BRUT (es)...

BRUT (es)...

Gros son, formule minimale, sensation de massif, pas de fioritures, rentre dedans...
En dehors des sentiers auréolés de complexité, de méandres de forme, de labyrinthes musicaux obscurs, un bon gros rock qui envoie, ça fait aussi un bien excessif.

De suite je vois les accros d’ACDC pointer leurs cornes diaboliques et enfiler leurs shorts tout en fonçant dans la pile de fringues afin de retrouver leur casquette – réflexe car effectivement dans le domaine du brut, y’a pas à dire ou redire, ils sont plutôt en haut du podium...
Un bon gros ACDC, au retour du boulot et non seulement c’est un peu ou carrément exutoire, mais en plus curieusement on aura gagné quasi 10 mn sur le trajet.
Je laisse pourtant aux spécialistes de nos adorés australiens le soin de remettre le couvert sur leurs idoles.
Cet article pourrait se résumer à eux.
Je vais chercher ailleurs.
Comme souvent, c’est en cherchant un peu de matière pédagogique que je me suis retrouvé face à cette nécessité d’élargir le champ de vision des guitaristes en devenir, focalisés sur Page, Vai, Satriani et autres Clapton, Hendrix.
C’est déjà pas si mal me direz-vous et j’en conviens aisément...
Mais le langage musical ne doit se réduire à ces sommets d’icebergs, qui, si fantastiques soient-ils masquent une immense forêt de manches de stratocasters, de gibson ou encore même d’ibanez.

Power trio hendrixien ou quartet décoiffant zeppelinien, le choix est vaste, les oreilles sont à rude et jouissive épreuve et pister les afficionados de l’énergie brute est un voyage bien âpre et plaisant, chaud et de plomb, lourd et intense.

ROBIN TROWER.

J’ai déjà parlé il y a bien longtemps d’un artiste que j’affectionne particulièrement, qui m’a bercé ado d’une alternative déviante à Jimi Hendrix, car souvent présenté comme un de ses multiples clones blancs, il s’agit de Mr Robin Trower.
Son dernier album dont l’excellent coup de cœur chez notre ami Charlu m’a remis le pied sur la wah wah vaut le détour, largement.
Rien de bien nouveau au pays de l’overdrive qui gicle des jets de wah wah, rien de particulièrement neuf dans les us et coutumes de la pentatonique blues préférée des guitaristes pros, en herbe ou encore en maturation, mais pourtant, à chaque fois, l’ami Robin fait mouche et me laisse sur le c...

Alors  j’ai ressorti mon attirail de vieux vinyles du guitar presque héro de mes années lycée/fac et puis me suis fait une grande repasse quasi nostalgique et trippante en me souvenant qu’avec James Dewar (ce chanteur au départ bassiste, puis passé chanteur de devant scénique par la suite) le formidable guitariste avait là l’allié de taille pour faire gueuler sa guitare.
J’ai bien sur remis mon dévolu sur Bill Lordan, batteur peu glorifié et pourtant tant subtil que direct, efficace, genre bien au fond du temps, genre bien pesant et genre bien contrasté entre futs massifs et cymbales délicates (remember Mith Mitchell ?...).
Un jeu rock teinté de funky, parfait pour aider au décollage des solos de Robin, souvent ancré dans la masse médium, collant amoureusement à la basse pour s’en émanciper en envolées bluesy lyriques.

Puis j’ai redécouvert et ressorti mes vieux BLT, sortes de balanciers des aventures de l’ami Jack Bruce avec WB&L (West Bruce and Laing) ou des autres fleurons BBA (Beck Boggert and Appice).
Bruce, Lordan, Trower.
Deux albums...
Deux brûlots bruts de décoffrage, du pur, du lourd, du direct, du blues qui crache sa hargne, qui hurle en guitares saturées de bends, d’overdrive, de suraigus poussés par la cry baby, d’amplis chauffés aux lampes.
Jack Bruce sera revenu rejoindre Robin en « seven moons » qu’elles soient studio ou live j’ai là encore immédiatement adulé ces retrouvailles.
Le jeu de guitare basse de Bruce, emmêlé dans celui médium grave de Robin sur un drumming d’une immense efficacité (Gary Husband) – c’est comme mettre les pieds dans une vase bénéfique, un bourbier envoûtant, une de ces sensations d’excessive densité dominatrice, qui colle au corps en même temps qu’elle ravit les oreilles.

Je l’ai lâché un peu Robin, par la suite, la mort de Jack Bruce que j’appréciais beaucoup m’a laissé sur ces lunes, ces sept lunes... peut être qu’il jamme sur l’une d’elles.

Alors rapidos, incité par son retour 2016 me sonnant le rappel, je me suis fait une petite compil, une de ces playlist inutiles hors de la sphère de celui qui les imagine – tellement pourraient dire : mais pourquoi t’as pas mis celui-là ? tu sais son meilleur morceau c’est vraiment celui-ci ? bref les conneries habituelles du mec qu’a pas encore compris que la musique et le plaisir qu’elle procure c’est avant tout subjectif.
Une question d’hormones, d’adrénaline, d’affect, de chair de poule.
Allez, go, tellement à écouter chez Robin Trower... je vais en rester à 10, c’est largement suffisant...

