ECM – Voyagiste sensoriel – séquence 3

ECM – Voyagiste sensoriel – séquence 3

Je viens de me souvenir que j’ai un blog, ça faisait un sacré bout de temps que je l’avais oublié celui-ci, cet ami tacite qui permet parfois de prolonger les pensées, de les partager, de croire en ce truc qu’est l’expression.

Ecrire...
pour ainsi dire.
Microscopique évènement sur l’échelle de la relativité des priorités de la vie, le label ECM, dont vous me savez inconditionnel absolu a franchi un pas médiatique, stratégique voir politique important.
Manfred a accepté le streaming et par là de balancer sur toutes les plateformes, de deezer à qobuz, en passant par napster ou spotify la quasi intégralité de son immense catalogue.
Mine de rien l’affaire m’a tout à la fois enthousiasmé, car la proposition napster incluse dans le forfait box par mon opérateur a beaucoup changé mon quotidien mélomane, mais en même temps laissé perplexe quant à l’idée de ce dernier bastion intègre, de ce dernier verrou de symbolique culturelle résistante qui saute.
J’ai repensé au vinyle, puis à la démocratisation du partage et du premier « téléchargement » illicite via la K7.
Je me suis revu avec mon premier lecteur de CD, avide de ce nouveau support, à la qualité sans faille disait-on, à la précision absolue. Le son ECM y avait pris place de choix (Abercrombie, Rypdal, Garbarek, Jarrett, Motian, Surman...).
Puis vint le minidisc, peu utilisé, si ce n’est par les musicos en besoin professionnel d’un nouveau support tant pratique que miniaturisé. Un objet devenu collector.
La suite on la connait, des disques durs pleins de musiques partagées, au son pratique mais tellement réducteur proposé par ce format mp3 – aujourd’hui, déjà, en passe d’être enfin rangé au placard – la qualité reprend le dessus.
Voici une petite décennie, on montait un programme pour un concert blues avec des titres et surtout des versions inspirantes. Notre ami guitariste leader m’envoie un lien... (Alors que j’en étais à lui envoyer des audio compressés de piètre qualité) sur un truc nouveau, mais tellement pratique : Deezer.
Le point de départ de nouveaux réflexes d’écoute, de nouvelles habitudes consuméristes, d’un nouvel axe de curiosité...
Mais toujours pas d’ECM...
Le label ne voulait certainement pas adhérer à cette consommation massive de musique en zapping, à ces nouveaux comportements mettant la musique en seul produit de consommation sous un format où son éthique sonore ne trouvait pas sa juste et légitime place.
J’avais sitôt pensé au soin quasi maniaque apporté au son et avec lui, à cette identité ECM, mais aussi au soin du choix des projets des artistes tant « maison » que « de passage ».
Un label qui au fil des nouvelles déclinaisons (de Watt à New Series) ne dérogeait pas à une éthique ancrée dans ses gènes, dans son identité, dans sa « matière ».
Une politique culturelle intègre, quelque part c’est ECM.
La nouvelle de ce changement annoncée avec un relai de réseaux sociaux enthousiastes j’ai alors fouillé dans mes supports, du vinyle à la K7 en passant bien entendu par les CD et, au fil des retrouvailles j’ai re-constaté le fait qu’un album ECM c’était (et cela reste) comme un « investissement », une sorte de choix financier, avec un prix fixant la différence artistique, esthétique, conceptuelle... un investissement dans l’art, à échelle relative bien entendu, mais à points comparatifs indéniables.
Se payer un disque ECM cela reste et fut un choix...
L’Art Ensemble ou le Liberation Music Orchestra ne sont pas easy listening, les univers apparemment transparents de Garbarek n’ont pas que cette relative image, les loops de Surman cachent bien des engagements libres, les gémissements de plaisir de Jarrett trahissent la générosité, l’implication et le plaisir jouissif de la musique... Investir en ce label c’est aller vers une autre idée du jazz, se payer un album engagé sous un projet artistique et chapeauté par un producteur avant gardiste.
Malgré toutes ces pensées et réflexions tant esthétiques qu’intègres je n’ai pas hésité un seul instant à me replonger dans le catalogue et aussi par ce biais découvrir des pépites sorties, oubliées, nouvelles – ces projets artistiques soutenus par un label qui reste encore novateur et capable de prise réelle de risque.
Malgré un encodage ne dépassant pas la qualité mp3 320, je ne crois pas avoir réellement décroché d’ECM depuis son intrusion récente et boulimique dans mon téléphone, ma tablette ou mon PC.
Des albums usés en K7 en leurs temps car enregistrés depuis les stocks d’une médiathèque grenobloise incroyablement fournie, des CDs mythiques ou des vinyles au design photographique éthéré, tournant autour de leur étiquette d’un vert nordique, dense et sombre, austère et sobre, sans artefact, dévoilant un gros caractères le sigle E-C-M – ont alors refait surface dans l’espace de mon quotidien.
La plateforme de streaming aura permis de les transporter partout ou encore de découvrir leurs prédécesseurs, successeurs, annexes, parallèles, voisins...
Un univers, une famille, une « maison »...
Une pépinière.
Je l’ai souvent dit, ce label permet l’imaginaire, le voyage, l’introspection pour une sorte de plateforme de transit vers des voyages personnels mus par une création en cascade d’images, de sensations et de sentiments sollicités par une écoute de ces univers enregistrés avec un soin artisanal méticuleux, pragmatique, scientifique, précis et ciselé.
Mes récentes écoutes m’ont orienté vers ces mondes croisés permettant l’insolite, le réel à partir de l’inimaginable rencontre tant de cultures que de langages, de personnalités, d’humains, tout simplement.
Quelques albums ressortis d’outre étagères, ou forcément découverts ont eu peine à sortir de mes pensées et mes trajets et ont alors pris d’autres formes, leurs paysages familiers se sont teintés d’autres idées, d’autres perceptions et parfois la nuit s’est emplie de rêves sans sommeil.
Embarquons.
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CHARLES LLOYD – « Sangam » - Live 2006.
Charles Lloyd – Saxophones / Eric Harland – Batterie / Zakir Hussain – Tablas, voix, percussions...


