PETITS JEUX ENTRE AMIS ou LA PLAYLIST CASSE TÊTE…

PETITS JEUX ENTRE AMIS ou LA PLAYLIST CASSE TÊTE…

Facebook encore et encore (enfin pas forcément…).

Chris (Ma petite boîte à musiques) récupère un challenge, genre jeu de chaînes qui n’en finissent pas (on a tous fait ça -ou pas- ados… mon dernier m’a encore dit récemment avoir imposé à une de ses « amies » de cesser de lui pourrir sa messagerie sms avec ces chaînes infinies, mais là il ne s’agissait pas de musique).
Règles simples, tu choisis un titre/song par jour pendant 7 jours et chaque jour tu « nomines » un « ami » qui fait de même…
Pas évident à suivre si on pense au nombre de pierres jetées ainsi sur la toile, à chaque nominé par titre et démultiplié, ça fait un sacré calcul de « sur » nominés…
De ce petit jeu j’ai sorti du chapeau quelques chansons afin de rendre la politesse et m’amuser un peu…

Au départ, ça va… puis plus on avance et sur sept jours seulement, l’affaire se complique…
Celui-ci plutôt que celui-là, mais j’aurais pu prendre cet autre-là, et puis tiens Jean Marc, Chris ont choisi ça, tiens j’y avais pensé, etc, etc…
Et le petit jeu se transforme en petit challenge (on avait oublié que c’en était un et là on comprend pourquoi…), pire, le 4e jour doit être auréolé d’un caractère particulier car… on doit y mettre LA chanson dont on ne sait se passer…
En plus, il faut jongler entre les plateformes youtube, deezer et spotify car bien entendu le titre auquel on pense encore faut-il le trouver… insister en cas, ou laisser tomber pour un autre, preuve en est que malgré l’offre qui semble considérable de la toile, finalement, on restera parfois bredouille…

C’est arrivé en pleines vacances à Amsterdam (je ne sais si je reviendrais sur cette ville qui m’aura laissé un sentiment mitigé, malgré de très très belles visites, balades, sorties et autres options pas forcément touristiques que l’on aime s’octroyer en famille).
T’es là tranquille en train de tenter pour la énième fois la connexion de ta tablette via un wifi qui est démultiplié par étages, bornes, etc… et enfin, le petit symbole t’indique que... ça y est…
En vacances tu devrais t’en passer de cette satanée manie de te connecter partout, mais vas t’en savoir… impossible d’échapper à l’envie de :
Partager, mailer, bloguer, jouer, surfer, mater la météo du jour, de demain, le trajet le plus court pour tel ou tel lieu à visiter, les horaires des trains et donner des news par…  les réseaux sociaux...
(Les prétextes à se connecter sont multiples).
Là, en haut à droite, suite à une alerte via la rubrique notifications, voici qu’apparaît, en anglais de surcroît, la fameuse « nomination »...
Lecture rapide de l’affaire, écoute du titre proposé par mon amie bloggeuse qui invite (Aphex Twin) et d’un jet recherche afin d’accepter l’enjeu.

1er jour - De prime abord, le terme song/chanson m’a de suite « instinctivement » évoqué Frank Sinatra.

L’offre parmi l’immense discographie et les enregistrements multiples y compris des mêmes titres aurait pu être le premier frein quant à un choix parmi ce foisonnement.
Il n’en aura été rien et après un rapide tour d’horizon j’ai extrait de ma mémoire la chanson « Spring is Here » qui ouvre une compilation que je m’étais procuré il y a trop longtemps déjà.
Première recherche et premiers heurts... les versions proposées sur les plateformes de streaming ne correspondent pas à celle que j’ai en l’esprit et il me faudra chercher un petit moment avant de trouver la perle que je souhaite partager.

Spring Is Here - Frank Sinatra

J’ai véritablement découvert Frank Sinatra vers la fin des années 80, jusqu’alors je l’écoutais mais sans véritablement y trouver de réel intérêt. Le jazz paré de cordes était encore à mon sens une erreur de parcours de certains jazzmen que je pensais à tort (ou parfois effectivement à raison) obnubilés par l’idée de la noblesse classique, de l’écrit sérieux, d’une forme d’affranchissement de leur art.
J’avais réussi à tolérer Bird entouré de cordes parce que c’était Bird...
Et je n’avais pas encore pleuré sur le « Lady in Satin » de Billie...

Je vais rester flou sur l’année mais c’est la rencontre qui a importé.
Un nouveau prof arrive à l’école de musique.
Il est « différent », on sent en lui l’artiste, l’homme engagé, de métier et expérimenté.
Patrice Bianco...
Il a composé des pièces de guitare classique qui sont éditées, a enregistré avec Michel Legrand himself et son trio, j’ai su qu’il est également chanteur...
Notre première rencontre ne va pas être cordiale, on va même carrément se « brancher »...
En fait, il me provoque car il a une idée derrière la tête et il lui faut savoir en qui il va mettre sa musique... mais ça je le saurais un peu plus tard.
Je marche dans son jeu et on en reste là jusqu’à son appel un peu plus tard.
Il a apprécié mes réactions et mon intégrité, ma passion.
Il veut que je sois l’arrangeur de ses nouvelles compositions et m’impose d’écouter exclusivement Sinatra, car c’est là, dit-il que je dois chercher l’évidence.
J’ai commencé mon immersion dans l’immensité de Sinatra avec, par et grâce à lui et avec ce titre, dans cette version, cette interprétation si proche des chansons de Patrice, si directement liée à ce qu’il désirait.

