COMPIL « WINTER IS COMING »
COMPIL « WINTER IS COMING »
Comme devenu habitude, reprendre la compil' publiée sur le blog :
Face A.
01- Etienne Daho – « Quatre Hivers » - Album « Pour nos vies
Martiennes » / Parlophone-Warner 1988.
Autant commencer l’hiver avec quatre… et rendre ça encore plus long.
Je me souviens bien de la dahomania en ces années là – on voulait le classer
varièt’, mais étant passé régulièrement à Rennes et ayant rencontré pas mal
d’acteurs de cette scène de façon tellement anarchique et informelle, je savais
qu’il s’agissait vraiment d’autre chose… un vrai truc rock et un microcosme qui
allait faire bouger les lignes musicales française, rien de moins, rien de
plus.
Je suis inconditionnel de Daho.
Etienne Daho…
Il est l’un des artistes français qui auprès de nombre de mes amis musiciens
fait le plus débat.
Souvent, c’est sa voix qui est à l’origine de ce débat puis vont s’enchainer
les idées sur ses mélodies qui n’en seraient pas et ses compositions fustigées
pauvres…
Face à cela j’aime à opposer ou plutôt comparer avec certains artistes
anglo-saxons et surtout prouver que s’il entre en débat c’est justement parce
qu’il s’assimile et peut directement se mêler à nombre d’entre eux. Daho
appartient à cette sphère pop-rock et le son british pop qui est maintenant
reconnaissable chez lui, sans parler de son penchant vers la tech electro qu’il
n’a jamais cessé d’avoir.
Daho est venu il y a nombre d’années se perdre dans la salle du Carré Gaumont
de Sainte Maxime.
On y a mené nos élèves et nous avons passé un moment extraordinaire l’après-midi,
en VIP aux balances, le soir lors d’un concert au mix live passionnant,
captivant et tellement loin des habitudes des ingé sons du domaine chanson,
rock Fr, etc…
Une sorte de plongée indé en direct, un son hargneux, nerveux, torride et d’une
phénoménale intensité.
Ce son que j’avais presque honteusement adopté avec son LiveEd, car déjà, en ces
temps la Daho mania ne semblait pas correspondre avec une idée d’artiste rock à
la française.
Bien curieux tout ça…
02- Björk – « Aurora » - Album « Vespertine »
/ Björk Overseas Ltd – One Little Independant 2001.
Que les geeks du joujou electro ne l’oublie pas… Ici on dépasse le joujou on
est dans le génie.
J’ai eu du mal à me remettre d’un tel choc quand c’est sorti – il y avait tant
et tellement à ingurgiter… à saisir, à comprendre… et cette voix…
L’hiver c’est aussi l’image de ces anges, dans le froid – comme elle…
J’ai bien failli ne plus jamais écouter Björk…
et cet album…
Pourquoi ? Car lié à deux moments ou situations pas génialement agréables
avec leurs lots de constats résonnants…
1/ Dès sa sortie « Vespertine » a été l’objet d’une récupération en
tous genres à commencer par cette prof venue prôner l’électro-acoustique à un
public que, du haut de son piédestal, elle considérait comme des blaireaux
béotiens, lors d’une très longue formation qui m’a – afin d’obtenir un diplôme
sésame salutaire – accaparé trois années de vie. La dame, à l’ego
surdimensionné avait enfin trouvé dans la musique « populaire » une
artiste (féminine, donc, de surcroît – et ne vous méprenez pas en me lisant)
qui pouvait s’assimiler à une certaine musique contemporaine électronique dont
elle se voulait fer de lance…
Cette récupération intellectualisante m’avait écœuré d’autant que son
argumentaire pour ce faire était truffé d'irréalisme, c’était juste une
« posture » afin de se penser apte à descendre d’un piédestal où elle
s’était placée… d’elle-même. Elle n'y connaissait rien à la musique qu'elle tentait ici de récupérer par pure démagogie "pédagogique".
Lamentable.
2/ Concours CA musiques actuelles. Lieu, immense hangar (ou du moins vécu comme
tel) de passage de concours à Arcueil. Consigne, repiquer le morceau sur le CD
qu’on vous distribue et que ce repiquage soit exploitable par des musiciens.
Ce, parmi d’autres épreuves genre paperasse tant pédagogique qu’administrative
à remplir.
Je mets le casque… m… Björk… et un extrait de cet album.
J’ai regardé les candidats autour de moi… ça grimaçait ferme.
J’ai sorti mon papier musique, mon crayon gomme. J’avais 5h pour tout faire.
