JUILLET… Mi-parcours…
JUILLET…
Mi-parcours…
Et m… Jane est décédée.
On n’y pensait pas vraiment à son âge, restée l’icône qu’elle fut, accessible,
attachante, humaine et intemporelle.
Mais ça y est, ça nous a encore rattrapé que cette cruelle réalité du temps qui
lui, passe inexorablement.
Je n’ai jamais été vraiment fan en soit, mais comme j’ai été fan de Serge,
alors, de fait, Jane accolée à ce génie… elle est entrée, instantanément dans
cet environnement tant musical que poétique mais également déviant, rebelle,
quelque part, osé, pour sûr et érotique, bien sûr.
Alors les chansons de Gainsbourg/Jane finalement je les ai inscrites avec lui,
par lui et par elle et avec sa créativité, elles ont pris leur juste place.
Et puis, cette voix qui n’en est (fut) pas une… penseront certains, au sortir
elle a – encore le coup de génie de Serge – fait oser le chant autrement que la
braillerie, la performance, la surenchère et elle a installé la proximité,
l’intimité, la sensualité, le minimalisme d’un naturel qui aura simplement mis
en évidence l’interprétation sous une autre forme, plus réaliste, plus
personnelle, plus immédiatement suggérée, plus accessible et surtout palpable.
Alors se sont embarquées là-dedans nombre de ces « chanteuses » sans
voix à la différence près que seule Jane pouvait prétendre l’être sans l’être
pour autant, le revendiquer car porteuse d’une esthétique… exacerbée par elle,
celle de Serge.
Eh oui, l’adéquation parfaite voix, physique, fantasme et musique avec une muse
pour laquelle tout est écrit, dédié, mis en valeur, aménagé et finalement …
créé.
Elle aura chanté les poubelles et détritus, elle aura fait pleurer sur Brahms,
elle aura gémit pour un orgasme qui peut être aura installé l’idée de la
simulation à certaines, elle aura rappelé que le 69 c’était vraiment mieux
qu’une année de calendrier, elle aura parodié son physique qui pourtant en a
fait rêver plus d’un(e)… et elle aura été à l’origine d’un album culte en forme
de Melody…
Je ne vais m’étendre sur sa carrière d’actrice, ce n’est pas mon rayon, mais
côté rayon, quand elle apparaissait c’est certain que c’était un véritable
rayon de soleil, juste sa présence et…
Ouais, le temps passe et les étoiles qui ont éclairé le nôtre, de temps,
finissent par ne plus scintiller et puis s’éteindre.
Bon, tant mieux, on en parle presque autant qu’à la mort de Johnny…
Un juste retour qui rétablit l’équilibre entre la pureté, la naturel, la beauté
et la poésie et le vacarme de la Harley avec son cortège de beaufs.
Pourtant, Serge il l’a chantée la Harley, mais pas pour Jane.
Alors maintenant ils sont certainement réunis et c’est tant mieux et ils vont
pouvoir reprendre leur intime et indescriptible collaboration, celle qu’un seul
mot aura pu résumer : amour.
Merci Jane, tout simplement.
"Baby Alone In Babylone"... est (re)venu m'entêter.
---
J’écoute du classique… et alors !
Un peu provoc’ le truc, mais bon…
En gros quand on a tapé un peu plus de 4h voir 5h de jazz, pop, rock, chanson
fr… qu’on a bataillé avec le groupe du restau voisin qui ne lésine pas sur les
décibels, on charge le matos, on monte dans sa voiture et … avec un grand pfff…
on choisit instantanément le « paisible ».
Mais, cela dit, le matin quand je me dois de prendre la voiture, ma tête
oscille entre du jazz bien pêchu et du rock. Alors je pars en découvertes, je
ressors mes vieux démons, je fouille, je cherche, je note car, justement, pour
l’inspiration mentale et digitale du soir, rien de tels que… écouter pour
assimiler et essayer.
---
Soir… retour…
« FRESCOBALDI AND THE SOUTH – INTENDOMI CHI PUO CHE
M’INTEN’DIO » - FRANCESCO CORTI (Harpsichord) / Arcana 2023.
Le clavecin, au fil des décennies d’enregistrement discographiques, a une cote
de popularité en dents de scies.
Compagnon de logique obligatoire du renouvellement baroque, on l’aura trouvé
caché au sein de ces orchestres, ensembles et autres formations dit(e)s à juste
titre « sur instruments d’époque ».
La vague semble en cette nouvelle décennie, et c’est heureux, repartir en force
et s’être de nouveau élargie pour une bienheureuse noblesse.
Le jeune français Jean Rondeau participe grandement à la remise en place sur
l’échiquier de cet instrument du répertoire solo.
