REECOUTES - REHABILITATIONS II.

 

REECOUTES - REHABILITATIONS II.

Ce pourrait être un chapitre infini tant on finirait par oublier, tant on a pu passer à côté de, enfin, etc.

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DEODATO « Prelude » - CTI 1973.

Elle s’appelait J… et gamin, puis ado, je passais souvent mes week-ends dans sa famille.
Elle écoutait sur son électrophone (mono, puis elle acheta un stéréo), un nombre incalculable d’albums parfois en vogue, d’autres fois disons… différents.
Italienne elle écoutait tout ce que le pays pouvait sortir en France, sa collec’ de 45 tours de cette époque doit avoir une sacrée valeur aujourd’hui – elle se procurait tout, je me souviens de Drupi, par exemple.
Elle était bien plus âgée que moi, très libérée pour l’époque, une jeune fille disait-on dans son entourage et le mien… moderne.
Ces week-ends je les passais avec elle à écouter ses disques, à regarder la sacro-sainte télé qui chez moi, enfant, était très restreinte et à… parler…
De gamin je suis devenu adolescent et mes goûts musicaux ont commencé à s’affirmer.
Je sais qu’elle y a largement contribué.
Je continuais plus sporadiquement à passer les week-ends dans sa famille, mon temps était devenu chargé d’heures de piano, de solfège, d’apprentissage musical de tout ordre, classique il va de soi.
Et un jour elle m’a fait écouter cet album de Deodato, sa dernière acquisition.

Marrant comme l’on retient un nom d’un seul coup d’introduction straussienne… comme une simple pochette, verdâtre avec l’ombre d’un arbre peut s’inscrire dans la mémoire…

Un rappel illustré de façon inédite d’un immense poncif classique et puis au fil de l’écoute, il y en a eu d’autres, histoire de perturber d’avantage le breuvage éducatif.
Des couleurs orchestrales chatoyantes avec ces cordes, ces flûtes de tous registres, ce piano électrique délicatement apposé… du jazz ?... je n’imagine même pas avoir pu mettre la moindre étiquette sur cette musique à sa découverte, mais ce que je sais c’est que – par contre – j’ai su lui accoler ce nom, « Deodato » et être capable par la suite de reconnaitre instantanément soit ses albums, soit sa « manière » d’orchestrer, plus que « d’arranger » - une distinction qui chez lui a toute sa valeur.

Récemment un bien curieux débat sur … le grand artiste, compositeur, orchestrateur, arrangeur parfois, pianiste, producteur tant que leader ou partenaire de tant de projets que la liste de courses à faire le concernant demande de fouiller dans de nombreux rayonnages … a eu le don de m’exaspérer de péremption, de suffisance tant que d’insuffisance, de provoc’ éternellement gratuite…
L’art de s’octroyer le mauvais mot juste pour ouvrir haut et fort sa grande gueule, l’art de s’ingénier à tirer à gros boulets sur un artiste parce qu’il est… renommé… connu… reconnu… pas provocateur… talentueux et même génial, à sa façon, si l’on veut bien comprendre et gouter…
Je n’ai que trop eu l’habitude d’être face à ces forts en gueule pendant toute ma carrière, ces frustrés de la musique en laquelle ils ont peut être cru, mais qui n’a pas voulu de leur manque de capacités réelles.
Parmi eux, par exemple, ces pédagos intellos qui te balancent à tour de bras des théories fumeuses et des (in)connaissances faites de vide sidéral rempli par, au mieux, des chiffres ou des stats, au plus commun, des tissus d’à priori ne reposant que sur leur affect réducteur en place de recul, d’expérience, ou simplement de réelle connaissance.
Ici s’il eut s’agit de cette catégorie, le débat eut été presque « respectable », mais je doute fort de ce minima non de culture mais juste d’éducation – faut sortir de l’adolescence rebelle nœud -nœud à certains âges, il serait temps.

Deodato s’est donc trouvé fustigé au banc des accusés par la vindicte de la connerie, cette même connerie qui en fustige régulièrement tant d’autres, juste par envie de… sans réelle capacité de critique objective.