Vous avez lu comme moi et vous pourrez chercher (à part une légère incartade pianistique) au-delà de cette lecture de prime abord : sax et percussions-drums... voilà, c’est tout, point final.
J’engage le live avec une moue curieuse, une attitude attentive.
Ce type de projet, pour qu’il dépasse et transcende le seul plaisir du challenge de partage rythmique, de démonstration claquante et cinglante, j’ai pris pour habitude de m’en méfier.
Allez savoir, j’ai de plus en plus un regard sceptique sur les batteurs – la progression effarante tant de la technique instrumentale que de l’instrument en lui-même a de quoi faire réfléchir sur la véritable donnée musicale restante. Rares sont les batteurs parlant d’autre chose que de batterie, rares sont les batteurs parlant avant tout de musique. Un peu comme les bateleurs des joutes de boogie woogie pianistiques c’est aujourd’hui à celui qui roule le plus vite et d’une main s’il vous plait, sans parler d’un usage fracassant et impressionnant des doubles grosses caisses rangeant Cobham ou Keith Moon sur l’étagère des antiquités.
Mais j’avais oublié que, ECM oblige et qui plus est Charles Lloyd en tête, se lancer dans telle proposition ne pouvait qu’être jubilatoire, éclatant, addictif et surtout chargé de musique, de vie.
Lloyd, ce découvreur de talents tant pédagogue que mentor, au chemin sans embuche, à l’engagement jazz d’esthète impose ici, avec une finesse de langage tant modal que d’emprunts ethniques (un rêve coltranien) un concert d’une formidable teneur, sans qu’en un seul instant l’intérêt, la curiosité et le plaisir ne tombent.
Sous l’apparente horizontalité de laquelle émerge des axes mélodiques étonnamment pris en charge par tous les protagonistes, percussions et batterie comprises, le tracé harmonique de dessine, se laisse deviner. La rencontre culturelle des langages s’installe comme une évidence, un groove souple, multiforme, multiculturel se positionne, les tablas de Zakir Hussain chantent en symbiose avec le drumming mélodique de Eric Harland dont les échappées solistes tordent le cou à l’idée préconçue du « solo de batterie ».
Ici le mot solo n’a pas sa place, car la notion d’ego, de lead, de mise en avant n’est pas.
Ici point de bavardage en clichés et gimmicks réflexes, point de déballage technique alors que... juste une énergie commune qui attire, appelle les sens, juste des histoires contées en sons musicaux.
Il suffit de se laisser faire, de se laisser porter.
La musique est partage en ce concert où l’on se transporte public, assistant à un moment rare, un moment de vie, un voyage.
J’aurai eu peine à quitter ce concert remis sans cesse – addictif.
« Sangam », le titre... pff...

