VOIX, GROS SON, GROSSE PROD…

 

VOIX, GROS SON, GROSSE PROD…

C’est la rentrée, l’éternel casse-tête (et pour moi le dernier avant retraite) des titres à trouver, à faire écouter, bosser, repiquer…
On en cause l’été entre deux sets de zic entre musiciens ayant laissé le costume de prof pour jouer ensemble, on remet le sujet dès la rentrée à l’ordre du jour…
Bref, ça ne nous lâche pas.
Quelle sera la tendance ?
Vers quoi irons-nous ?
Qu’est ce qui te fais kiffer en ce moment et que t’as envie de partager, faire bosser ?



D’écoutes en découvertes et sans bannières d’a priori j’ai bien entendu fait mes set list…
Forcément du oldies, genre qu’on estime obligato…
Mais j’aime toujours oeuvrer dans ce qui sort, le streaming finalement est devenu en quelques années l’outil le plus pratique pour qui veut creuser l’oreille tous azimuts dans « la nouveauté ».

Le dernier Billie Eilish « Happier than Ever » aura été un point de départ de discut’ enflammée.
Je suis parti de là…
Mais n’y suis absolument pas resté, même si j’admets volontiers une qualité, un dépouillement qui creuse vers l’émotionnel certainement souhaité et disons… exprimé.
En tout cas, passer à côté ne serait pas hérésie à mon sens, pourtant les sommets d’iceberg ou certains arbres proéminents ont ce malencontreux pouvoir de masquer d’autres reliefs, d’autres aspects, d’autres vues pourtant tellement intéressantes…

J’ai pioché, écouté, sélectionné.
Faisable, ou pas… et gardé aussi… pour moi…
Oh, sérieux ! tant qu’à faire.

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FREYA RIDINGS « Freya Ridings » (2019- Good Soldier record Limited) .

Difficile de se séparer de cette voix…
Un peu comme quand on se lance dans London Grammar, on est directement accroché, sous ce qui s’appelle communément le charme.
Si vous allez sur Wikipédia, vous en saurez plus et constaterez un CV plutôt bien rempli et surtout un départ pour la musique qui expliquerait qui sait, ce que l’on perçoit lors de la première écoute de l’artiste.
Un piano limpide, une voix profonde, chaleureuse tournée vers le médium grave (alto mais peu importe) et « Poison », premier titre mêlant 4 temps binaires avec mix de mélanges ternaires interpelle directement.
Le son est puissant, les arrangements efficaces et d’un agencement ciselé qui permet la mise en valeur de la voix et du jeu instrumental de l’artiste.
On plonge dans le mythe celtique, comme si une Loreena McKennitt avait tourné ses tenues diaphanes pour une rock attitude.
On est happés par cette émotion à fleur de peau qui ne laisse insensible tout au long de l’album.
La production est en clarté mi obscure, correspondant parfaitement à l’identité de cette artiste qui m’a été une sacrée révélation et m’aura emplit l’âme dès que sa voix et son piano prirent place dans l’espace, le chargeant d’une rare intensité émotionnelle.
La magie a opéré…

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NAIA IZUMI « A residency in Los Angeles Area » - Masterworks 2021.

Lui est bien présenté, bien vendu, bien mis en valeur…
Autisme diagnostiqué à 16 ans, plongée dans la zic, références plurielles oscillant entre les piliers de la musique afro américaine tels que Stevie Wonder ou Lauryn Hill, le prog de Crimson ou l’aventurier John McLaughlin, sur fond de groove d’instruments divers et inédits ou injectés (Koto)…
Restait à pénétrer l’univers accrocheur sur le papier de présentation, comme un produit qui contient plein de trucs attirants – le goûter…
Bon… c’est fait et je reste un peu accroché tant que véritablement mitigé.
L’impression d’un fourre tout que je ne qualifierait pas de génial, loin s’en faut, mais de talentueux, pour sûr.
Oui, ça groove, si l’on veut bien se pencher vers cet axiome, mais ce groove là ne m’embarque pas spécialement, il est trop … sophistiqué pour s’ancrer dans le corps, mais bon ceci dit, parfois ça le fait tout de même.
Les racines funk, groove, r’n’b sont là, indéniables, incontournables et révélatrices, sortes de bouées bienfaisantes auxquelles on va s’agripper si le bonheur l’on veut trouver.
La voix falsetto émergeant de ce fatras compositionnel, organisationnel, en arrangements usant de la volteface, cassés, breakés, puisant çà et là dans le référentiel est pure, parfaite, légère, sensible… bref chargée de nombreux qualificatifs et pourtant, pas un seul instant elle ne m’a transmis la moindre émotion, le moindre plaisir, la moindre charge sensitive…
J’ai donc finalement abordé cet album présenté comme un trait de génie avec analytique, décryptage musical spécialiste, pointillisme du détail, périphériques tels que prod, son, accords, gestion de l’espace…
Bref tout ce qu’on réalise une fois qu’on a adhéré, mais qui ne devrait être l’option primaire…
Bon, il a le temps…
Il va surement un jour, aller à l’essentiel, d’autres y sont passé.
Le talent ne fait pas la musique, la technique et la maîtrise de la musique non plus (quoi ? j’ai écrit cela ?) – c’est parfois ailleurs que se trouvent les choses…
Et cet ailleurs est là, dans cet album, sauf qu’il faut sacrément chercher pour le trouver. Je l’ai juste perçu, certes, mais bon, s’il faut en passer par là…
A vous de voir…

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LEELA JAMES « See Me » - BMG Right Management 2021.

