ROCK POP ... 01 (au commencement)

ROCK-POP …(01)

Allez je reprends le format K7 pour un petit tour qui n’a strictement aucunement le but de faire découvrir quoique ce soit, je me réserve le jazz pour ça (et encore…).
Non, ici rien que le plaisir de me replonger dans des titres que j’ai juste aimé, qui m’ont certainement marqué et que le fait d’additionner en playlist est juste une activation des neurones plaisir.
Donc ne cherchez rien d’autre que cela…
C’est certainement suffisant en soi.
Face A pour 45 mn...

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PLAYLIST 01 (au commencement…).

01
THE BEATLES « Come Together » - Album « Abbey Road » - EMI 1969.

C’est pour moi l’incontournable des Beatles, c’est aussi certainement dû au fait que c’est avec ce titre - que j’avais mis sur bande (et non sur K7) détournant le magnétophone de mon père pour ce faire – que je suis entré dans l’univers Beatles.
Alors ce fut une sorte de boulimie.
L’album ? Je l’ai écouté, décrypté, joué, réécouté, encore et encore.
Et l’âge avançant j’y ai trouvé toujours tant et tant.
« Come Together » est le titre des Beatles que je joue et chante encore plus que régulièrement et il m’est impossible de m’en lasser.
Il y a dans ce titre tout ce qui m’a définitivement rendu accro à ces quatre-là et à une certaine idée du rock.
Le son (un enregistrement d’une qualité dépassant l’imaginable en 69).
L’inventivité (la ligne de basse qui focalise tout).
La magie des voix associées, le solo de fin, le Rhodes et cette partie de batterie empruntant le jeu en toms cher à Ginger, tout en restant collée au chant.
J’ai accompli quasiment tous mes rêves concernant cet album… je l’ai même joué en cover il y a très longtemps, caressant du coup le fait d’un jour faire jouer la face B par des élèves.
C’est le seul de ces rêves qui ne fut accompli – mais c’est un bien maigre constat quand je sais ce que cet ensemble de titres de génie m’a apporté.

02
THE ROLLING STONES « It’s Only Rock’n’Roll (But I Like it) » - Album « It’s Only Rock’n’Roll » - Polydor 1974.

Je ne joue pas au vieil adage stupidement médiatique qui a « opposé » les gentils Beatles aux vilains Rolling Stones – on savait être cons bien avant les réseaux sociaux, ça a juste amplifié la chose…

Avec les Stones, j’arrive toujours à finalement adhérer.
Pas besoin de période, d’avec qui et quand, rien à cirer.
S’il est un groupe qui quelque part représente de façon emblématique le mot lointain de rock, c’est bien eux – alors avec ce titre ils n’ont même pas eu à enfoncer le clou.
Ils aiment ça et nous aussi et on aime quand ils le disent, le proclament, en chœurs déjantés,  haut et fort.
Je dirais presque que tout (ou une grande partie de) ce qui fait que les Stones sont indéniablement indestructibles et obligatoires quand on parle de rock, se trouve ici dans ce vague truc au riff signé de la pâte Richards, ce même quand il joue sur le poncif gimmick, ce qui est et restera d’ailleurs toujours assez bluffant que cette mise directe en personnalité.
Des chœurs sales à foison, des jets de mini soli interventions de guitares – sorte de fausse jam festive dédiée qui part en toutes directions apparemment peu contrôlées, mais en fait totalement sous gestion habile d’un tandem Mick/Keith, une sorte de presque prise de son live comme en répétition …
La gratte acoustique qui mène l’affaire, le jeu de batterie tourné vers la caisse claire qui en encaisse (quelle frappe ce Charlie), la ligne de basse de Bill qui tournoie et tournicote autour du sujet basique…
Je sais c’est juste du rock’n’roll…
Et même si j’en écoute peut être moins qu’avant, j’aime toujours autant ça !

