NOUVELLE RUBRIQUE "à eux la parole".

 NOUVELLE RUBRIQUE - "à eux la parole", prochainement sur le blog.


La réalité musicale artistique en France semble et ressemble à une sorte de copié collé qui se perdure de décennies en décennies.
La France n’est pas un pays de musique, on le sait et on ne cesse de vouloir, pourtant, y croire.

Alors quand je dis cela, c’est un constat de surface, car cette surface c’est, de façon massive, le pouvoir resté médiatique des TF1 et Cie mais aussi de la musique façon culture étatisée. 
Pourtant, il serait, par exemple malhonnête de tirer à gros boulets sur les émissions telles « The Voice » et autres réminiscences « Star Ac’ », sans parler des autres chaînes, même si TF1 semble tirer largement et budgétairement le monopole.
Elles ont leur « utilité ».
Reste à définir laquelle et bien cibler tant que comprendre celle-ci.
On parle donc budget, business, pognon et industrie « de la musique » et effectivement (mais c’était pareil du temps des Carpentier et du pire des pires à savoir Guy Lux, ces bulldozers du « divertissement qui ont tout englobé dans le terme varièt’) cette surface plébiscitée par la majeure partie de notre belle population française à laquelle on a appris à « s’en contenter et s’en satisfaire » semblerait – majors à l’appui – être représentative de la musique populaire « à la française ».
J’ai parlé d’Alex Jaffrey qui détone un tantinet dans ce paysage où les coffres forts de Picsou semblent les seuls arbres qui poussent, pourtant, comme au-dessous de toute surface, il faut gratter.
Et en grattant, quel que soit le style/genre/esthétique… ou autre, on sait très bien que la scène et la musique en France ne se résument pas qu’à ceux qui décrochent la timbale télévisuelle pour ensuite sombrer dans un oubli ou être prisonniers d’une étiquette, d’une labélisation, d’un sceau médiatique. Ce, pour finir avec, au mieux des contrats à tablette en chantant dans les restaus locaux, au pire en parcourant l’hexagone sur une mini gloire vite déchue, collant ses affiches dès l’arrivée en ville et se produisant devant 10 fans exacerbés, tout contents de « toucher » et faire signer par leur star(lette) d’un fugace moment télévisuel un autographe collector.

Pourquoi, dans notre hexagone où tout semble partir en vrille, la musique – contrairement à d’autres pays, avec en tête de liste, les anglo-saxons, mais certainement pas que (‘eux) – ne parait pas nous « appartenir », socialement, culturellement, éducativement ? ...
Elle semble non ancrée en nous, mais « annexée » à nous.
Pourtant la musique est largement écoutée, ou encore entendue – mais…
Bon là je n’en suis pas à un paradoxe constaté près…

Ayant enseigné, partagé, défendu et beaucoup si ce n’est tout, donné pour cet art pendant des années, tant en interventions dans les écoles qu’en enseignement dit spécialisé, je crois pouvoir dire qu’il s’agit avant tout d’un phénomène éducatif.
La musique ne fait pas partie de l’éducation, elle ne s’inscrit pas – et ce depuis des lustres – dans le parcours éducatif à la française.
Des efforts afin d’éradiquer ce constat ont été faits, comme créer de toutes pièces un parcours diplômant amenant des « engagés » porteurs d’une réelle mission et d’une vocation altruiste et artistique (j’en fus) à faire « entrer » la musique à l’école. L’école semblant (et étant effectivement) là où tout peut se passer pour inscrire la musique et plus généralement l’art dans le parcours éducatif de l’enfant.
Laissé à la bonne volonté budgétaire des communes, des départements parfois, même des régions, ou encore maintenant des communautés de communes, je vous laisse imaginer où en est ce métier désormais saturé de diplômés, pour une offre des plus précaires question potentiel emploi, tant que salariale.
Nombre s’en cachent, autruches de réunionite préférant imaginer de nouvelles « stratégies » pour un coute que coute (pas un quoiqu’il en coute, je laisse à notre Louis XIV de service, cette phrase), en place de faire constat réaliste.
C’est beau, louable légitime, utopiste même… des ronds de jambes entre potes peu utiles dans une réalité qui évolue à toute allure, dans une société ultra rapide à peine capable d’être suivie au jour le jour.
Donc la musique à caractère éducatif se voulant inscrite dans le parcours de l’enfant dès le plus jeune âge c’est une affaire de : volonté politique, possibilité budgétaire, pire c’est soumis à l’acceptation de la haute hiérarchie de l’éducation nationale, ces inspecteurs et conseillers pédagogiques aux droits de veto sur des projets, toujours « annexés » à la journée des matières principales et soumis, malgré la volonté des enseignants de terrain (dits aujourd’hui professeurs des écoles, le mot institutrice-teur, ayant été banni, pauvre Pagnol…), à leurs bonnes ou mauvaises volontés (foi ?).
Parfois et selon les synergies volontaires ce travail c’est un miracle, une réussite, mais cela reste localement ciblé (et en soit une victoire) - souvent c’est ancré dans la routine et généralement cela s’efface (ou se banalise) du minuscule paysage éducatif culturel à la française.
On va me targuer pessimiste, on va me dire que je me gourre qu’il y a encore des bonnes volontés, des dispositifs, de … l’espoir… à force de l’entendre et de constater, je sais qu’il y a un gouffre et non un fossé entre ceux qui croient décider en se réinventant utiles chaque jour, semaine, mois, année et ceux qui sont les véritables acteurs, sur le terrain.
Désolé, 45 ans d’enseignement m’ont fait cesser d’y croire et surtout de croire en ces effets de manche de bureaucrates, de politiques de réveil de pré – période électorale, et presque pire d’utopistes forcenés.
Donc et déjà dans le système éducatif, ce depuis la maternelle où l’intervention en milieu scolaire pourtant, là, plus que nécessaire, la musique c’est une « annexe ».

