REDECOUVERTES, REDECOUVRIR… (Syndrome de l'île déserte ?)

 REDECOUVERTES, REDECOUVRIR… (Syndrôme de l'île déserte ?)


A force d’accès quasi illimité à la nouveauté, on en oublierait presque de ressortir quelques bons vieux albums, pas ceux réédités, remixés ou remasterisés, juste ceux qu’on a là et qu’on se dit que parfois, si l’idée d’ile déserte avait encore un sens…

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STEVE WINWOOD « Steve Winwood » - Island 1977.

Steve Winwood est à mon sens l’un des derniers grands créateurs, songwriters et même instrumentistes (guitariste, organiste, pianiste sans parler de tous les autres instruments dont il joue) et également chanteur hors pair, d’une musique qu’on a communément appelé rock, mais c’est bien parce que, au départ, très jeune, il est entré de pleine carrière dans ce mouvement émergeant.
Bon, on ne va pas se refaire une bio qui serait comme un bottin, mais petits rappels tout de même.
Spencer Davis Group, Traffic, Blind Faith, l’orgue du Voodoo Child de Hendrix et tant d’etc…
Partout où Steve a posé ses doigts, sa voix et-ou son esprit musical c’est dès que je l’écoute, toujours cette même vibration qui émane de lui, cet incommensurable feeling qui perce quand il exprime la musique.
Cela peut s’apparenter au génie, en tout cas s’il est un homme avec lequel le mot musique rime totalement c’est bien lui.

En 1977, Steve fait une pause Traffic, ce groupe qu’il a mené tel une affaire collective et qui a quelque part posé une alternative à ce que l’idée de rock commençait à devenir, sans pour autant basculer totalement vers le versant pop.
Il s’installe chez lui, à la campagne et sous la houlette de Chris Blackwell, patron de Island, il va enregistrer un album très personnel, si personnel qu’il y joue quasiment tous les instruments, se faisant parfois aider par ses vieux compagnons de route tels Reebop et bien entendu Jim Capaldi, Nicole, mais aussi par la section rythmique de luxe que sont Newmark-Weeks.
Six chansons, trois par face.
Un bon vieux piano droit certainement enregistré directement dans le salon, des techniques de re-recording préfigurant les futurs home studios. Un album véritablement artisanal, qui sent bon l’intimisme, le coin du feu, l’amitié, la campagne sans être bucolique comme la face B du III de Zep, n’exagérons pas.
Ici, finalement seraient presque cristallisées toutes les composantes créatrices de cet immense artiste.
Le voici libre, face à lui-même avec la responsabilité intégrale, ce jusqu’au jeu multi-instrumental de ses chansons. Pas de groupe à gérer, pas de vie collective inhérente, pas de personnalité émergeante mais noyée dans l’axe groupe.
Juste lui… et sa musique.
Les intervenants justement interviennent mais il tient les rênes du sujet et ils ne font que jouer (batterie, basse, agrément de chœurs et congas) ce que ses seules potentielles limites instrumentales ne peuvent accomplir, tel que lui, l’entend.
Alors les claviers, pianos, guitares sont maitres de ces perles rares, alors sa voix elle aussi peut véritablement en dire plus et chanter plus qu’au-dessus du fatras des groupes, retrouvant la qualité et la pureté qu’il avait eu l’occasion d’offrir avec Blind Faith pour le magique « Can’t Find My Way Home ».
En 1977, comme à l’accoutumée ma grand-mère pour mon anniv’ me donnait non un cadeau matériel, mais de l’argent. Elle savait très bien que je filerais à la FNAC pour me payer un disque.
La seule différence d’avec mes autres achats discographiques est que je mettais un point d’honneur à ce que ce cadeau soit un disque dont je savais qu’il me resterait cher dans le temps, une sorte d’investissement sentimental permettant de me souvenir systématiquement d’elle et de savoir qu’elle aurait contribué à mon cheminement musical par ce simple geste.
Aussi ces albums ont compté plus que tout et les autres et elle y est intrinsèquement liée.
En me précipitant acheter cet album dont la pochette, curieusement était plus grande de quelques cm rapport au format habituel des pochettes de 33 tours, j’avais donc méticuleusement fait mon choix. Adepte des nombreuses productions précédentes en groupes où Steve Winwood était actif, j’avais pressenti que ce premier album solo me serait déterminant.