Au bout de 2 la salle commençait à se vider, puis au bout de 3… têtes hagardes,
ras le bol désabusés ou sourires confiants, selon. Je suis resté un peu plus
longtemps que 3h, j’avais… fini…
J’ai rendu la copie, signé le registre, embarqué mes affaires, descendu
l’escaliers 4 à 4, foncé à la station et filé chez oncle et tante.
Ça puait, tout puait en ce lieu et cet espace. La suffisance, le mépris, le
regard pesant de l’autre, la concurrence.
Le trajet métro m’a ramené à d’autres souvenirs, bien plus merveilleux. Arrivé
à destination, on a fêté, rit, passé une belle tranche de vie et… comme pour
oublier ce bien triste moment de ma vie (j’avais pourtant réussi le concours-ce
que j’ai su forcément après), j’ai rangé « Vespertine » au fond du
placard et ne l’ai jamais ressorti…
03- Aurora – « Winter Bird » - Album « All my demons
greeting me as a Friend » / Decca 2016.
Sortie de l’univers Disneyen… Découverte il y a peu alors que je cherchais
quelques pistes nouvelles.
Directement adoptée… Des albums magnifiques, des chansons irréelles.
On découvre toujours des trucs miraculeux.
Elle, je l’ai trouvée au fond du florilège nouveautés de mon streaming en
faisant… mon boulot.
Je cherchais, lors du second confinement, des titres à faire repiquer (tiens
donc, une obsession post lointain concours que faire cela ?) à mes élèves.
Ma set list contenait du rap, un soupçon de pop, de l’indé pas trop ravageur et
je clique là…
Arrêt sur image sonore.
Fascination vocale, musicale, ambiance…
Il est d’excellentes surprises, même si celle-ci a émergé de l’univers
disneyen… l’intérêt d’ignorer les choses et de découvrir seulement la musique,
sans critique, a priori ou même idée de ce que cela pourrait être.
04- Franz Schubert – « Wasserflut » - Winterreise par Dietrich
Fischer Dieskau & Gerald Moore / DG 1972.
J’ai étudié ces lieds de Schubert. Il faut exprimer en un temps minimum
poésie et musique et cela fait partie je pense, des plus grandes difficultés
musicales d’interprète qu’il soit. Tout exprimer en l’espace d’un temps minime
et laisser cette expression rester dans l’espace-temps comme éternelle.
Ici on a affaire à la version de référence. A-t-on fait mieux depuis cette
fusion musicale, ce duo ?...
Je n’en suis guère sûr.
Il y a bien longtemps, fasciné par ces lieders (Schubert et
Schumann) je me suis mis en devoir, élève chanteur lyrique du conservatoire de
les travailler et ensuite (ce qui fut fait) les donner en concerts.
Aline a été mon amie accompagnatrice, mais ces œuvres témoignent que ce terme
est bien réducteur quand on sait la place égale que le piano a par rapport au
chant.
Chaque lied est court, car chaque poème l’est souvent. Parfois même il n’y a
nulle ou si peu d’introduction instrumentale qu’il faut en fait comprendre
qu’il s’agit là d’une forme de cycle où extraire l’un ou l’autre de ces lieds
est comme stupide ou inutile. C’est un tout, fait de petites pièces de puzzle
et le plus difficile est de donner à chaque pièce, en un
« instantané » sa vérité. Puis de passer à la suivante, et ainsi de
suite.
On en sort épuisé de concentration, de densité et d’énergie musicale et
expressive.
Mais on en sort… grandit…
05- Jan Garbarek – « Dis » - Album « Dis » / E.C.M 1977.
Du fond de son fjord Jan a pris ses flutiaux et jette dans l’immensité
glaciale ces mélodies ancestrales sur ce bourdon qui n’est autre que cette
étendue liquide sombre et persistante, belle et reposante recouverte d’une
brume épaisse et opaque.
Garbarek, l’hiver… une vision indissociable.
Garbarek, E.C.M.
Tous ceux qui lisent ici de temps à autre connaissent mon addiction pour le
label, ses producteurs/ingé son et ses artistes.
C’est par Garbarek et Rypdal, puis Towner que je suis entré dans cette
fascination E.C.M.
On cherchait un truc entre le prog, devenu trop virtuose et redondant, et le
jazz pour lequel on ne pigeait pas vraiment grand-chose.