1/ « Into the Flame » - ça c’est dans l’album « Victims of the Fury », c’est l’archétype du blues tel que j’aimerais savoir le jouer (tant mieux je ne suis pas guitariste), ou que tout poseur de doigts sur un manche électrifié se devrait de prendre en leçon de choses.
L’intro de guitare, ce riff plombé bluesy de base, Dewar qui joue sa basse en accords, Robin qui hendrixe au point de doubler le chant, Bill qui pousse au cul, pas de rerecording, pas de bla bla, pas de fantaisies – direct.
Un solo qui crache toute sa sueur, qui hurle de bonheur... et en coda Bill qui lâche le mou pour sourire à pleines dents en boostant son boss.
Et puis cette voix... James Dewar... on en reparle plus bas.
Into The Flame - Robin Trower. - YouTube

2/ « Too Rolling Stoned » - jamais pu me remettre de cette intro funky, de ce riff wahwah pointu, de cette rythmique de feu, de cette première partie urgente, radicale sur cette basse si souple, si moelleuse.
On résume Robine Trower là, qui sait ?...
Alors oui, rerecording afin de ne pas lâcher la bride de la rythmique (on se reportera sur le version du « Live » pour prendre l’autre dimension du titre) puis... le voilà qui met en jeu ce gros blues qu’on attendait au tournant, posé sur un schuffle entouré d’after beat de claps dignes d’une échappée de choristes de gospel débarqués là en pleine transe électrique.
Robin Trower a sorti la panoplie complète, sa pentatonique tourne en bourrique, de gimmick en gimmick, ‘tain il connait son sujet le bougre !...
Il nous sort là l’attirail complet du parfait gratteux bluesy, que tous devraient avoir dans leur outillage.
Un acte d’école, un uppercut direct en pleine poire, pas besoin d’en rajouter ou de frimer, allez les cocos, inclinez-vous, l’homme survole déjà la masse... respect.
Robin Trower Too Rolling Stoned - YouTube

3/ « Caledonia » - Une intro héroïque, une rythmique à faire tourner la tête, une production (76) au charme daté qui donne un sens au mot vintage et toujours cette voix de Dewar qui se mêle à la voix de la guitare de Robin Trower.
Lordan a déjà ce jeu de cymbales si original et particulier, léger, volubile, intensif qui s’additionne au plomb de ses fûts.
3.41 à la source.
Robin Trower - Caledonia (1976) - YouTube

4 /« Alethea » - L’art du riff, la guitare et la basse sont collée pour l’efficacité et assoient le sujet. Implacable, le groove est obsessionnel, oui même rock on groove et finalement ces lascars, serait-ce là leur botte secrète ?
Bien évidemment Robin Trower nous balance LE solo, un brûlot de plus, c’est pour ça, aussi que je l’aime... sa guitare chante, crie, hurle, gémit, s’énerve... toujours si profondément humaine et certainement juste prolongation de lui-même.
Alethea - YouTube

5/ « Daydream » - version « Live 76 ».
Ça sent le stade blindé, les briquets qui chavirent, le plaisir du partage, le gigantisme rock de la démesure et là, James Dewar me fout la chair de poule, l’émotion pure et simple.
Son jeu de basse doit porter le chant, donc pas de palabres, pas d’amusette.
Il  laisse le max de place à sa voix puis à son patron, ici sur-inspiré, lyrique à souhait, torturant le riff en repère d’accroche, s’y amarrant comme on s’accroche à une bouée face à la marée humaine des festivals quand la masse du gigantisme vibre jusque dans vos tripes, sur ces scènes immenses.
Son solo final est un pur diamant électrique, il tape droit dans l’âme, dans le cœur, Lordan le pousse dans ses retranchements émotionnels, l’oblige à sortir des gimmicks, le récupère en cross-stick ample et généreux.
Je ne m’en lasse pas, tous bends dehors, tout feedback dehors ce solo au chant merveilleux reste un grand moment du guitariste.
Robin Trower-Daydream(Live!) 1975-Sweden - YouTube

6/ « My love (Burning Love ) » - Acide et souple à la fois, en ouverture de l’album « Caravan to midnight » le titre qui , encore et toujours met la wah wah en star absolue.
3mn et une poignée de secondes c’est largement suffisant pour pénétrer encore et à nouveau dans ce bain de fusion à la nervosité électrique qui va encore une fois nous agacer les papilles auditives, pour des étincelles excitantes et survoltées.
Il reste seulement 4 titres pour cette petite liste – Dieu que l’exercice est ardu.
Robin Trower My Love (Burning Love) - YouTube

7/ « Into Money » - BLT (Bruce Lordan Trower), le combo power trio de rêve.
L’immense Jack Bruce a empoigné sa guitare basse, chante avec un plaisir non camouflé, poussé par le jeu impérieux de Bill Lordan, gorgé de nectar de wah wah agissant tel une boisson énergisante, il marque le premier but vers la victoire.
Pas d’essai, direct dans le cadre, le format des 3mn suffit à imaginer pour les fans que le trio, une fois sur les planches fera de ce titre (et de tous les autres) un fabuleux moment de jam session, comme au bon vieux temps où Jack savait faire prendre la crème, penseront les nostalgiques.
Moi la crème l’année de cette sortie, elle n’était pas vraiment sucrée, mais bel et bien marquée du sceau de ce burger commun, fast, avalé à toute allure, comme ce riff, ces traits de guitare basse, cette voix nasillarde, ce funk habillement blanchi au rock.
BLT, mes nouveaux héros...
Il me fallait vite le suivant, qu’ils n’en restent pas là... Mais où était donc passé James ?...
Robin Trower- Into Money - YouTube

8/ « Little Lost Boy » - conclut l’aventure du second épisode de BLT album « Truce », le beat est quasi sudiste avec son rebond sur la seconde croche du temps, le background est obsessionnel, Robin et Jack ne lâchent pas l’affaire et Bill a abandonné son précieux jeu de cymbales pour se centrer sur un beat massif duquel émergent des crash lourdes et directes.
Robin a fait le tour du sujet mais tire l’épingle de ce jeu qu’il connait par cœur, dans les moindres règles : celui du blues, de ses méandres pentatoniques électrisées.
Sa wahwah semble comme le prolongement de son pied, comme son manche de guitare est depuis si longtemps celui de son bras. Il fait corps avec l’instrument et lui dicte ses volontés, ses pensées, son âme.
Jack Bruce l’aura rejoint dans cette aventure épique aux accents de revival d’un passé encore finalement, très frais.
BLT est une lumière dans la production punkisante/new wave, il rappelle que le rock a ses vétérans et que le respect passe aussi par leur blues empreint de racines.
On va les retrouver, on n’y croyait plus...
Robin Trower & Jack Bruce - Little Lost Boy - YouTube

