RETRO 2020

 

RETRO 2020

Il faut le dire, et on peut en parler partout autour de nous, l’opinion générale sur cette année passée se résume en ces quelques mots : 2020 a vraiment été une année de merde.
Pour une fois, tout le monde est d’accord…
Et tout le monde attend de passer en 2021, avec un truc lointain qui s’intitule l’espoir.
Et là-dedans une majorité voudrait bien le « comme avant », sauf que là les gars… comme avant, ça ne semble pas vraiment le truc raisonnable à réitérer.

On le dit communément, le pire ressentiment aura été finalement d’être confinés.
C’est du moins ce que la plupart d’entre nous expriment, oubliant presque qu’en fait, la base de ce bordel planétairement généralisé c’est bien ce truc intitulé COVID et numéroté 19 (ce qui veut probablement dire qu’il y en a eu 18 avant que cette « version » ne fasse ses ravages).
Un truc qu’au départ on avait conjugué au masculin, car il apparaissait comme évident qu’un ennemi en guerre contre l’humanité ne pouvait qu’être du genre masculin (l’histoire donc…) pour finalement corriger l’erreur et la faire apparaitre au féminin, comme ces déesses de la guerre qu’on avait rangé dans les livres de contes et légendes mythologiques.
La COVID qu’elle soit 19 ou que progressivement elle mute en chiffres supérieurs, est donc apparemment un pur produit d’exportation d’une Chine qui pour le coup s’est bien réveillée, peut être est-ce cette armée de soldats de Xi’an qui s’est rebellée. Ils étaient pénards ces petits soldats gardant la porte de leur défunt empereur et on les a mis au grand jour, progressivement déterrés, affichés, exposés, nettoyés, mis en lumière.
Alors ils ont qui sait, rempli leur mission en se vengeant sur nous, pauvres humains mortels et irrespectueux. Un remake de la momie version chinoise par pangolin interposé…
Tremblez, pauvres hères, la malédiction pèse sur vous !

17 Mars, impossible à oublier…
J’ai un groupe d’élèves vraiment supers, avec eux on a presque réussi à monter le « Wont get Fooled Again » des Who, avec l’arpeggio et tout et tout. On les aura réunis pour une sorte de master classe autour de leur répertoire, ce sera leur dernier moment d’échange et de partage collectif.
De là va s’enclencher une organisation des plus compliquées, des plus anarchiques aussi pour devenir une forme normative et surtout de débrouille nécessaire : le télétravail, la visio, la distance, le virtuel…

De là on va constater très vite que les opérateurs savent plébisciter de façon publicitaire le service, la qualité, etc… mais que dans la réalité, si l’on n’est pas citadin c’est tout autre chose…
L’année s’achève et ce tout autre chose est pour ma part toujours d’actualité.

L’économie telle qu’on la connait va donc se casser le gueule et la mondialisation qui fait circuler, au passage, tant les marchandises que le pognon mais aussi les virus, va, lors de ce premier confinement, faire réfléchir et le local, la proximité, l’autonomie aussi vont remonter direct en cotation.
Alors on va réaliser que le maraicher devant lequel on passe tous les jours en allant au boulot ou au supermarché (car qui plus est il a installé un panneau l’indiquant, son métier), on peut aller voir ce qu’il produit et tant qu’à faire acheter chez lui.
Et on met dans son vocabulaire un mot tout nouveau tout beau qui s’appelle « solidaire »…
Marcel, du fond de son potager forcément bio, habitué à ne voir que des bobos ou des fournisseurs négociant toujours à la baisse ses produits, se levant tous les matins à des heures qui peuvent prendre d’effroi un ado boutonneux pour aller installer son stand sur le marché, n’en revient pas.
Son chemin boueux, il faut vite le gravillonner un tantinet tant l’affluence sur son lopin potager est passée à la hausse.
Il y a la queue chez le boucher, même le fromager…

Mais il y a aussi la queue devant les supermarchés, le caddie sert de mètre de distanciation.
On est masqués, un phénomène qui là aussi va très vite évoluer…
Au départ, on regardera les « masqués » de façon bizarre, comme des dégénérés phobiques, puis maintenant on regarde les non masqués comme des irresponsables dégénérés.
On se badigeonne les mains d’un truc gluant appelé gel hydroalcoolique qui selon, pue ou est un peu parfumé.
Nouveaux termes entrés dans notre vie, masque, distanciation, gel, geste barrière sont au box-office du lexique de notre quotidien auquel on ajoute volontiers attestation puis couvre-feu, dernier nouveau venu en date.

Le vocabulaire de 2020 s’est donc amplifié de quelques nouveaux termes peu usités jusqu’alors, comme quoi on peut enrichir le potentiel du langage courant de la langue française.