« Sart », « Odissey » et « Diary » se sont
trouvés sur nos chemins et avec eux les heures de planantes collectives ont
pris une autre et nouvelle dimension, les distances se sont élargies et le
voyage a peut-être pris des formes non plus abstraites mais imagées. Comme si
ce nord hivernal et forcément pensé glacial devenait un fantasme imaginaire.
Un de mes rêves de toujours, partir de longs mois dans ces contrées, ces fjords et ... y écouter Garbarek.
Je crois que c'est comme aller à N.Y et écouter Bird, Duke... rapport direct.
06- Sting – « The Hounds of Winter » - Album « Mercury
Falling » / A&M records 1996.
Après la série à succès, un devant scène et médiatique surchargé Sting sort
un album intimiste, pas un franc succès, un juste retour à la musique (même si
celle-ci ne le quitte jamais) dans un écrin moins brillant, moins accrocheur peut-être,
mais toujours charmeur…
Son équipe est là, solide…
Kirkland toujours captivant aux claviers, Colauita qui met son énorme savoir et
son immense technique au profit de cette musique (ce roulement… d’entrée et de
fin…), D.Miller alter ego incomparable… Branford ne peut s’empêcher de
participer à l’album, une question d’amitié surement.
Sting…
Le personnage, l’artiste, le musicien qui fait quasi-unanimité. Toutes
catégories confondues, important à souligner. Qui n’a pas eu sa période Sting,
ou Police, bien évidemment ? …
On le lâche un temps, il revient, passe, repart…
Il fascine ou intéresse toujours et je n’arriverai pas à le bouder, le ranger,
l’oublier car il est tellement fusionnel avec sa musique qu’instantanément son
nom évoque non une image, mais directement, un… plusieurs titres… un, plusieurs
albums qui ont forcément parcouru ma(nos) vie(s).
Toujours merveilleusement entouré, jamais ou si rarement anecdotique cet
artiste impose le respect et une direction – qui ne rêverait pas d’une carrière
comme la sienne ?...
07- Claude Debussy – « Des pas sur la neige » - Album
« Préludes vol 1 & 2 » : Philippe Bianconi / La dolce Volta
La Prima Volta 2012.
Je pourrais passer des heures à écouter sans cesse les préludes de Debussy.
Celui-ci est l’un de mes préférés – on reste en suspension dès les premières
notes et Mr Bianconi est l’un des interprètes de ce grand compositeur qu’il
faut absolument découvrir. Quant à ce label, c’est juste le soin, la
délicatesse, le souci de l’objet rare et enregistré avec respect, passion…
La première fois que j’ai joué Debussy au piano j’étais face à un mystère.
Le prélude était « Feuilles Mortes ».
J’étais face à trois portées là où l’habitude pianistique m’en avait imposé
exclusivement deux…
J’étais face à des indications précises mais aussi imagées.
Et la consigne était de faire mienne, à travers cette musique, l’image des
feuilles mortes et d’un automne pour que cela prenne vie sous les doigts et par
les touches.
Quand tu as quinze ans cela parait insurmontable, irréel, ou simplement loin
d’un possible car les études, l’approche, l’éducation de et autour de
l’instrument ne m’avaient pas préparé à une telle rencontre.
D’ailleurs, aujourd’hui, peut-on réellement préparer à une telle
rencontre ?
Debussy, c’est donc une rencontre mais également un choc, une remise en
questions sur la musique et ce qu’adolescent, nourri aux années du
conservatoire, l’on croit qu’elle est.
Il fait se briser d’une lecture et d’une approximation sonore ce qui commence à
être certitude ou idée d’acquis. Il fait entrer dans un monde, un espace où le
son est évocation, poésie et quelque part voyage.
Puis j’ai feuilleté ces préludes comme l’on feuillette un carnet de voyage,
m’arrêtant sur certains, les déchiffrant ou les travaillant, souvent confronté
à l’immense difficulté technique s’ajoutant à celle musicale, de compréhension
ou d’interprétation.
Puis j’ai fait une fixation sur ces préludes, collectionnant les
interprétations, les « visions »…
Puis… le passage à l’œuvre orchestrale, de chambre, les mélodies ou encore son
« Pelleas » ont suivi et pas encore passé la vingtaine il était déjà
plus qu’installé dans ma vie.
Quand j’ai besoin de quiétude je me mets au piano et me replonge dans ces
préludes, c’est comme repartir vers une destination qu’on aimera toujours et la
retrouver.
08- Gary Burton-Chick Corea – « Crystal Silence » - Album
« Crystal Silence » / E.C.M 1973.