Me voici donc à le ré-écouter à nouveau et croyant comme souvent le connaitre « par cœur », je me retrouve face à, encore une fois, de nouveaux angles d’appréhension de cet ensemble musical si captivant.
Par exemple, à l’écoute de « Time is Running Out », un titre qui aura rempli une grande part de mon temps de vie d’écoutes, me voilà en capacité de comprendre pourquoi, dans mon jeu de claviers, naturellement, sans vraiment y réfléchir, dès que j’ai un son de clavinet dans les doigts, c’est bien de là que ces rythmiques d’un groove obsédant me viennent instinctivement, comme ayant été imprimée dans mon esprit puis assimilées sans le véritable travail de jeu, mais juste par identification.
C’est d’ailleurs idem pour ce Fender Rhodes en delays dont j’use et abuse, le laissant faire sa vie une fois engagé et emplir l’espace sonore ou encore cet orgue qui glisse pour mieux entrer dans ce foisonnement chatoyant. Et puis il y a ces synthétiseurs qui en une infime phrase installent toute une dimension orchestrale.
Six titres donc.
Et en chacun chaque fois, un nouveau plaisir, une confirmation de…, une pierre supplémentaire qui remet mes propres pendules à l’heure.
Alors je n’échappe jamais au détour de chaque titre à la question genre, par quoi a-t-il commencé ? (entendez quelle a été sa piste sur laquelle il aura tout échafaudé, échelonné, empilé…) – chose déjà problématique à l’entrée d’un titre lorsque l’on enregistre en multipistes avec les outils d’aujourd’hui et des logiciels (cubase, sonar, protools…) qui permettent tout et dont le résultat ici semble totalement incroyable avec les multipistes à bandes de cette époque…
Alors je me plonge dans ces guitares à la richesse de jeu déconcertante d’autant qu’il en émane une trop apparente « simplicité », puis je prête l’oreille à Reebop qui est l’élément de chauffe et le coloriste auquel l’on n’a jamais trop prêté attention, ce, même dans Traffic.
Je continue avec la voix de Jim, sorte de complément fraternel de celle de Steve qui lui aussi balance des chœurs inévitables. Et puis, la rythmique Weeks/Newmark, la perfection… et celle mue par Steve lui-même, tout aussi « imprégnante » que le jeu de chacun des instruments qu’il touche.

Alors je crois toujours savoir ce que je dois de l’écoute d’un tel album.
Et de n’avoir douté de ce choix… décisif de l’acheter en cette année 1977 car à chaque fois, je dis bien à chaque fois, que je le ressort il me procure exactement le même sentiment, m’emmène découvrir d’autres angles et me rappelle tant et tant ma grand-mère bien aimée.

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BOB BELDEN « Straight to My Heart – The Bob Belden Ensemble plays the Music of Sting » - Blue Note 1991.

Après l’avoir écouté et réécouté des heures lors de son achat, puis décrypté comment, à partir d’un matériau « pop » ou disons populaire/grand public, il était possible d’oser l’arrangement dans tous les possibles (j’ai largement pompé non la matière mais la substance de ces idées lorsque j’ai arrangé justement de tels répertoires afin d’imaginer un « autrement » principalement à caractère pédagogique), l’autre jour je l’ai « enfin » ressorti.
Il était temps, il commençait à prendre la poussière sur les étagères à CD et il ne méritait pas un tel sort.
J’ai écouté à en faire indigestion de plaisir Sting tant que Police, j’ai joué en cover trio Police au point que je m’en suis détruit le bras de frappe position tambour de la main gauche, je joue encore et encore des titres comme « Fragile », « Roxanne », « Fields of Gold », « It’s Probably me », « Shape of My Heart », « Walking on the Moon » dès que l’occasion pianistique me le permet.
Aujourd’hui je ne suis plus du tout l’actu Sting même si je reste admiratif de cet artiste et de sa musique .
Il y a peut-être un temps pour tout et il y eut un temps pour tout, me dis-je.

