TOUT FRAIS ?

 

TOUT FRAIS ?

SANTANA - « Blessing and Miracles » - BMG2021.

Qui peut bien s’intéresser à un énième album de Carlos Santana ?
Tout frais ou plutôt vu le contexte musical, tout chaud sorti, ce « Blessing and Miracles » (qui suit de près le formidable « Africa Speaks ») va forcément ravir les suiveurs du dernier grand guitariste d’une époque révolue mais encore bien présente dans les esprits.
Un rescapé de Woodstock, ce qui l’a quelque part lancé et mis comme tant d’autres à l’avant-scène de ces seventies où tellement de musiques étaient permises, tellement de possibilités s’ouvraient, une évolution tant de lutherie instrumentale que du jeu instrumental à proprement parler, une évolution technologique en studios mutant en permanence…
Guitar Hero de ces heures il serait dommage de le ranger et de ranger sa production exclusivement dans ces années glorieuses – il fut effectivement un temps où l’on osait dire que Carlos Santana était certainement le guitariste le plus important depuis Jimi Hendrix.
Bon, depuis, cette copie aura été largement révisée, mais en ce temps, il pouvait effectivement aisément prétendre à ce statut.

Marrant, j’ai décroché de Santana à l’aube de l’entrée au XXIe, avec « Supernatural », là où toute une nouvelle génération l’aura découvert (probablement), en tout cas écouté et repris en considération.
Ce Santana là m’a vraiment ennuyé…

C’est, d’ailleurs, après ses glorieuses années seventies et un cultissime « Caravanseraï » parmi tant d’autres - car le groupe de C.Santana était en permanence sur la route, enregistrant au fil des tournées (fréquent à cette époque bénie du live interplanétaire) – que sa discographie s’orientant vers un jazz-rock ou l’inverse a eu tout mon intérêt (« Inner Secrets », « Marathon », « Zebop », « Havana moon » et surtout « The Swing of Delight »).

Bon, entrer de plein fouet dans un nouveau Santana n’affichera pas vraiment de surprises, mais que cette soupe aux ingrédients éternels est bonne…
Il y même là, parmi les invités, le fantastique Steve Winwood qui vient chanter un saucisson de chez saucisson pour un plaisir que l’on prend directement, l’a priori ennuyeux « Whiter Shade of Pale », déviance d’un Bach (Sinfonia en Fa M et Suite pour orchestre N°3 en Ré M) qui n’en est plus à un re lifting prêt. Ici, sous son orgue, et chanté avec un feeling que lui seul peut avoir (et ouvert par une boite hip), l’on se rend compte de l’éternité de certaines mélodies…
Alors, si le mot vintage voulait vraiment dire quelque chose (pour eux, c’est juste leur musique…), on peut dire qu’on est servi.

Percussions latino-rock de mise et identitaires, solos de guitare à la pâte immédiatement reconnaissable qui vont gueuler en frémissant dans les aigus, parfois surchargés de wahwah, couleur « gypsy » qui fut récupérée par un Al Di Meola la cumulant au flamenco, orgue hammond obligato, lyrisme ensoleillé qui oscille entre le brin nostalgique et le festif latinisant qu’il appuie en rock beat usant des plans tant salsa que mambo, et bien sûr rhumba, feu hendrixien (« Peace power), dureté métallique à la Aerosmith (« America for Sale »), incartade reggae, invités choisis et de « marque », etc…
On passe avec aisance en tous univers, car comme toujours, le « moule » Santana les mets sur l’autoroute. Une highway à l’horizon irisé par le soleil et brûlant de chaleur…
Le Mexique est tout prêt… là au bout de cet immense espace.

Rien de tout à fait nouveau… mais la surprise ne sert pas à grand-chose quand on veut simplement le plaisir.
Ce « Blessing and Miracles » peut bien tourner en boucle, il procure ce que l’on attend de lui, un plaisir simple et pur, efficace, direct et cette délicieuse plongée dans le(s).. souvenir(s)… avec de temps à autre, quelques, justement et malgré tout... très bonnes surprises.

---

JOEY DE FRANCESCO – « More Music » - Mark Avenue Records 2021.

