LIVE or ALIVE ?

 

LIVE or ALIVE ?

Dead or Alive ?...

Depuis ce qui apparait comme des lustres le partage réel avec le public n’est plus.
Cela dérange-t-il un gouvernement qui déconsidère la culture ?
(Le ressenti de cette déconsidération, voire de ce mépris n’étant pas ici de mon appréciation, c’est général) … les acteurs du secteur sont médusés par ce qui, finalement, est certainement arrangeant.
Macron, en sous-marin, reprend ses combats visant à juguler la société et il use de la situation pour ce faire.
Retraites, culture, petites entreprises sacrifiées pour les grosses, normalisation à l’outrance européenne, mépris et ponction des classes sociales de la plus basse à la moyenne…
Il continue, pandémie en banderole justificative de construire son autoroute destructrice de notre société. Il a dû prendre une sortie et faire un détour car le panneau COVID a retardé sa « moyenne » envisagée…
Qu’à cela ne tienne il va accélérer, de toutes façons il a aussi le contrôle des radars.
Il glandouille à vacciner, normal, dès qu’on va pouvoir ressortir ça va chauffer, il le sait…
Il jette l’huile sur le feu depuis mars dernier et d’incohérences en illogismes, de discrimination en stigmatisation il a réussi à se foutre quasi tout le monde à dos – toutes classes sociales confondues…
Un résultat exceptionnel…

Le monde de la culture, comme celui des restaurateurs, commerçants, etc… n’est pas un amalgame de crétins irresponsables.
Ses « acteurs » tiennent à leurs métiers et de fait, sont aptes à respecter au-delà de la lettre des consignes sanitaires de degré élevé, du moment qu’on leur permet d’exercer, de bosser, de continuer à œuvrer par leurs passions.
Je vois mal un responsable de salle de spectacle s’affranchir de consignes sanitaires même des plus drastiques afin d’ouvrir « à tout prix »…
Macron, du haut de son mépris a oublié qu’il a, face à lui, des professions intelligentes et réfléchies.
Il infantilise, il préfère stigmatiser que raisonner et, au sortir… il punit.

La punition est un acte dont il devrait, par ailleurs, d’un côté justiciable, s’emparer, mais c’est un autre débat que je laisse à la politique de parlotte, incapable de faire, juste capable de dire…
Il est donc plus simple de museler la France que d’agir sur ses affres, solutionnables pourtant, par des actions et des idées connues de tous : éducation, instruction et bien entendu… culture…
La boucle est bouclée et tant que ces nécessités ne seront pas revalorisées et mise en réelles priorités (au même titre que la revalorisation des métiers de la santé et de la recherche dont on aura saisi aujourd’hui l’impérieuse obligation), la racine de ce qu’il croit problèmes de société continuera à dévier.
Désormais cela sera long, très long même…
C’est sûr que ça ne correspond pas à l’urgence d’un quinquennat à vision court terme essentiellement imaginée pour la réitération de cinq de plus…

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Ah oui, j’avais presque oublié de parler de la première concernée, une certaine Roseline, dont – excusez-moi – je ne suis toujours pas parvenu à associer son nom avec l’idée de culture… Louboutin/Chanel et beauferie en tête se voulant grosses n’ont certainement pas aidé à crédibiliser l’affaire et ce n’est pas faute d’avoir essayé ce même jusqu’à lire ses interventions tant à l’assemblée qu’en sénat…
Mais, ceci dit, personne n’a certainement les coudées franches avec Napoléon doublé de Louis XIV au pouvoir. D’ailleurs puisque de presque humour il s’agit, même Canteloup peine à amuser en compagnie de la figurine Sublet quand il s’agit de ce gouvernement…
En tout cas, Hollande c’était vraiment plus poilant… (cela dit je ne suis pas vraiment un assidu de ce genre d’émissions, vous vous en doutez, donc c’est par défaut qu’elle entre dans ma vie pour en repartir quasi immédiatement, juste le temps de trouver, énervé, la télécommande).