La sortie de cet album a été pour moi une véritable révélation et m’a apporté, sur un plateau orchestral, la musique de Sting sous un angle différent.
Les arrangements proposés ici, qu’ils soient orchestraux, vocaux, rythmiques et servis par des solistes hors pair (par exemple John Scofield dont finalement je pense que l’expérience ici l’aura qui sait, amené à son album Ray Charles dans lequel on trouve des pensées similaires ou encore le remarquable John Hart aux guitares également), soutenus par des rythmiques impressionnantes de lecture et de groove (Dennis Chambers, Daryl Jones…) amènent vers… un autre Sting.
De celui que j’avais commencé à découvrir lorsqu’il avait collaboré avec Gil Evans, par exemple.
Pas forcément un Sting jazz, même si l’on sait l’artiste fréquemment sur la frontière entre jazz, rock et pop, mais un artiste dont la musique – un peu comme celle des Beatles à y bien réfléchir – possède un tel matériau créatif qu’on peut l’imaginer et la détourner, l’user, l’utiliser, l’arranger, l’orchestrer… de toutes les façons possibles.
Une porte vers un imaginaire dont finalement les seules limites ne sont que soi-même.

Cet album c’est un peu comme un véritable album d’école pour arrangeurs en devenir ou en manque d’idée face à un sujet de quelque espèce musicale.

« Sister Moon » m’a refait l’éternel même effet épidermique avec ces gros tubas introductifs, ce sax gémissant à la lune et cette performance vocale si soul de Phil Perry.
Le détournement de « Shadow in the Rain », davisien / evansien à souhait avec ses riffs syncopés, son piano libéré (Joey Calderazzo), le thème éthéré et étiré à souhait tout en harmon trompette …
« Every breath you Take » en vocal-percu enraciné african beat…
« Wrapped Around Your Fingers », repassé à la moulinette groove par Diane Reeves sur fond de riff en flûtes, émaillé de pianos diaphanes et illuminé par le solo de John Scofield.
« I Burn For You » et son décapant solo pianistique de Kevin Hays…

Bref, sans détailler plus avant, si un jour les éternelles redites des chansons magiques de Sting ou Police, reprisent par lui-même ou passées en mode cover chill-out sur ABC lounge Radio, vous blasent… alors il faut venir ici pour un « reset » bénéfique et surprenant.

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JACK DEJOHNETTE « Special Edition » - ECM 1979.

Quand on parle ou pense free jazz, de suite l’ombre logique d’Ornette se pointe, de suite quelques rictus grimaçants, de suite une sorte de rejet, de méfiance, de suspicion de supercherie.
Le free jazz n’est pourtant rien d’autre que la continuité logique d’un jazz afro américain et de son histoire, musicale, sociale, politique, revendicative, identitaire…
Le free est engagement, liberté délibérée d’expression, révolte identitaire…
Ici Jack DeJohnette s’est entouré de jeunes lions en les artistes David Murray, Arthur Blythe, Peter Warren, lui-même assurant batterie et un instant pianistique.
Pas d’harmonie, pas d’accord réellement affirmé par un instrument dédié comme justement le piano, mais de l’horizontalité linéaire, « mélodique », permettant un jeu ouvert, désancré du repère de la grille, des chords, du « cadre ».
Pour autant, il n’en est pas moins là, ce cadre, mais la structure orchestrale, les solistes et l’ouverture d’esprit permettent aux protagonistes tant qu’à l’auditeur de n’avoir le loisir d’y penser mais au contraire d’en partir et de s’en émanciper.
Un hommage non camouflé à Eric Dolphy, ce précurseur – « One for Eric » - sur un fondamental blues là encore non camouflé mais qui saura partir d’emblée vers des contrées enrichissantes.
« Zoot Suite » c’est en quelque sorte une réminiscence d’usages d’orchestres à l’ancienne complètement déjantée… c’est un délire nuancé et entêtant, c’est entrecoupé de mystérieuses plages méditatives charmées par la contrebasse à l’archet de Peter Warren…
« Central Park West », composé par Coltrane, joue sur l’expression et l’on remarque cette sonorité si perçante de Blythe qui s’épanche, s’attendrit, chante…
« India » est le grand incontournable de l’album. Seconde composition de Trane qui figure ici son approche m’interpelle directement, me saisit et je sais que c’est de là qu’en ces années eighties naissantes que mon dévolu pour le free est parti. Chaque solo est incroyable, le jeu de Dejohnette est tout ce que la batterie m’attire, le drive de Warren…
« Journey to the Twin Planet » est une autre vision de l’approche free. Une pédale et quelques surgissements disparates, une ambiance, une vision puis ça se débride totalement en collectif, comme un rappel d’un certain album d’Ornette… « Free Jazz », comme une réminiscence de certains Coltrane, avec… Eric.
La boucle est bouclée.
L’album est court, il se suffit ainsi.
Il est instantané, immédiat, direct et sans détours inutiles.
Il m’a appris à percevoir le jazz… autrement.