Dès cette introduction qui amène tout en contrepoints la voix de Frankie - un véritable « the voice » au surnom non de collage mais reposant sur la réalité – voici qu’un monde de mélancolie va s’ouvrir, tout en retenues et rubatos, solidement installé par les contrebasses orchestrales, amené d’accords en accords vers cette suspension qui laissera s’échapper un trait de harpe...
Art Broadway, science classique, maîtrise du film/movie effet, tout est déjà à comprendre en cette courte introduction qui sait déjà préparer la voix, le sujet mélancolique et ce tempo dit de ballade qui est si caractéristique de Sinatra et lui permet de chanter au-dessus, en suspension, dans un espace qui mène la mélodie loin, plus loin encore et jusqu’à l’infini de son fil.
Alors il chante son questionnement  et les cordes mielleuses, les bois chantants, les trombones pleurants semblent en un chemin totalement autonome, détachés de lui, gérant chacun leur solitude respective, comme des êtres errants et se croisant dans la ville, absorbés par leurs pensées...
L’effet est d’un rendu formidable.
Le tempo n’est plus, la métrique s’efface, reste illusion et ces électrons expressifs se croisent, se répondent comme les passants d’une scène de film qui circuleraient autour du personnage principal.
« Maybe it’s because nobody needs me »... le crescendo amène un « needs » long, nuancé quasi sotto-voce et le « me » est là marque de fabrique du chant de Sinatra... loin, le plus loin possible que la tenue du son...
La contrebasse va alors installer tous les deux temps son swing balancier basse/quinte, les cordes vont se motiver au tempo et les bois renforcer la trame. Même trajet mélodique, quasi même crescendo, avec cette fois cependant, d’infimes ruptures syncopées afin de rendre encore plus expressive la phrase clé.
L’orchestre va conclure cette première partie chantée en égrenant et éparpillant ses sonorités (une technique disneyenne usitée dans de nombreux titres des premiers longs métrages de dessins animés... entre autre)...
Cor et hautbois vont alors s’emparer du précieux thème, le motif de cordes va passer aux bois, les cordes vont laisser le vide se faire et rejoindre la harpe en pizzs pour l’after beat.
Le crescendo de la phrase clé sera tel ceux de Bernard Hermann en grandes heures sentimentales des délices panavision hitchcockiens, gestion parfaite des bois pour conclure la phrase de hautbois d’abord, puis empoignade des archets pour les cordes, revenues sur leur sujet sensible et frémissant.
The Voice revient, l’orchestre a « rassemblé » ses plus belles parures, il va s’affoler d’une dernière envolée finale pour laisser le carillon appeler au loin l’amoureux déchu.
Là-bas, au loin, la silhouette de la créature rêvée a traversé comme un mirage, Central Park.
Frankie va sortir de sa torpeur et certainement retrouver l’espoir...

2e jour – Chanson...
Elle m’avait effleuré le premier jour, mais Frankie... tout de même...

« Les Lignes Téléphoniques » est une chanson installée au cœur de l’album de Michel Jonasz « unis vers l’uni », vous savez, cet album truffé de pépites jazzifiés, fm-isées...
Une certaine « boite de jazz », au texte si culturellement synthétique, une certaine « bossa » qui transporte au loin vers ces contrées syncopées, un hommage à Ray Charles tellement vrai, réel, poignant et puis cet adage au rock FM calif’, l’ancêtre du smooth jazz, touche de jazz, poids funky, sucré, pas trop salé.
Et là, au milieu de ces rutilantes pierres taillées pour les charts se glisse ce moment de poésie, ce minuscule point d’arrêt de sentiments, de pudeur, d’émotion, de nostalgie...


Les lignes téléphoniques avaient remplacé le télégraphe...
Aujourd’hui  elles en ont pris un coup de wifi/facebook... mais finalement le lien, ce lien ténu - qu’il soit filial, générationnel, relationnel ou amical – est obsessionnel et fondamental.
Vouloir le rompre certifie qu’il existe et a existé, vouloir le perdurer signifie son sens relationnel, rationnel.

On parle ici de champs, de villes, de prière, de temps qui passe, de transmission de valeurs, de père et de fils – ces rapports que l’on sait si complexes ou compliqués parfois mais qui n’effacent pas / jamais l’amour, d’éducation, de passé et d’avenir...
On y parle à trois temps, sur un piano qui ne cesse de s’arpéger et de s’accrocher au poteau de chaque premier temps pour s’éloigner à l’infini de mesure en mesure, jusqu’à ce point, là-bas, à l’horizon.

On est rentrés de concert en Belgique avec Sonia, voici trois semaines et, de retour, dans le taxi nous menant vers l’aéroport, fatigués par le trajet, la prestation - on était enfin tranquilles.
On a remis à l’heure nos projets, reparlé de celui réalisé avec quatuor à cordes et remis l’idée de le conclure...
Alors on a parlé de Gabriel Yared et à travers lui de cette chanson qui est en quelque sorte le modèle de nos aspirations...

