PLAYLIST – Allez, la suite.


PLAYLIST – Allez, la suite.

Bon, on s’est bien détendus avec la première, on y a cru et on s’est installé confortablement en sirotant le Mojito, histoire de...
Mais voilà, ils reviennent ce soir...
Comme chaque année ça va être l’occasion de leur demander notre titre favori, de causer aux pauses...
Ces musiciens, quels veinards !...
Toujours cools, décontrac’s, à l’aise... pas l’air stressés.
///
Première partie...
La pause s’impose – voilà bientôt une heure et des brouettes qu’on enquille standards sur standards, le moment d’aller boire un coup pointe son nez.
Reprenons la playlist là où elle s’était arrêtée, avec Groover... enfin, Grover...
Une hésitation afin de ne pas le remettre, tellement bon...
Les pochettes défilent sur le téléphone devenu l’essentiel objet de prolongation de soi.
Ah ça y est...

01/ DIDIER LOCKWOOD – « Night and Day » - album « For Stephane ».


Pff, ce côté Hot Club si bien revendiqué, ce swing « up » et truffé de respirations – une écoute, une complicité parfaites.
Mr Lockwood use de tous les registres, fait siffloter son violon, s’amuse et se complait dans ce jazz à la teinte manouche avec lequel il aurait pu faire carrière de reprise de flambeau tant ça lui colle au patrimoine.
Passer du Lockwood en pauses ça m’est venu comme naturel, ce grand artiste français a tellement marqué de son empreinte une idée du jazz français, de la fusion en faisant appel à des musiciens de tous bords, en réunissant de belles complicités qu’il m’est apparu comme essentiel de l’écouter de temps à autre l’été et de le partager.
Son hommage au grand Grappelli c’est du Lockwood jouant respectueusement Grappelli.
Peu auraient été capables de le faire ainsi – lui avait cette dimension.
Respect.


02/ JAMES INGRAM – « One Hundred Ways » - album « Forever More, love songs, hits and duets »


James Ingram, sa voix, ce feeling si black et soul, ce falsetto irréel, ce sens rythmique de l’articulation... et ce titre, à l’origine inscrit dans ma mémoire depuis le fétiche « The Dude » de Quincy, chanté là aussi par Ingram... Comme si sa voix était totalement indissociable de cette chanson, de cette bluette...
La version présentée ici n’est guère différente de celle de « The Dude » (jusqu’au solo en mode Prophet horns, textuel) à quelques infimes détails près, mais peu importe, ici ce qui compte c’est cette voix, ce feeling et cette aisance.
Ca respire, c’est juste fun et si américain, une varièt’ de haut vol qui groove sur une basse rebondissante, qui s’inscrit dans un petit gimmick de claviers si enfantin et candide.
Un pont élargit et laisse place à James, puis à un ténor dont on sait qu’il va revenir.
Les cordes font leur boulot de texture, presque imperceptibles, les cuivres viennent tonifier un tantinet pendant que le ténor prend ses échappées et qu’un clavinet cocotte en toute quiétude.
Avec presque rien et finalement tous ces rôles distribués avec une parcimonieuse attention voilà bien un petit bijou, pour une voix que j’ai toujours gardé dans mon esprit comme étant exceptionnelle.

03/ BOB MARLEY – « Waiting in Vain » - Album « Exodus ».


Passer de la bluette Quincy taillée chart FM à Bob, c’est osé, mais c’est au fond, ajouter cette juste dose de beat qui va permettre d’avancer, d’installer une « profondeur » tout en restant cool.
Ah, ce titre et son « Like I said ! » claironné.
Un parfait exemple de la magie du reggae...
Allez, on se penche attentivement sur basse et batterie les voilà installés sur les seconds et quatrième temps de la mesure, normal...
Puis voici qu’on va prendre la guitare en compte, elle se joue aussi  en contre temps, sauf que sa base de feeling est le contretemps de chaque temps (1,2,3,4).
Alors il nous reste un peu d’attention utile pour les claviers qui eux, décomposent autour de la guitare afin d’un contre temps supplémentaire et complémentaire lui étant à la double croche.
Nous voici là avec trois niveaux de métrique, de précision et de complexité – pas étonnant qu’ils comptent avec rigueur dès le départ, pas étonnant que ce truc, une fois installé embarque vers des cieux rythmiques de transe auxquels il est impossible de résister (mais résister pourquoi faire ?... d’ailleurs).
Marley c’est de plus en plus indissociable de ma vie.
C’est une mine et une direction tant spirituelle que musicale et ce, en toute tranquillité...
C’est quoi le truc, Bob ?...