En tout cas, l’école comme l’info ont fait leur boulot d’ancrage mental…
Ma petite fille, tout heureuse ouvre le joujou baballe pour notre chien en ce jour de Noël, une petite balle en plastique avec des picots pour mieux mordiller.
« Mamie, ouah, tu lui as acheté un Corona Virus comme jouet ? » …

 

Bon, on a donc été confinés, puis reconfinés et il semble qu’au-delà de cette obligation c’est bel et bien ce qui est finalement passé « devant » le virus.
Ce manque de liberté, cet enfermement mais aussi ce manque réel de vie sociale, de contact humain, de partage réel, on a réalisé sa valeur, sa prégnance sur notre quotidien jusqu’alors.
Ne plus se faire la bise, ne plus se câliner, se serrer la pince, ni même se toucher… 
Alors qu'on les vilipendait, le virtuel et les réseaux sociaux, le sms, la distanciation physique sont maintenant devenu(e)s habitudes comportementales... et voilà que l’on va réaliser que la vraie vie c’est quand même autre chose et que l’on va vite avoir fait le tour du virtuel car il aura en quelques mois pris un relais essentiel mais regrettable.

Bon, entre les deux punitions, on aura eu l’été…
Ah, l’été…
Allez on range vite ce vilain virus, on le retrouvera à la rentrée (ou pas…) et go, on part au soleil.
On va s’entasser sur les plages, dans les boites, la fête quoi !
Heureusement qu’il a été là l’été… au sortir car il aura permis à nombre de professions de relever la tête un peu hors de l’eau, le pire n’était pas encore envisagé.

Mais il est arrivé…
Et avec sa bardée d’interdits en non essentiels incohérents, ce pire aura fini par achever certains, déprimer d’autres, laisser pour compte tant de gens.
Restaurants, loisirs, culture, voyage, plaisir ont été mis sur la liste des non essentiels d’un gouvernement qui effectivement et l’a prouvé n’est que d’un certain côté du pognon, édictant des lois et des dispositions unilatérales envers cette masse dépersonnalisée, opaque, mystérieuse.
Loin de nous, loin de nos réalités…
La COVID n’aura donc pas tué que par la maladie, l’état aura tué avec l’aide de celle-ci nombre de professions, de « petits »…
Comme toujours on aura payé le prix fort d’une minorité d’irresponsables bien pratiques et récupérés afin de servir des décisions généralistes destructrices.


A deux (mais certainement trois) années d’une retraite qui déjà m’écarte lentement mais surement tant que logiquement du système, l’arrivée d’un truc pareil a obligé davantage à réviser la copie de la vie et ses priorités.



En 2020…


- Je n’ai jamais autant jardiné et réalisé par la même occasion qu’une certaine forme d’autonomie était tant agréable que vitale. Oh certes, je n’en suis pas au degré de « cultivateur » chevronné dont peuvent se targuer certains jardiniers de passion, mais je commence à me défendre.
Bon, cela dit, dans le sud de la France, il y a certains légumes qui peinent à se « développer » si l’on n’est pas pro.
- J’ai osé bricoler, chose que je déteste plus que tout, mais en se motivant et en écoutant la musique en même temps on finit par gérer ce temps afin de lui donner une utilité tant réelle que mentale. Le résultat n’a pas forcément été saisissant mais au moins certaines choses ont été réalisées et ce n’est déjà pas si mal.
- J’ai profité de l’extérieur, appris à laisser le temps prendre sa place et qui sait, compris que le perdre, de temps à autre était aussi utile que nécessaire.

- J’ai redonné une importance capitale à mon piano, le travaillant, lui insufflant de nouveaux répertoires, remettant en ordre celui existant et je l’ai mis au centre de nouveaux projets.
- J’ai écrit, beaucoup… et recommencé, beaucoup… avant de trouver une direction convenable, un plan cohérent, un argumentaire solide.
- J’ai écouté des « tonnes » de musique, de la plus austère d’apparence à la plus easy, de la plus complexe à la plus simple. J’ai découvert et cherché à découvrir dans tous les domaines (y compris le classique comme le rap) – et la curiosité m’a amené vers de belles surprises. Du coup j’ai franchi le cap Qobuz vers un streaming en haute qualité. Il faut ce qu’il faut…
Et l’écoute musicale ne doit jamais engendrer la lassitude ou la redite blasée…
Chaque vendredi j’attends la sortie de nouveautés, de rééditions et de là, de corrélations en associations je navigue, j’écoute je me rappelle, redécouvre, découvre et embarque.
- J’ai regardé la télé. Non pas la télé en chaînes si ce n’est pour de temps à autre m’informer ou m’imposer les résumés des discours et décisions de ce gouvernement de clowns, mais juste Netflix ou quelques DVD, escapades Mezzo, Stingray et bien sûr un HD Youtube quand c’est possible.
- J’ai bouquiné… et ça fait du bien.
- J’ai parfois cuisiné, mais mon niveau n’atteindra jamais celui de mon épouse, donc ça reste usuel et très modeste… par contre côté accompagnement liquide des mets j’ai encore progressé…
- J’ai comme beaucoup, rangé, trié, jeté, donné, organisé et réorganisé. Mon home studio par exemple en a pris un coup de lifting…
- J’ai pris du temps pour me plonger dans mes notices de claviers et aller chercher des fonctionnalités bien pratiques ou planquées derrière les menus.

