PLAYLIST – (PLAISIR ou CASSE TÊTE ?)

PLAYLIST – (PLAISIR ou CASSE TÊTE ?)

L’été est bien là.
Ici chaque trajet en voiture a été revêtu d’une dose de patience, d’une augmentation d’environ une demi-heure de temps, d’une grande vigilance avec un œil permanent dans le rétro, scooters et autres deux roues oblige.
La chaleur est au rendez-vous, ponctuée cette année de quelques pluies bienvenues, la nature a besoin d’elles.
Le foot c’est fini – à chacun de s’en faire son éternel constat.
Je ne m’étends pas – je constate juste que ça a fait bosser, beaucoup bosser alors rien que pour ça...
Bon, allez, la playlist... (de l’été ?)...
à quoi bon, à quoi ça va bien servir et pourquoi faire.

Il y a une bonne quinzaine d’années suite à un accident de voiture je me suis vu contraint de racheter une occas’ bon marché mais solide.
Il s’agissait d’une X’ara avec... un lecteur K7... je m’étais fait des compils de titres sur cet antique support, utile.
Puis le jour de l’arrivée en lecteurs du mp3, j’ai fait de même dans la voiture suivante, mais là on pouvait en mettre un paquet de titres...
Aujourd’hui (encore une fois le débat du support pratique), hop, via mon appli Napster, on stocke et on crée, recrée, efface, remet des titres à gogo.
Reste à savoir pourquoi, ou pourquoi faire.

Ça a (re)commencé avec cette seule et première idée :
Une prestation musicale c’est environ trois sets, voire deux selon les lieux.
Donc la pause qui s’impose...
Cette pause il faut la combler par, un peu de zic.

J’ai donc commencé par ça, proposer, selon le style joué, quelques titres qui permettent aux clients de continuer à se détendre pendant que les zicos pausent, boivent un coup (bière, rosé et même parfois de l’eau) et tapent la causette avec patron, habitués, amateurs, amis venus écouter, et entre eux bien sûr.
Ils ne parlent plus de musique, ils la font, c’est suffisant, par contre, il y a fort à parier que les titres de la playlist s’immiscent dans le sujet.
D’où, là encore, l’intérêt d’un choix méticuleux.
Un judicieux saupoudrage de bossa (obligatoire) de jazz soft, de calif, calibrer le son, éviter l’agressif, mélanger connu et ce qui accrochera par le beat, le genre, l’idée... rester easy, parmi de nombreux critères voilà un peu ce qui m’a dirigé.

17 titres, Napster a de suite tagué « Relax », « pop » et « jazz ».... comme quoi.

Ah oui...
Préalables requis avant d’attaquer :

- Choix d’une boisson à caractère estival (mojito, bière pression belge de préférence ou type Corona, rosé couleur claire, cocktail fruité...)
- Choix d’un environnement de préférence extérieur et ensoleillé.
- Choix d’un siège imposant la détente (transat, bain de soleil, ou carrément serviette sur plage)
- Pour les addicts du protocole apéro ne pas oublier les tomates cerises, une petite tapenade sur croutons, les éternelles cacahuètes (non salées été oblige), pistaches ou encore fruits séchés et bien sûr la fougasse.
- Si ça cogne pensez au parasol, on ne sait jamais car, une fois installés, se relever va être très... très difficile.

01/ KENNY G – « Brazilian Nights » - album « Brazilian Nights »

On ne va pas chipoter, l’entrée, cordes soyeuses enchainées par le piano souple et délicat évoquant le thème... Kenny entre en piste, alors le décor s’ensoleille...
Le sax, la bossa, Getz, je laissé défiler le package de clichés et c’est bon.
Comme son mentor Kenny ne lâche jamais la mélodie, il soloïse tranquille, peu de bavardage, juste ce qu’il faut – commercialité loungisante oblige, cool attitude logique.
Un solo piano laisse se reposer un temps les cordes qui vont revenir en horizon.
On avait presque oublié le thème, mais est-il si important ?...
L’important ici c’est cette souplesse, cette délicate attention bossa ré-évoquant en quelques 6.32 mn  tout ce que cette vague nouvelle a embarqué d’images radieuses et positives.
Et ... de bonheur.