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JAN GARBAREK – « Madar » - 1994.
Jan Garbarek – tenor and soprano saxophones / Anouar Brahem – oud / Ustad Shaukat Hussain – tabla.


Je me souviens de la sortie de cet album, de mon incapacité à le quitter, de mon refus à sortir de cet univers où le mélange des cultures venait de créer une nouvelle donnée planétaire, par la musique, ce langage prenant ici réellement son sens d’universalité.
Cette simple mélodie norvégienne « Sull Full » en est une preuve indéniable et pourtant indéfinissable – comme si cette fusion existait, finalement, depuis la nuit des temps.
Improbable, au-delà de la réductrice idée de « World Music », « Madar » ouvre le champ d’expression ailleurs, vers des contrées insolites et inédites où l’homme emporte avec lui sa culture et sait la partager avec l’autre pour une forme de communion spirituelle et généreuse, mettant simplement l’universalité en évidence.
Ici j’ai découvert Anouar Brahem, cela correspondait qui plus est à mes missions de pédagogie musicale que je fis à travers le Maroc et la Tunisie – la vie ne laisse pas de place réelle au hasard.
C’est dire si cette musique m’a marqué et touché, car elle symbolisait, finalement, cet idéal pour lequel nous travaillions afin de permettre le véritable échange, pas celui de la forme, mais celui du fond, donc des hommes.
J’ai réécouté « Madar », me suis replongé dans ces méandres mélodiques hypnotiques, j’ai refait le voyage, rêvé au son de cet oud magicien, oscillé et ondulé sur ces tablas transcendantaux...
Garbarek c’est l’expression directe, pure, ample et imposante de générosité – impossible d’en sortir...
J’ai refait le voyage, oui... et tel qu’au premier jour il m’a apporté encore et encore ce flot d’images où les paysages se croisent, où les espaces et étendues immenses laissent parler la nature et où l’homme sait puiser encore l’inspiration dans la vie.

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STEPHAN MICUS – « East of The Night » - 1985.
Stephan Micus – 10-String guitar – Shakuhachi – 14-String guitar


Il y a quelque temps Chris (la petite boite à musique) avait chroniqué « Nomads » de Stephan Micus.
Après l’écoute de cet opus j’avais retrouvé dans mes vieilles K7 ce « East of the night », ma première entrée dans le voyage musical ethnique de l’artiste.
Face A, cet album et face B un autre ECM, le premier Frisell.
Une K7 qui a longtemps tourné dans la voiture...
Ici le déploiement sonore est minimaliste, avec quasi rien que l’air et les cordes Stephan Micus a d’emblée ce don de la mélopée intemporelle, ou d’un autre temps – j’extrapole en imaginant un autre espace-temps.
La technique moderne et sophistiquée du re-recording permet à l’expression seule de prendre place.
Micus est seul.
Solitaire ?
Je n’ai pas vraiment eu ce sentiment – la musique qu’il évoque s’adresse à l’homme, à la nature, à la terre, aux éléments dont elle est également reflet.
On n’est pas seul dans cet environnement. On n’est jamais seul dans la nature.
C’est curieux à quel point avec si peu l’on peut faire vivre tant de choses.
Un nomade ?
Un ermite ?
Ici la quête est précieuse, l’imaginaire intervient d’emblée et l’évocation est multiple, car le temps qui coule au long de ces deux titres semble interrompu. Cela se passe dans notre esprit et le pénètre, la notion de durée ne peut apparaitre ou survenir, un bien être s’empare de nous dans cette musique qui prend racine dans l’intemporel chant ancestral de l’être humain...
Cela pourrait durer des heures ou simplement quelques minutes, peu importe, dès l’ouverture de cet espace indéfinissable où le rythme n’a pas de découpage métrique, on est face à soi, figé dans cet univers dépassant nos cadres de valeurs temporelles.
Je me suis arrêté ici, au pied de ces monts accueillants qui laissent entrevoir une autre vie, une autre dimension.
Stephan Micus est là dans cette immensité et il nous invite à ce voyage avec lui.