Un débat identique entre un Connemara lâché maladroitement par J.Armanet, que pourtant j’apprécie énormément (mais ne mélangeons pas tout, justement) et l’analyse d’une des chansons de cette dernière avait été analytiquement et musicalement remis dans l’ordre par un célèbre Youtubeur.
En entrant, point par point et comparativement dans les deux chansons, le grand gagnant restait le trio Sardou/Delanoe/Revaux.
Rien de surprenant, finalement.
Voilà que l’objectivité d’un musicien, mieux… d’un véritable spécialiste remettait les pions sur la place de l’échiquier.
J’ai plus qu’apprécié – l’OBJECTIVITE…

Pourtant, par pur affect, moi-même je n’aurais été dans le sens de Sardou… lui préférant largement J.Armanet, mais même si ce seul affect l’emporte encore aujourd’hui pour ma part, la réalité du seul savoir-faire musical – je précise, le « surtout quand on l’ouvre pour tirer gratuitement à boulets rouges sur un artiste » - m’a également personnellement permis de réfléchir à l’approche pragmatique, surtout quand on est musicien, que l’on se doit d’avoir face à une/un artiste et ses créations.
Alors notre clameur haut et fort pourra toujours m’avancer que, justement et d’ailleurs certainement, lui, n’est pas musicien.
Je rétorque, donc, justement, en ce cas, on reste humble, modeste et surtout qu’on apprend à fermer sa grande gueule.

Désolé, fallait que ça sorte.

Alors oublions vite ce mal entendant et écoutons objectivement ce « Prelude », huitième album de l’artiste, sorti chez CTI, label "avec des moyens" qui pour l’époque laissaient rêveurs tant en prise de son qu’en casting de musiciens.
Cobham, Ron Carter, Stanley Clarke, Airto, Tropea, Barretto, Laws…
Une section cordes longue comme le bras.
Idem côté cuivres avec un Marvin Stamm qui fait briller le « Prélude à l’après midi d’un Faune » en solo, après l’entrée mythique jouée par Hubert Laws.

« Prelude » c’est un trop rare album où les musiques et la culture musicale se côtoient avec élégance, respect et subtilité, avec intelligence et savoir-faire.
« Prelude » est certainement une excellente entrée dans l’univers d’une écoute jugée facile, mais qui, justement dévoilera de nombreux détails, démontrant très vite que pour arriver à cette apparente facilité de surface que seule l’oreille inadaptée et superficielle perçoit comme telle, il faut un panel de compétences de tous ordres dépassant largement le musicien lambda. 

« September 13 » -  ce groove, cette entrée des cuivres s’opposant en clair-obscur avec les flutes, ce solo comme sorti de Pete Cosey de chez Miles, cette rythmique de Rhodes, mi funk-mi latino, cette fusion basse/batterie émaillée de congas directs sortis de la salsa… et cette réunion finale entre éléments au sortir de ce petit moment où Cobham sort, avec Barretto , la cartouche explosive.
Ce n’est qu’un petit exemple au milieu d’un album riche en musique mais également en feeling et en émotions.
Et c’est celui de clôture du disque …
Il y en a tant d’autres.
Alors ne restons pas sur les impressions vomitives d’un haineux compulsif et partons, détendus, à la redécouverte paisible et sereine de… Déodato.
Notre monde a besoin de paix et les vont-en-guerre qui existent même dans la musique feraient mieux d’aller débattre sur la dernière invention macroniste destinée à les occuper avec le choix artistique pour les J.O, pour décharger leur hargne, plutôt que faire ch… face à un véritable artiste.

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 WISHBONE ASH « New England » - Geffen 1976.

Wishbone Ash est un groupe que j’ai très peu suivi.
« Front Page News », resté très accrocheur et addictif m’avais fait passer de belles heures, mais celui qui a remporté le gros lot, en haut du panier a été ce « New England ».
Paraitrait que le groupe avait fuit aux States pour raison financières et fiscales et les gars sortirent alors cet album comparable à une boisson énergisante.
Un son assez Fm avant l’heure, des guitares d’un soin d’accord et de cohésion / complicité qui attestent du succès légitimé en ce sens.
C’est vraiment construit autour de ces entrelacs que propulsent les deux guitaristes Laurie Wisefield et Martin Robert Turner, d’une rare subtilité que ce soit en solos doublés ou en rythmiques mêlées ou les deux d’ailleurs.
On écouterait, au sortir, que quasiment cela avec pure délectation (« Lonely Island »).
Puis j’écoute les lignes de basse (Steve Upton), fournies et inventives, loin d’être basiquement rock, sans parler de cette batterie (Andy Jay Powel) au son sec et nerveux, énergique et bien au fond du temps.
Et en chœurs, ils savent là encore se fusionner, là encore, c’est un truc « en plus » auquel l’on ne prêterait presque pas attention mais qui fait la différence.