Michel Jonasz a marqué de son empreinte ma génération – il est une sorte de Steely Dan de chez nous.
Il sait mélanger en un savoir créatif notre art de la chanson avec tout l’apport des influences américano-culturelles et de tant d’autres.
Il nous aura fait rêver en engageant les pointures des studios d’outre atlantique, avec cet album il aura eu bien avant les stars notre Manu national...
Ici, les cordes sont de cette écriture cinématographique qui donne aux mots l’image, les images...
En une poignée de minutes l’écran s’ouvre, la route se dessine, la silhouette disparaît, la brume s’installe dans les yeux et dans la rigueur d’un matin d’adieux... la main hésite entre rester dans la poche ou agiter un mouchoir, le regard suit ces lignes qui filent au loin et le temps ne compte plus.
Il est passé et s’arrête en cet instant précis, redouté, obligatoire.
Alors l’orchestre va, au gré de ce paysage jouer tous les tableaux sentimentaux, aidé par une onde Martenot en sifflet d’enfance...
Les plans visuels et sentimentaux sont posés, en grand, en une image qui défile, lentement, immuable symbole de la vie...
Une comédie ? Un film d’auteur (s) ?...
Un îlot de sentiments submergé par l’émotion pure.


3/ Indéniablement en rapport avec Sonia, il me fallait Stevie...

Quand cet album (« Hotter than July ») est sorti c’est « Master Blaster » qui a tenu l’auditoire en dance floor... un tel hommage de la part de l’un des grands parmi les grands à Marley, à presque lui piquer la vedette, c’était du lourd !
Mais...
Comme toujours, quand Stevie sort le grand jeu sentimental, ça fait mouche.
Je me souviens très bien la découverte de cette chanson « Rocket love », je crois même que une fois l’album entre mes mains je n’ai écouté finalement que celle-ci, puis peut être « Lately »...
On jouait bien trop « I ain’t gonna stand for it » avec Jacky pour que l’envie de l’écouter après les contrats ne me vienne – j’avais acheté l’album pour bosser le titre et « Master Blaster » était obligatoire (je l’ai encore rejoué cet été, quel pied !).
On eut bien tenté « Rocket Love » en soirées mais personne ne connaissait ce titre, pire il faisait un flop systématique jusqu’à ce que Michel des années plus tard me propose qu’on l’inscrive au répertoire, autre groupe, autres amis, autres musique(s)... et du recul pour le jouer certainement « comme il faut ».


Je compare un peu ce titre à celui que Stevie a offert à Michael Jackson pour « Off The Wall : « I can’t help it », plus groovy certes, mais quelque part...

Ici encore une fois les cordes sont à l’honneur, moins symphoniques, plus réduites, « de chambre » elles sont incisives, véloces et agissent pianistiquement, comme des traits lancés au détour des vocalises, des phrases mélodiques, des multiples « vibes » caractéristiques de Stevie.
Stevie, justement, comme à la « grande époque » joue là de tous les instruments, y compris de cette batterie à laquelle il a greffé une Simmons, sonorité obligée de cette entrée dans les eighties.
Un chromatisme à la Barry/Bond sert de trame latinisante, les doo doo doo sont une intro de lumière et Stevie chante comme à l’accoutumée... divinement avec ce feeling qui lui est si particulier, ces nasillements si percussifs, il vocalise en méandres quasi harmonicistes, il s’envole en tessitures frôlant l’altitude paradisiaque, il gémit, crie, pleure, susurre...
S’il me faut un titre de Stevie Wonder ce sera « Rocket Love ».

4/ Et j’étais déjà au jour fatidique, celui du titre dont on ne peut se passer...
Mais là finalement c’était simple.
Je l’avais déjà dit en avant-propos de la reprise du blog, impossible de me passer du « Black Dog » de Led Zeppelin.


Une cicatrice gravée au fer rouge dans l’enfance, ma première plongée légitimée dans le rock (par mon oncle), la découverte d’un autre univers, d’autres sons, d’un chant détruisant tout sur son passage, l’entrée dans l’univers de la batterie avec ce break qui fera que je déciderais plus tard et très vite de m’adonner à l’instrument, la puissance sonique incroyable et qui m’était inconnue jusqu’alors et ce riff à la carrure complexe qui incite et provoque le chant... tant de flash qui font de ce « Black Dog » un éternel retour vers la première sensation envers le rock (avec les « Machine Head – In Rock » de Deep Purple).

Chez moi c’était Brassens, Montand, Mouloudji, Mouskouri et les chœurs de l’armée rouge...
C’était Beethoven, un peu Chopin, jamais Mozart ou Bach et quelquefois Tchaïkovski...
Cette musique « pop » c’était « de la merde », une anti valeur issue de l’industrie montante du disque, anglo-saxonne et protectionniste...

Alors dès l’accélération de la bande en départ guitaristique de Page pour donner le ton à Plant  puis ensuite, une fois celui-ci entré en puissance, avec l’apparition du positionnement massif du riff – imaginez le dépaysement du gamin de 11ans... (1971...)...
Pour changer et agrémenter ce challenge j’avais choisi pour illustrer l’extrait du film controversé « The Song Remains the Same », histoire de proposer une alternative.

