DU JAZZ … Quel que soit l’étage…

 

DU JAZZ … Quel que soit l’étage…

Et c’est reparti pour une plongée bénéfique dans le rayon jazz.
Il y aura de tout, avec quelques détours, quelques curiosités du style « ah, tiens ! il a fait ça ? ».
Epoque, son, mode, style, ouverture, allez tout va y passer.

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SONNY ROLLINS « The Way I Feel » - Milestone 1976.
Patrice Rushen – Keys, Billy Cobham – Drums, Alex Blake or Charles Mills – Bass, Bill Summers – Percussions, Lee Ritenour – Guitars, & Brass Section.

Versatile Sonny Rollins, je commencerais par lui, l’aventure Rolling Stones « Tatoo You » m’ayant fait me replonger dans sa carrière.
Nous voici en pleine période (1976) où le jazz sous la houlette de Miles a pris un tournant diaboliquement électrique. Chacun va donc partir vers ces contrées, abandonnant peu à peu le swing pour aborder avec hésitation ou carrément les rythmiques binaires portées par les instruments fétiches du rock (guitares électriques, basses électriques, batteries envahissantes, pianos électriques Fender…).
Tous n’adhèrent pas de plein pied au jazz-rock, mais nombre s’en approchent, fusionnent, funkysent, « rockent », « popent », parfois.

Avec « The Way I Feel » Sonny Rollins embarque avec lui la crème des musiciens de la mouvance fusionnante, Billy Cobham en tête avec le jeune et déjà grandiose Lee Ritenour et la claviériste Patrice Rushen. Les requins de studio du genre, à l’aise dans tous les domaines estampillés « jazz », sollicités dans le rock calif et autres sessions disco, funk et j’en passe.
Même s’il faut un petit temps pour appréhender Sonny Rollins dans ce contexte foisonnant où Cobham ne s’en laisse, comme d’habitude, pas conter, menant en pleine puissance (ce qui semble parfaitement convenir au leader) l’ensemble des titres, ce même dans les balades – cet album, une fois installé, fera son effet.
La « qualité » du jeu de ce groupe de studio qui trempe dans le style « actuel » de ces métissages de genres usuels en ces seventies (mais cela n’est pas spécifique à cette époque semble-t-il, puisque, finalement, le jazz aime toujours s’élargir) n’est pas pour rien à ce que dégage l’album.
Sonny Rollins finalement joue comme à son accoutumée, avec ce « gros son » de colosse du sax ténor qui le caractérise, ample, généreux, lyrique et dense, fiévreux et bluesy (« Shout it Out » et sa section de cuivres d’une remarquable écriture)…
Alors chaque mélodie, qu’elle soit empreinte d’une certaine candeur presque mièvre ou qu’elle émane d’un sentiment pop se pare de ses plus beaux atours, interprétée par un leader qui lui donne toute sa verve, son charisme sonore pour ensuite l’emmener vers l’infini par son incommensurable savoir-faire d’improvisateur.
Adhérer au propos se fait donc aisément car ici, même si Sonny flirte allègrement avec ses voisins musicaux « à la mode », le partage qu’il en fait et l’enrobage orchestral propulsé par le groupe quasi jovial voir juvénile ne peut qu’enthousiasmer.

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MICHAEL CARVIN EXPERIENCE « Flash Forward » - Motema 2014
Jansen Cinco – Bass, YaYoi Ikawa – Piano, Keith Loftis – Saxophone, Michael Carvin – Drums.

Michael Carvin est un batteur au CV impressionnant.
Il a joué avec à peu près tout ce que le jazz dit moderne a de pointures (Mc CoyTyner, Jimmy Smith, Pharoah Sanders, Alice Coltrane, Cecil Taylor… et tellement d’autres).

