AOÛT ! DÉJÀ ?


AOÛT ! DÉJÀ ?
Eh oui… ça file, hein…

La vague aoûtienne est là.
Bleu semble la couleur dominante, ce bleu dans lequel on aime plonger, entrer timidement ou admirer depuis un littoral soit de plage, soit de route pas si surchargée que cela, d’ailleurs…
Mon petit casque est bleu, au gré des jours, je poursuis mes escapades musicales.

La flûte enchantée par le chef Yannick Nézet Seguin a été mon coup de cœur de ces semaines  – écouté plusieurs fois, pour un opéra ça représente un attrait indéniable.
Une version tonique, des chanteurs/acteurs qui font vivre théâtralement le conte chargé de symbolisme mis en musique de façon intemporelle par Mozart, voilà au sortir une sensation de tonicité et de légèreté qui apporte un bien être régénérateur.
La vie qui se dégage de cette interprétation est un petit havre de plaisir que l’on partage directement dès l’ouverture – puis on se rendra compte que le chef a enregistré nombre des opéras de Mozart, alors j’ai filé par passion vers le nozze di Figaro.
Même constat, même registre de plaisir, même entrée directe dans l’œuvre générale et non seulement dans la seule musique de l’œuvre, un sacré coup de jeune…

Mozart et ses symphonies…
40, 41, Prague… oui mais avant…
Et bien il n’y a qu’à s’en écouter l’intégrale, ça tombe justement très bien puisque Christopher Hogwood (et pas que lui) les a toutes enregistrées avec sa célèbre Academy of Ancient Music.
Un coffret donc…
Ça semble long tant que massif à oser. Pourtant en découvrant sa première symphonie puis les suivantes et encore les suivantes il semble que l’on avance avec Mozart, dans sa vie, dans son quotidien presque…
Le perfectionnisme de son langage qui se précise, ses influences qui surviennent, sa maitrise de la matière orchestrale, son style tant galant qu’élégant sans pour autant négliger cette immédiateté du sentiment qui s’installe en quelques notes, son sens mélodique inouï qui en fait le plus grand compositeur de tubes de l’histoire, son usage rythmique de contrastes ou de sessions obstinées, son inventivité et sa recherche toujours au profit du « simplement » beau…
Impossible d’oublier Mozart – il faut toujours le réécouter pour se situer soi-même – sa musique est le reflet de nous-mêmes, on peut l’écouter, se l’approprier et s’y plonger, elle nous parle de façon universelle.

Le plus dur quand on a terminé une soirée à jouer du jazz, de la pop ou de l’électro est de rentrer se faire la route en musique…
Le choix en général sera le havre du classique, sorte d’îlot salvateur au milieu d’une marée sonore qui reste installée en soi.
La route de la nuit est calme, débarrassée de files interminables, d’hésitants, d’excités…
Telle un long ruban sinueux elle trace le temps au gré d’une rythmique visuelle de bandes blanches pointillées ou allongées.
Parfois je choisis aussi le repos de l’ambient ou le voyage E.C.M…
Mais la fatigue est là alors l’hypnotisme ne doit pas se positionner trop longtemps car Morphée n’a pas à ouvrir ses bras lors de ces parcours sereins et apaisés.

John Surman et son with holding patterns reste l’un des albums du saxophoniste s’entourant de loops (bien avant que la mode Sheeran reprenne à son compte l’outil) que je préfère de façon quasi fétichiste.
Les boucles synthétiques et leur traitement ici ont eu sur moi une très grand influence et ce rapport improvisation, multiples strates de saxs et clarinettes sur ou sous textures apparemment souples mais pourtant bel et bien calées au Bmp près reste un cas de figure si ce n’est unique en tout cas tellement avant gardiste (si l’on considère l’époque où l’artiste a mis cela en place).
Il fallait y penser.
C’est un peu comme si Klaus Schulze et Tangerine Dream réunis rencontraient l’écriture chorale de Bach et le free jazz.
Un choc bien plus inspirant que ces saxophonistes à ou avec DJ qui envahissent les plages, nouvelles idoles sexy pour midinettes en besoin d’idolâtries estivales.
Les bienheureux (eux) pour ces malheureuses (elles, car on le sait, le musicien peut être parfois superficiel et certainement ici particulièrement éphémère, comme les grappes de notes rythmiques qu’il balance à longueur de ces soirées elles aussi éphémères et dont il ne restera pas grand-chose, si ce n’est… rien).
Surman c’est chez E.C.M et le hasard d’écouter n’importe lequel de ses albums ravira, de toute façon – l’intelligence ne peut que ravir si, qui plus est, elle est augmentée de cette touche créative qui manque si souvent…