9/ « Just Another Day » - tant d’années ont passé, Gary Husband est aux baguettes, le contrepoint Bruce/Trower est encore plus proéminent, l’un colle à l’autre, l’autre colle à l’un dans des assemblages de lignes savantes.
Le son est énormissime, une production d’une extraordinaire densité, d’une grande lisibilité nous met en face d’une masse sonique bienfaitrice.
Ce titre présente une forme différente de nos habitudes ancrées dans le répertoire de Robin Trower, ouverte, large, s’émancipant quelque peu du blues « commun ».
Le solo conclusif est grandiose, sur une ligne de basse absolument hypnotique, reptilienne il ouvre grand le champ imaginaire, décolle et continue l’histoire racontée quelques secondes avant par Mr Bruce, ici magistral.
Gary Husband est un nouveau partenaire de choix, luxueux et précis, au service de ces deux compères bien sûr heureux de telles retrouvailles.
Just Another Day - Seven Moons (Jack Bruce, Robin Trower & Gary Husband) - YouTube

10/ « Next in Line » - un air de déjà entendu ? un retour dans les racines du blues ? « Another Days blues » est un album de blues, pour sûr, au casting vaste où même Robin Trower s’autorise à chanter autrement que la guitare. Il y a là l’orgue hammond, axe d’écoute inédit dans l’univers du guitariste au gilet de costard et au sourire resplendissant de bonheur.
Je ne sais pas si ce titre peut ou doit conclure ce moment avec Mr Trower, mais après tout, le blues, c’est son crédo, sa vie – il lui a dédié sa guitare et il a tout brûlé avec lui, alors... ce titre chargé de ses gimmicks favoris, tellement indissociables de son nom, désormais, pourquoi pas ?
Son nouvel opus 2016 est là, lui aussi pour perpétuer l’aventure. Le sillon est tracé, Robin Trower est certainement une légende et même si dans chacune de ses biographies et qu’à la sortie d’un de ses nouveaux opus on se croit obligé de nous rappeler qu’il fut guitariste (certes brillant) de Procol Harum, ce dont franchement, aujourd’hui en 2016, on n’a strictement plus rien à carrer je crois me devoir d’affirmer qu’il a mérité d’être admiré aussi et surtout pour lui-même et non pour ce qu’il fut voici des décennies, lorsqu’il s’échappa pour mener avec ses amis James et Bill une aventure en trio aux airs de mythe.
Robin Trower - Next In Line - YouTube

FREE.

Pour Free, groupe éphémère mais complètement emblématique, inutile de se faire une playlist ou une compil...
Un seul album me suffit à mettre en boucle : « Free – Live ! ».

Un joyau de rock brut et d’apparence primaire, sur le vif, écorché et qui prend aux tripes de façon inéluctable, irréversible et irrémédiable.
Pour moi, qui n’ait découvert que tardivement ce groupe, encore une fois par la curiosité m’ayant mené vers ce batteur, Simon Kirke (dont on disait qu’il était modèle du genre grosse machine de lourdeur de fond de temps...) – ce, suite à sa collaboration avec John Wetton – cet album je peux le résumer ainsi : il y a eu avant... et après Free.

Gorgé de Purple et Zep, peu ému par Wishbone, mais tout de même, donc en gros naviguant, hors prog, dans les ramifications de ces monuments entre Rainbow et Whitesnake, s’en défaire était comme déménager vers d’autres villes, régions, pays même.
Puis sort « Caught the Crossfire » que j’avais là aussi chroniqué dans l’ancien blog.
Je cherche Bruford, White, Palmer ou encore Bozzio et je trouve... Kirke.
Rudesse, sobriété, efficacité, lourdeur, il apporte à Wetton cet autre chose qui lui manquait et qu’il ne retrouvera jamais chez Asia.
Alors je bascule et pars chercher Kirke là où il a creusé sa légende : Free.

Le hasard, ce truc heureux, m’aura fait commencer ma quête par ce live et son « All Right Now » autrement jeté en pâture au public que dans la version déjà pourtant bien brutale du studio.
Puis ce concert s’enfilera comme des perles grossières, peu polies, d’un collier lourd et voyant, fait de métal forgé avec un soin ancestral, sans fioritures, juste le minimum – ce qui ne veut pas dire la facilité.
Métal forgé, en y réfléchissant, c’est peut être bien ainsi qu’on pourrait résumer ce concert.
Ces gamins, sorte de bad boys au regard foudroyant, à la hargne viscérale nous balancent là un live dont les lieux, contextes ou encore tous ces trucs de fans anthropologues, je m’en fiche alors complètement.

1971... j’y réfléchis maintenant.
J’aurais dû commencer par eux et avec eux mon intrusion métallique... cet album est chargé d’une énergie incroyable, d’un don envers le public absolument stupéfiant.
Le son est massif et on y est, tout simplement, là devant ou sur scène, juste vers eux.
C’est du cash.

