FEU VERT !


FEU VERT !

Un vague souvenir ?
Un passé qu’on voudra lointain ?
Quels paris sur l’avenir ?

Ils n’ont pas la réponse, nous non plus.
Par contre ils en ont, des solutions… d’antan.

Le feu tricolore avec un orange permettant qui sait, de forcer un peu le passage s’est affiché sur nos écrans de télé, sur nos pages tous réseaux confondus…
C’est parti… mes kikis… !

Et l’écologie dans tout ça n’est pas repassée vraiment au vert.
On aura vu le plastoque revenir à la charge, on aura vu que jeter son masque infecté ou non, ou ses gants, c’est un peu comme jeter sa clope, cracher son chewing-gum… facile, désuet, discret, égoïste…
« Quel manque d’éducation ! » s’insurgent les bonnes consciences irréprochables.
« Quelle honte ! » s’exclame le troupeau de beaufs aligné dans l’attente de la réouverture du PMU.
« Irresponsable ! » s’esclaffent les politiques.

C’est vrai que la vie ne nous a pas habitué à ça…C’est donc nouveau ? que de voir ça ?...
Tiens donc… tu parles, mon c...
Dépôts sauvages plein les forêts, les aires de repos, les plages…
Jet de sac de bouffe MacDo, consommé en bagnole, depuis sa fenêtre passager ou conducteur…
Idem de clopes et ainsi les beaux jours de sécheresse on allume un brasier qui laisse la nature en mode mortifère.
Vous en voulez d’autres ? des exemples ?...
Alors on délibère, on légifère, on émet une loi avec des amendes… mais rien de cela ne sera appliqué, respecté ou encore réellement mis en œuvre…
Tu parles, la chanson, on la connait…
La France est très forte en réunions, textes, et parlotte… mais en action…

Je me suis mis au vert, la couleur et la nature aussi… musicalement parlant.
Mais aussi en quelques balades car ici la forêt est une incitation parfumée à s’évader, même si, au gré de quelque buisson on trouve canettes, sacs, mégots (si, si…)... quotidien, quoi.


Célimène Daudet, jeune pianiste sur-bardée de concours et autres diplômes a mêlé avec une belle intelligence et une savante mise en parallèle les préludes pour piano de Debussy et ceux composés jeune, par Olivier Messiaen.
Ceux de Debussy, vous savez, on les a dans l’ouïe et la mémoire…
Ils sont devenus incontournables du répertoire de tout pianiste concertiste.
Ils sont, enfin, régulièrement étudiés dans les classes de piano des conservatoires et abordés en second cycle, parfois et plus certainement en troisième. Ils ne sont pas une mince affaire pédagogiquement et permettent de sortir du langage tonal et de découvrir le sens du mot interprétation pour nombre de jeunes pianistes.
Ils sont comme des estampes, des aquarelles, des images qui peuvent s’étioler dans l’imaginaire de chacun…
Leurs titres placés en fin de parcours sur portées sont évocateurs, inspirants tant que suggestifs.
La nature est présente dans ces préludes debussystes… feuillages, ondées, eaux, vents, paysages soumis à l’impression sonore et musicale traitée de façon inédite pour l’instrument piano.

Il en est finalement de même avec ceux d’Oliver Messiaen aux titres tout aussi évocateurs inspirés tant de la nature que des émotions, des sentiments et de leurs expressions directes comme indirectes.
Pour ceux qui sont familiers de la musique de Messiaen, savante sans jamais que cette science ne prenne le pouvoir sur l’émotion, la sensibilité et le cœur, l’écoute de ces pièces de jeunesse préfigure déjà ce que seront ses grandes œuvres de plus tard.
Une poésie s’installe d’emblée, un chemin de recueillement s’impose de façon immédiate, sensible et naturel et quand on a pu se renseigner sur Messiaen cette évidence qui a parcouru par la foi toute son œuvre est inévitable.

J’ai découvert ici tant ces préludes d’Olivier Messiaen que Célimène Daudet, pianiste au toucher d’une délicate féminité et d’une formidable puissance contenue.
Sa lecture et sa vision ouvre chez Debussy des horizons de détails là où l’on aurait cru l’affaire tellement entendue.
Peut-être est-ce ce rapport volontaire à une connexion avec les pièces de Messiaen qui installe cette dimension différente ? ...
Quoiqu’il en soit, ce moment musical passé au fil de ces notes évocatrices égrenées avec cette dimension de mise en apesanteur m’est resté comme un goût savoureux, un parfum délicat, une image prégnante, une sensation inoubliable sans être imposante à l’esprit… une sorte de trace telle un… souvenir.
Une promenade.

