ROTARY CONNECTION, THE IMPRESSIONS, CLARENCE WHEELER AND THE ENFORCERS

ROTARY CONNECTION, THE IMPRESSIONS, CLARENCE WHEELER AND THE ENFORCERS


Dans une catégorie « don’t forget » un petit florilège d’une époque apparemment révolue mais qui a sorti son lot d’excellences.
Il ne sert à rien d’en dire plus, juste écouter et se laisser surprendre.

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ROTARY CONNECTION « Hey, Love » - Geffen 1971

De gros moyens, des chœurs, un orchestre digne d’un écrin communément variét’ qu’on avait pour coutume d’utiliser dans les prods frenchys de ces années là et qui nous ont fait soit adorer soit bouder…
Un groupe qui a eu son heure de gloire, des musiciennes et musiciens ayant fait carrière telle Minnie Riperton, Pete Cosey ou encore Phillip Upchurch, un groupe qui a également accompagné sur scène en tournée et enregistré avec les grands Muddy Waters (« Electric mud » décrié comme l’album de Muddy Waters les plus mésestimé de sa carrière…) ou Howlin’ Wolf sous l’égide de Chess (cf le film Cadillac Records). Ils ont même enregistré dans les films de Scorsese « the Blues » avec les rappeurs Chuck D et the Roots.
Pour autant je ne crois pas que ce groupe (ici l’album est sous l’estampille « New Rotary Connection ») ait dépassé le stade du succès d’époque, d’estime ou de la sphère d’amateurs avertis.
C’était pourtant à la base une idée de Chess que de créer avec eux un groupe dans la tendance psychédélique, en recrutant des membres d’un groupe rock blanc (« Proper Strangers »), sous la direction de Charles Stepney, Chess records s’offrait là un groupe maison avec des gars peu connus et en devenir. Minnie Riperton était réceptionniste d’échecs…

Cet album s’apprivoise très vite.
Les ingrédients funk, jazz, gospel et une sorte de soupe motownée se mélangent avec bonheur en une production tant authentique que sophistiquée pour l’époque.
Du boulot de studio taillé au cordeau, centré sur le vocal et le piano autour desquels s’organisent des chœurs incroyables de présence spirituelle, une rythmique souple et groovy qui rappelle directement celle (et son jeu) des premiers BS&T. Le travail d’orchestration est d’une rare subtilité et s’inscrit dans le cadre grosse production qui sera une sorte d’étalon qui va inonder l’ensemble de la production musicale à budget pour les quelques temps à venir.
Ce type de production est ce qui imposera l’exigence envers les musiciens conviés aux sessions.
Des musiciens estampillés « requins de studio », capables d’apporter une touche personnelle en même temps que lire et jouer avec précision métrique des partitions issues de grands arrangeurs et orchestrateurs. Des musiciens qui seront très rapidement des références dans le milieu, des modèles, installant la véritable idée de « métier » basé sur un savoir faire dépassant le simple jeu instinctif et étudié dans les universités tant que sur le terrain des gigs de clubs.
En écoutant simplement « Song for Everyman » et tous les événements musicaux qui interfèrent au fil de ce mouvement syncopé on comprend directement de quoi je veux parler, tout comme le titre suivant « Love is » positionné dès l’intro sous l’aura d’une écriture précise et pragmatique, reprenant les usages de styles tels que jazz, gospel ou soul en les synthétisant.
Plus qu’une curiosité de plus voilà bien un album qui ravira les amateurs du genre et qui sait, va redorer un blason semblant avoir été empoussiéré par le temps…
Ah… le temps…

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THE IMPRESSIONS « Finally Got Myself Together » / Buddah Records 1973 ;

Dès l’entrée en drumming de « If It’s in you to do Wrong » je sais que cet album va me plaire.
Tu parles !... créé par Curtis Mayfield, Jerry Butler et Sam Gooden, The Impression même sous cette mouture post Mayfield c’est l’évidence…
Là aussi on va plonger et se souvenir de la bonne vieille recette d’antan, celle de ce Rhodes qui se promène ou groove, celle de ces cordes unies en un kitchissime point d’horizon, celle de ces grattes qui ne lâchent presque jamais rien, celle où les cuivres brillaient de mil feux rutilants, celle où les lignes de basse s’inscrivaient dans la tête collées à la batterie comme deux frangines en sortie du samedi soir.
La saveur d’un vocal lead pêchu, prenant, inspirant, dedans, de chœurs de musicos ayant chacun leur micro, comme à l’église le dimanche matin où l’on refait le monde, la vie du quartier, où l’on croit et l’on prêche (ou l’inverse) en partant dans une transe qui fait oublier de façon intemporelle les temps difficiles… restés difficiles.
D’ici, bras posé sur la portière, la fenêtre ouverte pour économiser la clim et roulant tranquille au fil de cette route qui sinue indéfiniment, inlassablement, cette suave explosion funky fait dodeliner du chef, sourire de plaisir non coupable et apporte un simple brin d’optimisme…

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CLARENCE WHEELER AND THE ENFORCERS « The Love I’ve been Looking For ».
Clarence Wheeler / Sax tenor – George Hughes / Drums – Eric Gale / Guitar – Sonny Covington / Trumpet – Sonny Burke / Organ.