Un peu comme les séries B, les films de seconde zone, les bouquins rangés sur l’étagère de la librairie dès leur sortie, Wishbone Ash a ses suiveurs, ses fans et ceux qui sont passés par chez eux, un jour.
J’en fus.
Il faut dire que le groupe avec ses changements de personnel et ses affaires tumultueuses entre ses membres, pourtant s’en revendiquant tous sans équivoque et finalement n’ayant que peu participé ailleurs (à part Laurie Wisefield qui a croisé la guitare chez Tina, Joe Cocker et qq autres stars), était difficile à suivre.
Pourtant, à l’écoute de cet album, puissant, inspiré, inventif, parfaitement joué et produit, composé et organisé, on se dit que tout de même ils avaient toutes les cartes en mains pour gagner.
Ils ont gagné, certes, en leurs temps, le temps de sortie de quelques disques, puis on les a rangés, des stars du rock FM se sont engouffrées tels des Toto flingueurs dans les chemins qu’ils avaient commencé à ouvrir, tracer … pour en faire des autoroutes et mettre les lucratifs péages.

Il faut toujours des précurseurs, cela dit, et quand je réalise le niveau de production et de qualité à tous registres : son, instrumental, compos merveilleusement développées (« Outward Bound ») et songs, vocal, agencement/arrangement, production… ce, en 1976, ça me laisse tout de même pantois.
« Candlelight » en conclusion hispanisante, arrêterait presque le temps… pour un court instant.

En montant bien le son… bonheur garanti avec cet album.

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HERBIE HANCOCK « Death Wish/Michael Winner 1974 » - SMSP 1974.

« Un justicier dans la ville »…
Pour ce film de Michael Winner, premier d’une longue série avec comme acteur Charles Bronson, c’est l’ami Herbie Hancock qui a réalisé la fascinante B.O.
Herbie compositeur pour le cinéma c’est une sollicitation assez rare et ici on est face à un ovni musical exceptionnel.
Herbie a placé autour de lui ses claviers magiques (« Party People »), les fameux HeadHunters qui ont cocréé avec lui le jazz-funk sont de la partie pour tisser une toile musicale des plus originales et urbaines, symbolisant par-là la ville américaine et ses quartiers, ghettos, rues et ruelles, immeubles géantissimes, tout ça dans une représentation sociale sonore confondante où les cordes, les cuivres viennent se juxtaposer ou s’entrelacer, se fondre avec le groupe.
Pour ceux qui se rappellent le film, son argumentaire et le synopsis, le charismatique C.Bronson, devenu vengeur et justicier, il faut dire qu’il marquait bien l’esprit et qu’il est légitime d’accorder en sus à ces éléments visuels et d’acteurs cette empreinte angoissante, marquante, insistante que procure la composition musicale et orchestrale d’Herbie Hancock (« Suite Revenge »).
Là, on réalise véritablement le génie créatif du célèbre pianiste, capable dans sa propre carrière de briser tant de codes, il était aussi capable d’une ouverture culturelle dont on peut ici mesurer l’ampleur et sa capacité à puiser dans le spectre le plus large et riche possible.

Cette B.O détachée de son contexte visuel, affranchie du film fait, par elle-même incroyablement naviguer et voyager (« Rich Country »), elle suscite, incite, suggère, provoque et se suffit en soi, pouvant même créer d’autres imaginaires.
A part dans la production intense et fournie du maître cet album vaut vraiment plus qu’un détour et il se place très haut soit dans le registre B.O, mais également dans celui de la discographie du pianiste.
Il y a ici un matériau musical et orchestral absolument incroyable, aux confins du contemporain « Paint her mouth »), cherchant dans le free-funk-jazz (« Fill Your Hand »), réunissant tous les possibles pour accentuer … l’image et développer une ambiance des plus miraculeuse.

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PATRICE RUSHEN « Prelusion » - Prestige 1974.

