CARLA BLEY – Saison 5 – Opulence ou intimisme – à l’aube du XXIe – Chapitre 2

CARLA BLEY – Saison 5 – Opulence ou intimisme – à l’aube du XXIe – Chapitre 2

On reprend cette cinquième saison aux côtés de Carla Bley qui va nous faire franchir la frontière ténue entre une fin de XXe siècle où le jazz commence vraiment à ne plus vouloir dire grand-chose et un début de XXIe où cette fois il va se dessiner comme étant, finalement, la véritable musique « classique » du XXe.

On peut imaginer que Carla Bley, comme tout le monde et comme nombre de ses prédécesseurs chefs de file de grande formation va se heurter de façon logique à la difficulté budgétaire qu’engendre le maintien à flot de ces big bands, qu’ils soient devenus avec elle, qui plus est, very big.
On peut aussi penser qu’après des années à les mener avec talent, entrain, génie et une certaine foi, la dame et son compagnon de route et de vie, Steve Swallow ait(ent) envie d’un changement de cadre, de format, d’expression artistique.
Alors ils se retrouvent à deux, souvent, à trois, parfois, pour distiller un jazz ou une musique improvisée, ou encore, peu importe et surtout du Carla Bley chambriste.
Fatigue, peut-être et pourquoi pas.
Besoin de changement, de chercher ailleurs, possible et probablement…

Quoiqu’il en soit la production de Mme Carla Bley va, sur cette période, progressivement se détacher du format big pour installer un format intimiste, d’abord en propositions de versions épurées d’anciens titres dans lesquels elle n’a que l’embarras du choix pour puiser et progressivement vers une composition dédiée à cette nouvelle direction.
La Carla Bley pianiste va désormais prendre sa place et un sens orchestral, qu’elle déployait en sonorités multiples, va se recentrer sur les seules touches noires et blanches, sur un saupoudrage parcimonieux de rôles précisément affectés à son compagnon ou son autre comparse échappé des pupitres Mr Andy Sheppard.
L’instrumentarium va également s’ouvrir lentement vers les cordes, avec des solistes, puis des sections pour une nouvelle écriture.

La suivre dans ces nouvelles contrées ne m’est pas venu immédiatement.
Toujours et éternellement fasciné par ses périodes précédentes j’y suis entré d’abord de façon éparse, anarchique…
Un Big Band par ci, un duo par là… sans faire de réel lien.
Mais c’est en reprenant le fil conducteur de cette évolution musicale et stylistique que la passion pour sa musique et le sens créatif qu’elle lui donne encore et toujours m’est apparue au sortir réellement intacte.

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« BIG BAND THEORY » - Watt 1993

Cet album, qui se place en première ligne de notre dernière décennie avant le passage qu’on croyait décisif en un XXI qu’on aura largement fêté, craint, souhaité ou appréhendé amène la musique de Carla Bley vers d’autres horizons.

On ne sait réellement lesquels, mais l’on sent dès la première écoute que la dame va partir ailleurs.
Les recettes du passé qu’elle faisait ressurgir parfois ne sont plus vraiment.
Le « son » qu’elle nous a progressivement installé depuis « Social Studies », « Night Glo » et tant d’autres monuments parmi lesquels un choix s’avère finalement impossible, évolue, l’écriture s’élargit et le choix, par exemple de longs épanchements violonistiques romantiques, virtuoses ou empreints de traditionnels usages d’une Europe de l’Est imaginée, en la personne centrale d’Alexander Balanescu attestent que ça va changer.
Le bop féroce et véloce (« Birds of Paradise »), déviant vers le free n’est pas que de passage mais affirmé et assumé et le savoir faire orchestral de la dame va se mettre pour une fois, non plus au service exclusif de ses propres compositions mais d’un monument de la musique de Charles Mingus, comme du jazz d’ailleurs avec « Goodbye Porkpie Hat ». L’intro de Valente (et son solo) – véritable héro de cette version - vaut à elle seule le détour, sans parler de la récupération harmonique cuivrée en mode « choral ».
Extraordinaire vision que celle que Carla Bley fait ici de ce pavé incontournable de l’écriture jazz du blues que va achever Soloff de façon royale.