04/ LARRY CARLTON « Sleepwalk » - Album « Sleepwalk »


Il faut faire retomber la sauce, on a failli se lever et danser. L’effet Bob.
J’aime Larry Carlton quand il s’empare du truc bateau (genre 12/8 avec une suite d’accords tombée sous les doigts) pour le sublimer par, en vrac, une doucereuse mélodie, un son dont il est le dépositaire, une virtuosité même pas apparente, un feeling de chanteur, une retenue musicale qui amplifie l’expression et une générosité doublée d’un évident bonheur de prendre sa guitare qui transparait à chaque note.
J’aime Larry Carlton tout court, en albums solo (quelle carrière !), en sideman (chez les plus grands) et ce depuis cet album, dont le titre « 10 PM » faisait l’ouverture d’une émission de clips tardive que je ne manquais pas, ado, de regarder.
La lumière du jour a fait place aux étoiles de la nuit...
On savoure et on se laisse aller – mais va falloir, y aller, justement...
Et reprendre tout ça en mains, là, sur le coup on s’est fait griller.

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05/ HANK MOBLEY « Soul Station » - album « Soul Station ».


Il ne faut jamais négliger un bon gros jazz qui tue, qui swingue, au feeling gros et généreux, aux teintes bluesy car sans démonstration virtuose.
Un bon gros jazz compréhensible et bien senti, voyez ce que je veux dire.
Un truc à l’ancienne avec ce son...
Donc chez Blue Note y’a qu’à puiser... Dexter ? Wayne ?
J’ai préféré filer chez Hank Mobley, gros swing retenu au fond du temps, phrasé bluesy authentique, son dense et qui ne lâche prise, sans prendre le chou.
La merveilleuse section rythmique (Blakey, Kelly, Chambers, excusez du peu...) est une véritable autoroute à soliste, elle tisse un swing au fond du temps absolument imparable.
Hank se fend d’un long et inspiré solo, Wynton est juste remarquable en background comme en un solo quasi modèle de blues (Écoutez-moi ces ponctuations de main gauche, ce tracé rythmique, ce jeu pouvant être tout à la fois dépouillé et chargé, mais jamais en clichés... tout en usant de tous les clichés du genre). Nu, Paul glisse son solo de contrebasse, précis, présent, inspiré pendant qu’Art stabilise par un beat ancré dans le tempo l’assise essentielle.
Au retour du thème, cette force tranquille et bien plantée dans le sol réaffirme son pouvoir et on est là, bien... le jazz a traversé d’un trait l’espace et la bière a supplanté le rosé, le côté club, pour sûr.

06/ RONNIE JORDAN « Summer Smile » - album « The Antidote ».


On peut dire que je l’ai écouté cet album, son relifting de « So What » forcément en tête, un « After hours » qui fut l’un des titres qu’on a beaucoup joué avec Jean Marc – bref l’entrée en idée d’acid jazz de Ronnie a marqué la petite sphère du jazz plan plan et les années passées il faut admettre que ce son reste d’actualité, ainsi que cette approche qui ne fut pas si révolutionnaire que cela, mais juste la continuité d’une mode jazz eighties dans laquelle avec une rare intelligence le guitariste s’est glissé.
La nappe lounge au son wave, le beat acid qui solidifie la ligne de basse avec le drumming  qui fait part belle aux ghost notes et ce son « à la Benson », ce jeu mélodique en accords sur cette mélopée estivale, plus qu’une recette, c’est un mode de jeu.
Un dépouillement calculé, qui laisse respirer chaque pattern, qui place l’écoute en mode paisible, sans surcharge – ça reste juste un must du genre.
Les têtes oscillent, le groove s’est installé, irrésistiblement.

07/ SPYRO GYRA « Catching the Sun » - album « Catching the Sun ».


Jazzy et latinisant, avec la touche funky, des thèmes aux mélodies immédiatement chantantes, la couleur tropicale en marimbas et ce lyrisme qui suinte partout chez chacun c’est le Spyro Gyra des débuts, léché, détaillé, « Breckerisé » (Randy vient pousser le solo) sans excès, juste avec la touche de fun nécessaire.
Jay Beckenstein (avec Tom Schuman) est Spyro Gyra, son âme, sa précieuse sonorité, son charisme mélodique, sa verve soliste qui jamais ne sort d’un cadre, un cadre paradoxalement très ouvert.
Cet album et ce titre pourraient presque synthétiser cet « esprit Spyro Gyra », ce jazz qui deviendra smooth, ce penchant vers les horizons latinos mâtinés d’urbain.
La plage n’est jamais bien loin et la mer s’oblige dans ce cadre à prendre une place en horizon.
Une valeur sure (je crois bien que j’avais dit un truc comme ça il y a bien longtemps).