Hmm… ce nom, Patrice… Rushen… on l’a vu sur un max d’albums, en side… man ?
Non, Patrice est une femme, pianiste, de la plus haute valeur professionnelle, qui a été sollicitée par les plus grands et qui a reçu nombre de titres honorifiques afin d’une profonde reconnaissance du milieu pour sa carrière et son engagement envers la musique afro américaine.
Patrice Rushen a commencé le piano à l’âge de trois ans, remporté de nombreux concours classique dans son enfance, à l’adolescence elle passe au jazz et à l’âge de 17 ans elle se produit avec son groupe au Monterey Jazz Festival ce qui lui amène la signature d’un contrat chez Prestige (cf le présent album), puis à 23 ans, chez Elektra et ensuite ce sera GRP.

Patrice Rushen est désormais connue et reconnue comme pédagogue, ambassadrice de l’art en éducation au Berklee College of Music, présidente de la musique populaire à l’USC…
Elle a composé quelques tubes (« Men in Black ») et également des musiques de films.
Voilà un peu le portrait…
Ses collaborations ?
Herbie Hancock, Jean Luc Ponty, Eddie Henderson, The Meeting, Wayne Shorter, Santana, Wallace Roney…

« Prelusion ».
 Patrice a vingt ans quand elle l’enregistre.
Elle est divinement entourée pour faire jouer ses compositions.
Joe Henderson, George Bohanon, Oscar Brashear, Ngudu Chandler, Hadley Caliman, Tony Dumas, Kennett Nash…
L’album est un florilège d’un jazz disait-on « moderne » à cette époque (1974) qui va tant foncer dans le post hard bop, comme dans le funk jazz à la Hancock, ou l’ouverture modale de Bill Evans et bien sûr l’échappée latino chère à cette période.
Un style de jeu et des compositions certes sous influence, mais traitées avec cette féminité immédiatement reconnaissable dans une approche plus aérée, souple, limpide … avec un jeu généralement lié qui n’insiste pas mais qui chante et retient.
« Traverse », en presque trio (puisque les percussions viennent s’ajouter en fin de parcours) illustre parfaitement son toucher pianistique et ses influences multiples – n’oublions pas qu’elle n’a ici que… 20 ans.

Femme, leader, jeune, instrumentiste et non chanteuse…, afro américaine qui plus est dans le milieu très misogyne et fermé du jazz, ce à mi seventies, fallait avoir non seulement du tempérament, mais également un sacré niveau musical et instrumental pour se faire tant une place qu’être respectée.

Dès l’ouverture le son peut sembler agressif et vieillot mais le mix va s’arrondir et s’assouplir dès le second titre, permettant de franchir rapidement cette première sensation.
Ici, Patrice joue de tout ce que l’outillage claviers pouvait être mis à sa disposition en 1974, le piano bien entendu, le Rhodes, évidemment, mais également les synthés tels moogs et autres ARP, créant ainsi des textures orchestrales là encore d’un choix assez inhabituel (« Puttered BopCorn »).
Cela démontrant sa volonté d’explorer et son approche, là encore féminine face à ces outils aux facettes multiples dont elle tire un panel sonore identitaire.
L’album est court, immédiat et incisif et suffit à démontrer les grandes qualités de cette artiste restée peu connue, devenue une pédagogue engagée et aguerrie et qui a à son actif bon nombre d’albums tant que de participations les plus diverses.
A découvrir si le cœur vous dit.

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YELLOWJACKETS « Four Corners » - GRP 1987.

Un peu comme leurs collègues Spyro Gyra, les Yellowjackets ont de véritables inconditionnels.
J’en suis.
Enfin, j’en fus.
La véritable alternative à ce jazz-rock vieillissant et devenu par trop démonstratif et de virtuosité inutile, masquant la vérité musicale était certainement là, avec ce nouvel adage trop vite estampillé « fusion ».
Yellojackets, c’est un groupe qui a eu, comme Spyro Gyra et même Steps Ahead d’ailleurs, du mal à se stabiliser côté personnel.
Sous la houlette du leader pianiste Russell Ferrante y’a eu un paquet de jeunots, futures pointures, qui se sont fait l’expérience chez eux.
L’album « Mirage à trois » est celui qui m’a fait découvrir ces artistes proposant une alternative dans cet immense ensemble qu’était devenu désormais le… jazz.