03
DAVID BOWIE « Rebel Rebel » - Album « Diamond Dogs » - RCA 1974.

J’ai été pris de rage réelle il y a quelque temps lorsque, pris de curiosité de visite chez quelques voisins, je suis tombé sur une bombe rougeoyante aux flashs jaunis qui, en gros, s’octroyait le pouvoir de jugement sur l’ensemble de la discographie de David Bowie, se permettant carrément d’en foutre quelques-uns à la poubelle, en encensant d’autres.
Bref, le genre de truc qui me fait carrément gerber et qui démontre la dégénérescence, le malaise, la nullité sous couvert de vantardise et de « liberté d’expression » qu’est devenue la blogosphère « musicale » en une poignée d’année.
Ce pouvoir par le dire, l’écrit, cette capacité à argumenter pour cracher sur, cette non connaissance reposant juste sur le savoir anecdotique mais en incapacité de connaissance réelle de la musique – ce, finalement détour de la Manoeuvre attitude, burlesque, pantomime, pathétique et surtout de celui qui, comme il l’ouvre plus fort que les autres, se fait entendre, même s’il balance l’irrespect sous couvert de subjectivité conne et désabusée.

Je suis allé au bout de son « article », j’ai même osé lire quelques commentaires souvent consensuels, ou encore moutonistes. Il faut des chefs de file et encore une fois celui qui l’ouvre fort avec des idées (idéaux) ciblés est forcément suivi d’un troupeau qui hoche du chef.

« Diamond Dogs » faisait partie de ses albums qu’il ne jetterait pas (et là-dessus lui donner tort serait malencontreux), mieux il le plaçait (si mes souvenirs sont bons car j’ai été tellement colérique au cours de la lecture de ce ramassis de conneries) vers les sommets avec il est également vrai l’excellent « Pin Ups ».

« Rebel Rebel », c’est l’art du riff à un certain paroxysme.
Là où d’autres se creusent la tête pour trouver « LE » riff qui fera date, qui, dès son entrée fera se lever le stade et les foules, chanter à tue-tête, etc. David Bowie, estampille l’idée en deux mesures, sans chercher la position compliquée, juste « sous les doigts ».
Il n’en est pas à son coup d’essai et il l’a fait et le refera dans sa carrière, gardant, malgré ses multiples expérimentations, ses aventures, ses personnages et personnalités … cette profonde empreinte rock (en vrac : « Jean Genie », « Beauty and The Beast », « Ziggy Stardust », « I’m Afraid of Américains », et même « Golden Years » puisé dans le rock’n’roll).

Car le riff en est une essentielle d’empreinte, si ce n’est l’essentielle.
Il y a aussi la ligne de basse, qui syncope afin d’alterner les métriques pour justement le renforcer ce riff (un savoir-faire que l’on retrouve chez John Paul Jones sous Jimmy Page) sans parler du drumming imperturbable de Aynsley Dunbar, dont le beat s’organise autour de la caisse claire qui renforce chaque temps (là où la coutume pour la snare est l’after beat à  savoir 2e et 4e temps) donnant ainsi le côté hypnotique et envahissant du titre.

« Rebel Rebel » est simplement un titre qui transpire le rock et avec lequel Bowie met en une seule sauce tous les ingrédients qui scellent cette seule et simple idée/direction/attitude.

« Diamond Dogs » serait l’album de Bowie à garder ?
Je me tourne vers mes vinyles, mes cd, mes « favoris » de streaming et je vois l’étagère emplie des merveilles qu’il nous a laissé et qu’il faut être en capacité d’écouter, non avec l’idée de ce que cela aurait peut être dû être, mais en acceptant qu’un artiste puisse oser, essayer, dévier, chercher, expérimenter, creuser, désirer et surtout ne vouloir jamais être ou faire comme l’autre, mais rester soi même ce, même quand l’influence de l’actualité générationnelle impose l’intérêt et une porte d’entrée.
Un peu comme Miles pour le jazz, David Bowie a déplacé le rock et l’a sorti de l’ornière.
Il a fait évoluer réellement son langage.
Il a ainsi prouvé que ce « format » avait la capacité de s’ouvrir et que l’intelligence (ne pas mélanger avec intellectualisme – il a su s’entourer de Eno pour cela et ce fut, contrairement à là encore des idées forcément reçues, un coup de génie) pouvait juste être démontrée dans cette musique.
L’intelligence…

04
ERIC CLAPTON « I Shot The Sheriff » - Album « 461 Ocean Boulevard » - Polydor 1974.

Décidément, sans le vouloir, je cale sur 1974 pour l’instant.
Certainement dû à ces souvenirs d’adolescence qui restent ancrés, quoiqu’on en dise ou pense (et en playlist, le côté souvenir est une donnée non négligeable).