Ici j’ai jeté mon intérêt sur la sortie toute fraiche de cet album initiatique
autour d’un compositeur et de son apanage d’influences, mais également d’un
répertoire avec les usages et les coutumes lié(e)s à une délicieuse époque,
celle du XVIIe siècle.
Et d’un focus géographique mettant en reliefs musicaux, mais également sociaux
et populaires, l’Italie du Sud.
Frescobaldi (Ferrare/1583 – Rome/1643) après plusieurs postes lui permettant
d’asseoir sa réputation tant de claviériste que de compositeur se voit nommé en
1608 organiste de Saint Pierre de Rome.
Avec un tel statut, car l’on peut imaginer que ce poste était éminemment prisé,
le voilà en capacité -du fait de sa « position » et d’une certaine
notoriété – d’innover, d’oser, d’inventer et d’installer une sorte d’école
stylistique, d’être en quelque sorte un « influenceur » musical.
Francesco Corti est parti à la recherche des « influencés » et par un
travail de chercheur a mis en analogie tant pièces que compositeurs afin de
mettre à jour l’évidente lignée, influence, direction esthétique.
De Toccatas, Capriccios, Extravagances, Ricercare et Partitas voici qu’un
délicat voyage dans ces temps de raffinement et d’élégance va s’offrir à nos âmes,
apportant une sorte de paix, de quiétude là où l’on penserait l’instrument peu
enclin à la finesse de l’interprétation ce simplement du fait de sa conception
mécanique et encore de ses possibilités sonores.
Frescobaldi était considéré comme le plus grand claveciniste de son époque et
sa musique pour clavecin, il l’a dotée d’un vecteur tout particulièrement moderne
à l’époque à savoir, l’imprimerie.
Il faisait éditer minutieusement ses œuvres, les précédaient de notes
explicatives pour l’interprète, bien souvent philosophiques, énigmatiques,
sortes de labyrinthes, de rébus, où celui qui pénètre doit trouver finalement « sa »
solution.
« M’entende qui peut, moi, je m’entends ».
Il souhaite la liberté d’expression, le laisser aller vers l’imprévisible et en
même temps il insiste sur chaque détail, précisant les lignes, les courbes, les
trilles, les ornements avec le plus grand soin.
Ambigu, énigmatique… mystérieux…
L’écoute de cet album transporte de l’autre côté du temps, vers ces lieux,
espaces et vies où le temps, justement, avait une dimension ou une valeur que
nous ne connaissons pas. Ici, il est presque possible de l’imaginer cet
« espace temporel » et ce voyage, avec ces musiques qui l’ont fait,
est un détachement mental sur le temps.
---
Matin… aller/retour.
RON BOSSE
« Next Level » - Deep Cat Records 1997
Dave Barazza (ténor Sax) / Christian F Bausch (Contrebasse) / Rob Egan (Batterie)
/ Will Hudgins (Vibraphone) – Ron Bosse (Guitares).
RON BOSSE AND PURSUANCE
« Emotion and intellect » - Deep Cat Records 1999.
Dave Barazza + Gary Thomas (ténor Sax) / Paul Beaudry (Contrebasse) / Rob Egan
(Batterie) / Will Hudgins (Vibraphone) – Ron Bosse (Guitares).
Deux albums à enchaîner, à savourer si l’on veut du jazz.
Ces artistes-là, également professeurs revendiqués ayant même leur propre
établissement et issus de la célèbre Berklee School connaissent leur jazz sur
le bout des doigts.
Une connaissance parfaite d’un langage complètement maitrisé et qui ici, prend
directement de plein fouet.
Définir…
Hmm…
Un peu comme si Coltrane avec Elvin rencontraient le Gary Burton Quartet avec à
ses côtés Pat Metheny, celui des audaces free et fan d’Ornette.
C’est impressionnant de savoir-faire, de fusion entre protagonistes, de
cohésion et on va trouver là toutes les astuces, les trucs de connaisseurs mis
en synthèse sous des compositions toujours captivantes, convaincantes.
Les tempos se brisent, se doublent et se dédoublent en l’espace d’une
exposition thématique, le swing ne perd jamais prise sur le jeu complètement
libre et en même temps parfaitement dirigé des protagonistes.
Rob Egan offre un véritable festival pour tout batteur qui se reconnait en
jazz, oscillant principalement entre une liberté énergique à la Elvin et une
technique foisonnante semblant issue du Tony des débuts.
Le drive et l’inventivité des contrebassistes associé à leur précision tant
rythmique que de justesse impressionne.
Le jeu guitaristique véloce mais toujours responsable
(harmonie-rythmique-relances…) fascine.
