ROYALE MUSIQUE…
ROYALE MUSIQUE…
L’encre budgétaire a et continue de couler autour de la
venue d’un prince Charles, devenu in extremis roi d’une Angleterre qui ne va
guère mieux que notre France macronisée.
Des symboles qui interrogent…
Versailles … haut lieu représentatif du pouvoir absolutiste royal.
Le monarque de sang… reçu par le… proclamé élu… monarque
« républicain ».
Chacun y est allé de sa « note de frais » et de son rituel cancanier.
Parmi les invités, histoire de tenir Cie à la « reine » Camilla, un
certain Hugh Grant… au sourire de bellâtre certifié conforme et un Mick Jagger,
dandiné, certifié momifié.
Z’auraient pu penser à Elton – ah m… boulette, qu’ai-je dit… Elton, Lord, a
dédié une chanson à Diana.
Chez nous Lady Charlotte Gainsbourg, toutes belles jambes en évidence, le style
« à la française » et l’insoutenable Stéphane Berne, le mec qui se
pâme dès qu’il voit un blason, dès qu’il caresse avec turpitude passionnée le
moindre taffetas poussiéreux endormi au fond d’un royal placard ou sur le siège
d’un carrosse…
Un défilé de ce qui rend les « peuples » croit-on admiratifs.
Il n’en est plus rien.
Bon, au moins ça aura fait bosser du monde…
Fait s’affairer les petites mains de tous ordres et catégories.
Il faudra renouveler la cave, car, là ils ont carrément fait une descente.
Bon, le repas, forcément, digne de l’art culinaire le plus noble… à la
française.
Tant mieux pour celles et ceux qui ont, là encore, travaillé pour « eux ».
Musique et musiciennes/musiciens, dans tout ça ? ...
Hmmm, Macron n’a finalement pas oublié une donnée royale capitale…
Lui-même parait-il quelque peu pianiste, aimant Rossini, jouant Polnareff…
Charles féru de musique classique ayant « étudié » plusieurs
instruments dont trompette et violoncelle…
Il aura fait venir pour l’occasion le jeune
violoniste d’origine suédoise, étoile montante de la sphère virtuose
classique Daniel Lozakovich, à la carrière internationale, qui se produit
régulièrement avec l’Orchestre National de France.
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Depuis Louis XIV, sous l’égide du Roy, la musique était écrite pour additionner
à l’aura du charismatique et autocrate Louis, l’empreinte du pouvoir absolu.
Lully aura été le compositeur qui aura destiné sa musique à contribuer à cette
mise en place sonore de l’éblouissement que devait procurer l’apparition d’un
Roy s’autodéterminant Soleil, maitre des astres…
Outre-Manche, Händel aura lui aussi, plus tard, mis son génie au profit du
faste du pouvoir avec des suites fanfaronnantes destinées éclabousser le King
d’admiration ordonnée sur la Tamise avec des « Water Music » mais
aussi avec des Feux d’artifice Royaux, qui d’ailleurs déclenchèrent un
incendie.
Mais la musique annonçant le pouvoir n’est pas chose nouvelle, je pense à cette
fanfare introduisant l’Orfeo destinée à accueillir le « mécène » de
l’œuvre et non pour introduire comme ce sera le cas par la suite, la substance
de l’œuvre. J’en parle plus loin.
La musique et le pouvoir…
Le pouvoir de la musique …
Insensé mais tellement, si l’on y pense, réellement aptes à être en corrélation.
Les uns se servant d’elle pour leur « image » (Louis XIV – Lully /
Hitler-Orff), les autres sous son charme au point d’en oublier, en s’évadant en
elle de façon irrationnelle (Louis II de Bavière / Wagner), leurs
responsabilités d’état.
Sans parler des compositeurs ayant dédié leur musique au pouvoir, le temps
d’une admiration (Beethoven/Bonaparte), ou encore qui s’obligèrent à s’inscrire
(Richard Strauss) dans des idéologies.
La musique, bannie par le pouvoir (Prokofiev…), a aussi contraint à l’exil…
Je me penche sur un contemporain de Lully, sorte de génie musical qui aura eu
peine à retrouver sa place dans une certaine histoire… Marc Antoine
Charpentier.
Lully était également un terrifiant autocrate… il avait pouvoir décisionnel
absolu, conféré par le Roy, sur toute musique qui pouvait être créée dans le
royaume.