02/ BILL LABOUNTY – « Look who’s lonely now » - album « Bill LaBounty ».

Cool sans écouter la voix de Bill ?
Ça m’est impossible – les habitués du blog le savent.
J’ai pourtant hésité avec la version de Randy Crawford, mais Bill, sa voix...
Moelleux, souple et aéré, les cuivres de Jerry Hey, cette rythmique qui respire, cette voix qui accroche, qui pleurniche d’amour country, ces quelques chœurs parcimonieux (look), la gratte de Toto/Lukather (ce solo), le gimmick flûté et futé, le drumming précieux de Porcaro en halftime pré Rosanna rebondissant et cette fin qui transpose...
Ces mecs sont des orfèvres, les rois du détail, mais ça, je l’ai déjà dit.


03/ RICKIE LEE JONES – « Easy Money » - album « Rickie Lee Jones ».

Il me fallait un titre dépouillé après cette tonicité retenue.
Le genre « allez on se calme », on s’assoit, ou du moins là, on s’en ressert un.
Elle entre en scène, présentée calmement par une contrebasse laidback, quelques arpèges de guitare hésitant entre une pop « unplugged » et un sentiment jazz viennent rejoindre cette voix qui raconte, nous parle, nous susurre une mélodie inchantable et pourtant d’une telle évidence pour Rickie.
Vibraphone et piano en clichés jazzy viennent compléter l’atmosphère du club devenu jazz en l’espace de quelques touches de style bluesy.
On a à peine remarqué le subtil Gadd aux balais... comme quoi, Rickie, quand elle est là et chante...
Le second verre n’est pas encore terminé – on a encore le temps et Rickie a déjà alimenté la conversation.
Normal, elle est inévitable.


04/ GEORGE BENSON « Affirmation » - Album « Breezin ‘ »

Il faut toujours une touche d’instrumental pour laisser retomber l’attention et relaxer à nouveau.
« Affirmation » est l’un des titres de Benson dont je ne sais me lasser.
Le mélange cordes d’une infinie pertinence qui contre chante, avec cette rythmique jazzy/funk en clavinets, tapis de fender et wah wahs sur cette ligne de basse latinisante et un drumming mêlé aux congas : une parfaite alchimie.
Benson c’est ce son qui chante, c’est instantané, on entre dans le jeu, direct.
Puis il y a ce petit riff unisson qui vient en milieu de parcours augmenter le groove soigné du titre avant le lumineux solo de Rhodes.
Un instant de clarté.
Tiens, elle décline justement, cette clarté et le soleil va se coucher...
Il est temps de retourner à nos instruments...


---

05/ ROBBEN FORD - « Riley B King » – album « Truth »

Si on l’a jouée pop teintée de blues, la seconde pause embrayée par ce titre soft et pourtant soutenu, ça va le faire.
Robben Ford c’est depuis un bail ce nouvel artisan du blues, ce guitar-hero adulé par nombre de passionnés de la pentatonique, un son précis, un phrasé subtil et personnel (en attestent les solos où l’on frémit de plaisir à chaque bend), une voix atypique pour le genre qui ajoute une touche d’originalité indéniable.
Il est entouré de la crème, il connait son sujet plus que nul autre (vibrant hommage à BB King ici), il est égal à sa direction musicale et pourtant chacun de ses nombreux albums tant en reprises qu’en compos originales atteste d’une carrière dans le sillon d'un blues sans concessions ... et sans compromis au plaisir.


06/  MICHAEL MCDONALD - « I Keep forgettin’ » - album « If That what it takes ».
Imaginer une playlist sans Michael, je n’en suis pas capable.
Ils sont tous là, les meilleurs (de ceux qui firent rêver Jonasz) pour l’accompagner en studio pour en 82 pour son premier album solo, ça s’ouvre par cette reprise du titre de Procol Harum et tout est dit.


07/ DONALD FAGEN – « The Goodbye Look » - album « The Nightfly ».