Joey De Francesco c’est l’archétype du musicien qui te laisse admiratif avec en toile de fond l’éternelle expression « ça joue ».
Hyper virtuosité, aisance époustouflante, musique « sous les doigts », pas de limites, ce gars a été biberonné au jazz, au groove, son père… bref, légende.
N’importe lequel de ses albums, de ses contributions force une admiration et est chargé d’un feeling là aussi immédiatement palpable.

On le sait l’un des plus grands virtuoses et représentants de l’orgue Hammond qu’il triture comme tu conduis ta bagnole tous les jours, n’empêchant pas de temps en temps de t’offrir une petite pointe, histoire d’un peu de fun.
Il est aussi un excellent trompettiste et là, nouveauté il s’est mis au saxophone ténor… tant qu’à faire…
Il est vrai qu’avec son niveau en tous points bosser un nouvel instrument c’est certainement une alternative pour se « renouveler ».
Il en avait envie depuis un certain temps et avoir côtoyé P.Sanders lors d’un de ses enregistrements lui aurait donné cette « envie ».
Bon, il assure, pas vraiment débutant le gars, sur cette nouvelle donne instrumentale…
Mais c’est un peu logique… il a la musique partout en lui, dans sa tête, dans son corps, sous ses doigts, dans sa vie…
Autre plaisir ici, ce sera de l’entendre aux pianos (acoustiques tant qu’électriques) et là… idem.

Dix compos originales, trempées dans le swing le plus fédérateur, pouvant s’afficher directement comme standards, une chanson « And if you please », suave et délicate…
On est dans le bain du jazz, sans concessions, sans intellectualisme branlette, sans détours, du pur, du vrai, du direct.
J’aime.
Ou plutôt non, j’adore.

Ici on se régale à chaque titre.
L’idée de studio se trouve vite reléguée à l’image d’un club où l’on vient hocher du chef à chaque instant où ça s’emballe, ça vibre, ça transmet…
Les deux zicos acolytes assurent le coup avec une jouissance complice.
Lucas Brown prend sa part d’orgue, lui aussi, permettant à Joey de s’éclater sur ses jouets instrumentaux (sax, trompette, pianos…) ou prend sa guitare afin de coller à ce son trio orgue/guitare/batterie célébré par, bien entendu, Jimmy Smith.
Et puis il y a Michael Ode à la batterie, capable de la plus formidable puissance, comme de la plus grande finesse, chargé d’un swing immédiat, doté d’une technique forçant l’admiration dont il use avec une musicalité au profit de ce projet.
Un album qui aura fait dire à Joey qu’après cette pandémie il était grand temps « de se remettre à la musique » – et qui me fait penser que si tout le monde s’y remettait comme ça cette année 2021 sera marquée par la sortie de nombre d’albums chargés de ce bonheur immédiat.
Immédiat…

---

TONY BENNETT & LADY GAGA - « Love for Sale » - Columbia 2021.

Sept ans séparent le premier opus de cette rencontre aux sommets tant incongrue qu’inégalée et cette fois c’est Cole Porter qui sert de prétexte à ces retrouvailles.
On retrouve avec délectation ces titres éternels tels « Night and Day », « Love for Sale », « I’ve got you under my skin », « I get a kick out of you » ... enrobés dans un écrin de luxe.
Un big band pêchu, tonique et qui swingue en diable, des cordes doucereuses, glissantes, moelleuses en tapis ou en chant/contrechants miraculeux (« Dream Dancing »), des bois (ces flûtes) colorés, des traits de harpe qui égrènent des gouttelettes de notes et une rythmique oldschool tour à tour soft ou nerveuse (« Let’s do it » poussé par l’orgue d’Alex Smith), les parfaits sidemen… des arrangements au cordeau.