Ce que j’aime ici c’est d’emblée l’engagement et attaquer par « So What » semble presque tellement « usuel », mais…. voilà … ces inconnus qui l’entourent, illustres pour tous d’ailleurs, ne laissent aucune hésitation à l’idée de les suivre.
Alors on y va, et c’est un peu comme si on se retrouvait là, embarqué dans un club par curiosité, amitié, envie de sortie, histoire d’être entre potes et de boire un verre et que soudain le pouvoir de la musique dégomme tout.
On est alors hypnotisé, attiré, envahi de musique et plus rien, strictement plus rien n’existe que cette pugnacité trempée dans l’énergie la plus saine et régénératrice.
Monk, Miles, Dizz (la version de « Night in Tunisia » jouée dans le cadre qui était devenu commun à Gillespie est ici totalement décapante)… et finalement peu importe qui va « y passer » … en tout cas leurs noms, standards, titres emblématiques et autres figurent ici dans un festival de volontarisme jazz qui n’incite à aucune équivoque.
Parler ici des solistes semble totalement surfait et inutile tant l’évidence du niveau de ceux-ci est indiscutable - en commençant par le leader qui chez Monk, ou encore Dizz offre des solo de batterie expédiés avec une telle véracité qu’on renoue directement avec l’adage du « solo de batterie ».
D’ailleurs, le « drive » de Michael Carvin, au cœur de tout cela est, pour conclure, l’axe fédérateur qui emporte tout.
Enorme…
Jouissif…
Magnifique…

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TSUYOSHI YAMAMOTO TRIO « A Shade of Blue » - 2023 Evolution Media.
Hiroshi Kagawa – Bass, Toshio Osumi – Drums, Tsuyoshi Yamamoto – Piano.

A l’âge de 75 ans, le pianiste japonais, qui a joué avec nombre de grands tels Dizzy Gillespie, Carmen McRae, Billy Higgins, Elvin Jones ou encore Sonny Stitt – un CV plutôt d’emblée engageant – sort un nouvel album en formule trio.
Rien de bien moderne ou encore novateur dans le jeu trempé d’un style old school (Garland, Kelly, Garner…) du pianiste ici remarquablement soutenu par une section précieuse et pointilliste, au service du leader.
Aussi ne boudons pas le plaisir que cet album procure de bout en bout.
Le « sujet » du standard est magnifié et parfaitement « rodé » par le pianiste qui est le résident emblématique du club « Misty », à Tokyo depuis … 1974.
Chaque intro du pianiste est un petit bijou, en soi, chacun de ses solos chante avec aisance et délicatesse (le solo bluesy formidablement stylé « Midnight Sugar »), chaque thème est exposé sobrement avec une clarté et l’ensemble coule avec une limpidité rare.
Hiroshi Kagawa peut sortir l’archet, booster par un walking précis à pâlir, il colle au piano, avec une justesse enthousiasmante.
Toshio Osumi soutient l’édifice délicat avec brio et finesse. Que ce soit aux balais, puis baguettes (« Girl Talk » dont la version aux paroles françaises par Nougaro nous a fait malheureusement oublier la réelle et véritable poésie musicale du morceau), son jeu en retenue tant de nuance qu’au fond du temps apparait comme idéal pour cette forme trio.
« A Shade of Blue » s’écoute « avec le son » (et quelle prise de son), pour la passion du jazz mais il peut également être idéal pour, justement, apporter cette touche spécifique jazz qui en toile de fond permettra d’envelopper de jazz – comme au piano bar – les bons moments de la vie.
Savoureux serait le bon terme, je crois.

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CORNELL DUPREE « Teasin’ » - Atlantic 1974.
Richard Tee – Keys, Chuck Rainey – Bass, Bernard Purdie – Drums, Ralph Mc Donald – Percussions, George Stubbs, Paul Griffin – Piano & Horns : Jon Faddis, Joe Newman, Garnett Brown, Joe Farrell, David Newman, Seldon Powell…
Cornell Dupree - Guitars, Sitar ;

Allez, un peu de blues, de groove, de funk et de rythm’n’blues.
Cornell Dupree, guitariste émérite du groupe Stuff est décédé le 18 mai… peu en auront parlé, y compris ma pomme…
On s’informe et on lit que le lascar a participé en sessions à environ 2500 albums !
Découvert par King Curtis, alternant avec un certain Jimi Hendrix encore inconnu, faisant l’ouverture d’un concert des Beatles en 65, Uncle Funky tel qu’on le surnommait a prêté son talent et sa sonorité de guitare si reconnaissable à tant d’artistes que la liste ressemble à ce que serait la discothèque idéale…