Et c’est sans parler de ce vibraphoniste, carrément impressionnant d’imagination
et de tenue, d’aisance et doté d’une capacité technique saisissante.
On a classé ça en « post bop », ce serait nettement négliger les
nombreux passages où le free, bien réel, s’invite afin de débrider avec une
totale pugnacité énergique un propos qui n’hésite pas à s’affranchir des codes
tout en les utilisant en parfaite connaissance.
Des duos sax batterie qui obligent à s’emporter, des traits cristallins de vibraphone
qui agitent et agacent le propos, une guitare qui circule en toutes occasion et
qui lead sans être leader omniprésent et une basse en permanente abstraction.
De quoi trouver là l’éternelle satisfaction et remercier ces quasi inconnus d’être
tout simplement porteurs authentiques du message qui se devrait être actuel du
mot jazz.
---
Midi et mi-journée…
Chaleur écrasante – il faut du rock pour se sortir de cette masse enveloppante
et pénétrante.
URBAN VERBS « Early Damage » - Warner 1981.
J’ai bien sûr déjà chroniqué cet album, il y a trop longtemps, dans mon premier
blog.
Le retrouver enfin en streaming, c’est au-delà du terme de satisfaction.
Pour moi, s’il est un album essentiel début eighties entre punk et new wave,
ces appellations tellement, comme toujours réductrices, mais permettant certes,
d’y voir un peu clair, ce sera celui-ci.
Parler croisement là encore afin d’imaginer une jonction entre The Cure et les Talking
Heads, Siouxie et Peter Gabriel avec le Velvet et Cale en toile de fond…
C’est dire et c’est peu.
Lillywhite et Glixman sont aux manettes ingé et prod, le son est énorme, tendu,
glauque et pénétrant.
Le groupe est sous tension permanente et trépigne d’impatience.
Le studio/scène obscure de club-squat de fond de ruelle de zone industrielle est à eux et ils s’emparent
« soniquement » de tout l’espace, hurlant leur message à la face du
monde.
Ce groupe possède au travers de cet album une énergie absolument incroyable et
c’est bien ce qui en 81, dès sa sortie m’a immédiatement fait foncer vers eux
et bien entendu le nom de Lillywhite.
On sort de là lessivé, passé au rouleau compresseur de cette batterie qui martèle
ses fûts sans fléchir, de cette basse aux lignes reptiliennes, de ces guitares
envahissantes et créatrices des plus torrides ou sombres atmosphères, de ce
chant… ah… ce chant ! David Byrne a dû en faire des cauchemars le jour où
il a entendu ça… ce chant t'envoute, te happe, t'absorbe...
Rarement un groupe issu de cette mouvance m’a réellement produit un tel effet,
fasciné, absorbé et obsédé.
Urban Verbs avec « Early Damage », un peu comme le « Broken
English » de Marianne Faithfull ou le « Remain in Light » des TH
ont laissé cette trace qu’on dit indélébile dans ma mémoire et elle ne s’est
toujours pas effacée, il est des marqueurs qui résistent au temps.
Le temps…
---
Merci fidèles lecteurs…
à très vite pour forcément, des suites…
Je passais initialement faire un coucou. Je suis lentement sur ta SOULII. Jeudi à Juan les Pins avec - maintenant - ma femme Pascale.
RépondreSupprimerMelody Gardot et Yun Sun Nah. Et le soir tard de relire et à haute voix tes papiers sur Madame Gardot, dont sa collaboration avec le fiston Powel présent sur scène. J'y reviendrai, sans surprise comme toi - et comment - séduit par Melody Gardot. Et emballé par Yun Sun Nah je pense y revenir. Et j'ai commencé à lire ce papier. Happé sur la partie CLAVECIN qui reste l'instrument qui me déplait... m'agace. Peut-être ici l'occasion de changer d'avis?
Comprendre déjà que le clavecin dans les opéras de Mozart n'est pas le meilleur moyen d'apprécier l'instrument, ce que je découvre à l'écoute de FRESCOLBADI... Et aspect psychologique, par cette chaleur à Menton, une impression de fraicheur... mais oui
SupprimerLe clavecin a souvent eu mauvaise presse, dénigré, etc...
SupprimerPourtant sa littérature est énorme et aura également été "transposée" au piano, cela déforme bien entendu le propos initial.
J'ai toujours aimé cet instrument, sa sonorité, son côté poétique et sans âge et la musique qui lui était destinée.
Ah Melody...
bonne soirée
C'est un peu ça, les traces bien lisibles d'un monde et d'une époque qui s'effacent lentement et progressivement...
RépondreSupprimerjuste l'accepter et faire avec