Paul Kossoff nous happe de riffs en riffs, de cris guitaristiques en solis ancrés dans le blues le plus profond, le plus lourd, le plus juvénile aussi.
Simon Kirke c’est du plomb, il cherche le sol, le tréfonds, l’assise est son credo, ses breaks lourds d’une sobriété inédite et d’une frappe tellurique incisent le propos, sa frappe est énorme, chaque coup est définitif, radical, essentiel.
Andy Fraser est le virtuose pré John Paul Jones, de cette lignée de bassistes qui trouvent toujours LA ligne qui tue, le sens du pilier qui permet à la guitare de décoller, de partir loin, ailleurs.
Kossoff lui colle à la peau, il l’oblige à partir, à s’évader et lui propose somme de traits, d’astuces, de pistes d’envol qui vont l’aider à nous embarquer dans cette sueur, cette moiteur palpable, cette virilité absolue, cette jeunesse révoltée, survoltée.
Le héros absolu se doit d’être ici Paul Rodgers à la voix de roc, de pierre brute, cherchant lui aussi dans les hurleurs du blues sa voie(x), sa croyance, son identité, sa vérité.
On ferme les yeux, on entre dans l’arène, on le voit, on l’imagine, fil tendu habité par cette électricité qui jaillit autour de lui et dont il se nourrit, se gargarise, s’imbibe pour charger son chant de vitalité, de blues et d’ultime expression.

Free - Live! - Full Album - YouTube

« All Right Now » / (live Lorcano – 1970) ouvre l’album et plus rien ne pourra être comme avant. Kossoff se cherche, règle certainement son ampli, échappe de peu à un gros larsen.
Fraser ne lâche pas la bride et reste sur la route pendant que Kirke enfonce les clous de la charpente. Ça gueule déjà dans la salle, Kossoff se retrouve seul avec Kirke pour dégainer son premier jet de solo et Fraser le rejoint sur une de ces lignes d’anthologie.
Paul se régale de ce bordel d’ajustement, il va reprendre, suite à un break de Kirke absolument dénué de m’as-tu vu, les rennes de l’attelage parti à bride abattue en ayant déjà failli se vautrer à chaque virage.
Ça y est ils sont lancés... Kirke a déjà inventé la fonctionnalité Highway qui deviendra star en ces doubles croches charley qui lissent le conclusif et dont il nous régalera pour les climats au long de ce live de tournée.

« I’m a mover » / (Live Fairfields Halls, Croydon – 1970).
Le riff, le vrai, le gros, le massif, basse et grattes unies dans un seul pouvoir fédérateur, pour mieux se séparer fugacement, le temps d’une envolée.
Kirke lâche sa charley, ride un instant – non décidément, rien ne vaut la lourdeur des précieux cercles métalliques crispés à gauche, la ride et la crash ce sera pour émailler, relancer, ponctuer.
Paul est au taquet, Kossoff a sorti la panoplie du pré guitar hero et Fraser/Kirke c’est du béton, on peut poser une architecture gros ouvrage dessus, rien ne bouge.

« Be my friend » / (Live Fairfields Halls, Croydon – 1970).
Intro roots, jeu de ballade qui voudrait s’accélérer, Kossoff est encore excité et cherche dans les racines creedence / blues du bayou son axe.
Kirke a viré le timbre de sa caisse claire pour finalement le remettre – oubli, volonté afin de ne pas emboucaner la pureté sobre de la ballade ?
Fraser groove comme un échappé de Sly et colle là encore à Kirke -  ce sont des aimants.
Rodgers pleure, hurle, investit le titre avec charisme pour laisser Kossoff en dénuement pur, sans rien, échapper un solo profond et généreux.
Intro/coda, même credo.
Le public a adhéré, c’est gagné.

« Fire and Water » / (Live Fairfields Halls, Croydon – 1970).
Sans transition en remet la sauce... Kirke force un peu pour un rappel du tempo.
Fraser préférera jouer sur les octaves (on n’avait pas encore de basses cinq cordes) – le riff lui appartient presque...
Il va pousser Kossoff à foncer en plantant clous sur clous, longues tenues, d’où s’échapper sera forcément ouvert et épique.
Paul éructe, Kirke nous fait croire à un de ces solos de drums chargés d’inutilité, astuce de plus...
Le solo de batterie démonstratif n’a pas lieu d’être ici, on veut juste du lourd, du bon gros lourd... alors une petite échappée sur les toms, pour conclure, ça devrait suffire.

« Ride on Pony » / (Live Fairfields Halls, Croydon – 1970).
Certainement le titre que j’affectionne  le plus de ces moments live.
Déjà je prête l’attention sur cette approche groovy half time qui schuffle et fait rebondir le riff de cette basse qui, encore une fois requiert toute mon attention et mon admiration.
Que c’est bon ! Paul est porté par cette unité massive, poussé par les interjections de crash de Kirke et surdimensionne le titre.
Encore la prise de relais chant-solo guitare, format logique et réflexe qui rééquilibre ces acteurs immergés dans cette lave en fusion incessante, cette incandescence dont ils ne veulent s’extirper.

« Mr Big » / (Live Fairfields Halls, Croydon – 1970).
Kirke prend le pouvoir, Kossoff, s’accorde. La charley s’ouvre généreusement, Fraser offre une ligne sublime.
Le half time est installé jusqu’au chant de Paul, produisant une charge rythmique dont on ne peut se défaire.
Il faut écouter le jeu de Kirke, sobre et complètement original, tribal et d’une lourdeur extrême.
Il faut s’embarquer avec Kossoff au solo lumineux, à la transe (final) hypnotique.
Il faut ici se dire que Fraser est l’un des plus grands bassistes de cette musique intitulée rock (solo final entre ligne de basse et échappée exutoire).
Il faut bien penser que Paul Rodgers est à compter lui aussi sur le podium de ces chanteurs qui ont porté le rock en gloire.
Mr Big ; pas le nom d’un groupe aussi, pour rien...