« Teasin » s’emballe direct avec le titre éponyme, funky à souhait, embringué dans des clavinets groovy propulsés par l’ami Richard Tee (pour les fans de ce pianiste dont je suis, cet album est un bonheur) puis le blues à l’hammond en toile de fond churchy et aux cuivres souples et larges prend vite sa place avec « Blue Nocturne ».
« Jamaican Lady » n’oublie pas qu’un bon riff peut également servir de ligne générale.
« Feel All Right » est juste ce qu’il faut de très bon blues shuffle avec une section cuivres que tout le monde rêverait d’avoir chez soi.
« How long will it Last ? » ferait bonne impression dans une B.O pour un film de Clint, en mode jovial.
« What Would I Do Without You » nous rappelle que le blues et ses sujets amoureux… même quand c’est instrumental… BB autre King n’est pas loin.
« Okie Dokie Stomp » est presque traumatisant d’aisance et tellement roots…
« Plain Ol’ Blues » achève dignement ce micro voyage en pièces de puzzle résumant rapidement, en fait, ce que peut représenter le mot et le jeu « blues » en 1974.
Copié mais resté inimitable, Cornell Dupree, dont on sait maintenant reconnaitre le son si particulier (avec ce vibrato chantant si proche de celui de BB mais pourtant – malgré tout – si différent) est une légende, un emblème de ce blues qui jamais ne nous quitte et qui reste le langage le plus commun et prisé de tout musicien.

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DEXTER GORDON QUARTET « Manhattan Symphonie » - Columbia 1978.
George Cables – Piano, Rufus Reid – Bass, Eddie Gladden – Drums.

Rien de tel qu’un bon Dexter pour remettre les pendules du jazz à une certaine heure, celle d’un minuit autour duquel, avec Tavernier, il a montré la facette d’acteur missionnaire du sujet et plongé ainsi nombre de personnes dans la vérité artistique du musicien (de jazz).
1978…
Certains, comme Sonny, précédemment cité, dans les seventies vont s’émanciper, chercher une nouvelle direction, électrique.
Dexter, lui, poursuit son bonhomme de chemin, purement jazz, que forcément les puristes n’ont de cesse d’apprécier et de revendiquer.
Nombre se seront arrêtés au Dexter « made in Blue Note » avec sa pléthore d’albums hard bop tous aussi légendaires les uns que les autres et cela suffirait presque, en soi…
Pourtant Dexter n’a cessé d’enregistrer, suivant ce tracé, sorte de dernier survivant de cet idiôme au verbe chaleureux, forcément bluesy, riche d’émotions, de ferveur, d’une certaine foi, même.
Le quartet qui officie ici est constitué des « réguliers » qui l’accompagnent et l’osmose entre eux est évidente.
Dire que ça swingue est peu, chez Dexter ce mot est comme son ADN, directement branché sur lui.
On ouvre le Real Book des standards et directement on va mettre cet album parmi ceux qu’il faut écouter pour bien les entendre, comprendre, lire et jouer, Dexter c’est le savoir-faire absolu du genre et ici on est heureux d’en écouter plusieurs de ces standards qui ne sont pas spécialement fréquemment joués.
« Moment’s notice », entre latin-rythm et pur swing va mettre Rufus Reid en évidence avec un solo superbe suivi par une courte série de 4-4 (moment où la batterie dialogue en solo toutes les quatre mesures de la grille avec d’autres solistes) envoyé mais pesée. Et quelle douce coda…
Cables est un somptueux pianiste et fait miracle dans ce contexte (« Tanya » sur base blues, de D. Byrd, très coltranien), enrichissant le jeu de Dexter, funambule en équilibre autour de la rythmique.
Dans cet album, Dexter nous offre une longue et merveilleuse version de « Body and Soul » qui à elle seule vaut le détour par cette « Manhattan Symphonie » tant il remet le couvert sur ce thème avec une verve démesurée, le revisitant même jusqu’à son intitulé et son tempo ici médium.
Et puis, il y a le doucereux « Ruby, My Dear » de Monk, posé là, sur cette ligne d’horizon tel l’objet merveilleux d’une rare collection.
Oui, avec Dexter, le jazz est toujours à l’heure, au rendez-vous, présenté avec une classe presque indécente par l’un de ses plus magnifiques représentants. Alors, charmé, j’achète.

