Pierre Boulez (26 Mars 1925 / Montbrison – 05 Janvier 2016 / Baden Baden)

Pierre Boulez (26 Mars 1925 / Montbrison – 05 Janvier 2016 Baden Baden)
"Entre génie créatif et exécutif et radicalisme obscurantiste ?
 La figure marquante de la musique savante et de la culture  de la cinquième république ?"

Pierre Boulez est décédé.
Janvier 2016 est obscur ou du moins cerné de fins de destinées de vies si ce n’est « tragiques », du moins « logiques ».
La roue tourne et elle emporte avec elle son lot de repères, d’idoles, d’icônes, de figures marquantes, d’être liés à l’attachement émotionnel, à l’affectifs, au souvenir...

Pierre Boulez – David Bowie.
L’art créatif savant revendiqué tel et érigé en quasi religion d’un côté...
Le génie créatif « populaire » instinctif devenu au fil du temps stratégie intellectuelle de l’autre.
J’ai déjà évoqué largement Bowie.

Pierre Boulez, à sa façon a « accompagné » ma vie musicale, lui aussi.
Face à cet imposante personnalité, tant de connaissance et de savoir que d’engagement militant envers une certaine idée de la culture ou encore de chef d’orchestre à l’approche musicale éblouissante et visionnaire, je suis toujours resté dans un scepticisme complexe.
Selon les cas et l’angle d’approche j’aurai été admirateur, souvent, j’aurai détesté également au plus haut point certaines de ses prises de position dictatoriales ou encore je serais resté  interrogatif quant au soutien inconditionnel dont l’état lui aura fait montre, un soutien exclusif qui a (et c’est un fait avéré) muselé et bridé la création en France.

Boulez c’est, pour moi, tant affectivement que professionnellement, tous ces paradoxes à la fois, ce mélange d’admiration et de crainte, d’amour et de rejet, de passion et de malaise.
C’est le pouvoir autocrate intouchable mêlé de pédagogie altruiste, c’est l’exigence ultime et l’extrémisme idéologique, c’est l’entrée massive de l’axe scientifique et mesuré dans l’équilibre poétique de l’idée de la muse inspiratrice...
C’est aussi la politique dans l’art avec la mise en exergue du mécénat d’état, nouvelle donne devenue norme et qui aura fait du dossier et de la subvention le critère budgétaire pyramidal, élitisme d’étau resserré vers des sphères ministérielles nébuleuses, vers des passe droits accordés à l’intellect dans toute son horreur.

On aura pu lire de nombreuses bios, des rappels ou découvertes sur la longue vie du personnage qui ne fit unanimité mais qui m’a toujours imposé le respect.
Ces renseignements étant aisément consultables, je ne vais pas m’étendre sur le sujet de sa vie, après tout, à chacun la sienne et si, par exemple l’on devait bannir la musique de Wagner du fait de son antisémitisme avéré, ou celle de Mahler de par ses relations misogynes avec Alma, voire celle de Strauss du fait de ses relations étroites avec le nazisme, je crois bien qu’on ne s’en sortirait pas.
L’œuvre reste, l’homme quant à lui reste homme, aura pris des positions contemporaines à son temps, les contextes sociaux et politiques ou idéologiques font de toute façon leur toute autre œuvre.
Un homme vit avec son temps et, si visionnaire qu’il soit, a l’esprit de son temps.

Pierre Boulez...
Comme nombre de mélomanes, je garde de lui le souvenir concret d’un immense chef d’orchestre.
Nombre de ses interprétations à la tête des plus grands symphoniques internationaux font référence et il a en effet, apporté une approche novatrice et différente à l’histoire de la direction d’orchestre.
Là encore il a été acteur d’une cassure, d’une vision sonore différente.
En redonnant à des textes musicaux un sens et une pensée tant philosophique que scientifique sa tenue d’œuvres d’un répertoire couvrant la fin du romantisme pour aller vers le contemporain reste exemplaire.

Pierre Boulez, le chef d’orchestre m’a dès l’adolescence fait prendre la conscience de Debussy et Ravel, il m’a également de suite fait aimer sans à priori l’école de Vienne de Webern, Berg et Schoenberg. Avec et grâce à lui j’ai su écouter Mahler, j’ai compris Wagner et ai pu oser l’écoute contemporaine de Varèse par exemple.
Sans parler de son œuvre dont, dit-on qu’elle fut à l’origine de sa volonté de diriger.
On n’est jamais mieux servi que par soi-même et l’histoire l’aura prouvé en ce sens de compositeurs dirigeant eux-mêmes leurs œuvres.

C’est par sa version de « Daphnis et Chloé » que tout a commencé...

Ravel. Daphnis et Chloé, Suite N°2. NYP. Pierre Boulez. - YouTube

Nous parlions de lui, mon professeur de chant et moi, avec admiration.
J’étudiais le « Pelleas » de Debussy et j’avais sur son conseil écouté attentivement l’interprétation remarquable de Boulez, du moins celle de l’orchestre.
Debussy: Pelléas & Mélisande Act 1 [Boulez] Shirley, Söderström, Minton - YouTube
En parallèle mon professeur de piano me faisait étudier Ravel et me conseilla également d’écouter la version pour orchestre de la « pavane pour une infante défunte », par Pierre Boulez.
C’est là que je découvris « Daphnis et Chloé », car une partie de ce ballet se trouvait dans l’album.
Puis mon professeur de piano qui avait pour habitude de me ramener chez moi dans sa deudeuche, lui habitant au Sappey et me posant à Corenc partit faire carrière... au sein d’un tout nouvel ensemble, dirigé par... Pierre Boulez : l’ensemble inter-contemporain.
Grâce à lui et avec Pierre Boulez voici que Ravel s’était mis au premier rang de longues écoutes, de longs moments de rêverie, aux côtés d’un rock progressif pas si éloigné finalement que cela, de ces univers féeriques.

