STEVE LUKATHER – « I Found The Sun Again » - The Players Club 2021

 STEVE LUKATHER – « I Found The Sun Again » - The Players Club 2021

Guitariste emblématique du groupe Toto, requin de studio apparaissant sur tant de sessions qu’il sera impossible de les lister ici, Steve Lukather a sorti cet album, après 8 années de pause de travail soliste, une dernière tournée de Toto, un arrêt de route forcé par la Covid et de nombreux soucis entachant sa seule passion, la musique.
Steve est fatigué, il sort d’une bataille juridique menée par l’épouse de feu Steve Porcaro pour des histoires de copyright, de droits sur le nom du groupe...
David Paich, claviériste du groupe a été embarqué dans ce cyclone juridique, lui aussi.
Rien de bien surprenant, rien de bien inhabituel, Toto fut et reste une belle affaire financière et forcément ça attise les hargnes, les haines, les jalousies et autres sentiments et comportements issus d’un côté obscur.
Un remake des dissentions Floydiennes, ou chez nous des suites juridiques Johnny et famille(s) ?... Scénarios bien connus – la musique est aussi… business et à ce « niveau » pas que « notes ».

Steve est un passionné de musique, des studios, de la route… oserais je dire, un rocker dans l’âme.
Certains observent sa production protéiforme, son extraordinaire capacité instrumentale lui permettant de tout jouer et tout faire de façon suspecte.
Cet album me permet de le replacer sur cet échiquier rock.
Il a été enregistré dans des conditions live, sans clic, quasi sans overdub ni retouches.
Comme au « bon vieux temps », celui où Steve parcourait l’Amérique de clubs en scènes ce dès la plus tendre adolescence – le métier, la route, les tournées. La vie de musicien quoi.
Alors, les artifices et les joujoux studio Steve sait à la fois s’en servir pour le meilleur (il a, je le redis, participé en sideman, en sessions, à tant d’albums), ou s’en émanciper pour, comme ici, retrouver cette authenticité cruciale, tribale et pour lui, au sortir de cette usure mentale… bien certainement vitale.


Comment dire…
Cet artiste m’a toujours inspiré la plus grande sympathie comme le plus grand respect.
Son chant, apparaissant progressivement comme la nouvelle voix de Toto afin de palier à l’absence médicale de Kimball atteste d’une profonde humanité. Rauque et bluesy, à la technique ou même l’ambitus ne pouvant flirter avec certains tenants d’un titre organique vocal rock, son chant et donc sa voix installent une présence contrecarrant de fait son charismatique jeu de guitare.
Cette dualité, cette humilité en format mise à nu, m’a quelque part assis le personnage.
Et forcé le respect envers ce qu’il est et reste avant tout : un musicien.


Cet album met en avant trois reprises et une forme d’hommage envers les artistes, groupes, musiciens que Steve aime et qu’il aura joué ce, depuis des lustres.
Il est libératoire, jubilatoire et direct, immédiat.
Le son fin seventies est omniprésent, le format jam session basé sur quelques directions mais laissant la part au jeu est évident et réjouit de titres en titres.
Reprises De Joe Walsh, de Traffic et de Robin Trower que Steve veut par là replacer à un juste titre.
C’est par « Bridge of Sight » de ce dernier que j’y suis entré.
Je suis un inconditionnel de Robin Trower et il est tellement rare que cet immense guitariste soit représenté que j’ai immédiatement foncé écouter d’abord cette version (qui démarre comme un délire de Satriani pour vite s’ancrer dans le schéma post hendrixien cher à Robin) – puis ce fut Traffic dont « The Low Sparks of High Heeled Boys » m’est emblématique du groupe.
Quant à « Welcome to the Club » et son beat relevé à la sauce southern rock il est juste irrésistible.
Mais les clins d’œil en hommages n’en restent pas là, on se retrouve face à Little Feat avec « Serpent Soul », un pastiche absolument irrésistible, Jeff Beck quant à lui n’est jamais bien loin et ce dès le titre d’ouverture « Along for the Ride ».
Pour le reste c’est sur la même ligne directrice tracée par le mot plaisir que l’album finalement va défiler.