Clapton faisait débat avec ces albums laid back, ce côté décontrac’t du gars virtuose qui se la jouait, disait-on, facile. Interviewé, il démontrait quelque part sa facilité, l’origine de son jeu … en mettant en avant que finalement il n’avait rien inventé mais que ce jeu il l’avait puisé (piqué disaient les détracteurs), dans celui des bluesmen.
Au bahut, difficile de se positionner.
C’est pour ça qu’il a semble t’il été rangé du côté des vieux, des dinosaures, on ne disait pas encore classic rock…
C’est pour ça que l’arrivée énergique du punk a tout balayé, modifié, bouleversé en peu de temps, réinstallant un mouvement social qui a éloigné sa musique (ce blues fondamental qui est sa vie, simplement) et lui.

Clapton aimait bien « reprendre », comme ici avec Marley dont la substance se voit réappropriée sur un beat qui écarte le reggae pour lui donner une fonction plus roots, groove en quelque sorte.
On reste dans la sphère Marley avec chœurs et un orgue/piano qui rappellent le côté churchy implicite dans le reggae mais les rythmiques de guitare et la section bass/drums partent définitivement ailleurs et modifient véritablement la texture initiale du titre là où tant d’autres auraient simplement dévié le reggae mood à leur sauce.
Clapton se réapproprie, avec un respect indéniable pour la musique de Marley, le titre.
Il revient quelque part indirectement, au Rock Steady presque originel.
Cet éclairage en changement d’angle et pas spécialement nouveau, aura probablement boosté l’un comme l’autre, chacun étant « gagnant » dans cette affaire, car, malgré ces pseudo polémiques lancées d’on ne sait où, visant à discréditer le célèbre guitariste – et par là encore et toujours s’attaquer à l’idée de célèbre, donc de ce que cela implique en imagerie pognon – ce titre, cet album restent de véritables sceaux représentatifs et légendaires de l’artiste.
Qui n’a pas « Slowhand » ou « 461 Ocean boulevard » au fond de sa discothèque ?...
Et qui ne chante pas ce titre dès les premiers accords tant il est passé dans le « patrimoine » populaire ?...

 

05
STEVIE RAY VAUGHAN « Mary Had a Lamb » - Album « Texas Flood » - EPIC 1983.

Stevie Ray…
En vrac…
Vienne – il arrive coiffé de son Stetson et tout habillé de cuir blanc.
Je ne le connaissais pas du tout. Sa version de « Voodoo Child » est encore inscrite dans ma mémoire. Découvrir un artiste par la scène, c’est rare.
P.U, guitariste, arrive avec ce titre et c’est parti !
Attention le verse commence en A !
J’enfourche mon orgue, le riff est immédiatement accrocheur et ce titre là encore restera entêtant.
Aujourd’hui on joue « Lenny » auquel on ajoute « Riviera Paradise » (« In Step ») - finalement Stevie Ray reste bel et bien là, pas besoin de se prétendre bluesman à l’excès pour le jouer.
La bonne musique se passe des étiquettes, il suffit de la « vivre ».
Et lui…

06
TRAFFIC « Light up or leave me alone » - Album « The low Spark of High heeled Boys » - Island 1971.

Après avoir mis sur K7 « Shoot them… » avec une histoire de Fantasy, je me suis entiché de Traffic puis de Stevie Winwood et suis parti m’acheter cet album dont la particularité visuelle était les bords de pochette coupés.
Je ne saurais dire combien d’heures j’ai passé (et passe encore) à écouter cet album et ce titre qui provoque systématiquement mon enthousiasme d’adolescent.
Celui où l’on rêve d’être un guitariste envoyant à une foule hypnotisée des giclées de wahwah, des solos interminables en preuve de savoir faire et être.
Celui où la vérité de groupe est seule direction, gérée et menée par le seul critère commun : la musique.
Celui où l’on se sent si proche de ces gars, dont Stevie, très jeunes, déjà si incroyables, déjà stars, au sens que cette époque pouvait donner avant une récupération médiatique surfaite et inappropriée.
Celui où dès qu’on se met au piano, l’on sent jaillir sous ses doigts ces accords pourtant si simples, et pourtant si porteurs de messages.
Traffic fut l’un des plus grands groupes de ce rock seventies post sixties et même si Stevie en fut l’immense leader, il est toujours resté humble et courtois, "so british" dans cet espace collectif tant de vie que de musique.
Et il reste l’un des plus grands songwriters que la pop et le rock nous ont offert.

