MELISSA ALDANA - JOSE JAMES - JOHN ADAMS - DIANE BIRCH

 

DU NOUVEAU… (? ... ! ...).

Avril 2024…
Ca sort de partout, ça pose l’embarras du choix…
jazz, rock, classique, pop, chanson, r.n.b etc.
Comme au temps du magasin, je fais mes emplettes, virtuelles, comme un drive, quoi.

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MELISSA ALDANA « Echoes of the Inner Prophet » - Blue Note 2024.

La critique est élogieuse envers cette jeune saxophoniste à la carrière déjà bien affirmée et au langage tant instrumental que créatif bien personnifié.
Dans ce nouvel opus son alter ego, le guitariste Lage Lund n’est pas pour rien dans l’atmosphère qui se détache immédiatement, dès la première écoute.
Il m’aura fallu un temps d’adaptation face à cette sonorité que l’artiste exprime avec son saxophone, un son âpre, direct, brut et d’une forte proximité dans le mix, sans être proéminent, mais inévitable.
Si l’on ajoute cette addiction à détoner ou encore à user à foison du glissando, il faudra certainement pour certains plus que simplement franchir la porte d’entrée, mais oser pénétrer de pleines oreilles dans l’espace proposé.
Il suffira peut-être, pour une fois qui n’est coutume ici, de se référer, par exemple (et non des moindres) à Charles Lloyd, ou encore Joe Lovano pour tenter de se donner une direction d’écoute.
Cela peut paraitre utile.

En tout cas, le fil continu de l’album transporte dans un monde où le jazz, certes, est maitre mot, mais il serait illusoire d’installer là cette seule donnée.
Entendons qu’ici nous sommes face à une proposition musicale simplement créative basée sur les usages du jazz – le jazz, une musique qui, finalement, peut sortir des idées reçues ou de l’enlisement du métissage fusionnel de tout poil pour reprendre son chemin avec, comme ici, sa « somme ».
Melissa Aldana est d’origine chilienne – on laissera les analystes intellectuels se pencher sur ce fait peut être pas si divers, somme toute, qui, peut être bien, influence sa créativité.
Elle sort de la Berklee School et à 24 ans en 2013 elle est la première femme à remporter le concours Th.Monk. Elle a plusieurs albums à son actif et je n’en connais strictement aucun, pas grave il me suffit de commencer par celui-ci, franchement absolument captivant.
Elle y est accompagnée ou plus exactement elle le partage en parfaite cohésion avec d’illustres, je soutiens ce terme, inconnus (mais à ses côtés, ils vont vite prendre leur essor) qui font de sa musique une texture et une masse expressive qui se prend en l’état, mettant à l’abri des usages jazzeux habituels l’idée de se pâmer, par exemple, face à tel ou tel solo.
Autrement dit la musique ici nous parle et c'est le principal.
Fabian Almazan est au piano, Kush Adabey à la batterie et Pablo Menares à la contrebasse.
Les citer afin d’inscrire leurs noms me semble logique, cette texture créative n’a pas de sens sans eux.
Fabian et Lage aiment à bricoler les jouets électroniques, de façon discrète, sans que ces objets sonores prennent place prépondérante, mais en les installant dans le propos.
La production de l’album est tant claire individuellement que globale, rendant le son de groupe véritable et réel, proche et palpable.
C’est chez Blue Note et ça veut bien dire quelque chose que ce simple fait.
Cela ne justifie pas tout, aussi il faut prendre le temps d’aller écouter cette artiste qui a beaucoup à nous raconter.

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JOSE JAMES « 1978 » - Rainbow Blonde Records.