Prise de son d’une rare souplesse, piano Yamaha parfaitement ajusté au propos, à l’équilibre qui rayonne selon les moments de clarté du texte musical et s’efface si nécessaire sous les doigts passant du diaphane à l’énergie, de la pianiste… voilà qui ajoute à l’excellence de ce voyage musical à travers un passé pas si lointain où le monde se découvrait prolongation d’universalité d’exposition et où les affres qui auront fracturé un XXe siècle que l’on pensait chargé tant de douleurs que d’innovations encadrent l’un (Messiaen) tout comme pointent leur menace pour l’autre (Debussy).

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J.S Ondara « Folk’n’Roll Vol 1 – Tales of Isolation ».

Qu’est-ce qui fait que l’on est attiré par un album ?
Peu de choses en fait…
Une pochette, une description, un article, un conseil d’ami …
Franchement J.S Ondara, jeune kenyan, présenté comme trait d’union (cf Qobuz) entre Tracy Chapman et Michael Kiwanuka, dont les albums de chevet sont « Freewheeling » de Dylan et « Nebraska » de Springsteen, jusqu’à la mise sous tension du premier titre de cet album « pulled out of the market », j’ignorais tant son nom que son existence.
Avec une telle incitation à l’écoute, on se laisse forcément embarquer et au sortir comment aura-t-on vécu cela ?
Je ne sais pas si je peux réellement prétendre le « coup de foudre » envers cet album, cet artiste et sa musique… toujours est-il que je l’ai écouté plusieurs fois et que, finalement, la musique et les chansons qui s’en dégagent apportent ce besoin de simplicité, d’authenticité et de réalité dont on a certainement envie en ces temps où nombre de choses de notre quotidien en prennent un coup.

Une voix qui laisse ses sentiments profonds et là encore simples s’épancher, une guitare aux accords composés vers elle, rude ou doucereuse, sans réelle fioriture, juste de support et un harmonica là encore de logique de packaging… c’est tout et c’est bien assez.
Il n’en faut pas plus se dira-t-on quand le propos est si enraciné en valeurs profondes.
Les compositions sur mode principalement majeur s’enchainent comme des villages, des hameaux posés sur une route défilant en ruban imaginaire, chacun(e) révélant un questionnement de solitude, d’isolement, de repli sur soi – alors cette voix fragile, multiforme et si chargée d’intenses émotions se dévoile d’arrêt musical en arrêt musical et ces rythmiques de guitare installent, limpides, l’horizon à suivre.
On se laisse alors embarquer, emporter, séduire et en tout cas juste… simplement… faire, sans réellement réfléchir ou encore penser à ce que cette musique peut apporter de plus sur l’échiquier de ces productions folkisantes et acoustisantes semblant si entendues ou convenues…
Puis, on en sort apaisé, mieux, soulagé finalement de savoir que cela existe encore et que, comme le besoin d’un retour aux sources, aller rencontrer J.S Ondara là, au coin du chemin, est une attitude saine, naturelle et positive tant qu’essentielle.

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1974…
Miles est au paroxysme de sa période électrique.
Funk, obsession hendixienne et racines rythmiques africaines ont envahi sa musique qui est un espace de jungle urbaine qui laisse bien du monde de côté.
Ses anciens compagnons de route, d’un premier, comme d’un second quintet, de ses débuts électriques aussi ont tracé leurs routes respectives.
Le choix est embarras…
Corea, Hancock, Weather Report, Cobham, Lifetime, Mahavishnu, Jarrett… sont des sommets d’iceberg estampillés jazz-rock et suivis par un public qui prend avec eux de nouveaux repères là où Miles bouille lui-même ses propres pistes, explorant et expérimentant à l’infini.
Tant de musiciens se sont bousculés lors des sessions davisiennes…
Tant ont été obligatoirement touchés par la puissance du shaman, de ce dark magus et leurs propres musiques n’auront pu que subir à des échelles tellement diverses cette inévitable influence.
Ron Carter fut le pilier sûr, force tranquille et stable du célèbre quintet qui surdimensionna et sauva Miles après de départ de Trane… un quintet légendaire, historique qui aura, comme tout ce qu’a fait Miles, transformé le jazz.
Ron Carter, c’est un peu l’image du vétéran, du sideman de luxe, légendaire…
Avec le VSOP, il a réitéré le quintet, sans Miles.
Avec Herbie et Tony ils ont fait trio de stars en albums magiques…
Et puis il a forcément fait des albums solos, mais là… je ne suis pas sûr que leur médiatisation ait dépassé le stade du fan averti, du curieux des ramifications d’arbre généalogique par recoupements…

