Plaisir(s) partagé(s).

 Plaisir(s) partagé(s).


Petite pause entre déferlante Herbie, dont la saga va reprendre soyons en sûrs…
Et une fin d’année pédagogique en mode compression totale, ministériellement ajustée en dents de scie (on a malheureusement l’habitude), ce qui n’est pas vraiment simple au quotidien…

Le groupe d’adolescentes est « ready ».
« Ride like the Wind » tourne bien groovy avec ces entrées sur la levée du temps qui lui donne un pep inévitable.
« Logical Song » s’avère bien maitrisé (avec ses ajouts de mesures qui ont le don de créer un « doute »)
« Thank U » a trouvé son équilibre et des chœurs aériens sont venus à leur initiative créer un contraste magique avec l’ensemble traité bien rock.
« On m’attend là-bas » nous a rappelé que Véronique Sanson plait de façon unanime.
« I can’t go for that » était idéal pour un beat rythm’n’blues popisé eighties avec chœurs et kitch préchorus et a fait sortir du chapeau des Hall and Oates si souvent méprisés (que j'évoquerais ici d'ailleurs).
« Paper Thin » s’est invité en dernière mn après la découverte addictive des ados de Lianne La Havas devenue en quatre phrases vocales un « modèle »…
Reste à jouer tout ça…
Live…
Et se faire ce véritable plaisir que ça engendre.

 

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« Hardware » - Billy F Gibbons. (Concord records 2021)

- « Ce qui fait ch… quand tu fouilles dans les bacs à disque à la lettre Z c’est que ZZ top côtoie Zappa » me disait il y a un temps d’adolescence un pote fan du moustachu et pas des barbus.
Il était impossible à contrarier et comme j’aimais également Zappa auquel il me trainait en concerts chaque fois inoubliables, je préférais ne pas débattre…

Mais ZZ Top, je les gardais pour d’autres occas’s.
Le côté gros blues rock, rentre dedans, la bagnole, les filles, le soleil plombé et tout et tout – une sacrée imagerie sans parler du look texan des gaillards.
Ils sont passés à Grenoble période « Afterburner », j’y ai emmené mes élèves de batterie.
Mémorable !
Dire que je suis fan serait abuser, mais se mettre un bon ZZ de temps à autre ça réveille et met la patate et finalement en regardant mon étagère à vinyles je me rends compte qu’à la lettre Z, même s’ils n’égalent pas la surproduction zappaienne, étouffante parfois, ils se sont tout de même bien installés à ses côtés.
Billy est sans âge, genre fait de roc(k) et paraissant indestructible.
On connait sa sonorité de gratte par cœur, on devine chacun de ses solos et pourtant à chacun d’eux c’est comme si Vai ou Satriani m’apparaissaient comme des bambins surexcités en couches culottes, on est en évidence face à chacun de ses gimmicks blues, on sait de suite à sa voix éraillée que sa vie n’a pas et n’est pas qu’un long fleuve tranquillement abreuvé à l’eau plate ou gazeuse, on se laisse emporter par le moindre de ses shuffles, sans retenue, sans hésiter, normal c’est du pur jus…

Billy s’offre donc des vacances ZZ, il convoque des amis de route, forcément, ces mecs passent leur(s) vie(s) sur celle-ci, enfilant les hôtels, motels, l’asphalte, les clubs, les scènes diverses et variés comme des perles chaque fois plus rares les unes que les autres.
Matt Sorum, ex-guns, parmi ceux venus ici, vient fracasser avec bonheur. Une batterie au son simple, classique, où la surprise n’a pas sa place, et d'ailleurs, pourquoi faire compliqué ici ?...

Le sud, la chaleur, la poussière de la route, du désert…
Le bois des clubs, la bière, le whisky, les filles en jean moulant…
La gratte au vernis tellement usé…
L’ampli qui gueule…
Le bon vieux micro shure vintage…
Le groupe, là, buriné, usé mais éternellement efficace.
Les choristes en pinup sexy et au sourire ineffaçable…

Le dragster est garé – ils sont là.
La soirée va être délectable…

Un album qui défile comme le long serpent d’asphalte d’une route de légende.

