JAZZ NEWS 2025 – chapitre 02
JAZZ NEWS 2025 – chapitre 02
On va continuer l’exploration mi XXIe jazz…
Cette fois, je prends ces cinq albums sortis en même temps, à la donnée très
cosmopolite qui les rend, de fait, particulièrement riches, empreints de
cultures réellement affirmées et d’influences aussi diverses qu’actuelles
pouvant sans hésitation s’insérer dans l’idée de jazz.
Le jazz est véritablement universel, quand j’avance cette évidence, je constate
ici qu’il est tant multiple qu’identitaire.
Une forme lointaine de swing va se mêler au funk, hip hop, groove, rock, pop,
latin et selon l’identité nationale (non, je n’ai pas dit un vilain mot) du
groupe, ses traditions, sa musique traditionnelle, ses instruments même … et
bien sûr les modes de jeu qui s’y référent s’invitent naturellement dans le
jazz.
L’improvisation reste maitresse du jeu et les compositions, les remarquables
arrangements qui leur sont dédiés permettent à celle-ci de se produire hors de
certains cadres communs.
Jazz donc, ou du moins ce qu’il serait bon de transférer comme « esprit du
jazz » - et c’est là que tout devient particulièrement intéressant.
Les cinq albums et leurs groupes (souvent des collectifs) sont chacun créatifs,
pas ou si peu de « reprises » et si c’est le cas le traitement de
celles-ci dépasse l’habituel critère standard tel que le jazz nous y a habitué
depuis tant et tant de lustres.
Ils ont également et forcément des influences que l’on peut déceler, qui
s’affichent ou qui nous rappellent ce « petit quelque chose », mais
ils mettent tout cela en synthèse pour créer réellement une vision pas
forcément expérimentale ou futuriste, mais en tout cas universellement très
actuelle.
Avec ces groupes, le jazz, à ce demi-siècle est finalement … actuel, prenant en
somme et considération créative un package encyclopédique diversement culturel et
… c’en est enthousiasmant.
Alors certes, des orientations et des choix se sont faits, selon et c’est ainsi
la création, les influences subies par les musiciens des groupes, influences
collectives, individuelles, traditionnellement culturelles, familiales,
amicales, bref artistiquement affichées.
Dans cet immense melting-pot où l’on va se prendre qui sait, à chercher et
comprendre, j’ai écouté de nombreuses fois pour avoir diverses approches et
finalement l’abord initial de se laisser faire et adhérer (car j’ai adhéré à
tout) est la seule ligne qui m’a semblé valable tant ces musiques proposées
sont d’une richesse infinie.
Pas révolutionnaires…
Pas expérimentales…
Pas prise de tête…
Juste actuelles et parfois très surprenantes.
01- KNATS : « Knats » - Gearbox Records 2025.
Stan Woodward: bass guitar | King David Ike Elechi: drums | Ferg Kilsby:
trumpet | Cam Rossi: tenor saxophone | Sandro Shar: keyboards | Parthenope:
alto saxophone on “500 Fils” | Richie Sweet: congas on “Rumba(r)” and “Adaeze”
| Tom Ford: electric guitar on “Se7en” | Anatole Muster: accordion on
“Miz" | Miro Treharne: vocals on “In The Pitt” | Otto Kampa: alto
saxophone on “In The Pitt” | Matt Seddon: trombone on “In The Pitt” | Enya
Barber: violin on “Tortuga (For Me Mam)” | Sam Booth: cello on “Tortuga (For Me
Mam)”.
Ils sont de Newcastle, c’est une histoire d’amitié entre Stan, King David Ike
et Ferg, et aussi une histoire de famille et de proches. Stan, principal
compositeur, témoigne ici de sa relation affective avec son père (le DJ Se7en
sous le titre « Se7en »), de son amour pour sa mère (et pour ce
faire, sort les cordes dans « Tortuga (forme Mam) », magnifique titre
d’ailleurs) et rend hommage à sa sœur décédée (Adaeze » qui conclut
l’album sur des beats africains, au sax réverbéré comme s’échappant dans les
cieux et à la mélodie céleste).
Cet album traverse le groove, prend racine parfois chez les Brecker Brothers,
bifurque probablement chez Snarky Puppy, va chercher de nombreuses influences
et racines d’écoutes musicales (Afrique, Gospel, Rhumba, Traditionnel) et il
est avant tout scellé par cette production anglaise inimitable.
Dès sa découverte je n’ai eu de cesse de l’écouter, il possède une vigueur
immédiatement attractive.