Alors dans le système éducatif dit « spécialisé »… école de musique, conservatoire, donc public, ou dans milieu associatif décrié par le précédent … qu’en est-il ?
Choix principalement de la famille, afin d’offrir à son enfant un « plus », promu professionnellement par des enseignants reconnus, diplômés, établis artistiquement et encadré par des « protocoles », des projets d’établissement sous contrôle d’un ministère de la culture de plus en plus fantomatique et désintéressé des racines culturelles du pays, préférant la publicité tapageuse à la vérité éducative, l’enseignement dit « spécialisé » se renferme de plus en plus dans sa coquille.
Il cherche désespérément, après avoir tiré toutes les ficelles possibles de la démagogie, de la démocratisation de l’art, de la lisibilité, du partenariat, de la médiatisation, du clientélisme … de nouvelles « stratégies », de nouveaux « protocoles », de nouveaux « dispositifs » pour échapper au marasme dans lequel il s’est de fait fourvoyé… car en vérité, la musique qu’il souhaite encore enseigner (qu’elle soit classique, jazz ou même musiques dites actuelles) ne s’adresse plus aux gens, ce, même à ceux qui « avant » avaient fait un choix familial, éducatif et forcément budgétaire.
La musique n’est plus déplorablement qu’exceptionnellement dans ces lieux, devenus des monolithes de plus en plus passéistes, découvrant rarement ce que leur public vient y chercher, découvrant avec environ trente années de retard que la musique ne les a pas attendus pour évoluer, avancer, progresser et suivre l’évolution sociale qu’ils n’ont pas été capable de simplement voir de façon utile, humble, affinée ou encore simplement et justement « éducative ».
Aujourd’hui un gamin arrive à de meilleurs résultats sur un tuto YouTube qu’avec un prof… et pourtant il a, malgré tout besoin d’un prof, il faudrait juste que ce prof ait l’humilité de prendre cela en considération en utilisant cette donnée plutôt qu’en s’enfermant dans sa tour d’ivoire et en vilipendant cette simple « réalité ».
S’en servir en place de fustiger et faire grandir à partir de… en place de mépriser…
Et quand/si le prof a tout compris, le monolithe en bon rouleau compresseur administrativement légitimé l’écrase. Enfin heureusement, pas tous… mais les rebelles du système, pourtant tout dédiés à la cause envers leurs élèves restent isolés, dénigrés, peu écoutés, ou mis sous la cloche expérimentale… je les admire et leur courage force cette admiration face à tant d’immobilisme et d’aveuglement (le macronisme n’a pas attendu Macron).