Attention, un renard traverse la route…
Toujours le même, au même endroit, à la sortie du même virage – on est presque familiers maintenant et je crois bien que la nuit où je ne le croiserais pas j’en aurais tristesse car cela voudra certainement dire que…

Bernstein est grand chef, un immense pédagogue, un compositeur d’une rare puissance créatrice.
J’ai croisé nombre de Russes ces temps et il fait bon se souvenir en leur parlant un bon rosé en bouche et verre en main qu’on a l’honneur immense de bosser dans un établissement d’enseignement artistique portant le nom de Rostropovitch…
Alors je suis allé retrouver cet album de compositions du grand Bernstein, me remémorant ainsi qu’il n’y a pas que West Side…
Ici sa Symphony N°1 avec non moins que Christa Ludwig que j’ai eu là aussi l’honneur de rencontrer, enfant, ses trois méditations pour violoncelle et orchestre avec le grand Rostro et cette sublimissime suite On the Waterfront…
Incommensurable que cet album que j’ai réécouté œuvre par œuvre et non en enchaînant, afin de donner à chacune d’elles sa place véritable.
Puissant est le mot qui me reste et je le décline en modes multiples que ce mot…
Il faut que de telles œuvres retrouvent leur place dans le répertoire, dans la vie musicale, dans un patrimoine.
Leur grandeur est aussi valeur.

Le violoncelle…
Tiens donc, si j’allais découvrir cette nouveauté proposée par mon qobuz, Felix et Fanny Mendelssohn – Works for cello and piano - par les orfèvres Alasdair Beatson (piano) et Johannes Moser (cello).
Instruments d’époque, présentation plus qu’alléchante pour une œuvre (Mendelssohn) romantique qui m’a toujours ou souvent laissé perplexe, voir de marbre, un peu comme le Schubert pianistique.
Une écriture savante, intelligente, complexe et pourtant chargée de sentiments qu’il faut savoir dénicher pour les mettre en évidence sans pour autant tomber dans l’exagération que le romantisme induit, l’autre écueil étant le seul plaisir de la démonstration technique.
Prise de son exceptionnelle, réalisme de jeu augmenté par la connotation de l’Instrumentarium d’époque, sensibilité et partage évident de plaisir entre les deux protagonistes.
Allez hop, petit cœur, favoris…

Chez Charlu on a eu le bonheur de passer rencontrer David Darling.
L’occasion était trop belle pour me redécouvrir l’album Cycles où, entouré de la fine équipe, du fleuron E.C.M (Garbarek, Kuhn, Walcott, Andersen, Castro Neves…) le celliste nous embarque dans un univers immédiatement paysager, où, comme à l’accoutumée du label l’espace est place prépondérante et une forme méditative s’installe.

Puis j’ai remis, avec hésitation je le concède, la musique de chambre imaginée par Ballake Sissoko et Vincent Segal, un album qui avait bien fait parler de lui à sa sortie et que j’avais très honnêtement survolé.
Cette fois j’ai le temps de me poser au calme, le soir en voiture, justement et ai pu trouver le charme séducteur de cette fusion musicale, tant culturelle qu’instrumentale, tant humaine que ethnique, amicale en tout cas ce qui semble l’évidence.
Je ne suis pas un accro des musiques trad, mais quand on ose les revisiter pour même les émanciper ou encore les détourner afin d’en extraire une nouvelle donne, une nouvelle valeur et une nouvelle écoute, alors, ok – le voyage peut commencer pour ma part.
L’album va rester un moment dans la voiture, il a de nombreux axes et méandres à explorer.