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Live ou Alive, la musique (pour ce qui nous concerne ici) a besoin d’un partage que le seul studio d’enregistrement ne permet pas à réaliser « complètement ».
Il suffit de constater le bonheur de ce partage de la scène au public, pour le réaliser, le comprendre et vérifier que c’est le moteur qui anime l’artiste, qu’il soit devant 45000 personnes ou dans un pub rock avec 10 accoudés au comptoir.
Vous le savez, je connais terriblement cette sensation et elle me tient à de nombreux degrés d’échelle, à réaliser ma vie et à lui donner un sens.
Cette sensation, les élèves dont j’ai la responsabilité formative y ont goûté et ce depuis leurs premières années… Avec la perte de ces moments de partage avec le public, ils ont perdu l’essentiel de leur objectif initial qui les aura amenés à comprendre et vivre la musique.
C’est grave car cela n’impacte donc pas que les personnes dont c’est métier, mais toutes celles dont l’artistique et le culturel se revêt d’un sens pour leurs vies.

J’aime aller au concert, écouter mais aussi voir la musique en action.
Du show gigantesque à la Gaga/Farmer au petit groupe posé sur les praticables là, au coin du bar de plage de l’été, j’aime vivre et partager avec les musiciens ce qu’ils nous donnent.
Et forcément, j’aime être sur scène et faire de même.

Il y a trois étapes dans la vie de musicien…
1/ Apprendre et découvrir la musique par l’instrument mais pas que…
2/ Posséder suffisamment de cet apprentissage pour se faire plaisir.
3/ Et c’est là le but… partager ce plaisir en faisant plaisir aux autres.

L’applaudissement n’est pas seule récompense… (il est même, parfois, curieusement « codé » - ne pas applaudir entre les mouvements d’une symphonie, applaudir systématiquement un solo, en jazz, ou une diva à la fin de son air, en plein opéra…).
Le silence peut l’être aussi, signe d’une écoute profonde et respectueuse qui empêche la rupture du « fil » du son… (ce silence qui enveloppe le point d’orgue de chaque direction mue par Claudio Abbado)
Les regards ou les yeux qui se ferment, les ondulations des corps, les hochements de la tête, l’attitude corporelle de l’auditeur…
Tout cela participe à la véracité de ce partage, à sa concrétisation, à ce sens humain… inexplicable, induit, inexorable.

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Nombre d’albums live existent…
Quel groupe n’a pas le sien, quelle œuvre aujourd’hui n’a pas été « capturée vivante », quelle esthétique y aurait échappé ? ...
Le visuel s’est encore plus invité, sur-augmentant parfois l’émotion initiale.
Alors les supports ont évolué.
La cassette VHS est devenue DVD (celui-ci s’invitant même en « bonus » dans les CD audio) et le streaming comme les chaines dédiées (ou pas) ont pris leurs places médiatiques, imposant de plus en plus d’exigence, de « performance », de précision tant visuelle que musicale.

Dans le temps « d’avant », on écoutait un album live et on transportait son imaginaire à partir de peu ou de rien… On se téléportait dans un club, une salle bondée, un stade et en fermant ses yeux on participait mentalement à ce partage gravé en sillons vinyliques.
Et un jour on put s’acheter – l’image…
Des prises de vues forcément subjectives car « réalisées » ajoutant une mise en scène là où parfois il n’y avait qu’un jeu musical simple et normal.
Hmm… débat…


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J’en ai glané quelques live ces temps, car on est en plein sujet et ces temps de partage nous manquent, comme un pan de nous-même qu’on aurait mutilé…
Alors, en vrac et surtout de façon tellement ridicule en minimalisme de choix… quelques-uns…

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Lianne La Havas « Live at Roundhouse » - 2020.

Je commence par ce pur produit de la situation actuelle, un live enregistré pour concert streaming en réseaux sociaux par la jeune chanteuse anglaise, née d’un père grec et d’une mère jamaïcaine, des parents musiciens. Une artiste à la carrière déjà bien solide et reconnue par ses pairs (« petite » protégée de Prince… entre autres faits anecdotiques).