- J’ai progressé à bien gérer le travail en visio mais aussi juste en distanciel avec mes élèves.
Entre une qualité d’image préhistorique et une latence de réception du son d’environ une à deux secondes avec coupures, mon cerveau a fait le travail de reconstruction des informations reçues et aura permis de surprenants progrès aux élèves… comme quoi.
Me reste à envisager les cours collectifs genre réunion si un troisième confinement se dessinait, là, on va galérer… mais je sens que ce sera l’ultime étape nécessaire car l’email… hmmm…
Là, pour le coup, le streaming et la découverte ont encore plus prouvé leur utilité.
Tu sélectionnes des critères d’apprentissage, t’écoutes plein de nouveautés afin de trouver le ou les titres correspondants à ces critères – un vrai travail de fourmi. Et, au passage, tout le monde « s’enrichit ».

- J’ai enregistré…
beaucoup enregistré…

Et fait encore bien d’autres choses utiles comme futiles ou non essentielles…

Inhabituel mais pourquoi pas ?
Je commence par la Télé et ce qui m’a marqué ou a vraiment rempli quelques soirées confinées (car quand on a repris les cours moi le soir… impossible la télé… je rentre trop tard – d’ailleurs avec le couvre-feu, réorganisation en ce sens s’impose).
Netflix a été ma came. Je ne regrette vraiment pas le jour où mon fils m’a dit qu’il fallait essayer.
On a essayé.
Et on a adopté.
Du choix, la liberté face à une multitude de propositions, la qualité de l’image et surtout… pas la moindre pub à l’horizon, pas de matraquage étatisé, rien, juste la plongée dans série, film…

« Le jeu de la dame », dont j’ai parlé est en tête de liste de ce qui nous a vraiment accroché. Je dis nous car on choisit ces moments TV avec mon épouse.
Actrice charismatique, sujet atypique, progression haletante et palpitante.
Formidable tant qu’inoubliable, contrairement à pas mal d’autres…

« The Crown » et encore « Reign » auront fini non par me passionner pour le premier, mais réellement m’intéresser car les dessous d’une politique anglaise sont toujours intéressants à soulever même s’il s’agit parfois dit-on de fiction… ou vraiment me captiver pour le second malgré un début plutôt en mode série ado qui finit par évoluer très vite en réalisme d’intrigues de pouvoir et de politique.

« Suits » que j’ai suivi sur plusieurs années a balancé sa dernière version.
Mike et Rachel se sont barrés…
Harvey, Donna et l’incroyable Louis sont à la barre et ce n’est pas triste…
Bien ficelé, stratégique, intelligent, comme depuis le début.

« Greenleaf » et la plongée dans l’univers des églises évangélistes de la communauté afro américaine est une série pour laquelle j’ai une véritable « affection ».
D’une part, connaissant ce milieu en version française, j’y fait des corrélations, d’autre part Charity (quel prénom !) est à chaque fois une chanteuse de gospel extraordinaire qui gratifie chaque épisode d’un moment avec chœur et tout et tout, genre impossible d’y résister…
Rien que pour ça…

« La Révolution » est notre dernière addiction. Guillotin, le sang bleu, un virus inoculé pour l’immortalité et le pouvoir… On se ferait la saison en une journée…

Il y a eu aussi « Self Made » l’histoire de CJ Walker, la première femme afro américaine entrepreneuse. Captivant…

Et puis quelques bons gros Belmondo dont mon favori reste « Peur sur la ville » (Verneuil) avec des dialogues (Veber) qui à chaque fois m’éclatent… et une musique extraordinaire, forcément car Morricone.
Côté musique il ne fallait pas louper la série sur Sinatra, je ne l’ai pas loupée, tout comme la vie de Trane ou encore celle du grand Joe Cocker.
Et il y a eu ce film « Ecrire pour exister », pédagogie, quartiers, réalité sociale, basé sur un acte authentique d’une jeune prof. Emouvant tant que captivant et imposant la réflexion. Il faudrait que notre ministre de l’éducation nationale prenne deux heures et quelque de son temps afin de voir ce qui finalement est aussi la réalité… alors… les discours…

Autrement dit, confiné, je rattrape un manque de temps de petit écran…
Autrement dit, confiné, Neflix (mais c’eut pu être n’importe quel autre service offrant la liberté de choix), a sauvé la TV et opéré un changement comportemental face à celle-ci, radical.