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ANOUAR BRAHEM – « Astrakan Café » - 2000
Anouar Brahem – Oud / Barbaros Erköse – Clarinette / Lassad Hosni – Bendir, Darbouka.


Grenade, un café.
Nous sommes coincés avec des étudiants lors d’un voyage qui n’a pas rempli ses promesses.
On devait faire des rencontres autour de la musique arabo-andalouse, on avait préparé, bossé en ce sens et en arrivant sur place la rencontre avec les artistes promettant résidence n’a pu se faire...
Le rendez-vous était pris dans ce café – on attendait fébrilement le verdict, ce voyage d’études n’aura pas répondu aux attentes initiales mais il aura su rebondir sur bien d’autres découvertes.
Pendant l’attente, le lieu, bruyant, chaleureux et animé passe en boucle cet album, Anouar Brahem est une star de la musique du Maghreb et sa musique en ce café, placé au fond d’une ruelle où le blanc immaculé des maisons aveugle, prend une dimension incroyable.
Elle devient une bande son, un accompagnement sensible, une piste à suivre...
L’ambiance se détend au son de cette hypnose musicale, le décor de ce lieu au quotidien agité participe à une accalmie intérieure ou clarinette et oud jouent leurs rôles envoutants.
Les voutes participent à la diffusion lancinante, les tables émaillées de carreaux minuscules et bleutés semblent refléter la légèreté rythmique de ces darboukas et bendirs aux décompositions sinueuses, reptiliennes.
Il fait chaud, très chaud à l’extérieur mais cette oasis citadine apporte une fraicheur relative à nos fatigues chargées d’attentes et de questionnements.
Le voyage estudiantin sera captivant et nous emmènera vers d’autres contrées musicales tout en nous faisant revenir chaque jour au cœur de cette musique pénétrante dès ce premier jour.
Puis Anouar Brahem sera souvent ma B.O de voyages, ce dépaysement familier, cette chaleur humaine et amicale du Maghreb, cette plongée dans ces musiques tant complexes que festives.
Là, l’imaginaire se cible, se cristallise autour de ces mystérieuses légendes, de ces contes en mil et une nuits renouvelables à l’infini.
Il n’y a plus qu’à se laisser, encore une fois, porter et partir.

 




Commentaires

  1. Réaction à chaud :
    Avant de te lire plus attentivement et partir à la découverte avec toi, te dire le plaisir de te retrouver.......et pouvoir de nouveau apprendre et partager
    Allez je suis prêt au voyage ECM...

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    1. Je suis toujours accroc à l'ECM.. et Pap's a une belle tendance paternelle à faire attention à moi...
      Ceci dit, comme une belle petite famille marginale à se dire qu'il y a des disques et des auberges à négliger sous aucun prétexte.. je suis aussi excité à te retrouver là.
      J'ai beau suivre... je découvre une fois de plus ici le dédale.. et je promets de revenir.
      Amitié sincère

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    2. Paps, Charlu,
      merci de votre passage - depuis que ECM est sur les plateformes de streaming je passe mes écoutes sur leur incroyable catalogue.
      pas une miette qui ne m'intéresse - assez incroyable.
      je pourrais presque ne chroniquer que sur ce label...

      amitiés

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  2. Comme tu dis, un monde à lui tout seul ce label.. pépinière qui mériterais un blog exclusif. Du coup, je suis allé voir chez moi, j'ai tapé ecm dans la petite fenêtre "recherche" et hop, 18 albums chroniqués..et tout est revenu, toutes les émotions.. "Dans les arbres" Canopée, la plénitude absolue de Chick Corea avec "Return to forever" à l'image de la pochette, les tendres frissons avec Mette Henriette et son sax abstrait, "Music for films". Puis mon premier, l'entrée en matière avec le Koln Concert75. Et surtout le récurent Anouar pour moi, un repère, la bousole et une nouvelle fois je suis d'accord avec toi, plus une idée d'universalité que de world music. On pourrait aussi dire que l'étiquette jazz, voire classique devient étriquée.
    Des rencontre basées sur la même esthétique dans un cercle infernal avec toute, ou aucune géographie. Y'a aussi le fait, que je suis amateur et j'ai toujours le vertige devant cette qualité permanente, la crème des musiciens.
    Je vois des architectes et des paysagistes, des artistes peintres qui soufflent, chantent, tapent ou pianotent.. des exigences. En plus de ça, l'exigence des pochettes, du graphisme, des clichers comme un fil conducteur ajoute à cette envie d'acquérir un disque ECM, même si je dois avouer qu'ils sont parmi les plus chers. C'est un choix..et il me reste les bacs d'occas.
    Le streaming est en tout cas un bon outil pour prospecter, explorer, faire un tri pour aller à la pèche à l'objet après. Mettre un disque ECM avec l'objet dans les mains c'est un grand grand plus.. mais je suis un vieux fétichiste ;D. Ce vertigineux catalogue.. obligé faut trier.
    Je ne connaissais pas Lloyd.