Après Michael quoi de plus évident...
Donald a sorti la panoplie caribéenne, il s’offre une escapade hors des cités américaines.
Il surfe west coast, beach devient son mot fétiche, c’est félin, comme toujours c’est d’une telle perfection là encore et tellement bien composé (le petit pont central, qui avant le gimmick écrit redimensionne et encadre la guitare en solos).
Pas de hasard et un plaisir jamais perdu de vue.
L’adéquation basse/batterie/percussions, à elle seule, vaut le détour...
La coda permettrait de penser à chalouper en regardant les dernières filles qui traînassent en rigolant sur la plage afin de rejoindre la scène, mais non... on a encore le temps et ils sont bien... une nouvelle tournée vient d’être servie, alors calme... encore un peu.


08/ GROOVER WHASHINGTON, JR – « Make Me A Memory (Sad Samba) » - album « Winelight »

Un classique...
Gadd-Miller, LA rythmique de rêve.
J’affectionne particulièrement ce titre, beaucoup joué avec mes amis Roland et Joël il y a longtemps.
Sa magie reste intacte cette opposition entre mélodie aérienne et seconde partie rythmée, un sujet idéal pour l’improvisation avec un tracé sans heurts aisé à suivre pour s’exprimer.
C'est que fait ici Groover avec en passant, ce son de soprano merveilleusement maîtrisé qui est d’une rare finesse, reposant sur ce Rhodes vaporeux au son chorusé...
Je me surprends à pencher vers les duettistes de la rythmique – ils me traumatisent...


Vite retourner vers l’espace scénique avant qu’on commence à en parler car ça sera long...
Le temps d’une pause passe vite...
La tête dans les (ces) musiques permet de se relativiser soi-même, de se ressourcer et de prendre l’autre part de plaisir là où elle se trouve.
Un lendemain, histoire de changer, on prendra le temps d’une autre.
Car il ne faut pas rester sur la même, soi-même on s’en lasse (ou pas) et puis il y a tellement de titres à écouter qu’on en aurait le vertige.
Bon, la première est passée.
Le rosé était impeccable et bien frais, la plage (clin d’’œil à Chris) avec sa vue unique a tenu ses promesses de far niente.

Prochaine(s) listes autres articles.
Huit titres ça passe décidément trop vite...





Commentaires

  1. Aah j'ai encore cette image de la plage et cette vue, parfaite...pour une soirée parfaite...;)
    Je sens que cette playlist va me plaire, je connais juste les albums de Rickie Lee Jones, un vrai classique, et Donald Fagen.. je vais aller découvrir les autres...

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  2. Il y a la playlist de titres que l’on connait, j’ai bien compris ta démarche, alors j’ai suivi mentalement ton conseil, mentalement car un dimanche matin, enfermé dans mon appart (pas me plaindre, je reviens du sud) pas question d’attaquer la boisson si tôt.
    Assis à une terrasse, premier titre bien dans ta description mais attention à ne pas trop l’écouter, il y a comme un sentiment de « digital » qui tue la chaleur du propos. Bill Bounty, TOTO dis-tu ? J’entends la qualité mais je reste de marbre… froid.
    Ha mais Rickie, chaud, désinvolte, cool… je me sens mieux, j’opte pour le rosé ou un blanc bien frais. La bière Belge ? Trop à « manger ».
    Et tu as raison, voici la conversation lancée !!
    Le Benson, comparé aux deux premiers titres, comme une chaleur au creux du ventre que je ne ressens pas pour les autres. La raison pas facile à trouver, pratiquement les mêmes ingrédients.
    Robben Ford, quelques albums car dans un genre qui me touche, inépuisable même si semble répétitif. Par contre le titre que tu proposes je l’avais par Keb' Mo'. Marrant comme ça fait voyager ton papier, me voici replongé dans le Dico Assayas qui conseillait quelques albums dont « Handful Of Blues » et ce superbe titre « Good Thing »
    Michael MCdonald, j’aurais pu être sous ton influence, tellement cet artiste revient chez toi, mais je l’avais choppé à propos d’une recherche autour de Hall & Oates. Et je n’avais pas été déçu ni par le conseil ni par la similitude.
    « Michael MCdonald » Je cherchais le Procol de « I Keep Forgettin' » et je suis tombé sur en fait Chuck Jones pour ce titre composé par la fameuse pair Leiber & Stoller… Juste pour la petite histoire des chansons.
    Et merci de me faire écouter le Fagen, je l’ai car parait-il indispensable, mais si peu écouté. Je ne suis pas original, comme chez Steely Dan, c’est cette voix sans puissance cuite au citron bien acide qui m’a longtemps bloqué.
    Mais il fallait bien y arriver tant le reste atteint une perfection sans jamais tomber dans le … lounge …
    Je pensais, ton commentaire, la chanson de Patrick Coutin… Ha la la, ces plages. Je crois que je t’envie là.
    Next titre ?
    Grover Washington Jr., je ne sais pas si tu as fait exprès la faute, mais surtout ne la corrige pas, de toute façon je veux croire que le nom de l’artiste n’est pas dû au hasard. J’ai le monsieur pour son Mister Magic, autre douceur bien envoyée.
    Bon je termine sur quelques écoutes de Grover et ensuite je passe chez les copains…
    Bonne tournée mister, musique et apéro, obligé de choisir ? Les deux ?