Chaque titre est soigné et laisse place à des arrangements méticuleux soutenus
par une section rythmique tant imaginative que d’une immense précision,
implication, feeling.
Les solistes (basse, trompette, accordéon, claviers, saxophone, etc…),
biberonnés au jazz, s’échappent de cet axe écrit et soudé collectivement avec
un brio qui n’est jamais démonstratif mais toujours imprégné du sujet exprimé.
Ils fusent de partout, ils investissent la place mais sont induits « dans
le son », intégralement pensés avec la composition et l’arrangement.
Knats est un de ces groupes à connotation actuelle qui regorge d’énergie
bienfaitrice et qui est tant subtil (l’arrangement magnifique du thème de Joe
Henderson « Black Narcissus », mené par un drumming audacieux), que
pugnace, volontaire, résolu et déterminé, car derrière ce déploiement musical
fusionnel ils veulent porter un message de soutien aux personnes atteintes de
troubles mentaux et rappeler qu’il faut être là avec elles, les aider et les
comprendre.
Cela peut sembler, qui sait, éloigné de la musique lumineuse que l’on entend
ici, mais si, justement cette lumière, cette dimension intense qui parcours
l’album étaient bénéfiques, réfléchis en ce sens… après tout, à chacun l’idée
qu’il peut avoir sur ce sujet complexe et épineux qui semble les avoir touchés,
tous, individuellement et collectivement.
Knats est donc comme une famille, des amis, frères de longue date, réunis en
musique et leur choix esthétique tendancieusement jazz-funk, groove s’agence
autour de cet axiome de véritable groupe, de fusion collective et c’est aussi
ce qui fait la force de la musique proposée, que cette puissante osmose.
Knats a pris le pourvoir chez moi, dans ma voiture, dans mon quotidien un bon
nombre de fois.
Cet album s’écoute en boucle et est chargé de bienfaits.
Ils se veulent l’emblème musical actuel de Newcastle.
Et si c’était, en plus l’occasion de les écouter en bande son pour découvrir
vraiment ou autrement cette ville…
02- ENJI : « Sonor » - Squama 2025
Enkhjargal Erkhembayar : vocals | Elias Stemeseder : piano, wurlitzer, rhodes |
Paul Brändle : guitar | Robert Landfermann : double bass | Julian Sartorius :
drums | Matthieu Bordenave : soprano sax on 'Hungun' | Khasar Ganbaatar :
baritone sax on 'Much'
Enji chante en allemand, en anglais mais aussi en mongol.
Enji a vécu à Oulan Bator toute son enfance, puis elle est partie
« étudier » le jazz à Munich, suite à un programme de formation pour
ensuite se lancer dans ses projets artistiques.
Entourée de musiciens allemands, suisses, anglais, mongols et français elle
propose un album (son second) où la vie passe par le filtre de ses émotions et
se déplace à travers elles en langages multiples, en sensations couvertes par
le jazz ... et sa culture originelle.
Chaque chant, donc chanson ouvre un champ de possibles inédit dû, d’une part
aux langues, mais aussi à l’espace, comme à l’idée musicale qu’il soumet.
Dès « Hungun » avec son saxophone soprano disparate, on tombe sous le
charme immédiat et on a envie d’en savoir plus, d’aller plus loin, d’entrer
dans cet univers aux aspects semblant familiers mais au décorum qui surprend.
« Sonor »…
Pas de révolution en marche, pas de revendication affirmée, mais un regard en
douceur sur la vie, l’aujourd’hui…
On écoute, on se laisse subjuguer.
Aucun effet vocal ne vient briser ce parcours diaphane, proche du méditatif,
aux mélodies qui s’étirent dans le temps distillées par une voix où une réelle étiquette n’est de mise.
Ni sombre, ni réellement lumineux, l’album évolue en une atmosphère empreinte
de sérénité tout en étant chargé d’une réelle sensation d’inédit, d’entendu
sans l’être.
La récupération mixte de tant de cultures peu mises en avant et en particulier
dans une sphère jazz installe certainement cela.
Enji parle, chante, vocalise (« Unadag Dugi » - « Neke »)
et utilise la musique dans son actualité pour son message et de grands espaces
s’ouvrent, un jazz que l’on voudrait similaire à ECM se dessine au loin, mais
ce « rapport » s’arrête très vite là.
Sa musique n’a pas besoin d’une affiliation de label.
Elle se suffit en elle-même et les contrées qu’elle nous offre à découvrir avec
un minimalisme de présentation qui distille le son, l’harmonie et la pureté
mélodique dans un espace large et aéré prendront vite le pas sur une idée
périphérique.