Le duo qui m’a fait rêver…
Décidément, encore du piano…
Et le vibraphone, cette délicatesse… l’hiver… cette « association »
sonore.
Crystal Silence est l’un des thèmes du grand Chick Corea que je joue
régulièrement avec un immense plaisir, une petite perle parmi ses nombreuses
compositions.
Chez moi, c’est bien plus le Chick Corea compositeur que celui pianiste,
qui m’aura marqué.
Bien sûr – cf la chronique sur ses albums – sa période fusion a eu une place
prépondérante dans un passé de ma vie tant de musicien (on en rêvait…) que
d’auditeur (on l’admirait).
Mais derrière le pianiste aux facéties virtuoses capables d’être immédiatement
poignantes, admirablement improvisées ou carrément imbuvables de démonstrations virtuoses inutiles, il a toujours le véritable compositeur, avec des œuvres d’un
caractère unique et systématiquement captivantes.
09 – Franz Liszt – « Chasse Neige » - Album « 12 études
d’exécution transcendante » : Alice Sara Ott / DG 2008.
Liszt… la musique sous cette difficulté virtuose, ne jamais la lâcher, la
trouver et la mettre en évidence… l’écueil virtuose au détriment guette
toujours ; et avec, qui plus est des » études d’exécution
transcendante »… celui-ci s’afficherait presque directement.
Alice Sara Ott sait, et peut, éviter cela et dans chaque trait, sous chaque
arpège, chromatisme, gamme véloce, jamais elle ne perd le fil musical…
Rare… et/mais forcément… féminin…
Franz Liszt certainement plus que certains autres compositeurs pour piano,
c’est vraiment tributaire de l’interprète…
Il faut arriver à dépasser l’incroyable technique qu’il impose à l’œuvre pour
en faire émaner le sens musical profond. Il n’est pourtant jamais tant que cela
caché derrière d’incroyables traits, effets, arpèges en toutes catégories,
trilles et autres extrapolations pianistiques.
Le problème est que trop souvent, attirés par le démonstratif que supposerait
la partition, nombre d’interprètes n’en retiennent que ça. Et Liszt devient
alors sous leurs doigts, déferlante de notes, amalgame de traits plus rapides
et chargés les uns que les autres et sa musique, alors… disparaît.
FACE B
01- Chris Rea – « Winter Song » - Album
« Auberge » / Magnet records 1991.
Plusieurs critères pour mon penchant Chris Rea…
Enregistré au Studios Miraval, dans le Var…
Pianiste : Max Middleton. Pas le gars le plus connu, mais j’ai fait une
quête/fixette sur ce pianiste depuis ses participations aux albums de Jeff Beck
(« Blow/Wired ») – ce son de Fender Rhodes avec tremolo et
spatialisation stéréo en ping pong j’ai passé quelques heures à tenter de le
reproduire…
Et puis dans un album que je chéris « The perfect Release » d’Annette
Peacock, il tombe LE solo sur un beat reggae…
Mais revenons à C.Rea… « Auberge », le genre d’album coin du feu, la
voix rauque, intimiste, une prod feutrée… au coin du feu…
Parfait pour changer de face de K7 et commencer la face B (bon si t’as
l’autoreverse c’est top, plus besoin de bouger).
En fait, je n’ai pas beaucoup d’intérêt réel pour cet
artiste.
J’aime l’ambiance dégagée par ses albums, ce côté laid back, calif’ bien
entendu.
Et j’aime surtout comme je l’ai précisé le jeu de Max Middleton, qui m’a, dès
« Wired », embarqué vers les contrées du Fender Rhodes.
Parfait dans la bagnole...
02- Blood Sweat & Tears – « Sometimes in Winter » - Album « Blood
Sweat & Tears » / Columbia 1969.
Second album de ce groupe qui bien avant le terme « fusion »
procédait à justement cette fusion des genres entre rock, pop, jazz et parfois
classique (l’album s’ouvre avec Satie), sans parler de country (« And when
I Die ») ou bien entendu de blues. Moins farfelu que Zappa, plus jazz
quand ça barre dans cette direction…
Dans ce second album il y a comme toujours (ou souvent) un arrangement d’un
titre de Traffic (« Smiling Phases ») – et puis ce titre, posé,
détendu, douce ballade ou Clayton Thomas et sa voix rock-blues s’éclipse au
profit du guitariste Steve Katz. Arrangements des cuivres classieux, comme
toujours…
B S & T c’est comme une vieille histoire d’amour.