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JONI MITCHELL « Hejira » - A & M – Asylum 1976.

Certains albums, comme ceux précédemment cités, marquent à jamais.
« Hejira » dépasse largement pour moi ce constat.
Il agit toujours et encore comme un refuge musical dans lequel je m’enferme régulièrement, n’hésitant jamais à le sortir pour l’installer en platine(s).
Quand il est sorti il a de suite attisé en moi une sorte de fascination, c’est assez inexplicable, plutôt simplement sensoriel, juste que la curiosité mue par l’article de présentation rock’n’folk et une pochette vraiment intrigante qui s’y accolait m’ont indiciblement mené vers lui.
1976, à seize ans soit l’on s’enferme dans une musique, soit l’on se cherche et/ou cherche encore la musique tout court et dans tous les sens du terme.
Le rock a forcément fait son ravage bénéfique, le jazz pointe son nez de façon totalement anarchique mais surtout délibérément hors de ce que mon père a pour coutume d’écouter et le classique, hors études, devient viennois, contemporain et là aussi en recherche d’ailleurs.
Je voyage beaucoup en train Corail, car je commence à partir en tournées et cet album, vite mis sur K7 et ancré dans mon premier mais vital walkman, va dès la poussée du bouton play prendre une place inamovible, obsessionnelle, addictive et obligatoire.
Il passe au fil des paysages, de la somnolence et de l’endormissement pour instantanément dès le clic symbolique de fin de lecture, être repris par un rewind toujours trop long et une habitude d’avoir toujours des piles de rechange.
De l’écoute happée par le rythme lancinant des guitares, par le débit textuel de Joni et les interjections de Jaco et Larry se préciseront au fil du temps toutes les subtilités qui s’organisent autour de ce socle instrumental et vocal.
Quelques bribes de clarinette (Abe Most), la fluidité du vibraphone (Victor Feldman), le jeu de batterie minimaliste (John Guerin – ex compagnon de Joni dont la rupture douloureuse est quelque part à l’origine de cet album et des multiples réflexions qui en émanent), d’improbables cors (Chuck Findley/Tom Scott), un harmonica qui s’est gouré de gamme (Neil Young), une contrebasse de piano bar (Chuck Domanico), des percussions imperceptibles (Bobbye Hall)…
Jaco Pastorius sera l’angle du changement et pourtant il ne joue que sur quatre titres, mais ses basses mêlées, en re-recording, chantantes sans prendre le réel parti des fondamentales (l’un des questionnements de Joni que de réviser ce rôle de la basse) bouleversent ici tout ce que l’on avait entendu jusqu’alors.
Larry Carlton - ici dans un jeu qui ne lui est pas coutumier - sera l’indispensable complément  avec un jeu en contre chant, en pédales de volumes, en phrases émergeantes, jamais en solo, mais toujours soliste complémentaire.
De l’autre part Max Bennett et John Guerin, ex L.A Express (comme Tom Scott) - groupe qui fit des tournées avec Joni et dont un live (double) est absolument impérieux à avoir chez soi – assurent une rythmique à peine utile mais tellement nécessaire à certains titres.
La section rythmique… ici… c’est la guitare de Joni et autour d’elle, tout s’organise avec les talents et personnalités, spécificités de chacun, certains comme Larry Carlton, sortant carrément de leurs zones habituelles – presque - de confort, d’autres comme Jaco Pastorius se permettant d’aller bien au-delà de leurs expressions habituelles, car, contexte musical oblige, Joni n’est ni Weather Report ni B S & T…