Soudain, un instant, un moment l’esprit se tend, la mémoire se dit, tiens donc…
et surgit, en fin de parcours un « Old Folks » inédit, revu et
corrigé pour s’insérer dans l’espace musical qui vient de s’offrir à nous.
« Eejiinhee Hairaar » sur un beat récupéré aux tréfonds de la pop
rythm’n’blues, sur piano électrique va en charmer plus d’une et d’un et il
verra le mystérieux « Zuirmegle » lui prendre le relai avec sa
mélodie immédiatement imaginable comme sortie d’une culture lointaine que nous
ne connaissons guère…
Du jazz qui se mâtine de tout et passe par le filtre hyper sensible et
personnel d’une artiste qui va forcément faire parler d’elle.
C’est en tout cas le meilleur que je lui souhaite ici car elle m’a vraiment
embarqué.
Idéal pour recouvrir l’automne ?...
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03- EKATHE : « Baba » - Independant 2025.
Thomas Torres, Sebastian Lans : electric guitars | Ivan Marcori :
percussions | Nicolas Pons : keyboards | Pablo Barone : bass guitar |
Javier Muller : alto saxophone.
Ils sont argentins, basés à Buenos Aires.
Il mâtinent jazz, groove, funk et hip hop et dès le premier titre
« 3d2 », aux samples évidents et aux allures de semi Portishead qui se voudrait jazz-funk ou encore un clin d’œil Jestofunk, au traitement très
actuel, on sait une chose, une seule … l’écoute va être excellente.
Le son est énorme, le solo de guitare qui pénètre les haut-parleurs l’est
aussi, le jeu basse-batterie est fortement influencé Snarky Puppy – ou bien
est-ce que c’est simplement le « mode de jeu » qui englobe ce jazz
d’esprit très actuel ?
« Aicon » sur nappes de Fender Rhodes présente un thème en première
partie minimal puis intervient ce pont avec ses levées qui soyons en sûr
servira pour les impros qu’on attend et qui se laissent désirer. Et c’est
parti, le Rhodes a été saturé et Nicolas envoie un solo digne de ceux qui
émaillaient (Chick Corea) le Miles des années 70. Jouissif et p… mais quel
groove !
Bon là deux titres et on aura remarqué deux super guitaristes, un saxophoniste
mélodique et une rythmique à tomber par terre, d’ailleurs voilà qu’entre en jeu
le funky-discoïde « Baba » qui titre l’album. L’agencement rythmique
des éléments basse, guitare, batterie est l’emboîtage parfait. Et là… Pablo
démontre quel formidable bassiste il est…
Ils sont jeunes, ils en veulent et nous montrent déjà leur immense talent tant
que leur esprit vif et créatif.
« Magia magia ++ » va nous balader groovy sur des atmosphères de
claviers qui vont offrir à Javier le parfait tapis pour explorer les ressources
legato de son sax. C’est bourré de feeling et Thomas, à moins que ce ne soit
Sebastian part trafiquer son module guitare pour un solo tant original que bien
senti.
« El Chavito » s’organise dans cette mouvance funky très véloce qui
est en vogue actuelle. Chacun son tour et c’est celui d’Ivan qui démontre en ce
titre taillé pour sa mesure quel formidable batteur il est. Nicolas fait joujou
le petit synthé et barre free jazz – ou presque.
« Tokyo Challenger » - j’écoute avec fun ces guitares, magiques… je
me laisse transporter par Javier qui a chargé d’un delay subtil son sax et je
n’oublie pas Nicolas qui fenderise le tout. Là encore Thomas, solo de guitare.
Leader.
Il sont vraiment bons.
« Aft », funky à souhait qui va presque bifurquer bossa…
magnifiquement composé.
« Sepia », intro stellaire, thème unis sax-guitare pour une texture
qui « change ». Les guitares cocottent, le Rhodes suit le trajet et
va soloïser en detuned – décidément ce Nicolas est plein de ressources, de
celles qui me font adhérer en instantané. Et enfin Javier sort soliste…
« Pm » va conclure cet album qui passe vite, très vite, trop vite...
bien trop vite…
« Baba », Ekathe… gageons qu’ils puisent franchir, par leur musique
engagée, joviale, attractive et fun les réseaux planétaires, que cette joyeuse
équipée argentine. J’avoue le plaisir coupable d’avoir écouté de très
nombreuses fois cet album depuis sa découverte – il est immédiat, direct,
accrocheur et joué avec un brio « juvénile » remarquable.