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Debussy Prelude to the Afternoon of a Faun; Boulez - YouTube

« C'est avec la flûte du faune que commence une respiration nouvelle de l'art musical, non pas tellement l'art du développement musical que sa liberté formelle, son expression et sa technique. L'emploi des timbres y est essentiellement nouveau, d'une délicatesse et d'une sûreté de touche tout à fait exceptionnelle. L'emploi de certains instruments comme la flûte, le cor ou la harpe, y est caractéristique de la manière dont Debussy les employa dans ses œuvres les plus tardives, les bois et les cuivres y trouvent une légèreté de main et une sûreté d'emploi telles que l'on se trouve en présence d'un miracle d'équilibre et de clarté sonore. Cette partition possède un pouvoir de jeunesse qui n'est pas encore épuisé, et, de même que la poésie moderne prend sûrement racine dans certains poèmes de Baudelaire, on peut dire que la musique moderne commence avec L'Après-midi d'un Faune. » (Pierre Boulez, Encyclopédie de la Musique. Fasquelle, 1958.)

J’ai lu et relu maintes fois cette citation, j’ai forcément placé ce « prélude à l’après midi d’un faune » de Claude Debussy comme acte essentiel, ne me lasse jamais de l’écouter et au passage j’ai voulu saisir comment Pierre Boulez, mettait en acte sonore ces dires.
« Miracle d’équilibre et de clarté sonore », voilà qui, chez Pierre Boulez par et ailleurs que chez Debussy est éminemment vérifiable.
Ses interprétations semblent principalement axées sur la matière sonore en présence dans le texte.
Chez Boulez, il n’y a pas de lyrisme exacerbé, de soliste (ou partie soliste) au sein de l’orchestre mû par un désir de personnalisation, d’identité.
Je crois que Pierre Boulez laisse avant tout « parler » la musique et le texte en présence comme si celle-ci se suffisait à elle-même, inutile d’en « rajouter », l’excès d’expression humaine masquerait justement... l’impression.
C’est donc apparemment (j’ose m’avancer sur cette sensation) le seul texte musical joué avec sa plus grande précision - tant en nuance qu’en articulation, tant en tempo qu’en rigueur métrique, tant en considération acoustique des timbres – qui est chez le chef le moteur quasi scientifique du jeu musical.
La musique et son écrit comme seul matériau pour une « justesse » d’exécution.
Cela se vérifie peut être là aussi dans la direction peu commune du grand chef.
On aura fait de sa métrique « sans baguette » légende, mais les mains de l’homme en action de geste musical aident à mieux comprendre son souci de détail, de précision analytique, de respect du texte, de « musique d’abord ».

Je pense que cette approche nouvelle et pourtant philosophiquement logique, au service d’un répertoire qu’il détermine comme « moderne », sachant justement que le XXe siècle aura tant en concept d’orchestration (avec un instrumentarium vaste et renouvelé), qu’en précision du codage aura été de pair avec cette volonté de contemporanéité, d’évolution de l’écrit du langage savant, de plus en plus précis, détaillé, pointu, rigoureux et méthodique, mathématique même.
Alors sa vision de l’école de Vienne reste pour moi la plus sure, la plus réaliste et la plus référente.
Si aujourd’hui le « sentiment » peut à nouveau s’y présenter, je pense que c’est parce que sa lecture cartésienne d’un axe créatif qui l’était tout autant a réellement positionné le sens à donner à de telles œuvres.
Alban Berg - Chamber Concerto (1/4) - YouTube
Webern - Boulez & Berliner Philharmoniker - YouTube
Schoenberg: Verklärte Nacht, Op.4 - Boulez. - YouTube

Pierre Boulez aura lui aussi fait école, il fut d’ailleurs un formidable pédagogue et l’on peut visionner certains de ses « cours » pour s’en rendre compte.
Le texte comme seul référent, la rigueur scientifique comme espace d’interprétation, la méthode avant le sentiment, pour le sentiment et l’expression musicale sans fard, puis un recul formidable sur la masse sonore, sur la « vision » en plans orchestraux multiples du compositeur interprété voilà un peu comment j’appréhende le chef Pierre Boulez.

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Wagner était magnifié par Karajan, dépositaire patrimonial d’un romantisme à fleur de peau, il fut dépoussiéré par Boulez creusant dans le texte complexe, long et empreint de maniérismes d’exécutions afin d’y trouver l’essence sonore, la couleur vraie, le visage et non la figure.
La tétralogie par Pierre Boulez en scandale Chéreau  sur festivaliers aux œillères en sacro-saint Bayreuth est juste révolution magnifique, telle que Wagner lui-même aurait aimé le faire (et l’eut certainement fait) lors de ses interprétations qui n’en doutons pas étaient certainement aussi engagées que le personnage lui-même.

Wagner/Louis II de Bavière...
Boulez et la cinquième république...

Wagner - Die Walküre: "The Ride of the Valkyries" (Boulez) - YouTube

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Au lycée, notre professeur de musique et d’analyse nous parle de Berg, de la musique sérielle, cite « Wozzeck » comme l’un des cinq grands opéras.
Je ne découvrirais cette œuvre qu’après « Lulu » acheté dès sa sortie en 1979.
Chereau/Boulez, le duo avait réitéré  fort, à Paris qui plus est.
Alban Berg: Lulu (Boulez, Chéreau, 1979) - YouTube
Faire surgir la beauté de l’extrême complexité... voici un peu comment je me résume ce moment qui fait qu’encore aujourd’hui, si je fais un passage en école de Vienne, l’écoute de ce chef d’œuvre par Boulez m’est incontournable.
Quel univers, quelle audace !
Pierre Boulez se positionne là en héro visionnaire d’une esthétique, d’un concept, d’une méthode (dodécaphonique/sérielle).
Il lui donne des lettres de noblesse définitives, indiscutables et installe cette musique contemporaine au centre du répertoire.