Lecture…
Il faut se « réhabituer » à lire…
à prendre le temps, trouver ou s’imposer le « bon » moment et choisir parmi une pléthore d’ouvrages achetés là pour être remis à plus tard, celui qui va permettre l’évasion.
J’avais parlé d’un album de l’ensemble « La Rêveuse » autour des sonates de Buxtehude.
Dans le livret de cet album l’ensemble référençait un livre de Thomas Mann « Les Buddenbrock, le déclin d’une famille ».
Il m’a fallu d’une part, le trouver, puis l’attaquer car c’est d’une écriture tant détaillée que sophistiquée. Des parties découpées en courts mais captivants chapitres, l’évolution d’une époque, d’une ère au travers d’une famille qui elle aussi va évoluer, se muter et tenter de s’adapter.
L’ouvrage est massif, la lecture du détail demande à s’approprier au-delà des entrelacs de mots subtils, de phrases raffinées, une vision générale, une direction…
Mais au sortir l’on est bien, heureux, dépaysé et transporté dans cette autre ère pour laquelle l’on devient vite captivé.

J’ai certainement parlé de cet ouvrage intitulé « la médiocratie » de Alain Deneault.
Je l’ai lu avec un immense intérêt même si parfois son système référentiel surchargé de renvois et de parallèles (signifiant une immense culture analytique du sujet traité en essai) peut alourdir l’ensemble ou le rendre déjà passé tant ce concept comportemental n’en a pas fini, lui, malheureusement, d’évoluer.
Pourtant force est de constater, au quotidien, l’incroyable gangrène sociale qui se développe en toute force tranquille sous nos yeux par l’accès de plus en plus puissant à des places hiérarchiques, de pouvoir et d’autorité de ces médiocres qui font que notre société change, que le superflu devient l’essentiel, que l’arbre peut vraiment masquer une forêt que l’on évite à tout prix de pénétrer, que le travail de fourmi vers l’inutile remplace la visée de recul…
Tant et tant de situations quotidiennes auxquelles l’on est, impuissants bien souvent, confrontés.
Il suffit d’observer attentivement la gestion et les comportements de nos dirigeants pour mettre en phase directement l’essence de cet ouvrage avec un constat journalier.
Il suffit pour nombre d’entre nous d’aller simplement « au travail » pour cibler çà et là les nombreux traits surlignés, dans ce pointage du doigt, de cette nouvelle norme établie par la moyenne accédant, ayant établi en règle sa méthode médiocre afin d’éradiquer créativité, réactivité, intelligence et action.
Il suffit simplement d’écouter ou lire les inepties de certains responsables syndicalistes (j’’ai bien dit certains) totalement dépourvus de sens de terrain pour se demander en qui l’avenir d’entre nous est confié si ce n’est en un conglomérat de crétins vindicatifs souvent détachés de notre monde réel.
La médiocratie est le mal de nos dirigeants, c’est la mise en exergue du manque d’idées si ce n’est d’idéologie pour en faire la norme institutionnelle et indiscutable d’une forme de pouvoir.
Le lire et en faire les parallèles dans cet essai est un fait.
La combattre sera un gage salutaire pour notre avenir… de Macron en passant par Hollande et toute une clique de sociaux culs, d’une pseudo droite à multiples têtes interchangeables, de chefs de service autocrates et enfermés dans leurs tableaux Excel en technocrates confondant chiffre et humain… si l’on veut sortir d’une impasse creusée par la surcharge normative et administrative ce bouchon là est celui qui devra sauter pour véritablement reprendre nos vies en mains.

Plus détendu je n’oublie pas la BD en cette période confinée, histoire de relire et réadmirer les imaginaires de Bilal où mythologie croise futurisme, de Druillet, tellement visionnaire et bien entendu de Mezière avec Valerian, poétique à souhait…
Sans parler d’Incal où Moebius, tant qu’en Western au célèbre lieutenant myrtille, reste un maitre de l’évasion.