Alors…

Sortir vainqueur de ce fatras éducatif musical en France (qu’il ait été enseigné, ou simplement évoqué à l’école) c’est avoir eu un déclic, c’est avoir été touché par une forme de passion, c’est… au-delà de ces constats réels, déplorables mais pas forcément exclusivement pénalisants, avoir été pris de vocation, d’un sentiment que c’est ça notre vie et que, malgré les critiques, les conseils mettant en avant que ce n’en est pas une (de vie que celle de … musicien-ne), on va s’y consacrer, exclusivement, passionnément et surtout… y croire.

Sortir vainqueur en enseignant, c’est se barrer pour des années d’études sup, déjà commencées en amont ce, souvent dès l’enfance, celles-ci ne se comptabilisant guère si ce n’est par quelques rares diplômes « de conservatoire » censés valider un ensemble de « compétences » et d’acquis.
Une donnée variable, bien trop souvent.
C’est, au sortir, un salaire de misère annualisé et annexé avec le décompte des vacances scolaires, des concours administratifs saturés, des places et postes en mode entonnoir pour une infime élite de soi-disant élus (dont j’ai fait partie et les concours, je les connais bien…).
De générations en générations, il y en a qui y croient encore et y « sacrifient » leurs vies.
J’en ai fait partie.
Je ne le regretterais jamais mais force est de constater que ça ne va pas en s’améliorant, le réalisme a pris la place de l'utopisme… le normatif a remplacé l’artistique… le carriérisme a effacé l’engagement éthique…

Sortir vainqueur en musicien-ne et ce, sans réelle victoire, juste une victoire sur soi et une volonté passionnelle cela implique une vie sociale marginale, ce jusqu’au « statut » d’intermittence qui affiche que l’on est « chômeur », donc sous cette étiquette vous savez très bien les limitations sociales que cela engendre. Il faut donc une sacrée volonté, une sacrée intégrité, être soutenu(e) par une envie, une passion et une patience à toutes épreuves, mais également une famille, des amis et un entourage altruistes, compréhensifs et solides pour que cela devienne, en sus d’un métier, une … vie.

Enseigner et avoir une vie artistique parallèle sont souvent le choix français prédominant, le premier permettant, malgré un statut social qui n’est pas des plus mirobolants, de l’intégrer, malgré tout, cette société et de… si le temps l’envie mais aussi la possibilité, au sortir, le permettent, d’avoir une vie artistique plausible.
Le choix de l’artistique seul… lui,
Peu l’osent, nombre de ceux qui « réussissent » deviennent très vite des pros du dossier, car la France culturelle de « soutien artistique », de festivals, de fanfaronnades en tous genres c’est avant tout comme pour un prêt à la banque, de la paperasse et des justificatifs, de tout, de rien…
J’en reviens à cette surface médiatique qui titille nombre de candidats à l’artistique, ce côté chance, vite fait, permettant de gagner du temps, des années, du fric, de la « popularité » - et d’y laisser, parfois… son âme.
Alors, les autres, vous savez, ceux que vous voyez l’été, solitaires ou en duo, rarement en trio exceptionnellement en groupe, cherchant en vain le cachet déclaré afin d’avoir leurs « indemnités » et se détruisant ainsi que leur passion en racolant musicalement, en s’étant « oubliés » et avec ça leur pourquoi initial… qu’en est-il ?
Déjà, ce que je dis ci-dessus n’est pas général, car, selon les personnes et personnalités, à faire cela on s’éclate… ou on s’alimente.
Et puis il y celles et ceux qui créent, avancent lentement mais surement, se faisant nom, métier, renommée, investissent leurs cachets dans leur propre musique, leurs propres rêves, y croient et choisissent la voie la plus longue, incertaine, sans facilité, sans certitude, mais avec volontarisme, ténacité, passion, forcément.
D’estime ou finalement de réputation, dans un pays qui n’a que peu de velléités réellement artistiques et musicales, ils vont chercher et croient en un autre public et ils ont raison car, en fait, rien n’est perdu d’avance et surtout une fois la surface grattée, leur place n’est pas impossible à prétendre, elle est même preuve d’une vitalité, d’une réalité et aussi d’un espoir qu’un jour, à force, et certainement… cela change enfin.
Je me permets cette image.
Aujourd’hui tout le monde ne va plus systématiquement au supermarché et il s’inscrit progressivement que le « local », le raisonnable, le « petit » c’est qualitativement mieux.
Finalement à côté des majors, via les plateformes, les réseaux (autre débat et pas forcément négatif), si la musique c’était aussi … ça.
Ecouter ailleurs, autrement…
Pas nouveaux dira-t-on… tant de groupes obscurs aux vinyles dormant dans des bacs, tant de lp d’un jour, de démos sur K7…
En streaming, tant de noms…
Trop ? Malsain ? Surfait ? Superficiel ? ...
Détrompons nous…
Nous qui aimions nous pointer avec le truc improbable, que personne d’autre ne connaissait on sait très bien de quoi il s’agit et parfois ce truc improbable se retrouvait un jour boudé par nous-même. Eh oui, il venait de franchir la porte du… succès…

