tag:blogger.com,1999:blog-2010991767288976582024-03-26T19:11:30.374+01:00LIFE SENSATIONS IN MUSIC IIAutour de la musique, mais pas que...Pascal GEORGEShttp://www.blogger.com/profile/01916469417040396074noreply@blogger.comBlogger193125tag:blogger.com,1999:blog-201099176728897658.post-23411764671773734122024-03-26T19:10:00.000+01:002024-03-26T19:10:54.910+01:00REECOUTES - REHABILITATIONS II.<p> </p><p class="MsoNormal">REECOUTES - REHABILITATIONS II.<br />
<br />
Ce pourrait être un chapitre infini tant on finirait par oublier, tant on a pu
passer à côté de, enfin, etc.<br />
<br />
---<br />
<br />
DEODATO « Prelude » - CTI 1973.<br />
<br />
Elle s’appelait J… et gamin, puis ado, je passais souvent mes week-ends dans sa
famille.<br />
Elle écoutait sur son électrophone (mono, puis elle acheta un stéréo), un
nombre incalculable d’albums parfois en vogue, d’autres fois disons…
différents.<br />
Italienne elle écoutait tout ce que le pays pouvait sortir en France, sa
collec’ de 45 tours de cette époque doit avoir une sacrée valeur aujourd’hui –
elle se procurait tout, je me souviens de Drupi, par exemple.<br />
Elle était bien plus âgée que moi, très libérée pour l’époque, une jeune fille
disait-on dans son entourage et le mien… moderne.<br />
Ces week-ends je les passais avec elle à écouter ses disques, à regarder la
sacro-sainte télé qui chez moi, enfant, était très restreinte et à… parler…<br />
De gamin je suis devenu adolescent et mes goûts musicaux ont commencé à
s’affirmer.<br />
Je sais qu’elle y a largement contribué.<br />
Je continuais plus sporadiquement à passer les week-ends dans sa famille, mon
temps était devenu chargé d’heures de piano, de solfège, d’apprentissage
musical de tout ordre, classique il va de soi.<br />
Et un jour elle m’a fait écouter cet album de Deodato, sa dernière acquisition.<br />
<br />
Marrant comme l’on retient un nom d’un seul coup d’introduction straussienne…
comme une simple pochette, verdâtre avec l’ombre d’un arbre peut s’inscrire
dans la mémoire…<br />
<br />
Un rappel illustré de façon inédite d’un immense poncif classique et puis au
fil de l’écoute, il y en a eu d’autres, histoire de perturber d’avantage le
breuvage éducatif.<br />
Des couleurs orchestrales chatoyantes avec ces cordes, ces flûtes de tous
registres, ce piano électrique délicatement apposé… du jazz ?... je
n’imagine même pas avoir pu mettre la moindre étiquette sur cette musique à sa
découverte, mais ce que je sais c’est que – par contre – j’ai su lui accoler ce
nom, « Deodato » et être capable par la suite de reconnaitre
instantanément soit ses albums, soit sa « manière » d’orchestrer,
plus que « d’arranger » - une distinction qui chez lui a toute sa
valeur.<br />
<br />
Récemment un bien curieux débat sur … le grand artiste, compositeur,
orchestrateur, arrangeur parfois, pianiste, producteur tant que leader ou partenaire
de tant de projets que la liste de courses à faire le concernant demande de
fouiller dans de nombreux rayonnages … a eu le don de m’exaspérer de
péremption, de suffisance tant que d’insuffisance, de provoc’ éternellement gratuite…<br />
L’art de s’octroyer le mauvais mot juste pour ouvrir haut et fort sa grande
gueule, l’art de s’ingénier à tirer à gros boulets sur un artiste parce qu’il
est… renommé… connu… reconnu… pas provocateur… talentueux et même génial, à sa
façon, si l’on veut bien comprendre et gouter…<br />
Je n’ai que trop eu l’habitude d’être face à ces forts en gueule pendant toute
ma carrière, ces frustrés de la musique en laquelle ils ont peut être cru, mais
qui n’a pas voulu de leur manque de capacités réelles. <br />
Parmi eux, par exemple, ces pédagos intellos qui te balancent à tour de bras
des théories fumeuses et des (in)connaissances faites de vide sidéral rempli
par, au mieux, des chiffres ou des stats, au plus commun, des tissus d’à priori
ne reposant que sur leur affect réducteur en place de recul, d’expérience, ou
simplement de réelle connaissance.<br />
Ici s’il eut s’agit de cette catégorie, le débat eut été presque
« respectable », mais je doute fort de ce minima non de culture mais
juste d’éducation – faut sortir de l’adolescence rebelle nœud -nœud à certains
âges, il serait temps.<br />
<br />
Deodato s’est donc trouvé fustigé au banc des accusés par la vindicte de la