Entouré de ses amis, Steve brille de mil feux vocaux et guitaristiques.
Greg Bissonette est à la batterie, un jeu précis, puissant, lourd et au fond du temps. Une technique forcément implacable et une efficacité redoutable.
Jorgen Carlson et John Pierce se partagent les basses. Ils collent à la batterie, apportent une assise profonde et dense, évitent le démonstratif pour aller à un essentiel qui permet une musique qui « respire ».
Jeff Babko aux claviers tisse des toiles de fond qui ouvrent l’horizon et permettent à chaque solo de décoller. Du grand art, similaire à l’approche, bien souvent de Adam Holzman chez S.Wilson.
Ringo Star est invité sur un titre bien pop, presque bien Beatles, ou pas… « Run to Me » - une batterie qui chante avec le chant et la chanson. Ringo quoi.
Que serait l’amitié sans David Paich ? ici il intervient aux claviers sur de nombreux titres. Ses solos d’orgue sur « Bridge of Sight » et « The Low Sparks... », tellement « à l’ancienne », juste lumineux tels ceux de Winwood, cet « autre Steve » jamais bien loin au cours de l’album…

« Bridge of Sight » conclut donc ce passage vers un passé où le rock étirait le temps et l’espace pour faire briller de mil feux ses héros.
Steve Lukather a voulu rendre ici hommage à cet esprit, au patrimoine de cette musique qui reste sienne et dont il est encore un fulgurant et fougueux représentant.
Le plaisir est ici de chaque instant.
Celui des musiciens.
Celui des auditeurs.

C’est surement cela, un très bon album.



Commentaires

  1. C'est l'album sorti récemment ? Je l'avais écouté et j'avais trouvé ça pas mal...C'est sûr qu'on n'a pas affaire à n'importe qui et ces musiciens sont en voie de disparition....
    Pour répondre au commentaire sur le précédent article je vais bien, après un passage à vide j'ai enfin envie de revenir sur les blogs, et le mien surtout ! 😄

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    1. C'est son dernier, 2021.
      J'aime cette plongée dans le "passé".
      Cool si tu remets ton blog en route.
      bizs

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  2. J'avoue que dernièrement j'ai écouté une compilation de Toto dans la voiture d'un ami. J'ai eu un peu de mal. Par contre, j'ai lu des interviews de lui très intéressantes et qui montrent combien cet homme respire la musique et est resté assez humble comparé à certains.

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    1. Dans Toto il y a vraiment du "tri" à faire.
      Je suis loin d'être fan de toute leur production, d'autant que côté outil pédagogique j'en ai soupé des "Hold the line" et autres "Rosanna"...
      Sans parler des séances de studio avec des batteurs clones de Porcaro...
      Bref.
      Mais par exemple "Kingdom of Desire" ou "Tamboo" à leurs sorties vont me faire réviser la copie et le chant de Steve aussi.
      Son jeu de guitare est unique, assez loin de l'image guitar hero qu'on aime lui accoler car il fait bien plus parler la musique que les doigts... d'ailleurs ce n'est pas un hasard ses collaborations duo avec Larry Carlton par exemple, genre festival de guitaristes en mode joutes amicales où la musique est partout présente.
      Ici le son roots d'abord et le jeu en mode live puis les reprises de titres qui me sont chers, ça a directement fait mouche.
      Et effectivement, c'est un routard de la musique, un rocker dans l'âme et un gars simple, donc éminemment sympathique.
      Merci de ton passage.
      à +, sur ton blog dont le retour réjouit ;)

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  3. Ce dernier Steve est un pur régal.. beaucoup plus que le dernier Toto d'ailleurs. C'est une grande famille de très grands musiciens, un groupe complet, un truc que j'assume haut et fort malgré tout ce qu'on peut leur accoler. J'ai contaminé ma grande et le souvenir du concert Zénith 2012 est encore dans nos glandes sudoripares. Par contre je ne savais pas pour cette guéguerre... Joseph William est évidemment la marque vocale incontournable du groupe.. mais il y a un disque de TOTO que j'adore, c'est "Kingdom of Desire".. en hommage à Jeff. Dispute ou pas..c'est Steve à la lead vocal.. Jospeh s'est barré. Et bien, sans renier tout les précédents, c'est un disque monumental. La biz