Bon, là ça démarre sur la chapeaux de roue, ça veut en découdre et ça joue un jazz post bop, tendancieux hard à fond la caisse…
« Midnight Burner » et je deviens en deux - deux fou complet de ce solo d’orgue, de ces riffs d’une incroyable précision, envoyé c’est pesé… et sacrément.
« The Heebie jeebie Dance » poussé par la main gauche au Rhodes, incarné par la rythmique de Eric Gale, brisé par des riffs pêchus et déclamé par le solo de Clarence…
On oscille entre un boogaloo et un swing pur jus. Irrésistiblement irrésistible.
Chaque soliste est un pur bonheur de feeling et d’expression.
« Something » - allez hop, on va se revisiter une des plus belles balades des Beatles vision Harrison.
Tout dans ce titre se prête à être créatif… La descente harmoniquement chromatique, la modulation de la seconde partie et voilà bien un argument pour les zicos jazz en veine de récup’ pop… En mid tempo quasi swinguant c’est merveille ! Et Sonny sort le grand jeu faisant ronfler la leslie et tout le toutim… Sans parler de Clarence qui surfe sur ce tapis avec une aisance quasi érotique… si, si…
Ah, et puis cette fin en tierce « picarde » …
D’ailleurs la suite…
« The Love I’ve been Looking For » bien installé dans son 12/8 blues. Bon je n’vous retiens pas, je passe me chercher un verre…
« Broasted or Fried » - on parle de cuisine là et de cuisson… Là, sûr la sauce dessus a pris comme il faut et enfin Eric prend le solo, à la wah wah s’il vous plait… Et fait décoller le sujet encore plus car de toute d’emblée on avait largement pris l’envol… excellent à caler dans une playlist qui vous fera réveiller un peu la soirée ou donner du « peps » à votre barbecue entre amis.
« We’ve only just begun » - il fut une époque révolue où l’on dansait le slow en dancing sur ce genre de balade, avec ce son… baissez les lumières svp que je me rappelle.
Bon sauf que là ça va pas durer longtemps le groove en trumpet solo va vite reprendre le dessus, ils ont le feu, quoi… 
« Hey Western union Man » ; comme un cliché. Sonny a une main gauche de basse de fou tout au long de l’album, ici le Rhodes le tient et l’orgue est l’invité. Clarence rauque tel un autre Clarence qui fit date et réputation chez Bruce.
Ok – l’album le plus fun des trois, à ne louper sous aucune excuse et en plus on vous demandera comment vous avez dégotté un truc pareil ! ...

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Déjà c’t’heure !
Je vais vous dire un petit secret, c’est par Insta où je fouille dans les sites de disquaires vinyles spécialisés à Londres, NY ou autre que je découvre ou redécouvre des trucs pareils…
Et rarement ils se trompent…
En plus, avec les pochettes les gars te mettent un extrait musical, de quoi forcément attiser l’intérêt.
Bref, c’était ma pioche de la mi semaine… parmi bcp d’autres…

à très vite et laissez-vous porter par ces trois pépites là.
ça devrait bien se passer.



Commentaires

  1. Intéressant tout ça, merci !

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    1. Sacrément ! Je suis déjà sur les autres !
      Idem. Largement de quoi se satisfaire
      Merci

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    2. Mon copain REVPOP s'est fait une spécialité de cette soul (aujourd'hui c'est sur la POP BAROQUE Face Book qu'il sévit) soul orchestral. Mon idée en lisant ton papier, que j'avais lu il y a quelques semaines, c'était de replonger mais en picorant de ci de là dans tous les titres pour échanger sur le sujet. Mais ça ne se passe pas comme je le pensais, dès le début de "If I Sing My Song" j'ai su que je n'interromprais pas l'album. Quelle luxuriance. Tu racontes bien les couleurs et aussi peut-être le pourquoi il y a rejet parmi ceux qui ne jure que par une soul proche du Rock & Sueur. Sûrement moins planche, quoiqu'en concert j'en connais des sophistiqués qui pourraient démontrer le contraire. Issac Hayes... Bon, n'empêche quelle joie d'écoute. Du coup j'ai délaissé le reste. Tiens d'ailleurs je pensais à ce que raconte Nile Roger qui regrettait la tiquette SOUL (Pfff) et un disque comme ça se retrouverait bien dans des bacs de pop rock psychédéliques et pas forcément noirs ... les bacs, et même davantage pop que les Blood.. que tu cites. Allez à bientôt c'est que tu avances vite ces temps ci et donc mon retard. Normal je lis, j'écoute et je commente. C'est écouter qui est plus long... que d'entendre.

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    3. Curieux comme nombre de ces groupes sont passés aux oubliettes, période de surproduction pas franchement bien gérée ou ciblée par les labels qui découvraient tout azimut, certainement.
      Mais nombre de noms se sont fait les dents dans ces formations pour ensuite bien décoller, une sorte d'école peut être bien et aussi certainement des paris par les labels sur tels ou tels artistes car ils mettaient tout de même les moyens en luxuriance justement. Et de tels arrangeurs c'est un packaging budget pas négligeable.
      Alors ce son un tantinet kitch parfois, roots c'est sûr mais qui a fait date, c'est toujours un plaisir de le retrouver avec en plus de inconnus du bataillon, bonheur garanti.
      Bonne journée

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