L’album « All Blues » paru chez C.T.I pourrait certainement servir de passerelle vers sa carrière solo si tant est que l’on veuille s’y intéresser.
Un contrebassiste qui ne saoule pas en solos de contrebasse omnipotents et omniprésents, mais juste logiques et musicaux, déjà, ça impose le respect…
Ici l’instrument, comme l’homme, tient son rôle et sait où est sa place qu’il officie comme rares en sont capables.
Il a choisi un casting plutôt aguichant qui sert le projet avec respect et efficacité.
Il y a là tout swinguant et dans un rôle pour lequel il ne nous a pas habitué, Billy Cobham, léger, subtil délicat même et « au service », tout en « envoyant » quand l’envie de boost lui prend.
Redoutable…
On s’intéressera au jeu finalement plutôt « classique » mais bien équilibré du pianiste Roland Hanna, lui aussi rangé sur les étagères des écouteurs de jazz avertis…
Captivant.
Et la séduction de ce ténor moelleux, si reconnaissable et attirante en la personne de Joe Henderson (avec qui Ron Carter gravera en trio, sans pianistes, à l’horizontale… des incontournables) fait instantanément mouche.
Subliminal.
Alors en prêtant l’oreille à cet album on va adorer la palette proposée tant par le jeu des musicos que le choix des compositions qui défilent comme tout bon album de jazz se doit.
« All Blues », lumineux et inspiré, s’installe de logique en point culminant d’une liste où bop, hard bop et Miles auront veillé à baliser de bienveillance le tracé.
Rien d’anecdotique…
Juste le dessus du panier du jazz.

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Calif’, FM…
Soupe même…
Pas de problèmes, j’assume aimer ça.

1981, Robbie Dupree signe chez Elektra cet album « Street Corner Heroes ».
Le son eighties n’est pas encore vraiment identitaire mais en devenir et ce rock à l’américaine bien FM et rentre dedans aux accents tubesques s’installant aux côtés de Foreigner, Toto et Journey teinté de Buzz / Feiten ou de Hall and Oates me fait me poser et flemmarder bière à la main en bord de piscine.
Le casting de zicos n’est pas des plus connus et le jeu requins studio fait surface.
Qu’importe ! j’adhère direct à ce déballage de songs ficelés (y compris ce All Night long en mode doo wop kitch à souhait) en rocks pour midinettes surchargés de guitares saturées mais pas vraiment bad boys, de ballades geignardes sur pianos pop émaillé de solos de sax, forcément ténor et gueulard…

Puis au détour de « Free Fallin » ce truc, la chair de poule vient parcourir le corps juste là, au refrain…
Cette voix, ces chœurs, mais oui, bien sûr Michael McDonald… et alors cet album devient d’un coup… autre, différent, sa vie vient de susciter l’intérêt, un autre intérêt…
Ce « si peu » fera alors différence et ces deux voix mêlées vont devenir attente, besoin… et ces bluettes pop enrubannées de rock vont devenir de celles que je sais pouvoir écouter comme tant d’autres, avec ce plaisir suranné, aux côtés de M.McDonald, Steely Dan, Bill LaBounty et de tant de mes « stars » du genre.
Les plaisirs sont si simples, là encore, parfois…

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« Winwood greatest Hits Live » est certainement l’un des albums que je ne cesserais d’épuiser, tout comme les autres du grand Steve Winwood.

Oh, vous le savez, ceux qui viennent ici lire de temps en temps mes longues chroniques de la musique, Steve Winwood est un amour musical de jeunesse resté là, sans jamais disparaitre et à chaque fois que j’entends sa voix, à chaque fois que sa guitare s’exprime et à chaque fois que son orgue se place sur l’échiquier musical mon être tout entier est parcouru de frissons, de plaisir, de bonheur, simplement.
Il est et reste pour moi l’un des plus grands songwriters que le style dit pop, ou rock, ou autre… que ce XXe siècle ait porté.
Poésie des textes, hyper musicalité et créativité de la musique, du Spencer à Blind Faith, de Traffic en albums solos, au coin du feu, sur son piano, confiné, en studio, à la maison, jouant de tous les instruments préfigurant bien avant l’heure l’idée de multi-instrumentiste de home studio et faisant passer Kravitz pour un ado boutonneux à la guitare hurlante, l’immense Steve Winwood c’est, non une carrière, mais une légende encore vivante.