L’équipe a également subi des changements de personnel, même si les piliers restent là, à ses côtés et que Gary Valente tout comme Soloff déchirent, comme à l’accoutumée, tout sur leurs passages.
A la batterie Dennis Mackrel amène un sang neuf, plus volubile, moins « rigide », plus « actuel » et ce jeu, malgré tout toujours calé sur l’écriture, apporte, lui aussi, un changement de cap.
« Fresh Impression » porte bien son titre et va conclure en porte ouverte un album passionnant de a à z, où Carla Bley se « ré-écrit », revois sa palette de couleurs, modifie ses usages et remet le jazz en priorité tant d’écriture que de style.

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CARLA BLEY/STEVE SWALLOW : « GO TOGETHER » - Watt 1993

Main dans la main, (pour)suivant le chemin qu’ils ont suivi puis tracé ensemble, Steve et Carla se retrouvent en couple musical, seuls, enfin non… à deux.
Des thèmes de Carla, de Steve, épurés… le minimalisme, le partage, la complicité.
Dès « Sing me softly of the blues » on se laisse prendre à leur jeu.

Je réitère mon admiration pour la pianiste Carla Bley, avec son jeu forcément orchestral, ses interjections monkiennes, sa rythmique impitoyable, son sens aigu de l’organisation musicale, son emphase mélodique.
L’atmosphère est sereine, expressive et épurée.
Chaque touche est nuancée, chaque trait est parfaitement dessiné, chaque note est utile et véritable, essentielle.

Une pause ? ... Hmm … pas si sûr – ils commencent à y prendre réellement goût.
La suite d’une précédente idée de se retrouver là, en vie communément intime et musicale ?...
Quoiqu’il en soit, s’installer avec eux deux, au coin du quotidien – le leur comme le nôtre – c’est comme passer une belle soirée avec des amis et partager la vie et une tranche d’amour.

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CARLA BLEY/ANDY SHEPPARD/STEVE SWALLOW : « SONGS WITH LEGS (Live) » - Watt 1995

Pour quelques dates européennes et en Turquie le duo embarque avec lui Andy Sheppard, fidèle pilier du « band ». Le répertoire est, là encore, fait de reprises des thèmes fétiches de la dame et l’ouverture avec un « Real Life Hits », dépouillé de toute sa verve tonique des versions cadrées orchestralement pose le sujet.

Le ton est donné…
Ouverture, soliste, liberté, prétexte et argument.
Carla et Steve (mais quel boulot abat cet artiste ! ...) se mettent au service de Mr Sheppard, l’incitent, l’obligent, le provoquent puis s’amusent, joutent, batifolent et se jouent des thèmes prétextes à ce mini feu d’artifices harmoniques, rythmiques et volubiles.

Cette série de concerts a dû être remarquable et j’envie le public présent lors de ces échanges d’idées, jamais démonstratives comme ont pu être certaines rencontres de « grands » (je pense à Corea/Hancock) et toujours sensiblement musicales (« the Lord is Listenin’ to Ya ») ou pointées d’un humour installé dans le propos (« Chicken »).

Simple, efficace, pur et là encore éminemment et directement addictif.
Et ce « Misterioso » de Monk, thème fétiche de la dame… comme un manège, irréel et envoutant de son blues dégingandé dégagé par Sheppard en grande verve. Sans parler du solo de la dame – un pur régal…

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« THE CARLA BLEY BIG BAND GOES TO CHURCH » - Watt 1996

Enregistré lors d’un festival de jazz en Italie (Eglise San Francesco al Prato de Pérouse) ce retour avec retrouvailles du Big Band de Carla Bley présente un axe thématique qu’elle n’avait pas encore vraiment exploité : religiosité, spiritualité, foi et ferveur.

