DU BLUES, DU BLUES, DU BLUES !…

DU BLUES, DU BLUES, DU BLUES !


1/ THE ALLMAN BROTHERS BAND : « Live at Fillmore East » - UMG 1971.

Je ferme les yeux.
Je vois cette immense scène.
Je suis entouré par la foule.
Face à moi, une énergie dévastatrice.
Des doublons, deux guitaristes qui lâchent à profusion leurs gimmicks, pentatoniques en tous sens, saturation obligatoire, mise en place et organisation des rôles de chacun absolument impeccable … deux batteurs enfonçant le clou tels des charpentiers imperturbables, d’un geste précis, d’une parfaite cohésion et complicité.
Il faut bien un harmoniciste - il est là, organique.
La basse se fraye lignes, chemins et routes au milieu de ces doublons et l’orgue crache tout son venin blues, funky et churchy.

Cet album est légendaire.
On s’accorde à lui octroyer ce statut et quelque part il signe les bases d’une fondation qui s’affirmera et s’affichera « southern rock », ce mélange de blues profond, de country et de whisky-bourbon.
Ces gars ont la foi, ils ne plaisantent pas avec leur musique et ils vont hypnotiser une foule bab en un concert mémorable.
Une jam à ciel ouvert.
Y avoir été ce soir-là c’est comme avoir assisté à un moment décisif de l’histoire du rock.
Pas plus mais surtout pas moins.
Alors, ce témoignage dès qu’il entre en platine est tout simplement incroyable de vérité pure et dure.
Plongeons ensemble dans ce moment unique et rappelons-nous … car Gregg n’est plus désormais.

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2/ JOHN MAYER : « When The Light Is - Live in Los Angeles » - Columbia 2008.

Pour celles et ceux qui veulent vivre une bonne grosse claque live, en poussant le volume de la Hifi et en se laissant enthousiasmer par un déluge de lave en fusion, c’est un album fait pour vous.
John Mayer, honte à moi, ça ne fait pas très longtemps que je m’y suis intéressé.
Il a fallu en fait que je me retrouve à jouer ses titres, que j’y fasse ronfler mon orgue, pour que je désire vraiment me pencher sur sa question.
Mais comme il n’est jamais trop tard et que le blues-rock m’a rattrapé sans que je n’y crie vraiment gare voilà qui est fait.
C’est un peu comme avec Bonamassa, une fois que tu as mis les deux pieds dans ce bouillonnement de saturations, d’énergie brutale, de feeling gros comme ça, d’hyper don de soi, de sa vie, de son âme et de tout son être, une boulimie s’empare de toi et tu te surprends à écouter album sur album, encore et encore plus grand, plus fort, plus dense.

Je cherchais une autre version que celle avec Scofield, décidément inimitable de « I don’t need no Doctor » et voilà que je tombe sur celle qui se glisse ici, vers la fin de ce concert exceptionnel, bourré d’émotions blues.
Une basse et une batterie qui collent à la peau comme une sueur intense, des cuivres qui fixent l’intensité comme le font les projecteurs surchauffés et bien sûr le leader, guitare « en avant toute » et voix immensément rock-rauque par-dessus tout.
Forcément de là, ce n’est même pas l’envie mais l’obligation de prendre le concert de son début qui s’impose alors à moi.
Deux Cd qui passent à la vitesse d’un éclair, comme une étoile filante laissant derrière elle sa trajectoire lumineuse.
De gros blues qui tuent en rocks acharnés qui vont vous accrocher vers l’infini de ces solos de guitare hurlantes, ce live dès qu’il entre dans votre vie, vous savez qu’il ne risque pas de la quitter de sitôt.

___

JOE BONAMASSA : « Different shades of Blues (overdrive) » | J1R Adventures 2024.

Quand il empoigne sa guitare, Joe creuse instantanément le sillon profond du blues.
Un blues rock pesant, lourd, plein d’émotions guitaristiques qu’il retient pour les relâcher dans l’espace, va et vient permanent d’un jeu qui transpire l’énergie abrupte et brutale de part et d’autre du spectre sonique.

