#pro-fessionnel-le …
#pro-fessionnel-le …
Le Robert :
« Relatif à la profession, au métier.
De profession (opposé à amateur).
Personne de métier (opposé à amateur). »
Dictionnaire de l’académie française :
« Relatif à une profession ou à son exercice.
Qui exerce par profession une activité donnée. »
l’internaute :
« Qui concerne une profession.
Qui pratique une activité rémunérée
Qui est compétent dans une activité.
Personne qui pratique une activité en tant que métier.
Personne compétente dans une activité. »
Pour voir plus clair, rien de tel que quelques définitions, de base…
Un mot qui revient souvent dans la bouche des musiciens, des amateurs de
musique, de tout ce qui touche à la musique… c’est « professionnel ».
En fait, ce mot que nous utilisons tous qu’il s’agisse des services d’un
plombier ou d’un bricoleur du dimanche, d’un chef cuisiner ou d’un mec
s’improvisant tel, d’un cantonnier ou du balayeur devant pas de porte, etc.
etc. est, comme certainement c’est le cas pour plein d’activités faisant
métier, diversement appréhendé dans le domaine de la musique.
(Je pourrais en parler aussi dans l’enseignement, dont celui de la musique,
mais je ne vais pas trop élargir le champ d’action et par là même éviter le
domaine de la politique avec des professionnels mais pas forcément du genre des
spécialistes - quoique – auxquels l’ensemble des définitions ci-dessus pourrait
se référer).
Bon, venons-en au fait de ce sujet et du
pourquoi un tel choix.
Je balance.
Retour d’un de mes amis quant à … notre habitude, plaisir à, usage de, nulle
honte car, implication par, choix de .. etc. l’usage de « machines »
de façon quasi systématique dans nos prestations musicales mais aussi dans
notre choix esthétique … relatif à un « musicien » de notre
connaissance nous hameçonnant de la sorte : « bah, jouer avec des
programmations, des machines, ça fait pas pro ».
Au-delà de cette appréciation révélatrice de l’obstruction d’esprit de la
personne – j’en profite pour exprimer que ce débat, je l’ai déjà eu de
nombreuses fois avec d’autres « musiciens » et qu’il n’est pas
nouveau et qu’avec l’IA, il n’a pas fini d’être – et sans aucune surprise
réelle quant à (la connaissant parfaitement ou du moins sur ce domaine de
l’intégrisme artistique) sa « réaction », c’est tout un faux débat ,
tel que certaines extrêmes politiques adorent en user qui se dessine là.
Dans cette expression il y a, et depuis des décennies que je fais métier de la
musique (avoisinant plus de la cinquantaine d’années, ce qui n’est en rien une
référence péremptoire) je l’ai souvent entendue comme tel, l’idée « de
faire » pro…
C’est une idée bien évidemment relative à l’amateurisme que d’essayer
d’approcher ou d’imiter « pour faire », le professionnalisme.
Un-e professionnel-le ne « fait pas » pro, il ou elle est pro,
point barre.
Et ses choix esthétiques, de mode de présentation, de détermination artistique,
de travail, de positionnement, de situation avec tant et tant de etc. n’entrent
pas dans la ligne de compte d’un jugement de professionnalisme ou pas.
Les professions de la musique incluent tant la chanteuse qui s’accompagne avec
une guitare et au pire une « tablette » avec des accompagnements afin
de gagner sa vie, que le DJ qui mixe sur la plage l’été durant, que le
violoniste tzigane qui arpente le métro parisien, que le saxophoniste de jazz
qui rejoint, pour justement vivre un peu mieux et s’offrir un petit plus, le DJ
pour être dans la mode actuelle que, que, que…
Toutes et toutes, arrivent avec, si ce n’est un projet, mais en tout cas un
« concept », incluant des choix qu’ils et elles ont fait en fonction
de leur spécialité, de leurs compétences et aussi de la réalité de
l’intermittence qui impose, parfois, des concessions afin simplement de vivre
autrement que – par prétention artistique – dans la précarité.
