AUTOUR DE THE LIGHTHOUSE BAND… Chapitre 1.

 AUTOUR DE THE LIGHTHOUSE BAND… Chapitre 1.

C’était l’occasion…
Partir en curieux découvrir les albums solo et participations diverses de Michelle Willis (Chanteuse/Claviériste), Becca Stevens (Chanteuse/Guitariste) et Michael League (Multi-instrumentiste).

Muni de mon guide du routard web, je suis donc parti, sac sur le dos afin de le remplir de toutes trouvailles, découvertes, surprises.
Le trajet a été sinueux et continue encore de l’être – il faudra certainement plus d’un opus afin de cheminer parmi ces sentiers parfois très mal cartographiés, indiqués sommairement, à peine évoqués, d’autres fois parfaitement clairs et immédiats.
J’ai voyagé ainsi dans le folk, le trad-world, le jazz, la fusion, le groove, le funk, le r’n’b, le rock et même le néo-classique.
A chaque étape, je n’ai nullement été déçu, je n’ai été capable de zapper et je me suis arrêté, parfois longuement afin de réécouter, bien fixer en mémoire tant les noms que les autres noms (ceux des participants, jamais anecdotiques), tant les sons, les arrangements, les compositions et les voix.
Le jeu musical aussi, tellement identitaire et personnel de chacune et chacun.
Un voyage qui sera fait en plusieurs chapitres donc… car à chaque halte, à chaque station, à chaque pause ce même avant de repartir ce que j’ai écouté m’a captivé et empli de plaisir.

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« Just on Voice » - Michelle Willis / 2022 – GroundUp Music LCC.

Je commence par celle qui à l’écoute du Live de David Crosby m’a directement et immédiatement marqué tant par sa voix que par son subtil jeu féminin de claviers : Michelle Willis.

Son tout nouvel album (Avril 2022) s’ouvre justement sur ces deux axes principaux : la voix en mode choral et un merveilleux Fender Rhodes, de ce son je reste physiquement un inconditionnel.
« 10th » tient de belles promesses.
« Liberty » change immédiatement de registre. Un groove en mode funky s’échappe.
Basse et batterie sont collées ensemble, le Fender sautille allègrement et quelques broutilles d’orgue nappent le tout. Les chœurs sont indiscutablement de mise et le titre en multiples pièces d’assemblage incite sans hésiter à avancer, ou à être remis… (je l’ai d’ailleurs directement collé dans une playlist).
« Just on Voice » uni d’entrée avec la basse sur une boite dénudée à l’extrême, avec son orgue et ses incartades de Fender va chercher son chemin vers les inflexions tant instrumentales que vocales du patrimoine gospel. Le pont s’éveille en « tamborine » pour laisser là encore le groupe vocal sur tapis d’orgue prendre l’espace. Captivant…
« Green Grey » - l’envie instantanée d’y aller… c’est bon.
Les claviers sont et font… tout ce que j’aime - et ce beat ! ...
« Trigger » (feat Taylor Ashton) – voix peu harmonisées, atmosphère crépusculaire, lent, profond, half time puissant.
« Janet » va précéder « How Come » où l’invité est Mr Michael McDonald, voix soul blanche par excellence. Oui cet album est empreint d’une forte influence soul et la présence de cet invité qui a prêté sa voix en lead comme en choriste n’est en rien un simple coup de fun.
« Janet » figure également sur le live avec David Crosby.
M.McDonald n’est et n’a jamais été anecdotique.
Final shuffle en grand renfort de chœurs là encore, à l’appui… C’est sa came et il le fait savoir.
« Think Well » agit comme une escapade magique. Le son du Rhodes se noie en reverbs et delays proche de l’ambient et la voix se vocalise angélique en suivant les méandres de modulations aidées par quelques accords diminués de circonstance.
« ‘Till the Weight Lifts » feat Grégoire Maret (harmoniciste). Piano et chant, fusionnels pour amener cette illumination infiniment courte de l’harmonica. Un instant rare.
« On & On » - Un background très « écrit » soutien ce chant éthéré, expressif où cette fois, effectivement l’image de Joni Mitchell semble apparaitre, au loin, comme un repère d’ancrage, comme un lien, ce jusqu’à l’écriture de l’ensemble des voix.
« Black Night » feat Becca Stevens conclut l’album.
Les guitares de Becca en open tuning, sa voix qui est l’idéal complément, les ambiances dégagées par ces deux évidentes frangines de musique qui surfent sur ces harmonies limpides, engagent cette mélodie irréelle pour disparaitre dans une nappe d’orgue, quelques crissements de cordes, un dernier élan fédérateur et un drumming qui semble vouloir enfin sortir de la retenue…
On reste là, en suspension sur ces cymbales emmaillochées.

