EMPLISSEZ VOTRE TEMPS DE MUSIQUE(S)…


EMPLISSEZ VOTRE TEMPS DE MUSIQUE(S)…

Entre info, contre info, intérêts politiques se dévoilant au fil des jours, prise en compte enfin sérieuse et affirmée avec raison par des professionnels de santé - dont je me dois de saluer ici l’engagement, la compétence, le professionnalisme mais aussi la difficile et inédite mission humanitaire, sociale, civique – scandales en tout genres émergeant et dénoncés prouvant encore une fois les mentalités nauséeuses de nos dirigeants (allez lire Onfray), la vie confinée et presque redevenue raisonnable (même si certains s’imaginent qu’avec un papier d’autorisation permettant d’aller chaque jour chercher… son pain, son journal… peut être une « astuce » afin de frauder face à un fléau dont ils ne prennent pas la mesure) s’organise pour chacun.

Vous imaginez bien que la musique a ici place prépondérante…

Pas que, par exemple Canal a eu l’idée généreuse d’être en clair par ces temps d’incertitude.
Hier, j’ai enfin pu regarder le film sur Queen, raté lors de sa sortie au cinéma et dont les ados ne cessaient de me rabâcher les oreilles suite à leurs déplacements massifs pour aller s’en abreuver.
Je pense les avoir compris et je ne regrette pas d’avoir passé l’après midi à m’émouvoir tant que remettre le groupe Queen à une juste place que j’avais particulièrement négligé et ce dès leur arrivée en « Bohemian Rhapsody »… ça ne date pas d’hier.

J’ai certainement réalisé que mon peu d’intérêt pour Queen, ou mon intérêt relatif était certainement dû au fait, qu’ado, ancré dans le langage de la batterie, Roger Taylor ne m’inspirait pas grand-chose… La déformation sur fond instrumental peut parfois se révéler œillères, cette conscience je l’ai véritablement prise en compte hier, au sortir de ce film qui m’a, d’une part fait réévaluer l’impact réel de ce groupe dans l’histoire du rock, et d’autre révélé le génial conceptuel initial.
Un concept, parti pourtant d’un domaine que j’adule, l’opéra, émanant du charisme vocal de Freddie Mercury.
Et puis, sa vie, son décalage, ses errances, son mal être tant que son génie qui a influencé tant de musiques, tant d’ouverture d’esprit, tant de comportements, tant de prises de risques artistiques…
L'actualité d'un virus, autre fléau que celui que nous vivons an ce moment, celui du Sida qui l'emporta... mais lui donna le statut de légende.

Alors avec retard et un retard - qui n’est pas celui d’avoir négligé d’aller au ciné voir ce film à sa sortie mais qui date de l’arrivée, pourtant auréolée de passion par mes amis musiciens d’alors, à la sortie de cette nuit à l’opéra - j’ai compris l’engouement des gens pour Queen.
J’ai compris pourquoi même encore aujourd’hui, à la lumière de ce film... depuis les adolescents découvrant le charismatique Freddie jusqu'à encore s'y identifier aux adultes se remémorant par titres phares les moments clés de leurs vies respectives, Queen était et restait un événement musical majeur et légendaire.
Le croisement du rock, de la grandiloquence classique populaire, de l’emphase et du sérieux, du show charismatique servi par l’exigence et l’audace créative.

Comme quoi il n’est jamais trop tard…



Vous le savez aussi, je n’aime pas trop « regarder » la musique, ou si rarement, comme hier…

Alors quand je n’en fais pas, en ces moments où cela est impératif, libérateur tant que nécessaire, j’en écoute, forcément.
Alors mon Qobuz dont je réitère ici l’extrême qualité, soin apporté aux auditeurs exigeants m’est un précieux outil et ils font tout pour en cette période pour le rendre à la fois attractif, exigeant, sérieux et mis à jour en nouveautés permanentes.

...