Joni parle ici de rupture, d’amour, de relation de couple, de relation avec les hommes, tout court (« A Strange boy », ce petit ami de passage peut être heureux d’avoir été l’objet d’un tel titre…), de tournées et de voyage, de transports divers et variés, d’une vie décalée d’autant qu’elle est accro à la cocaïne et que sa conscience de cette addiction la fait également souffrir, allant jusqu’à visiter un maitre de méditation boudhiste afin de guérir de cette dépendance (« Refuge of the Roads » qui est ma chanson fétiche de l’album).
Elle parle aussi en femme et de femmes et les mêle à ses réflexions à sa vie du moment et à ses états d’âme. Amelia – Amelia Earhart – se retrouve ainsi prétexte au milieu d’un fatras sentimental, contextuel et de destinée féminine. Sharon, qui se réfère à son amie d’enfance Sharon Bell qui voulait devenir chanteuse et a épousé un agriculteur alors que Joni voulait devenir agricultrice et est devenue chanteuse… et qui évoque le suicide, celui de la petite amie de Jackson Browne, ex petit ami de Joni aux excès d’humeur violents…
On croise Furry Lewis, chanteur de blues, et Sam Shepard, cet homme à femmes, relation amoureuse de Joni (« Coyote »)…
« Hejira », titre de l’album et chanson magnifique se réfère à l’exode du prophète Mahomet de La Mecque à Medine, Joni déclarant qu’elle avait trouvé en ce terme chopé dans le dictionnaire… l’idée de « s’enfuir avec honneur ».

Avec « Hejira », Joni, lasse des musiciens rock qui avaient pour coutume de l’accompagner voulait s’entourer d’artistes ayant une autre approche, une autre conception de la musique et c’est à partir de là qu’elle a commencé à travailler avec des musiciens de jazz.

Années après années, « Hejira » m’inspire toujours.
Il y a dans cet album un nombre incalculable de trouvailles, de sonorités (ces guitares en open tuning qui permettent, justement au jazz modal de s’épancher), de détails qui, autour d’elle permettent de comprendre et apprécier comment transformer un matériau de chanson en un écrin d’une richesse in-imaginée.

L’œuvre  de Joni Mitchell est à ce jour considérable et elle compte avec un Dylan ou un Springsteen, par exemple, parmi les artistes qui auront marqué de façon durable et importante la musique américaine.
Il suffit d’écouter les démos qu’elle enregistrait avant de faire carrière sur son magnéto Nagra à bandes, pour comprendre que cette femme fait figure d’exception et doit être considérée en tant que ce tout relativement rare de auteure, compositrice, interprète…
Ces chansons reflètent une certaine destinée.
Il n’y a pas d’album de Joni Mitchell qui soit anecdotique, ce, quelle que soit la « période » pendant laquelle elle l’a enregistré… Folk (l’incontournable « Blue »), Jazz (« Mingus »), Rock (« Wild things run Fast »)… à chaque fois elle a surpris, et été passionnante.
Mais s’il y en a un qui est indispensable, cela reste bien « Hejira ».

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J’aime bien faire un petit « reset » de temps en temps…
Voilà…
C’est fait.


  