07
SANTANA « Samba Pa Ti » - Album « Abraxas » – Columbia 1970.

L’avant tube « Europa », l’instrumental qui met en exergue la capacité de profondeur mélodique de la guitare électrique.
Carlos Santana a tant apporté à la guitare électrique, à la fusion latino-gypsy pour le rock.
D’album en album le son s’est étoffé, précisé, peaufiné, mais le jeu du célèbre guitariste entre jazz fusion et rock connoté latin (dont il est quelque part réellement dépositaire) est resté le même.
Santana, c’est ce mélange instinctif de soliste post hendrixien et de pur mélodiste capable de rendre l’instrumental chantant et chanté, tant le pouvoir de ses compositions dédiées à l’instrument est inégalables.
Santana c’est aussi ce groupe aux facettes changeantes avec les décennies mais resté ancré dans cette énergie pure et destructrice qui fit d’eux les stars issues de Woodstock.
Une véritable armée de percussionnistes, un orgue généralement Hammond impérieux, des rythmiques empruntant leurs beats à toutes les racines latino-américaines (Chacha, Mambo, Samba, Salsa, Son, Bolero et j’en passe…), tout cela pour propulser un leader charismatique et habité – c’est certainement cela Santana.
Et un côté obligatoirement festif, impulsif, immédiat – une sorte de purge décomplexée de toute récupération – Santana n’appartient à aucun « courant » réel.
Santana c’est quelque part le premier véritable groupe de fusion interplanétaire.
Et chaque entrée d’un titre, d’un album de Santana dans mon espace c’est d’emblée jouissif.

Dans ce titre, long développement mélodique afin d’insister sur ce trait qui deviendra la pâte réelle du guitariste puis l’orgue va cracher son pouvoir churchy pour ensuite faire entrer progressivement mais sans détour le véritable axe samba et nous le laisser en empreinte dans la tête.
Tout un art du développement.

08
JOURNEY « Walks Like a Lady » - Album « Greatest hits 2 » - Columbia 1980.

Après Santana voici l’évidence Journey, créé au départ par des ressortissant du groupe.
Leurs premiers albums avaient du mal à trouver une identité se défaisant de l’empreinte seventies jam rock, longs solos, morceaux en multi-trappes, portion congrue du chant affecté à un instrumentiste (Gregg Rolie)…
Puis arrive Perry et Journey va prendre un tournant FM qui mettra en avant Neal Schon, guitariste absolument incroyable et l’avant-scène chanteur + guitariste en leaders va enfin de tailler le costard pour les stades. Si l’on ajoute à cela le départ de Aynsley Dunbar (au demeurant un batteur merveilleux mais ancré dans le jeu seventies) remplacé par la future star de l’instrument, multigenres (rock, métal, pop, fusion, jazz, jazz rock…) Steve Smith (dont je vous recommande l’album « Vital Information ») et accolé à Ross Valory à la basse nous voici avec un groupe préfigurant les tenants du titre FM, à savoir Toto.
Autrement dit, le format radio impose un calibrage, un minutage et le rock va progressivement laisser ses longues plages musicales pour un conceptuel plus réduit, efficace et dense.
Alors il faut trouver le riff instantané, le refrain mémorisable et répétitif en coda, alors il faut en quelques 8 mesures (rarement 16) envoyer un solo légendaire et puis il faut un beat porteur et… malgré tout cela rester fondamentalement rock.
Le « nouveau » Journey c’est tout cela à la fois, ce sont des pointures, des requins de studio réunis pour la dimension stadium, taillant tubes sur tubes, portés par un chanteur charismatique à la voix très haut perchée contrebalancé par un guitariste indiscutable tant de niveau que d’inspiration, que de pouvoir sonique.
Si je suis face à l’écoute d’un album de Journey ou de Toto, mon choix ira directement vers Journey et j’aurais rêvé d’un duo Lukather/Schon, comme celui que firent Lukather/Carlton…

Ce titre possède toutes ces caractéristiques, vraiment toutes.