Roger et Brian Eno, les deux frères qui avaient collaboré avec parcimonie sortent ce mois ci un album qui semble parfait pour accompagner ces mornes journées, favoriser la réflexion et quelque part l’introspection, la pensée et une forme de repli sur l’essentiel de nos vies dont on prend la conscience de l’éphémère.
Cet album « Mixing Colors » est un appel à tout cela, à cette plénitude dont nous avons besoin et à cette nécessité méditative qui devrait faire partie de nos vies tellement happées d’habitude par la course au temps, par le travail, par le stress aberrant et absurde dont, si l’on a capacité de recul, on ne peut prendre que la mesure futile de sa source, ce bien souvent.
Il s’installe là dans l’espace de la vie comme tous ces albums ambient de ces géniaux protagonistes de cette esthétique du bien-être, de la mise en/avec musique de la vie, du quotidien…
Chaque composition défile comme une dentelle ciselée, délicate, belle et douce.

Le temps et l’espace se redimensionnent, la seule idée de pulsation n’est pas à l’ordre du jour, ces musiques dépassent toute notion terrienne et chargent d’emblée celle de spirituel.
Alors nos âmes, nos pensées, nos esprits se libèrent et elles servent de vecteur à cette irréalité.

A ne manquer sous aucun prétexte… sortir du temps et de la contrainte est plus que vital.   


Ophélie Gaillard continue quant à elle à visiter toutes les esthétiques, toutes les époques, tous les genres, même…
C’est certainement cela qu’être réellement musicienne en ce XXIème siècle, avoir la capacité de briser les frontières, de passer outre les confinements (encore, ce mot !) esthétiques.
Le faire avec culture, recul, talent… 

Ces « jeunes », cette nouvelle génération dont on imagine, dont on croit devoir penser que « la musique classique n’intéresse plus les jeunes » prouvent en fait que le terme de musique classique est en passe de devenir, heureusement obsolète…
Il s’agit juste de « musique »…
Jouons la musique, apprenons la musique, parlons musique et cessons d’être des abrutis à œillères défendant telles attitudes se voulant passéistes, telles « philosophies » surannées, tels élitismes voulant créer des barrières tant sociales qu’humaines, tels comportements liés à l’aberration de l’étiquetage...
Développons l’idée de culture, inondons de musique(s) la vie, sans limites et sans frontières tant sociales qu’éducatives.

Utopique ?
Pas tant que cela et ce sont ces artistes, jeunes, pluralistes, ouverts vers tout, car nourris à tout,  porteurs d'un avenir certainement plus respectueux de tout cet ensemble de culture(s) – qui seront probablement exemple.

O.Gaillard aime Vivaldi.
Elle n’en est pas à sa première dans l’interprétation de ce compositeur tant populaire que prolixe, tant légendaire qu’aimé comme Mozart unanimement, de tous.  

Ce nouvel opus « i colori dell’ ombra », magistralement interprété par son Pulcinella Orchestra nous fait voyager dans ce temps vénitien imaginé, imagé, chargé de carnavals et de masques mystérieux, fantasques, fantasmagoriques, érotiques, exotiques, ésotériques, fantastiques et poétiques, artistiques, délicats, baroques, excentriques, représentatifs de cette société en décadence, en quête de beau et d’esthétisme.
Lucile Richardot à la voix quasi masculine fait contre-pied à celles de haute contre que le baroque nous a accoutumé à repérer. L’effet est saisissant et cette « féminité masculine » presque androgyne à l’écoute augmente d’avantage ce voyage en ces temps de castrats, d’orphelines de la Piété musiciennes de l’extrême vivaldien, professeur tant que prêtre aux mœurs, n’en doutons pas, fantasques.

Le travelling s’opère dès les premières notes, les canaux se dessinent, les palais balisent le champ de vision, la place Saint Marc forcément déserte en ces jours de virus covid 19 est là, au bout de chaque ruelle et les gondoles oscillent, vides, amarrées à ces pieux fichés dans l’eau saumâtre.
Entre 1575 et 1576, bien avant Vivaldi - la ville connut une épidémie de peste légendaire.
L’information ne passait que par annonces, certainement tambourinantes.
La peur, la panique, les morts, la chaux vive sur les cadavres, seul moyen de non-propagation…
Le confinement là encore, forcément obligé mais tardif dû aux manques de moyen liés à l’époque de communication…
Sans parler des moyens sanitaires…
Tout dans l’histoire de l’homme rappelle ces moments d’incertitude, de panique et de hantise…

Que cela n’empêche pas de voyager avec Ophélie Gaillard et son ensemble Pulcinella – un album en forme de machine à remonter le temps.