Il décidait donc, par un arrêté royal, de la « validité », pérennité,
« qualité » d’une œuvre…
Il aura(ait) ainsi mis à l’écart nombre de ses contemporains compositeurs
s’arrogeant ainsi une exclusivité. Pire même, une autorisation de jugement qui
aura, non seulement mis dans l’ombre nombre de compositeurs, mais également les
aura rangés par la suite, dans le placard de l’histoire.
La redécouverte de l’œuvre de Marc Antoine Charpentier, mise remarquablement en
lumière, entre autre, par Sir William Christie (tiens, un anglais…) semble
avoir rectifié aujourd’hui ce non oubli, mais ce dommage collatéral dû au
pouvoir absolutiste de l’époque.
Il n’en est pas moins terrifiant que de constater de telles choses.
Lully a, par sa musique, célébré l’aura royale, le pouvoir absolu, le
« divin » sur l’homme et le peuple.
Par sa musique le Roy, fier danseur également, impressionnait une cour
d’admirateurs béats, prédécesseurs de Bern avant l’heure, simplement embarqués
par le faste, la « mise en scène » du pouvoir. Un pouvoir martelé par
une musique absolue et absolument sans la moindre équivoque.
La relation Lully/Louis XIV l’un devant tant à l’autre et ce, réciproquement,
aura certainement autorisé à Lully cet abus de pouvoir afin de verrouiller
totalement de façon sécuritaire, sa musique.
Conférant également à celle-ci un autre absolutisme.
Aujourd’hui, même si ces données historiques, pas forcément révélées au plus
grand jour, obligent à une autre, peut-être… écoute… et bien que la musique de
Lully ; qu’elle soit d’apparat, de divertissement associée à Molière en
comédie ballet ou bien évidemment religieuse ; impose par son… justement…
pouvoir, il faut être en mesure de faire, comme on dit… la part des choses et...
un peu de rangement.
Cette non-part des choses deux compositeurs en ont fait de larges frais…
Richard Wagner, pangermaniste politiquement affirmé a toujours été
nébuleusement ou directement associé au nazisme, de par ses positions
antisémites clairement exprimées. Le nazisme du temps wagnérien n’était pas, mais
il ne tarda pas à pointer son nez et les idées tranchées (bien que souvent
contradictoires en actes – Wagner engageait par exemple des musiciens et chefs
d’orchestre juifs…) du compositeur furent une récup’ aisée pour le dictateur.
Richard Strauss, également.
Deux génies musicaux qui ont fait avancer la musique à de nombreux égards tant
en pensée qu’en conception, orchestration, usages.
Bien au-delà de visionnaire, leur œuvre est une pierre incontournable de
l’édifice de l’histoire de la musique.
Wagner, lui, pourtant politiquement tant bruyant qu’actif extrémiste, fascinait
Louis II de Bavière, à tel point que celui-ci s’offrait des premières
orchestrales, ou autre, afin d’évasions que seule la musique de Wagner savait
lui procurer.
Une addiction sonore, un fan plus qu’inconditionnel et donc… un mécène sous
emprise.
Nous aurons ainsi eu la démesure critiquée - comme toute démesure envers l’art,
ce quelles que soient les époques – de Bayreuth, ce petit théâtre intégralement
transformé pour devenir le temple de l’univers wagnérien…
Un monarque sous emprise.
Un compositeur qui, grâce au pouvoir de sa musique a réussi à obtenir de lui,
le projet ultime, le rêve absolu pour le spectacle d’art total, sorte de cinéma
immergé avant l’heure.
Pour Richard Strauss, lui, contemporain du nazisme, l’affaire qui fait encore
débat est finalement peut être moins complexe qu’il n’y parait. L’homme, afin
de protéger sa belle-fille, Alice, qui est juive, va « composer »
avec le régime hitlérien. Certes, comme tant d’autres il admet avoir cru en
Hitler à ses débuts… jusqu’à ce que… cela touche directement son cercle
familial.
En 1948 il passera devant la commission de dénazification. On sait ce que ce
genre de fait - historiquement prouvé qui, si l’on remet les choses dans leur
contexte, se doit d’être revu, corrigé et certainement relativisé – peut jeter un
opprobre durable sur n’importe qui.