Lire, relire…
Se plonger dans les manuscrits de Serge Gainsbourg, instructif tant que fascinant.
Réviser Wagner par Baudelaire…

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Les réseaux sociaux…
ça prend du temps…
C’est tant utile… que futile.
Prenez ce blog, écrire, mettre à plat ses pensées, évoquer ses idées écouter puis présenter un album histoire de partager la passion du moment, rester courtois, tant que possible là où tant s’autorisent à démonter un artiste, une nouveauté, juste pour quoi ?
Affirmer qu’au moins, on « s’y connait », provoquer et attendre par là des commentaires afin d’avoir ou "devoir avoir" … raison…
Raison pour dire que le dernier Bruce n’apporte rien de nouveau et que les premiers franchement c’était de la balle… pire dire que Bruce est devenu « mauvais », en manque d’inspiration, vieux, has been et j’en passe de ces sous-entendus qui oublient l’artiste, ce qu’il fait et a fait, bien incapables de comprendre la réalité d’un artiste… et espérer de celui-ci (ou d’un autre car c’est devenu légion que de faire ainsi) qu’il fasse « autre chose »…
Ok… Sûr que dans la vie ces mecs doivent être alors des cadors du renouvellement permanent, chaque jours ils essaient certainement de pisser de façon différente afin de ne jamais se renouveler…
Alors Bruce du haut de ses environs 20 albums studio et de ses quelques 23 live sans parler des singles et autres bootlegs doit être un mec sans imagination.
Que dire de Mozart donc, dont on reconnait très vite la pâte… il faut vite crier à l’arnaque… Mozart c’est donc du Mozart ! mais quelle honte !... il aurait quand même dû faire un effort et devenir en trente cinq ans, Berg, par exemple…. Là au moins l’histoire de la musique en aurait pris un coup rapide d’évolution.
Insupportable pédantisme embourgeoisé que cela, à placer sur l’échelle d’un mauvais France Culture ou d’un Manoeuvre en quête d’audimat.

Prenez Facebook…
C’est fini, on prend plus le temps de présenter, d’écrire d’imaginer faire aimer.
Hop, on balance une pochette, un lien et voilà, démerdez vous avec… l’inverse donc… Le superficiel certainement et le débat ?... à quoi bon… un petit pouce voir un cœur suffira.

Instagram est la nouvelle norme…
Géant les stories ! enfin… édifiant !
« Bon, alors, je vous montre le dernier truc que j’ai acheté (disque, produit de beauté , bricolage, etc, etc…) – regardez, c’est magique j’ouvre le paquet Amazon (au passage je vous explique le timing entre commande et livraison, vous raconte la tête du livreur, etc…) et oh miracle, voici l’objet (3 stories pour en arriver là). Regardez le dessus, dessous, de côté, à droite, à gauche (5 stories) et bon, je vous donne le prix… mais sachez le… il est en rupture de stock »…
Et puis y’a les trucs par affinités et là parfois c’est la surprise…
Tapez #piano, par exemple, pour faire dans ce qui m’intéresse.
Vous aurez la fraiche émoulue sortie d’une haute école de musique asiatique qui vous tape l’épat’ avec des pièces jouées à cent à l’heure, la seule émotion étant celle des grimaceries bien en évidence sur son visage mais parfois aussi de formidables découvertes, des compositeurs et compositrices, bref, une véritable « scène » underground, à part, différente et souvent intéressante.
Le plein de jeunes talents se réunit là et ça vaut le coup… d’oreille.

Attention c’est chronophage que tout ça…
Et on tombe vite dans le jeu de l’un de l’autre, de tous…
Sans parler de Youtube…
Et oui, bientôt on n’ira plus au concert… mais on invitera le concert à la maison…
Plus besoin de se déplacer, de s’amasser, de gueuler ou de se laisser aller ensemble…
Non, à l’apéro, en engouffrant son saucisson on peut justement aller gratos voir Bruce et comme certains trouvent ses concerts longuets, bah soit on fait la pause télécommande et pipi, soit on va se coucher et on garde la fin pour demain….
L’est pas belle la vie ?

Voilà bien pourquoi je n’aime pas « voir » la musique et que je préfère l’écouter…
Mais par contre… la vivre…

Ah oui, justement, en parlant de la vivre…
Curieux tout de même, l’an dernier j’avais véritablement l’envie de tirer un trait sur l’habituel réveillon de la Saint Sylvestre en faisant le « dernier » en groupe, du moins, avec le passage de 2019 à 2020.
Le hasard m’aura précédé, puisque nous n’avions pas fait 2019, un désengagement qui au final m’avait devancé et permis de ne pas prendre la décision, celle-ci étant apparue, de fait.
J’aurais donc souhaité que cela soit pour … cette année avec le passage 2020-2021, histoire de faire le compte rond et par la suite, en cas, de faire le choix d’un autre type de prestation que celle où « il faut absolument – mettre l’ambiance »…
J’aurais donc bien aimé, cette année, me retrouver entre amis, autour tant d’un verre que de nos instruments afin de passer ce cap, en souplesse, en musiques et en partages.
On n’est pas toujours maitre à bord et parfois cela nous précède…
Je pense à tous mes amis intermittents sacrifiés sur l’échafaud de la Covid, ceux là pour qui le 31 décembre revêt un caractère tant professionnel que financier impérieux.
L’an dernier aura été mon premier 31 décembre à la maison, sans scène, ce, depuis… toujours… ou presque (enfin depuis au minimum 1979 me semble-t-il), cette année sera le second. Il faut une rupture dans les habitudes. Celle-là a été radicale.