Il suffira de l’entrée souple et féline de « Let’s Get It », si fortement trempée dans le Marvin qu’on aime et si fortement réimagée actuelle avec cette rythmique qui joue à nous perturber, semblant se chercher… pour savoir instantanément qu’on est là face à un album qui sera fantastique.
Bien étrange que cela… cette sensation que l’on va se délecter de musique sur une durée dont on se fiche totalement car, tellement prometteur.
Jose a mouillé le costard pour cette redoutable affaire et il nous promène au gré de ses influences, soul il va se soit, revenant en imprégnation sur l’année musicale de sa naissance.
Qu’y avait-il en 1978 ?...
Qui y avait-il en 1978 ? …
Et comment la splendeur conceptuelle, vocale, musicale d’un tel artiste peut-elle - sans sombrer dans le poncif du pastichage ou de la reprise se voulant réactualisée en mode cover – dépasser la seule idée que l’on se ferait d’une plongée 2024 dans l’âme soul de 1978 ?
La réponse est tout bonnement là…
Une totale ré-assimilation, un enracinement si profond qu’il permet des ramifications générationnelles actuelles sans s’en détacher fondamentalement… le truc est véritablement prodigieux et addictif.
De sa voix de velours, d’un charme sensuel absolu, José James surfe sur la vague souple de cet « esprit » musical, dépassant largement par exemple, un Jamiroquai, pourtant bien accroché et référencé au sujet.
Captivant de constater cet usage actuel et r’n’b des textures claviers « vintage », merveilleux ces enchevêtrements de voix qui inondent en overdubs le spectre sonore, modèle quasi d’école que ce jeu guitaristique perlé, velouté, essentiel, impérieux que cette fusionnelle notion basse/batterie (que l’un ou l’autre soient de synthèse, réelle ou virtuelle… ça groove grave comme dirait l’autre).
Des titres qui évoquent sans imposer…
Un dancefloor de luxe d’une classe infinie (« Saturday night – Need you know ») qui sans forcer le trait laisse aisément couler les choses.
Je vous laisse découvrir également la « touche frenchy » qui se cache là…

Je dodeline de la tête, un petit rictus par ci, un petit claquement de doigt par-là, le corps oscille imperceptiblement.
Je vous l’avais dit du départ… oui, fantastique…
Et comme tant d’autres albums de José James, celui-ci fera plus d’un… tour.

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JOHN ADAMS « City Noir, Fearful Symmetries, Girls of the Golden West : Lola Montez Does the Spider » / Orf Radio Symphony Orchestra, Marin Alsop – Naxos 2024.

Je ne sais s’il faut encore présenter l’immense compositeur américain John Adams, étiqueté presque malencontreusement comme représentatif d’une école répétitive ou minimaliste, dans laquelle, il est vrai il puise, mais dont il s’est largement émancipé
Je ne sais s’il faut réellement présenter cette extraordinaire cheffe d’orchestre qu’est Mme Marin Alsop, qui aurait décidé suite à un concert auquel elle assista, dirigé par Leonard Bernstein, de devenir cheffe d’orchestre. Exprimant ce souhait à son professeur de violon celui-ci lui aurait alors dit : « Impossible, tu es une fille ! » …
Marin Alsop est et reste une fervente interprète du répertoire de la musique américaine et une ardente défenderesse de la profession féminine de cheffe d’orchestre.
Je vous recommande clairement d’aller écouter nombre de ses interprétations – c’est toujours redoutable de lucidité, de pertinence, de « tenue » et de musique, bien entendu.

« City Noir » a été composé en 2009 et créé par Gustavo Dudamel à la tête du Los Angeles Philharmonic. C’est une œuvre qui met réellement « en scène » de nombreuses influences issues de la musique américaine qu’elle soit répétitive, jazz mais aussi cinématique.  
Ce brassage d’images sonores, d’influences auditives, de flashs référentiels nous emporte dans des contrées où tout se mélange pour la plus poignante des sensations.
Même si le contexte s’assimile à une idée contemporaine, la force éternelle de l’art de composer de John Adams est et reste cette capacité immédiate d’accrocher l’auditeur et de l’emmener jusqu’au bout sans que celui-ci (et même quand il semblerait le souhaiter…) soit capable de « décrocher ».
A chaque détour, à l’entrée de chaque nouvelle section, l’envie de la surprise s’invite, est au rendez-vous, nous met en haleine et semble dire incidemment que « sortir » serait vraiment rater quelque chose…
« City Noir » est un voyage aux multiples paysages, aux détours qui feront souvenirs, aux moments qu’il ne faudrait oublier, tel ce solo de trompette dans « Boulevard Night », le troisième mouvement, sur ce tapis de cordes, harpe, piano et trilles de bois…
« City Noir » est une œuvre véritablement magistrale qu’il convient d’écouter en emprise sonore, tant elle empoigne l’auditeur.