Le son est sec, brut, massif et direct et d’un coup… cette voix !
On sait que tout va aller en ce sens, évidence, accroche immédiate.
La soul (nu soul) est là, tellement présente, tellement incontournable.
On a parlé de groove et là aussi c’est directement immuable, on se fixe, sans y penser à ce beat autour duquel Leela James vocalise, rappe, mélodise, chante quoi… ça ne vous lâche pas.
Bien sûr on argumentera que c’est très immédiat, direct, chargé de clichés d’arrangements r’n’b de genre afin d’un impact direct…
Oui, j’entends…
Mais j’entends autre chose, une émotion, une implication, un feeling qui nous vient de loin, de ce qu’on aime ou a aimé.
Alors cette actualité sonne en rappel, elle fait appel à une part de nos sens qui ont forcément adhéré à Etta, Aretha, Michael, Alicia et tant d’autres Tina, Marvin (« you’re the one ») …
Alors, forcément.
Oui, forcément et sans plus réfléchir… on se laisse implicitement « danser ».

 

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SABRINA CLAUDIO « Truth is » - SC Entertainment 2019.

La voix marque directement le conduit auditif tant sa présence est une proximité sensuelle et quasi érotique.
Le son est massif, sali, parfois saturé et pourtant étonnamment produit avec clarté et limpidité.
Un merveilleux paradoxe.
Là encore, immédiateté avec une curiosité car l’axe proposé embarque vers quelques contrées qui interpellent. La voix, certes, mais plus de musique, bien plus et ce à chaque morceau…
Par la présentation, l’arrangement, les choix instrumentaux et leur gestion.
Le titre éponyme « Truth is » en est un parfait exemple, son dépouillement avec cependant une richesse de recherche de timbres, tout cela au profit de la sensualité vocale…
Ces cordes en version « de chambre » qui finissent par s’immiscer pour prendre un certain pouvoir…
Beaucoup d’idées, d’espace, une production intelligemment mise au service de l’identité vocale et artistique.
Quelques invités choisis (Zayn) venant compléter en finesse ce chemin popisant, groovant, hispanisant, latinisant, dansant mais pas forcément, ensorcelant en tout cas…
Difficile de s’en défaire…

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JORJA SMITH « Be Right Back » - Famm Limited 2021.

Un bel exemple d’une sorte d’archétype de la production parfaite, bien agencée, bien léchée dira-t-on.
Succès planétaire 2018, retour attendu de fans d’une première heure récente, bref, les éclairages sur ce EP ont été agencés.
Moi, franchement, cette actu r’n’b, insta et Dua Lipa en tête je la suis comme on feuillette un compte du même nom, des fois on s’arrête, on flashe sur une annonce, une image, c’est varié et tellement divers.
Ca a été le cas ici.
Et je me suis arrêté, et j’ai pris en compte pour finalement vraiment apprécier.
Car au-delà de l’image, du concept encadré et qu’on veut formaté il y a artiste, talent et surtout musique.
Donc vous savez bien que dès qu’elle est là, cette musique, bah, forcément, j’arrive…
Et elle ne quitte pas un instant ces titres qui s’enchainent avec l’envie curieuse et gourmande d’en avoir un peu plus à chaque fois et c’est bien le cas.
La voix de Jorja Smith force immédiatement l’attirance, là encore sensualité, mais aussi aisance laid back, coolitude, rap envoutant…
Elle s’impose d’elle-même, sans force, sans insister, sans effets juste… naturelle.
Une classe naturelle…
Alors j’ai mis tous ses albums remix et ep en file d’enchainements et j’ai pris la route…
Et j’ai presque failli m’arrêter sur le premier parking à l’écoute de « Right Back », mais j’ai préféré mettre le replay… whaou… mais purée, quel groove ! et seulement 1mn54… frustré…

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GREENTEA PENG « Man Made » - MAF Records 2021.

Bon elle, ça fait un bout de temps que je voulais en parler…
mais le temps, bon…
Et ça a commencé avec cet album, le genre de truc qui te tombe dans les oreilles, chargé de dub, d’electro, d’Asian Underground…
Juste qu’une fois qu’on est barré dans ce trip on a du mal à en sortir – si j’use du mot trip c’est que je peux faire un parallèle avec un temps lointain où j’associais la musique avec certains voyages.
Là, je suis parti direct, sans hésitation et suis resté dans ce trip vraiment cosmique quasi une semaine entière…
Puis j’ai creusé sa carrière et idem…
Si les Beatles avaient existé aujourd’hui ils auraient imaginé un « Sergent Pepper » kaléidoscopique de la sorte…
Si Sweet Smoke avaient eu de tels moyens « Just a poke » aurait décollé vers la stratosphère au lieu de faire un vol expérimental.
Les moyens musicaux sont là (sacré zicos), les moyens créatifs pourtant pluriels et multiples ne s’égarent jamais en tout sens et pourtant on est face à un kaléidoscope musical permanent avec des collages référentiels identifiables, mais tellement bien utilisés, mis en valeur…
La production c’est du lourd, ça fait travailler le caisson de basses…
Et Greentea, mais quelle chanteuse, artiste, femme, musicienne…
Comme si Sade avait participé à une jam sous acide, enfin une image quoi…

C’est là que je quitte ce voyage, allez embarquez, y’a de quoi se régaler…
Qui a dit que la production actuelle manquait de créativité et d’imagination ?…
Moi peut-être, mais c’était juste avant, là cette fois on y est…
Et c’est franchement encourageant, enthousiasmant, trippant, gouteux…

 

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