NICK WATERHOUSE, JONATHAN JEREMIAH, ANN-MARGRET, JOE BONAMASSA...

 NICK WATERHOUSE, JONATHAN JEREMIAH, ANN-MARGRET, JOE BONAMASSA...

Le « vintage », le son « oldies », la chaleur du vinyle, des vieux amplis, de l’orgue hammond, le vieux Shure, la K7…
Flashback, effet de mode, nostalgie, redécouverte du « passé » …
Je ne m’en plains pas, j’y retrouve forcément « des marques » et beaucoup se sont engouffrés dans la brèche, un revival jubilatoire.

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NICK WAREHOUSE « The Fooler » / Innovative Leisure 2023.

Voilà un gars qui a fait une fixette type « arrêt sur image ».
En gros un peu plus d’une décennie pré-sixties et sixties.
Directement des noms surgissent, Orbison, Elvis, mais aussi Velvet, et pas que…
Blues, rock’n’roll (« no commitment »), soul et rythm’n’blues (« the problem with a street »), doowop, pop désuète rhumbaïsante (hide and seek ») ;  le gars connait son sujet par cœur, jusqu’à l’identité vocale (et son mix toujours un tantinet saturé / « Late in The Garden »), dans le jeu, le grain et le choix des amplis de guitares comme dans le son sec et médium de la batterie en passant par la basse pas énorme mais tellement là en lignes instantanées et bien sûr le piano honky.
Des chœurs en reissues directement des raylettes et autres obligatoires récup’s soul/gospel ainsi que des cuivres fortement Stax viennent ajouter la touche so much ou too much (au choix de l’auditeur).
Il pousse le truc jusqu’au timing d’environ 45 mn facilement transposables en deux faces.
Ses chansons suivent des progressions et usages harmoniques réutilisant les clichés de ces époques bénies sans pour autant être copies conformes, c’est « à s’y tromper ».
Cela parait désuet ou rétro selon l’appréciation… jusqu’au look il va de soi.
Mais/et ça fonctionne au-delà de l’imaginable et c’est bien vers cette image que l’on se laisse transporter même quand (« Was it you ») ça flirte en proximité vieux noir et blanc avec BO.
J’ai directement, à l’issue de cet album, écouté ses autres productions – même plaisir, même constat, même bonheur, même immersion.
Cette plongée vers le « passé » est juste excellente.
Un bain de jouvence.

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JONATHAN JEREMIAH « Horsepower For The Streets » / PIAS Recordings 2022.

Ce côté soul immédiat insiste dans l’esprit.
Il est renforcé par des cordes et des chœurs réverbérés qui semblent presque omniprésentes.
On part directement vers des contrées soft qui « imagent » soul en étant portées par l’accompagnement soutenu et implacable de la guitare.
De sa voix chaude Jonathan Jeremiah nous « parle » directement, sans véritable détours, avec ferveur, un brin de mélancolie et une certaine souplesse pesante.
La recette reste la même du début à la fin, une rythmique qui groove (« ten-storey fallin ») principalement ou essentiellement autour de la guitare (« lucky »), un rare piano, vétuste, abîmé (« early warning sign »), des voix enchanteresses (franchement quelle idée géniale que cette association) qui tendent vers un paradis imaginaire, des cordes inévitables qui contre-chantent en permanence (carrément des mélodies dans la mélodie, là encore quelle idée formidable), renforcent émotionnellement chaque titre (« sirens in the silence ») et augmentent en aigus l’ambitus généralement médium grave dans lequel l’on se serait enfermés, mais vers lequel, au final, l’on est indiciblement attirés.
C’est un album dans lequel l’on entre de façon prompte, immanente et qui en l’espace de quelques chansons, réduites au minima, nous oblige à rester, comme si une sorte d’essentiel en émanait, comme s’il était impossible d’en échapper, comme si l’on était pris au piège par cette atmosphère dense, d’une rare présence, sournoisement portée par une sonorité et une production intemporelles, assez compactes et immédiates.
Obsessionnel tant qu’addictif (The Rope »).
Seule chose à faire, se laisser faire car de toutes façons, une fois posé à l’écoute, cet album ne vous lâchera pas et ce, certainement pour des heures de réécoutes.