Il l’installe aussi en débat, en discours et en philosophie – ce fait la positionne différemment et c’est ainsi qu’étudiant je vais m’amouracher de ces propos musicaux hautement intellectuels, de cette école encore mise sur l’autel du rébarbatif ou de l’obstacle esthétique à éviter, de cet écrit musical savant et pourtant chargé de sensations, de sentiments et d’humanité.
La musique contemporaine sans Pierre Boulez qui l’a ardemment et cruellement défendue ne "serait pas", j’en suis certain.
Et pourtant, il a souvent dépassé les bornes de ce que j’étais capable d’entendre...


2016...

Ce XXIe siècle est déjà à l’aube de sa seizième année...
La musique contemporaine n’a toujours pas sa place dans l’enseignement musical.
Cette prise de pouvoir intellectuelle en est-elle l’une des raisons ?
Cette mise en élitisme « boulezienne » l’aura-elle autant défendue que desservie ?
Je ne suis pas loin de le croire.

On ne sait toujours pas aborder la musique contemporaine dans l’enseignement musical.
On lui confère une place d’amusette ludico-culcul en gratouillage de cordes de piano jouet club sous argumentaire animatico-pédagogique empreint du plus haut lamentabilisme.
On parle de « réhabilitation » et on devrait simplement oser s’habiliter à instruire le plus simplement du monde et sans débat d’idées, juste comme l’on instruit Mozart ou Bach, la musique de notre temps – contemporaine...

C’est sûr, je vois mal Pierre Boulez diriger Mozart ou Bach, il en aura même fait « politique contraire ».
Pierre Boulez a donc été le défenseur le plus intègre, le plus ardent, le plus élitiste, le plus intellectuel, le plus autocrate, le plus avisé, le plus intéressé tant budgétairement que politiquement, le plus habile (axes identiques), le plus manipulateur, le plus complexe, le plus extrémiste, le plus borné... etc, etc... de la musique contemporaine.
Y croire à ce point pour la servir et la desservir tout autant... et servir en même temps que desservir tout acte créatif hexagonal échappant à ce pouvoir institutionnel établi par lui et autocrate, voilà aussi l’image qu’il aura entretenu ou dont il aura été auréolé, à tort probablement, à raison peut être.

La musique contemporaine selon Pierre Boulez, entourée d’un agglomérat d’intellectualisme et d’un langage excluant toute « vulgarisation » mais s’enorgueillissant d’esprit élitisme n’a donc réussi à s’’imposer qu’auprès d’une élite tant intellectuelle que sociale et n’arrive toujours pas à entrer avec une réelle intelligence dans l’enseignement musical.
Il ne me rassure pas de constater que les avancées d’un Miles de « On the corner », ou d’un free d’Ornette  si ce n’est d’un geste d’improvisation totale mû par Barre Phillips, par exemple, en sont au même point...
Il aura fallu une révolution baroque pour appréhender cette musique et sa mise en valeur, il va aussi falloir le même combat pour le jazz Nouvelle Orléans... pas suffisamment « sérieux » pour être enseigné en Conservatoires car, trop festif ?...

Je ne m’écarte pas de trop loin croyez-moi, de ces débats d’esthètes et de pouvoirs d’artistes.
Pierre Boulez a été particulièrement virulent dans le genre.
Ses prises de position obscurantistes et autocrates soutenues par un langage radicalisé ont, à mon sens, positionné la musique contemporaine comme inaccessible, domaine réservé ou encore débat suspicieux.
L’œuvre contemporaine en a, dans son ensemble été victime et retardée et ce n’est pas, paradoxalement, en ayant enregistré Zappa que Pierre Boulez aura conquis le public des rockeurs intellos. Tout au plus il aura réussi là un coup budgétaire médiatique et certainement démagogique là où le bateau IRCAM commençait sérieusement à prendre l’eau du regard public et du mécontentement des compositeurs eux aussi contemporains, non admis dans la sphère très fermée dont l’entrée en son sein semblait tant nébuleuse qu’autocrate.
Récemment on aura entendu Michel Legrand exprimer clairement son sentiment d’avoir subi une telle dictature de l’élitisme intellectuel et d’en avoir souffert.
On peut aisément le comprendre et l’admettre – les prises de pouvoir de Pierre Boulez ont été largement médiatisées et mises sur la table des débats pour n’être ignorées.

Pierre Boulez est donc pour moi un énorme paradoxe, tout aussi conséquent que celui d’un Richard Wagner ou d’un Richard Strauss, par exemple, pour ne parler que "monuments historiques".
Son œuvre, avec à sa tête un « Marteau sans Maître », je ne la  connais "réellement" que peu, la compréhension de celle-ci est comme l’homme, d’une rare complexité intellectuelle et si, j’admets n’y trouver que peu de relationnel affectif, l’intellect à outrance n’arrivant à me toucher véritablement, je lui confère malgré tout une place particulière...
Pierre Boulez - Le Marteau sans maître (1955) - YouTube
Là aussi elle apparaît comme réservée à une élite susceptible d’être en intelligence de l’appréhender, une élite qu’il faudra dénicher dans le milieu intellectuel de la contemporanéité, ou dans le débat sans fins des penseurs causeurs de France Culture et France Musique.
On aura lu et analysé, dit que Pierre Boulez a poussé le système sériel à un certain paroxysme.
Je ne pense pas personnellement qu’un système puisse avoir de paroxysme et puisse être considéré de par l’œuvre générale d’un compositeur comme étant en son point ultime, de non-retour, comme face à son mur.

Mozart et le système tonal...
Debussy et le système modal...
Boulez et le système sériel, atonal...