D’ailleurs j’ai juste à côté son ami plutôt incroyable et retrouvé au fond de ma boutique de Lisbone favorite Louie Louie (celle où je vais systématiquement dès que je me retrouve dans cette ville merveilleuse) – il s’agit du ambient 3 de la série des ambient de Brian Eno, intitulé Day of Radiance qui met en valeur Laraaji, au Sitar…
Je l’ai en vinyl et la mode face A rythmée, face B méditative que les lascars Bowie/Eno avaient lancé sur Low est ici effacée par le format CD, mais reste bien efficace si l’on veut y prendre repère.
Le traitement de la musique world par le grand producteur était une évidence (My life… avec D. Byrne, plus qu’une référence, une obligation discophile), cet album n’est pas une annexe, il est essentiel dans la progression du concept ambient et placé en troisième position après le génial vol 1 poussé par R.Wyatt en loop pianistique, l’obligatoire vol 2 qui m’a fait admirer H.Budd et avant le déroutant voyage sonique du 4 – cet opus a finalement toute sa place dans la saga ambient. 
Il y installe une fraîcheur, une nouveauté, une vision et s’essayer à écouter les 4 volumes dans leur ordre chronologique c’est la garantie d’une journée de calme et de plénitude.
Au passage je me suis trouvé, au même endroit ses Music for films – une autre aventure, plus minimaliste, mais toujours agréable à faire – là encore rapport au vinyl le suivi des pistes installe une autre atmosphère.

Plus haut nous avons évoqué Tangerine Dream.
L’occasion a été belle de me plonger dans un coffret The virgin years / 1974-1978.
Phaedra, Rubycon, Stratosfear, Ricochet…
Cette musique aurait-elle vieilli ?
Ces sons synthétiques d’antan seraient-ils devenus has been comme le sont devenues nombre de ces prods commerciales eighties synthétisées et désuètes ?
Force est de constater que non, c’est plutôt la production de Tangerine Dream (pharaonique d’ailleurs) post de ces années qui m’incite à le penser, car ici, la créativité reste à l’honneur avec la recherche de textures qui reste encore avant-gardiste, inédite, mêlant ces hypnotiques boucles avec des ambiances interstellaires nappées d’immensité synthétique, de chaos addictif, d’espace – oui, encore une fois… d’espace.
Leur science d’écriture n’était pas complexe, mais leur faculté de mise en son d’un outil encore frais qu’était le synthétiseur et tout le barda d’effets, de recording et de traitement live de cette complication cérébrale et technologique me laisse encore admiratif.
La musique de Tangerine Dream reste magique, avec une part d’irréel, de mystère et d’inconnu (cette entrée dans Rubycon…)…


L’autre fois on s’est refait en live I shot the Sheriff, peu importe la version d’influence, d’ailleurs, Marley ? Clapton ?... Cette mesure à deux temps qui brise la petite phrase gimmick…
Choix du pattern, de l’orgue et d’un coup dans la tête… le souvenir d’une version cachée au fond d’un album pas franchement connu ou plébiscité, un truc rare et délicieux.
Paul Moran, album Smokin’B3 – juste un rappel que ce truc est une véritable tuerie de groove, de prod sonore, de mise en valeur de ce B3 Hammond fétiche et de multi-influences où jazz se mélange en rap (Night in Tunisia), où Mission Impossible va suivre un immortel Beatles qui a fait le bonheur des récupérateurs funky cuivrés (EWF, BS&T…).
Cet album-là, il faut que les amateurs de ce son B3 l’aient, absolument.

Je cherchais de l’orgue, j’ai découvert que tant le père que le fils DeFrancesco étaient des prolixes boulimiques avec une production discographique dépassant l’entendement.
Un embarras du choix tel qu’on ne l’imagine pas.
Après voilà donc le problème du zapping qui, de fait qobuz, s’installe afin de trouver parmi cette pléthore, THE album qu’on risque d’écouter en boucle.
Bon Joey, j’avoue je n’étais pas fan… trop de déballage de virtuosité inutile le summum de ce bordel démonstratif étant le trio avec McLaughlin et Chambers en live, mais finalement l’album sort du lot et s’écoute avec grand plaisir.
Mais il y a la petite pépite avec son père, là c’est carrément jouissif (Joey and ‘pa…)… là ils se sont surpassés, ceci dit faire un duo d’orgue avec Papa ça doit le faire, carrément, c’est tout de même beau la musique en famille, j’en sais quelque chose.
Bon une fois qu’on l’a écouté Joey en versions de reprises de standards auxquels finalement il n’apporte pas le grand-chose qu’un Jimmy Smith, lui, a pu déployer on peut se tenter le père, lui beaucoup moins démonstratif et surtout plus authentique, roots et « réel ».
Si on aime l’orgue hammond en tout cas, la famille DeFrancesco c’est une playlist qui ne sera pas hasardeuse et apportera son grain de sensations, quoiqu’il en soit – on n’est pas toujours obligé de s’obliger l’originalité…