Alors aujourd’hui, comme avant, la musique est et reste investie par une création de tout ordre, par des jeunes qui en veulent et y croiront toujours.

Je vais leur donner la parole ici et ils vont m’expliquer et nous expliquer leur vie, leurs choix et bien sûr leurs projets et nous en parler.

Ce sera une nouvelle rubrique et un nouvel axe du blog.
Et avec celle-ci je vais tenter de montrer, à travers eux, quelle est la « réalité » musicale française actuelle. Et j’espère bien qu’ils tordront quelques idées que j’ai exprimé ici – car on le sait, rien, mais vraiment rien, n’est figé…

A eux la parole donc.



 
 
 

Commentaires

  1. Pas facile à répondre à tout ça. L'enseignement de la musique (mais à la limite tout comme le dessin et le travail manuel) souffre de la prédominance de ce qui mesure "l'intelligence", qui n'est d'ailleurs en l'état qu'une mesure de la capacité de l'élève à répondre à un examen, plus qu'une véritable mesure de cette intelligence.
    Donc, pour ma part, je regrette de ne pas avoir suffisamment écouté les cours de musique, mais ils étaient il est vrai trop déconnectés de "ma" musique.

    Concernant la prédominance de la variété commerciale (il existe une variété de qualité y compris du temps de Guy Lux, Joe Dassin par exemple), je ne crois pas que ce soit un pb français mais mondial. Et peut-être depuis toujours. Même les anglais ont Top of the Pop qui est une institution, mais qui promeut principalement des boys ou girl bands qui savent bien danser et/ou chanter selon les canons de The Voice...
    Mais quel est le pb si c'est ce que veut le peuple? Comme j'ai l'habitude de le dire, dans un monde parfait, Arte aurait 50% de part de marché... Et c'est très bien que la bonne musique ne soit pas si bien connue que ça (et même quand elle est faite par de bons artistes, la plupart de leur musique est connu pour de mauvaise raison), car elle est d'autant plus précieuse. L'art mélange depuis toujours la création artistique avec le commerce. C'est juste que le milieu de la musique a pu à un moment donné laisser entendre que l'argent pouvait y être facile. Il n'était sans doute pas normale de gagner autant d'argent en sortant un 45T qui marche... et de ne pas avoir besoin de travailler après.

    Je comprends ce certain découragement. Mais je crois qu'ils touchent aussi le milieu enseignant plus largement. Avec certains qui ont la foi, la vraie, celle de faire progresser la nation à travers leur investissement, et puis il y a les profiteurs qui ont trouvé un job pur en faire le moins possible. J'ai plusieurs amis dans l'enseignement (au collège et après le bac), et ils sont consternés par le comportement de certains de leurs semblables.

    Maintenant, je comprends qu'il y ait un sentiment de lassitude et d'ingratitude à l'égard de ta profession et de ta discipline. Mais je dirais qu'on est aussi face au fonctionnement de l'être humain et de ses paradoxes. Il préfère aller au plus simple et au plus facile. Pourquoi comprendre la complexité du monde quand un homme politique populiste ou un youtubeur te le résument en deux phrases? Quant aux politiques, ne nous trompons pas, on a tendance à trop attendre d'eux (peut-être parce qu'ils veulent nous faire croire qu'ils sont plus grands qu'ils ne sont) mais ils sont élus par le peuple et lui servent majoritairement ce qu'il veut, (et on ne peut pas lui en vouloir) sauf quand c'est trop compliqué pour qu'il comprenne... Moi, sachant ça, je refuse l'idée de faire des referendums. Quand on voit ce que cela a donné avec la "constitution" européenne... C'est à celui qui sera le plus démagogique ou des arguments de comptoir... Parce que pas grand monde cherche à comprendre un problème dans son ensemble (y compris pour les retraites si je devais lancer une polémique).