Alors sur un compositeur de renommée…
Restons dans le sujet avec, par exemple, les fameuses « Carmina
Burana » de Carl Orff, un compositeur dont l’appartenance apparemment tant
active qu’idéologiste au nazisme fait encore débat.
Hitler admirait Wagner… et Orff, ce dernier en seconde « position »
dixit l’intéressé dictateur.
Les thèmes abordés dans le « Carmina Burana » étant forcément chargés
d’idéaux politiquement récupérables par le pourvoir nazi.
Sans parler du pouvoir immédiatement hypnotique de sa musique sur le commun des
mortels.
Alors, l’associer au pouvoir idéologique et politique…
Pourtant sa musique a d’abord été rejetée par le troisième Reich. Trop moderne,
trop jazzy (!), trop de percussions… Finalement ce seront ses éditeurs qui le
feront accepter par le pouvoir argumentant une œuvre enracinée dans la race (!)
et le peuple… et il aura ainsi la commande d’une pièce d’ouverture de JO de
Berlin en 1936. Versatile, Orff a lui-même installé le doute sur ses appartenances
cela lui évitant un procès de dénazification.
Changeons de Strauss et partons à Vienne avec la célèbre famille de
compositeurs de valses, polkas, mazurkas et autres marches célébrantes (Radetzky), quadrilles, sans parler des opérettes de divertissement. La musique
des Strauss en particulier de Johann, second du nom, est indissociable de l’image
sonore de l’empire austro-hongrois et bien que ce dernier provoquât dans sa
jeunesse le pouvoir en jouant des œuvres « interdites » telles la… « Marseillaise »,
il parvint, en dédiant certaines marches patriotiques à l’empereur François Josef
1er , à installer sa famille (sa dynastie serait plus appropriée) - en
devenant directeur de la musique de bal de la cour – et sa musique, comme
symbole musical de l’Empire.
Qui n’imagine Vienne sans ses bals ou la valse fait perdre la tête ?
Qui n’a pas été marqué de façon directe ou indirecte par cette imagerie relayée
par les films au long cours représentant de façon édulcorée une impératrice
Sissi ?
Fait intéressant, Strauss s’est toujours (et c’est vérifié) affirmé juif et sa
musique aurait dû ou pu, de ce fait, être interdite par le régime nazi.
Mais… Hitler aimait les valses de Strauss et il lui octroya même à titre
posthume un… certificat d’aryanité…
Ce qui ne l’empêcha pas de se servir copieusement dans la fortune amassée par
la famille, jusqu’à la ruiner.
Mais également ses valses servirent à « accompagner »
bien des atrocités du pouvoir nazi, en particulier dans les camps.
Fanfares… j’y reviens.
Monteverdi, fondateur a-t-on toujours exprimé, de l’opéra avec son Orfeo.
C’est le 24 février 1604, à Mantoue, au palais ducale, dans les appartements de
la duchesse de Ferrare, sœur du duc de Mantoue (Vincenzo Gonzaga), que l’œuvre composée
par Monteverdi - et dont le livret de Striggio, secrétaire particulier du Duc,
s’appuyant sur de nombreuses œuvres tant poétiques que philosophiques – sera donnée
pour la première fois.
Le commanditaire et dédicataire de la partition est Francesco Gonzaga, l’héritier
du Duc.
L’opéra, au sujet mythologique s’ouvre par une puissante fanfare, puis celle-ci
laissera place à la Musica, personnage emblématique et principal, qui descend
de la demeure des muses…
Mais alors… pourquoi donc une telle fanfare qui reviendra à plusieurs reprises,
musicalement hors contexte, musicalement hors du sujet de ces madrigaux organisés
en une suite musicale où la monodie poétique est quelque part le mode principal
d’écriture…
Simplement pour annoncer tant la reprise après les entractes, et surtout, au
passage célébrer le mécène et commanditaire de l’œuvre par une fanfare claironnante,
brillante et installant le respect tant que son pouvoir ducal.
Des exemples comme ça, l’histoire en est truffée…
Récente également…
Obama n’a pas spécialement besoin de nous balancer sa playlist chaque année… pourtant
je pense que nombre de ses suiveurs la mettent bien en évidence dans leurs portables.