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    1. Tu reviens du sud ?
      Bon déjà t'as l'idée, c'est déjà ça...
      Je rebondis sur quelques remarques, car t'as bien compris, la playlist c'est vraiment le prétexte des pauses, mais c'est un exercice peu simple car je ne veux pas sombrer dans le truc anodin, pire il faut aussi et avant tout que ça me plaise, tant qu'à faire...
      Mais pour autant même si je viens de l'écouter en mode découverte bienfaisante, je ne me vois pas y glisser le "nouveau" Coltrane.
      Que du connu et du réchauffé donc, mais après tout l'été, pas trop se prendre le chou.

      Leiber Stoler, est un duo de choc de compositeurs que j'aime particulièrement, c'est incroyable le paquet de reprises de leurs titres, et souvent en mode calif' d'ailleurs...
      Ils ont ce truc très américain-pop-bluesy-jazzy et c'est forcément un répertoire idéal pour covers.
      Fagen est indispensable, mais de ma part ça fait un peu surenchère...

      Ah la la ces plages !...
      En fait je n'y met les pieds que le soir pour y travailler (y jouer on dit...).
      La journée je n'y vais pas ou tellement rarement - ou alors avec une bonne motiv', le matin avant l'arrivée des nombreux et heureux estivants puis je file à la plage (restau plage), justement, pour apéro et repas...
      Ça fait un peu glandeur de parler ainsi j'en ai conscience mais bon, je rappelle quand même que "jouer" de la zic c'est un boulot et que l'apparence de la coolitude n'est valable que si l'on est parfaitement prêts... et malgré ça le fameux stress d'avant de commencer n'est pas une légende - c'est bien réel même avec l'habitude.
      Chaque région a donc ses avantages - le mot plage ici en est un.
      S'en priver est indécent, mais en surdose faut tout de même pas exagérer.
      En plus, la plage c'est tout de même un résumé social qui est intéressant à vivre.

      Hall and Oates - c'est un duo que j'écoute encore pas mal, je les ai beaucoup adulés fut un temps. (kiss on my list, quel tube !)
      j'en causerais forcément, un jour - ils sont tellement...
      bref...

      Grover, ou Groover - pour sûr qu'il groove...

      Le sentiment de digital, je le comprends bien cela...
      Personnellement j'aime cette approche, mais ça doit être une déformation synthé que cela.
      J'aime l'association chaud froid (en particulier Tutu de Miles... ou Backstreet de Sanborn... idem).

      Benson...
      J'ai pourtant en son temps mis du temps à dépasser ce côté soap, kitch et bien propret car il est juste phénoménal.
      Rickie c'est juste autre chose, tellement "organique" et puis R. Ford que j'écoute à petites doses car le blues, on s'enferme vite dedans et c'est tellement fabuleux ou usuel selon ton humeur... Mais j'aime son jeu et ce qu'il a fait, justement du genre.

      Bon j'ai plus qu'à publier la seconde playlist de pauses...
      Elle est prête.
      à suivre donc.

      merci du passage
      et musique ET apéro... indissociables.
      pas de choix possible.

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