09
TOTO « Gift of Faith » - Album Tambu – Sony 1995.

Justement…
Toto…
Le versant requins de studio rock, réunis eux aussi pour faire du genre une machine à tubes.
Eux aussi, un début hésitant, tourné vers le prog et vite la bifurcation vers des approches commercialement plus radicales.
Un consortium de frangins, un guitariste touche à tout, virtuose, au son immense, un batteur idolâtré par la profession, au CV long comme le bras et plus, ce dès sa jeunesse.
Et puis un chanteur fait de hauts (dans la vie comme dans la voix) et de bas.
Et puis Jeff part au panthéon des batteurs rejoindre la jam session paradisiaque, trop tôt, trop jeune, connement.
Alors Steve prend le chant avec sa guitare, alors Simon Phillips, lui aussi jeune prodige (le premier Whitesnake où Coverdale ne tarissait pas d’éloges envers lui, puis ce fut Townsend…) désormais à la carrière bien solide va arriver et le « nouveau » Toto est en place.

J’ai assisté à un concert de la tournée de cet album absolument remarquable de a à z.
J’y avais emmené mon fils aîné, il avait 9 ou 10 ans, ce fut sa première plongée dans le rock, réellement, scéniquement, avec un son énormissime, avec une présence musicale inoubliable.
Il avait des étoiles dans les yeux !
Simon était remplacé par Gregg Bissonnette, dont c’était le premier concert de ce remplacement.
Qu’importe, j’ai de suite mis ce nom de côté dans ma tête tant il fut parfait, car Toto, c’est avant tout une affaire de perfection – comme ce titre en témoigne (riff débordant d’énergie qui intervient partout dans le verse et dans le son – normal Steve se « répond » puisqu’il chante désormais, orgue saturé, chant, gros groove basse batterie, refrain en chœurs gospélisants limite évangélistes – repensons au titre - permettant au lead chant de se détacher… et la structure, la grille harmonique, l’agencement formel… le pont avec ce nouveau riff qui amène le solo de Lukather magistral et très court et cette coda où la choriste s’échappe à son tour soutenue par un orgue churchy à souhait pour ce collectif extraordinaire qui conclut, comme en live, sans fade out) – et c’est aussi ce que nombre de détracteurs leur reprochent.
Mais vous savez, moi, face à la musique quand elle est aussi magistralement jouée que là, les détracteurs, je les emmerde.
Ce, très sincèrement.

10
SUPERTRAMP « Take a Long Way Home » - Album « Breakfast in America » - A&M 1990.

Immédiatement saisi de nostalgie profonde quand j’entends les premiers accords, l’harmonica, cette voix unique, ce jeu pianistique qui l’est tout autant à peine jazzy, un peu rock, pas mal stride, tellement personnel, qui a redonné de l’intérêt au piano dans le rock-pop en le sortant du EltonJohnning et du BillyJoelling.
Un tantinet swinguant, up et jumpy – dû à cette écriture sautillante de la rythmique à laquelle il faut absolument prêter une réelle attention car bien sûr notre esprit divague très vite vers ces chœurs paradisiaques, ce piano perpétuel.
John A Helliwell – le saxophoniste – on le croise souvent lors des manifestations culturelles à Cavalaire où il réside.
Un gars souriant, discret.
Je n’ai jamais osé l’aborder pour lui dire le bien que Supertramp a fait à ma vie.
Un jour peut être…

Moi, quand je mets ce titre, cet album, c’est comme ouvrir un album de photos souvenirs, apparaissent tant et tant d’images et de vie…

11
STEVE PERRY « « You better Wait » - Album « For the love of Strange medecine » - Sony BMG- Columbia 1994

Steve Perry s’échappe de Journey.
Un second album solo huit ans après la dissolution du groupe et son départ.
Divers comparses, les requins de studio il en connait un paquet et il n’a eu qu’à prendre son téléphone. 