    Bref, même si j'aimerais bien que les choses bougent, que l'intelligence, l'authenticité et le talent priment, je sais que ce sera toujours l'artifice et le superficiel qui auront raison. Rendre le monde meilleur, ça part plus d'individus comme toi qui prennent leur bâton de pèlerin en espérant faire bouger à leur petite échelle les choses. Je suis toujours admirative de la foi, qu'elle soit religieuse (quand elle n'est pas fanatisme) ou dans une cause altruiste qui donne envie de se battre. Ces personnes rayonnent d'une lumière qui illumine les gens qui les rencontrent. Je crois que tu as été un de ceux là dans la vie de pas mal de tes étudiants.

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    1. D'abord merci pour ce long commentaire et les réflexions qu'il peut engendrer.
      Je te rejoins sur nombre de points, c'est évident.
      En premier lieu je n'ai rien contre la musique "à succès" et en tant que musicien elle m'a bien permis de vivre et me le permet encore, en tant que prof elle a très souvent été la porte d'entrée pour permettre à mes élèves et étudiants d'aller au delà et de partir ailleurs (ou pas selon leurs choix que j'ai toujours respecté en les aidant - ce encore car j'ai la chance d'avoir encore des relations privilégiés avec nombre de mes anciens élèves - ces choix, d'ailleurs ils les auront fait en connaissance de cause et justement parce que l'éducation leur aura permis de le connaitre cet "autre chose").
      Si j'ai cité les deux inévitables de la télé c'est parce que ado, quand nous le cherchions, cet "autre chose" eux masquaient bien la forêt et si aujourd'hui je suis et sais être capable d'apprécier des artistes qui inondaient l'écran à leur très juste valeur, cela n'a pas été un chemin personnel simple.
      Hier avec l'un de mes meilleurs amis lors d'une répétition de groupe dans lequel nous jouons, constitué d'enseignants (on s'assemble à la retraite...) on a parlé de ces constats de dégradation culturelle, même en musique populaire. Le débat n'est pas neuf, déjà mon père en écoutant "The Jean Genie" de David Bowie était atterré et me disait qu'il ne comprenait pas une "musique" qui répétait sans cesse la "même chose" - face à cela, élève au conservatoire, j'étais effectivement à cours d'arguments, mais ces positionnements m'ont aidé justement à, par la suite défendre toute forme de créativité et surtout essayer de comprendre pour mieux transmettre et permettre à l'élève de savoir simplement se positionner.
      Une des dernières élèves que j'ai eu a été toute surprise lors de son premiers cours de claviers en totale débutante, de deux choses : 1/ que je lui demande de me faire écouter son titre préféré du moment , c'était du rap et j'ai écouté attentivement l'intégralité du morceau alors qu'elle même avait le doigt sur le bouton zapping... ou stop. 2/ que je puisse le transcrire et le jouer en l'espace de trente secondes mais mieux qu'elle sorte du premier cours d'une demi heure en étant capable de le jouer elle même...
      Donc on a admis et même revendiqué le fait d'avoir usé toute notre carrière de ces musiques qui au fil des décennies ont évolué, changé, muté, mais qui restent immuablement simples d'approche avec une entrée non démagogique mais utile et surtout respectueuse face aux élèves.

      Je suis d'une génération où l'enseignement de la musique était littéralement coupé de la musique populaire et où le rock puis le jazz sont apparus comme des alternatives soit rebelles soit légitimables, convenables et surtout "sérieuses" - ainsi il n'est donc pas étonnant que le rock prog ait eu les faveurs de nombre d'élèves des conservatoires de ma génération, comme un jazz disons "sophistiqué", négligeant par exemple le jazz Nouvelle Orléans.
      Alors que... le jour où l'on m'a engagé comme batteur dans un groupe cover Police j'ai foncé de même quand un groupe de Dixieland m'a convaincu que je devais savoir jouer cette musique, ou encore le bal musette, il m'a fallu "apprendre" et comprendre et y parvenir - ce n'était pas ma sphère de compétences et je devais m'y mettre.

      Maintenant et c'est un débat que j'ai souvent avec mon épouse, par exemple, il est sûr que si Arte détenait le plus haut vecteur d'audience je ne suis pas certain que cela soit acceptable, cela voudrait signifier qu'un manque réel - un autre manque - s'est immiscé dans notre société.
      Il faut donc de tout et accepter ce tout.
      D'ailleurs je ne regarde jamais Arte, ou très rarement - ça me gonfle - et je n'écoute pas France Musique qui m'est insupportable, ces présentateurs et présentatrices me rappellent les inutilités que je n'ai que trop connues dans mon boulot.