En voici quatre dont le nom de scène a été épinglé dans mon carnet de notes, rubrique « à creuser » dès le jour où j’ai acheté leur album « Brazil » - le quatuor à cordes « Ebène ».

J’ai donc creusé après m’être délecté de ces péripéties musicales ensoleillées par les voix de Bernard (Lavilliers), de Stacey (Kent)  - présente également ici - et je suis tombé, au fil de leur discographie tant variée que, là encore ouverte sur LA musique, sans barrières, sans restrictions, sur cet album : « Fiction »…

Travelling là aussi, plus réel, argumentaire avec cependant quelques échappées…

Les thèmes de films sont abordés ici en projet clé et le chemin musical se construit autour de ce concept, avec des arrangements d’une phénoménale intelligence, d’une approche tant sensible qu’originale – chose logique car l’écriture pour quatuor à cordes impose un savoir faire véritablement savant et de connaissance d’un patrimoine (Beethoven, Schubert, Bartok, Mozart, Haydn…).

Le quatuor se met en avant, accompagne chant,  côtoie batterie et percussions et parcourt ici en un kaléidoscope - face auquel rester insensible est impossible, dont le biais argumentaire pluraliste des supports musicaux de ces films connus de nous tous tant par leur synopsis que par les « tubes » musicaux qui les ont installé à postérité - l’idée là encore générale et finalement simple de musique(s).

Nouvelle génération de classicos oblige, les voilà passant à la moulinette inventive et habile tant que virtuose « Amado Mio », « Calling you », « Come Together » ou encore « Nature Boy » et l'immense "Nothing Personnal" de Michael Brecker…
Les barrières, par ce projet unificateur de musique, sont franchies. 

Il n’y a pas de démagogie musicale, leur degré d’exigence et leur niveau en tous domaines est tel que cette seule idée ne viendrait même pas à l’esprit et qu’elle s’efface dès les premières notes de « Misirlou » … pourtant imaginé racoleur.
Le niveau des arrangements tant par leur particularité, leur degré implicatif, leur connaissance culturelle et le respect des titres « base » se situe en haut du panier musical et leur exécution, interprétation suscite l’admiration tant que met en évidence la pluralité et l’ouverture culturelle véritablement actuelle de ces artistes.
Des artistes tel que ce XXIème siècle se doit d’en former, produire et respecter.
 
Qui a dit que les jeunes d’aujourd’hui n’étaient plus attirés par la musique classique ?
Pas eux en tout cas… 
Allez donc pour compléter ce merveilleux album les écouter quant ils interprètent Bartok, Schubert, Ravel, Debussy, Fauré, Beethoven.
Ils y sont tout aussi excellents que quand ils retrouvent Michel Portal… ou comme ici… les Beatles ou Wayne Shorter.
Et ils sont passé en haut de fait, de mon box-office quatuors…

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Trois albums de temps à autre…

Pas la peine d’en mettre des tonnes car avec chacun de l’un d’eux il ne suffira certainement pas d’une seule écoute pour en apprécier la finesse de chaque détail – rien que ce « Calling you » et ses contre chants aigus ou "Smile" d'une intense émotion, du quatuor Ebène, vont remplir à eux seuls quelques autres minutes en mode répétition de ce temps de confinement qui va s’étendre et relativiser obligatoirement cette notion si découpée… du temps…
Merci de votre passage...
A très vite.


Commentaires

  1. Un petit coucou sans avoir pris encore le temps de te lire, c'est de ta faute, j'ai été lire l'article de M. Onfray, pertinent, perspicace et sévère, on aimerait lui donner tort pour se prouver qu'on n'est pas sous son influence ha ha. Mais grand lecteur du Canard Enchaîné, j'aime penser nos dirigeants comme proche de nous dans tous les sens du terme.En Bien en mal... ils ont pris des fonctions que n'assumeraient pas, c'est au moins ce bon point que je leur donne, ils ne sont pas tous Balkany ... reste à penser le système de représentation. Un peu comme le métier par exemple de CRS, même si on lui trouve une utilité il reste la question "Qui sont ceux qui sont attirés par ce métier et quelle précautions en conséquence?"
    Queen: "Killer Queen" chez Mourouzi et j'étais conquis, complètement éclectiques, opportunistes et compositeurs de talents. Me souviens plus d'un reportage sur le groupe un complément au film qui ajoute à la légende... Zut. Je reviens Porte toi bien, La bise pas sur le coude

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    1. Sévérité... il en faut un peu tout de même car après l'arrogance, la réalité qui frappe à la porte...
      Il faut à un moment ou un autre être digne des responsabilités qu'on t'octroie et ne pas savoir qu'en prendre les avantages quand c'est "trop simple" que de le faire.

