L’ETE, TORRIDE, AVANCE…

 

L’ETE, TORRIDE, AVANCE…

La blogosphère de l’été, c’est un peu comme les programmes télé.
En mode pause et vacances, normal.
On préfère (moi en premier quand c’est possible) l’apéro et le barbecue entre potes au zonage canapé TV / Netflix.
D’ailleurs cette dernière est chiche en nouvelles propositions…
Suivrait-elle le schéma franco-français des séries dominicales TF1nisées des éternels gendarmes dont St Tropez est devenu cliché ou des 7e Compagnies qui, Ukraine en toile de fond ne font (même en mode patrimonial comique troupier), plus rire grand monde…
L’été 2022 est bien rempli, particulier même.
La même musique partout.
Cette espèce de pop dépersonnalisée qu’on croit « cover » inonde plages et restaus…
Un petit duo par ci, une jolie soliste par là…
Une pincée de jazz smooth en corner (là j’y suis), un poil d’électro (j’y suis aussi).
Quelques pianos sont de sortie (preuve que les vieux comme moi restent encore dans la course), t’as des applauses sur « Strangers in the Night », donc rien n’est vraiment ou réellement perdu.

Tu t’installes pour ton délicieux vin choisi par le boss qui t’engage.
rencontre, discut’…
JME joue Metheny pour se chauffer… et croise un amateur du célèbre guitariste.
Je parle ambient, electro zen et me voilà à parler de Hildegarde.
L’été, finalement, c’est aussi ça – les rencontres, les surprises.

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Klaus Schulze « Deus Arrakis » - SPV Recordings 2022.

L’un des pionniers s’en est allé…
Ce batteur improbable, passé maitre des claviers de synthèse, qui aura marqué de son empreinte de compositeur, de textures sonores, de créativité synthétique – Klaus Schulze – est donc certainement installé sur Dune, vénérant le Dieu Arrakis, qui, peut-être plus qu’un mythe littéraire… est – qui sait ? - une réalité d’un ailleurs, une entité spirituelle, un parallèle intemporel.

« Deus Arrakis » est ce qu’on appelle un album posthume.
C’eut pu être un fatras de chutes anecdotiques de studio.
C’eut pu être d’un ennui - respectueux et peu critiquable - mortel…
Il n’en est strictement rien.
Mieux, cela faisait bien longtemps que je n’avais écouté Klaus Schulze avec autant d’attention, de passion ou de plaisir.
Le terrain de jeu planétaire est connu, conquis, familier même.
Les romans de Herbert prennent là toute leur véracité sonore, l’échiquier des nappes et autres arpeggios – même familiers - fait partir directement dans la magie de ce mythe qu’est « Dune », un espace où notre actualité planétaire n’est malheureusement plus fantasme ou vision prophétique.
Un espace où philosophie, condition « humaine », religion et engagement – même extrême – ne peut passer inaperçu ou encore anecdotiquement littéraire.
« Dune » en aura bouleversé des lecteurs, des cinéphiles, des afficionados de la SF.
Cela ne m’aura pas épargné.
Et, cette plongée synthétique dans l’univers humainement, socialement, écologiquement et spirituellement si contemporain de ce que notre planète vit et va vivre n’a pu que me toucher, sincèrement, réellement, immédiatement.
Ce rapport donne donc à cette musique une dimension qui fera dépasser la seule idée de musique. C’est peut-être bien pour mon cas, une déformation – je l’assume.
C’est en tout cas, au sortir, l’album de Klaus Schulze qui depuis bien longtemps (« Mirage ») aura capté plus que ma seule attention.

RIP

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Derek Sherinian « The Vortex » - InsideOutMusic 2022.

Voilà le gars aux multiples « oscars », une sorte de héro virtuose des claviers auquel rien ne peut résister.
Il est plébiscité, surenchéri, adulé et admiré comme ces guitar héros (dont nombre sont invités ici afin de lui tirer la bourre – et pas des moindres, vous vous complairez à lorgner le casting).
Au fond du temps rien moins que Simon Phillip qui soutient, par son imposante carrure tant technique que médiatique, l’artiste et ce projet.
On se dit qu’il va y avoir là encore un déballage de déluge de notes ahurissant et fatiguant, style et réputation obligent… et finalement on est face à un plein de musique, virtuose, certes, mais celle-ci est incroyablement contrôlée, mise au service de compositions engagées, énergiques (forcément, là on fait pas dans le smooth-easy dentelle) et qui laissent directement pantois à tous égards.
On aimerait coller les étiquettes habituelles, de la plus has been (jazz rock) à la plus branchée (métal prog ou encore instrumental) en passant par la case fusion.
Bon ça pourrait le faire et orienter, qui sait…
On a eu les même valses hésitations quand Satriani est arrivé sur la planète, en bienheureux alien.
C’était quoi ? Ce truc…
On aura fini par le classer juste… en Satriani…
En sachant à peu près à quoi s’attendre.
Là il s’agit d’un claviériste et même s’il laisse la part plus que belle aux guitaristes, le genre n’avait que rarement été investi de la sorte par un instrumentiste claviériste.
Moi, je me suis régalé, forcément admiratif, largement même…

