe quoi…
- « Oui c’est pas évident, parce que il y a certains artistes qui se laissent même piéger, t’as bien vu l’affaire Juliette Armanet/Michel Sardou récemment… »

Echanges sur le sujet que nous garderons pour nous…
L’occasion d’une autre pause et de causer en toute amitié, hors sujet.

- « Aujourd’hui - par rapport à la musique que tu as réalisé, y’a de l’électro, ça tourne autour du piano, ça groove, j’ai beaucoup aimé par exemple la ligne de basse, j’ai bien accroché sur tous ces systèmes musicaux… A un moment, aussi, le changement de voix, lui aussi traité d’une façon électro… enfin je trouve que c’est très actuel/tendance – moi je qualifierai, ce qui n’est pas, excuse-moi, une mauvaise qualification… cela … comme de la bonne variété actuelle. Je pense que c’est un tube ce que tu as fait là. Quand je te dis bonne variété actuelle, en fait on parle d’Armanet, Luciani et je pense à d’autres artiste comme Sabrina Claudio, je te trouve pas mal dans cette mouvance. C’est un choix délibéré ? C’est ce que tu aimes faire ? c’est ? … »
- Tout à fait, j’ai toujours aimé la pop, la variété.
J’ai toujours été dedans et je pense que c’est un peu un mélange de tout, c’est-à-dire que comme j’ai fait beaucoup de rock aussi … et j’adore ça … j’ai essayé de mêler un peu tout ce qui me plaisait et j’ai eu la chance, aussi, de trouver quelqu’un avec qui ça marchait bien musicalement parlant et qui a vraiment su comprendre ce que j’aimais.
Il l’a mis, en fait, sur « En Boucle », parce que moi, à la base, j’arrive juste avec un piano-voix.
C’est sûr que, les idées je les ai, mais je ne sais pas forcément les exprimer, donc pour arriver à se comprendre c’est un langage assez particulier à établir…
- « Ah, ça c’est le plus difficile… »
C’est ça !
- « Faut trouver la bonne personne pour les arrangements et… »
Oui, une bonne musique, s’il y a les bons arrangements, ça peut changer la donne.
Après, de base, il y a quand même une règle de se dire que si une musique sonne bien piano-voix, elle peut sonner en arrangement.
Mais après, à l’inverse un mauvais arrangement ne fera pas faire sonner piano-voix.
- « Bien sûr… Est-ce que quand vous élaborez les arrangements, etc… tu donnes ton avis, tout de même ».
Oui, bien sûr…
Au début j’avais une règle. C’est d’être là à toutes les sessions studio, parce que j’ai eu des mauvaises expériences par le passé où en fait les personnes travaillaient mon titre quand je n’étais pas là et m’envoyaient des versions… et … c’est vrai que je trouve que c’est une perte de temps parce que quand il y a des choses qui ne me plaisent pas, et bien, eux ils ont travaillé des heures dessus pour rien… et moi je leur dis « bah, non, ça en fait je n’aime pas, faudrait rechanger… ».
Donc, tout le monde perd son temps.
Et je me suis dit, si je suis là à toutes les sessions, on peut avancer beaucoup plus vite en sachant que quand on a terminé une session, on a déjà avancé et il n’y aura pas de machine arrière, en se disant, ça… finalement euh… j’en veux plus.
Enfin ça peut toujours arriver, mais c’est amoindri.

Alors que travailler avec quelqu’un à distance, s’il t’envoie un truc, qu’il y a passé cinq heures et qu’au final 90% du travail qu’il a fait ça ne te plait pas, c’est un peu… compliqué…
- « Oui, puis… humainement, aussi… pour la personne… »
Oui, c’est pour ça.
Et là, au moins… et même moi… même si mine de rien je n’y connais pas grand-chose, plus j’assite à des sessions, plus je commence à comprendre un peu le traitement des voix, les différents sons, le studio, etc… ça me permet également d’avancer.
- « Tu t’intéresses ainsi aux tenant et aboutissants de ton projet, ça c’est important, c’est la bonne démarche » - (je raconte à Eloïse un de mes récents déboires face à un titre qu’on m’a envoyé, que j’avais pour travail d’arranger mais dont la somme de travail était telle - car il n’y avait ni direction, ni investissement de l’artiste, ni mise en place réelle de la piste audio - qu’au bout de quelques heures de mise en place, réflexion, écriture et enregistrement de bases afin d’un minima de substance, j’ai appelé et laissé radicalement tomber l’affaire…)