A la sortie du film on était montés spécialement avec Thierry pour le voir à Paris (on avait fini au passage pour le concert mythique du Soft Machine paru sous « Alive and Well » au Palace) et on était restés planqués dans la salle de ciné pour revoir the song remains... une seconde fois... moi, juste pour ce « Black Dog » et la giclée de fuzz que Jimmy de pacotille étoilé balance en riff comme en solo inspiré, la tourne moelleuse et souple, féline, de John Paul, la réverb Madison Square qui fait que Robert jubile et pour ce mastiquage au fond du temps de Bonham, un des grands parmi les grands, qui stabilise ici tout l’édifice et ce dès le départ en repositionnant le tempo, là, bien au fond, avec une assise qui n’a pas d’équivalent dans le lexique des batteurs.
Je pousse le son... encore et toujours... à jamais, c’est juste... stratosphérique...

5/ Je ne devais pas oublier Billie – à ce stade du challenge je réalisais que c’en était bien un...
Tant de titres à ne pas oublier, se dire que, choisir un axe, lequel...
Des questions tellement superficielles en ces temps de crise planétaire, de migrations de peuples, de misère dans la rue...

Un jeune, sdf nous accoste là, à Amsterdam... on dialogue en anglais et finalement on découvre qu’il est français.
On est juste sortis faire une emplette au Hema du coin... on lui filera ce qu’on a dans nos poches.
On cause un peu, il est heureux de sortir de son « quotidien » l’espace de peu de minutes...
Il doit vite reprendre son activité – il vend des journaux associatifs pour s’en sortir, pour survivre et c’est l’heure d’affluence. On ne doit pas lui faire perdre cet espace privilégié de rémunération.
De retour à l’hôtel c’est l’évidence, Billie et son « You’ve changed » ont traversé l’espace.
Pas le thème, juste elle, son expression, sa voix, unique, inimitable, fracturée, expression directe de la vie, de l’âme.


J’en ai beaucoup dit sur Billie et cet album en l’ancien blog.
J’écoute Billie et la vie prend tout son sens... ses hauts parfois, ses bas aussi.
Je ne connais pas d’autre artiste capable d’une telle transparence entre le quotidien et sa transmission par l’art – avec Billie la ligne est directe, pas de détour, d’effet, de superficialité.
Elle exprime en chanson la vie, sa vie.

Ici en cet écrin de cordes et de satin elle offre accompagnée d’un trombone sensuel et de voix angéliques l’attirant vers le paradis l’un des plus essentiels albums de l’histoire de la musique, sans distinction commune de genre ou de style...

Je ne parle pas de jazz avec Billie Holiday, je parle d’abord de musique...
Billie eut été lyrique ou rockeuse, c’eut été identique – il n’y a pas de style pour de telles artistes, de telles femmes, il y a juste eu une époque et une vie associée à celle-ci.

6/ Je regarde mon emploi du temps, je consulte ma liste d’amis à nominer, je feuillette la pochette souvenirs, c’est peut-être l’axe qui va me permettre de quasi pré-conclure ...
J’ai sollicité des musiciens avec lesquels je joue ces dernières années, j’ai titillé le passé en nominant d’anciens compagnon de zic...
Un nom va synthétiser à la fois un groupe en émergence que j’avais dû quitter par départ sudiste, un ami bassiste qui y avait participé et un casse-tête que je suis en train de monter avec des élèves (« The War Suite ») :
Gino Vannelli et son « Brother to Brother ».


Pas le temps de fouiller sur le net « outre mesure » et la version du best of aura suffi à l’affaire.
Je reste attaché à la première, celle en studio, mais il faut avouer que l’exubérance (également le mixage drumming désormais très vieillot) de Mark Craney aux drums peut à la fois enthousiasmer ou fatiguer.

Après une longue collaboration avec Mike Schrieve, Gino avait renouvelé le staff – son frangin avait laissé le pédalier de l’orgue (le moelleux de « Felicia » - album « Powefull people ») pour des basses plus mooguées et c’était le talentueux Jimmy Haslip qui avait pris la relai en fretless, slap et autre armes pour pénétrer dans l’arène des frères Vannelli.

« Brother to Brother » représente quelque part en un titre la synthèse de la vision ambitieuse et fouillée des frangins Vannelli, sacrés compositeurs s’il en est, proposant une écriture à la fois pop et orchestrale sans pour autant s’émanciper vers le rock prog, mais plutôt surfant vers les contrées du jazz rock.
Gino Vannelli je suis en train de transcrire sa « War Suite » pour la faire bosser à des élèves de cycle 3 et franchement c’est un os...
L’écriture est d’une rare précision, les orientations musicales mélangent tout à la fois, jazz, funk, pop ou encore latino, sans oublier le gospel et une forme de symphonisme, les structures sont dignes d’un réel souci de forme et il va sans dire que pour interpréter de tels monuments il faut un sacré niveau tant instrumental que de maturité musicale.
L’oreille va devoir trouver son axe entre mélodies sortant des harmonies aux empreintes directement jazz (9e, 13e, 11e diésées...), aux accords très souvent suspendus en quartes comme secondes et là-dessus le traitement sera souvent asymétrique, ou brisant les formes (formules)...
Passionnant.