Le matériau musical va creuser le sillon de l’écriture choral qu’elle a déjà pourtant largement utilisée, mais de façon plus authentique pas seulement stylistique. Il s’agit là de commandes qui furent faites à la compositrice par le festival de jazz de Berlin (« Setting Calvin Waltz ») ou encore du Carnegie Hall Jazz Band (« Beads ») qui ne demandaient qu’à être jouées par son Big Band.

Le gospel et ses grooves ou voicings particuliers vont s’installer de part et d’autre et le beat ¾, dès « Setting Calvin Waltz » - suite bluesy protéiforme de plus de vingt minutes - est sans équivoque en ce sens (Karen, mirifique solo d’harmonica). Ici on plonge dans les racines churchy du gospel profond, du blues, du spiritual, et des origines du jazz. C’est comme un film musical, à nous d’en (re)créer l’image.
Duke en réminiscences du Cotton Club va à la rencontre de Nino Rota et de Kurt Weill, ils sont tous trois installés là-haut, dans ce paradis qui n’a rien d’artificiel et jamment ensemble avec leurs usages et art respectifs, sous l’œil facétieux de Monk faisant la nique à Mingus.

Le « band » est bien fourni en effectif et retrouve sa plénitude d’antan avec le plaisir évident d’exploiter ce nouveau matériau musical argumentaire.
Une autre suite ravira les inconditionnels de Carla (« Exaltation/Religious Expérience/Major »), nouveau complément d’œuvre à ajouter au lexique / catalogue de Carla Bley dont l’intro (res)semble (à) un hymne sacré (reprenant tant que déviant Haendel et son célèbre Hallelujah).

On connait et on attend avec impatience les interventions de « nos » solistes… ceux qui ont gravé de leur sceau le son Carla Bley. On ne sera pas déçu… ils sont tous là, magistraux, impliqués, redoutables, puissants et inventifs.
Le public les acclame, qu’y aurait-il d’autre à faire ? Chacun de leurs solos est purement jouissif, fédérateur, orgasmique, tonique et chargé d’une profonde et intense expression.
Vous connaissez leurs noms, leurs sonorités, leur phrasé, leur pugnacité et les retrouver c’est, contexte oblige, un véritable moment solennel.

La ferveur des retrouvailles, une fête de famille… comme une communion.
« Oh my God ! » - comme dirait l’autre…

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CARLA BLEY/STEVE SWALLOW : « ARE WE THERE YET ? (Live) » - Watt 1999

Je parlerais dans un épisode suivant de « Fancy Chamber Music » que j’ai découvert sur le tard et qui est paru en 1998.

Ici, le duo a pris la route et enregistré au long de sa tournée européenne.

L’Europe aime Carla Bley et elle rend bien au vieux continent l’affection qu’il a pour sa musique.
« Are we there yet ? » est un album facétieux, chargé de complicité, d’humour et d’amour.
Ils s’amusent à la vie comme à la scène, truffent la musique de références, de clichés, d’amusettes, d’un sérieux de comédie. Ils ne font qu’un et je ne vois guère ici, contrairement à certaines critiques de l’album lues ça et là, de « dualité » soliste où l’un(e) prendrait le dessus sur l’autre en toute réciprocité. Les rôles sont parfaitement homogènes et, en solo comme en expression thématique, qu’ils soient attribués à l’une ou l’un, c’est l’osmose musicale qui parle et s’exprime ici.

Cela se fait en clichés, en hommages (R.Charles, Satie, Weill avec une merveilleuse réinterprétation de « Lost in the Stars »…), jeux musicaux (« Satie for two » entre Satie et « Tea for Two »), satires. Carla et Steve se jouent d’eux-mêmes, gravitent autour de leur répertoire forcément mis dans le set de ce programme de concert.