Bruce, d’ailleurs a forcément fait certains frais de son amitié avec l’ancien
président et certains n’écoutent plus le rocker de la rue, rebelle… de la même
façon depuis que…
Personnellement je n’ai pas été surpris de voir Jagger, résidant en France,
pointer son nez à Versailles pour le repas plus que royal.
Enfin…
Ça sonne un peu étrange non ?... un peu comme si, quelque part et véritablement
les choses ont vraiment changé…
Je me rappelle des gentils Beatles et des vilains Rolling Stones… le genre de
truc qu’on te martelait à coup de revues spécialisées et manœuvrées (tiens l’était
pas là le Philippe ?) pour que tu choisisses bien « ton camp »…
Et ben les gars, raté… ! On s’est bien fait …
Et du coup, ce dernier Stones… j’sais pas… mais d’avoir vu Mick se dandiner
devant sa majesté, ça lui donne pas le même reflet.
ONJ Lang…
Le jazz en mode étatisé et hop, les zicos virent à gauche (enfin… à gauche… cf « Les
Barbares »/Lavilliers, de gauche bien rangés) et récupèrent leur rive
bourgeoise estudiantine. Chacun espérant une place, qui sait, un jour, au sein de…
Et que dire de … la « fête » de la musique… ah, récup de jeunesse
électorale, quand tu nous tiens…
Rassurez-vous, ou pas, j’me suis fait avoir… comme tout le monde.
Mais au fait, la musique et nos derniers présidents ? ...
A part Giscard qu’a réussi le doublé remise à la mode du balluche et box
offices des albums de Verchuren et d’Yvette Horner, on n’a pas trop l’idée que
la musique… pour eux…
Ah si, Sarko/Bruni… enfin bon… ceci dit, quand elle fait un concert, elle est
sure d’avoir du (un certain) public…
---
La musique…
Le pouvoir…
Le pouvoir…
La musique…
Le pouvoir de la musique…
---
J’arrête là de méditer.
Ca devient …
Chouette promenade. Je voulais souligner mon attachement à Louis, II pas XIV, de Bavière. Autant les relations XIV/Lully (j'en découvre l'ampleur dans ton papier), Hitler/Orff &Strauss (?), Staline/Chosta & co... On ne pourra pas accuser Louis II d'avoir orienté ou bridé le génie de Wagner. Rare un mécène dans l'ombre d'un artiste. Et si son goût a pu ruiner le trésor Bavarois (à vérifier?) c'est amplement compensé par le tourisme depuis. Visconti a été bien inspiré avec son CREPUSCULE, un portrait passionnant, très rejeté par des Allemands qui lui préfèrent une bio filmée très proche des premier Sissi, j'ai pu la voir à Munich - je crois - plusieurs fois pendant mes vacances studieuses. Pour finir cette légende où Hitler préfèrera à Wagner, le 7eme de Bruckner - Adagio - pour mourir.
RépondreSupprimerJe reviens sur Staline qui pourrait faire l'objet d'un bon chapitre à ajouter sur ton papier.
A bientôt
J'attends la suite par ton papier avec impatience, difficile de tout ratisser, c'est vrai qu'avec le bloc soviétique y'a largement de quoi étoffer le sujet...
SupprimerMerci en tout cas.
"des premier" sans S Je suis au coin, peux pas ajouter de chapitre ;-)
SupprimerChouette promenade. Je voulais souligner mon attachement à Louis, II pas XIV, de Bavière. Autant les relations XIV/Lully (j'en découvre l'ampleur dans ton papier), Hitler/Orff &Strauss (?), Staline/Chosta & co... On ne pourra pas accuser Louis II d'avoir orienté ou bridé le génie de Wagner. Rare un mécène dans l'ombre d'un artiste. Et si son goût a pu ruiner le trésor Bavarois (à vérifier?) c'est amplement compensé par le tourisme depuis. Visconti a été bien inspiré avec son CREPUSCULE, un portrait passionnant, très rejeté par des Allemands qui lui préfèrent une bio filmée très proche des premier Sissi, j'ai pu la voir à Munich - je crois - plusieurs fois pendant mes vacances studieuses. Pour finir cette légende où Hitler préfèrera à Wagner, le 7eme de Bruckner - Adagio - pour mourir.
RépondreSupprimerJe reviens sur Staline qui pourrait faire l'objet d'un bon chapitre à ajouter sur ton papier.
A bientôt