# SOLFEGE (1) … (!).

# SOLFEGE  (1) … (!).

Je pique une idée…
Celle du bouquin « #beat » de Manu Katché, que je recommande fortement d’ailleurs et qui se lit en 2/2, comme une mesure rapide.
Un hashtag c’est-à-dire dièse (#) et un mot, comme sur les réseaux sociaux…
Et ce qui me vient à l’idée sur ce mot.
Ces # parcourront désormais le blog, de façon aléatoire et anarchique, comme les playlist, au gré du moment.

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# et je commence par le mot solfège, c’est immédiatement ce qu’il me vient à la vue de ce symbole musical qui permet de monter une note d’un demi ton, le bémol quant à lui, permettant de la baisser d’un demi ton et le bécarre d’annuler l’un ou l’autre.
Une règle élémentaire permettant des altérations accidentelles dans une tonalité établie et, avec ces artifices, on fera alors des mouvements chromatiques (par demi-tons, de là le dodécaphonisme resté incompris à ce jour), on pourra moduler (changer de gamme donc d’univers musical), on pourra aussi faire des appogiatures, des mordants, bref tout effet permettant de mettre en valeur une note principale.

Un beau symbole pour démarrer et parler de la bête noire des musiciens en herbe (et pas que…), ce truc intitulé : SOLFEGE !

Le sujet est vaste. Il méritera, afin d’éviter la surcharge, plusieurs chapitres.
Allez, on va s’y atteler, de l’intérieur.

Le mot solfège a été inscrit en lettre capitales grasses dans les neurones des musiciens qu’ils soient apprenants ou exécutants, amateurs ou professionnels … comme étant une incontournable bête noire, comme étant une « matière » obligatoire rébarbative et parfois même, selon les cas (et les personnes), abjecte.
Pour tenter de le pluraliser, de le rendre moins austère, d’effacer son image négative il été remplacé, à la l'entrée des années 80, en démagogie pédagogique, forcément de gauche pré-ministérielle, par des intellos de comptoir bureaucrates sous un somptueux sigle-terme : F.M – entendez là, Formation Musicale.
L’idée généraliste du terme n’était peut-être pas si mauvaise que cela (comme toute idée émanant de la gauche énarque), mais comme toujours c’est ce qui en a été fait qui laisse rêveur (…comme toute idée émanant de la gauche énarque… ne me voyez pas de « droite » pour autant, cela ne veut d’ailleurs plus rien dire aujourd’hui).

Un # hashtag lui sera consacrée à cette F.M – on ne mélange pas torchons et serviettes, comme disait mon adorable grand mère.

Nous voici en 2025.
25 années d’une ère se voulant nouvelle sont passées et que vous soyez en réunion de profs dans un établissement d’enseignement artistique, que vous discutiez avec les élèves, les parents, ou encore que vous soyez entre musiciens de tous bords, le mot « solfège » s’échappe des bouches de façon systématique.
Celui de « formation musicale » semble n’être qu’une appellation administrative et si certains professeurs ravalent « solfège » en l’ayant prononcé « par erreur », comme une bévue, comme un « gros mot » susceptible de regards choqués, de soupirs de table attestant de l’ir-récupérabilité de ce vieux ringard passéiste, fort est de constater que ce terme pourtant se voulant plus global n’a nullement pu prendre la place de celui, séculaire, de solfège.
Et ça n’est pas prêt de changer – on appelle les choses par leurs noms et pas par des subterfuges, même si ceux-ci émanent, je le réitère, d’une volonté plus globale, au demeurant louable.

Le solfège, à savoir l’ensemble des connaissances tant théoriques, que d’usages afin de lire, jouer, pratiquer, interpréter, entendre, comprendre et tant d’autres faits qui peuvent se résumer en un lexique de langage est et reste absolument essentiel pour « parler » la musique.
La formation musicale a bien tenté de l’inclure dans une globalité se voulant d’un ensemble supérieur – rien n’y a fait.
Il reste maître mot et c’est tant mieux.