Cet album en format EP a transformé en quelques minutes mon quotidien.
De suite j’ai été happé et envouté par cette voix qui puise dans toutes ces racines que j’aime et qui agit directement sur l’émotion.
La prise de son est un pur diamant( la guitare… pff…), la présence de l’artiste s’invite directement au cœur de nos vies et sa conscience, certainement, d’avoir à dépasser l’environnement de la salle vide pour transmettre et partager de façon virtuelle fonctionne ici, pour le coup plus qu’à merveille.
Il est des contextes qui impliquent et renforcent l’expression artistique, l’interprétation.
Ici, habitée comme rarement/ou jamais ne le seront les gueulards ou pseudo pleurnichards d’une farce appelée « the voice », Lianne La Havas inonde d’une force émotionnelle immédiate tout le spectre sonore.
Pas besoin d’image (même si je suis forcément allé m’enquérir, une fois captivé par cette performance de quelques supports youtubesques) en tout cas pour se laisser capturer par ce flot passionné, impliqué et touchant.
Un live contextuel qui replace l’artistique en première ligne et… fait réfléchir…
Oui, réfléchir… et rassure…

En ces temps où tout voudrait se mélanger sans distinction réelle (et où l’opportunisme s’invite), il faut savoir distinguer qualité de médiocrité… racolage et authenticité.
Ce n’est pas forcément si simple… mais c’est parfois – heureusement – évident.


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Serge Gainsbourg « Live au Casino de Paris – 1985 ».

Et m… déjà trente ans…
Trente ans que je fais tourner souvent en boucle cette œuvre qui n’inspire qu’un mot : génial…
trente ans (sans compter les autres années, précédentes) que mes doigts courent sur le piano afin de le jouer, lui rendre chaque semaine et chaque jour parfois, hommage.
On croirait pouvoir s’en lasser, ou s’en passer, mais c’est impossible car même sous les mélodies les plus minimalistes et « populaires », même sur ces accords si simples d’apparat et évidents, il y a toujours une magie qui opère. Comme une flamme qui se rallume dès qu’on égrène la poignée de premières notes.

Mon presque préféré, c’est celui-là…
L’équipe de ricains menée par Bill Rush agissant comme un Mick Ronson chez Bowie, en directeur artistique tape fort… très fort…
Pas fort comme, par exemple chez Jonasz (remarquablement différent mais tout aussi remarquable d’ailleurs), mais fort en symbiose avec le maitre du jeu.
Erotisme, torride, direct ou suggéré, orgiaque… dépression romantique et poétique affirmée…
Blagounette salace… jeu d’acteur artiste en sus… désinvolture faussement picolée et enfumée…
Tout l’arsenal Gainsbourg et Barre y passe.
« Jeudi soir, avant le premier spectacle, mon pouls a battu à la vitesse d'une Harley Davidson. Je me demandais comment les petits gars dans la salle allaient me recevoir. J'ai sauté sur la scène et j'ai repris ce que j'avais écrit de plus beau dans ma vie. Paroles et musiques. Sans esbroufe. J'ai été sublimé par mes musiciens américains. Chorus de sax. Puis solos de guitare, de synthé et de batterie et j'ai dit : " Ne comptez pas les mesures, on va rouler sur l'émotion. " Y a des moments où j'ai été au bord des larmes, par exemple quand j'ai chanté la ballade de Johnny Jane". »
(Le Monde 23 Septembre 1985).


Moi je pleure quand Serge se bat avec Gary Georgett et son DX7 sur boite à rythmes oppressante lors d’une dépression au-dessus du jardin, summum d’un art tant musical que poétique dont il exprime là, en live, l’infinie dimension romantico-émotionnelle.
Moi, je pleure quand, à la fin il se laisse happer par le chant de son public lors d’une javanaise au bout de laquelle il arrive difficilement à se retenir de chialer tant le partage est fort, intime, dense et authentique.
Lors je me dis que j’aurais bien aimé être là en octobre 85, au Casino de Paris et que c’eut été la plus grande claque tant musicale qu’émotionnelle de ma vie, car déjà ça la reste rien qu’à l’écoute jamais cessée ou oubliée de ce moment inclassable, unique et hors du cadre commun.