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MICHEL GRAILLIER « Agartha » - 1970.
Alby Cullaz – Bass, Bernard Lubat – Batterie, Michel Graillier – Piano.

On oublie trop vite nos aficionados français du jazz, pourtant…
Michel Graillier (Magma, mais aussi accompagnateur de Chet Baker pendant 10 ans, a joué avec la plupart des artistes référents du jazz français – Jeanneau, Levallet, Escoudé, Le Lann, Thollot, P.Catherine…, mais aussi de la chanson – Eddy, Maxime, E.Caumont… sans parler des américains de passage en France qu’il a régulièrement accompagné, comme Steve Grossman…) sort en 1970, son premier album.
Il a à ses côtés deux partenaires qui eux aussi feront date et carrière et que l’on va retrouver dans tout ce que la scène jazz française ou de chanson a de meilleur.
« Agartha » est un album où la musique coule comme de la poésie, comme ce langage aux mots soignés, évocateurs, mis en rimes sur organisation savante.
Sentiments, paysages, images, évocations… sont installés en traits limpides, en mélodieuses phrases, en touches essaimées, en petites intentions et inflexions.
Un style bien caractéristique, à la française, même si le jeu d’influences logiques pourrait venir interagir.
Lubat est d’une rare sobriété (de sa part… ce, même en soliste – « Ankh »), Cullaz se situe en point central et positionne l’édifice.
Michel Graillier est décédé en 2003.
Il fait partie du paysage musical français et en solo comme accompagnateur il fait bon le retrouver de temps à autre afin… de ne jamais l’oublier.

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MALACHI THOMPSON « Spirit » - Delmark 1983
Carter Jefferson – Tenor Saxophone, Albert Dailey – Piano, James King – Bass, Nasar Abadey – Drums, Randy Abbott – Congas, Arnae Burton vocals on « Back To The One », Leon Thomas vocals on « No More Hard Times ».

D’emblée, ce son, archétype quelque part de cette image sonore d’un certain jazz dit moderne.
Cette sensation que tous sont là, sur la scène, directement liés à nous.

Malachi Thompson (1946, 2006), a participé à de nombreuses aventures musicales audacieuses, mis son jeu de trompette perçant et nerveux au profit de nombre d’artistes renommés.
Avec Joe Henderson, Jackie McLean, Frank Foster, Archie Shepp…
Personnellement je l’avais mis en mémoire pour son travail aux côtés de Lester Bowie, cet autre défricheur d’usages, briseur de la chose commune et co-fondateur de l’Art Ensemble of Chicago.
Chicago où Malachi fit ses débuts sur la scène des big bands et autres formations de blues et rythm’n’blues.
Ces racines, on les perçoit aisément ici, dans cet album « Spirit », qui prend directement la route sinueuse de ce langage post hard bop teinté systématiquement de blues où l’on joue à fond la caisse, en urgence, avec une certaine hargne, une sorte de volonté d’en découdre, d’affirmer son appartenance, son identité, sa ténacité créatrice.
La mise en forme et en place ne laisse rien au hasard et tout est ciblé, calibré pour que cette énergie transpire.
Les arrangements des thèmes sont taillés à la mesure de cette volonté d’immédiateté.
Chaque soliste expédie avec brio son solo, sa transe, puisant dans la multiplicité des langages et flirtant souvent avec la new thing. Dans ce contexte véloce et impérieux le jeu du pianiste Albert Dailey impressionne et la rythmique foisonne comme le serait une végétation libre telle une jungle (urbaine) où il faut que chacun trouve sa voie et se fraye un passage.
Sept titres dont cinq composés par le leader et deux standards dont le majestueux « I Remember Clifford » de Benny Golson (joué sans piano, sans harmonie de repère et épuré ainsi à l’extrême) et « Dearly Beloved » de John Coltrane envoyé, comme le reste, dans cette urgence de session renchérie par la présence affirmée et non anecdotique des congas de Randy Abbott.
Engagé et sans équivoque.