Alors tu parles, plonger dans un greatest hits, live…
C’est comme se délecter d’avance d’un met, d’un plat, d’une recette rappelant l’enfance, l’adolescence.
C’est là, c’est savoureux et on aime ça d’avance rien qu’à l’idée d’engager le premier titre…
Et on ne sera pas déçu, pire ou mieux, on sera juste encore et toujours admiratif…
Titres issus des ses derniers albums, profonds et majestueux…
Standards tels « Changes », « Why can’t we live together »…
Standards de son répertoire groupes, solo… tout y passe et à chaque instant, à chaque intro, à chaque solo, à chaque inflexion de sa voix je vibre, je pleure, j’adhère totalement et sans discernement.
C’est ça le feeling partagé… et avec Steve Winwood, ce partage je l’ai depuis… 1974… et il n’est pas prêt de disparaître.

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J’avais tant d’autres albums dont je voulais parler, mais après Steve, aucun ne m’apparait comme plus essentiel.
J’arrête donc en suspens sur « Fly » et ses flûtes celtisantes, ses arpèges aux couleurs harmoniques sublimes, cette mélodie d’une beauté à couper le souffle et ce groove indirect qui porte le tout vers des sphères si hautes que je m’y perds.
"Can't Find My Way Home"...

à bientôt.


 

Commentaires

  1. Nous voici bien gâté.
    Je décide de commencer par le début, Débussy (pas fait exprès) des préludes que je n’ai ,en fait jamais écoutés, mis de côté en cherchant une version, un pianiste de référence, peu capable de jugement en ce qui me concerne. Donc Walter Giesekin. Je me suis procuré Célimène Daudet et ce midi j’alterne, par jeu : voir ce que je distingue des deux jeux. Mais j’avoue que j’ai du mal déjà avec l’écoute, plutôt comme tu dis, des images, pas encore perceptibles pour moi, comme une succession de mosaïques qui ne te laisse pas le temps de l’observation, déjà à la formation suivante.
    C’est davantage hardi que ardu.
    Du coup j’ai copié et déplacé ton texte sur les autres albums, dont le Charlu. Comme ça le prochain Winwood sera le live.
    Ron Carter, OK… pour plus tard.
    Robbie Dupree, je ne connais que ce titre qui traînait sur pas mal de platine soirée "Steal Awayé et à l’occasion de ta lecture je retrouve dans une compilation California Groove le titre « Hot Rod Hearts » que n’aurait pas renié Hall & Oates.
    Je te dis pas l’enchaînement sur « Ondine » de Debussy… Tiens, d’ailleurs, j’ai toujours pas déjeuné (ha ha) Bise Porte toi bien…

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    1. ici, aujourd'hui c'est pas ondine mais carrément singing in the rain...
      enfin, c'est bon pour le jardin.
      je savais bien que tu passerais par ici.
      winwood, finalement, on se retrouve...
      autres référents de debussy - claude helffer et michelangeli (arturo benedetto)... et si tu trouves... monique haas.
      oui, ce titre de r dupree (le seul ? son ... hmmm, allez j'ose, born to be alive à lui ? - quoique j'adore cette nique discoïde, un titre, un tube, la fortune...).
      hall & oates, tu sais que j'aime... faudra que je mette ça un jour en lumière.
      bon dèj'
      merci du passage

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  2. Pas encore été écouter tout ça mais Debussy ❤
    Et oui parle de Hall & Oates, je connais pas 😉

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    Réponses
    1. ah tu connais pas, donc tu vas kiffer...
      les premiers albums produits par rundgreen, pour bien démarrer... (war babies, abandonned luncheonette...) puis voices et sarah smile (un album éponyme intitulé daryl hall and john oates et pour finir beauty on the back street, sans oublie l'album solo de dary hall sacred song produit par robert fripp période exposure...
      et le livetimes...
      bref de quoi t'amuser.
      thx et bizs déconfinées.

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