« Fearful Symmetries » date de l’époque du premier opéra de John Adams « Nixon in China ». Il l’aurait sous-titré « Long Ride in a Fast Machine » et avec ce seul sous-titre je vous laisse vous faire le film…
Et également comprendre pourquoi le compositeur est assimilé à l’école répétitive.
Mais ici se glisse aussi le jazz d’Ellington…

« Lola Montez does the Spider » a été composé en 2016 et révisé en 2020.
Il rend hommage à la célèbre « danseuse exotique » Lola Montez, courtisane, née en Irlande, maitresse de Louis 1er de Bavière et décédée à N.Y.
La « Spider Dance » aurait été mise en scène par cette artiste, à Melbourne, où elle aura fait fortune en divertissant les mineurs (!), une des phases de sa vie incroyablement tumultueuse et riche en multiples rebondissements qu’il faut certainement découvrir.
Là encore, il n’y a plus qu’à mettre l’image sur cette bande son prodigieuse.

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DIANE BIRCH «  Flying On Abraham » - Legere Recordings 2024.

Trouver des informations sur cette artiste estampillée rock-pop nous amène à… pas grand-chose.
Elle est américaine, semble être très inspirée par la musique des seventies, le gospel, une certaine pop…
Elle est multi-instrumentiste.
C’est finalement ce qu’on peut dire de pas mal d’artistes, alors…

J’aime bien zapper les nouveautés sur le streaming, parfois je passe… quelquefois je zappe… d’autrefois je m’arrête et je creuse.
Curieux réflexe, il suffit de pas grand-chose parfois, juste cette accroche qui te dit que… le temps pourrait être consacré à.
« Wind Machine » aura suffi. Plus exactement cette voix aura suffi.
Un petit côté Melua, des inflexions country, jazzy, des chansons enrubannées de chœurs, accompagnées par quelques pianos et guitares bien pensé(e)s.
La parfaite section rythmique qui pousse le tout.
Cette femme a chanté à l’église, pas vraiment de doute permis, cette imprégnation, ce don de soi.
« Moto Moon » - un pont magique qui part dans la stratosphère, la maitrise actuelle du jeu électronique sous tendu par une basse batterie qui pulse en toute souplesse. Une bien belle chanson…
Le swinguant « Shade » propulsé par un Rhodes à la Supertramp, typé par une clarinette, un swing pop de bon aloi, léger, enthousiaste et fameux, comme le serait un vieux cru de Billy Joel.
J’arrête là les quelques inutiles références, on l’aura compris, on est en face d’un album attirant, attachant, qui correspondra à bien des plaisirs absolument non coupables.
Les moyens ont été mis pour des arrangements subtils et adéquats.
Et cette voix n’en finira probablement pas de s’inscrire en nous comme une sorte de trace cicatrisante placée là où ça a touché les points sensibles, rappelé certaines choses passées, ouvert quelque album aux images qui réactivant la mémoire…
L’album avance, chaque chanson est un petit miracle d’expression et de lumière.
« Boys on Canvas »,funky, groovy, aéré…
« Juno » et le bon vieux piano upright, doucement réverbéré, au centre sur lequel elle s’épanche sur un drumming percussif.
« Russian Doll » aux réminiscences d’un bon vieux Elton. Jubilatoire.
Les lounge dancefloor aimeront « Used to Lovin’ you », irrésistible, immédiatement porteur.
« Trampoline » en jeu vocal et pianistique pour conclure.

Bienfaisant.






Commentaires

  1. Diane Birch, une retrouvaille qui vaille. Sur un forum un membre nous avait bien convaincu avec son premier album « Bible Belt » très bon aussi, j’hésite entre intemporel ou au contraire marqué par une époque musicale que j’adoooore. Et sur le dernier que tu chroniques je retrouve un plaisir chansons des années 70, comment ne pas penser à Carole King ou Laura Nyro.. un peu Elton John avec une personnalité pleine de légèreté.
    Dans ce genre de référence, j’hésite à chroniquer le Drugdealer, album « Hiding In Plain Sight » Trouve le temps d’écouter « Madison » et dis moi à qui tu penses.

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    1. depuis l'article je l'ai aps mal réécouté, même magie, mêmes sensations....
      purée, ça existe encore ?...
      et bah oui... (ma bonne lucette)....
      good night.

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