C’est un peu comme assister à un grand prix de F1, on en prend plein les mirettes et il n’y a pas que le gagnant sur la ligne d’arrivée…
Le staff, les mécanos, la marque, derrière le héros.
L’ambiance, la hargne, la folie, le contrôle, la stratégie, l’audace, l’objectif de la victoire, la précision, le non droit à la moindre erreur.
Pas de sortie de route, juste un uppercut de chaque trait, de chaque impact de batterie, de chaque déluge de notes, de chaque son qui ne plaisante pas et qui « addictionne » direct.
Ces mecs sont des pointures.
Ils jouent comme des pointures.
En dessous de ça…
Ils ne savent même pas faire.
Et c’est bien pour ça qu’on les admire.
Oui, j’admire ça… pourquoi s’en cacher ?
En tout cas, ça agit comme une Red Bull sonique …

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Level 42 « 12’’ Single and Mixes » - UMC 2022.

Je n’ai jamais caché mon penchant presque affectif pour Level 42.
C’est forcément associé à cette époque où l’on a radicalement changé de cap, avec Chris, lorsqu’on a découvert le groupe…
On a changé le fusil d’épaule et laissé de côté la jam session pour recentrer sur le beat, le groove, l’énergie du socle.
C’était il y a bien longtemps, punk et new wave avaient créé l’alternative bienfaisante et Level comme d’autres groupuscules musicaux prenant en compte cette énergie et cette jeunesse traçait son propre chemin juste à côté de ce qui aurait pu devenir ornière.
Un côté pop festif débridé, une virtuosité innovante à son service – du slap ravageur de Mark King aux textures pop synthétiques de Mike Lindup, sans oublier le socle des frangins Gould.
Level 42 c’est innovant, groovy et eighties sexy, ça dépote et en toute aisance ça installe une virtuosité ahurissante.
A la loupe on est scotchés et au lieu d’être un truc pour musicos en quête de déluges instrumentaux, finalement ça reste une usine à tubes plus que bien ficelés. On chante direct avec eux tellement chaque refrain est fédérateur, on dodeline du chef dès que ça entre en branle, chaque impact de cuivres synthétiques est une grande baffe, l’association basse slappée et synthèse métrée fait plus que mouche et les frangins qui jouent de tous les registres (y compris latin/samba) secouent largement le cocotier fêtard de luxe.
Alors quand sort une compil’ de remixes pas tant barrés que ça, car toujours centrés sur le sujet et que je mets ça, pour voir, un beau matin de corvée routière et bien… c’est parti mon kiki !
A fond la caisse (mais sans excès de vitesse – rappelez vous que le prix du gasoil est devenu produit de luxe), les portières n’en peuvent plus, ça gueule de partout et… que c’est bon !

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Paul Anka « Sessions » - Green Hill Productions 2022.


Je vais conclure cette chronique par mon coup de cœur.
Si, si – honnêtement, je vous le dis, mon coup de cœur.
Dès l’instant où j’ai mis « It was a very good year », je suis parti direct en mode bonheur émotionnel.
On a tous besoin, un jour, de « disques » comme ça.
Paul Anka m’avait déjà largement transporté de ce même bonheur avec son « Rock Swings » et la version miraculeuse de « the Way You Make Me Feel » de Michael Jackson.
Là je me suis retrouvé embarqué de plaisir avec « Love never Felt so Good » du même Michael.
Simple, beau, efficace et qui donne l’envie de mettre le titre en repeat (ce que j’ai fait) afin de ne pouvoir en sortir.
On chante à tue-tête ce "Babe", retenu, crooné à souhait…

Mais comment tu peux résister à un truc pareil, toi ? PG vissé à ton piano bar de l’été…
Seule solution, vite le transcrire et forcément le jouer…
Le choix ? Non pas vraiment la peine d’y résister – ça se résume en un « trop bon » et ça suffira pour non me justifier de reprendre un peu de sucre ou une glace gourmande… ou une coupe de champ'.
Après tout, un peu d’excès…

Le fan élitiste de jazz aux débats sulfureux autour des poncifs éculés installant « l’artistique » en place de la nécessité de la musique comme « travail » n’y trouvera pas ici, son compte…
Cela compte-t-il ? ...
Je le laisse à ses bien trop nombreuses incohérences qui lui font oublier que même Miles a repris Human Nature ou Time after Time (sans parler de Someday My prince will Come…) et que Bill enregistra au milieu du bruit des fourchettes l’un de ses meilleurs albums...