Eux aussi, des costards, ils s’en sont fait tailler…
Pas forcément jaunes d’ailleurs, mais plutôt virulents, généralement leur musique a été sous-estimée de la critique, les reléguant à l’estime et à des fans suiveurs, tels que moi.

« Four Corners » subit de plein fouet la post influence Weather Report, tant dans l’axe musical, compositions et arrangements de synthétiseurs orchestraux africanisants, que dans l’approche rythmique.
Est-ce pour autant un album à ranger en sous-catégorie ?...
Ce serait, face à une impression initiale, un peu hâtif que de passer à côté d’un tel moment jubilatoire, optimiste, enjoué, énergique et inventif.

On a trop vite enfermé le propos d’ici dans une sorte de froideur mécanique due aux sons de synthèse et de machines propre à ces fins eighties.
Pourtant, contrairement à nombre d’albums où le son eighties peut paradoxalement rester sous séduction du fait de ce qu’une certaine pop/variété internationale en ait fait marque de fabrique – une marque dont notre mémoire a du mal à se défaire, incapable d’estimer le vieillissement de l’objet – et contrairement à l’approche de textures de certains groupes usant des mêmes artifices, ici cela est certes représentatif, mais bien loin d’avoir pris la moindre ride.
Donc j’en reviens toujours à la même conclusion…
Si le son est mis au service de la musique et non au seul service de lui-même (comme nombre de prods electro d’aujourd’hui), alors celle-ci prend directement le dessus et s’impose par nature.
Me voici au bout du compte à réécouter ce « Four Corners », qui défile, me rappelant ce que j’en connais de fond en comble et l’accrochage est resté identique, immédiat, instantané.
« Mile High » et son shuffle aux marquages rentre dedans, aux synthés en riffs, au sax alto (Marc Russo) déchirant le spectre sans pour autant agresser l’ouïe, me revient en mémoire, tel un coup de tampon inaltérable. Enorme !
Haslip, toujours reconnaissable à son jeu Fretless, a trouvé un nouveau partenaire à la batterie en la personne de William Kennedy, remplaçant Ricky Lawson (engagé chez Michael Jackson) et leur jeu s’est intensifié, fusionné, a pris un autre sens.
Même si le maitre de l’ouvrage (et ce n’est pas, pianiste que je suis, pour me déplaire) reste Russell Ferrante, le voici ouvrant l’espace à cette nouvelle dimension qu’apporte Marc Russo aux saxs alto et soprano.
Les compositions sont bien évidemment d’un niveau de pensée et de développement soliste dépassant l’axe quidam du genre (« Postcards »).
Et leur « interprétation » va de pair.
Bref, s’il est un album absolument incontournable des Yellowjackets, de ceux qui ont amené le jazz, ailleurs, ce sera bien celui-ci.

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Bonnes écoutes à vous tous.


 

 



 




Commentaires

  1. Antoine vient de me faire découvrir Deodato avec cet album et Percepção. Ce que tu dis est très vrai (même si tu m'as larguée sur Sardou (j'ai beaucoup de mal avec le Conemara que je trouve pur ma part pompeux, y compris au niveau du texte)). Vraiment une découverte pour moi.

    Pour les autres artistes, je crois que ce n'est pas trop ma came, à part Herbie Hancok (un peu gràce à toi d'ailleurs).

    Plus globalement, la notion de réhabilitation est toujours un vaste chantier. Est-ce qu'on est seul (ce qui tente à ire que l'on y est sensible sans doute par subjectivité) ou est-ce par conformisme qu'on adopte une position de retrait sur un disque? Je trouve que Hugo Spanky sait argumenter et apporter un regard de passionné sur certains disques dénigrés très intéressants (et parfois sévères sur les "classiques") et j'aime bien cette approche iconoclaste.