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    1. Purée encore anonyme ?...
      Blogger c'est devenu fort Knox...
      "Kingdom" est mon préféré - Puis le live qui a suivi enfonce le clou avec sa version de "With a little help..."
      Je me suis fait du coup les versions de "Bridge of Sight" de le tournée Toto 2016 en youtube. Steve y est tout simplement impressionnant et il embarque tout sur son passage. Sklar est à la basse, un énorme pilier qui lui permet de barrer grave.
      Moi j'avais emmené mon aîné pour la tournée de Tamboo, ça date pas d'hier et il est resté fan du groupe lui aussi.
      Un concert de Toto ça te marque à vie.
      Quant à Steve j'ai toujours aimé son chant, bien rock/rauque, authentique, simple.
      Moi aussi j'assume pleinement le suivi de la famille Toto (les albums solo de Simon Phillips sont de purs moments de plaisir...°
      Tu retrouves le club Toto studio chez Bill LaBounty, chez Daryl Hall and John Oates "Beauty on the Back Street"), Steve c'est le chorus de guitare dans "Ai No Corrida" de Quincy Jones (Michael Jackson dans les chœurs...)... En fait tu le retrouves en soliste, ou rythmique dans un paquet d'albums de type Calif' et autres grosses prods studio...
      Bref, un sacré zicos.
      à +


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    2. Mais oui..encore anonyme. Bizarre, c'est pourtant mon ordi perso. Bon je tente du boulot. Sur scène j'avais Joseph, tjrs aussi puissant malgré l'age. Et le côté rauque de Steve va super bien à Kingdom..Paich et son allure cool de bonhommie efficace... quant à la famille Porcaro. ¨Pour revenir à ton billet..je me suis mangé 3Bridge of Sight" ce matin.. ces 7 min m'ont mis en transe. Charlu

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    3. Bon ça y est t'es plus anonyme.
      J'en profite pour certains avis sur le son de gratte de Gilmour sur Animals - ces éternels tacles négatifs, ce systématisme dépréciatif, ce positionnement par le négativisme, sans réelle objectivité rapport à, par exemple, simplement le contextuel du matos, de l'époque, du jeu générationnel, etc...
      Bref, c'est tout cela qui me fait blogger tout en restant volontairement en retrait car cet état d'esprit qui prône régulièrement l'axe critique négatif des artistes et de leur jeu musical (j'ai vu cela dans un autre blog qui par exemple tire régulièrement sans réelle objectivité sur le jeu de P.Collins, à tel point que c'en devient usant, pathétique, genre obsessionnellement focalisé sur une sorte de haine peu justifiée...).
      Exprimer qu'un album, un artiste, une personne même n'a pas ton acceptation, ton approbation ou autre, n'est pas un pb, je ne m'en abstient pas et dans mes cours je démontre souvent la facilité, les usages, les clichés de certains pour aiguiser l'esprit critique et le recul personnel face à la surmédiatisation...
      Mais après, faut pas me semble t'il sombrer dans l'excès et le systématisme.
      Et bien choisir son argumentaire pour être vraiment "crédible".
      Démolir le son de David Gilmour qui est une référence pour de nombreux guitaristes sur la planète, ce même sur Animals où justement il est en mutation sonore mais pas expressive (se rappeler tout de même que Waters a effacé - par erreur - le solo initial, central de l'album, cf l'article de la sortie de l'album sur RnF et contraint Gilmour à retrouver dans la foulée ses idées et... le son...), avec un argumentaire mélangeant l'aversion sur le prog (encore et toujours...), des pseudos termes "techniques", est peu crédible si ce n'est bien sûr constructif.
      Ni contextuel donc.
      Alors détruisons la virtuosité de Steve, tant qu'on y est.
      Balançons le dans le sac de ce qu'il y aurait de pire juste parce que, guitariste de toto, cachetonneur de studios vivant forcément très correctement de sa musique, de son talent, et de son art instrumental et musical suffirait à le placer en renégat...
      Il y a des fois où finalement l'exaspération face à de telles lectures me prend.
      Donc, je mute, reprends mon chemin et laisse ces autosatisfaits de la polémique stérile à leurs hargnes séculaires.