Tony est et reste le crooner par excellence, il connait par cœur chaque recoin de ces chansons qu’il a œuvré à rendre éternelle depuis … tant de lustres qu’il serait indécent d’en compter les lumières.
Il swingue toujours avec autant d’élégance, de charme, d’humour ou de nostalgie – l’âge n’y fait et n’y aura rien fait. Le swing, le Great American Songbook, ces titres sortis de Broadway sont tellement inclus dans ses gênes qu’il est, finalement, lui-même devenu ce jazz, non plus en simple représentant, ou figure, mais comme un emblème.
Tony Bennett, que j’ai eu la chance d’admirer en concert voici bien longtemps est resté pour moi cet emblème.
Je suis un inconditionnel de Sinatra.
Je suis un adorateur de Tony Bennett – ce désormais arrière grand père d’une musique qui fait partie de ma vie, en fait également partie.
Il l’incarne.
Il transpire le plaisir, la bonne humeur, la réussite partagée, l’affection, la bonhomie, l’extrême gentillesse… une réussite américaine auréolée d’un talent et d’une humilité, d’une reconnaissance évidente.
A travers ces chansons il chante la vie et l’a toujours chantée.
Lady G (qui est d’ailleurs un titre du précédent album ci-dessus de Joey De Francesco) lui colle à la voix. Elle je l’admire, sans discernement, sans hésitation, sans la moindre étiquette d’a priori qu’il serait tellement trop aisé de lui coller.
Technique vocale bluffante, tessiture se jouant des difficultés, connaissance de chaque recoin - elle aussi - de ces titres pas si évidents que cela, retords même, feeling vocal naturellement jazz, écoute respectueuse de son duettiste envers lequel l’on sent et sait qu’elle a une admiration sans bornes… ici Lady G est dans son autre élément musical.
Elle s’offre la récré, une sortie, comme une gamine qui profite à fond de sa journée avec Papy qui l’emmène au ciné, au resto, n’ayant pas oublié le matin d’être passé lui chercher les gourmandises à la boulangerie.
Main dans la main, ils s’amusent, rient de concert, complices et mutins.
Elle en profite et ce moment lui est tant important qu’inoubliable, il restera marqué en elle, plus qu’un souvenir, une appartenance.
Elle, grandit à son contact, lui, redevient un gosse rieur et farceur.
Ils sont proches, elle obéit parfois, d’autres il la laisse faire, il lui fait confiance mais reste attentif, mentor, grand parent avisé, bienveillant, tant qu’admiratif de tant de talent.

Elle est venue le chercher, ça faisait vraiment trop longtemps qu’ils n’avaient pas fait une escapade ensemble, alors ils l’ont faite.
Et nous…
Et bien on reste pantois face à tant de naturel, d’esprit de partage tant entre eux (sans oublier ces musiciens emballés dans l’aventure et complices), que pour nous, public conquis dès l’entrée en matière.
Le cadeau d’avant noël… et quel cadeau !
Cela n’a pas d’égal.

---

VANGELIS – « Juno to Jupiter » - Decca 2021.

Vangelis qu’il soit illustrateur sonore en B.O pour l’image documentaire, le film… ou qu’il sorte un album (et il y en a grand nombre), comme ici… sa musique provoque immédiatement le rêve et l’image.
Une sorte de pouvoir émane de celle-ci, celui d’embarquer l’auditeur, yeux fermés et de le faire entrer dans un espace dont il va créer la dimension.
Ce nouvel opus - pour lequel il est revenu à son attirail synthétique symphonique, chargé de « bruits » évocateurs, d’arpeggios entrés dans nos mémoires, de nappes stratosphériques, de boites à rythmes généreuses et larges, de percussions émaillées et de voix poussées vers l’émotion – s’inspire (récupère) du panel de sons qui ont voyagé avec la sonde Juno, partie explorer Jupiter.

Le voyage est grandiose, comme toujours avec sa musique, épique ou apaisante, mêlant habilement l’étrangeté sonore avec le rapport synthétique (telles cordes issues d’analogie antique) le plus classique tant de texture que d’écriture.
Mais ne nous leurrons pas, l’écriture chez Vangelis peut aussi caresser le contemporain (« Jupiter’s intuition ») et s’écarter du système tonal parfois modal.
Vangelis est un compositeur complet, averti, référent.

Des progressions harmoniques qui rappellent les « Bladerunner », « Pulsar », « l’apocalypse des animaux », « Les chariots de feu » …
Des pianos diaphanes, aux notes ne voulant pas redescendre de l’espace dans lequel elles sont, finalement, dans leur élément.
Tour à tour ce voyage prend des allures de mystère, de fascination, de rêve, d’attente, de magie.
Et l’on en sort touché, certainement par une grâce qui est un art chez Vangelis.
Car chez lui, tout est empreint de cette grâce, de cette idée de beauté, comme doivent certainement l’être ces paysages interstellaires lointains dont ici la texture sonore permet une approche imaginaire irréelle et pourtant bien abstraitement palpable.
Afin d’humaniser (si cela était en tout cas « utile », mais en tout cas cela augmente la dimension spirituelle évocatrice de cette musique), la soprano Angela Gheorghiu est l’invitée qui va opérer le bouleversement pour ce rappel  de la sonorité originelle de l’humain : la voix…