« Brother to Brother » c’est tout cela à la fois sur quelques minutes et de bien belles envolées instrumentales.
Ce solo de guitare de Carlos Rios, par exemple, qui enquille ce pont délibérément ouvert pour les musiciens. 
Il entre de fait dans la mémoire, comme écrit et d’ailleurs il sera complexe de s’en émanciper dans les versions live par la suite (même sentiment avec celui du « Aja » de Steely Dan – encore eux, mais quand on parle de ciselage d’écriture forcément les référencer est de mise).
Cet environnement synthétique dû à Joe Vannelli, que je considère encore comme un des claviéristes majeurs du genre  (lequel ?), entre Zawinul et Paich avec une pincée d’Emerson.

C’est intéressant de voir la place laissée à "l'instrumental" dans les chansons de Gino Vannelli...
Lui qui est un remarquable vocaliste et chanteur pourrait faire comme tant d’autres, ne laisser que quatre maigres mesures d’intro purement musicales et un solo riquiqui à ses sidemen.
Bien au contraire, il octroie toujours une place conséquente à l’expression des musiciens de son staff avec parfois, comme ici, une section écrite tout spécialement pour ce faire et s’émancipant de la grille de soutien des parties vocales.
Cette attention toute particulière le place à mon sens comme une sorte d’exception du genre.
Certes nombre d’artistes savent offrir des places privilégiées à leurs sidemen – prenons Michel Jonasz, cité ci-dessus avec son album « où est la source », les solis offerts à Larry Carlton par exemple (« groove baby groove ») sont des hommages, mais restent ancrés dans la grille...
On pourra comparer un autre chanteur spécialiste des invités de marque : Michael Franks, idem...
(Je consacrerais un temps de lecture et d’écoute à ce remarquable artiste).

Dernière remarque à propos de Gino Vannelli et son frangin, c’est en transcrivant sa musique que j’ai réalisé à quel point l’écoute d’apparence aisée révélait une véritable science de l’harmonie, du développement et une intelligence musicale bien rares dans des contextes comme ce qu’il est commun d’appeler la chanson.

7/ Je voulais "nominer" mon ami Thomas, ainsi une forme de boucle de collègues aurait été bouclée...
L'an dernier on n'a pu éviter l'hommage à Joe Cocker, disparu, bien aimé de tous et si charismatique, sympathique.
Trouver un titre parmi ses innombrables covers a été d'abord la reprise woodstockienne gospélisante à trois temps du titre des Beatles ("With a little help from my friends"), mais ayant remarqué que l'immense chanteur glissait toujours (ou presque) dans ses albums une chanson composée par ce grand songwriter qu'est Stevie Winwood, je voulais au passage faire découvrir à un auditoire de parents et d'élèves (concert des professeurs du Conservatoire) cet artiste.
"Talking back to the night" re-propulsé par Sly and Robbie aurait été mon premier choix, mais l'orgue de Billy Preston sur cette version de "Can't find my way home" (issue de l'unique album de Blind Faith) aura modifié cette inclinaison initiale...
Comme toujours, l'efficacité est là, Joe cocker n'a nul besoin d'en mettre une tonne, sa voix tellement criblée de qualificatifs fait la différence avec tous... son implication aussi.
Une sorte de "vérité".


8/ Pour finir... et en réalisant avoir dépassé d'une chanson le challenge :)
Pour finir on se dit que en sept titres, piochés dans l’humeur, le souvenir, l’urgence, l’idée saugrenue, la réflexion, il faut tant que possible le faire en restant « fidèle » à ce qu’on aime...
Et j’aime plus que tout écouter le premier album de Rickie Lee Jones, il est tellement chargé de sentiments, d’émotion de vie qu’à chaque fois, je ré-adhère à cette fraicheur instinctive, ce don de soi, ces orchestrations somptueuses, cette production de Templeman aux petits oignons, ce staff de furieux sortis des studios de CTI (Gadd, Brecker, Weeks parmi tant d’autres).
Là aussi il m’aura fallu glaner mes envies de voir dans un magasin de partions de Time Square pour dégotter la perle, le joyau, le songbook de la dame...
Quasi tous ses titres phares en un recueil, dire que je l’ai usé depuis est peu, dire que j’en ai fait profiter mes élèves chanteuses afin de leur faire découvrir une autre voie/voix est également logique.
Comment peut-on imaginer, lorsque l’on est chanteuse, ne connaitre Rickie, Billie ou encore Joni ?...
Sortir des poncifs certes qualitatifs de Céline Dion tant prisés par les adolescentes (et ce encore aujourd’hui, comme quoi le travail de comm’ aura été fait pour des lustres...), faire comprendre que le jazz chanté n’est pas uniquement M.Gardot, S.Kent ou D.Krall, admirables certes, et légitimement mises en avant médiatiquement comme représentatives d’un jazz à la portée de tous... c’est une de mes volontés professionnelles « de base » et ce quel que soit le domaine de genre, d’instrument, d’esthétique, etc...

« Company » est un titre que j’aurais accompagné pour certaines d’entre elles et ce jusqu’à le faire bosser à des élèves chanteuses/pianistes.