    Il y a une sorte d'histoire qui s'écrit qui place effectivement les disques soit du bon soit du mauvais côté. Et sans doute par paresse, on (je dis "on" parce que je m'inclue dedans) ne consacre pas le même temps sur certains avec cet a priori persistant parce qu'il y a ce consensus.
    Pour ma part, j'ai de moins en moins de regard sacré sur la notion d'album (surtout autour du rock). Seules comptent les chansons. Et parfois, un album a la chance d'en avoir plus que les autres, mais malheureusement, certaines grandes chansons sont disséminées dans des disques mineures...
    Il y a d'ailleurs souvent un regard très sévère sur les disques sorties par des groupes ou artistes après leur âge d'or. Sur ce plan, j'aime le regard d'Uncut qui ose replacer des disques des Stones ou Kinks ou Springsteen par exemple comme des disques majeurs. Ou rock'n folk avec Nicolas Ungemuth qui cherche à réécrire l'histoire à partir des rééditions.
    Et effectivement, c'est une démarche intéressante que de réaborder un disque avec un regard neuf (ou plutôt des oreilles neuves). Malheureusement, cela prend du temps. Et parfois on se dit que le temps qu'on consacre à cette démarche aurait peut-être été plus propice à réviser un disque qu'on aime mais qu'on a pas écouté depuis longtemps...
    Mais il est aussi bon que d'oser prendre la défense d'un groupe ou d'un disque injustement oublié... et de découvrir peu à peu qu'on avait raison. Même chose quand on défend une chanson (c'est l'idée de notre rubrique la chasse aux chansons)

    Pas simple d'être fan de musique... et de rechercher une forme d'objectivité! ^-^

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    1. Bonjour Audrey et merci d'être passée ici commenter.
      Il y a forcément un grande part de subjectivité affective face à un album, un titre, une chanson un-e artiste...
      Mais même si j'accepte cette évidence, le musicien que je pense être, lui, essaie de balayer tout ça, car je pense qu'il reste important de se dire que c'est finalement la musique qui a raison.
      Et là, pas besoin d'approche délibérément technique, ce serait trop simple que cette opposition entre affectif et qq part intellectualisme. Mais chaque artiste (si ce "satut veut vraiment dire quelque chose au delà d'une simple "attitude" et de paradoxes, je pense à Dali par exemple) possède pour être catégorisé ainsi, me semble t'il ... une "distinction"...
      C'est ce qui fait que ce qu'il produit, présente, propose a cette "qualité", cette personnalité, etc.
      Il-elle touche un certain public, minime, vaste, spécialisé, populaire, on s'en tape...
      Ce public existe et le/la reconnait comme tel(l), cad artiste.
      Alors si je prends ce seul axiome, et ce au delà de mes "gouts", se rapportant implicitement à l'affectif que je ne bannis pas, mais dont il me faut être conscient en tant que musicien mais également anciennement pédagogue, jamais je ne me permet, face à un artiste reconnu comme tel, de le vilipender.
      Au plus j'essaie de comprendre ce qui m'en éloigne, le pourquoi ça ne me touche pas et justement en analysant j'en trouve la réponse et parfois, fort de celle ci, je me réhabilite son art...
      Un musicien pour être réducteur en parlant d'art, un compositeur, un arrangeur, etc. et un interprète, un instrumentiste, là encore etc. met un temps disons éducatif à établir son langage, de là, son univers.
      Il/elle sera ou on reconnaissable (vaut mieux oui que non, et ce quel que soit le critère sus nommé.
      Puis en fait et il n'y est pour rien, ce langage une fois à peu près établi, il pourra évoluer, mais sans pour autant véritablement balayer ses bases, parce que simpleme,t c'est une extériorisation de la personnalité - donc on évolue... quant à changer...

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    2. suite.
      alors l'artiste a en face de lui/elle une "audience" qui aime cette extériorisation, sa personnalité à travers son art, etc.
      Cette audience elle aussi évolue, comme l'artiste, non pas qu'elle change, mais elle évolue, progresse et cette progression se nourrit, de rencontres, de travail, d'humain, de tellement de vecteurs que cela est impossible à lister, et ces vecteurs font évoluer ce tout basé sur des fondamentaux créatifs, de langage et d'usages personnels.
      De là, parfois le sentiment qu'une ou un tel "tourne en rond", normal si son langage n'a que peu évolué, finit par lasser, normal à force d'écouter ou de faire la même chose on a envie d'aller voir ailleurs...
      Alors on cherche, on expérimente, on modifie un peu...
      Mais a t'on vraiment la capacité de changer radicalement ?...