connerie, cette même connerie qui en fustige régulièrement tant d’autres, juste
par envie de… sans réelle capacité de critique objective. <br />
<br />
Un débat identique entre un Connemara lâché maladroitement par J.Armanet, que
pourtant j’apprécie énormément (mais ne mélangeons pas tout, justement) et
l’analyse d’une des chansons de cette dernière avait été analytiquement et
musicalement remis dans l’ordre par un célèbre Youtubeur. <br />
En entrant, point par point et comparativement dans les deux chansons, le grand
gagnant restait le trio Sardou/Delanoe/Revaux. <br />
Rien de surprenant, finalement.<br />
Voilà que l’objectivité d’un musicien, mieux… d’un véritable spécialiste remettait
les pions sur la place de l’échiquier. <br />
J’ai plus qu’apprécié – l’OBJECTIVITE…<br />
<br />
Pourtant, par pur affect, moi-même je n’aurais été dans le sens de Sardou… lui
préférant largement J.Armanet, mais même si ce seul affect l’emporte encore
aujourd’hui pour ma part, la réalité du seul savoir-faire musical – je précise,
le « surtout quand on l’ouvre pour tirer gratuitement à boulets rouges sur
un artiste » - m’a également personnellement permis de réfléchir à
l’approche pragmatique, surtout quand on est musicien, que l’on se doit d’avoir
face à une/un artiste et ses créations.<br />
Alors notre clameur haut et fort pourra toujours m’avancer que, justement et
d’ailleurs certainement, lui, n’est pas musicien.<br />
Je rétorque, donc, justement, en ce cas, on reste humble, modeste et surtout
qu’on apprend à fermer sa grande gueule.<br />
<br />
Désolé, fallait que ça sorte.<br />
<br />
Alors oublions vite ce mal entendant et écoutons objectivement ce
« Prelude », huitième album de l’artiste, sorti chez CTI, label "avec des moyens" qui pour l’époque laissaient rêveurs tant en prise de son
qu’en casting de musiciens.<br />
Cobham, Ron Carter, Stanley Clarke, Airto, Tropea, Barretto, Laws…<br />
Une section cordes longue comme le bras.<br />
Idem côté cuivres avec un Marvin Stamm qui fait briller le « Prélude à
l’après midi d’un Faune » en solo, après l’entrée mythique jouée par
Hubert Laws.<br />
<br />
« Prelude » c’est un trop rare album où les musiques et la culture
musicale se côtoient avec élégance, respect et subtilité, avec intelligence et
savoir-faire.<br />
« Prelude » est certainement une excellente entrée dans l’univers
d’une écoute jugée facile, mais qui, justement dévoilera de nombreux détails, démontrant
très vite que pour arriver à cette apparente facilité de surface que seule
l’oreille inadaptée et superficielle perçoit comme telle, il faut un panel de
compétences de tous ordres dépassant largement le musicien lambda. <br />
<br />
« September 13 » -<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>ce groove,
cette entrée des cuivres s’opposant en clair-obscur avec les flutes, ce solo
comme sorti de Pete Cosey de chez Miles, cette rythmique de Rhodes, mi funk-mi
latino, cette fusion basse/batterie émaillée de congas directs sortis de la
salsa… et cette réunion finale entre éléments au sortir de ce petit moment où
Cobham sort, avec Barretto , la cartouche explosive.<br />
Ce n’est qu’un petit exemple au milieu d’un album riche en musique mais
également en feeling et en émotions.<br />
Et c’est celui de clôture du disque … <br />
Il y en a tant d’autres.<br />
Alors ne restons pas sur les impressions vomitives d’un haineux compulsif et
partons, détendus, à la redécouverte paisible et sereine de… Déodato.<br />
Notre monde a besoin de paix et les vont-en-guerre qui existent même dans la
musique feraient mieux d’aller débattre sur la dernière invention macroniste
destinée à les occuper avec le choix artistique pour les J.O, pour décharger
leur hargne, plutôt que faire ch… face à un véritable artiste.<br />
<br />
---<br />
<br />
<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>WISHBONE ASH « New England » -
Geffen 1976.<br />
<br />
Wishbone Ash est un groupe que j’ai très peu suivi.<br />
« Front Page News », resté très accrocheur et addictif m’avais fait
passer de belles heures, mais celui qui a remporté le gros lot, en haut du
panier a été ce « New England ».<br />
Paraitrait que le groupe avait fuit aux States pour raison financières et
fiscales et les gars sortirent alors cet album comparable à une boisson