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    2. La difficulté maintenant est de vivre de SA musique.
      Là encore rien de bien nouveau et cela a toujours été même chez les compositeurs classiques dont la plupart, d'ailleurs étaient... profs... (Mozart, Bach, Schubert, Beethoven, la liste est très longue... Vivaldi eut un succès en son temps puis a sombré totalement dans l'oubli - c'était et reste un faiseur de tubes très populaire).
      Et là, je ne parle pas de choix commercial ou non, car c'est un coup de poker que cela.
      On compose une musique, une chanson - on se paye zicos, studio, mastering, diffusion (aujourd'hui en streaming) puis un jour... ou pas... le tout est au de là du simple fait "d'y croire", c'est bien plus fort que cela - ça ne s'explique pas, c'est juste... là.
      Vocation, envie, passion certainement.
      Ce n'est absolument pas une "science" exacte.
      Mais ce que je constate aujourd'hui par contre c'est que l'accès indépendant, libre de tout label, bref l'autoproduction est vraiment un vecteur génial pour créer une sorte de fourmillement créatif tout azimut. En cela le net, au delà des critiques que cet accès multiple à l'art a pu engendrer, c'est vraiment le truc génial...
      Regarde les blogs, les échanges et la libre parole.

      Tu évoques la politique, les politiques... l'autre débat...
      L'art n'a pas besoin d'eux et quand il en a besoin c'est de l'art de dossier, de l'art de ministère de la culture, de l'art de récup', formaté pour, calibré novateur pour, etc... le pire du "sérieux" - eux en ont besoin quand ça les arrange.
      Ca peut se résumer ainsi et finalement c'est bien ainsi, car ce sont des mondes et des personnalités aux antipodes.
      Je n'attends effectivement rien et n'ai jamais rien attendu des politiques.
      Ils font leur boulot, certains très bien d'ailleurs et certains sont enclins à s'intéresser à l'art...
      d'autres...
      j'ai fait le mien et je continue à faire de la musique cela n'interagit pas vraiment.
      Ca se croise, parfois... et certaines rencontres peuvent être enrichissantes de part et d'autre.
      Tant que le respect est là.
      Et puis ce n'est pas parce que l'on est un "politique" qu'on n'aime pas Picasso, Wagner, Sting, Johnny ou même Motorhead, ce n'est pas incompatible et parfois cela permet justement des festivals, des espaces dédiés, etc...

      Lassitude et ingratitude ne sont pas vraiment des sentiments que j'ai, même si parfois cela peut paraitre, j'en suis conscient.
      Et tu as aussi mis le point sur un truc essentiel, l'affaire de personne... mais ça en enseignement il n'y a pas que dans l'art, même si le côté sensible dû à l'art exacerbe quelque peu. Une, un prof qui sait partager, et c'est souvent une vocation qui naît.
      Et comme dans tous les métiers y'a des blasés (mais ils le sont du départ en général ou le deviennent très vite et c'est irrémédiable).
      Je n'ai effectivement jamais été blasé par mon métier. Je l'ai choisi en connaissance de cause pas comme une de ces sortes de "missions" genre illumination... juste parce que, un jour, dans une loge de spectacle, face à un public acquis d'avance (opéra) et enfermé dans sa microbulle culturellement appauvrie j'ai décidé que si ma vie de musicien se résumait à cela ce ne serait pas possible... qu'il fallait juste prendre et non reprendre - car à cette époque l'enseignement de la musique était encore par trop élitiste - les choses à leur base si l'on voulait que, comme tu dis, "cela change".
      Et la base pour moi fut l'évidence du partage par l'enseignement... C'est aussi simple que cela... et ça a duré... 45 ans...

      Long comm', longue réponse.
      merci.
      Bonne soirée.