On laisser donc l’éternelle expression de « faire pro » à ceux qui ne
le sont, c’est certain, en aucun cas et qui ont une idée restrictive du métier
passant par leur filtre ténu d’amateurs non avertis mais désireux de jouer dans
une cour qu’ils imaginent « de grands » alors que la musique est
aussi – n’en déplaise aux passionnés auditeurs, aux organisateurs qui s’imaginent
que le seul plaisir est moteur et qu’à ce titre le musicien peut bien jouer…
pour rien – et peut être tout simplement … un métier.
Pour « faire pro », je veux bien essayer de réparer ma plomberie,
mais très vite ça va être l’inondation générale, bricoler les fils électriques
de mon compteur, mais l’assurance risque de ne pas couvrir l’incendie qui va en
découler, tenter une recette que je crois gastronomique mais la réussite tant
que le dressage seront très incertains … etc.
Quand j’entends, en 2025, alors que l’électronique (que j’utilise depuis
l’arrivée des premiers synthés dans le commerce pour l’usage professionnel,
comme outils) est courante dans la musique depuis globalement les seventies (au
hasard je pense au « Won’t Get Fooled Again » des Who, ou bien entendu
à « Dark Side of The Moon » ou encore « Sergent Pepper »
avec l’usage du studio comme musicien virtuel, sans parler de Pierre Henry…) et
qu’utiliser des « machines » pour jouer de la musique ne fait pas
pro, je reste encore sur le cul qu’un tel débat puisse là, maintenant, et même
que de telles affirmations puissent… encore être jetées avec certitude,
suffisance et surtout conviction.
---
Gamin, j’ai admiré tant et tant de pros pour justement les mettre en objectifs
dans le choix que j’ai fait de gagner ma vie avec la musique.
Aujourd’hui encore dans cette « catégorie », au-delà du simple mot
qui englobe, certains professionnels restent admirables et intouchables, des
modèles, des exemples de carrière, des rêves parfois.
Il n’empêche.
Une fois derrière mes claviers, que ce soit en groupe, que ce soit seul, que ce
soit en formule réduite avec un concept usant de machines, le professionnalisme
qui s’est construit années après années est juste cette certitude confortable
qui permet à la fois de satisfaire l’auditoire (et de se repositionner si
celui-ci semble ne pas être accroché) mais également de partager entre
musiciens ce plaisir.
Alors, ne nous méprenons pas, j’ai une profonde admiration pour les musiciens
dits amateurs, entendons par là que certains ont un niveau identique à certains
professionnels mais qu’ils ne gagnent pas leur vie avec la musique et que même
parfois, je préfère largement jouer avec eux qu’avec des pros blasés, mais
toujours pros.
Ou, pire, des pros tellement imbus de l’être… et purée, qu’ils sont nombreux…
La musique, comme toute catégorie en quelque domaine que cela soit, a besoin de
professionnels et d’amateurs et ce ne sont pas, comme cette stupide réflexion
en attesterait, des mondes qui s’opposent ou, au mieux, « s’envient ».
Ce sont juste des mondes qui s’additionnent et surtout se doivent de se
respecter.
Il faut juste savoir où se situer.
Je ne prétends ni être Herbie Hancock ou même le défunt Richard Davies – mais
en tant que prof et aussi musicien je gagne et ai gagné ma vie en jouant de la
musique, de façon professionnelle et pas avec l’idée de faire professionnel,
juste de l’être. J’ai d’ailleurs, toute ma vie, enseigné aux élèves tant à
devenir des amateurs particulièrement avertis que de futurs professionnels inattaquables
par leur bagage formatif.
Mais avec cette conscience je joue avec de nombreux musicien-nes
amateur-trices, ce sans critère de jugement entre professionnalisme et
amateurisme (ce dernier mot étant volontairement ici péjoratif).
J’ai fait le choix, très jeune, de vivre de la musique, cela m’a rendu
professionnel, pas eux, ce qui n'ôte absolument pas leurs qualités et niveaux
respectifs. Et sur certains projets ils sont d’ailleurs d’une rare implication
mettant au service de la musique de formidables compétences et leur attribuant
un temps que les professionnels compensent souvent par justement, leur
professionnalisme.