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DON PULLEN & DON MOYE « Milano Strut » - Black Saint 1979.
Don Pullen – Piano, Don Moye – Drums.

Du free, en voilà et avec d’emblée cette « Conversation » il va falloir s’accrocher et oser adhérer à cette fureur-furie, agressivité énergique, puissance dérangeante inhabituelle, audace engagée et affirmée.
Don Pullen j’ai eu ma phase d’écoute régulière quand il a joué avec George Adams ou aux côtés de Charles Mingus. Un pianiste hors normes, un excellent organiste également comme l’atteste le titre « Milano Strut », nourri à tout ce que la musique afro américaine a de racines (gospel, blues, rythm’n’blues, jazz), il est représentatif d’une forme de liberté sous contrôle d’une tradition qui reste ancrée en lui.
Capable de la brillance mélodique, de l’expérimentation du son du piano comme du jeu free le plus rythmique et débridé, il reste une sorte de légende, un cas à part, inclassable.
Ici il dialogue avec Don Moye, l’inventif batteur de l’Art Ensemble of Chicago et la captation de ces échanges immédiats, virulents parfois… est plutôt représentative de cette forme de libre improvisation qui va succéder plus généralement au free jazz qui lui, s’inscrit dans la continuité d’une histoire du jazz et de ses racines évolutives.
Ici le dialogue entre les deux amis circule dans tous les sens qu’ils soient musicaux ou inventifs.
« Milano Strut » finalement très « classique » et funky brise l’axe semblant délibérément pris dès le départ, axe provocateur, axe mettant l’auditeur face à lui-même et le forçant certainement à être en capacité d’oser aller plus loin et ne pas regretter son achat de l’album barré très libre.
Un axe quasi pédagogique, obligeant à accepter, à mieux comprendre pour adopter ce que le terme de jazz peut aussi englober.
Cet album se mérite donc et il se vit comme une aventure, un sport extrême, une sensation unique, inhabituelle et parfois tant intrigante que dérangeante.
Une aventure dans des contrées que l’on explore que trop peu, mais il faut savoir parfois, s’aventurer et nos deux guides connaissent parfaitement le sentier.

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MAKOTO OZONE « After » - Columbia 1986.
Bill Pierce – Tenor and Soprano Saxophones, Eddie Gomez – Bass, Tommy Campbell – Drums, Makoto Ozone – Piano.

J’avais découvert ce pianiste il y a fort longtemps aux côtés de Gary Burton avec lequel il a enregistré une poignée d’albums absolument merveilleux. Puis j’ai usé son « Ozone » en duo avec Eddie Gomez qui est ici comme toujours le roc solide et volubile qu’on connait bien.
Tommy Campbell, je l’ai adulé chez Kevin Eubanks et Bill Pierce avec John Williams…
Donc là, avec un tel quartet je suis en terrain quasi connu, regroupant sous les compositions du leader ces personnalités imposantes et représentatives, chacun en son domaine et instrument.
Bill Pierce est un interprète de l’écriture quasi chambriste du jazz et les compositions soignées de Makoto Ozone correspondent à merveille à sa « lecture » musicale.
Tommy Campbell est un jongleur-batteur, positionné dans un jazz fusion et dans un jazz d’écriture, le trouver là aux côtés de l’immense Eddie Gomez, serviteur du jazz depuis des décennies est pur plaisir.
Le jeu véloce et incisivement romantique de Makoto, souvent comparé et comparable à celui de Chick Corea (ainsi que ses compositions) est ici magnifié par la présence de ce casting de haute volée qui se met avec passion au service de ce répertoire créatif.
Eddie dans « If You Knew Sushi » nous pose un de ses solos immédiatement reconnaissables, pointu et appuyé-piqué, rapide et inspiré.
Tommy circule en tous sens avec un jeu oscillant entre Gadd et Cobham, précis sans être lourd, nerveux sans être fracassant – du grand art.
Il y aura duo (« Waltz for Ronko »), trio sans Pierce (« Merry Go Round ») et « After » sera délicieusement égrené de façon evansienne, en solo, tel une rêverie, par Makoto…
Rêverie qui fera clôture de l’album avec juste cette « Improvisation »…
Tout cela est tellement bien composé, joué, rendu, imagé…
Chambriste donc...  
Intimiste, pour sûr.
A mettre en évidence pour surtout ne pas oublier de l’écouter encore et encore…

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Délectez-vous de jazz avec ces albums, c’est bientôt Noël.