08/ DAVID SANBORN « Sugar » - album « Time again »


Le grand David Sanborn...
Crispé d’émotion permanente, acidifié par une présence sonore qui rend l’instant cher et précieux.
Un beat en points d’appuis qui respire, qui charge d’un feeling gros comme le cœur généreux de l’altiste le titre et le sucre du dessert n’est pas surcharge mais savant dosage.
Sanborn est l’un des plus grands chefs au monde, sa cuisine musicale sait allier toutes les saveurs avec parcimonie et sens précis de bon gout.
Il peut être roots, comme ici, ou plus funky, ce grand chanteur de l’alto est pour moi le plus grand saxophoniste, l’un des plus grands musiciens encore de ce monde.
Sa place s’apparente à un mythe...

09/ TONY BENNETT « The Good Life » - album « I Wanna be around ».


Allez, une petite dernière...
Je pense générosité, je pense sourire, je pense plaisir, je pense bonheur, je pense Tony Bennett.
J’aime l’homme, j’aime sa voix, j’aime son jazz et sa façon de crooner ces intemporels standards, j’aime ses duets au cours desquels il va inviter les plus improbables des artistes.
J’aime sa gentillesse et son professionnalisme.
Le décor est chargé comme une chambre d’hôtel de Las Vegas, ça scintille de partout, c’est plein de strass et même si Lady Gaga n’est pas encore venue lui redonner une cure de jouvence, Tony chante là cette belle vie, cette chanson composée par Sacha Distel, cet autre crooner intemporel, français, qui avait toujours le jazz dans sa guitare et dans sa voix.

BON...
On va reprendre et on sifflote cet air délicieux, si expressif, si vocal...
Ça valait bien le coup de trainer une poignée de mn en plus avant de s’y remettre...


Commentaires

  1. Je reviens du sud aussi.. mais du grand sud et du plein ouest avec 4000 bornes de plus pour ma caisse. Du coup, comme à chaque fois, j'ai le casse tète de la playlist.. la BO de ma caisse qui roule et qui roule.
    Obligé total influencé par la destination, et puis pour mes gouts à moi quand il faut tenir vers 3h du mat sur les routes droites de la castille y leon. J'écoute Rubben Ford en écrivant cela..celui que je ne connaissais pas sur ton 1er billet.
    Je vois et cerne totalement cette sélection climatique estivale..et je me souviens de mes select à moi, le temps passé à compiler et mettre sur..K7 pour les mêmes trajets il y a 20 ans. Une compile groove, une compile Jethro Tull, une sélection caliente, une ambiante.... le temps passé, et la complexité de la chose, devenir presque fou surtout à la fin, quand il faut choisir les 2 derniers morceaux cohérents sur les 6 qui restent et que tu en trouve un autre à l'arrache..
    Bref, j'adore ça.. si j'ai le temps, je regrouperai tous tes morceaux, face A, Face B pour la bagnole, ou plutôt pour le train lundi..pour ma reprise :(

    La nuit sur la route, moi c'est folk soft ou ambiant spacieux. Et après du Eno et du Air, je me suis mis mon gros CD MP3 Mark Knopfler. Depuis notre billet commun, je me suis amusé à trouver ts ces solo.. et pour rouler la nuit, quand tt le monde dort et qu'au compteur y'a 28°C à Valladolid.. c'est le pieds.

    Sinon, sur les routes du Portugal, j'ai respecté la chose.. Carlos Do Carmo, Ana Moura, Pedro brunhosa, José Fonceca...

    Les paylists, c'est aussi penser aux autres, les oreilles alentours qu'il faut respecter. Et depuis qq années, j'ai trouvé la solution. Les Tune et boitiers NOVA.. imparables, magnifique, des pépites, des trucs qui forcément me manquent à moi, et que les autres cherchent. Ok, c'est un peu céder à la facilité, mais c'est un beau compromis entre nous tous.

    Merci pour ce nouveau gros travail Pax, sûr, je vais m'en faire une galette pour me prendre l'ensemble d'un bloc.
    Il me reste de la SuperBock.. à la tienne
    Biz

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    1. Bon t'es donc rentré...
      La reprise ce matin j'imagine - chaleur, peu de motiv', etc...
      J'en ai fait des playlist cet été...
      Des pour la voiture, des pour les pauses, des pour le fun, des classiques, des jazz - je les nommées, numérotées...
      Napster a fonctionné plein pot et j'en ai été jusqu'à saturer ma micro sd.
      Et mes gigas...

      L'été passe en musique.
      Et on est bien.