J’ai envie de terminer par un album CTI du guitariste Eric Gale « Multiplication » dont la pochette ado ne m’aurait pas fait dépasser la petite blagounette de papa et fiston lapin – mais, en tapant Gadd je me suis retrouvé avec cette petite plongée en mode gospel, groovy, funky, jazzy, soupe - absolument addictive.
Il y a là Richard Tee qui est un de mes pianistes gospélisant favoris de chez favoris (je lui ai piqué tout ce qui était possible dans le genre et là il est juste top de chez top), la section cuivres est à tomber par terre tant en perfection qu’en listing plus que de luxe… (Soloff, Brecker, Scott, Faddis, Stamm, Daniels…) et puis Gadd est associé à Will Weeks et occasionnellement Ralph Mc Donald, plus qu’un gage, une véritable garantie de groove, de feeling, d’assise et de jouissance rythmique. C’est produit par Bob James qui pouet pouetise synthé par ci par là, bref y’avait des moyens et cet Eric Gale plutôt connu par musicians only atteste ici d’une sacrée respectabilité.
Pour ceux qui voudraient un petit référent, on se rapproche de notre BB avec son vibrato si caractérisé, mais ici c’est plus roots, plus Harlem, voyez l’idée et surtout moins cliché, entre jazz et ce blues des villes qui n’a pas oublié de venir prier à la messe les dimanches et se mettre en transe. Mais quel plaisir !...

Bon, allez…
reste encore une poignée de jours de vacances, profitez bien et mettez ça dans vos casques, tel, enceintes Bluetooth respectives, ou ailleurs d’ailleurs, qu’importe, le plaisir ça s’emmène partout.








Commentaires

  1. Ballake/Segal, c'est un petit coin discographique que j'adore.. No Format! qui tient bon et offre tjrs des superbes voyages, avec, et tu sais que j'aime ça, une ligne de conduite fidèle de la conception des pochettes.

    Le violoncelle, la contrebasse, va falloir que j'aille voir ces références là. J'adore cet instrument solo avec les filles Hildur, Colleen .. je ne suis jamlais allé plus loin que le néo-classique.

    Budd et tte cette famille de planants.. tient, pas écouté depuis qq temps. Je les mets la nuit quand je roule pour la Lusitanie, je n'y suis pas allé cette année ;D Par contre j'ai eu ma grosse période ECM, récurent, plusieurs fois par an, toujours une poignée d'albums à la fois, et le nouveau catalogue qui déboule pour pas cher est une aubaine. J'ai eu ma grosse période vinyle aussi, au frais de la canicule mais aussi quand il a fait gris. Des vieux disques français.

    Tiens, Pax, je me suis décidé.. Stream/Bluetooth/enceinte mobile... je vois déjà le truc et le confort de choix illimité. Je suis en plein dilemme, Spoti ou Qobuz ?? je regarde les catalogues pour voir. En tout cas, c'est parti, ça va changer la vie.. même si j'ai peur de délaisser ma discothèque.. de la poussière sur les skeuds ;D :D

    Biz

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    Réponses
    1. Hello Vincent,
      Bon ça y est, cette fois tu vas te décider ?
      le dilemme spoty/qobuz je l'ai résolu pour ce dernier... qualité du son qui l'a remporté et pour autant j'achète tj des cd. T'inquiète... c'est juste "autrement"...
      Je prépare un autre article en ce moment.
      Et la saison se termine, alors, bientôt la rentrée et le retour des élèves...
      Bizs

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