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Bill Bruford’s Earthworks « Stamping Ground Live »


Une tournée de 1992 passant par NY, Boston et même Cambridge parue chez Virgin en 1994.
On cite, exprime le nom de Bill Bruford et c’est logique vient directement King Crimson, Yes et parfois UK.
L’opportunité liée à l’originalité talentueuse d’avoir participé à l’aventure rock prog chez les plus grands et pas qu’en sideman, mais en réel acteur masque une forêt créatrice d’un grand intérêt, une direction et des projets musicaux défendus par Bill Bruford avec une conviction, tel qu’une petite entreprise défend son intégrité, ses choix et son authenticité.
Quelques albums solos absolument géniaux qu’il faut connaitre car pas estampillés batteur, mais réellement composés et avec une pertinence rare sous son nom et le batteur qui a mis Max Roach encadré dans son amour pour le jazz s’est embarqué dans le projet « Earthwork », mettant son nom en sous-titre et s’effaçant au profit d’une musique tant originale que collective, conceptuelle et surtout d’une formidable intelligence. Le groupe est de haute volée mené par un Django Bates qui oscille avec un brio incommensurable entre claviers et cor en mi bémol…
C’est un peu comme si Herbie croisait Joe Zawinul sur des compositions en réminiscence prog mais instrumentales tendant vers une synthèse de tant d’éléments assimilés du jazz le plus ouvert qu’on oublie vite ces schémas référentiels inutiles pour se laisser toucher par cette proposition musicale.
On a même droit à l’entracte, les applaudissements sont largement de mise dans ces clubs où seuls curieux comme fans invétérés ont dû se rendre afin d’aduler leur idole au drumming sec et vigoureux, nerveux et d’une technique sans égal, inventif tant que multiple.
De l’électronique s’embarque partout ce bien avant qu’on s’identifie « électro » de par le seul fait de mettre trois nappes de synthé, un sample et quelques bizarreries non identifiables. Ces gars ont le sujet et l’outillage bien en mains et savent en user avec l’intelligence qu’induit une-leur musique savamment écrite et exécutée sans que, pour autant, l’on ait l’impression d’un déballage technique et technologique genre démo de salon Namm LA.
Bill se fend d’un solo de batterie, rendant l’exercice tant utile que musical, chaque thème est ciselé et à la loupe et l’inspiration est au rendez-vous sur un sujet pourtant peu simple, ni courant, écrit avec une singularité et une particularité rares, comme, peut être et finalement, seuls les batteurs/compositeurs sont capables de proposer.
Alors je suis là, dans ce club, la proximité est de mise et la magie opère, immédiatement…
Pas besoin d’image, on peut se faire son film sans problème et qui plus est cette musique a un pouvoir suggestif indéniable… chose plutôt rare dans un contexte jazz qui plus est, live.
Alors entre être là et s’en échapper pour l’imaginaire, cet album aura fait mouche.

 

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ERNIE WATTS QUARTET « Alive » (2004).

On connait tous Ernie Watts… enfin… sa sonorité on l’a déjà entendue, repérée, appréciée, sans pour autant mettre son nom sur ces solis pourtant placés, çà et là, au gré de nombre de sessions de studio toutes les plus glorifiantes les unes que les autres.
Quincy Jones, Chaka Khan, Lalo Schifrin, Count Basie, Lee Ritenour, Chick Corea, Barbra Streisand, Claude Nougaro, Zappa, Les Rolling Stones, Billy Cobham, Dave Grusin, Gino Vannelli… Charlie Haden et son Quartet West… la liste de ses sessions, de ses participations est édifiante et impressionnante.
Un souvenir… Vienne avec le Quartet West.
Un solo sur « Lonely Woman » tel un long développement d’environ 25 à 30 mn, incroyable, inoubliable, une expérience de live unique et mémorable, le genre d’aventure quitte ou double, ou tu te vautres et la buvette du festival fait carton plein ou tu captives et un silence religieux, une écoute indéfinissable s’installe, la magie opère, l’instant devient quasi religieux.
Les albums sous son nom, de cette immense légende vivante du saxophone sont rares…
Et ce live enregistré en Allemagne avec un quartet de luxe au listing d’inconnus des bataillons est un de ces rares moments où la chaleur du partage est immédiatement palpable.
Ernie, habitué des retouches spécifie bien qu’il n’y a là aucun overdub, ils sont montés sur scène, ont joué et fonçé. L’expression déborde, le jazz prend tout son sens et sa vérité dans de tels contextes.
Les compositions côtoient un choix de standards où Monk et Mingus s’invitent.
J’ai fermé les yeux, me suis assis dans le club, j’ai commandé un whisky, sans glace et j’ai savouré ce moment. Et là, oui, j’ai vraiment applaudi à la fin de chaque solo.