- « Bon alors, vingt-trois ans, tu te donnes combien de temps pour devenir une star ? »
(Rires…) …
C’est une vraie question d’interview ça ? ...
Franchement, être « une star » ? … je n’en demande pas tant… mais au moins avoir la reconnaissance de mon travail et arriver à faire des scènes, j’aimerais bien que dans… en fait le plus rapidement possible en fait…
- « Demain, ça serait bien »
Oui, en gros… (rires…)
- « Bon c’est le truc con mais, on a tous rêvé de ça – quand on est jeune, c’est normal… c’est un statut qui fait rêver et… qui fait rêver comment ? »
….  ….  Je pense que c’est un statut qui fait rêver mais qui fait très peur aussi…
Je pense que malheureusement dans la lumière et dans le fait d’être vedette il y a toujours une part d’ombre et ce qui me ferait peur ce serait de perdre pied ou de… choisir les mauvaises personnes. Mais après, je pense que ça n’arrivera pas parce que j’ai assez les pieds sur terre.
Mais on ne sait jamais et je pense que pour ça, y’a certaines choses qui font peur dans le fait d’être connue, reconnue, enfin, je veux dire, d’être un personnage public, d’être dans le regard des caméras, etc.
Après ça fait rêver, je pense, dans le sens où a tous choisi ce métier parce que on a envie d’être dans la lumière et qu’on a besoin de reconnaissance.
Une reconnaissance qui ne peut s’apporter que par-là, parce que, sinon, on ne ferait pas ce métier.
Et je pense que c’est un plaisir de partager avec les gens ce qu’on aime faire et d’avoir un retour qui montre qu’ils aiment aussi.
En tout cas si je fais ce métier c’est aussi pour ça.
C’est pour voir dans les gens … un truc qui fait qu’ils sont super contents, que ça leur plait, qu’ils chantent les mêmes paroles que toi, qu’il y a une connexion.
Enfin pour moi c’est vraiment du partage…
- « Avec une démarche comme ça … tu devrais t’en sortir »
Oui (rires), je l’espère.
- « Par rapport au côté paillettes, certaines ne voient que ça, donc… »
Les paillettes ça ne reste pas… (pause…) …
C’est aussi pour ça que je me dis que j’aimerais beaucoup travailler avec des artistes parce que je ne sais pas comment je serais -peut être que ça ne sera pas le cas et que je ferais de la scène toute ma vie – mais je me je me dis que… si un jour, j’ai un certain âge, que je n’ai plus envie, famille ou autre … je sais que j’aurais besoin d’aider des gens. Les aider à se mettre en lumière eux aussi, tu vois.
- « Tu as déjà travaillé avec d’autres artistes ? »
Non jamais … mais par contre j’aime bien m’amuser à écrire des chansons pour les autres…
Des gens connus…
Des fois je suis chez moi et j’écris un truc et je me dis « ah non, en fait ça ce n’est pas pour moi, mais je le verrais bien chanté par telle personne » …
Du coup je garde et je me dis… on ne sait jamais, ça peut… ressortir.
Non, ça ne m’est jamais arrivé de travailler avec des artistes connus ou pas, mais j’aimerais vraiment qu’un jour ça puisse aboutir.
Là petit à petit j’aimerais déjà travailler avec des amis, les aider.
J’aime beaucoup écrire, donc, comme ça n’est pas facile pour tout le monde et qu’il y a beaucoup de gens qui n’écrivent pas… alors, leur composer quelque chose…
- « Si… t’as fait des chœurs pour quelqu’un y’a pas longtemps… »
Oui j’ai fait des chœurs pour Ridsa.
- « Et alors ? »
Ben, très chouette expérience, hyper rapide… si l’enregistrement studio a duré vingt minutes ça a vraiment été le bout du monde, mais vraiment c’était chouette.
Le titre a super bien marché…
Je suis contente pour lui.
- « C’est quoi le titre ? »
Santa Maria.
- « Comment tu as été contactée ? »
Une amie qui travaillait avec le label qui a eu un contact.
Et elle m’a appelé tout de suite en me demandant si j’étais dispo.
Je crois que c’était le jour J soit le lendemain, donc très rapproché… pour venir faire des chœurs.
J’ai dit oui parce que j’étais là et que ça me faisait vraiment plaisir … ça s’est fait… comme ça.


