QUIET NIGHT – (of) QUIET STARS…

 QUIET NIGHT – (of) QUIET STARS…

Chaleur, Torpeur.
La coolitude est de mise.
Laissons-nous aller.

 

JOHN PIZZARELLI – « Sinatra And Jobim » / Concord 2017.

Sinatra a traumatisé tant de chanteurs…
L’album Sinatra et Jobim, auréolé de ces cordes subtiles et de cette décontraction tant dans le chant que dans l’enrobage a forcément touché un nombre incalculable de musiciens.
Il aura emporté un nombre phénoménal de fans et renforcé le pouvoir de cette bossa aux guitares chargées d’harmonies complexes, syncopée, en mettant cet adage rythmiquement aérien en sensation.
Cette bossa où le saxophone moelleux et forcément ténor, à l’image d’un Stan précurseur, est obligato…
Une cool attitude, un autre blues, une imagerie récupérée de plages divines et enchanteresses, de cocktails et forcément de filles en bikini minimal et de rêve.

J’écoute souvent cet album sur lequel je n’ai cessé de revenir dès que le mot bossa m’effleure l’esprit.
Il a tous les bons ingrédients du genre.
Il s’écoute avec un plaisir moins chargé de légende que celui de Sinatra.
Getz et Joao ne sont pas loin jazz et bossa y sont les meilleurs amis du monde , Astrud passe par un rai de lumière, Michael Franks – ce féru du genre et du Brésil – est plus qu’en filigrane et Bebel aurait pu être présente sans hésiter, afin de participer à ce déploiement de non effet, de non virtuosité, de classe absolue et de décontraction affichée.
Oh, John n’est pas le chanteur du siècle, il murmure, susurre, reste si soft…
Daniel Jobim se charge de l’aider et ainsi la sauce prend, le cocktail laisse paraitre l’arrière fond de lumière chaleureuse sur ce fond bleu, parfois blues, mais plus océanique que citadin.

Ici la souplesse est le maitre mot. Elle se diffuse de part et d’autre entre une batterie légère qui même quand elle s’intensifie reste « au service », une contrebasse en perpétuelle promenade autour de son pattern de base, une guitare pointilliste, un piano saupoudré, marque du genre et un sax aux échappées ensoleillées.
Cela s’écoute pendant des heures avec cet éternel côté de déjà vu mais présenté autrement, ou juste à peine différent.
On connait cette cuisine, presque par cœur, saveur par saveur…
Et c’est bien pour ça qu’on l’aime – il y a des endroits pour habitués, où l’on est bien et « chez soi ».
Ici, c’est le cas.

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ALANIS MORISSETTE « the storm before the calm » - RCA 2022.

Improbablement improbable qu’un tel album.
Pour celle ou celui qui a en tête dès le nom prononcé de Alanis, cette diva qui pousse dans le rock bien FM, il y a de quoi être dérouté… ou envouté.

Dérouté – j’aime l’être. Alors dès la première plage, malgré l’attente éventuelle d’une échappée vocale carabinée, sortant de cette masse nébuleuse, j’ai imaginé que ce ne serait pas si mal, pourquoi pas, que d’en rester globalement là.
Là…
C’est-à-dire dans cette ambient music assumée et non de pacotille, dans cette zenitude qui imprègne chaque pore de la peau, dans ces plages aériennes s’étalant vers l’horizon et qu’aucune attaque, pique, accent tonique ne vient perturber.

Envouté – je l’ai été très vite. J’ai même préféré directement choisir cet album pour l’apport calme et sérénité, à la maison, à la route (nocturne mais pas exclusivement, juste quand on a l’esprit vide de tout souci, de toute réflexion, ce que j’ai lors de mes trajets où je vais me produire).

Les férus du genre ambient dont je suis mettront très vite cet album dans leurs « favs ».
Les salons de massage et zen devraient absolument en prendre connaissance.
Et nous, simplement se laisser aller à faire divaguer l’esprit, en oubliant la chaleur et le poids du corps, au gré de ces nuages sonores qui se déplacent imperceptiblement dans un espace implicitement spirituel.

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JEFF GOLUB  « Temptation » - Higher Octave 2005.

On appelle ça le smooth jazz.
Ce genre aux States a ses radios, ses afficionados et une pléthore d’artistes qui de clubs en festivals font la une, stars ou en devenir, entourés de pointures ou de perfectionnistes tant du son que du détail instrumental, arrangement, savoir-faire, etc…
C’est, au cordeau…
Il y en a qui au bout de un titre et demi te font passer direct en mode zapping.
Il y en a qui ont pignon sur rue, dans cette hyper production sophistiquée.
Il y en a qui ne sortiront pas des hautparleurs de l’ascenseur, du supermarché ou de la radio d’entre deux pubs…
Et il y a des découvertes, comme Jeff Golub, ce beau gosse à la Robert Palmer, qui distille de sa guitare au son jazz trop souvent assimilé à Benson, des notes perlées, délicieuses et fun.
Le phrasé chante en permanence, le feeling est dans chaque recoin.
C’est classieux à souhait, comme le veut le genre, mais là on a touché la classe supérieure.
Le groove est en chaque titre, des cuivres implacables apportent la pêche nécessaire, le rhodes et quelques orgues tapissent sous cette rythmique qui fait dodeliner la tête, bien irrésistible, imperturbable.
Le rythm‘n’blues est ici fondamental et c’est peut-être pour ça qu’instantanément le corps participe à ce non déballage virtuose, à cette non frime, à ce conformisme anti intellectuel dont le seul mot d’ordre est plaisir.
Je n’ai l’ai donc pas boudé ce plaisir et, face à tant de classe, à l’appel de la piscine… je n’ai pu résister.



Y’en aura d’autres…
En attendant, profitez tant que possible et oublions avec ces albums, le temps d’un fugace moment, ce quotidien…



 



Commentaires

  1. Golub!! Merci, encore inconnu pour moi jusqu'à ton article. La comparaison à Benson, évidemment comment l'éviter. Du coup je me suis laissé tenter par d'autres albums. Dont SOUL SESSIONS pas résisté à l'invitation même si pas encore écouté. Alanis (pourquoi je pense à ALISON Pfff) en fait j'ai profité de ton évocation pour retrouver l'album qui a fait son succès... pas encore écouté ce que tu proposes... absurde? mais c'est l'envie du dernier Klaus Schulze qui s'impose dans mes recherches, nostalgie. Et Pizzarelli, dire que c'était mon premier choix et puis lecture avançante. Toujours un plaisir!!

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    Réponses
    1. Le dernier Schulze...
      J'en sors sur une quasi semaine...
      Je vais certainement en causer. Impossible de faire autrement.
      Pizzarelli a été une découverte également pour un de mes amis et il a bouffé toute sa discographie depuis.
      Alanis - grosse surprise, voir si on passera au delà de cette première sensation quasi inédite.
      Et pour conclure avec ce smooth jazz sur lequel, de fait je me suis vraiment enfin penché.
      Faut sortir certains du lot et d'autres y restent à jamais...
      Golub est une exception - mais y'en a d'autres et je crois que je vais écrire aussi un truc un peu fouillé un de ces 4 sur le genre smooth.

      merci de ton passage et de tes pérégrinations autour de cette chronique.
      là, je suis dans Beethoven... ça fait du bien.
      amicalement

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