Steve solo mérite un détour, même si finalement ses chansons restent similaires au répertoire du groupe Journey (ce qui atteste de l’importance de sa présence - et pas uniquement en tant que chanteur leader), l’alternative plus « personnelle » le montre différemment.
Cet album signifiait un retour à la musique après une longue pause, une saturation créative, un manque d’envie – Steve Perry est donc revenu à la musique par cet album, s’entourant de musiciens tels Lincoln Brewster aux guitares et d’une équipe d’amis avec lesquels d’ailleurs il partira en tournée.

C’est toujours compliqué d’écouter et apprécier un artiste hors du contexte dans lequel il semble inamovible et de prendre réellement en compte sa musique, son projet, tout simplement sa personnalité.
Rares sont ceux qui ont réussi réellement à s’en émanciper de ces groupes qui virent leurs noms imbriqués et à chaque fois le public – même s’il suivait – restait suspect ou se divisait.
Le nom du groupe leur collant aux basques.
Sting/Police, Peter Gabriel-Phil Collins/Genesis, Yorke/Radiohead, pour n'en citer que peu.

Steve Perry aura eu peu de suiveurs de Journey, le groupe ayant perdu son aura après ses multiples dysfonctionnements et justement, c’est peut être bien là qu’il faut – hors des rebonds médiatiques liés à la popularité d’un groupe – prêter une autre oreille et apprécier, tel quel, un artiste.
Et cet album vaut le détour.

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Bonne semaine !







Commentaires

  1. Je me disais qu’un papier comme celui-ci sera l’occasion de partager des souvenirs plutôt que des découvertes. Ben non.
    Je pourrai rebondir sur la partie Rolling Stones, que je crois être mon premier 33T, abandon des K7 écoutés sur un magnéto non stéréo, même pas mono pour une platine disque. A 14 ans je n’avais pas encore l’idée de juger ou comparer. Je me souviens de ma fierté de gamin quand j’ai entendu sur RTL « Stop ou Encore » les Rolling Stones avec le titre. De m’écrier, « Maman, maman, c’est sur mon disque »
    Et puis, et puis.
    Un Stevie Ray Vaughan que je connaissais peu, même si de suite familier.
    TRAFFIC : complètement ignoré, que je découvre eu début des années 2000, à petite dose, grâce à mon copain Kaserio qui s’était arrêté juste avant cet album dans sa volonté de partager. Sur ton enthousiasme je me suis jeté dessus et dévoré « Rain Maker » & la chanson titre sans oublier celle que tu as mise en avant
    Ensuite vient la trilogie intelligente SANTANA ->JOURNEY->STEVE PERRY qui justifie et la lecture et mes recherches pour un JOURNEY que je n’aimais pas à l’époque, ha ha sauf les tout débuts et un STEVE PERRY cause de mon rejet d’époque et du succès du groupe, comme quoi mon goût n’avait rien de prédictible.
    Je préfère insister sur STEVE PERRY, du moins le titre dont ma cinquième écoute s’achève, le critique de AMG n’est pas tendre mais reconnait la beauté vocale de STEVE pour opposer une lourdeur de style, mais j’avoue aimer cette « lourdeur » qui annonce MEAT LOAF … Je me rends compte de mon erreur puisque le disque est des années 90. Tant pis le temps efface parfois la chronologie des enregistrements.
    Je viens de finir le morceau titre… je pense aimer ce type, quel voix !!!!

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    1. il est vrai qu'ado, on veut avoir et on a une approche plus radicale, peu de complaisance, on aime, on n'aime pas, c'est tout.
      ça a été la grande difficulté de ma pédagogie que d'amener à passer de l'affectif direct à une réeelle écoute, un recul.
      mais pour cela justement il faut en avoir du recul, des écoutes et donc de l'expérience, de la curiosité aboutie et cela amène vers ce truc estampillé culture.
      j'ai toujours dit aux ados, mes élèves, que c'est maintenant qu'ils se formaient tant musicalement que culturellement que presque définitivement. plus ils réduisaient leur espace de curiosité et écoutant tj la même chose, moins ils seraient apte plus tard à écouter réellement de la musique en dehors de leurs sentiers battus, moins, pour ceux se destinant au "métier", ils seraient capable de réelle créativité.
      gamin puis ado, j'étais curieux et j'écoutais tout ce qu'il me passait sur la platine, puis j'ai commencé à trier, et à catégoriser et j'ai également par attitude refusé, rejetté certaines musiques, groupes, ce que j'ai amèrement regretté car par la suite finalement...
      mais une post découverte n'égale pas la plongée avec les oreilles neuves et l'environnement, donc la vie qui va avec.
      ravi que tu ais découvert et confirmé.
      à chacun ses parcours donc...