Son approche musicale et technique, qu’elle soit vocale, harmonique ou pianistique est d’une « fausse » complexité – il y a un truc à trouver, et c'est bien là la véritable difficulté, qui amène sur ce moment délicat, pianissimo et à capella – sorte de point sommet de l’ensemble du texte musical.
Chanter en exagérant le côté larmoyant de l’affaire serait une erreur, ici, la musique et la phrase mélodique se suffisent à elles-mêmes, il faut juste se laisser porter par elles sans en ajouter, juste de la nuance dans le propos et surtout de la simplicité dans l’exécution et là, on est dans le vrai, c’est-à-dire tout à l’opposé des chanteuses précitées, chargées de mimétismes, de mimiques personnelles, d’effets de genre qui leur sont collés, qui leur sont propres parfois, mais qui masquent aussi souvent une superficialité d’expression.
Rickie Lee Jones a marqué de sa voix ma génération, elle aussi est "inclassable" car ancrée dans un « genre » générationnel (tel que Billie), je ne cherche jamais à lui coller la moindre étiquette.
Elle chante, je frissonne, un point c’est tout...
Allez donc comprendre...

J’ai alors refermé le rabat de ma tablette, refait un parcours de cette semaine qui aura associé du coup, musique et vacances, souvenirs et boulot et amis, relations, respect...
Si la musique permet de tels liens, alors, continuons...
Les relations humaines sont en cette ère de délabrement capables de telles horreurs que un peu de lien « social » par l’art est chose finalement bien optimiste et éminemment positive...

Alors merci à Chris, puis aux nominés Daniel, Alain, Jean Marc, Sonia, Thomas, Élisa, Éloïse et Julie, respectivement amis, collègues (et aussi les deux à la fois), élèves...
On remettra ça, genre pièce instrumentale cette fois, pourquoi pas ?
Au passage il y aura eu Guns, Eno, Dylan, Sparklehorse, Elvis,.. mais de telles chaînes, pour les suivre... une fois lancées ce serait presque un boulot à temps complet...







Commentaires

  1. J'ai toujours plaisir à passer un moment avec toi car je retrouve tous mes coups de coeur de jeunesse. Un peu comme si on s'était retrouvé à la fin des années 70 début 80 sur la même route musicale. Rickie Lee Jones je l'écoute plus mais j'adore cette voix. Le Stevie je l'avais un peu snobé à l'époque (diffcile de reproduire à chaque fois "Songs in the Key of Life") je l'ai revu à la hausse depuis. Moi aussi j'aurai choisi "Rocket Love"... Gino j'ai le fameux album noir War, tu me donnes l'occasion d'y replonger. Je l'avais à peine survolé y'a 2 ans. Moi, comme toi, je reste un inconditionnel de Powefull people, Ha Félicia un must ;) je pense pas que le drumming de Brother soit daté. Il a toujours été "spécial", techniquement fascinant mais lassant en fin de compte. Faut dire que Gino c'est un chanteur qui a flirté avec bonheur avec le jazzrock, là sur ce point prècis la fusion est plus délicate. Je ne compte plus le nombre de disques de jazzrock qui me fascinaient pour tel ou tel passages mais dont j'étais incapablle adolescent d'aller jusqu'au bout. Jonaz j'aime moins sa pèriode à succès, je lui trouve un coté "recette" qu'on ressort à chaque fois. Ceci dit y'a rien à dire c'est très bien fait. Moi je l'ai découvert pendant ma période disquaire. C'était un temps où même un disque qui se vendait pas pouvait rester en rayon un an, deux ans sans disparaitre. A force d'y tomber dessus, chaque semaine, tu finissais par l'écouter et l'acheter. J'adore ses premiers textes sur la famille, sa mélancolie, ses mélodies pas racoleuses. Il a failli abandonner aux débuts des années 80. Il avait dit dans un magazine, si je vends pas ce disque, j'écrirai plus que pour les autres. C'était "Les années 80 commencent" et il a (heureusement) bien marché.