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    1. Bonjour Vincent,
      merci de ce retour qui complète cette chronique - il y en aura forcément d'autres car ce label c'est comme tu le dis, inépuisable.
      horizons, élargissement des étiquettes qui ici n'ont quasi plus cours si ce n'est piètres repères, multitudes des projets et donc des esthétiques...
      un blog consacré à ecm il en existe un between and new spaces (tu le verras dans ma liste déroulante à droite de mon blog.
      il me sert beaucoup à la découverte - ceci dit sur le site ecm c'est largement dense et bien foutu pour fouiller.
      Et là encore ce soin apporté à l'esthétique également visuelle.
      un tout donc et qui a un prix, on en est conscients mais ce débat prix_exigence_qualité... est un vrai débat.
      cette semaine je me suis refait la quasi intégralité de john surman, en solo comme avec ses participations en sideman...
      pff... énorme.
      et puis j'ai aussi creusé dans des nouveautés du label, c'est inépuisable...

      et puis il y a eu la triste nouvelle didier lockwood.
      ça m'a peiné.

      merci de ton passage.
      à +

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    2. Justement est ce que cette ouverture streaming ne va pas faire baisser la cote ?? Je vois de plus en plus de "prix cassés" pour ECM dans les bacs.. et donc, à cause de toi :D si si il me faut un alibi, j'ai quand même sauté un repas.. je suis allé trainer mes nippes chez Gibert ce midi et suis tombé sur qq occas. Ma récolte: un Ketil Bjornstad ancien et un Bill Laswell. Ma nourriture. Je crois qu'il y a ce reflexe rétinien, comme le chien de pavlov je stoppe direct à la vue d'un album ecm.
      Je ne sais pas trop expliquer ce que je ressens à chaque écoute, quand je parlais d'architecte et de paysagistes, y'a beaucoup de disques "jazz" qui ne me procurent pas autant d'émotions, quand ils ne sont que architecte par exemple. Eux, ils sont aussi paysagistes et procurent une impression, ils se reposent sur le silence (le blanc) et l'expérimentation, donnent une lumière particulière, une teinte à eux, seuls ou grâce à une rencontre. Ces derniers jours j'ai commencé l'écoute du Danish String Quartet..le "last leaf", je suis d'abord resté pétrifié par l'ensemble, la tonalite et le tableau comme on prend du recul lors d'une expo de peinture. Le suite va être de s'approcher et de scruter les détails, l'empattement, le touché ..
      J'ai souvent eu le délire silencieux de participer à jeu, un blind test avec pour lot, gagner l'intégralité d'un label.... mais lequel ?? cette semaine c'est ECM :D
      J'avais consulté le blog, mais je suis trop obnubilé par le DISQUE, la discographie, et le site ecm est devenu un régal.
      J'ai vu pour Lockwood, en même temps que Johann Johannsson un de mes néoclassique préféré.

      Merci pour tout Pax, et on est d'accord, ce midi Gibert c'est à cause de toi (ouaih parce que j'ai aussi trouvé un coffret Mingus :o) ;D

      Biz amitiés.