Rien de bien sérieux dans cette musique sérieuse et sérieusement interprétée.
Comme une récré – mais il est des récrés où l’on joue avec sérieux, parfois bien plus qu’en classe…
Et de la classe, ils en ont !

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PAUL BLEY : « HOMMAGE TO CARLA » - Decca 2001

Un hommage à la dame et à sa musique par son ex, l’un des plus étranges, intrigants et aventureux pianistes (tant que musicien), Paul Bley.
Il ne faudra que les quelques premières grappes de notes de « Seven » pour se laisser embarquer dans l’univers conjoint du jeu de Paul et d’une musique taillée sur mesure par Carla.
Le jeu captive, chaque composition semble avoir été créée pour ce projet, alors qu’il s’agit d’une « lecture » de nombre d’œuvres du répertoire de Carla Bley.

Le jeu improvisé autour de ces thèmes - devenant ici tant aériens que minimalistes, dignes, pour le coup d’une certaine école du même nom – est parfaitement représentatif de la pensée artistique de Paul Bley.
Chaque phrase, chaque note… respire, laissant au piano le temps de sonner, résonner, d’ouvrir sa sonorité et ce dans l’étendue totale de l’instrument, exploité ici dans toute sa plénitude.
Les inserts blues sont de mise (« Donkey »), cas fréquent de figure de pose chez Paul Bley et il se sert du matériau écrit (« Ictus ») afin de le déstructurer (« Vashkar »), de le déployer dans l’espace afin de le parsemer en touches expressionnistes. L’axe rythmique n’est pas pour autant balayé, servant d’accroche, de drone («Overtoned »), d’organisation matérielle.

Cet album est un monument tant musical que pianistique, forcément peu médiatisé car déviant des habitudes que l’on insuffle à nos quotidiens.
La sensibilité humaine, spirituelle, mentale et artistique émane de chaque note, de chaque instant.
De sa pensée en ligne directe sous ses doigts Paul Bley nous fait pénétrer dans sa sphère mentale transmutée en sonorités organisées ou éparses, en fonction de son avancée dans l’interprétation libre et argumentaire de chaque titre.

Je le redis ici, Paul Bley est une énigme et son jeu pianistique, sa pensée le sont aussi.
Il n’y a là pas véritablement de clichés ou d’usages à imaginer décliner, cela ne servirait à rien. Il y a juste à tenter de comprendre comment par l’âme et en prise directe cela peut se produire.
On est face à cette prise directe de la pensée sur le son et sur son organisation immédiate en musique.
Penchons-nous sur « And now the Queen », exposé succinctement mais précisément pour s’émanciper sur l’ensemble de l’ambitus du piano vers un développement où l’espace est roi, malgré des grappes de notes parfois resserrées.
Cette liberté immédiate du travail du matériau thématique n’oublie pourtant jamais l’axe mélodique. Paul Bley chante, son esprit chante, son âme chante le suivi de ce thème qui passe, vient, revient, repasse, sert de passerelle, d’accroche…
C’est fugace et fugitif, irréel…
Une sorte d’ambient musique free jazz avec une prise de son d’une qualité à pâlir, au cœur du piano, au cœur de la pensée du pianiste.

Un autre incontournable de la production éternellement déviante et passionnante de Paul Bley.
Un album dont, encore une fois avec cet artiste, je peine à me sortir ou m’échapper dès qu’il entre dans ma tranche de vie.
Il n’y a peut-être que l’amour et le respect, avec une bonne dose d’intelligence suprême qui peuvent créer de telles œuvres, de tels « instantanés » – je note…

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« LOOKING FOR AMERICA » - Watt 2003