Le débat entre amateur-trices éclairés-es et professionnel n’a donc pas lieu
d’être dans la mesure où d’une part comme de l’autre un recul valable et un
respect mutuel restent la base relationnelle.
La musique n’appartient pas qu’aux professionnels et comme, là encore toute
« activité », elle se doit de profiter à toutes et tous…
Il en va de même pour le jardinage, le sport à quelque niveau que cela soit, la
mécanique, le bricolage, la cuisine, etc… toutes les activités sans
restriction.
L’amateur en cuisine que je suis admire le pro, s’en inspire, essaie, tente
mais reste à sa place.
Le ou la pro, c’est elle ou lui et il n’est pas même question de faire comme
pour être comme, juste et simplement de faire avec et surtout avec mes
capacités…
C’est quoi un-e pro en musique ?
Les domaines d’activités sont tellement divers que, comme en bricolage entre le
carreleur, l’électricien, le plombier, le paysagiste ou encore même le
pisciniste avec tant et tant de spécialités (je ne parle pas de la médecine
alors là… et d’ailleurs dans ce domaine vaut mieux éviter de « faire pro »
y’a tout de même des vies en jeu) c’est difficile à non cibler, mais à
répertorier.
Des arrangeurs de pacotille, j’en ai rencontré un max, s’essayant à mettre en
écrit sans savoir réellement écrire la musique, des sections instrumentales…
Bon, cela suppose un minima de « connaissances » et là difficile de
« faire pro », ça s’entend tout de suite, même si en musique, instrument
ou autre, on a un véritable domaine de spécialisation.
Chef d’orchestre…
Il ne suffit pas de battre la mesure (chose devenu rare dans l’enseignement
d’aujourd’hui alors que ce cadrage corporel était vital) pour savoir diriger un
orchestre…
Instrumentiste… là ça se complique.
Par frime médiatique et afin d’être plus populaires de nombreux musiciens ont
affirmé haut et fort ne pas connaitre le « solfège ». De McCartney à
Gilmour, de Hendrix à Bird et de tant d’autres à tant d’autres. Ce ne sera pas
pour cela que leur professionnalisme qui comme c’est le cas, de nous tous,
s’est fait au fil du temps juste par cette conscience l’être peut être mis en
cause.
Le musicien de studio se doit de connaitre à la fois la lecture et son
instrument avec des modes de jeu très divers – tout le monde n’est pas musicien
de studio dans le monde de la musique…
Mais c’est sûr que pour entrer comme percussionniste dans l’orchestre
symphonique de n’importe quelle ville y’a plus qu’un minima à avoir…
professionnellement parlant.
On pourra ensuite décliner les spécialités diverses et suivantes, au
hasard :
DJ (un vrai métier – il ne suffit pas de passer Claude François au mariage d’un
pote pour être un DJ… mais ce n’est pas pour autant qu’en prétextant mixer on
doit présenter un foutoir qui empêche l’auditoire de s’éclater, juste pour le
fun de « mixer »),
Ingénieur du son, placer trois micros avec une notice ne remplacera
jamais l’oreille et la personnalité sonore que l’on donne au-delà de la
simple reprise de son, au produit que l’on doit mettre en valeur. Calculer en
Hz, certes, mais écouter, c’est bien aussi…
Côté esthétique, être un musicien de jazz ne suppose pas savoir juste
improviser sur des gammes et connaitre les 50 standards communs du real book …
idem pour un musicien de hard-métal, cet univers implique tant une culture
musicale qu’instrumentale en savoir-faire mais aussi en techniques hyper
variées et développées que le professionnalisme sera immédiatement perceptible.
Avoir le look, le matos et la belle guitare, c’est cool, gueuler dans un micro
aussi, mais derrière ça ? ...
Et c’est valable dans tous les domaines.
La France est un petit pays, culturellement, artistiquement et musicalement.
Reconnu dans le monde entier pour sa culture, la place professionnelle de la
musique existe effectivement réellement comme partout ailleurs mais le musicien
a des difficultés à vivre de son projet personnel artistique. S’il aime la
musique et l’a choisie comme métier il devra d’abord en vivre.
Certains choisiront d’enseigner et de transmettre leur métier et leur expertise
(ce fut mon cas).