A ce stade je veux comprendre.
Schoenberg, Berg et Webern me touchent au plus haut point.
Boulez compositeur ne m’inspire qu’analyse de prise de tête intellectuelle, Boulez chef d’orchestre me fascine et m’emporte... et m’a ouvert directement les portes de cette modernité qu’il défendait avec acharnement.
Question d’affect certainement.

Cette semaine j’ai cherché des comparatifs et autour de cette modernité, de cette contemporanéité.
J’ai donc pioché afin de mettre mes idées en place.
Je suis d’abord allé chercher du côté des grands chefs compositeurs et me suis arrêté longuement sur l’immense Leonard Bernstein.
Ses symphonies ou encore le merveilleux « on the waterfront », j’ai évité volontairement West Side...
Rien à dire, cette musique me touche, m’attire.
Bernstein, L. - Symphonic Suite from 'On the Waterfront' - YouTube
J’ai écouté le magicien des sons François Bayle, là encore adhésion immédiate.
François Bayle -- Les Couleurs de la nuit (1982; rev. 2012) - YouTube
J’ai de fait pris le chemin d’une certaine école américaine qu’elle soit répétitive ou minimaliste, derrière la mathématique structurelle, tant d’émotion, de rapport à l’humain.
Glass, Reich, Adams...
John Adams,Harmonium. - YouTube
Steve Reich - Music for 18 Musicians - YouTube
philip glass einstein on the beach - YouTube

J’ai ré écouté Boulez...
Il me faudra probablement une autre vie pour en avoir intellectuellement le recul, je lui confère une extraordinaire densité de pensée, une remarquable architecture structurelle, un sens théorique poussé comme chez Bach, à l’absolu. J’y entends du chiffre en place de notes, j’y comprends un acte créatif conceptuel hors du commun et de fait, peu enclin à s’adresser à un public, même averti.
Je n’y entends pas en tout cas l’impasse du sériel ou de l’atonalité, c’est trop de responsabilité envers un seul homme, si réfléchi et abouti en pensée soit-il.
Se pose alors la question de la tolérance de l’acte créatif, dernier débat boulézien sur fond de cette phrase jetée en interview et dont la substance disait qu’aujourd’hui on sortait de la musique qui avait été enfermée dans des placards pour la donner comme œuvre au public, lesdites œuvres auraient mieux fait, selon les dires du grand homme, d’y rester (au placard) ou encore d’être brûlées avec celui-ci tant cet engouement pour le passéisme lui paraissait sans discernement, incongru ou encore humainement inacceptable.
A l'heure de la destruction obscurantiste de témoignages du passé il convient de réfléchir à de tels propos.
Et se poser par exemple la question des engouements posthumes envers l'oeuvre de Schubert, ignoré et laissé pour compte de son vivant...
Aurait-on pu se passer d'un tel génie sans cette motivation posthume à le mettre sur le devant de l'histoire de la musique ?

Pierre Boulez, donc, dans toute son intolérable splendeur et dans tout son génie du paradoxe a inscrit en moi, à la fois de telles ignominies envers ses contemporains et en même temps il m’aura ouvert la passion contemporaine, vers la « modernité », qu’il dirigeait si remarquablement, de Mahler/Wagner à Berg, de Bartok à Stravinski, de Varèse/Zappa à Boulez, de Debussy à Ravel...

Gustav Mahler - Symphony 4 - 3 mov. - YouTube / Berg - Lyrisch Suite Ⅲ - YouTube
Pierre Boulez - Conducts Bartók - YouTube / Igor Stravinsky - Pétrouchka I° - YouTube
Edgard Varèse, Amériques - YouTube / Zappa - 1984 Boulez conducts Zappa: The perfect stranger - YouTube / Pierre Boulez, Structures I & II (Kontarsky/Kontarsky) - YouTube
BOULEZ, Debussy Nocturnes - YouTube / MAURICE RAVEL - BOLERO -.wmv - YouTube


Pierre Boulez s’est éteint ce 05 Janvier 2016.

Qui va relever en ce XXIe siècle ce défi de la transmission de l’idée de la modernité dans la musique si savante ?
Qui va relancer le débat de l’intégrité créative en ces temps de médiatisation commerciale ?
Qui sera capable de se pencher sur l’aide à la création étatique pour une reprise de considération de celle-ci, en prenant recul sur les débats à l’intellectualisme élitiste forcené, tout en lui gardant sa teneur de "niveau de pensée" ?... 

Commentaires

  1. Moi je m'écoute régulièrement ce concert de lui.
    https://www.youtube.com/watch?v=fXIsrzyAzCQ

    Je connais le compositeur, comme tout le monde, mais je ne suis jamais arrivé à rentrer dans une de ses oeuvres. J'ai pas trop insisté non plus. Le marteau sans maître, m'avait interpellé jeune. Juste le titre et son double sens. C'est un mathématicien je crois à la base, ce qui explique peut être pourquoi tu "entends du chiffre en place de notes". Par contre je suis assez fan des compositeurs que tu cites par la suite : Glass, Reich, Adams... Y'en a bien d'autres d'ailleurs même si je retiens que les plus connus. Je me suis abonné à des chaines youtube, des groupes facebook qui m'ont fait découvrir un nombre incroyable d'oeuvres contemporaines. Il m'aurait fallu un siecle pour découvrir tout ça sans internet.

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    1. Je vais écouter/visionner ce concert.

      Boulez comme chef dans l'école de Vienne et la musique contemporaine est incontournable.
      Ceci dit, j'ai été très accroché par les versions de Claudio Abbado en ce domaine, lui aussi est captivant, une "autre" approche et son Wozzeck est plutôt remarquable.

      Internet est la mine d'or, à tous les degrés pour les curieux comme nous, avides de culture et de connaissance.
      Il démultiplie ce que l'homme - toutes catégories d'intérêt confondues - mettait des années à réaliser...
      A portée de clic...
      C'est un merveilleux "outil".
      Dangereux outil aussi, mais ça c'est un autre débat.