Alors on va m’argumenter que certains rockers, musiciens traditionnels et autres artistes instinctifs, marchant « à l’oreille », bref, arrivant à être de géniaux musiciens, sont bien, eux, capables de s’en passer…
Conneries que tout cela.
Ils ont… leur propre solfège.
Celui-ci n’est pas tel qu’on a voulu le stigmatiser, il revêt nombre d’apparences, le problème c’est qu’on en a auréolé que certaines.
Que cela s’appelle nom d’accord, de notes car même instinctivement quand on met le doigt sur une position d’instrument elle porte un nom et tout un chacun le nomme.
Que cela s’appelle rythme mais également nuance et même si c’est exprimé dans le langage le plus fondamental et non savant … ces codes de jeu et de compréhension collective (ou individuels) sont, qu’on le veuille ou non : solfège.

Alors qu’est-ce qui a fait que ce truc indispensable que chacun s’approprie à sa sauce tout en le rejetant (pour certains) a si mauvaise presse ?...

Peut-être faudra-t-il chercher là dans un lointain passé puis dans une éducation musicale qui l’a mis au-devant de la musique elle-même, comme un essentiel à connaitre avant de toucher le moindre instrument, brisant alors les rêves du plaisir du son immédiat, de la musique d’emblée et lui imposant un accès long et fastidieux, devant passer obligatoirement par une maitrise du « savant » avant celle du plaisir.
Ce n’est pas la faute du solfège en lui-même, le pauvre.
Il a été exploité et détourné de sa fonction essentielle et nécessaire par une évolution conceptuelle se voulant pédagogique visant à placer l’accès à la musique à une forme d’élite intellectuelle, à une forme d’état supérieur, à une forme complexe d’accès à l’art par l’acquis de prime abord du langage dans sa complexité avant  … chose incroyable … de savoir parler (… le parler).

La musique fut une science.
Puis un art.
La science d’assembler les sons, choses totalement impalpable et abstraite pour en faire beauté artistique.
Il fallut coder et théoriser cette science et c’est le degré artistique et créatif de l’humain, me semble-t-il, qui l’a fait évoluer, comme toute science, n’étant acquise, évolue au fil des découvertes mais aussi de l’évolution tant sociale que collective de l’homme.

Grace au solfège, ces sons organisés dans l’espace-temps (qui est l’unité de valeur de la musique) ont pu d’abord de façon très succincte (l’écrit grégorien) puis de plus en plus sophistiquée au fil des besoins, des créativités et même des lutheries prendre place sur un échiquier écrit.
Cet écrit universellement commun (parlons occidental – même si toutes les cultures ont leurs modes de transmission musicaux – et leur(s) solfège(s)…) permet de reproduire le plus fidèlement possible, tant en hauteurs de sons qu’en placement rythmique, nuances, vitesse et intentions ce qu’un(e) compositeur(trice) a imaginé.
Tu parles si ce mode de transcription est important !

De là, ce langage, vecteur commun entre le créateur, l’inventeur (donc le compositeur), l’organisateur (donc l’arrangeur, l’orchestrateur) et l’exécutant va permettre le (seul) lien véritable, concret, unique et référent afin que d’un côté comme de l’autre les choses soient claires.
Autrement dit, si le compositeur est solfégiquement sommaire ou peu précis, il ne faudra pas s’étonner que son interprète puisse n’en faire qu’à sa tête et s’éloigne, car n’ayant qu’un minima d’indications tangibles, de la volonté du créateur.
Autrement dit, mieux on maitrise son solfège, en tant que créateur, mais du coup, en tant qu’exécutant, meilleur sera le rendu rapport à la pensée initiale.

Le solfège est certainement le premier enregistreur-lecteur de l’histoire.
Et comme toute technologie il n’a eu de cesse d’évoluer.



Sur ces éminentes considérations, bon dimanche.

Et la suite prochainement. 

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