 

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« Private Sunshine » - Lou Hayter (Skint records -2021).

Elle est jeune, classy Chanel, DJ/Claviériste/Chanteuse, elle est blindée de références qui puisent dans une new wave eighties, qui accrochent Bowie, qui mettent en évidence une soul (jazz) british raffinée, qui ensoleillent une pop west coast détendue…
Jane, Charlotte et une certaine french touch AIRrée semblent s’être invitées par ci, par-là, par le biais d’une inflexion vocale, d’un clin d’œil, d’un érotisme classieux.
Hall and Oates sortis de leurs eighties sont tout sourires rejoignent Steely Dan…
Human League, Working Week, ABC et tant de ces « références » se bousculent dans cet arc en ciel musical.

« Private Sunshine » c’est tout ça et tant d’autres choses…
C’est le genre d’album qui va faire passer l’été en souplesse, en douceur, en soleil.
Pas ce soleil où la fureur du dance floor transpire en mode camping, non, ici c’est le Grand Hôtel, la plage avec transat, parasol pastel assorti à serviette, maillot une pièce… la boisson est fraiche, pétillante et la paille obligatoire sort du lot de glaçons qui crépitent de bonheur.
Le DJ est au bord de la piscine, il hoche du chef, son crédo lounge fait osciller les filles en bikini – elles lui adressent un sourire délicat, complice.

Lou a samplé le drumming de Marotta du « Time out of Mind » de Steely Dan et c’est certainement là que j’ai décidé de m’y intéresser.
Et puis un tel solo de gratte, là dans ce contexte, si bien amené ça fait un bien fou…

La production semble intemporelle, tant eighties new wave que d’une totale actualité vintage…
Arpeggios diaphanes, synthétisme délicat et soft, phasing, chorus, flangers, envolées de Rhodes, loops entêtants, vrais ou faux saxs Stax, chœurs à peine effleurés mais pourtant « tellement » là, basses presque massives et rythm box plurielles qui s’y accrochent…
Des covers qui sonnent comme des compos, des compos dont on se demande si ce sont des covers…

Décontract’… mon album de l’été ?

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« Collapsed in Sunbeams » - Arlo Parks (Transgressive 2021)
« Sensational » - Erika De Casier (4AD 2021)

Pourquoi ne pas dissocier ces deux albums ? En fait je n’arrive pas vraiment à le faire.
Dès que je mets l’un j’ajoute l’autre.
Arlo Parks a été immédiate, ce groove là encore, cette voix merveilleusement harmonisée qui implique en toute tranquillité des textes « en phase » sur un R’n’B souple et léger, sur une sorte de Nu jazz moelleux et une production claire, limpide et « large »…
Erika De Casier a été comme un second parcours, une seconde récompense, une entrée plus pop sur des beats plus complexes, moins directs, plus trip hop et là encore une production d’une précision d’orfèvre où chaque détail est pris en compte pour optimiser une voix vraiment légère, là encore aux harmonisations parfaites, diaphane et pourtant…

Les deux albums s’écoutent sans penser véritablement titre, ce qui a forcé directement mon intérêt là où le mode youtube, réducteur tant de fréquence que de timing où la chose ne s’installe jamais vraiment, est omniprésent dans nombre de productions actuelles.

Le mélange sonorités devenues « vintage » et en vogue avec des productions boostées sans heurts à l’actualité logicielle a tapé juste également.
Et puis, ces chanteuses expriment la musique, elles articulent formidablement des textes qui prennent un sens profond, elles mettent leur technique vocale indéniable au service musical sans effets usagés, sans les brailleries qui malheureusement inondent et détruisent nos tympans fatigués de tant de prise de pouvoir vocale télévisuelle et médiatique…
Alors on se laisse porter et emporter dans leurs univers où la musique parle avant toute chose.
Où sensualité sans fards et féminité sans surenchère sont juste là, naturelles.