      Moi aussi grâce à cela je découvre nombre de compositeurs, d’œuvres de versions, d'approches...
      Des articles s'y référent et qui sortent de la sphère établie des cultureux des majors, des émissions d'état, de la bienséance des nantis de la culture éditorialistes et de la vulgarisation branlette auto-satisfaite de, je cite sans sourciller un exemple notoire : télé matin (l'horripilante horreur).
      Je repense à Mozart redécouvrant Bach, à Schubert en fixette sur Beethoven, mais aussi à Clapton s'accrochant à Robert Johnson autour d'un vinyle, au rapport Miles/Parker, à Pierre Henry dans ses trains...
      Un axe, une déclinaison de jeu ou de pensée, une réappropriation, une évolution du propos.

      Il faut maintenant apprivoiser, pour les artistes, ces nouvelles données multiples, c'est peut être bien là le challenge afin de créer de nouveaux espaces créatifs, en dépassant cette multitude pour en faire synthèse et chercher l'inconnu...
      Boulez l'a fait à sa façon avec le sériel dont on dit qu'il a poussé les limites à l'extrême, quelque part.
      Comme je l'ai dit, je n'en suis pas convaincu - la musique tonale n'a toujours pas dit son dernier mot et ces américains que tu cites en font toujours matériau, pourtant leur approche est actuelle si ce n'est justement contemporaine.
      Pourquoi en serait-il ainsi de la musique atonale/sérielle/dodécaphonique ?
      La problématique réside justement en son non enseignement, en sa non connaissance en son rejet institutionnel éducatif alors qu'elle fait figure élitiste en hauts lieux de débats cultureux...
      Un fois qu'elle aura dépassé cette sphère environnementale dont Pierre Boulez aura aussi été l'un des principaux acteurs si ce n'est geôliers on peut espérer qu'enfin elle passera dans l'axe créatif de façon plus naturelle, légitime et aussi patrimoniale au sens devenu enfin large.

      La musique "savante" des pays émergents ou pas encore réellement estampillée telle par trous culturels médiatiques peut être elle aussi source de réflexions.
      Même en Europe on découvre en ex pays de l'Est communistes de nouvelles pensées musicales qui reposent sur des socles culturels pas encore connus ou du moins imagés en trad (rappelons que les premiers enregistrements du blues dit rural étaient une volonté de cet ordre d'idée... cf l'édifiant film Cadillac Records)

      Là aussi le réveil chinois (déjà les compositeurs japonais sont plutôt scotchant...) sera culturellement important en matière de découverte et de nouveaux axes créatifs je suis donc plein d'espoir...

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    2. ---
      Je m'égare de Boulez, mais le souci créatif, son intégrité à cet égard et ses recherches étaient permanentes aussi quant on parle de contemporain, de création et de recherche (il était effectivement à classer aussi dans la catégorie des chercheurs en musique, qui fut avant art, science...) il apparaît comme évidence et à ne pas l'oublier des débats.
      Avec lui la prise de position et la polémique sont omniprésentes, tant dans ses visions d'interprétation orchestrales que dans son discours et bien sur dans ses œuvres.
      C'est bien pour cela qu'il fut et reste passionnant à tous les degrés du débat.

      Il était un passionné de poésie... j'aime à m'en souvenir lorsque l'écouter deviendrait ardu ou que le couvert omniprésent intellectuel cacherait cet arbre posé en devant de la forêt.

      merci de ton passage.
      à +

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  2. Voilà bien une question qui mériterait un sacré article ici...
    Je pense que bien des critères sont à mettre en place pour cette fameuse "patte" et ce n'est pas si simple.
    Il y a d'abord une approche générationnelle et certainement "de patrimoine" ou encore d' origine, d'école, même de "mouvement, parfois revendicative même...
    Les pistes ont été brouillées ou plus exactement redéfinies avec des approches qui tranchaient avec un système ancré sur des passations de maître en maître, genre tradition, patrimoine, etc...
    La recherche a fait un autre chemin et aura produit cette scission avec le baroque - écoute une version des Quatre Saisons de Vivaldi par Karajan archétype du chef symphonique/romantique, l'Europa Galante de Biondi ou encore les anglais avec Pinnock...
    Le premier est dans une tradition, le second est dans la brillance baroque avec une idée très proche de ce que devait être le virtuose Vivaldi, le dernier est dans le son baroque...
    On va souvent se référer Mozart par Neville Marriner, il est devenu un référent mozartien, mais cela n'a pas été simple car il a aussi rompu avec certaines traditions comme Boehm, formidable chef sur transmission viennoise.
    Tu reconnais Pierre Boulez à sa lecture du détail de la partition et cette approche des masses de l'orchestre qui fait ressortir le texte et les couleurs, je reconnais aussi de suite Abbado par sa "vérité", ça ne s'explique peut être pas, mais je le ressens ainsi, mais aussi par sa conduite de la ligne mélodique (la scala en toile de fond surement), j'adore Harnoncourt pour sa vision de Beethoven (il a écrit un livre où il explique le dilemme d'approche d'une oeuvre par le chef... personnelle ? historique ? textuelle ? divergente ? tant de questions à se poser...).
    Le chef baroque-classique précis et immédiatement reconnaissable auquel j'adhère est Christopher Hogwood.
    Tu reconnais également de suite William Christie...
    Bref maintenant que le mouvement baroque est dans le paysage les distinguos sont aisés et les lignes personnelles de direction sont claires. on peut se référer à une époque et rester en même temps en cet espace, personnel d'approche...
    Et là dessus le nouveau paramètre non négligeable est également la prise de son, car là aussi elle est révélatrice et en correspondance avec la volonté du chef, mais aussi de la maison de disque.
    L’oiseau Lyre, Erato (le fabuleux Ton Koopman chez Mozart qui redéfini en plus détaillé le travail de Marriner...), Harmonia Mundi ou Deutsche Gramofon resté à la pointe de l'enregistrement, tout cela contribue aussi à ce ressenti d'écoute.
    Rattle à la tête du Berliner Philarmonic a continué la rupture Abbado face à Karajan.
    Boulez selon les orchestres a aussi des différences d'approche... mais reste reconnaissable
    Le choix des répertoires privilégiés par certains chef... là aussi.
    et parfois des surprises, comme Bartok par Marriner, justement... pas vraiment classable et plus qu'intéressant
    L'un des chefs qui ne trompe pas reste Bernstein, parce que justement il y a une telle verve, une telle franchise, une telle honnêteté dans sa direction que d'emblée tu sais que c'est lui - écoute les symphonies de Schumann, de Mahler ou encore de Tchaïkovski par lui...