      Charlu

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    3. Pour te répondre, oui, cette démocratisation (j'en évoque le débat ici... donc...), ce choix va forcément influer sur l'avenir du label.
      à suivre donc, mais avaient ils vraiment le choix ? vu la conjoncture, je ne crois pas...

      l'idée du mot jazz chez eux c'est autre chose, un autre univers d'autres dimensions et pourtant chez eux on a eu souvent les plus grands, mais à chaque fois qu'ils passent par ce label c'est pour un pjt particulier, un truc hors du cadre, différent, c'est ça que je trouve captivant.
      brecker, katché, corea, burton... don cherry, george adams, gruntz et dans les new series, je t'en parles meme pas tant il y en a...

      mingus ?
      j'ai mis du temps à entrer dans son oeuvre, mais une fois que t'as connecté, c'est immense.
      du trane écrit, scientifique, sérieux...
      fabuleux
      marrant hier j'écoutais l'hommage à mingus par joni mitchell et les versions live qui suivirent (avec metheny, brecker, pastorius...), comme quoi.

      allez file dépenser tes sous... et reviens nous régaler en tes chroniques.

      bizs

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    4. J'ai lu et je retiens une belle image: Paysagiste et pas seulement architecte.

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  3. Ça faisait longtemps. Je me suis dit, un samedi matin, je me fais le post de PG. Comme on ouvre un livre ou regarde un film. C’est le paradoxe de tes post, impossible de survoler, les poses musiques impausent (fautes assumées) les étapes Lecture Ecoute Commentaire.
    Avant la musique quelques flash : ECM avec Charlu je sais, de vrais missionnaires en mission de conversion. Moi toujours hésitant, basculant entre enthousiasme et recul suivant que je ressente froideur ou fraîcheur.
    Doubles grosses caisses. Celles qui font mal quand je veux moi aussi convertir ma douce à plus anciens quand elle me vante le métal d’aujourd’hui. Je n’ai que mon imagination, mais j’arrivai en fermant les yeux à me figurer justement un Keith Moon, alors qu’aujourd’hui si je suis impressionné par le mur du son, il y a comme une uniformité qui me lasse rapidement. Même topo avec les voix déformés. Fin des Flash
    Charles Loyd : Ce serait donc ça qui vous touche ? Cette impression de jouer au plus près de son « oreille » Tu l’as dit, ce n’est pas du « easy listening » J’ai été plus sensible au saxophone qu’aux percussions.
    Jan Garbarek : Souvenir, souvenir. Madar un voisin ami me l‘avait fait connaître je crois, mais je suis certains qu’en 2013 tu avais attaqué le sujet plus profondément. Madar, je viens de l’utiliser pour m’apaiser tandis que mon PC Portable me lâchait. Redémarrage et réinsal, là où je m’impatiente d’habitude… MADAR et le temps s’allonge en ma faveur.
    Anouar Brahem ; Oui, j’ai sauté Micus à cause de ta chronique, l’image était trop forte, et je pensais, finalement un peu plus de chaleur, de sueur, de bruit et de confusion dans un label qui ne le souhaite pas. Anouar je connais via Charlu qui avait chroniqué « Le Voyage De Sahar » ma première rencontre avec cet artiste.
    Bon, après quelques douces minutes d’écoute, je comprends que c’est de contraste que tu parles. ECM ne déroge pas mais est tout de même plus « large d’esprit » que ce que je retenais des rencontres passées.
    Comme quoi.

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    1. Je rentre de vacances et viens répondre à ton commentaire comme toujours à détailler.

      Le débat sur la froideur du son du label est récurent.
      Je retiens ici ce qui me fait répondre et réfléchir.

      Je ne sais qui a lancé ce débat voici de nombreuses décennies, mais il reste vivace.
      Est-ce une réaction à l'idée d'un mot jazz qui ne serait pas ici de "bon aloi" ?
      E.C.M a toujours eu cette étiquette de froideur...
      Une association due à l’implantation géographique du label ?
      Ça me fait sourire mais déjà ce rapport dans les revues telles Jazz Hot (tiens donc le jazz serait chaud donc...) puis jazz mag, bien obligés de chroniquer des artistes du label et parfois même de s'enchanter a souvent été présent.
      Comme si un besoin de justifier la musique instrumentale connotée jazz mais "autrement" se devait d'être excusée, justifiée ou encore présentée comme si, comme tel, comme... on ne sait mais on doit de faire...
      E.C.M peut être du jazz, oui, mais, du jazz ECM, enfin, vous voyez ce que je veux dire... voilà un peu comment certains chroniqueurs de ces revues hyper fermées et enfermées abordent la chose plutôt que s'enthousiasmer franco... même avec Jarrett, c'est tout dire. Et oui, l'homme taquine Rachmaninov, Haendel ou Bach et même Mozart ou fait dans l'ethnique lui aussi... alors on préfère se raccrocher à son trio de standards... ouf disent-ils...
      C'est sur que Don Cherry en free jazz mode se lançant dans Codona, si on chronique en jazz intégriste pur, en free c'est déjà dur, en synthèse rencontre de langage culturel c'est carrément "comment faire ?"...