      Bon, reviens vite alors.

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  2. ET me voilà en possession du Ophelie... une belle surprise que tu racontes bien. Venise, avec Catherine nous avons passé deux semaines à préparer ce voyage: Guide du routard & co. L'argent mis de côté est passé sur un projet familiale plus important, mais j'ai rêvé ces 15 jours là où Catherine parlait de frustration je pensais un rêve bien sympa. Factice ou non, Vivaldi et cette ville unique, nous aimons en faire une seule sensation. Une si belle association. Tiens cadeau si tu connais pas, mais il a un superbe opéra ORLANDO FURIOSO et un air comme il sait nous séduire... https://www.youtube.com/watch?v=an-MGm5H29s Cadeau

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    1. J'aime bcp Jarousky, il amis sur l'échelle grand public le contre ténor ou haute contre jusqu'alors resté un peu dans le cadre des "spécialistes" amateurs de baroque.
      Venise, on l'a visitée en plein carnaval - un hôtel à l'extérieur, chaque matin bus puis vaporetto. inoubliable avec Vivaldi en BO permanente.
      Il y a eu un super reportage Venise/Vivaldi sur Arte, captivant.
      J'ai découvert Ophélie gaillard voilà peu et j'ai immédiatement mis en favoris tous ses albums...
      Cette violoncelliste est vraiment captivante.
      Jusqu'alors pour Vivaldi je jetais mon dévolu sur C.Coin, lui aussi très pertinent dans ce répertoire.
      Et côté violon mon idole du genre c'est et reste Fabio Biondi.

      Repasses pour le reste et puis dans un article précédent, toi qui aime Richard Strauss tu devrais trouver ton compte...
      j'en suis sûr...

      la biz virtuelle donc et pas dans le coure.
      Quel bordel !...

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  3. Bon je pensais télécharger le Ophélie Gaillard mais internet fait des siennes, c'est tout juste si je vais réussir à avoir le Eno...
    J'ai toujours bien aimé Queen, découvert au lycée juste avant la mort de Freddie Mercury... j'ai bien aimé le film aussi, je ne connaissais pas vraiment l'histoire du groupe en fait...
    J'ai écouté le Kat Edmonson hier soir et c'était cool, ça faisait très suranné comme j'aime, avec un petit côté Madeleine Peyroux j'ai trouvé...
    A bientôt!

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    1. hello Chris,
      Oui, c'est compliqué le net en ce moment, mais je m'organise...
      Finalement je fais tout par le streaming, du moins pour les écoutes.
      Le Eno est une petite perle, Queen, franchement je vais m'y mettre sérieusement et pour conclure, cette chanteuse idéal... pour... qui sait... les apéros virtuels ? ou les soirées confinées...
      à +
      THX

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    2. En parlant d'apéro virtuel... j'ai tenté avec une amie une "battle" musicale, en fait chacun fait écouter un morceau de musique à l'autre, ouvert aux commenatires etc... Bonne et maivaise nouvelle: bonne nouvelle SKYPE partage écran et SON c'est nouveau pour moi le SON. Mauvaise: du coup on ne s'entend plus. On cherche la bonne formule d'échange, pas encore trouvée.Chacun écoute de son côté le même morceau et s'appelle sur un autre canal? Avec sa tablette ça se mélange les pinceaux.... Pfff que d'histoire. ;-) La bise printanière

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    3. :)
      pas simple en effet...
      bon tant qu'on a l'apéro... la zic et qu'on peut encore échanger.
      les infos sont alarmantes...
      une situation vraiment ahurissante.
      allez, à plu et ... santé (ce terme n'a jamais été aussi important)

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