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  3. ...
    Bon je ne te parle que des grands et connus, mais il y a a tant et ce n'est pas simple...
    Mais par exemple je ne peux écouter Bach par un symphoniste - on a enfin trouvé le chemin d'un authenticité pour savoir faire différence. Ses suites par hogwood... un pur régal.
    Et si je veux du romantique avec une direction disons nouvelle, ou plutôt d'aujourd'hui je te le dis c'est Harnoncourt, Rattle, Abbado bien sur, mais bon, c'est tellement subjectifs et puis ce ne sont pas vraiment des "jeunots"...
    Brr quel vaste sujet..
    Mais tu sais, ce souci de direction nouvelle, même dans l'approche de l'interprétation en classique est certainement le même que celui en jazz, pop, rock de faire autrement, de créer, d'inventer et de proposer d'autres lectures, visions, approches, finalement l'angle d'approche...
    Mais là qui a raison ? en classique du moins...
    C'est bien toi l'auditeur, ça te touche, ou pas.
    Mais aussi tes habitudes.
    Quand j'ai fait découvrir Marriner en face de Walter à mon oncle, il a été perturbé.
    Mon père ne jure que par Furtwangler et Karajan pour Beethoven et toute autre approche le fait grimacer.
    c'est compliqué de modifier les habitudes d'écoute...
    Je reviens à Boulez, quand je veux découvrir une pièce du XXe je vais d'abord voir s'il l'a enregistrée car sa lecture me sert de point de repère puis j'irais chercher ailleurs...
    mais là aussi c'est par ... habitude.
    Découvrir une chanson par un cover, pourquoi pas et s'en satisfaire sans écouter l'original aussi, ce sont des choix.

    Bon je m'arrête là sinon je te fais un article.
    merci de ton passage et bonne écoute du classique, sans plus d'intellectualisme que ça le contemporain est merveilleux...
    juste le prendre tel qu'il se présente à toi, tel quel.
    Prends le temps des pièces pour orchestre de Weber, tu verras et en même temps fais défiler Kandinsky...

    à +

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  4. Webern, pas Weber, car là on ira chercher les cors du romantisme absolu... cf Freischutz)...

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  5. Les disquaires ne font pas leur boulot pour nous attirer vers cette musique formidable. Chez Gibert (ma virée hebdo obligatoire depuis des décennies), ils ont eu la bonne idée de séparer géographiquement le classique et le jazz des autres musiques. Du coup, il faut passer à deux caisses différentes dans deux bâtiments soigneusement séparés ds la même rue. Pas facile de prendre du temps sur le planning pour s'engluer dans 2 locaux. Le jazz en bas, le classique en haut et la musique contemporaine bien planquée au fond, étagère du bas. Pourtant c'est une mine..et je me souviens des bibliothèques mettant plus en avant ce genre.. des locations à la pelle, Henri Cow, René Aubry, Reich, le label Cold Blue avec Chas Smith entre autre, Charlemagne Palestine, John Cage et surtout Arvo Part grâce auquel je suis tombé plusieurs fois sur Boulez. Je fais souvent la démarche d'aller fouiller là pour trouver des occas Arvo. Quant à la Fnac, même pas la peine d'y penser.
    C'est donc une démarche active qu'il faut avoir pour trouver des Boulez, on ne tombe dessus par hasard. Une musique pour les afficionados ? les acharnés ? les grands curieux ?
    La musique est vitale et ne mérite pas d'être scindée, triée en catégorie, même s'il faut un minimum de rangement pour s'y retrouver. Mais je parle en tant que fouiller de bacs, le flot Boulez est facilement abordé sur le net je pense.
    Pour "dévier" classique, tu connais mon envie vertigineuse à vouloir entrée de plein fouet dans cet univers, y'a une tonne de choses que j'aimerais écouter, mais je suis perdu là encore dans les rangements, les bons titres à prendre (ils sont toujours techniques ou numérotés) et qui correspondent à mon affect. J'ai attaqué Brahms y'a pas longtemps, mais un peu au hasard, sans trouver exactement ce qu'il me faut pour prendre ce monde du bon côté, pour resté collé. C'est pour cela qu'au classique, je préfère le néo-classique et la musique contemporaine, j'ai plus de repère et elle peuvent drainer mon envie, m'attirer vers cette montagne à franchir. Pour pénétrer ce monde fantastique, il faudrait que je ne fasse plus que ça, oubliant, mettant entre parenthèse pour un moment, tout ce que j'écoute aux rayons du bâtiment juste à côté, boulevard St Michel. Et je continue à dire que tu es mon guide idéal pour ce genre de "mission" :D La preuve, je suis maintenant un amateur de Michael Franks et Weather Report (dont j'ai appris que c'était le groupe préferé des Supertramp.. John Helliwelle principalement).
    Biz