En troisième, un pote me file le 4 laissé là par son frangin afin qu’il
l’écoute. Comme ça ne le branche vraiment pas et qu’il me sait intéressé par ce
« genre » de musique il me dit de le garder…
Au-delà de cela cet album a hanté ma discothèque pendant de nombreuses années,
revenant systématiquement sous le diamant de la platine afin de comprendre
pourquoi et comment ces cuivres pouvaient ainsi côtoyer ce son âpre et rock.
Mystère d’ado que Zappa a quelque part réussi à résoudre avec son in NY, mais
sans vraiment résoudre, finalement ce truc spécial chez eux.
Il y a un paquet d’années, juste dans les années 90 on décide entre amis de
monter un band avec section de cuivres qui fera la part belle au rythm’n’blues
mais qui inclura Chicago et B S & T.
Ceux qui "en" rêvaient vont très vite arriver pour le projet ambitieux. J’y serais
d’abord batteur puis claviériste et occasionnellement arrangeur. Tous leurs
albums seront alors passés au crible et on choisira des titres phares qui
seront pendant plusieurs années le sceau identitaire de ce groupe de reprises.
Le voile s’était levé pour ma part. Rien de tel que de jouer la musique pour la
comprendre.
03- Frank Sinatra - « Moonlight in Vermont » -
Album « Come Fly With Me » / Capitol 1958.
L’incroyable Sinatra, toujours aussi charmeur, cette voix de velours, suave
et éternelle…
Un des standards qui figure en très bonne place dans ma setlist…
Arrangements de Bill May.
Frank Sinatra – (mon) éternelle idole. Que dire de plus…
04- Patricia Barber – « Snow » - Album « The Cole Porter
Mix » / Blue Note 2008.
Comme toujours Patricia Barber rime avec classe, club, laidback… ici
rythmique cocooning, feeling soft et retenu, voix sans effets de manche, juste
naturelle.
Fermons les yeux…
J’aime ce jazz de club, cette authenticité, cette présence intime si
réelle, comme si l’artiste est là, en place de ces enregistrements bien léchés
en studio (que j’affectionne aussi, mais pour d’autres raisons). Patricia
Barber est une artiste qui suscite l’émotion et on sait qu’on en a besoin…
05- Reynaldo Hahn – « Hivernale » - Album « Satie et
Compagnie » par Anne Quefellec / Mirare 2021.
Chaque album d’Anne Quefellec fait découvrir quelques perles rares,
oubliées, mésestimées, retrouvées… Cette « hivernale » en est une et
Reynaldo Hahn (1874/1947), amant puis ami de Proust pourtant soutenu par Sarah
Bernhardt est lui aussi passé dans la case des oubliés.
Il faudrait le faire ressurgir… de cette ombre dommageable. De cet hiver.
Ce qui est et reste incroyable avec le classique c’est qu’on n’en finit
jamais de découvrir de nouvelles œuvres, de nouveaux compositeurs
« oubliés » et rayés des siècles, des années…
Bien étrange que ce remisage au placard qu’ont pu subir ces compositeurs, de
tous temps, de toutes époques. Même Vivaldi a bien failli subir ce triste sort,
vous vous rendez compte, oui, Vivaldi… déniché en début de XXe par un
violoniste en mal de virtuosité.
XIX e et XXe n’échappent pas à cette triste constatation. L’une de mes plus
belles découvertes ont été Cyril Scott, Magnard et ici Reynaldo Hahn. On n’est
jamais au bout de nos surprises.
06- John Abercrombie-Ralph Towner - « Saragasso
Sea » - Album « Sargasso Sea » / E.C.M 1976.
La rencontre entre l’acoustique émergeant du jeu et de l’influence classique,
et de l’électricité fraichement sortie du jazz-rock et revenue à un jazz
créatif, « européen », imaginatif et imagé.
Label E.C.M oblige…
Premier album de ce duo qui réitérera plus tard. Une sorte d’album culte du
label.
Une autre vision de la guitare.
Et cette mer mythique, froide, hivernale…
Guitar Music from E.C.M a été un coffret vinyle qui a redimensionné
l’écoute de la guitare.
Pas rock, plus vraiment jazz, pas classique, un peu traditionnelle…
A jamais différente.
Ceux qui ont eu la chance de posséder ce coffret compil des artistes
guitaristes du label ont donc suivi avec passion leurs albums et aventures /
voyages musicaux. Un coffret à jamais initiatique.
Le duo Abercrombie-Towner est unique et différent, c’est une de ces rencontres
musicales improbables et captivantes qu’en un premier opus l’on aura désiré
retrouver pour un second… qui fut, mais tardif.