D’autre auront leur projet mais pour vivre feront toute sorte de musique(s)
mettant justement leur expérience, leur savoir-faire, leur expertise à tous les
profits possibles et aussi pour simplement « vivre de la musique ».
Que la formule pour ce faire soit minimale ou plus ample, les étiqueter par et
pour leur choix budgétaire et même impliquant une donnée esthétique par cette
idée que ce qu’ils présentent ne « fait pas pro » est une aberration
gigantesque.
Il n’y a guère qu’une personne ne connaissant absolument pas la réalité du terrain
artistique et culturel en France qui puisse se permettre de telles remarques
dénuées de sens et que j’étiquette sous le couvert de l’intégrisme culturel
socio-cul.
« Pro », « être pro » ou « faire pro », telle est
la question.
Elle se pose également entre amateur et amateurisme – et j’adore faire de la
musique avec des amateurs et même chez les « pros », je ne supporte
pas l’amateurisme…
Jouer la musique et aussi sur les mots, pour y voir plus clair face au
crétinisme ambiant qui prend le pas en affirmations péremptoires sur la
« réalité » des choses et le contexte si difficile des métiers de la
musique aujourd’hui.
Allez, on passe…
Une chose est certaine, un pro reste un pro et progressera pour le devenir
encore d’avantage, c’est d’ailleurs pour cela qu’il l’est car il a conscience
de tout le chemin qui lui reste à faire et se fixe pragmatiquement des
objectifs personnels pour ce faire, un con reste un con et sa marge de
progression par contre est équivalente.
Là au moins on est d’accord.
C’était le coup de gueule de la semaine.
Il en faut un de temps à autre.
Génial cet article.
RépondreSupprimerEn médecine, j'ai rencontré aussi ce fantasme du professionnel reconnu.
Avec les niveaux à franchir, comme dans un jeu de plateau sue l'ordinateur, étudiant tout juste bon à pousser un charriot et ranger des résultats, l'Interne déjà sujet de savoir et de pénitences, le médecin référent où maître de stage qui essaye de surnager, le Médecin chef qui peut parler à l'administration, l'expert qui se cantonne à une seule tâche, le patron qui régente son royaume avec plus ou moins de partialité et d'empathie.
Oui on apprend le métier sur le tas, gonflés de connaissances sélectives mais pas toujours utiles, le moule nous forge professionnel avant de comprendre que l'apprentissage dure tout le temps de la carrière. Et peu importe que la tête soit bien faite, raisonnée, réfléchie où auto critique comme il se doit ; du moment qu'on est reconnu pro, on est "Le Docteur".
Et il y en a qui ne se privent pas de le dire, faisant tout pour que ceux en dessous d'eux n'aient aucune facilité, voire ne puissent pas être ou devenir des rivaux.
Dans les dédicaces de ma thèse, j'avais dit "cette thèse n'est pas dédiée à tous ceux qui ont oublié qu'ils furent de simples étudiants en médecine" ... qui déclencha beaucoup de commentaires.
Et au club des cons, prétentieux, fous et incompétents ... on a aussi des vedettes.
parfaite confirmation de mon ressenti qui n'est pas d'hier...
Supprimerl'ego et le souci de reconnaissance de soi est la plaie professionnelle.
en artistique que ce soit exécutant ou créatif (j'y reviens ci dessous pour dev'), le mal réel dont on souffre est cet éternelle plaie que nombre ont sous couvert de "manque de reconnaissance".
à ce titre j'adore par exemple la chanson d'Aznavour "je m'voyais déjà", un fantastique résumé d'épinglage de ces personnes qui sont très nombreuses et s'assoient souvent sur leurs études, diplômes, postes obenus souvent par médiocratie... et qui par ce fait gonflent leurs égos respectifs avec certes des compétences mais aussi une dualité entre celles ci et ce qu'on aurait estimé plus qu'en capacité d'avoir avec elles qu'on croit être une porte d'entrée pour...
il n'en est rien... si l'on est pas capable de se créer l'expérience pour être dans la réalité professionnelle et qu'on s'asseoit sur des "connaissances " accumulées sans prendre en compte ce qui peut s'y additionner pour en garder ou n'en avoir usage, on ne peut se prétendre réellement professionel-le.
l'artistique semble un domaine flou où l'idée de talent se pense apte à par la seule aptitude vérifiée un accès de haut de podium. c'est un jeu de dupes et le premier dupe est celui qui s'estime être, par ce, justement, talent ou aptitude.
le milieu de l'art est truffé de tartuffes...
les milieu de l'art est blindé d'egos surdimensionés ...