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    1. Hé bé Vincent, quel comm',
      il n'y a pas que les disquaires qui ne font pas leur boulot...
      j'écoute parfois une radio dite radio classique, ça pour être classique :) - j'y trouve mon compte en pas mal de classique donc mais côté contemporain c'est un peu "la crise"...
      alors tu te tournes vers France Musique et là, t'en as du contemporain mais le problème c'est que t'as la branlette qui va avec...
      comme pour le reste (en info par ex) finalement je crois bien que les blogs sont une excellente alternative, ou peut être des radios net spécialisées (j'ai pas encore fouillé de ce côté).
      en médiathèque tu vas aussi trouver de quoi te satisfaire mais c'est un peu au jugé des responsables rayon, un peu comme les disquaires donc...
      il fut un temps comme on dit à la fnac... mais ce temps n'est plus.
      le streaming deezer ou musicme, parfois...
      bref on trouve mais effectivement il faut être motivé, ceci dit ça n'a en fait guère changé, juste la multiplicité des supports qui complexifie la chose, sinon... la motiv' la curiosité, l'envie, bon ça on l'a... alors...

      le contemporain est effectivement un axe plus libertaire à envisager, je te le concède volontiers et donc permet une écoute curieuse moins, disons, littérale, c'est probable.
      moins de barrières (si tu n'écoutes pas france musique...), se laisser faire, comme je le disais à Chris.
      entrer dans ces univers...

      brahms... il te suffit du second mouvement du concerto pour violon...
      ces bois... je suis dingue de l'écriture des bois chez Brahms et puis, les ballades pour piano.

      Weather report, il me reste le chapitre trois à écrire...
      j'avais pas fini mais Bowie et Boulez ont eu priorité...
      à suivre, mais cet am en rentrant j'ai trouvé le sujet du prochain article... reste à... écouter, s'imprégner, retrouver quelques traces d'articles de sortie d'album, décortiquer et puis go !...

      Arvo Part, ECM...
      Glass,
      ah oui, on était chez boulez, donc, j'y reviens...
      Quel chef, hein !
      Et puis son oeuvre à y bien penser, depuis qu'on en parle, j'ai franchi des caps, des nouvelles étapes d'écoute...
      il faut du temps c'est peut être ça aussi... savoir en prendre et choisir le bon moment.

      hier, du temps et l'envie d'en découdre avec Antony Braxton et un album four compositions...
      même dispo, avec du temps et de l'envie et bien , j'ai passé mon tour, mais j'y reviendrais, faut que j'entre là dans cet univers, que je trouve la porte d'entrée de ce free très cérébral... encore quelques efforts et un bout de montagne à gravir, j'y suis presque.

      merci de ton passage, de cette reconnaissance (mais tu vois je ne suis pas encore un guide de très haute montagne, pas tout vu et essayé avec succès pour en causer..;).
      à bientôt.

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    2. Ok pour le concerto.. je vais fouiller. J'ai fait les mêmes recherches pour Shubert aussi, je suis tombé sur plein de truc pas trop ma came (opéra...), par contre j'ai gardé les sonates, ça j'adore.

      Côtoyer les disquaires va devenir un "handicape" .. une sale manie ;D m'en fout, je résiste. Ceci dit, va falloir que je fasse le boulot de tri sur le net avant d'aller concrétiser.
      Merci encore

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    3. Schubert, l'inachevée, le voyage d'hiver... et surtout ses quatuors, merveilles...
      le boulot de tri on avait déjà commencé à le faire, depuis longtemps, je crois...
      et encore, toi tu as la chance (pour ça en tout cas) d'être sur Paris, ici c'est un peu désertique de ce côté, alors parfois amazon est salutaire quand tu as cherché des heures, des jours... que t'as fait le cultura devenu lui aussi ou prohibitif en tarifs ou désertique en choix...
      bref, fouiller devient effectivement du ressort du net, on traîne moins dans les magasins, c'était pourtant notre alternative tangible pendant le "shopping"...
      "oui, oui, va chérie, je te rejoins, je suis chez le disquaire..." :)

      les dernier disquaires de malade que j'ai trouvé étaient... à prague.

      thx de ce passage, à +

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    4. et à amsterdam j'ai trouvé un spécialiste vinyles, je suis entré, ressorti aussitôt, pas la peine de se faire du mal car avec Easy jet la valise est format réducteur alors tu mets même pas un vinyle...
      mais ce disquaire était incroyable, juste à côté du musée Rembrandt.
      ...

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    5. Vinyles pas droits ?
      Mais que fait donc la police...

      Ah, cette inachevée, le vrai romantisme...
      à fleur de peau

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    6. mon disquaire de Chartres à l'époque (80's) avait une cabine d'essayage :DDD sans dec, tout serrer dedans une mini cabine téléphonique, j'ai pourri la vie de la tenancière qui gérait la platine pour écouter "Animals".. j'avais pas une tune... "Arts et Musique" ça s'appelait.. j'essayais devant tout l'monde.. sans pudeur aucune.