      Moi je prône la tolérance minimale face à l'art et tenter de comprendre ce qui s'y passe avant la démolition sur argumentaire de faussaire, car, reposant sur la seule subjectivité assortie d'éléments parasitaires.
      On n'aime pas tel ou telle artiste ?
      On ne le/la suit plus ?
      C'est comme tu le dis, pas ma came ?...
      Est-ce que pour autant je m'autorise à dire que c'est de la m...

      tu retrouves tout ce que je dis dans le débat complètement truqué qui inonde aya nakamura.
      ceux et celles qui s'offusquent, critiquent, tirent à boulets rouges, etc. ont-ils véritablement écouté cette artiste ? sa musique, sa production, sa réalité artistique...
      et d'autre part et en face, le même constat, ils aiment et la défendent pourquoi ? quelle est la réelle vérité de cet acharnement opposé.
      je vais donc prendre le temps de l'écouter sérieusement et me faire une idée de musicien, et pas de pacotille.

      comme j'ai toujours fait avec tout le monde de sardou (dont je sais pourquoi je le supporte très difficilement, mais ça n'a rien à voir avec la musique, donc, je l'assume) à au hasard déodato 'dont effectivement l'affectif d'enfance a été mon entrée, mais justement, j'ai ensuite cherché à ... comprendre...°

      déjà trop long pour débattre sur chanson, album, chansons cachées, mais pour le rock en particulier (et idem chanson, bref, tt le format song), ton avis est intéressant et à prendre en compte... mais, ceci dit...

      oui, cela n'est pas simple, le tout est d'avoir éthique et ligne de conduite, la mienne est le respect et la musique.
      à +


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  2. Je me disais, commenter en deux temps, ce que certaines musiques éveillent comme souvenirs et un autre après découvertes de « nouveautés » du moins pour moi.
    Souvenir récent, c’est le Deodato, j’ai fait un post récent et je vais ajouter ta présentation avec ma copie de PRELUDE. A propos des opinions de part et d’autre, ce qui m’étonne davantage c’est son absence de certains livres traitant de la musique brésilienne, je ne suis pas au bon endroit pour davantage fouiller. Je me suis noté de vérifier un point la semaine prochaine. Mon intuition, Deodato ne faisait pas parti du mouvement politique et culturel des années 60 : Edu Lobo, Caetano Veloso, Chico Buarque etc… et les livres que je possède s’attachent surtout à ce mouvement et ses suites.
    Wishbone Ash, alors ça c’est bien plus vieux. La bande que nous formions les découvrons vers 74 et nous rattrapons la discographie en retenant surtout ARGUS pochète célèbre. Sous le charme des compositions chainons manquants rock, boogie, folk et même prog. Ses deux guitares quel enchantement, moins duellistes que complices. Une fois bien à jour grande joie fut l’arrivée de NEW ENGLAND même si j’ai toujours préféré le soleil qui se dégageait de FRONT PAGE – influence de la pochète ? Je suis resté fidèle jusqu’à NO SMOKE toujours sous l’envoutement des compositions élégantes. Malheureux de l’amalgame faite avec les groupes de Boogie, j’entendais certains dire que c’était plus fin que STATUS QUO….
    Depuis j’écoute régulièrement à défaut de fréquemment certains titres, surtout ARGUS, FRONT PAGE. De temps en temps encore des titres du tout premier, en fait mon premier contact « Blind Eye » simple, efficace, boogie un peu et déjà 2 guitares mélodiques. « Errors Of My Way » encore pour ses guitares et enfin « Phoenix » Trop long ? Je continue à ne pas m’en lasser comme je ne me lasse pas de « Free Bird » des Lynyrd Skynyrd. Oops désolé, les souvenirs font longs

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    1. hello,
      merci de ce retour, comme d'hab, tu viens et soulèves le débat, c'est cool.
      j'ai eu effectivement ce retour flash des comparaisons status quo et wisbone ash.
      et ej crois bien que ça leur a fait éminement tort que cela, car c'est carrément autre chose, mais quand tu présente une musique, en tant que critique de revue spé sous un tel angle ça aura forcément un impact négatif, les amateurs de sq ne s'y retrouvent pas et ceux dont sq n'est pas la base de donnée passent de fait leur tour.
      encore une fois... le mal peut être très vite fait.

      pour l'amalgame cette fois politico culturel en bouquins...
      là encore cette forme de récup' en arbre qui cache une immense forêt...

      bon t'en reste d'autres à défricher...
      à +

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