Un album de notre temps et d’un autre temps à la fois – enraciné dans des profondeurs musicales familières, jamais copiées, jamais en exactitude de mimétisme, mais en exactitude d’expression, seul le pouvoir de celle-ci, porté par cette voix soutenue par ces claviers juste appropriés nous reste.

Il ne me reste alors qu’à refaire le tour complet de ces idéales 45 mn encore et certainement encore, car à chaque fois et selon l’axe que l’on veut bien donner à notre écoute, surgissent là de nouveau éléments, éclairages.
S’il est un album « qui se mérite » celui-ci est bel et bien à placer dans cette liste…

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BECCA STEVENS AND THE SECRET TRIO – 2021 / GroundUp Music LCC.

On le sait, le genre world music récup’ fusionnant horizons et cultures ça passe ou ça casse…
Y’a qu’à se souvenir de « Mozart L’Egyptien », jamais ou rarement entendu pire…
Certes, là je vous ai cité l’extrême, juste pour vous dire à quel point face à ça je suis profondément réticent et méfiant…
Heureusement le label E.C.M est là pour tordre cet a priori, de même que Real World mené de main de respect et d’intelligence par Peter Gabriel.
Je n’ai jamais caché mon admiration pour Loreena McKennitt, ses recherches, sa réappropriation, son implication là où certains n’y voient que superficialité…
Si je parle d’elle c’est parce que justement, ici, je me trouve face à une sorte d’équivalence toute relative.
Je ne méprends pas…

The Secret Trio est un ensemble où oudiste, kanuniste et clarinettiste usent du répertoire traditionnel, des modes micro-tonaux en puisant dans le Moyen Orient, les Balkans, le jazz, le rock et même la musique classique – une world music synthétiseuse d’influences donc.
Présentée comme telle par le label.
Becca Stevens en les entendant lors d’un festival du label garde l’idée de travailler avec eux dans un coin de sa tête.
Michael League sera le producteur de l’aboutissement de ce projet où, dès le premier titre « Flow my Tears », tout colle à merveille.
La voix de la chanteuse, habituée à surfer pop, folk, jazz et choriste exceptionnelle de même que son jeu sur de multiples guitares et cordes ne pouvait que trouver là l’écrin idéal pour créer une atmosphère particulière… si personnelle.

Ici, tout coule d’une source bienfaisante, la musique est « naturelle », les compositions de Becca Stevens, les apports d’un jeu purement traditionnel des comparses, la production intime et claire de League forment un tout apaisant, exigeant, d’une incroyable limpidité.
On se laisse envouter par cette musique qui navigue hors des temps, hors des frontières, par ces chants semblant séculaires où le charme du voyage s’invite à chaque détour sans aucun excès d’usage ou renfort de clichés « pour faire »…

« Eleven Roses » et les prises de paroles des vents, l’agglomérat de chœurs, l’unisson mélodique avec le oud, les élans mélodiques est un moment de grâce pure évoquant de multiples paysages, de multiples contrées comme si la terre se réunissait en un tout utopique et imagé.
« Lucian » et la voix déterminée folk sous-titrée d’allusions en influences orientales ou effectivement de ces influences balkaniques est une belle démonstration de cet état fusionnel universel.

Cet album respire, inspire, transporte, fait voyager et apporte une quiétude sans mesure.
Il fait certainement partie de l’une des plus intéressante et passionnantes découvertes de que j’ai faites en voyageant parmi ces artistes.

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SNARKY PUPPY « Family Dinner Vol 2 – Deluxe » - 2016 / GroundUp Music LCC.