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  6. J'ai tout bien lu. C'est d'abord impressionnant, foisonnant et tellement à découvrir. Sauf que.
    M. Boulez je le connais comme chef d'Orchestre sur Ravel et Bartok.
    J'ai du tenté une sonate pour Piano, puisque conseillé par ceux qui savent (je me contredis, puisque parfois je rends hommage à ceux qui nous ont précédés en écoute pour communiquer leurs enthousiasmes, les "Must Have")... Tiens, après lecture ici de ton texte et des échanges, je retente.
    Sérielle, Atonale, Dodécaphonisme. S.A.D. j'aime les hasards dans les mots. J'ai l'impression d'une démarche volontariste de casser les codes pour mieux en recréer d'autres. Ça je respecte. Le risque. Qui jugera du résultat?
    Quand tu expliques sa position sur les musiques au placard, je me demande si il n'y a pas là un fond d'inquiétude pour sa propre création. Qui fera l'effort de l'apprécier "ma" nouvelle musique. Qui je souhaite voir l'apprécier?
    Dans un autre domaine, il y a (ou avait) une très bonne présentation de Catherine Millet sur le film de Greenaway et son "meurtre dans un jardin Anglais" Pourquoi je parle de ça, car elle explique que Peter était avant un peintre qui avait rejoint cette école qui décidait de casser les codes, de s'en imposer d'autres, presque des contraintes de création, et d'appliquer ça dans son film avec de la part de Catherine des extraits pour illustrer ce volontarisme. Passionnant et pour le coup, réussi.
    Je ne trouve plus le lien actif de cette présentation, si tu en as l'occasion...
    Boulez, je termine juste le premier mouvement de sa sonate. je ne sais toujours pas quoi en penser. Même le Free joué par Coltrane, éprouvant, épuisant est attirant. Boulez trop cérébral?
    Je fini sur les chefs d'orchestre. Je me suis toujours réfugié derrière les éminents: Karajan, Toscanini, Furtwangler. J'aime les croisement Abbado et l'Allemage, Karajan et L'italie, ses directions de Puccini sont à tomber. Bernstein et ses émissions pédagogiques. Je me demande si cela se trouve en DVD? Giulini pour ses Mozart. Munch et son requiem de Berlioz qu'une amie m'a fait connaitre cette semaine: Apocalypse now Etc...
    Maintenant je reste incapable d'en préférer un pour l'autre pour une même oeuvre.
    Ha oui les "Baroqueux" J'avoue un penchant pour Harnoncourt, mais je crois que c'est pour son look à la Nicholson.
    Allez, faire aimer Boulez à ceux qui n'ont pas une approche musicale théorique, juste en passant par les sentiments, reste une gageure.

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    1. Pas grand chose à ajouter à ton passage.
      C'est amusant... il y a quelques années j'ai fait découvrir C.Hogwood (pour qui j'ai une véritable admiration) à une collègue professeure de formation musicale, depuis, elle ne jure que par lui et a presque balayé toute interprétation par exemple mozartienne autre que la sienne.
      Une lecture tellement pointilleuse, méthodique, musicologique et quasi "scientifique"... Le Boulez du baroque ?...
      J'ose avancer cela sans aucun recul préalable mais pourquoi pas.

      En tout cas, quand j'ai découvert Boulez chef, je n'ai pu écouter la musique dite du XXe siècle autrement que par lui pendant très longtemps, sorte de référence et puis, ce jusqu'à "attendre" qu'il enregistre tel ou tel compositeur, même si celui ci avait les faveurs "d'un autre chef", car pour moi il était symbole de référence.
      Je sais cette démarche jeune et profondément stupide, mais on a besoin de "repères" et Boulez dans ce répertoire a été le mien.
      Et malgré tout, même si aujourd'hui j'écoute ce répertoire par multitude de chefs et suis surpris par les approches très diverses (preuve que cette musique est en même temps d'une immense rigueur d'écriture mais aussi d'une immense ouverture d'angle d'approche - paradoxe...), j'ai encore besoin de passer par la "vision" de Boulez pour me faire une "meilleure" idée.
      C'est dire s'il a marqué... et m'a marqué.

      Son oeuvre ?
      Entrer dedans de façon sensorielle m'est encore difficile voir impossible.
      J'écoute, je transcris mentalement, j'analyse, ce seul plaisir purement intellectuel ne m'attire plus, comme avec un certain jazz.
      La musique doit toucher la fibre des sens.
      Alors si ta fibre est exclusivement intellectuelle, pourquoi pas ? (quand je dis "ta fibre" je parle de façon généraliste envers les adorateurs de ces critères d'écoute et de positionnement social qui va très souvent avec... :( ), mais j'ai besoin de "chair de poule"...
      Je te parlais chez toi de "Erwartung" par Jessie Norman... dès les premières mesures, j'adhère, je vibre, je suis dans le sujet, en attente... et alors cette musique jugée abrupte, compliquée se révèle directe et abordable car elle m'émeut réellement et profondément.

      Je crois que les émissions de Bernstein existent en DVD effectivement... je les ai dévoré...
      Il faudrait que je parle de Bernstein un de ces jours...
      Le chef... quelle générosité !
      Le compositeur... quelle foi !... quelle "spiritualité".

      Harnoncourt, si tu aimes, écoute sa version de la 9e de Beethoven, là aussi la foi, cet hymne à la joie connu par coeur qui arrive là à te transporter loin ou du moins très très haut, spirituellement...
      Et puis reviens à celle donnée avec tant de générosité par Bernstein en mur de Berlin, live, et chargée (comme celle de Furtwangler à Bayreuth en réouverture festival après guerre) d'une "mission" historique.
      Rien à voir, mais là, justement , l'approche... l'angle de vue, le "cadre" et le contexte...

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    2. +++
      Je vais parallèlement découvrir ce que tu me dis autour de Meurtre dans un Jardin Anglais (quand on m'a "commandé" la musique d'un court métrage, ma première commande en ce sens, le réalisateur m'a fait découvrir ce film, et Nyman, mais aussi plusieurs axes mélangeant modernité avec baroque et musique ancienne... j'ai gardé ces découvertes d'alors en tête et ce mélange m'a beaucoup servi comme axe créatif. Mélanger le "savoir" appris à l'école avec l'instinctif, l'immédiateté... et l'influence multiple d'un bagage actuel... c'est bel et bien un projet passionnant).

      La musique classique laisse chaque jour apparaître de nouvelles découvertes (il parait qu'on vient de trouver un nouvel opéra de... Mozart... imagines si c'est vrai, livret Da Ponte ce que ça peut modifier dans ce qu'on croyait savoir de l'histoire...), faire resurgir ou surgir des compositeurs ignoré, oubliés, restés en une seule cité et auxquels on "pense" soudain au gré d'un projet, de recherches, etc...
      La musique classique n'a pas dit son dernier mot, comme l'avancée sur l'homme ça va de pair.

      à +

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