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  2. Je sépare David Bowie. J’ai eu beaucoup de mal à entendre BOWIE à travers sa riche discographie, Attention j’ai été fidèle de la sortie de DIAMOND jusqu’à TONIGHT.
    Quand je dis « j’ai du mal » c’est un peu comme GAINSBOURG : cette façon d’être assidu à l’air du temps qui enrobe les albums de façon à croire à un changement de style, c’est seulement maintenant que je l’entends quelques soient les productions datées ou pas.
    Après ça comme beaucoup j’ai mes chouchous comme LODGER, mes lassés comme LETS DANCE.
    Il me reste à découvrir PIN UP point sur lequel vous être d’accord et ce n’est pas le seul. ;-)

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    1. Toi qui décomposes des écoutes pour attirer l’attention, je me demandais si dans les différents disques de Bowie tu notais une constance que je pense entendre dans les compositions une fois que l’on peut dissocier arrangements ? Orchestration ? Production ou parfois appropriation d’un son, d’un rythme plaqué sur la mélodie ? Bowie d’abord un grand mélodiste et bien entendu – j’y tiens – une voix sublime qui transforme en or….

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    2. Je vais tenter succinctement de répondre à cette question...
      Pas me lancer dans un long truc analytique donc.
      Bowie, je l'ai fait jouer de nombreuses fois aux élèves et donc avant de faire jouer un titre tu en écoutes plein, tu réduis et finalement en fonction de nombreux critères, ton choix va se porter sur... ce travail implique donc pas mal d'écoutes et j'ai souvent, malgré les difficultés spécifiques à chaque titre et selon les niveaux souhaités, remarqué chez lui quelques fondamentaux.
      Car, quand tu présente le travail aux élèves, en général ce sera sous sa formulation la plus épurées (mélodie, grille et patterns instrumentaux incontournables ou à reprendre tant que possible), donc une feuille, voire deux, épurée de tout élément autre que la seule musique (mais faisant la musique - je me comprends).
      Souvent chez Bowie ce qui frappe c'est la déstructuration de la forme...
      Cela peut se présenter sous différents aspects,
      nombre de mesures atypique dans un verse, une intro...
      départ du chant en levée mais de façon là encore inhabituelle et ne tombant pas forcément "sous le sens", donc il faut intégrer la partie précédente, compter et hop...
      suite harmonique simple et soudain, sans obéir à aucune "règle" te voilà parti totalement ailleurs pour revenir sur la simplicité.
      traitement rythmique de collages, de pastiches, de patterns superposés et/ou additionnés.
      insert de mesures complémentaires en milieu, fin de section...
      alors pour s'y retrouver quelle est (souvent) l'astuce ?
      en fait si on connait la mélodie à la perfection on s'aperçoit que (un peu comme avec les Beatles) tout cela se fait en fonction de celle ci qui est le guide et impose sa loi musicale, expliquant les brusques modulations, les ajouts-assymétries-débordements-changements, etc. de mesures, les références de style.
      le second axe est le texte car en fait qu'il soit "réaliste" ou purement ésotérique, barré, poétique, insensé, vide de sens réel, fantasy etc. , cette mélodie est organisée en fonction de celui ci et tout ce qui en découle avec.
      et puis il aime le free ou du moins l'aléatoire que ce soit dans le solo de piano de aladdin sane ou le final aux cuivres de let's dance ou le solo déchirant de neukoln...
      autre constante cette fois ci instrumentale c'est la fréquence du saxophone, qu'il soit joué par lui ou qu'il ait demandé comme à David Sanborn d'intervenir.
      comme souvent sa musique celui ci est traité avec acidité, âpreté, d'une façon organique alors que son chant tend vers la pureté, avec une technique proche de celle du lyrique et asse éloignée du rock, là où un Mercury fan de lyrique n'était finalement qu'un chanteur de rock (ce qui n'est pas une critique négative, mais un simple constat - on a la voix qu'on a et on fait même si on la bosse, avec les possibilités qu'elle nous offre, c'est ainsi car c'est l'intrument le plus personnel et inamovible qui soit).