Commentaires

  1. Ce papier m'a ouvert de nombreux commentaire "A force d’accès quasi illimité à la nouveauté, on en oublierait presque de ressortir quelques bons vieux albums" Hoo comme tu as raison, il ne me reste que ma compil "vélo" qui ne prend que des 4 étoiles avec de nombreuses chansons d'albums de ma jeunesse. Ceci dit à force j'ai une compil qui couvre jours non stop... Pas encore l'idée de suivre ton exemple. Je me disais que ton post pourrait être l'occasion, mais en fait non, des quasi nouveautés pour moi.
    Et même cette partie "sans être bucolique comme la face B du III de Zep, n’exagérons pas" m'a fait prendre conscience que j'ai peu tourné cette face de Led Zep même en période Zeppeliniene.
    Du coup: le Winwood que je connais pas, une écoute agréable, cette même impression de familiarité quand j'écoute un "nouveau" Van Morrison.
    Belden: Une chouette surprise, que trois titres mais du coup je me suis tourné vers un album de Sting "... Nothing Like The Sun" en partant de "They Dance Alone" que j'avais sans l'avoir écouté refroidi qua j'avais été par le "Blue Turtles"..
    Enfin: "Hejira" il fait parti d'un projet sérieux d'écoute et d'appropriation, en fait sa disco en général. J'ai retenu ton commentaire "Il passe au fil des paysages, de la somnolence et de l’endormissement pour instantanément dès le clic symbolique de fin de lecture, être repris par un rewind toujours trop long et une habitude d’avoir toujours des piles de rechange" Que de souvenirs communs, je pense au baladeur et ses cassettes. J'ai écouté aujourd'hui donc "Hejira" soutenu par ton papier. "Hejira" et somnolence, cette même impression que pour le "astral weeks" de Van Morrison, besoin de se laisser aller pour se fondre dans ces compositions envoutantes. La force probable d'un album qui ne donne pas tout à la première écoute.
    Voilà, désolé pour "JACK DEJOHNETTE" et à la prochaine. Surtout que j'ai loupé ton papier précédent.

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    1. Comme toujours, quand tu passes ici ça n'est pas pour ne rien dire ni suggérer...
      Pour ma part, je commente chez les voisins de moins en moins, certains épisodes récents m'ont refroidi et finalement, avec le temps, je suis bien... chez moi.
      Je vais régulièrement lire tes articles et il n'y a bien que pour le classique que je sais qu'on peut échanger sans parasitage inutile et inapproprié.
      Je deviens probablement aigri de tout ce fatras d'inutilités.

      Là, tu l'auras compris j'ouvre une page d'albums qui m'ont marqué et m'ont été certainement, je crois, décisifs. Au point de les avoir écouté sans relâche, au point que quand je les ressort j'ai toujours ce même plaisir et cette même curiosité d'écoute.
      Winwood est vraiment l'un des premiers à m'avoir happé de la sorte et son influence sur mon jeu, ma gestion musicale, mon approche en groupe est indélébile.
      Bob Belden... sans lui, j'en serais certainement resté à une écriture d'arrangeur pédagogiquement classique ou d'usage. Grace à lui et d'une façon plus aisée d'approche qu'un Gil Evans que je vénère par exemple, j'ai pu certifier par l'écoute de ses arrangements que la culture musicale et l'écriture peuvent se rejoindre sans circuit limitatif... seul tes capacités d'ouverture et de technique d'écriture sont des freins.
      Mais c'est aussi valable pour l'instrumentiste...
      donc le musicien.
      Mais tous les instrumentistes ne sont pas musiciens - autre débat...
      Et tous les "grands" musiciens ne sont pas forcément de formidables instrumentistes... (Gil Evans ?)
      Joni Mitchell c'est une somme, une oeuvre, une référence obligée et donc comme tu le dit il faut prendre le temps - idéalement par périodes de sa vie créatrice - d'intégrer son univers. Je l'ai réellement découverte par Hejira et cette porte d'entrée m'a réellement bouleversé, un truc inexplicable que ce qui conduit à ce mot par la musique.
      Et qui dès que je mets cet album m'empêche de passer à autre chose, m'oblige à reprendre et y revenir sans cesse... l'émotion dégagée, sans fards, sans artefacts, sans effets de technique vocale ou instrumentale au travers de ces chansons me transporte littéralement.
      Pour Jack DeJohnette, je te laisse le soin de prendre le temps...
      Il y a dans mes chroniques précédentes de quoi l'associer si tu veux te faire un total free sans que ce soit pour autant prise de tête.

      Merci cher ami d'être passé ici.
      à très vite.

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  2. Chez Joni Mitchell c'est un parcours immense, avec des "périodes" folk, fusion, rock, jazz, symphonique... Hejira ... avant c'est folk et parfois rock, puis cette fois elle y est elle va barrer vers une forme plus orientée jazz.
    Belden c'est autre chose, un sacré arrangeur et concepteur. Là aussi une carrière à suivre.
    à +

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