énergisante.<br />
Un son assez Fm avant l’heure, des guitares d’un soin d’accord et de cohésion /
complicité qui attestent du succès légitimé en ce sens. <br />
C’est vraiment construit autour de ces entrelacs que propulsent les deux
guitaristes Laurie Wisefield et Martin Robert Turner, d’une rare subtilité que
ce soit en solos doublés ou en rythmiques mêlées ou les deux d’ailleurs. <br />
On écouterait, au sortir, que quasiment cela avec pure délectation
(« Lonely Island »).<br />
Puis j’écoute les lignes de basse (Steve Upton), fournies et inventives, loin
d’être basiquement rock, sans parler de cette batterie (Andy Jay Powel) au son
sec et nerveux, énergique et bien au fond du temps. <br />
Et en chœurs, ils savent là encore se fusionner, là encore, c’est un truc
« en plus » auquel l’on ne prêterait presque pas attention mais qui
fait la différence.<br />
<br />
Un peu comme les séries B, les films de seconde zone, les bouquins rangés sur
l’étagère de la librairie dès leur sortie, Wishbone Ash a ses suiveurs, ses fans
et ceux qui sont passés par chez eux, un jour.<br />
J’en fus.<br />
Il faut dire que le groupe avec ses changements de personnel et ses affaires
tumultueuses entre ses membres, pourtant s’en revendiquant tous sans équivoque
et finalement n’ayant que peu participé ailleurs (à part Laurie Wisefield qui a
croisé la guitare chez Tina, Joe Cocker et qq autres stars), était difficile à
suivre.<br />
Pourtant, à l’écoute de cet album, puissant, inspiré, inventif, parfaitement
joué et produit, composé et organisé, on se dit que tout de même ils avaient toutes
les cartes en mains pour gagner.<br />
Ils ont gagné, certes, en leurs temps, le temps de sortie de quelques disques,
puis on les a rangés, des stars du rock FM se sont engouffrées tels des Toto
flingueurs dans les chemins qu’ils avaient commencé à ouvrir, tracer … pour en
faire des autoroutes et mettre les lucratifs péages.<br />
<br />
Il faut toujours des précurseurs, cela dit, et quand je réalise le niveau de
production et de qualité à tous registres : son, instrumental, compos merveilleusement
développées (« Outward Bound ») et songs, vocal, agencement/arrangement,
production… ce, en 1976, ça me laisse tout de même pantois.<br />
« Candlelight » en conclusion hispanisante, arrêterait presque le
temps… pour un court instant.<br />
<br />
En montant bien le son… bonheur garanti avec cet album.<br />
<br />
---<br />
<br />
HERBIE HANCOCK « Death Wish/Michael Winner 1974 » - SMSP 1974.<br />
<br />
« Un justicier dans la ville »…<br />
Pour ce film de Michael Winner, premier d’une longue série avec comme acteur
Charles Bronson, c’est l’ami Herbie Hancock qui a réalisé la fascinante B.O.<br />
Herbie compositeur pour le cinéma c’est une sollicitation assez rare et ici on
est face à un ovni musical exceptionnel.<br />
Herbie a placé autour de lui ses claviers magiques (« Party People »),
les fameux HeadHunters qui ont cocréé avec lui le jazz-funk sont de la partie
pour tisser une toile musicale des plus originales et urbaines, symbolisant par-là
la ville américaine et ses quartiers, ghettos, rues et ruelles, immeubles géantissimes,
tout ça dans une représentation sociale sonore confondante où les cordes, les
cuivres viennent se juxtaposer ou s’entrelacer, se fondre avec le groupe.<br />
Pour ceux qui se rappellent le film, son argumentaire et le synopsis, le
charismatique C.Bronson, devenu vengeur et justicier, il faut dire qu’il
marquait bien l’esprit et qu’il est légitime d’accorder en sus à ces éléments
visuels et d’acteurs cette empreinte angoissante, marquante, insistante que
procure la composition musicale et orchestrale d’Herbie Hancock (« Suite
Revenge »).<br />
Là, on réalise véritablement le génie créatif du célèbre pianiste, capable dans
sa propre carrière de briser tant de codes, il était aussi capable d’une
ouverture culturelle dont on peut ici mesurer l’ampleur et sa capacité à puiser
dans le spectre le plus large et riche possible.<br />
<br />
Cette B.O détachée de son contexte visuel, affranchie du film fait, par
elle-même incroyablement naviguer et voyager (« Rich Country »), elle
suscite, incite, suggère, provoque et se suffit en soi, pouvant même créer
d’autres imaginaires.<br />
A part dans la production intense et fournie du maître cet album vaut vraiment