« The Hunter » / (live Lorcano – 1970).
Le bon gros vrai schuffle.
Ils ont failli accélérer, Kirke encore une fois drive toute cette fougueuse jeunesse et à grand coups d’open hihat il recadre cette énergie dévastatrice.
Paul est dans son élément.
Rien à ajouter sur Kossoff, héroïque, encore une fois Fraser me rend fou et les filles hurlent de joie...
Paul fait son show, c’est certain...

« Get where I Belong », bonus studio ou glas sonnant la fin ?
Après ce déluge électrique brutal et addictif, parenthèse folky...
Je prends à part, je me laisse flotter sur le beat martial de Kirke, sur l’inventivité de Fraser, sur le feeling de Paul poussé par des chœurs de circonstance, par l’acoustique doublée clean électrique de Kossoff.
En studio, les lascars bruts de décoffrage en avaient sous le capot et côté compos ils sortaient aussi le piano enrobé de violonades.
Un autre univers, une autre direction...
Accomplis donc.

HOT TUNA.

On en découvrait des groupes inconnus à nos chères têtes échevelées boutonneuses chez l’ami Thierry C.
Une bonne demi-heure de trolley, un petit peu de marche puis on frappait à la porte de l’appart.
Sa mère ouvrait, laissant entrer et sortir en ligne des hordes de mines hirsutes, enfumées d’herbes pas spécialement provençales, venant chercher un peu de fourniture et/ou surtout, faire une halte auditive psyché, punk, jazz free, prog, métal... selon (le jour, l'humeur, l'envie, le temps, l'heure...).
Ce jour-là, il nous a - après avoir balancé SART (Garbarek Rypdal) - littéralement scotchés au canapé plumard avec une double dose tant de verdure compactée que de Thon Chaud.
C’est entré direct dans mes neurones pourtant approximativement réceptifs, c’est resté là en filigrane et, quand il me faut une énergie brute, vitale, excitante, électrique, je file dans le stock de vinyles.
Là, j'en sors un au hasard resté bouillant, incandescent ce, même après toutes ces années, du groupe de Jorma (Kaukonen) et Cassidy (pas butch)... : Hot Tuna.

Des légendes avec un CV au moins aussi lourd que celui des english des années héroïques, voilà un peu ce que j’avais rapidement retenu ado, de Hot Tuna.
Issus des Jefferson - qu’ils soient Starship ou Airplane - menés par un leader au nom absolument irrésistiblement improbable, associé à un co-leader affublé d’une image tellement imbécile et exagérée (le « Hendrix » de la basse), plombés par un cogneur inconnu à mon bataillon des virtuoses drummers héros (Bob Steeler), voilà le maigre complément que j’avais pu glaner au fil d’articles plus ou moins sommaires des Best/Rock’n’Folk de ces années seventies finissantes. Pas de grosse presse pour ces rescapés du navire psyché/flower/hippie, juste le minimum syndical relayé par les derniers chroniqueurs babs encore en activité.

Les groupes psyché-flower power des sixties, début seventies, j’avoue franchement n’y avoir porté (même encore aujourd’hui) que peu d’intérêt.
Les longues attentes d’un moment où il se passe « vraiment » quelque chose pendant les écoutes enfumées du Grateful Dead n’ont jamais illuminé mon adolescence, la pop folky bleutée des Jefferson n’arrivait pas non plus à m’accrocher, aussi, alors qu’il tentait encore vainement de m’attirer vers ces eaux américaines en posant, chargé d’explications ce live chaud et intense, Thierry C, savait pertinemment que cette fois... il ne fallait pas se louper.
Malin, il avait évité la face qui pourtant par la suite serait l’un de mes moments de plaisir musical, tant par sa finesse que son originalité... la face de picking acoustique dont Mr Kaukonen est et reste un des fers de lance de genre qui grâce, par ou indirectement lui a pu s'auréoler d'art de savoir faire là où j'eusse rapidement taxé la chose de has been kitchissime, de ringardisme absolu chargé d'un désintérêt notoire...

Comme avec Free, je pourrais simplement vous dire qu’il suffit de garder « Double Dose » en surface et en suffisance pour Hot Tuna.
Après tout, ces combos c’est bien comme ça qu’on les aime – vivants, sur scène, crus, détachés des avantages attractifs du studio, nous balançant en pleine face ce bouillonnement électrique bienfaiteur qui recharge nos batteries du quotidien.
Alors, même si ce live me semble  incontournable et ce, dans son intégralité, il y a deux albums studio du groupe que je m’écoute systématiquement une fois reparti dans l’aventure.
« Hoppkorv » (tu parles d’un nom...) et « America’s Choice ».
On y ajouterai aisément "Yellow Fever" - oui, finalement, tant qu'à faire.
Et en sus je m'adjoint l'avis d'un goût pour les pochettes franchement hideuses (paquet de lessive, dessins grossiers, photos trafiquées), soutenues par un label qui rien qu'en son nom évoque, à sa prononciation âpreté, rugosité, craquement du saphir/diamant dur le sillon : Grunt records.

« Double Dose », live, modifie un peu l’axe initial du trio-combo car Jorma aura certainement jugé utile et nécessaire de s’adjoindre, non une guitare à fonctionnalité rythmique afin de lui permettre des échappées soliste, mais un clavinet ou parfois un rhodes (Nick Buck).
N’oublions pas que la culture américaine aime à ne pas lâcher la fonction harmonique, ce support tracé par une grille sur laquelle on s’appuie ou s’accroche afin de décliner son propos improvisateur - peut être là une piste explicative...