      Au delà donc de cette étiquette collant à la peau d'un label qui pourtant reste à mon sens unique en défrichage musical, comme tu le dis à chaque fois je me retrouve face à une ouverture, une largesse d'esprit et un sens inné de la capacité à briser les barrières tant esthétiques que culturelles juste pour mettre, peut être, la musique là où son sens initial est finalement vérifiable.
      A savoir, celui d'un véritable langage universel capable de réunir, de faire partager, de créer certainement par la fusion des acteurs de ce langage et ce, de toutes origines confondus (et représentation esthétique), une véritable universalité.
      Alors la musique me parle et elle s'invite sans la moindre direction, sans la moindre connotation, et même si elle pourrait se raccrocher à, finalement l'aventure hors des sentiers battus reste la sensation principale.
      E.C.M / WATT / New Series... histoire de reclasser un peu... mais même là, ça parait inutile...

      Merci de ton passage.
      Je suis allé chez Charlu et y ai trouvé encore d'autres perles...
      infini voyage...

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  4. Après m'être régalé avec ton billet et repris quelques friandises avec vos échanges/commentaires ( Charlu , Devant et toi) je ne vois pas ce que je pourrai dire de plus qui ne soit redite ou banalité ?!
    Des choix musicaux pour illustrer tes dires, c'est Charles Lloyd que je connais le moins, donc belle entrée en matière pour m'y plonger plus avant.
    Il m'est arrivé plusieurs fois, alors que des discussions amicales tournaient sur la question de savoir si ECM était bien ( encore !)un label "jazz", de répondre que, pour moi, ce que nous proposait ce label ne pouvait être réduit à un genre musical et que bien plus, pour moi en tout cas, il représentait ce qui était ( devrait être ) LA MUSIQUE d'aujourd'hui.
    Voyage musical et culturel, rêve, auberge espagnole, paysage sonore, choix esthétiques assumés, ouverture à toutes les expérimentations, partages culturels, fusion des genres....
    Pour ce qui est du débat : "streaming or not ?" je comprends là nécessité actuelle à s'ouvrir à d'autres formes de partage/distribution......mais pour moi qui ai découvert ce label par les vinyles aux pochettes à nulles autres pareilles ( graphisme, photo/peinture, notes ) pochettes qui étaient déjà à elle seules une invitation à la découverte, j'éprouve comme un petit pincement au cœur !
    Mais je vais bien sûr continuer le voyage avec toujours autant de plaisir
    Et bien sûr vivement la séquence 4

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    1. Ton commentaire complète largement celui que je viens de faire pour Dev'.
      La musique aujourd'hui ou plutôt d'aujourd'hui...
      Je rente de Thaïlande et ai pu vérifier cette "universalité" du langage.
      J'y ai fait quelques boeufs, pas besoin d'explications entre musiciens, tu t'installes, tu écoutes, tu respectes et tu participes à la conversation musicale...
      A mon niveau et de façon informelle ça fonctionne alors t'imagines quant il s'agit de conceptuel, d'envie, de projet et bien entendu de pointures dans des domaines spécifiques qui se croisent, se rencontre et s'associent...

      J'ai réécouté un album de Charles Lloyd, pendant le voyage : "The Call" qui a accompagné merveilleusement le défilé des paysages fascinants qui passaient en comme un diaporama le long de la vitre du car...
      Je te le recommande vivement - c'est souple, inventif et profondément jazz.

      Pour ce qui est des pochettes...
      Moi aussi je reste vinyles - cette dimension donnait de la vie au support en ajoutant une esthétique visuelle qui augmentait le rêve - sans rapport musical je pense à Yes et Roger Dean... ou Floyd et Hypgnosis... le format vinyle permettait un concept.

      Bon, la séquence 4...
      J'y réfléchis, mais avant...

      Allez, à bientôt.

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