Les compositions sont, qui plus est, directement liées au sujet présenté et en
cohérence avec le jeu instrumental et musical qu’ils proposent.
Cohérence.
Aisance.
Jeunesse … mais, ils iront loin…
04- NADAV SCHNEERSON « Sheva » - Kavana Records 2025.
Drums & Band Leader : Nadav Schneerson | Trumpet & Flugelhorn :
Sam Warner | Trombone & Live FX : Will Heaton | Tenor Saxophone :
James Akers | Piano & Rhodes : Sultan Stevenson | Double Bass :
George Richardson | Oud : Ekin Öykener | Vocals : Afronaut Zu
D’attaque la batterie entre dans le sujet orientalisant avec une
réappropriation d’un rythme traditionnel de darbouka.
La basse suit dans le même moule et le thème, unisson, cuivré s’engage dans
cette même direction identitaire à la gamme qui n’a pas la moindre équivoque.
Et si, il fallait s’en convaincre, il suffirait juste de prêter l’oreille à
l’oud, devenant ici guitare, ou du moins, prenant sa place tout en gardant sa
connotation identitaire initiale (« Satampede »).
Voilà, « Yalla » - le sujet a été posé, le traditionnel va croiser,
se mélanger, se métisser avec le funk, le jazz…
Mais faut-il pour autant s’arrêter là ?... Non, l’affaire est bien plus
diverse qu’il n’y parait de prime abord et les pistes vont très vite se
brouiller pour une musique dans sa totalité, véritablement autre, qui est tant
actuelle, que tournée vers le futur tout en réorganisant les restes de
tradition pour les emmener dans le bagage afin de ne surtout les oublier.
Nadav est londonien, il a étudié à l’école Tomorrow Warriors, une organisation
de jazz pour jeunes londoniens. Il a 22 ans quand il enregistre cet album
remarquable. Il est batteur mais il écrit tout au piano et il a commencé à
composer les titres de cet album enregistré en deux jours aux studios Fish
Factory, live, dès 17 ans.
Aujourd’hui ce témoignage de son talent créateur sort enfin… il a maintenant 25
ans.
Cet album est une véritable explosion d’idées, une porte tournée vers un avenir
où toutes les musiques s’emmêlent, se croisent, se superposent, s’additionnent.
Les repères sont là, mais tout est tellement métissé et mixé qu’ils se faussent
rapidement pour peu qu’on tente de les cibler précisément, de les suivre, de
les capter.
Résumer sa musique à une actualisation jazz, funk, même free ou autre de la
musique du Moyen Orient serait bien trop réducteur.
Il y a là tant et tant de diversité qu’on est stupéfait, d’ailleurs, à l’idée
de l’âge et de la maturité de l’artiste.
C’est totalement orignal, addictif et d’une simplicité d’écoute déconcertante
pour une écriture et une « présentation » qui sont loin de l’être.
C’est certainement dû à l’axe rythmique qui d’évidence mène le parcours
esthétique.
C’est fort, souvent proche de la saturation et ça envoie, sans vergogne, sans
détours, sans hésitations, Nadav dit lui-même que de l’enregistrement réalisé
live ce furent souvent les premières prises des titres qui furent gardées.
Ils avaient bien bossé leur sujet, ils sont arrivé et ont donné d’emblée le
meilleur, immédiatement, sûrs d’eux, engagés dans ce propos musical au
métissage universel qui, par l’actualité qui ne cesse de nous hameçonner prouve
encore une fois que la musique est certainement le langage avec et par lequel
tout à chacun peut trouver sa place sur l’échiquier planétaire.
La musique que l’on écoute ici dépasse la seule idée de mélange de genres.
Elle témoigne de la culture universelle qui, par l’accès démultiplié à tout,
peut aujourd’hui être intelligemment mise en œuvre, s’exprimer librement et
sans étiquette réelle.
Et dans tout ça, ça groove, ça improvise, c’est subtilement arrangé.
Et ça transpire l’envie, la volonté et l’énergie très positive.
Un album dont il sera difficile de se passer et qui sera vite sujet à de
nombreuses écoutes et c’est tant mieux.
05- DAOUD : « ok » - ACT Music 2025
Jules Minck : electric guitar, electric bass, modular synthe | Kuz (Arthur
Kuznick) : keyboards | Daoud : trumpet, flugelhorn, ondes martenot,
modular synthe | Sylvan Strauss : drums, percussions | Leo Colman :
piano, fender rhodes, modular synthe | Louis Navarro : double bass |
Quentin Braine : percussions.