      Merci d'être passé.
      Bon courage pour la reprise.
      Bizs

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  2. Didier Lockwood, je profite de ton choix pour me trouver l’album. Tu as raison, ça colle si bien aux pauses estivales, moi entre deux développements et toi entre deux sessions. Apaisant
    James Ingram, c’est d’abord son chant, proche de Stevie Wonder je trouve. Je commence à voir ce que ces playlists apporte, cela me faisait penser à la programmation de FIP. Cool, sans aspérités, j’imagine que dans ces moments tu ne peux pas, et pas envie, de brouiller le climat.
    (Une belle version de Gladys Knight, tombé dessus, plus charnelle)
    Marley, ça fait longtemps… Je n’ai pas un goût prononcé pour le reggae, mais Marley c’est avant tout un paquet pas croyable de mélodies. Chouette occasion
    Larry Carlton, par une de tes chroniques, l’année dernière, on se surprend à écouter et à se laisser bercer.
    Hank Mobley, une découverte, vraiment sympa. Et ça me fait dire que je néglige depuis un moment ces sons…
    Et je termine mon lundi somme toute cool grâce à cette série que j’interromps sur Ronny Jordan que je découvre aussi, je l’avais pris comme référence à ce style ACID JAZZ, mais c’est seulement aujourd’hui que je l’écoute. Pourquoi ACIDE d’ailleurs ?
    A suivre
    PS: Les "Playlist" ne conduisant pas, je n'ai pas ce goût de mettre des titres à partager, je l'ai fait à l'époque des K7 quand mes parents - très tolérants - nous emmenaient en vacances. Mais total égoïste j'étais, que des trucs qui me plaisaient. Aujourd'hui c'est celles des autres que j'aime, pour des découvertes avec accompagnement, comme ici.

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    1. C'est cool, tu passes les titres en revue...
      je pioche pour te répondre.
      Mobley c'est ce son Blue Note authentique. Si je m'occasionne de revenir sur quelques albums du label il y figurera en bonne place.
      Carlton est un des guitaristes que je préfère, tant en solo qu'en sideman, il illumine... Tu aimes Joni Mitchell écoute le au cours de l'album hejira (avec Pastorius)... un orfèvre. Et son solo dans Dont take me alive de Steely Dan, une anthologie.

      j'ai aussi mes playlist pour la voiture...
      la suite peut être... de celles ci via le blog.
      à ci dessous

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  3. Je reprends l’écoute
    Spyro Gyra. La playlist reste décontracté. Le truc qui me dérange c’est la netteté du son, bizarre comme critique. Anecdote : Dimanche Paëlla chez mon ami, jusqu’à des heures matinales, des écoutes, des échanges et voilà qu’il veut nous faire écouter un grand musicien à ses yeux (oreilles) https://www.youtube.com/watch?v=HqRjQmZnIYA et soudain plaqué sur le son de la belle guitare (2h du matin, 26 degrés, sur le son pourri d’un portable Apple) une sonorité de cuivre qui faisait tellement synthétique que ça nous a un peu gâché le plaisir. A 14 minutes du début.
    David Sanborn. Ta phrase « acidifié par une présence sonore qui rend l’instant cher et précieux. » Et si c’était ça l’acidité du son des cuivres ?
    Tony Bennett haaaaaaaaaaaaaaaaa Mmmmmmmmmmmmmmm presque autant qu’un Sinatra, non AUTANT sur ce titre, ça te remplit de vie. J’ai même attaqué la version de Distel, qui arrive lui aussi à nous faire sentir vivant.
    Je ne suis pas musique au casque, encore moins en public. Mais ce faire au moins un jour ce cliché : Paris, nocturne, grande chaleur, habillé légér… humeur légère… Et se sentir bouger…
    Merci

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    Réponses
    1. Spyro Gyra et ses influences latines-brésiliennes-salsa... et le rapport avec ton lien.
      Cette façon de mixer les vents...
      Le sax de beckenstien est estampillé de cette sonorité - bon, sur une chaine ou en voiture, effet propres et perfect garanti, j'aime.
      David Sanborn !... sans ajout, je reste inconditionnel.
      Et Tony Bennett - à peine entendu les zicos restent unanimes. Cet homme fait l'unanimité, au casque ou n'importe comment...
      Le plaisir n'a pas de format.

      Merci d'être passé par ici.
      à +

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  4. J'avais bien aimé ta 1ere partie, j'ai tout écouté...là j'ai noté et vais aller chercher tout ça, à part Bob Marley évidemment, "Waiting in vain" est ma préférée d'ailleurs...
    J'écoute juste l'extrait de Ronnie Jordan et je me souviens de "So what" et de l'acid jazz, une mode (?)...j'avais bien aimé ces rythmes un peu dance/hip hop mélangés au jazz plus "classique", et donc ce "Summer smile" me va très bien, j'aime toujours ça même si ca pourrait sembler un peu daté...
    Merci pour cet été en musiques! ;)

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