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    3. et puis, Bowie met la musique en personnages, ce n'est pas une découverte, sauf que cela influencera considérablement l'enrobage donné à celle ci et là encore la musique est au service d'une idée et non pas l'idée en elle même.
      sinon ce fut un immense chercheur et il a pu ainsi dévier le rock et son côté chanson (même dans le blue, le prog ou autre) en s'ingéniant à déstructurer celle ci par des stratagèmes comme les fameuses stratégies obliques (cf Eno) qui sont une invention toute simple permettant à chaque intervenant du projet musical de sortir par l'idée et non par la seule musique, de ses zones d'habitudes, de confort, d'usages.
      il a ainsi parcouru les époques, les sons, les genres mais avec ces constantes de personnalités, celles ci me venant dans l'immédiateté de la réponse - il y en a forcément d'autres car Bowie est avant tout un créateur et il avait un regard lucide sur ce qu'il créait. sachant jusqu'où expérimenter et quand arrêter de le faire par un jugement pragmatique et artistique du résultat.
      il disait d'ailleur qu'en tant que peintre il se considérait comme un amateur car ne sachant jamais où, quand et comment si ce n'est pourquoi arrêter une création picturale, alors qu'en musique il avait cette notion absolue.
      tu pourras vérifier ce que j'ai pensé ici dans des titres comme les différentes versions de Heroes, prouvant justement qu'il ne s'agit pas au sens premier d'une chanson et que par exemple les couplets peuvent être interactifs, Alladin Sane, Let's Dance, Ricochet, Breaking Glass, Yassassin, Ashes to Ashes, The Beauty and The Beast, Fame (intro à trois temps qui revient aucentre puis beat à quatre temps), Five Years et bien sûr Space Oddity. Son dernier album était tuffé de ça et i'm afraid of Americains est également le sommet d'iceberg de ses dernières productions dans lesquelle il met tout ça encore plus en synthèse.
      bon décryptage...

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    4. "Bon Décryptage" je dois m'avouer trop néophyte pour tout saisir, mais cela fait un sacré canevas pour une émission avec incursion des titres pour appuyer. Rien que "nombre de mesures atypique dans un verse, une intro..." et j'ai envie d'une décomposition. Merci pour cette belle démonstration.

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  3. Je connais pas Steve PERRY, pour les autres ça me renvoie à plein de trucs et surtout Supertramp qui était MON groupe gamin avant d'attaquer Pink Floyd, Barclay et Fleetwood. Je crois qu'on est un paquet à avoir subi ce ras de marée. Le son, la mélodie..tout. C'est après le Logical que je me suis mangé School. SRV .. c'est ma chanson préférée, l'intro et hop, une fulgurance. Bowie, je marche par poignées.. un paquet Ziggy, un paquet "Reality, Hours et Heathen" que j'adore, les années 80, "Earthling / Outside"... bref, par période, je sors les caisses comme des blocs. J'ai un peu tout découvert d'un seul morceau, sur le tard.

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    1. Incroyable comme Supertramp a pu générer cet engouement, faut dire qu'ils avaient la totale pour ce faire et à tous les registres...
      En France ils ont réellement cartonné, après des débuts minimes dit la légende.

      Bowie - gros débat...
      j'ai eu la chance de suivre sa carrière par époques, ma première entrée fut jean genie... de là, tout s'est enchainé... je garde tout... j'écoute et jamais je ne suis capable de "jeter" quoique ce soit, chaque période a son truc, c'est ça le génie...
      THX

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    2. Pour ajouter au cas Sup, je suis un grand fan du 1er album et même du 2ème. La pochette maussade ajoute au mythe. C'est du pur jus, Davis/Hogson dans sa pulpe avant de rencontrer les 3 autres zozos et l'autre dimension. J'ai écouté "Free as a Bird" y'a qq jours, j'avais moyennement accepté ce disque post "Cannoball" à la sortie, c'est un de ceux que j'écoute le plus maintenant.. la prod, les compo, la grosse machine (seul petit bémol .. Hart pour remplacer Hodgson). Bref. SRV c'est un triste anniversaire en ce moment, je mate plein de vidéo .. c'est un ouragan.

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