Depuis que Snarky Puppy (que j’ai immédiatement adulé dès que je l’ai découvert) est devenu la coqueluche obligée des examens de conservatoire en musiques actuelles et/ou jazz – genre on n’y échappe pas ou plus (il en est de même d’ailleurs avec Alabama Shakes) - j’avoue avoir décroché.
Ce trip collectif trop unique, fait de fidèles, d’invités de tous bords, de partage et de rencontre, bref, cet espace privilégié de musiques n’a de valeur que s’il est et reste – me semble-t-il – unique.
Aussi, le « rejouer », le reproduire m’est toujours apparu comme un trip intellectuel manquant cruellement de valeurs, de réalisme, de saveurs et même de compréhension.
Un … exercice…
Faire dans l’idée, en créant pourquoi pas d’autres collectifs du genre (pas nouveau ceci dit que cette idée, mais Snarky a eu la capacité de renouveler et actualiser le concept en l’actualisant et en l’ouvrant d’avantage esthétiquement) mais reprendre Snarky juste pour le trip des seules valeurs techniques ou de « formes » ça m’est toujours apparu comme un fait d’apprentissage de style totalement surfait.
Je ferme donc cette parenthèse qui m’a fait finalement bouder par saturation pédagogique et professionnelle l’un des groupes les plus enthousiasmants d’une sphère apparentée au jazz ayant émergé ces dernières années.

Ici les réunificateurs de Brooklyn invitent en live, comme ils savent si bien le faire, un nombre impressionnant de représentants d’esthétiques et la mutation, en fusion est un transfert entre eux et eux… pour une musique inédite, inhabituelle collectant les valeurs.

On voyage donc « sans filtre » avec Salif Keita (« Soro »), David Crosby (« Somebody Home ») en grand blagueur charismatique dès son introduction toussotante, Laura Mvula (« Sing to the Moon »), Charlie Hunter (« Molino Molero »), Jacob Collier (« Don’t you know »), Chris Turner (« Liquid Love ») ou encore Susanna Baca (« Molino Molero » - « Fuego y Agua »).
Becca Steven (I Asked ») est de la partie, elle aussi au chant, charango et guitare acoustique - avec Michelle Willis à l’harmonium-orgue à pompe (« Sing to the Moon » et son intro…).

Le public jubile, le collectif est comme toujours d’un niveau de très haute volée, c’est un vrai festival de jeu instrumental, de performances vocales ou solistes, d’arrangements cuivrés (« I remember » résume tout cela) – le plaisir est instantané dès chaque titre.
Ça groove comme jamais, c’est d’une mise en place à « tomber par terre », les sons vintages sont forcément au rendez-vous (orgues, rhodes, moogs), les percussions foisonnent en tous sens (« Soro »), côté batterie c’est juste extraordinaire, côté basses (League) c’est une réjouissance de chaque instant …

Un album live jubilatoire, hors catégories, unique en un genre qu’eux seuls ont établi, mettant le terme de fusion en avant comme rarement il l’a été, car fusionnant justement pour une musique profondément identitaire « les » musiques avec un naturel qui force l’admiration mais aussi le respect.

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Pour ce premier chapitre j’ai choisi arbitrairement trois albums où l’on saura apprécier la pluralité et la valeur des protagonistes réunis autour de David Crosby sous le nom de Lighthouse Band.
J’ai bien retenu ces noms…
J’ai bien retenu leurs empreintes vocales tant qu’instrumentales.
Ils s’appellent Becca Stevens, Michelle Willis et Michael League et avec eux trois je vais continuer mon voyage musical.
Et vous le faire partager…

J’ai le temps de m’arrêter maintenant…
Je suis (enfin et désormais) … à la retraite.












 

 

Commentaires

  1. Bonsoir Pascal,
    Après avoir lu ton billet sur l'album de Crosby, je suis allé voir la disco des 3 autres, pour le moment j'ai écouté le " just on voice" de Michelle Willis : très bel album , voix claviers superbe !
    me reste à visiter les productions deux autres musiciens.
    Encore merci Francis

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    Réponses
    1. Très bel album en effet, avec plein de teintes différentes autour de cette voix, vraiment superbe.
      Les deux autres aussi sont à découvrir.
      Pour ma part je vais rester un peu sur ces artistes et leurs diverses productions et participations, j'ai de quoi écouter et qui plus est c'est très pluriel donc on ne s'enferme pas dans une esthétique, mieux, on se familiarise avec les voix le jeu instrumental sans jamais que ce soit exclusif au profit d'un genre.
      à +
      merci du passage

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