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La musique, toujours… et enfin…

L’année 2020 a été riche, finalement…
Un contexte sanitaire plombant et empêchant une organisation habituelle a obligé l’artistique à se renouveler à se réorganiser, à s’adapter et à être inventif.
J’en ai chroniqué des albums…
Comme toujours je ne me suis pas amusé à les démonter mais à en saisir le sens, l’idée et rester respectueux des artistes car forcément cela m’est impérieux que de faire ainsi. Ce métier, que l’on soit en haut et « connu » ou acteur du quotidien, est dur…
L’oublier quand on chronique est déjà une grave erreur…
Le mépriser est méprisable.

J’en ai donc retenu des albums…
Je parle d’organisation et je pense au dernier Melody Gardot « sunset in blue » qui pandémie et confinements oblige s’est débrouillée afin d’aller au bout de son projet, rendant celui-ci encore plus direct, plus émotionnel, plus humain.
J’aime voir Norah Jones décontract’ dans son salon, sur son vieux piano, nous chantant ses dernières compos et les ajoutant du coup en bonus sur son album… Après tout, cette « intimité » naturelle on s’y est fait…
Et on l’a acceptée… pas le choix, alors la tenue, les éclairages, le « protocole » … après tout…
non juste chanter et se mettre au piano pour s’accompagner.

Cette année mes pianistes chouchoutes ont sorti leurs derniers opus et j’ai été comblé…
Hélène Grimaud a encore cherché plus profondément l’âme de la musique avec « the messenger » et Khatia Buniatishvili a laissé ses parures virtuoses et son hyper aisance technique pour la simplicité, le réalisme, là aussi l’âme – « labyrinth ». A chacune sa vision, mais une chose est certaine c’est que pandémie, contexte planétaire plus maturité ça influence sacrément la direction musicale, même dans le registre classique.
Dans ce registre également j’ai admiré l’ensemble des enregistrements de la violoncelliste Ophélie Gaillard dont je me suis procuré sa vision de Strauss, ce compositeur coincé entre le romantisme à programme et l’énergie de la contemporanéité viennoise… Qu’elle joue Strauss ou ratisse Vivaldi …
qu’elle remette Bach en « suite » logique et inévitable en allant solitaire dans les musées, ou solidaire dans les hôpitaux, cette interprète est bien la nouvelle étoile du violoncelle.

Comme je l’ai exprimé plus haut, l’un des ensembles baroques qui a régulièrement accompagné mon quotidien pendant et hors confinement (on est bien obligés de constater ainsi) c’est « La Rêveuse » …
C’est avec la sortie de leur album des sonates de Buxtehude que j’ai découvert cette approche tant fine que sensible mais sans l’exagération devenue fréquente chez les baroqueux. Un jeu limpide, détaillé, rigoureux tant que « savant », expressif tant que simple et nombre d’autres caractéristiques sont à mettre en avant dans les albums de cet ensemble qui pose le baroque sur la table des plaisirs, du miraculeux, du raffinement, du subtil et de l’idée d’un temps qui n’avait pas la même dimension, et le même cadre.  J’ai donc écouté chacun de leurs projets. Et je ne m’en lasse toujours pas, y revenant bien souvent.

Cette année 2020 Beethoven a été à l’honneur, c’était « son année » et le célébrer dignement n’a malheureusement pas été possible. Les productions d’enregistrements ont quelque part pu compenser ce manque. Mezzo n’aura pas manqué le cycle de sonates par D. Barenboim ou par le duo Braley/Capuçon, par exemple.
Pour ma part j’ai mis effectivement en haut de l’étagère les sonates par Mr Barenboim mais également sa Ve par François Xavier Roth, décidément le chef d’orchestre qui m’aura le plus enthousiasmé ces dernières années avec Yannick Nezet Seguin, prolixe tant que colossal.
Et puis il y a eu ce remarquable coffret du quatuor Ebène, tonique, jeune, pugnace.
Beethoven étant un véritable puits de bonheur musical, il aura été l’un des sacrifiés de cette situation, mais il saura se rattraper et il y a encore tant de musique du grand viennois à découvrir et redécouvrir…

Côté projet et kaléidoscope musical de haute volée c’est le « City Lights » de Lisa Batiashvili qui m’a laissé en admiration. Cette interprète a un jeu tellement sensible… Alors Chaplin et Morricone, sous ses doigts…

Lang Lang, pour rester dans la catégorie classique a donné une lumière majestueuse aux variations Goldberg de J.S Bach. Indispensable pour qui veut compléter son Bach panorama ou encore installer un album classique dans cette année 2020.
Comme se laisser emporter par les « Chansons d’amour » interprétées par Sabine Devieilhe et Alexandre Tharaud, légères comme l’air.
Ou redessiner Mozart avec l’ensemble Resonanz vraiment divergeant (et au passage CPE Bach).