1/ « Talking’bout you » / album « Hoppkorv »  - un standard de Chuck Berry.
C’est par là que j’ouvre cette petite liste.
Le gimmick rock de base, bien binaire, bien pesant, bien grassouillet et riche en houblon, la ligne serpentine de basse, le drumming qui force le trait vers une accélération du tempo inévitable, l’artifice wahwah permettant de courtes mais vitales échappées bluesy de la masse sonique, la voix de Jorma qui colle à sa gratte, aimantée par son jeu, comme sa sœur jumelle, c’est parti j’enclenche la première.
Le trajet va être rapide et court, avec juste sa dose d’imaginaire psyché américain.
HOT TUNA - TALKIN ABOUT YOU - YouTube

2/ « Funky #7 » / album (s) « America’s choice et Double Dose ».
L’incontournable axe du groupe qui ici détourne ce gimmick rock juste précédemment identifié en caractère funky.
Cassidy se la joue John Paul, Jorma balance quelques réappropriations funkysantes en cocottes de récup' puis ils partent vers une jam logique. Ça, ils savent faire et c’est un art, une philosophie aussi.
En studio, le tempo là aussi s’intensifie, les guitares jaillissent de toute part, hurlent dans leurs boites stéréophoniques, poussées par Jack volubile à souhait.
En live c’est tout en retenue, en enfonçant le tempo que ce titre fait pour jammer comme au bon vieux temps se positionne comme essentiel dans le parcours concert.
Un must du groupe version brute électrisée ? En tout cas je pense Hot Tuna, je pense "Funky #7".
Hot Tuna: Funky #7 - YouTube
HOT TUNA - Funky #7 LIVE '78 - YouTube

3/ « Walking blues » / album « America’s Choice ».
Le bon gros blues binaire, guitare rythmique en levées, batterie en tous sens, basse en promenade, tempo up et sa petite phrase chantée à la guitare qui remplace le solo qu’on serait en imaginaire d’attendre, mais qui viendra avec un sens toujours original de la recherche sonore.
Rien de bien compliqué, juste du plaisir à se fredonner ce riff / bout de thème qui s’installe en obsession lourde dans nos têtes.
Walkin' Blues - Hot Tuna

4/ « Sunrise Dance with the devil » / album « Double Dose ».
Ah que j’aime quand Jorma  oscille comme ça entre le rock dur et pur et ce country blues, sautillant tout en picking qu’il réinjecte dans sa Fender.
Alors il chante en mélodie doucereuse, alors le Rhodes se la joue sudiste, alors on ouvre le saloon et on va s’en jeter une sur de gros contre temps bien marqués, histoire de... mais bon, c’est bien joli tout ça mais il faut terminer en tirant la cartouche essentielle en traits de bottleneck afin de compléter le costume.
Un gros larsen, un aimable « thank u », la gonzesse au jean hyper moulant et à la chemise à carreaux échancrée a braillé, surexcitée par ce mélange de patrimoine folk-blues et de rock festival.
C’est emballé... et joliment.
J’aurais dû me mettre à la guitare...
hottuna sunrise dance - YouTube

5/ « Bowlegged woman, Knock Kneed man » / album « Double Dose ».
LE riff... !
La ‘tain de ligne de basse qui lui colle, comme une super glue.
L’inexplicable efficace Fender Rhodes, sans dentelles, juste le rien qui fait tout.
La wah wah qui hurle, surchargée, émergeant du larsen sous contrôle absolu du sorcier blanc.
Le drumming de masse.
La sensation de la scène, de la présence imposante du public, du lieu.
L’éternel gimmick rock obligato qui blues en coda...
HOT TUNA -- BOW LEGGED WOMAN - YouTube

à quoi bon en mettre plus de cinq dans cette liste...
Certes s’amuser à dix, ou juste et simplement se faire la trilogie « Hoppkorv-America’s Choice-Double Dose » en ajoutant "Yellow Fever", après tout, j’avais déjà fait un bon gros article sur eux voici des années...
Je réitère, même plaisir, même sensation, même bonheur juvénile, même lâché prise du quotidien, même addiction, même jouissance.
Hot Tuna, pas de nostalgie dans tout ça, juste un besoin vital de se (re)charger d'énergie salvatrice face à l’ordinaire de la vie.

Humble Pie aurait certainement pu figurer ici...
Tedeschi Trucks, ou encore Gov't Mule également et tellement de Band of Gypsies, même au fond du blues des Winter ou les ZZ des débuts de leur alphabet...
En attendant qu'ils reviennent booster, eux aussi, le banal, l'ordinaire, l'usuel, le quotidien, on va déjà se contenter de retourner nager dans les marécages bluesy de Robin, dans la hargne des juvéniles Free, dans l'acidité LSD-ite de Hot Tuna...
La wah wah est ouverte et va cracher son inimitable jet de pentatoniques ancestrales, l'overdrive est vers le maxi, les lampes sont chaudes, le boost est sous le pied, toute une panoplie héroïque, un attirail qui fait légende pour des artistes qui le sont.






Commentaires

  1. Après m’être bien imprégné de mon Rosen, une fois encore.
    L’enchaînement sur ton « Brut(es) » est peut-être même plus heureux qu’on le penserait.
    Une phrase qui revient souvent dans tes descriptions musicales, je ne la comprends pas et c’est normal et pourtant je l’aime bien :
    "genre bien au fond du temps"
    Sinon, je reviens sur ce
    « "mais pourquoi t’as pas mis celui-là ? tu sais son meilleur morceau c’est vraiment celui-ci ? bref les conneries habituelles du mec qu’a pas encore compris que la musique et le plaisir qu’elle procure c’est avant tout subjectif. »
    Tu sais que j’irai bien contre toi, ce temps de disputes me manque, les disputes en fait, pas le temps lui-même. C’est vrai que parfois (souvent, en fait) on écoutait à peine ce que l’autre proposait, mais quand parfois (pas souvent, de fait) il y avait ce déclic chez l’autre, ce temps d’arrêt qui faisait que tu avais conquis un auditeur, hein ?