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    1. Merci Alain de ce passage commenté.
      Je me rappelle un débat "en voiture" avec mon ami Jeff (surnommé ainsi par rapport à son jeu très Beck, puis passé au slap en mode Level et devenu un temps un partenaire de... Peter Gabriel, si, si...) - on cherchait à "évoluer" rapport à notre concept d'une forme de rock instrumental, devenu song mais encore entre ce délire jam session (Freeway Jam résumerait très bien nos influences de cette époque) et s'ouvrant progressivement vers le format chanson en début d'années 80.
      Les boites à rythmes commençaient à être légion, mon jeu de batterie issu en influences (je parle pas de niveau car là, c'était inespéré à atteindre...) de Tony, Narada, Lenny et autres Billy ne trouvait plus sa place dans ce contexte musical. Je lui avais donc fait écouter ce Brother to Brother afin de lui prouver, tant que possible que jouer ainsi était encore envisageable, possible, si du moins on faisait évoluer notre musique vers une "forme".
      Aujourd'hui ces jeux très techniques ont été domptés, mis à profit et même exploités en conséquence.
      A l'époque l'arrivée d'un Gadd très précis et méthodique, imparable puis d'un Erskine et plus tard des Colaiuta ou Katché, Porcaro aura été salutaire pour la profession...
      Les jazz rockeux n'auront plus eu besoin quelque part de tenter modifier leurs langages respectifs pour coller au moule de la mode eighties et de nouvelles approches drummistiques auront pu à la fois mêler identité instrumentale et très grosse technique tout en s'adaptant parfaitement au format charts et studio.
      La batterie est un instrument "récent" et très très évolutif...
      Sa pédagogie d'ailleurs est encore peu normalisée, les bases issues de la percussion classique et des anciens (Agostini via Kenny Clarke, en mode référentiel) on très vite été dépassées (même si elles servent encore comme le serait la "Méthode Rose" au piano)...
      Craney use ici, en exemple de la double grosse caisse... ça s'entend au final du passage instrumental quand ça chauffe, aujourd'hui plus besoin de t'acheter deux grosses caisses, la double pédale a remplacé depuis longtemps le volumineux (et galère à régler..., à accorder...) dispositif. Imagine ça, plus toutes les nouvelles astuces de disposition d'éléments (jeu ouvert sur la droite avec cymbales de rythme à droite chez Cobham, charley à droite chez Weckl plus pad Roland, batterie genre magasin de zic chez Portnoy, cymblaes en hauteur à l'envers chez Bozzio...) à... enseigner.
      Alors les bases certes restent là, mais on doit prendre en compte un instrument en perpétuelle mouvance.
      Ça tu le démultiplie à la basse électrique (de Jaco à Wooten...), à la guitare électrique (Vai et autres... Satriani), au chant (rap, slam, métal à la Korn....) sans parler des claviers car depuis Zawinul en précurseur ou Banks on en a créé des synthés... et des modes de jeu tant orchestraux que pianistiques.
      Ça te résume nos dilemmes de profs de musiques actuelles...
      Enseigner les bases tout en ne négligeant pas (surtout pas) ce qui émerge...
      Heureusement que ce métier possède l'atout majeur de la nouvelle génération....
      C'était pour te résumer mon sentiment rapport au jeu de M Craney ((que j'adore ceci dit et qui est spécial pour aller effectivement dans ton sens dans la mesure où l'insert du jazz rock pur et dur en mode song ne devait pas être simple...)
      Je continue dessous...

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    2. Certes Jonasz a fini par avoir des clichés, issus de ses influences multiculturelles...
      Avec cet album il a puisé dedans et s'est servi de thématiques à prétextes (bossa, R Charles, Fm funky)...
      J'adore ses premiers albums, je suis dingue de celui avec les ricains (et le live par la suite...) - je ne néglige pas Mr Swing, ce pari très osé et puis cet album avec l'équipe de choc dans lequel il y a ce petit bijou "Minuit Sonne", quelle classe !...
      Perso côté Stevie, même si j'aime Key of Life, qui reste un sacré "monument", ce sont ceux des années 70 qui me touchent le plus, comme Music of my mind rien que pour l'intro de Superwoman, là, Zawinul avait un sacré "concurrent" côté créatif... et défricheur de sons et puis personne ne joue du clavinet comme Stevie et comme (tout comme l'orgue hammond) je suis un adorateur de ce son !....
      Ah ça fait du bien cette petite plongé en souvenirs, hein !
      Te reste à ressortir ces albums...

      Bonne journée et merci du passage.

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  2. Quelle belle surprise de retrouver ces titres ici!! :) L'avantage est que j'ai une petite explication quant à tes choix...du coup je ne savais pas que tu étais en vacances et m'en veux (presque) d'avoir sollicité un peu de ton temps...
    Concernant Michel Jonasz et d'après ce que tu en dis, j'espère un jour te lire sur son oeuvre....je l'ai vraiment découvert dans les 2000s et j'ai appris à apprécier (en mettant de côté mes à priori) tout ce qu'il a fait à partir d'Unis vers l'uni (avant je ne connais pas...)...enfin j'ai encore un peu de mal avec cet album parce que j'ai toujours une indigestion de la "Boite de jazz" depuis mes 10 ans!!! Mes parents avaient le vinyle mais je ne me souviens que de cette chanson... par contre "La fabuleuse histoire...", j'adore...
    Je suis ravie que ce petit jeu t'ait plu...mais passionné comme tu l'es...;)

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    1. Hello,
      Tu sais, même en vacances (surtout) la musique est là de façon systématique, donc, cela n'aura pas été le moindre souci.
      M.Jonasz fait donc débat...
      Pas étonnant, l'homme est assez atypique, bourré d'influences d'une certaine musique américaine autre que les rockers à la Johnny (Eddy quant à lui a "heureusement" des partis pris plus captivants... je vais d'ailleurs jeter une oreille sur son nouveau avc Big Band).
      En écrivant ça je réalise que les filiations / influences sont en fait nombreuses, mais on n'y prête pas toujours attention.
      Sheller/Beatles, Koven/Marvin, Aznavour/Jazz, Salvador/Bossa-jazz, et puis et puis... tant et tant...

      t'as de la chance !
      indigestion de boite de jazz - moi c'était la montagne, le gorille et fernande... pas franchement rock'n'roll ! :(...
      bon, on rejouera, mais d'abord Jonasz (j'ai ressorti suite à mon comm' avec Alain l'album "Tristesse", un délice !) et puis d'autres petites idées "sur le gaz"...
      et j'ai lu deux trois petites choses à épingler...