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ANN-MARGRET « Born To Be Wild » / Cleopatra Records 2023.

Là, pour le coup, faire plus « vintage » sera bien difficile.
Voilà bien le genre d’album dans lequel on entrerait presque à reculons, mais… la vilaine curiosité obligera à franchir le pas.
On jette un œil sur la liste de « reprises » (je préfère ici ce terme au redondant « cover ») et on se dit que se fader une énième version de « Can’t take my Eyes », un saucisson tel l’insupportable « Volare », ou encore des trucs comme le que fait-il là « Rock around the Clock » c’est bon, j’ai donné.
Puis on aimerait tout de même savoir, après tout, ce que deviennent « Bye Bye love », « Born to be Wild » ou encore « Teach me Tonight ».
Finalement, poussé par ladite curiosité, on se décide à entrouvrir la porte et là !...
Bon de génie il n’est point question, d’ailleurs ça fait bien longtemps que cette question est rare à effleurer, mais par contre côté fun et pur plaisir là aucun doute, c’est tout sourire que, allez, sans plus d’hésitation, la porte va s’ouvrir en grand et on va s’installer en oscillant quelque peu du chef, en se dandinant ostensiblement et en montant progressivement le son jusqu’à un volume déraisonnable.

Il est donc temps de se renseigner et de, pourquoi pas, comprendre pour y voir plus clair.
Ann Margret vient donc d’enregistrer cet album à l’âge de … 81 ans.
On se souviendra (ou pas) qu’elle a côtoyé le rock’n’roll en actrice, comme par exemple dans « Viva Las Vegas » aux côtés du King et bien entendu qu’elle était la principale actrice/chanteuse (dans le rôle de Nora) du « Tommy » des Who version Russell.
Ann Margret, pinup de « Bye Bye Birdie », également chanteuse de standards réalise donc son « rêve » d’enregistrer un véritable album de rock (souvent ‘n’roll).
Alors rien de bien surprenant de remarquer qu’ici elle s’est entourée entre autres de Pete Townsend, Steve Cropper, Robben Ford ou encore de Joe Perry aux guitares. Pat Boone vient tirer le trait d’humour kitch pour « Teach me Tonight », Paul Shaffer ou encore Rick Wakeman s’installent aux pianos, Brian Auger à l’orgue et The Fuzztones jouent le rôle-titre.
Bref les amis de longue(s) date(s).
Le son est antique à souhait, la voix rauque et rock impressionne, l’énergie qui se dégage ici fera bouger les Ehpads à l’heure du gouter et transformera la salle TV en salle de fêtes pour une boum qui laissera le personnel sur le c…
Simplement jubilatoire et au passage merveilleusement joué et réalisé.

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JOE BONAMASSA « Tales of Time » / J&R Adventures 2023.

Allez, le grand Joe sort encore un album, un live, encore un… mais Joe est en quasi permanence sur la route, alors…
La surproduction du guitariste est kilométrique, le fan le suit de galettes en galettes, le curieux pioche par ci par là. J’ai donc poussé la curiosité, comme souvent avec lui et comme toujours avec lui je me suis retrouvé collé au mur du son, impressionné comme d’habitude par cette technique avec immense feeling, scotché par ce high level tant musical, qu’instrumental ou encore d’exécution.