On croirait le « classique » endormi et vivant sur ses acquis, au regard des sorties d’album, de leurs qualités mais aussi de la diversité des parutions avec tant de découvertes même sur un répertoire « positionné », on peut dire que de ce côté musical c’est particulièrement tant créatif (un nombre conséquent de « nouveaux » compositeurs -Johannsson par exemple) qu’actif.
Et jeune…
Ce qui tord réellement le débat de nos conservatoires (de certains de nos…) affichant clairement l’idée que le classique… ça n’intéresse pas les jeunes.

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J’ai assez peu écouté de rock/pop ou même d’électro cette année 2020 (enfin sauf Eno, puis forcément Harold Budd) .
Mais en faisant des recherches afin de fournir du travail tant que des pistes de découvertes aux élèves je suis tombé sur de bien sympathiques nouveautés.
Il y eu par exemple Dylan Fraser avec « The Storm », bien pêchu, énergique et à la prod vraiment efficace.
Ou Jeff Tweedy, avec « love is the king » et en ligne directe Wilco, dont « how to fight loneliness » m’a emballé.
Malgré des critiques peu constructives donc, le dernier Springsteen est resté un bout de temps sur la liste des favoris tout comme le dernier AC/DC, « Power up », réservé aux trajets en voiture (avec petit papelard d’autorisation de sortie greffé à la poche du jean).
Il y aura bien eu Steven Wilson (personal shopper), mais cette fois ci, j’ai quelque peu passé mon tour. J’y reviendrais forcément, plus tard.
Et je n’ai pu résister à « Homegrown » le dernier N.Young, mais qui peut résister à chaque parution du loner ? ou partir curieusement et attentivement en « promenade » avec Divine Comedy.
Et j’ai surtout ressorti mes vieilleries prog, que voulez-vous… alors au passage en Roger Waters ou Nick Mason, ces sorties extrayant les Floyd d’époques différentes me restent vraiment les réjouissances de cette année 2020 (pour les vieux comme moi)
et fait fixette sur le dernier Katie Melua, superbe.

La sphère du jazz n’arrive plus vraiment à me captiver, étrange constat en cette année 2020 qui aurait pu être plus « cosy » pour le genre, mais bon.
Heureusement ECM est là avec toujours cette capacité à la découverte.
« Lontano » du duo Couturier-Lechner est certainement l’un des albums de célèbre label qui m’aura le plus offert la possibilité d’évasion. Mon ami Willy qui accorde le piano de Mr Couturier me l’a fait directement offrir par celui-ci, lui conférant une valeur supplémentaire.
E.C.M finalement avec le « Looking at Sounds » de Michel Benita, ou encore le sublime Elina Duni « Lost Ship » suffiraient presque à résumer ce qui pour le jazz, du moins m’a fait plus que m’arrêter…
Français ou presque que tout cela, car côté « chanson »… je ne fais pas/plus la démarche…
à tort surement, ou peut être…

Entre deux fêtes à l’accoutumée bien chargées tant de monde, que de partage, de vie et d’animation, à l’aube d’un 2021 que l’on espère moins merdique que 2020, tout en n’y croyant plus guère, muselés par une maladie dont le contrôle reste encore apparemment incertain et un gouvernement qui en use et abuse, nous voilà bien interrogatifs et pour un grand nombre bien isolés.
Le virtuel en a pris un coup, car même si utile (ou futile) soit-il, il a fait réaliser que son excès d’usage ne remplace pas le vrai, le réel, le concret de l’humain.
La culture jaugée et jugée non essentielle s’est pourtant avérée tellement, au contraire, essentielle car l’on ne peut proscrire l’évasion et la supprimer d’un coup d’annonce et de décrets, de la vie des gens…
Alors elle est (re) devenue un besoin et en tout cas un acte nécessaire.
2021 nous fera espérons-le, nous en sortir. C’est en tout cas tout ce que je vous/nous souhaite …
Qu’eux s’en sortent, ça par contre…

Restons donc optimistes à tous les degrés, vaccinés (ou pas) il faut croire et espérer.