      Les compositions de Robin Trower mériteraient toutes de telles reprises. Elles sont d'une telle qualité !
      La biz

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    4. Ah ah Pax..je vois totalement ce que tu dis. Je sais bien les choses qui te mettent en pétard. Quand je choisis de parler d’un album, c’est tout d’abord une question d’impression, de météo, de jouissance, de gout à transmettre, un contexte. Un de mes grands regrets est de ne pas avoir appris la musique, ou avoir rencontré un musicien qui m’aurait poussé, montré. De toute façon je crois bien que le solfège gamin m’aurait rebuté direct . J’ai juste côtoyé des passionnés de disques qui m’ont contaminé, alors pour ne pas dire de conneries et j’ai besoin de mes potes voisins pour me guider un peu. Les termes techniques, les instruments.. je dévore la presse musicale et les bouquins sur le sujet, mais du coup c’est comme bosser sur un exposé. Alors je vous admire de balancer ainsi la charpente, les murs, toute l’histoire fondamentale. Rien que pour ECM.. j’en suis toujours à défricher tes billets.
      Ton historique et ton parcours est indispensable pour un amateur comme moi, puis il y a aussi d’autres impressionnistes, puis des polémiques, des caractères différents, comme le Toine qui se braque avec Burgalat, ce qui me laisse le loisir tordant de la vanner sur Costello, voir avouer mon problème avec les Beach Boys. Puis encore plus loin les « branleurs », mauvaise foi ou pas.. qui m’apprennent énormément aussi (cf Yoko Ono avec Hugo, Dan Baird avec Evrett…). Je suis coincé entre vous tous et je me nourris de vos expériences. Aussi j’entends bien ce que tu dis et comment cela peut te froisser. Je suis aussi révulsé par la critique qui descend gratuitement et je m’efforce de divulguer uniquement ce qui me parait bon de dire dans le positif ..par respect pour l’artiste. Si j’aime pas, je passe, c’est peut être moi. Je doute que Gilmour soit comme ça, ou alors c’est passager..mais tu viens de prouver le contraire (je ne savais pas le solo effacé :o).. mais j’ai réussi sincèrement à faire écouter ou refaire écouter Animals, avec une analyse après, fausse ou pas. Je ne pense pas que ce soir aussi méchant que ça.. j’aime bien aussi ce côté « déconne ». Moi je pourrais être acide avec Brian Wilson..mais ehhhh t’as vu, je ne le fais pas ;D
      Ne lâche rien de ta fougue mon Pax.. I need you ;D
      La biz

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    5. merci de ton retour,
      oui t'as fait revenir Animals sur le devant des écoutes, en soit, c'est déjà largement excellent...
      à très vite.

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    6. Quel chouette billet et de bons commentaires qui font plaisir à lire. Et j'ai dégusté le "Steve Lukather" pris ailleurs mais forcément il manquait la pierre PG pour une écoute pleine de joie. Dès les premières notes de guitare l'envie de danser et puis cette voix rauque, le grain d'un ZZ Top (Rien à voir avec le Burgalat et son... ha ha ha). le riff Van Halen, sans oublier le clin d'oeil orgue au "won't Get fooled again"... Bon la médaille bravoure va à "The Low Spark Of High Heeled Boy" qui m'a fait découvrir l'original de Winwood. Et réécouter Robin Trower. Et j'ai eu ce réflexe Joe walsh sur un titre que je ne connaissais pas de lui avant cette reprise.
      Quoi d'autres... Ha oui, TOTO, je connais les tubes mais je n'ai jamais créé l'occasion d'écouter un peu comme tu m'as fait écouter. Je pense, je me demande si tout simplement le nom du groupe (quand même la tête à...) et cette réputation de grands musiciens sans âmes ne m'a pas fait les mettre de côté sans ni avec à priori. Juste oublié. Maintenant je doute. Merci, je vais écouter "Bridge of Sight" sur Youtube et espérer me souvenir de creuser TOTO à mon retour chez moi. La bizette à toutes et tous
      Un coup de coeur poussé par les combats que mène ma dame: "https://www.youtube.com/watch?v=egxfuVHszaY"

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    7. Et oui, franchir les blagues à Toto bien de chez nous pour passer à la musique, on n'y a pas échappé...
      A creuser donc et t'as pas mal de choix avec des live dvd et youtube à profusion...
      C'est toujours de grands moments.

      Moi, quand je vois Traffic, Winwwod, je fonce, côté fan ado qui repart.
      Sans parler de Trower que je défendais et voulais toujours faire connaitre depuis ma découverte il y"a des lustres (ado donc) de son Live.

      Le lien coup de coeur, extraordinaire.
      Merci du partage.
      Merci du passage.

      Bonne totodécouverte.
      à très vite, ici, chez toi ou chez d'autres.
      La biz


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