    Robin Trower : m’a fait du bien, surtout le « Too Rolling Stoned » tu as raison pour cette intro. Époustouflant !! « Caledonia » toujours ces rythmiques d’enfer, funky shaftien à souhait. Miam
    Pour « Into The Flame » je ne sais pas ce que tu as comme version mais j’en ai une de 3 :27 avec baisse du son pour terminer le titre. Je déteste vraiment ça.
    Pour la plaisanterie : Les Eagles, ce n’est pas Joe Walsh qu’il aurait fallu pour les énergiser un peu… Dommage
    « Alethea » du studio « For Earth Below » je suis passé au LIVE pour ne pas perdre l’intensité des débuts de ta chronique. (Merde un solo de batterie, pas trop long, ça va)
    .. en jetant un œil sur la suite, je vois FREE et je pense, oui, quelle similitude, moi qui ai découvert les bad boy avant-punk avec les BadCo. Même chant.
    Tu sais qu’en fait je découvre Trower avec toi en fait.
    « Mais bel et bien marquée du sceau de ce burger commun, fast, avalé à toute allure, » Arrête, je pense à de 2 x doble wooper que je me suis farçi Vendredi soir, mon deuxième serveau me le reproche encore ;-)
    « Into money » & « Little Lost Boy » effectivement fini plus lourd, comme tu l’as si bien hum décrit plus haut. Burp, mais c’est bon, question : peut-on faire un solo les doigts lourds ? (je pensais écrire gra)… haaaa le titre fini en baisse.
    « Just Another Day » Ha oui, tout à coup, wouahhhh j’ai l’album, je pense que cela venait de toi.
    « Next In Line » me fait chercher cette compil COMPENDIUM avec une fin de morceau encore où on baisse le son…
    Je stoppe ici Trower. Faire des commentaires sur Word… on bavarde davantage, bon courage pour la lecture ;-) Et je relis pas et hop...

    RépondreSupprimer
  2. je tente de te répondre en gros.
    jouer au fond du temps est une attitude, un ressenti qui fait que tu gères le tempo en le retenant, en lui donnant une assise, un poids, une densité.
    certains musiciens avancent, d'autres collent à la métrique.
    au fond du temps c'est par exemple John Bonham, Steve Gadd, Bernard Purdie (pour parler de batteurs), c'est des notes amples et longues pour le bassiste, bref, tout ce qui fait que t'es "confort", pas excité, que tu es installé...
    un jour qui sait, (je garde ça dans un coin de tête) je tenterais de développer le sujet.

    les discutions/disputes...
    tellement vrai, et même maintenant par le net, ça n'a rien changé.
    t'as tellement envie de faire apprécier ce que tu penses être LE truc incontournable, génial et patacouffin... que t'en as rien à cirer de ce que l'autre propose.
    mais bon parfois... et maintenant plus qu'avant... un léger recul, une perspective et une envie de découvertes...
    ceci dit, j'ai toujours été avide d'autres choses... alors je pointe là les éternels du genre.

    Trower est un artiste que j'aime bcp, je l'écoute souvent et même si, parfois les recettes et ficelles qu'il tire sont un tantinet usuelles ou connues, il fait ça avec un tel brio, une telle âme que ça fait oublier - ce qui est fréquent chez nombre d’artistes - les titres "moins" inspirés (mais là aussi c'est tellement subjectif).

    La mode du fade out...
    mon prof de musicologie détestait ça et disait que ces groupes pop (avec un dédain lisible) ne savaient même pas terminer un morceau... je lui avait fait une démonstration du contraire expliquant que ce principe était surtout dû au format imposé par la prod, ces fameux groupes étant surtout des spécialistes du live, donc ils se gardaient de faire durer le titre pour la scène.
    Mais c'est quasi fini cette manie des prods, ça fait du bien que d'entendre se conclure un titre, je suis d'accord avec toi, plutôt qu'imaginer comment ils se terminerait sur scène.

    Free...
    la replongée dans ce live m'a apporté une sorte de bienfaisance, un bain de foule électrisée, un son énorme, etc... et cette énergie, vitale, nécessaire, utile.
    te reste à ouvrir une boite de thon ou passer en chercher du frais (largement conseillé) pour une cuisson bien chaude et savoureuse.

    merci d'être venu ici.
    à +

    RépondreSupprimer
  3. Je suis justement en pleine redécouverte de Free..mais aussi Traffic.. je me dis que c'est exactement le genre de musique que j'aime entendre quand je veux du brut de l'uppercut. Puis je me dis que c'est deux voix, Paul Rodgers et Steve Winwood..énorme, des coffres qui vont avec ce son rock blues jazz funky brut. Et là je suis direct sur Cream, pour le son et pour une autre voix.. Jack Bruce. J'avais même commencé à grifouiller qq mots pour un billet.. « quelle voix ?? » Winwood, Bruce ou Rodgers ?? J'ai une fascination pour Bruce.. dingue, même quand il revient sur Cream avec le projet BBM (avec Moore et Baker).. et ses albums solos..assez jazz. Puis Winwood au sein de Blind Faith, un autre Cream.. bref, une grande famille :D

    En tout cas, je commence toujours la journée avec de l'hyper soft, ambiant, néo classique avec juste un piano... puis, une fois lâché dans la nature, au milieu du trafic..je lâche le brut, le gros son, ou le brut en tant que pur live.. du live en studio, ou du saturé bourrin.... Gros son, formule minimale, sensation de massif, pas de fioritures, rentre dedans.. exactement comme tu dis..et là aussi j'alterne entre minimalisme et massif.. un Stevie Ray Vaughan ou le dernier Louise Attaque.. Hendrix ou Mettalica.... Alabama Shake ou Electric Electric.... le brut sans fioriture, quelquefois, à certains moment, comme un carburant.