On ne peut pas encore se payer un voyage dans l’espace…
Mais avec Vangelis, il est là, je mets le casque, ferme les yeux…





Commentaires

  1. Là, tu tapes pas trop dans ma came... Le jazz rock, c'est pas trop mon truc. Santana, à part Abraxas que je dois certainement encore avoir en K7 (et que je n'écoute jamais (sans doute à tort)) avec le Mahavishnu Orchestra sur l'autre face. C'était l'époque où je me forçais à écouter les trucs que je n'étais pas censée aimer (le prog notamment), pour m'ouvrir l'esprit. Ca a marché, mais ce n'est pas spontanément ce que j'écoute. En fait, je n'aime pas trop le rock quand il est trop technique. Même le prog, je préfère des choses simples, dans le sens de techniquement pas compliquée, comme Can, Talk Talk. Je préfère l'imagination à la technique.

    Pour Lady Gaga, j'avais écouté son album de l'an dernier. Il étais pas si mal. Tout comme dans A Satr is born (même si je préfère largement le film de George CUKOR), elle y montre une vraie passion artistique. Elle a réussi à casser l'image provoc à 2 balles qu'elle s'était créée et elle devient crédible. On va dire, une vraie personnalité. Comme Madonna ou Killie Minogue. De toute façon, y en faut sur ce créneau si on veut durer...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci de ton comm'
      Santana c'est, en fait (et le comparatif sur sa musique tant que sa personnalité) un parcours équivalent à C.Corea, par exemple.
      Le gars est là depuis des lustres, a ses suiveurs, assez peu de détracteurs car après tout il a des périodes musicales plus qu'abordables et ce n'est pas Europa qui contredirait la chose (...) - bref, il fait partie "des meubles".
      En fait on trouve toujours un (ou plusieurs) Santana à aimer.
      Abraxas, of course.
      Moi c'est Caravanserail, tellement proche du Miles de Bitches Brew...
      Et puis des albums comme Festival, Moonflower (un de mes préférés), son premier, bien entendu tellement ancré dans le Woodstock, ou encore Borboletta, peu connu et le live Lotus...
      Bref, quand je retombe dedans, c'est un bon bain de chaleur.

      Le créneau Madonna, Minogue, LG, maintenant Dua Lipa, M.Farmer chez nous... est un créneau que je suis tant que possible, car en fait il est souvent un sommet d'un iceberg musical souvent caché, underground qui recèle bien des découvertes...
      En te disant ça je pense au Ray of Light de Madonna, par exemple.
      Le jazz LG /TB avec le swing paillettes et tout et tout, déviance cabaret, Broadway, c'est un truc que j'ai toujours aimé. La personnalité de LG en a toujours été empreinte - alors quand elle le fait directement, forcément ça fonctionne.
      Dans l'une des compil's participatives sur votre blog il y a d'ailleurs Cheek to Cheek issu du premier opus du duo.
      Bref, LG, son film et un doc sur Netflix que je recommande fortement a une excellente gestion star tant qu'humaine de son image/musique/carrière.
      Je l'ai vue en giga show à Barcelone et voir une artiste, seule au piano (seule, hein, juste sa voix et elle au piano) fédérer 45000 personnes, à un moment du show, c'est juste plus que le respect, mais une grande leçon tant de musique (car c'était loin d'être basique) que de qq part, charisme.
      Alors même si j'écoute pas LG en fan inconditionnel avec les basses à fond dans la bagnole j'ai pour cette artiste un immense respect - elle a largement muri et forcément sa carrière s'est calquée là dessus.
      Quant à Joey de Francesco et Vangelis, vraiment de bien beaux albums.
      à +