 





 

 

 

 






 

 

 



 

Commentaires

  1. Quel beau résumé ! Contrairement à beaucoup on a très (trop ) bien vécu le 1er confinement, aidés par un très beau printemps quand même qui nous a permis de faire quelques travaux extérieurs...j'ai beaucoup apprécié ce ralentissement....
    Finalement j'ai moins écouté de nouveautés que par le passé et été moins enthousiasmée également....
    Je doute comme toi que l'année prochaine change beaucoup de choses mais bon on verra...
    Je vous souhaite de passer en 2021 de la plus douce des façons ❤

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  2. J’ai tardé car beaucoup à lire pour répondre, mais la fin du mois, période autorisée pour partager ses vœux, approche alors je me lance.
    Sans m’attarder, 2020 est une année à fort valeur sentimentale, le confinement ? un 24h/24 qui comme le dit Pascale sert « d’accélérateur de particules » et ouf, ça marche. Donc je me fais tout petit avec mon vécu.
    J’ai bien noté « et qui sait, compris que le perdre, de temps à autre était aussi utile que nécessaire » C’est profond dans mon caractère. Bien avant les événements. J’influence ma douce qui est très « optimisatrice ». C’est trouver l’équilibre qui reste le sujet, je dois aussi parfois apprendre.
    « Buddenbrock » à mon avis le Thomas Mann le plus abordable, quelle belle saga (il y a une série ou un film allemand je crois)
    Même si peu mon milieu, je m’identifiais un peu au personnage qui avait davantage de questionnement sur son rôle social. Je me souviens du frisson à la lecture de ce passage où il pense avoir touché une compréhension ultime, un état de grâce trop fugitif qui ne reviendra pas, je crois qu’il y avait de la religion la dedans, mais l’idée pouvait se transcrire ailleurs.
    J’ai survolé ta partie musicale, c’est bien la première fois, pour rebondir sur l’avis qui se partage par exemple sur Bruce Springsteen.
    Pour moi il a atteint la consécration, celle que connait U2 (au fait ils font quoi ces messieurs) ou les Stones. De belles couvertures médiatiques, et forcément davantage de billets d’humeur. On ne prête qu’aux riches 😉
    Et je reste encore scotché sur son WESTERN STAR dont j’ai aussi le DVD car c’est juste un vrai cadeau, j’ai bien compris ce que tu ressens sur les concerts filmés, mais pour certains tu pourras faire exception.
    Anecdote lue : Trump s’était emparé de chansons de Springsteen et de Neil Young pour sa campagne. Neil Young furieux attaque en procès, mais le temps que cela se traite… Le Bruce plus malin, s’est volontairement affiché avec Joe Biden, en faisant plein de barouf autour, ainsi quand « Born In USA » passait dans les meeting de D Trump, la foule sifflait… l’honneur était sauf (J’ai failli écrire LONER)
    Allez monsieur Pascal que l’année 2021 te soit pleine de moments heureux à partager.

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    1. Bonjour Antoine,
      Cela fait bien plaisir de te lire et d'avoir de tes nouvelles.
      Plaisir de savoir que le bonheur est chez toi ainsi que l'optimisme.
      Ici je tends également vers cette tendance à l'optimisme même si l'humeur envers certain(e)s tendrait à faire croire le contraire.
      Comme je le dis parfois en tentant l'humour à mes élèves : "on vit une époque formidable" - plus de mimis, plus de contact, juste boulot, trajet, dodo et même les ados accros du tel greffé à leurs pouces ont fini par en avoir ras le bol...
      Il suffit de réaliser le sens du mot liberté pour comprendre que s'enfermer soi même l'entrave... mais pour ça il aura fallu qu'on nous enferme...

      J'aime ton retour sur Bruce... Et j'irais voir ces concerts.
      Buddenbrock est tombé pile, je cherchais "autre chose" à lire...
      J'ai écouté un récent U2, ça reste très bon et fédérateur, eux aussi font du U2... ;)

      Ici nos vies comme pour beaucoup, se sont aussi réorganisées vers l'essentiel.
      J'ai relégué nombre de non priorités en annexes, parfois ce blog en fait d'ailleurs partie.
      Une sorte d'espace en dents de scie vers lequel j'ai de plus en plus de mal à m'inspirer venir et revenir et puis, je me dis... allez hop !
      Et il y a tant à écouter ... on évoque plus qu'on ne partage.
      c'est déjà pas si mal.

      Hier j'ai fait comprendre Schonberg à des élèves de musiques actuelles, ce n'était pas gagné face à l'us de quatre accords "magiques" (let it be/with or without you/no woman no cry/ etc, etc...) et pourtant...

      Allez, je te souhaite aussi le meilleur ainsi qu'à Pascale pour cette nouvelle année 2021.
      On aura qui sait l'occasion de se voir autour d'un éventuel verre ou repas cet été si les choses franchissent la vitesse escargot pour passer à la normale et surtout y revenir (du moins un peu).
      restons donc optimistes...
      cette perspective pourrait en faire partie.

      bon 2021.

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