    Alors Pax, Bruce, Winwood ou Rodgers ?? ;D

    A++

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci de passer par là.

      Traffic est un groupe que j'aime beaucoup, encore une fois, ado, il a fait partie de souvenirs, de quêtes d'autre chose... ces pochettes avec les angles coupés, le génie Winwood multi-instrumentiste, le sax électrifié de Wood, sa flûte, toujours approximativement fausse, la voix de Capaldi aussi...
      Blind Faith - une des aventures les plus enthousiasmantes de ces années de début de starification du rock. Tout en un...
      Steve Winwood est pour moi l'un des plus grands songwriters encore vivants, il a un sens incroyable de la mélodie, du "format" chanson. Son premier album en est une confirmation. Traffic aussi même s'il faisaient la part belle aux plages instru.
      Pour preuve Joe Cocker, grand spécialiste du relifting/reprise a souvent glissé dans ses albums des songs de Winwood.
      Un autre grand qui reprend les grands.

      Cream n'a pas spécialement été ma tasse de thé ado.
      La pub Clapton ne m'attirait pas, vas t'en comprendre parfois...
      Il faut dire qu'on ne pouvait l'éviter dans les revues spé...
      Puis il a fait carrière solo, j'ai suivi en pointillé - souvent aimé (aujourd'hui je ne m'en lasse pas ou plus)...
      Et j'ai révisé mes erreurs de zapping Cream.

      Ce n'est pourtant pas là que j'ai découvert Jack Bruce, mais par le Tony Williams Lifetime - je te remémore que j'ai toujours depuis le jour où j'ai commencé à frapper peaux et cymbales sur une batterie, été un fan inconditionnel de Tony Williams (mon fils aîné se prénomme Tony...)...
      Puis j'ai suivi ce caméléon musical sachant passer avec une aisance déconcertante pour les personnes aux oreilles étroites d'univers à d'autres. Je l'ai vu à Vienne pour un concert que je n'aurais raté pour rien quasi au monde, avec Kip Hanrahan - j'ai été subjugué par son album Jack Bruce and Friends avec Cobham, Clemson, Sancious... puis ses power trios avec Trower bien sûr.

      Je termine par Rodgers...
      Free, Bad Co (dont le Cant get enough for your love a été longtemps ma sonnerie de portable qui faisait sursauter en réunions chargées de sérieux intello les collègues...) et puis cet album chargé de guests venus faire la fête du blues (un tribute to Muddy Waters) - là tu veux du gros son ? t'es plus que servi...

      à +

      Supprimer
    2. Mais oui.. Free est vraiment puissant. Marrant, moi c'est Cream direct, pourtant assez éphémère.. mais Disraeli en vinyl, j'ai cru devenir fou.
      Pour Trower, c'est vraiment sur le tard pour lui, c'est les 7 lunes en 2007.. c'est pas le plus rependu, pourtant quelle lacune d'être passé à côté de cet artiste brut.
      Jack bruce.. son organe est un instrument. Je viens de découvrir son triple album BBC .. en même temps que Jack White triple acoustique.. mais je me disperse.

      La bizète

      Supprimer
  4. Voilà qui me réjouit au plus haut point !
    Robin Trower.. comment dire... je suis fasciné par sa musique. Il a poussé l'art hendrixien au-delà. Il lui a injecté une puissance, une sensation de malaise, une mélancolie indescriptible, qui confine parfois au Doom Metal. James Dewar était le chanteur parfait pour cela. Les disques avec Jack Bruce sont également exceptionnels. Trower a eu un creux de la vague dans les années 80, comme tout le monde, mais il se régénère régulièrement. Il y a toujours de très bonnes choses sur ses derniers albums.
    West, Bruce And Laing aussi est formidable. Leur premier album, Why Dontcha, est une merveille. Et ce n'est pas que du gros Blues-Rock qui tâche. Bruce y a injecta les mélodies subtiles de ses albums solos. Le disque live est aussi exceptionnel, avec ses improvisations qui confinent au Jazz pur.
    Beck, Bogert Appice avait un fantastique potentiel. Le disque studio est une merveille de Funk. Le disque live a ses fulgurances, toutefois un peu gâchées par les soli individuels interminables et à mon sens, stériles.
    Free, je m'y suis mis sur le tard. Cette subtilité Blues ne me parlait pas quand je cherchais de la grosse décibel. C'est plus tard, en écoutant l'album Koss de Paul Kossoff que cette finesse m'a frappé. Bad Company pareil, c'est un alliage subtil.
    Hot Tuna, ça aussi c'est une grande découverte. Yellow Fever reste mon préféré, avec ses chorus qui brillent comme le filament de tungstène d'une ampoule. C'est lumineux, psychédélique, Blues, un alliage entre électricité débridée et douceur, celle de la voix de Kaukonen, du grand art.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci de ton passage et de ce comm' enflammé et hendrixien... :)
      j'ai bien entendu les West Bruce and Laing, quels albums... !!!
      je suis assez d'accord avec toi pour BBA, j'ai le live japan et le studio, l'album studio est un véritable bain d'électricité funky.
      (tiens en parlant d'électricité funky au passage, je me fais la carrière de Glenn Hughes - phénoménal!)
      Pour free et hot tuna, tu as bien résumé à la Kerouac... j'aime yellow fever mais je ne suis pas entré dans ce trio pas cet album alors, ce fut double dose... encore un live...
      à très bientôt.

      Supprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

« A EUX LA PAROLE » - ELOISE MINAZZO : « En Boucle ».

FELICIA ATKINSON.

REDECOUVERTES, REDECOUVRIR… (Syndrome de l'île déserte ?)