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  2. Je viens sur ce papier via le dernier qui l’évoque comme introduction à « À eux la parole ». Je l’avais loupé donc. Ce papier et l’échange qui suit avec Audrey ouvre tellement de portes.
    J’ai souri à « Nous qui aimions nous pointer avec le truc improbable, que personne d’autre ne connaissait on sait très bien de quoi il s’agit et parfois ce truc improbable se retrouvait un jour boudé par nous-même. Eh oui, il venait de franchir la porte du… succès… » mais je me targue de n’être jamais tombé dans l’aspect boudage.
    Je suis moins sévère que toi sur des chaines comme ARTE et Radio France, j’y ai rarement perdu mon temps. En revanche je ressens ton sentiment, je le ressens dans cet épisode de Didier Super invité par erreur sur France O, je t’invite à regarder, logiquement la provocation de Didier devrait être puéril mais le ton en face rehausse à mes yeux sa posture https://www.youtube.com/watch?v=N4iCXyTEkm4&t=14s
    La musique et l’enseignement. A mes yeux et avec beaucoup moins d’arguments que les tiens, je considère que la musique mérite d’être enseigné comme l’est la langue française. Tellement de similitudes : Compositions et littératures, solfège et écritures, histoire à ce que dans notre vie nous ayons des clés pour continuer à nous enrichir. En ce qui me concerne la musique m’apporte en équilibre et bonheur de vivre autant que la lecture. Des outils pour m’exprimer, des limites à dépasser etc…
    Pas de chance pour moi, pas de drogue miracle pour lire très vite et ne rien perdre et apprécier dans son entièreté une œuvre musicale dès la première écoute. Tellement à découvrir et une vie trop courte.
    Pas de drogue mais en attendant pas mieux que l’enseignement, c’est par l’enseignement que j’ai pu rencontrer des prof de français passionnés de littératures, de philosophie et moi qui me considère comme un citoyen moyen j’ai pu m’élever en partie grâce à eux.
    Tu imagines si la musique suivait cet exemple, être auditeur comme lecteur éclairé serait tellement énorme.
    J’entends : et les autres arts ? Même raisonnement ? Disons que musique et littérature sont matériellement plus facile d’accès, pour au moins former lecteur et auditeur. Le chemin de la création est probablement plus complexe à saisir.
    Bon je pars sur l’interview.

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  3. J'ai relu les commentaires d'Audrey, je lis attentivement le tien.
    Le sujet est vaste et ouvert et les opinions à cet égard c'est souvent selon les parcours personnels, au fond.
    Mais dans les grandes lignes on est communément d'accord.
    Je prendrais donc juste ce qui forcément m'interpelle dans l'idée que le prof passionné peut être un déclencheur pas forcément de vocation ou métier futur, mais déjà d'intérêt pour...
    Je pense qu'on touche là l'essentiel de ce qui est justement éducatif.
    Et le rôle des enseignants est et doit être de susciter cet intérêt, d'amener à...
    Et ce, quelle que soit la "matière" (l'horrible" mais commun mot) enseignée.
    En sport amener vers, par exemple, autre chose que le sport le plus médiatisé, sans le négliger pour autant ou le mépriser.
    La géographie peut amener à l'envie de voyager, comme l'histoire d'ailleurs?
    Tu parles de littérature, j'ai eu la chance d'avoir des profs littérature et philo extraordinaires - je sais donc pourquoi j'aime tant écrire.
    Je n'ai jamais pu m'associer aux maths, je sais aussi pourquoi...
    Et en chimie, je faisais mes exercices d'harmonie...
    Mais il en va de même certainement pour tous les arts - je me souviens en collège d'un couple de profs français/histoire-géo qui nous mettaient en situation théâtre, peinture, musique, cinéma et bien entendu littérature de tout ordre et ce, associé à histoire et géographie. Ils suscitaient par la pratique d'atelier, l'intérêt... Et je n'ai pu y échapper.
    Si j'ai choisi d'enseigner la musique c'est pour ne pas exclusivement la réserver à ceux qui, potentiellement, en feraient... mais simplement pour que celle ci entre dans la vie de celles et ceux qui ont croisé mes cours.
    Sans auditeur... pas de musiciens... et les musiciens, crois moi, sont de très mauvais auditeurs... pire bien souvent ils n'écoutent que ce qui se réfère à leurs usages professionnels et pire encore là c'est de façon vraiment étriquée. Je vais me faire tirer dessus en affirmant cela, tant pis, ce n'est pas la première fois que je le dis publiquement ou l'écrit...
    C'est donc un axe de curiosité culturel qu'il faut savoir développer et je me suis engagé là dedans il y a plus de 45 ans... sans jamais être découragé de le faire et en continuant à être en curiosité permanente moi même.
    A plus sur l'autre article.

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