- « Bien on va s’arrêter là. Je te remercie d’avoir joué le jeu et répondu à mes questions. Et… Je te souhaite le meilleur » 
Merci beaucoup !
- « Et j’espère qu’ici tu seras lue et que tu auras de bons retours ainsi que de nouveaux auditeurs. 42 mn environ d’interview… on a bien développé… ».

---

Ainsi s’est terminé notre échange.
Face à moi, une jeune femme déterminée, passionnée et lucide.
Elle sait ce qu’elle fait et maitrise sa vie artistique avec choix, pragmatisme et perspectives, même si tout cela, bien entendu, évolue au fil de l’avancée logique de ses projets.
Elle sait s’entourer, a un bon contrôle sur sa musique, son équipe, son image aussi, car le sujet a été largement abordé et, en d’autres occasions j’ai eu largement le temps de discuter de tout cela avec elle.
Des mots clés tels que passion, travail, reconnaissance, partage ont été largement exprimés ici lors de ses réponses.
Là encore, la superficialité n’a pas cours, Eloïse se construit artistiquement sur des données essentielles, fondamentales.
Notre échange sur le sujet des réseaux sociaux témoigne là encore de sa lucidité.
Professionnellement, la voilà encore, complètement active, responsable et gestionnaire de son travail avec des vues à court, moyen voir long terme sur son devenir créatif.
A vingt trois ans, elle a une immense maturité et un recul pragmatique sur la réalité du métier sans pour autant négliger la passion qui amène à « faire » celui-ci, ce truc indescriptible qui est par contre, totalement perceptible si l’artiste en est imprégné.
Avec Eloïse, aucun doute, sa passion est là et elle fait tout pour la garder intacte, chose essentielle mais pas simple au quotidien à gérer.
Alors, vous apprécierez ou zapperez « En boucle », son single.
L’axe variété actuelle qui m’est venu spontanément dès l’écoute de son titre est loin d’être un « vilain mot », bien au contraire.
L’essentiel restant de créer la musique qui nous corresponde, d’être artistiquement soi-même.
C’est cela la force de la crédibilité… et cela agit, sans tromperie, auprès du public qui en a, plus que tout, par les temps actuels… besoin.

Il apparait évident que notre relation amicale a privilégié la direction de cette interview.
Être et rester ami avec des artistes (ainsi que là, ses parents  - dont il faut saluer l’engagement inconditionnel) pour lesquels on a contribué un temps à l’épanouissement est réel un privilège qu’il faut savoir savourer.
Je lui souhaite véritablement de continuer à vivre ainsi de sa musique, de son art, de ses créations.
Il est des élèves dont ont sait, dès leur plus jeune âge, qu’ils/elles deviendront musicien(ne)s.
Je n’ai jamais imaginé Eloise autrement…

















 