Il serait toujours dommage d’oublier que l’artiste n’est pas que musique, mais aussi opinion, contemporanéité, actualité, vie sociale et bien sûr privée et que tout cela réagit sur son quotidien, donc sur son art.
Carla Bley a participé au foisonnement du free qu’elle a embrassé et dont elle a été activiste dès ses débuts. Oublier que free n’est pas juste musique mais attitude et mouvement tant artistique que politique serait oublier que, forcément, Carla suit et appréhende l’actualité, ses contemporains et « son » Amérique.
C’est avec son humour chargé d’une certaine humeur qu’elle satirise ici cette Amérique : « Il faut bien admettre que je vis dans un pays de cowboys assez peu développé… L’Amérique que je cherche est précisément celle qui nous semblait acquise et que je ne reconnais plus (source Wiki) ».
11 Septembre, guerre en Irak, immigration (en particulier problématiques frontalières mexicaines) et pluri-cultures sont au cœur de ce débat musical.
Carla Bley s’attaque aux hymnes, au patriotisme et s’en sert pour exprimer son opinion, ses inquiétudes… désabusée... Elle met aussi en avant l’imagination artistique et musicale du pays et flirte avec le funk, remet le couvert du bop et bluese le traditionnal.

Peu de mouvement au sein du personnel habituel. Aux côtés de Gary Valente on note la présence du grand Dave Bargeron, Lawrence Feldman apparait aux saxes et c’est Bill Drummond qui officie à la batterie aux côtés du fidèle Don Alias.
D’emblée Soloff range notre Malouf national au biberonnage de trompette.
D’emblée dame Carla rappelle ce que veut dire composer et arranger, argumentaires politico sociaux à l’appui elle positionne sa musique en conséquence en référant, par exemple la couleur cubaine avec « Los Cocineros » (dédié aux cuisiniers des restaurants latinos de NY), un contexte où bien évidemment Gary Valente et sa pâte cuivrée fait merveille. Et qui laisse à Don Alias l’occasion d’échappées percussives, ciblées, jamais bavardes, forcément sensibles.
Ou mariachi (« Tijuana Traffic »)…
Au centre de tout cela, comme un socle, une racine, Steve Swallow unit et réunit de son jeu intense et dense.
L’équipe Puschnig/Sheppard est indissociable du son Carla Bley et s’il en fallait la preuve, cet album le concrétise largement.
Carla en ce début de XXI s’interroge sur son Amérique… si elle savait… ce n’était qu’un début.

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Nous sommes en 2003.
Ma vie va définitivement changer et bouger.
La musique de Big Band va, d’un trait, s’effacer de mon quotidien, mutation oblige, région oblige, choix professionnel oblige.
Elle restera toujours dans ce coin de tête, mais ces rafales soniques de cuivres enthousiasmants ne seront plus une réalité hebdomadaire et l’écoute obligatoire quotidienne de la forme Big Band deviendra périphérique, exclusivement plaisir alors que depuis des années elle faisait intégralement partie de ma vie, professionnellement et en mélomane bien sûr.
Cette rupture m’a fait aussi réaliser la chance que j’ai eu de pouvoir diriger pendant des années de telles formations, d’écrire pour elles et de rencontrer par elles des musiciens extraordinaires.
Elle m’a aussi fait réaliser la difficulté « d’entretenir » de telles formations, en pérennité d’effectifs, en réalité budgétaire, en implication organisationnelle, en mode, forcément, associatif.
Je me suis retrouvé « à vide », cette musique emplissait tellement ma vie et ces « responsabilités » m’ont tellement formé, appris tant artistiquement, musicalement qu’humainement…

La musique de Carla Bley et son écriture tant de compositrice que d’arrangeuse a fait partie de ma vie pendant des années comptant par dizaines, elle a été et reste un modèle à imaginer atteindre en perfection, imagination, liberté et dimension intellectuelle. Mais aussi en image de leader responsable, de cheffe d’équipe, d’intégrité artistique d’autant que féminine.
Avec « Looking for America » j’ai tourné une page cuivrée.

Mais … elle est revenue … bien plus tard. Et ça m’a rassuré…

















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