 







Commentaires

  1. Notre choix sur M. YAMAMOTO. En écoute avec madame, c'est ta remarque sur M. Nougaro qui a tout déclenché. Sans avoir les détails j'expliquait à Pascale que tu n'étais pas tendre avec lui, en partant de ta phrase nous avons donc écouté "Girl Talk" du pianiste, puis la version de Julie London - donc cela a été chanté auparavant et donc M. Nougaro pour comparer. Madame était d'accord pour dire que si la voix de Julie London respectait la délicatesse du titre, Nougaro avait une façon un peu "pachydermique" (c'est mon terme) à demander de danser, comme un homme un peu saoul qui avance tant bien que mal.
    N'empêche, c'est ce que tu reproches à Claude en général?
    En attendant "Shade Of Blue" trouve facilement sa place pour ces journées courtes. Apaisant, réconfortant...

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    Réponses
    1. Bonsoir,
      Effectivement je parle souvent de façon négative de Mr Nougaro, pourtant il y a certains de ses albums dont celui de la "rupture" "Nougayork", mais aussi son précédent (Bleu Blanc Blues) que je trouve magiques et qq autres aussi.
      Donc tout n'est pas si négatif dans mon point de vu.
      Ce que je reproche en général et justement c'est cette façon de détourner par de la "poésie" - Nougaro est très loin à mon sentiment d'être l'immense poete qu'on a l'habitude de mettre en piédestal - une musique, le jazz et de faire prétexte à des thèmes absolument merveilleux pour des élucubrations bien souvent indigestes et effectivement très lourdingues, sans rapport, juste par pur délire personnel.
      Cette démarche me fatigue et je la trouve has been, usagée et inapropriée.
      Pourtant il est toujours accompagné par de fabuleux musiciens, de jazz souvent et forcément - et là aussi ça me dérange - on en a fait un "jazzman". Je n'entrerais pas dans le côté puriste que je ne suis pas du jazz ni dans le côté élitiste de ce jazz à la française sur lequel pour le coup je tire à boulets rouges qu'il soit du fait des "artistes" (du moins ceux qui se prétendent l'être , car les "vrais", eux le sont rarement, élitistes) et surtout, mais surtout du fait des enseignants en jazz qui se pensent la catégorie supérieure du musicien... cela est navrant, désuet, là encore has been et surtout pénalisant pour une esthétique et un "esprit" (comme être rocker, ou baroqueux, peu importe) qui devrait être ouvert en place d'être restrictif.
      Parallèlement avec Mr Nougaro j'ai vécu de plein fouet en devant jouer sa musique (qui n'est, là encore, justement, pas la sienne mais celle des standards de jazz sur lesquels il met ses envies en paroles) ce choc, ce constat ,ce, véritablement jusqu'à la gêne d'accompagner de telles déblatérations qui me parasitaient réellement le plaisir de jouer au mieux et avec conviction cette musique.
      Mettre des paroles sur de la musique anglo saxone, américaine, ce n'est pas nouveau et de Johnny à Cloclo, en passant par d'autres yéyés, finalement l'essence du truc n'est jamais extrapolée, juste en phase avec le sujet, l'époque la "mode"... et finalement jouer ces titres avec ces paroles française n'a rien de "perturbant", juste ça fait partie du truc.
      Mais là...
      Et puis côté poète tant que musicien créateur, je pense à Gainsbourg et son intelligence réelle à récupérer culturellement tout azimut. On n'est pas dans la même salle de jeu, ni dans la même cour...
      Bonnes écoutes et merci.

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