Joe a des tonnes d’albums, de collaborations, d’enregistrements live.
Joe possède des tonnes de guitares, d’amplis, de pédales d’effets.
Et Joe en fait des tonnes avec une virtuosité dans le style incomparable ou presque, disons qui le met sur le haut du podium des grands ayant dédié leur vies de musiciens à ce monde d’excellence et d’engagement de vie.

Qu’il fasse dans l’intimisme, le gigantisme (avec orchestre symphonique), le combo, le rythm’n’blues tendancieux funk, qu’il pousse vers le hard, qu’il affleure le métal, qu’il fasse sautiller lourdement le boogie ou le doowop ou même le pur rock’n’roll, Joe Bonamassa est une montagne incontournable et indissociable de la guitare.
Il est presque la bénédiction qu’attendaient les inconditionnels de guitares saturées à l’ancienne, de plans ultimes de pentas sur manches usés aux mêmes endroits de gammes de mi, d’accords #9 et de tant d’autres giclées de wahwah et boosts divers et variés.
Ils avaient usé leurs Jimi (Hendrix ou Page), Eric (Clapton ou Burdon), John (Mayall, Mayer ou Winter), Robin, Rory, Stevie et tous leurs amis.
Ils faisaient tourner en boucle leurs vieux disques vinyles attendant un nouveau « messie » du blues et le voilà qui est arrivé, de petites portes en petites scènes, de clubs en pub, il est sorti de l’ombre et est devenu LA star de ce blues rock qui nous fait vibrer tant et tant.

N'importe quel album de Bonamassa est un bonheur suprême qu’on écoute à fond la caisse, en en redemandant encore et encore.
Leur production sonore met tout le monde à terre.
Les prises de son guitare y sont hallucinantes comme si on se trouvait la tête dans l’ampli.
Les musicos qui l’accompagnent sont le must, des batteurs qui enfoncent le pieu en place du clou, des bassistes généreux comme Mère Thérèsa, des organistes qui ont le parkinson trémolo instantané, des pianistes qui vont au fin fond de leurs touches …
Ici y’a des cuivres et forcément ça change un peu.
Et il chante plus que bien le bougre.

Cet album, comme nombre d’autres bénéficie d’absolument toutes ces qualités et chez Joe je ne sais entendre que des qualités.
Ce type est un insatiable bosseur de blues.
Il est sur la route à longueur d’année, comme s’il était l’un des derniers messagers du genre, chargé de la mission qu’il s’est fixé : de donner, de prêcher, d’offrir cette musique sur la planète.
Il fait un album, il part, il est sur la route, il enregistre live ou studio, il reste plusieurs jours dans un club, une salle il propulse un live de chaque soirée.
Boulimique.

Cet album est l’un de ses multiples en studio, mais qu’on soit live ou en studio Joe a devant lui la foule qui le booste, l’acclame – imaginaire ou réelle.
La prod et l’ingé son font le reste et nous, on se lève pour applaudir.
Essentiel ?
Oui son blues l’est qu’il soit de compos ou de reprises d’ailleurs.

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Allez, montez le son et bonne semaine !





 

Commentaires

  1. Pas eu le temps d'encore tout écouter. B
    ien sûr le Allman Live reste une tête de gondole. Je me souviens que tu en avais déjà parlé chez Jimmy à l'occasion d'un grand jeu où tu avais critiqué les ficelles du TenYears After que j'avais proposé.
    Je découvre avec plaisir le John Mayer que je ne connaissais pas et l'adopte.
    Bonamassa, j'ai plus de difficulté avec lui, donc je réécoute, je ne sais pourquoi il manque à mes oreilles de"chaleur", "de surprise", trop huilé ?

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    Réponses
    1. re,
      ten years after, maintenant je l'aborde avec plus de compréhension, en remettant les choses dans leur contexte...
      Allman Broth c'est une redécouverte récente du fait que je jour l'orgue dans un groupe de pur blues rock et que bien sûr il m'a fallu remettre mes oreilles à cet horaire.
      Mayer là aussi reset pour moi et mêmes raisons.
      Quant à Bonamassa, c'est le blues rock d'aujourd'hui, avec les moyens d'aujourd'hui et les tech d'enregistrement actuelles, donc oui, forcément, rien à voir avec le bon gros son analo des années 70 blues boom, mais quel artiste !...
      thx

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