Et les français, dans tout ça ?
Je vous propose de découvrir Daoud, trompettiste qui brutalise – dit-on – les
poncifs, tel un enfant terrible, du jazz français.
En gros, c’est tant mieux dirais-je, le jazz « à la française » est
devenu lisse ou entreprise de démolition intellectuelle.
Dommage…
Tiens, à ce propos, puisqu’on en parle, de jazz « à la française »,
je me suis refait un max d’ONJ…
Ca sera l’occasion de faire, qui sait, un point…
Cet album n’échappe pas à la règle, finalement, des autres présentés ici.
Ouf, vais-je dire…
Il manquerait plus que ça, qu’on soit … encore à la traîne. Ou juste
après…
Daoud a signé chez ACT. En soit, c’est tout dire. Le label est ce qu’il se fait
de plus avant-gardiste, de mieux (?), si on veut parler de jazz actuel,
contemporain, moderne, XXIe, etc… je croule sous les fausses et mauvaises étiquettes, le jazz aurait justement lui aussi grand besoin de relifter sa
façade et ses présentoirs. Question d’époque, me dis-je…
Ces toulousains ont le feu.
Là aussi, on va en prendre pour son funk, son groove, son jazz, son hip-hop, sa
house et tutti quanti…
L’album est truffé de petites trouvailles soniques tant en effets, qu’en
samples, qu’en prod et forcément ça interpelle, ça aiguise le truc appelé
curiosité.
« L’œil de Jules » …
Une musique et des arrangements aux facettes changeantes, blindé(e)s de
cassures bien vues tant que surprenantes, de chemins sinueux et dans lesquels
il faut oser s’engager, de petites trucs et traits d’humour, de clichés,
d’images sonores et de références aussi multiples que les tables de
multiplications.
Daoud surplombe l’ensemble.
Un jeu plein, ample, riche et généreux, précis et expressif… et qui au bugle
est tout simplement majestueux.
Un grand leader et vous voulez un petit avis ? j’en ai tellement ras le
bol de Maalouf, que je me dis qu’enfin on tient là un autre chose hexagonal
côté trompette qui mérite largement l’intérêt…
Mais ce n’est qu’un avis, non pas qu’Ibrahim ne fasse de la bonne ou mauvaise
musique, c’est tellement subjectif que cela… Mais la France c’est le pays du
trop c’est trop et Maalouf, c’est devenu tellement trop que… c’est trop.
Daoud trompettiste franco-marocain est entouré d’un groupe de furieux qui
lâchent tous azimuts des salves terribles, merveilleusement bordéliques,
parfois même bruitistes et pourtant au calibrage sensé et organisé (le solo de
guitare phénoménal de « 3114 » …).
Il a aussi invité du beau monde pour rendre l’affaire encore plus
« cosmopolite » ( le saxophoniste polonais Kuba Wieck, la guitariste
et chanteuse anglaise Rosie Frater-Taylor, la flutiste française Ludivine
Issambourg, le tromboniste écossais Corto Alto, le joueur de guembri marocain
Mehdi Nassouli…) – résultat captivant.
Et puis, il a sorti du placard des ondes Martenot…
Encore une fois les focalisés Snarky Puppy feront directement des parallèles
plus ou moins heureux, entre usage des synthé modulaires, échappées virtuoses,
carrures rythmiques empreintes d’un groove bien senti et justement, invités … cela
est presque (trop) facile.
En tout cas, notre jazz « à la française » continue à très bien se
porter.
Preuve en est…
Reste à espérer que les programmateurs bien de chez nous et bien assis sur
leurs zones de confort viennent oser Daoud.
Car ça, en live, ça doit vraiment dépoter grave et ça promet de beaux concerts,
festifs et tout et tout ...
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Bon, cette fois, on a circulé international.
Et jeune… parce que là globalement, ils ne dépassent pas la trentaine.
Donc tous les espoirs sont permis et le mot jazz, même s’il se mélange, se
mêle, se fusionne, se métisse avec toutes les cultures, reste.
Impros, richesse harmonique, arrangements soignés et méticuleux, compositions suivant
une certaine ligne…
Ce « nouveau » jazz là m’attire directement.
Il est inventif, fun, extrêmement bien exécuté et chargé d’une positivité qui
par les temps qui courent, fait un bien énorme – même si, ces artistes ont une
réelle implication sociale, politique et obligatoirement culturelle.
Prenez n’importe lequel de ces albums, au hasard et faites-vous, tout
simplement, plaisir.
Ils sont là pour ça.
Et vous avez la semaine pour...
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