Et pour en finir dans le métier comme dans le monde des musiciens amateurs, sans distinction aucune puisque pour moi c'est abordé avec le même respect et la même notion de valeur, ce que je ne supporte pas ou plus c'est l'amateurisme et l'idée "d'être comme", de "faire comme"...
d'excellents amateurs se suffisent à eux mêmes avec leurs doutes et leur souci effectif de progression et s'en réfèrent souvent à des pros pour ce faire
de mauvais pros agissent avec amateurismes dans des situations où leur ego masque leur incompétence et leur manque d'autonomie - ils sont les pires.
et de mauvais amteurs tentent de faire pro, ne sachant absolument pas ce que ce terme induit d'expérience et de réalité de terrain alors que leurs voisins d'instruments, amateurs eux-mêmes sont aptes à gérer, comme des pros, les situations les plus incongrues que la vie artistique nous met dans les roues.
merci d'argumenter ce débat...
j'en aurais d'autres, j'avais commencé avec le solfège, je vais piocher au hasard, donner simplement mon opinion sur mon ressenti et surtout ne jamais estimer que la raison est de mon côté, c'est juste ma vision, à l'heure actuelle, des choses et la vie m'a parfois fait non retourner la veste, mais en tout cas, voir les choses avec une différence notable - mais pour ça, il m'a fallu, prendre conscience et écouter... autrui...
Un chouette papier qui ouvre des débats. Surtout en lisant le commentaire de Sorgual. Je cherche mes mots pour expliquer mon interrogation. Cette notion de « professionnalisme » est moins facile à mesurer dans le monde des arts. Création et « savoir-faire » ne sont pas des notions étanches mais je suis incapable de mesurer leurs poids respectifs. Tous les autres exemples sont plus simples : Electricien, médecin au-delà de ce qui a été acquis avec l’apprentissage chaque individu apporte sa personnalité dans l’ensemble, mais de « création » ? L’art, est ce le seul domaine où la création peut combler le manque de savoir-faire ? Un professionnalisme sommaire ? L’exemple récemment lu est la chorégraphie de Vaslav Nijinski pour le ballet du « sacre du printemps », l’histoire nous dit qu’il ne savait pas lire ni comprendre la musique et pourtant il a chorégraphié. L’histoire parle davantage du scandale et il nous reste peu de témoignage sur son travail, il nous reste la musique. La question est : dans quelle catégorie placer Nijinski quand il se lance dans la chorégraphie ?
RépondreSupprimerje vais tenter de te répondre.
Supprimerl'exmple de Nijinski est une bonne entrée.
Nijinski n'a jamais prétendu être musicien et à ce titre l a chorégrphié une musique
le monde de la danse et celui de la musique sont totalement différents et s'additionnent, se croisent mais leurs codes d'entrées sont parfois incroyablement divers et surprenants de part comme d'autre.
je te dis cela car j'ai été formateur musique pour des danseurs-ses.
par exemple ils ne comptent pas comme nous en mesures mais en temps et mouvements là où, par exemple tu vas cadrer à 4 temps eux en mettront cinq car cela correspond non à la pulse mais au mouvement.