      à +
      merci pour tout.

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    2. Quand tu parles de Koven c'est David Koven?!
      Bon WE!!

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    3. Oui, David Koven, j'ai toujours adoré et ce du debut...
      Ca te surprend ?

      😮☺

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    4. Oui et non, ça doit faire 30 ans que je n'ai pas entendu ce nom alors, surprise!! Je l'ai même vu en live et j'aimais bien, on avait un disque à la maison...
      Tu l'as fait ressortir des limbes de l'oubli...;)

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    5. En fait, j'ai joué un titre du genre Afrique ou qq chose d'approchant et ça me bottait vraiment.
      c'était dans les années où les orchestres de bal existaient encore et ce titre on l'avait choisi pour s'éclater, entre autres...
      Puis il a chanté Marvin et là...

      bref, pas de quoi forcément faire un article mais qui sait le mettre en rappel ? de temps à autre comme là, comme quoi le hasard des coms' fait ressortir des trucs enfouis.
      thx

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  3. Pas encore trouve assez de temps pour tout écouter et te lire. Puisque je le fais en parallèle. Allez je viens commenter jusqu'à Madame Holiday.
    J'avoue ne pas avoir tout compris à ce système de nomination. Surtout qu'à comprendre Chris, c'est peu commenté sur Facebook.
    (entre parenthèse, j'ai un compte sur Facebook, donc le jour où vous relancez ce genre d'échange que j'adore. Pas trop tôt, je m'absente deux semaines! mon compte c'est mon nom Antoine Lusinchi)

    Bon ton Sinatra, je le découvre, dans le sens que l'isolant je me mets à particulièrement l'aimer. Car cet album, au titre si touchant "Sings for Only the Lonely" une fois que tu le mets, c'est une seule chanson et plusieurs chapitres. Par contre, quand tu parlais de chercher UNE version. J'ai eu le même "souci" avec "Night & Day", MA version est celle où il énonce du texte avant de chanter, sa voix est mûr et il y a ici la plus grande symbiose avec l'orchestre (The Reprise Collection CD1) et soudain "you you you.. Night and Day.." est enchaîné que c'en est douloureux. Zut, je m'approprie "ton" espace avec ma chanson... ;-)
    Michel Jonasz. Là pas pareil. Je découvre aussi, mais ton texte et cette chanson... M'a retourné comme le disent les espions. Notre Steely Dan?! Tu éclaires l'artiste avec intelligence et voici que Michel monte de quelques crans dans mes envies de connaitre. Il peut "voir" devant lui Sheller que je pensais le seul à pouvoir nous serrer comme ça.
    Stevie: Comme pour Sinatra, en isolant mon écoute, je découvre davantage cette douceur, quand tu écoutes l'album en entier (Pas zapper, dira Chris) tu as d'autres titres qui continuent à résonner. Du coup celui là... n'en profite pas. Ce qui reste collé à mon tympan c'est cette sonorité d'ouverture. Joli synthé?
    Led Zeppelin. Ce que j'ai pu l'aimer ce film. Et encore aujourd’hui, c'est la version de "Whole.." et "Stairway.." que je privilégie. C'est vrai que les parties "documentaires" sont un peu... allez, inutiles.
    Billie DEUX L Holiday UN L.... de l'intemporel qui marque son temps. J'ai mis du temps à comprendre pourquoi elle était, pas comparée, mais rapprochée de Edith Piaf. Il ne s'agissait pas d'écouter mais de ressentir. Il ne me faut pas m'attarder, entre Sinatra et elle. Je n'ai pas envie que l'on chante pour moi. À suivre.....Plus tard

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  4. Sinatra, Night and Day... Mon titre de piano bar que je n'ai jamais quitté avec Ipanema depuis... impossible à compter :)...
    Cette version dont tu parles avec son verse est merveilleuse et même en partitions est difficiles à trouver, mais bien sur je l'ai et la joue telle quelle.
    bien vu l'album chapitres.
    Jonasz est captivant, plein d'émotions - cf la chanson Arthur qui me fout les larmes à chaque fois (et également très chargé d'humour comme big Boss ou encore le Scat et tant d'autres...) textes toujours pointus, musique gorgée de ces influences que j'aime tant, bref et en plus des zicos de tuerie (Ecay, Katché, Gadd, Carlton, notre Basile national, Luc, d'Angelo...) un peu comme Michael Franks, le gars sait s'entourer...
    Chez Stevie y'a les tubes qui masquent souvent la forêt, mais une fois que t'as commencé à débroussailler tu tombes sur LA chanson qui te fait fondre...
    Sacré Stevie...
    et quand je dis sacré, vois y aussi un côté gospel spirituel, etc...
    Led Zep le film et les rares DVD (l’espèce de gros volume de concerts retraçant leurs époques un vrai bonheur et bien sur le dernier live avec le fiston aux drums...) à fond te dis je !!!
    Oui Billie et tu résumes tout...
    mais te touche tellement... pas toujours évident selon les jours...

    à +
    thx

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