A chacun son mood de plaisir, après tout – n’oublions pas que c’est aussi… et encore une fois avant que les fous – qui sait ? – ne nous éradiquent tous, l’été…

Summertime… donc…

Et Paul m'aura achevé de plaisir et - je clôt la boucle - redonné l'envie de me refaire ce "Strangers in the Night"...
Merci à lui. 


 

Commentaires

  1. Hello, yes, fait (trop) chaud mais nous le savons. Alors ma petite balade ici.
    Klaus Schulze, nous en parlions, de belles nappes sonores et un défi à trouver le temps d'écoute (de méditation)? Paul Anka, se souvenir de la bande du Brill Building, cela mériterait un sujet en profondeur tellement cela foisonne en création. Je t'invite ... à écouter SOLITAIRE par Neil Sedaka, le truc comme "My way" repris par Elvis Presley en croone c'est juste collant à souhait. J'avais bien usé le Paul Anka ROCKS... donc merci de l'alerte. Une écoute non studieuse sur Derek Sherinian, mais par 37° ... décidemment pas pour de grosses chaleurs. Reste LEVEL 42. ceux là je veux bien creuser... moi qui encense le STYLE COUNCIL je ne sais pas entrer dans leurs compositions. Peut-être un manque de charisme dans le chant? Je retrouve tes conseils et nos échanges d'il y a quasi 10 ans... J'ai réécouté "Something About You" version 1985. Je reconnais toute de même ce timbre de voix. Il n'y a pas de raison. Bon, bientôt une nouvelle tentative avec celui de 1981... le début. je sais, j'entends que c'est absurde d'insister, ce n'est pas vraiment le cas, j'ai l'intuition qu'il y a matière à prendre plaisir, j'aime le son des années 80 (ton thème à l'époque) ABC, Human League, Hall & Oates, Duran Duran, Simply Red... Et je sens bien la filiation, la qualité de l'écriture et des arrangements. Donc trouver un moment ... allez je tente. Ciao amigo

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    1. grosses chaleurs et type d'écoute...
      je rebondis là dessus, t'as bien raison, je crois que ça mériterait un article approfondissant le sujet saison, météo, choix d'écoute, disponibilité mentale tant que physique...
      Level, oui on en a débattu.
      pour moi trop lié à des souvenirs, alors c'est surement ceux ci qui placent le sujet en hauteur.
      anka, je l'ai à nouveau calé dans ma playlist de pauses de ce soir, tant qu'à faire une pause rosé entre les sets, autant en profiter pour se passer de la "bonne" musique...
      et schulze, je l'ai remis ce matin, je le crois pour le moment, impossible à éviter - ça faisait longtemps et c'est à noter (pour ma part).
      bonne journée, semaine, nuit, bref, merci d'avoir pris le temps de passer, comme d'hab ça fait plaisir.

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    2. Ravi d'avoir de tes news Pascal. De passage dans mon antre surchauffé, je découvre messages et mails. Un ami à eu la bonne idée de faire jouer des groupes dans son grand jardin. Beaucoup de vents dans les arbres, de l'électricité à tous les étages, du vin de toutes les couleurs et des passagères sympathiques. La plage n'est pas loin mais à quoi bon se déplacer quand on a tout sur place. A plus tard.
      Eric.

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    3. Ravi d'avoir de tes nouvelles. Je passe par hasard et repars aussi sec. Un ami a la bonne idée de faire jouer des groupes dans son jardin (pas loin de l'océan, vive les courants d'air) Bonnes vacances à toi, qui n'es jamais en vacances. Passion quand tu nous tiens...
      Eric.

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    4. super idée que ces concerts. de plus en plus d'initiatives de ce genre je constate.
      optimisme donc...
      été musical, des écoutes, donc, dès que l'envie et le temps le permettent, quelques chroniques, çà et là, histoire de ne jamais perdre l'idée de partager et faire rencontrer, connaitre, etc...
      merci du passage, profite bien.

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