Nijinski a codé par des dessins m'a ton dit, ses chorégraphies et justement c'était un professionnel qui par là a comblé un manque de notation par un savoir faire qu'il aurait non inventé mais plus ou moins installé alors que jusqu'alors c'était un peu anarchique...
le langage codé chorégraphique est un domaine très particulier...
j'ai une amie qui est prof de culture chorégraphique et aller à ses cours c'est découvrir des portes d'entrées que toi, musicien tu ignores complètement et même qui te rende complètement fou tellement ton mental formaté à la musique sur ses codes et critères en prend un coup.
pourtant ça s'additionne et fonctionne et la connaissance des uns rapport aux autres ne peut changer l'un ou l'autre mais les faire mieux travailler ensemble.
je ne pense pas qu'en art il y ait de professionalisme sommaire, il y a juste une façon personnelle et authentique de faire, basée sur des savoirs ou des intuitions que le deviennent et qui vont avec le temps l'expérience, etc, devenir métier.
philipp glass quand il a recomposé la heroes symphony d'après la période berlinoise de bowie eno disait qu'il n'y avait que ds musiciens "amateurs", autrement dit (de son aveu) aptes à user surtout inventer d'autres codes que ceux que le musicien dit savant avait dans son escarcelle éducative, qui aient pu créer une telle oeuvre.
boulez se prétendait et c'est certes éminement vrai l'un des professionnels de la musique tant en direction d'orchestre qu'en création le sur-dessus du panier et si tu lis ses avis sur la musique il est non seulement obtus, sélectif et intégriste... il estime qu'aller chercher des oeuvrs du passé qui auraient dû rester dans un placard (pour les baroqueux par exemple en rendant ce terme péjoratif) est une perte de temps et qu'on aurait mieux fait soit de les y laisser soit de les brûler... et pour lui, Satie n'est pas un compositeur mais un petit amateur qui s'est amusé avec la musique comme un gosse tape sur un piano...
sa fenêtre entre professionnels et amateurs dans le domaine de la création est très réduite si ce n'est minimale. c'est aussi des sommités comme lui qui ont installé cette rupture et ce sentiment d'inaccessibilité qui a renforcé encore et d'avantega ce besion de reconnaissance passant par l'ego souvent surdimensionné.
en création le savoir faire est utile, parfois, je pense... ou pas... car il peut brider l'innovation si les usages brident (cf la réflexion de Glass).
Il est intéressant par exemple de voir la génèse du langage dodécaphonique qui deviendra sériel car il lui faut en place de l'anarchie un cadre qu'impose le "savoir", chez Schoenberg (et par Robert Craft, le chef qui en ami l'a aidé par le savoir à formaliser ses idées)...
Tout cela est effectivement complexe, mais la création est tout de même, au delà de l'instinctif progressivement avec des chemins de traverse ou des autoroutes, et devient pour sa formalisation en tout cas, au delà de l'idée, une réalisation professionnelle, pourquoi ? parce que le créateur à partir du moment où son oeuvre se doit de passer publique, le devient... de fait... pour simplement... en vivre.
Par association d’idée, un pas de côté suite à notre échange, l’émotion sincère de Bernard Lavilliers lorsque sa musique a fait l’objet d’enregistrement de certaines de ses chansons avec un orchestre classique de 50 musiciens, son émotion est de voir sur partition sa musique lui qui dit ne pas savoir lire la musique. Un pont entre création et professionnalisme. J’imagine, je décide d’imaginer que les musiciens partageaient cette émotion.
RépondreSupprimerEncore une fois, à chacun son "métier" et dans la musique il y en beaucoup de ces métiers...
Supprimerla lire n'est pas uniquement le sceau du professionnalisme - c'est une des composantes que certains ont développé.
perso, je connais un gars, amateur, qui est un excellent lecteur... mais il serait un professionnel lamentable - cette capacité éducative à lire parfaitement et apprise dès l'enfance au conservatoire ou en école de musique ne fait pas tout et être professionnel n'est pas que le passage par le filtre de ces savoirs faire.
Ils peuvent et parfois doivent en faire partie, selon le choix qu'on aura fait dans ce métier...
Mais qui est capable d'écrire des textes de la valeur de ceux de Lavilliers... ???
Ce domaine demande un tel professionnalisme de même que, du coup savoir les mettre en mélodies, accords, styles musicaux, trouver le bon dosage, la bonne présentation pour les exprimer...
Prends "Betty"... écoute la version originale et le placement du jeu de guitare, le choix des accords l'expression vocale, la prise de son, l'atmosphère générale qui prend aux tripes, le sujet exprimé dont la musique est indissociable, la mélodie qui met parfaitement le texte en valeur, etc, etc... oui création, mais avec quelle incroyable notion de professionalisme...