Commentaires

  1. Passionnant. Surtout après avoir lu ton papier d’introduction.
    Un point frappant : jamais une plainte, de rancœur. Un bel enthousiasme, en contraste avec ta vision exposée dans l’introduction à la rubrique, j’ai dit contraste pas contradiction.
    J’ai écouté la chanson que j’ai de suite envoyée à Pascale (avec un E pour les lecteurs peu attentifs 😊 ) elle m’a initié à ce genre de musique, comme références – si on peut se permettre des références – je pense aux Brigitte (Sans S pour les lecteurs grammairiens) (ma) Camelia Jordana (vu en concert, généreuse, émouvante et trop absente dans la chanson). Mais laissons les références, le titre séduit de suite et les arrangements ne forcent pas de suite le trait, des arrangements lentement invités à rejoindre l’artiste mais quand tout ce petit monde s’exprime (rythmique) le pied tape le sol, limite à se lever.
    Je fini sur les réseaux sociaux, peu d’avis car trop en retard rarement sur Intagram, Tik Tok. Ce besoin d’intimité avec l’artiste ? Je suis sur le livre JJ Goldman, passionnant qui évoque la relation de l’artiste – antistar qui pouvais se le permettre avec son succès – avec des magazines comme OK. Comme Eloise, il s’en passerait volontiers et lui pouvait et pourtant il a ce sentiment que cette relation avec l’auditeur ne peut pas être complètement négligé. L’émotion généré par une composition peut provoquer un retour de même nature, alors offrir un peu de soi pour recevoir ?
    Merci à vous deux.

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    1. Comme toujours tu résumes bien l'ensemble des choses.
      Certes le "métier" est contextuellement difficile... semble du moins, car... en fait... il l'a toujours été. Vivre de la musique et de l'art en général n'est pas choses aisée.
      Dans l'éducation musique c'est lié à activité et loisir - alors penser en faire métier...
      Ce métier donc peine à être institutionnellement (administrativement donc) référencé comme tel. L'intermittence du spectacle est liée au "statut" de chômeur, les droits d'auteur sont versés par semestres au compte goutte et quand t'es oublié t'attends la répartition suivante. Un flou entoure l'artiste face à l'employeur potentiel qui est souvent démuni par rapport à un engagement "traditionnel" d'employé...
      Bref, ça n'est pas spécialement nouveau que tout cela.
      Mais l'artiste elle, lui, s'il, elle passionné(e) a compris que cela fait partie du "truc".
      Il vit et s'accommode avec.
      Et effectivement l'idée de s'en plaindre ou d'une éventuelle rancœur telle que socialement on a l'habitude d'en être abreuvés en médias, n'a pas sa place dans le cheminement artistique. Comme tu le soulignes, seul l'enthousiasme prévaut et il est omniprésent.
      Je connais bien cela, rester positif même quand tu essuies un refus d'un lieu pour jouer, car tu sais que ce sera potentiellement oui ailleurs... partir à chaque fois avec le baume au cœur parce que tu vas "jouer" seul (tu es encore plus motivé car il va falloir donner), en duo, groupe, parce que le partage est multiple et synonyme généralement d'amitié, de moment privilégié quel que soit le lieu et le contexte.

      Quand aux réseaux même blogguer est en faire usage...
      Qui n'a pas regardé les statistiques des "lecteurs" ou du moins des visiteurs...
      Et forcément cette dernière phrase "offrir de soi pour recevoir", finalement ça résume tout l'ensemble des choses.
      Eloïse offre sa voix, son piano et sa musique, elle veut même l'offrir à ceux qui peinent à écrire...
      Elle a tout pigé.
      Les réseaux, ça suivra... avec...
      merci d'avoir pris le temps et d'avoir participé en commentant.
      à +

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  2. Marrant, il y a quelques semaines, j'ai découvert que j'avais une voisine chanteuse, et pas que. Suite à un passage très réussi chez Naguy "n'oubliez pas les paroles" et qq victoires, elle a été repérée par un producteur.. et tout s'enchaine. Elle a chanté sur scène à Epernon cet été, puis enregistre un album avec des reprises et qqunes de ses chansons (paroles) . Il y a de l'accroche comme Eloïse, voix, justesse, force retenue, mélodies.... et la difficulté d'entrée dans le système. Le milieu. Comme pour l'instant c'est une vie parallèle pour elle, il n'y a pas trop de "souffrance" et de difficulté, même si (je m'avance peut-être.. la découverte est très fraîche).. C'est important les déclics, tout peut aller très vite après, il y en a tellement. Bon, on va encore se remémorer..mais tu te souviens Pax à notre époque, c'était la croix et surtout un très long chemin avant de percer et de rayonner. Bref merci pour ce témoignage et cette découverte.