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MOZART « Piano trio et Piano Quartet » / BERG « Piano Sonata arrt for String Sextet » / SCHOENBERG « Kammersinfonie ».
Festival de musique de chambre de Heimbach – 2005

Le classique en « live » devient de plus en plus courant, voir commun.
La faute à ces chaines tv qui installent le « concert » chez nous, chez vous.
L’image aura donc remplacé la seule musique et les prises de vues au demeurant souvent parfaites mais forcément subjectives, mettant l’accent sur tel ou tel instrument, de façon certes quasi pédagogique, au moment où celui-ci intervient, orientent désormais l’écoute vers le détail et sans le véritable recul.
S’en plaindra-t-on ? Cette démocratisation et banalisation de la musique classique dite encore savante (un savoir d’écriture qui lui aussi a tendance fâcheuse à s’évaporer) la désacralise et finalement cette mise à portée, là, chez soi, aura au moins l’avantage de s’adresser là encore à tous… du moins qui le veulent.
Le véritable choc de l’opéra ne se fera pas ou plus par l’image ce même sur un écran avec une qualité d’image de plus en plus précise, car le son…
La caméra qui se balade parmi les musiciens là où l’on est simplement assis et à l’écoute, face (ou de côté d’ailleurs) à la vérité de la musique est bien pratique mais cette scénographie de la musique efface celle-ci…
Pourtant nombre de ces enregistrements une fois sortis de leur visuel se révèlent d’une rare qualité pour certains (je pense aux concerts d’Abbado) mais aussi décevants voir reflétant une superficialité évidente que l’image n’aura pas permis de révéler (je pense à ce Freischütz récent dont le visionnage ainsi que l’écoute m’ont atterré de tant de manque de substance alors qu’il fut surmédiatisé).

Isabelle Faust poursuit un chemin et une carrière souvent engagée envers des œuvres d’un répertoire par vraiment usité et de temps à autre se replonger dans ses productions qui ne sont pas surabondance mais pertinence (comme cette récente intégrale des sonates pour violon et piano de Beethoven ou sa vision de Schoenberg) fait du bien.
Un jeu juste, réaliste, précis, d’une musicalité immédiate et sans fards…
On la retrouve ici en musique de chambre, un exercice de mise en collectif des plus exigeants, si, qui plus est l’on est une soliste. La mise en son collectif est un savoir-faire, la perception de l’œuvre, de l’autre, de l’équilibre, l’impulsion commune, etc… ce n’est pas pour rien que les « classes » de musique de chambre sont nécessaires, utiles et formatrices et que cette pratique pour des œuvres écrites de façon spécifique implique une parfaite maitrise musicale (et technique).
Ici, en public, le choix de faire se côtoyer Mozart et les viennois de cette école encore trop mise à l’écart a retenu toute mon attention et, ne connaissant pas cette adaptation/arrangement de la sonate pour piano de Berg, qui est une pièce que j’affectionne, c’est bien sûr cette curiosité qui m’a fait partir « au concert ».
Ce concert défend avec élégance tant que conviction ce répertoire semblant opposé et difficile à faire cohabiter et pourtant à l’issue de ces pièces qui s’agencent comme un kaléidoscope de l’extrême, la musique aura pris sa place, immense, et sans le moindre besoin de référent visuel, dans mon esprit.
Berg et un expressionisme qui là prend tout son sens se revêt d’une parure quasi romantique aux élans lyriques majestueux, Schoenberg est dégagé de toute l’acidité qui est fréquente lorsque qu’il est présenté et Mozart ponctue en équilibre rigoureux tant que génialement audacieux ce voyage qui a forcément marqué, car immédiat et fugace, les auditeurs bien chanceux de ce soir-là.
Un concert qui ne s’écoute à mon sens qu’en son intégralité, car en extraire l’une ou l’autre des œuvres n’apparait pas « légitime ».
Un « vrai » concert, donc.