Et on les installe finalement régulièrement dans le quotidien, comme un moment de bien être, de détente et de plaisir de qualité raffinée.

Stay tuned dit-on.

 

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Le ciel s’est bleuté, la chaleur reprend ses droits.
On sort, on se retrouve, on partage et les sourires franchissent la barrière masquée.
Je me méfie toujours de l’insouciance retrouvée, mais pour autant c’est tellement bon de s’y replonger…

Bel été à toutes et tous.

Commentaires

  1. Je n'ai jamais entendu parler de ces artistes. Disons que Lou Hayter attire mon attention avec les références 80's que tu mets. D'ailleurs j'ai pas mal écouter Hall and Oates ces derniers temps (merci Devantf).
    L'autre est Erika De Casier, parce que tu en parles bien et que j'ai vu le nom du label 4AD.

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    Réponses
    1. Merci de passer ici.
      Hall and Oates, avec Dev' on est plutôt défenseurs car bien souvent ils sont pointés du doigt (et de l'oreille), ce que je n'arrive pas spécialement à piger.
      Il y a bien longtemps, j'ai découvert Daryl Hall par la première incartade solo de Robert Fripp dans son album kaléidoscope et génial "Exposure".
      Tu y trouvais tant Peter Gabriel avec un "Here comes the Flood" complètement épuré rapport à la version symphonique de son premier album, Peter Hammill (tiens encore et toujours lui) déjanté comme toujours ou comme jamais et Daryl Hall en quelque sorte voix médiatrice.
      Directement quand j'ai su que Fripp avait produit son album solo (devenu qq part culte) "Sacred Songs" j'ai filé l'acheter. Un album unique et captivant...
      Dans le même temps je me passionnais pour Utopia avec son prog rock genre Heroïc Fantasy mené par Todd qui produisait le mégalomaniaque Meat Loaf...
      Et j'ai découvert que Todd avait produit les premiers albums de Hall and Oates.
      De suite je suis tombé sous le charme de cette pop effectivement sucrée et parfois kitch, mais que ce soit "Abandonned Luncheonette" ou "War Babies", ça dépasse largement cet a priori. Et puis, comment résister à "Sarah Smile" ou encore "Kiss on my list" qui détrônerait presque un tube de Supertramp ?
      Bref, chez Hall and Oates il y a beaucoup de critères qui me plaisent.
      L'un des albums que j'ai dévoré et que j'écoute encore c'est "beauty on a back street" avec l'équipe de Toto " au service "requin studio grand art"...

      Je suis toujours à l'affut de nouveautés...
      Le streaming me le permet et c'est bien pratique.
      Quand je n'arrive pas à décrocher d'un album j'essaie de le trouver en vinyle (mais souvent l'analo c'est du numérique passé master à contre sens...) ou bien entendu en cd... faire vivre l'artiste...
      Ces derniers temps cette quête de news a été augmentée par le fait que je devais préparer des épreuves d'exams de fin second cycle pour des élèves.
      Dans ces épreuves il y avait une écoute / analyse avec des questions très précises et un repiquage.
      Ce que j'aime faire pour ce type d'épreuves c'est, justement, mettre des artistes nouveaux, récents, des prods sorties toutes chaudes...
      D'abord parce que pour eux c'est en qq sorte, à nu, pas de référence immédiate et ils doivent se creuser les méninges et d'autre part ça permet de découvrir d'autres horizons et de sortir de ses habitudes.
      Le repiquage est ensuite filé à un groupe qui doit jouer le titre sous la direction du candidat là encore sans références directes c'est plus ouvert et permet des "covers" vraiment passionnants car chacun y va de sa personnalité lors de l'épreuve.

      E De Casier a fait partie de ce lot...
      Pour Lou Hayter c'était plus difficile car la musique est plus compliquée à cibler, tellement de références et de développement dans les compos.
      Pour le blues j'avais choisi non Gibbons mais le dernier Robert Finley et Arlo Parks ce fut "Just go" pour son pattern rythmique idéal à repiquer (et pour se planter...)

      Bonne semaine.

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