Une écoute des deux protagonistes qui est fusionnelle, un mélange de langages
qui crée une « nouvelle » musique, une volonté de beauté de chaque
recoin sonore.
Indispensable.
07- Sinnika Langeland – « Winter Rune » - Album
« Wolf Rune » / E.C.M 2021.
Restons chez E.C.M, rimant souvent avec froid, hiver, espaces naturels
vierges, teintes grisâtres…
Sinnika Langeland connait bien l’hiver, la nature, ses mythes et elle nous les
transmets.
Comme un voyage.
Artiste découverte cette année. Elle a rempli des heures de confinement…
On voyage comme on peut…
08- Genesis – « Snowbound » - Album « And then they were three »
/ Charisma 1978.
Il leur aura fallu ce troisième album pour certainement réaliser qu’ils
n’étaient définitivement plus que trois.
Peter est bien trop loin, tant humainement, amicalement que musicalement.
Phil est désormais le chanteur de Genesis et non plus l’intérimaire qui
pourtant avec les deux précédents a prouvé et posé la nouvelle voie/voix de
Genesis.
Dans ce dernier album d’une trilogie plus que transitoire, mais somme musicale
en elle-même, ce, avant une nouvelle orientation que pour ma part il me faudra
des années à assimiler (voir accepter…), nombre titres se posent en format
chanson, restées dans un zeste d’enrobage prog mais avec un cadre délibérément
pop. C’eut pu faire école… mais c’est Phil en solo qui a pris le dessus.
Peut-être bien l’un des albums de Genesis que j’écoute le plus souvent… tiens
donc, faudra que je me demande pourquoi…
Une histoire d’enfants, de bonhomme de neige, d’hiver… Un reste d’univers
genesisien de Peter.
Sur l’ancien blog j’avais fait un long (comme d’hab.. 😉)
article sur cette trilogie post Gabriel en forme règle de trois – trilogie qui
comme beaucoup d’autres d’ailleurs se termine par un quatrième larron, en
général un live.
Ce Genesis là était plus que prometteur, il m’a déboussolé, au départ, car tellement
attaché à la voix de Peter…
Puis ces chansons merveilleuses, ces espaces où l’on aime à s’arrêter, cette
douceur de Phil (pas à la batterie…), le rôle de plus en plus orchestral de
Tony Banks essentiel et cheville ouvrière de ces trois escapades poétiques, le
gentleman musical Mike Rutherford, éternel sideman tant discret qu’efficace
tout cela a pris sa place et est resté. J’écoute encore et de temps à autre ces
trois albums, une sorte de pèlerinage -
j’ose l’image et le mot.
09- Vangelis – « Antarctica Echoes » - Album « Antarctica »
/ Polydor 1991.
Pays d’hiver éternel… BO Vangelis.
Pas besoin du film – la musique se suffit en elle-même, c’est bien là l’un des
points forts de Vangelis, cette musique tellement identitaire qu’elle renforce
l’image mais n’a pas besoin d’elle pour exister.
Il a posé le synthétiseur, et ce dès ses premières heures, à un statut d’outil
essentiel pour créer, et lui a donné d’emblée des lettres de noblesse. Un grand
artiste pour conclure.
Vangelis c’est ce truc intriguant qui gamin m’avait fait poser de sérieuses
questions avec son « Apocalypse des animaux », un album qui était
dans la discothèque de mon oncle et que j’écoutais de temps en temps. Gamin, l’idée
même de synthétiseur n’avait pas encore été cernée réellement, alors cette
musique avec ces sonorités d’ailleurs, proche de l’écriture classique mais d’apparence
autre, ça me faisait rêver. Puis j’ai découvert par étapes la provenance réelle
de ces sons féériques, la magie du multipiste et de l’autoproduction, les
possibilités infinies qui s’ouvraient avec toute cette technologie et cet
artiste est devenu très vite une référence à de nombreux égards.
Il en use de la technologie et en a fait identité – et justement lui, a dépassé
dès les premiers balbutiements synthétiques le stade de joujou. Respect.
Allez, bel et doux hiver à vous tous.
Cependant, s’y confiner n’est plus une actualité réellement agréablement
envisageable…
Et, de toutes façons l’hiver, la covid et autres ont été balayés par l’actualité
d’un fou de guerre.
Musicalement vôtre.
Tant qu’il nous restera ça, tachons d’en profiter …
Commentaires
Enregistrer un commentaire