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DONNY HATHAWAY « Live at Bitter End 1971 »

Donny Hathaway live c’est toujours et directement « quelque chose » …
C’est chaud, c’est groovy, funky, roots, chargé de soul et d’émotions, immédiatement ça prend aux tripes et fait couler des larmes de bonheur ou de nostalgie, de feeling.
Alors la chair de poule c’est, de suite, alors le corps devient participatif, alors le salon devient ce club où l’on se fraye un passage pour aller régulièrement réapprovisionner un verre qui participe à cette fête, à cette magie.
Le Wurtlizer est un tapis moelleux sur lequel les envolées vocales souples et chargées de vie, de sueur, de plaisir se posent, la rythmique est « au service » de cette profusion de sensations sans camouflet.
Le bien-être... on est tant heureux que détendus.
On participe pleinement et l’on oublie presque que tout cela c’était là-bas, dans ce club Le Bitter End de NY, situé à Greenwich Village, haut lieu emblématique et passage artistique newyorkais obligé, en 1971 (le club existe depuis 1961) tant cette « proximité » avec l’artiste est là, chez soi, creusée dans les sillons vinyliques.

Magique, comme seule cette musique aux racines profondes sait et peut /pourra toujours le faire.
En témoigne "The Ghetto" et surtout l'hypnotique "Voices inside" avoisinant les 22 mn pour une plongée prétexte de présentation des musiciens, ce dans un groove et un engagement torrides.
Rhaaa....
Ça valait le détour…


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Oui ça nous manque.
Oui, c’est irremplaçable.
Oui faire croire que l’image remplacera le son est une illusion déviante.
Oui la musique se vit et en live c’est bel et bien là qu’elle se partage.

En attendant la reprise, ne prenez pas l’habitude des quelques « live » du jeudi d’un très mauvais groupe ministériel. Ils ne sont pas en place, leur rythme est mauvais et parfois même il y a cacophonie et celle-ci n’est pas savamment atonale, mais désordonnée.
Leur charisme n’est pas spécialement visible et leur propos, tant que leur projet n’a rien d’artistique… et puis, ils ne jouent pas ensemble, chacun et en particulier leur(s) leader(s) ont des égos tellement surdimensionnés que même les guitare héros ne leur arrivent pas à la cheville.
Aucune section rythmique ne tient l’ensemble, aucune partition ne cadre le tracé… et le seul feeling qu’ils savent partager est au mieux l’exaspération, mais souvent la colère…
Et même si je veux les ranger dans la catégorie clowns, ils ne font vraiment pas rire, Canteloup et son tf1nisme a au moins le mérite d’essayer.

Allez, revenons vite à des valeurs de partage…
Une nécessité.

 


 






 

 



Commentaires

  1. Le monde qui vient n'est clairement pas à la hauteur des enjeux, ne seraient ce que climatiques...et malheureusement il sera réélu haut la main....

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    1. Ce constat que tu fais est effectivement désagréablement réaliste et le fort peu de pourcentage de conscience face aux alertes récentes qui pourtant doivent faire réfléchir laisse perplexe si ce n'est pantois...
      Haut la main, j'espère croire que ce n'est pas sûr, je tente de rester, du moins sur ce point... optimiste... si tant est que l'on puisse avoir la possibilité de mettre ce terme à côté de celui l'idée de politique.
      Allez va, s'en détacher n'est pas spécialement la solution, mais parfois le faire ça fait aussi du bien... et la musique pour ceux qui y attachent de l'importance ça peut y contribuer.
      merci du passage... comme tu l'as remarqué, je ne suis plus trop présent ces temps, mais là comme une envie de "live"... m'a pris :).

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    2. oui j'ai remarqué!
      J'essaye de réactiver mon blog, on verra bien...
      Puisque tu es dans le live, je te partage deux découvertes récentes, Angel Bat Dawid qui a sorti un Live incroyable, dans un genre de jazz un peu spiritual un peu free, ça m'a tellement plus que j'ai acheté le vinyle!!
      Et un artiste canadien Alex Henry Foster qui fait un genre de post rock un peu prog avec des passages incroyables!
      Si tu as l'occasion d'écouter, sur ton Qobuz ;) , ou Spotify...

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    3. J'y vais direct, merci du tuyau...

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