Joe Bonamassa n’a pas besoin de s’imaginer ou penser vintage, il puise tout simplement dans ce qu’il y a de plus profond quand on parle rock, aussi tant en jeu qu’en son – ce même si celui-ci est forcément mixé et rendu actuel – on peut se satisfaire de ce qui est estampillé aujourd’hui « classic rock ».
Qu’un tel terme ait fini par s’installer m’effraie un peu au regard du constat de décennies qu’il regarde désormais de loin, mais c’est ainsi et la liste en mode rubrique nécrologique n’arrange pas les choses.
Bon, après une redoutable amusette qui permet de « faire le son », régler les amplis, tricoter un peu les doigts et se chauffer communément et conjointement, Joe ne trainasse pas à entrer dans le vif de son sujet favori, le blues, le rock blues, bref, là où on l’aime, là où l’on est bien et en communion avec lui.
Un peu d’oriental-rock mode à la Zep Kashmir en sus, histoire de tricoter la gamme mineure harmonique (ils aiment ça nos guitar héros – Satriani en tête) et voilà pour le packaging global de ce brûlot jouissif à l’excès.

Sa guitare sous chant, puis en soliste est au centre de chaque instant, elle attire, elle attise le feu, elle est attractive.
Ici les chœurs c’est la grande classe, là, l’orgue mais aussi pianos qu’ils soient électriques ou acoustique, c’est du lourd.
Là encore la rythmique c’est, en immédiat, de la lave en fusion, comme si sans préparation préalable le volcan balançait sa plus intense éruption.
Ca nuance aussi, ça fait participer un public à fond et heureux, entièrement embarqué dans la cause musicale intense qu’il se prend en pleine face.
Alors on se dit qu’on aurait bien aimé y être là, ce soir de magie au Red Rock Amphithéâtre et que si Joe franchit l’Atlantique pour venir sur le vieux continent flamber un peu ses amplis ce serait cool de prendre le billet car ça devrait être inoubliable.
En attendant on peut largement se satisfaire de ce live « de plus », ou encore des autres… sans parler de tous ses albums studios – Bonamassa c’est au-delà de la « valeur sure », c’est juste le plaisir en garantie.

Allez, bon début estival à vous tous.
 




Commentaires

  1. Un petit coucou et un grand merci, surtout pour JONATHAN JEREMIAH, gros coup de coeur je me suis attardé sur ce timbre de voix et ses compositions pénétrantes. Ici sous la pluie l'humeur est au diapason. Nick Waterhouse que je suis de loin en loin, comme le dit Laspyke "Nick Waterhouse a la nostalgie élégante" pas faux, et quand tu cites Orbison je ne résiste pas. Il me manquerait a tomber sous le charme du chant, pas encore, pour Roy il m'a fallu du temps..Bon signe. Haaaa Ann-Margret, effectivement ses reprises ont déjà été bien .. reprises... Mon souvenir à moi c'est la dame dans la version de TOMMY de Ken Russel, une bien belle dame et son chant c'était bien adapté. Du coup je m'étais procuré sa période Lee Hazlewood. Tout de même je découvre "Somebody's In My Orchard" qui a de la gueule.
    Bonamassa je me le réserve au retour dans ma cabane musical pour pousser le son. A bientôt. Au fait j'oubliais.. mais je vais continuer ailleurs.

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    1. Pour Jonathan Jeremiah, j'ai écouté ses autres productions. idem, même sensation de ne pouvoir en sortir.
      Nick Waterhouse même chemin, constat similaire et ce son !
      Ann Margret a accompagné pas mal de mes trajets ces temps, un album au delà de l'anecdotique. Je vais de ce pas chercher ce qu'elle a fait avec Hazlewood, ça m'intrigue, je ne connais pas.
      Quant au tenant en titre de la guitare high level, t'inquiète dans la cabane avec le son, ça va dépoter, t'auras plus qu'à t'y croire.
      Merci d'être passé - et pour l'ailleurs pas encore trouvé de réponse mais je vais essayer en mode public dès 5 mn et tu me diras.
      merci du passage et également de ton comm' sur les questionnements chez Audrey et Francis
      à +

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