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  3. Hello Vincent,
    Effectivement un long chemin... l'essentiel, la passion, la motivation ...
    persévérance...
    bref tout est dit ici.
    à +

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  4. Une interview très dense. Je l'ai lu en deux fois. Mais en le lisant, même si j'aime beaucoup la musique et qu'à un moment, j'ai pu me rêver artiste, je me rends compte que je n'aurais pas été faite pour ça. Sans doute trop introvertie pour ça.

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    1. L'introversion est une donnée qui donne de l'aura à l'artiste, détrompe toi...
      Mais en ce cas, c'est le relai des agents, managers etc. qui prend les choses en mains, l'artiste restant dans sa "bulle".
      Pas de profil pas de critère, pas de schémas... on parle d'artiste donc d'envie, de motivation mais aussi de talent en lequel la personne concernée (l'artiste donc) n'est pas forcément consciente.
      Alors c'est l'entourage qui incite, aide, soutient et parfois s'occupe de ...

      Je connais bien Eloïse et dès toute gamine (10-11 ans) j'ai su qu'elle irait dans cette direction. Ce n'était pas qu'une question de talent, capacités et compétences en développement - ça si tu veux, c'est permanent et elle appelle ça "le travail" dans l'interview - car elle les avaient. Mais c'était lié à une attitude volontaire, identitaire, délibérément affirmée artiste sans pour autant ado le cibler vraiment, mais bien présente en sa personnalité. Elle montait sur scène et instantanément silence dans la salle et salve d'applaudissement, que ce soit avec un groupe ou seule au piano, juste par la représentation artistique de sa personne. Je l'ai effectivement encouragée à se consacrer à ça, mais à chacun ses choix, tu proposes, suggères et la personne dispose.
      Bon, avec elle j'ai vraiment "insisté" car vas t'en savoir pourquoi... je savais, c'est tout... mais je l'ai vraiment laissée faire et elle m'informait de temps à autre de ses avancées et ses projets.
      Pour sûr elle a été soutenue dans ses choix par un entourage familial inconditionnel et forcément, d'autant que c'était pour la famille entrer dans un univers totalement opaque, obscur et inédit que l'artistique, ça n'a qu'augmenté l'envie, la confiance et la motivation.
      Des familles comme ça c'est bien rare, il faut le dire et forcément quand tu te lances à l'aveuglette, au départ, dans l'artistique, c'est un repère énorme que cela.

      Le mot qu'on utilise pour décrire ce qui fait que... c'est "vocation".
      Au plus vite (et je crois que c'est valable dans n'importe quel métier qu'on a choisi un jour et dans lequel on se "retrouve") cette vocation se dessine et au plus vite l'on s'y consacre, mieux c'est... et personnellement je crois fondamentalement à la découverte, mise en évidence de cette vocation par une tierce personne qui décèle le truc.
      J'ai toute ma carrière essayé tant que possible de déceler et encourager quand j'avais la certitude, mais uniquement la certitude (pas la vague idée que...), que l'élève, étudiant(e)... avait la vocation mais aussi la capacité d'entrer dans ce milieu qui, je le réitère, est difficile, pourri, arriviste, mesquin, déplorable (choisir un artiste aujourd'hui parce qu'il a des vues insta...) mais aussi : magique, gratifiant, enrichissant et surtout, quand la vocation est là... inévitable...
      Donc il faut être paré.
      donc il faut avoir une ligne de vie, une direction, des choix et une capacité à dire oui, ou non... et une forte personnalité.
      Et y croire, donc finir par croire en soi car c'est bien de cela également qu'il s'agit.
      Et contrairement aux idées basiquement éducatives reçues, il n'y a absolument aucune honte à "croire en soi"... c'est finalement ce déni qui conduit à la normalisation par le bas, de notre société et aux excès en mode inversus qui découlent de cette chape éducative qui s'est installée au fil de nombreuses décennie, ce mode normatif qui a fini en nivellement par le bas...
      Merci, à plus.

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