      Supprimer
  2. Pour l'instant je te suis sur le Santana. Effectivement un grand dont Miles Davis prévoyait une fusion, pas fait en disque hélas. CARAVANSERAI je me suis fait une raison sur le ressenti chez les autres que je commence à comprendre mieux maintenant, à l'occasion d'une proposition autour de "Every Step Of The Way" j'ai eu un commentaire qui expliquait qu'il avait du mal avec la prog. Une fois la surprise passée j'ai accepté cette impression de titre à la construction à appréhender. Oui, ce titre et cet album que j'use encore je l'écoute souvent avec RED de KING CRIMSON ou SHEIK YERBOOTY de Zappa, en pensant être éclectique? Peut-être mais pas avec ces titres alors.
    Sur le dernier Santana, tu l'as bien raconté, je retrouve ce son et j'aime ton idée "d'autoroute" pour les invités. Et puis forcément j'ai de suite craqué sur Tony Bennett et Vangelis, d'autres bonnes raisons ancrées en moi pour bientôt me jeter dessus. Donc reste Joey qui sera alors ma (re)découverte même si en 2013 (oui, déjà) tu m'en avais proposé un.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci de ton retour,
      Si je me réfère à Bitches Brew, qui a été l'album de Miles qui a brisé les codes en tentant de mixer, juxtaposer et faire cohabiter l'impro du jazz allant vers le free et celles récurrentes en habitudes de la période flower power/freak, etc... tout ça rejoint par la suite et de façon progressive mais rapide par sa fascination envers JB et Hendrix, on va trouver plein d'albums expérimentaux (ou considérés comme tels) des deux côtés (1jazz - 2rock).
      Comme si d'un coup, et enfin, les uns s'intéressaient aux autres, comme si par le biais de ces longs moments de transe, finalement, un langage commun trouvait sa direction.
      La fée électricité, la technologie évoluant sans cesse, une jeunesse toutes catégories et études, éducation aussi aident à cette "universalité" musicale brisant apparemment (car en réalité c'est une utopie, ou un leurre) les codes.
      Le format "chanson" explose, d'un côté, pour laisser place à de longues impros et de là le démonstratif instrumental prendra vite le dessus (les live de Purple, les délires à l'archer de Page, les interminables live de Grateful Dead...), côté rock et de l'autre, le jazz va s'embarquer dans le jazz rock mais aussi dans l'axe, un accord, une gamme et l'exploration instrumentale tant sonore que technique la plus "poussée".
      Finalement, le prog qui quelque part reprend tout cela, mais de façon plus cadrée, en fait et surtout intellectuelle, comme une revendication d'une certaine classe sociale face au rock plus "pur et dur", donnera une structure, une écriture à cette envie de musique dépassant ce cadre réducteur de la chanson - l'idée d'improvisation sera gommée au profit de celle, comme en classique (dont il est référent, d'où quelque part ses détracteurs) de développement. Les solos s'écrivent, les timbres synthétiques ou même réellement symphoniques s'orchestrent, les mélodies ont des contours peu mémorisables et vont chercher des méandres complexes, passant par des rapports d'intervalles peu aisés et l'harmonie se complexifie (comme en jazz où elle est sujet d'étude) mais en puisant ses idées dans les compositeurs classiques (russes en particulier ou baroques, tels Bach, les romantiques et classiques ne prennent pas vraiment le dessus).
      Pour moi Caravanserail est un album représentatif de la mixité jazz et rock, ou rock et jazz, l'un des plus réussis en tout cas, pas jazz-rock, pas prog - juste, à part et comme un témoignage de cette envie.
      Tu me parles de Zappa, ça mériterait une chronique déviante sur le sujet, sa façon d'écrire, ses influences, son rapport avec la musique contemporaine et une certaine beauferie excessive chargée d'un humour qui me fait souvent faire le parallèle à Gainsbourg, bien évidemment.
      Quant à Red de K.C, c'est quelque part le retour au rock par le prog, une façon métal d'en finir avec lui, sans pour autant le renier, un peu comme on the corner de Miles qui imagine en toute honnêteté faire "comme" J.B...
      Mais ces artistes sont allés tellement loin dans leurs domaines respectifs que... il n'y a bien qu'eux qui peuvent penser ainsi, le public, lui...

      Allez, bonne journée et bonne écoute des autres. LG et TB ne nous feront pas disserter de la même façon, mais ceci dit...
      ;)

      Supprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

« A EUX LA PAROLE » - ELOISE MINAZZO : « En Boucle ».

FELICIA ATKINSON.

REDECOUVERTES, REDECOUVRIR… (Syndrome de l'île déserte ?)