plus qu’un détour et il se place très haut soit dans le registre B.O, mais
également dans celui de la discographie du pianiste.<br />
Il y a ici un matériau musical et orchestral absolument incroyable, aux confins
du contemporain « Paint her mouth »), cherchant dans le
free-funk-jazz (« Fill Your Hand »), réunissant tous les possibles pour
accentuer … l’image et développer une ambiance des plus miraculeuse.<br />
<br />
---<br />
<br />
PATRICE RUSHEN « Prelusion » - Prestige 1974.<br />
<br />
Hmm… ce nom, Patrice… Rushen… on l’a vu sur un max d’albums, en side…
man ? <br />
Non, Patrice est une femme, pianiste, de la plus haute valeur professionnelle,
qui a été sollicitée par les plus grands et qui a reçu nombre de titres
honorifiques afin d’une profonde reconnaissance du milieu pour sa carrière et
son engagement envers la musique afro américaine.<br />
Patrice Rushen a commencé le piano à l’âge de trois ans, remporté de nombreux
concours classique dans son enfance, à l’adolescence elle passe au jazz et à
l’âge de 17 ans elle se produit avec son groupe au Monterey Jazz Festival ce
qui lui amène la signature d’un contrat chez Prestige (cf le présent album),
puis à 23 ans, chez Elektra et ensuite ce sera GRP.<br />
<br />
Patrice Rushen est désormais connue et reconnue comme pédagogue, ambassadrice
de l’art en éducation au Berklee College of Music, présidente de la musique
populaire à l’USC…<br />
Elle a composé quelques tubes (« Men in Black ») et également des
musiques de films.<br />
Voilà un peu le portrait…<br />
Ses collaborations ?<br />
Herbie Hancock, Jean Luc Ponty, Eddie Henderson, The Meeting, Wayne Shorter,
Santana, Wallace Roney…<br />
<br />
« Prelusion ».<br />
<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Patrice a vingt ans quand elle
l’enregistre. <br />
Elle est divinement entourée pour faire jouer ses compositions. <br />
Joe Henderson, George Bohanon, Oscar Brashear, Ngudu Chandler, Hadley Caliman,
Tony Dumas, Kennett Nash…<br />
L’album est un florilège d’un jazz disait-on « moderne » à cette
époque (1974) qui va tant foncer dans le post hard bop, comme dans le funk jazz
à la Hancock, ou l’ouverture modale de Bill Evans et bien sûr l’échappée latino
chère à cette période. <br />
Un style de jeu et des compositions certes sous influence, mais traitées avec
cette féminité immédiatement reconnaissable dans une approche plus aérée, souple,
limpide … avec un jeu généralement lié qui n’insiste pas mais qui chante et
retient.<br />
« Traverse », en presque trio (puisque les percussions viennent s’ajouter
en fin de parcours) illustre parfaitement son toucher pianistique et ses
influences multiples – n’oublions pas qu’elle n’a ici que… 20 ans.<br />
<br />
Femme, leader, jeune, instrumentiste et non chanteuse…, afro américaine qui
plus est dans le milieu très misogyne et fermé du jazz, ce à mi seventies,
fallait avoir non seulement du tempérament, mais également un sacré niveau
musical et instrumental pour se faire tant une place qu’être respectée.<br />
<br />
Dès l’ouverture le son peut sembler agressif et vieillot mais le mix va s’arrondir
et s’assouplir dès le second titre, permettant de franchir rapidement cette
première sensation.<br />
Ici, Patrice joue de tout ce que l’outillage claviers pouvait être mis à sa
disposition en 1974, le piano bien entendu, le Rhodes, évidemment, mais
également les synthés tels moogs et autres ARP, créant ainsi des textures
orchestrales là encore d’un choix assez inhabituel (« Puttered
BopCorn »).<br />
Cela démontrant sa volonté d’explorer et son approche, là encore féminine face
à ces outils aux facettes multiples dont elle tire un panel sonore identitaire.<br />
L’album est court, immédiat et incisif et suffit à démontrer les grandes
qualités de cette artiste restée peu connue, devenue une pédagogue engagée et
aguerrie et qui a à son actif bon nombre d’albums tant que de participations
les plus diverses.<br />
A découvrir si le cœur vous dit.<br />
<br />
---<br />
<br />
YELLOWJACKETS « Four Corners » - GRP 1987.<br />
<br />
Un peu comme leurs collègues Spyro Gyra, les Yellowjackets ont de véritables
inconditionnels.<br />
J’en suis.<br />
Enfin, j’en fus.<br />
La véritable alternative à ce jazz-rock vieillissant et devenu par trop
démonstratif et de virtuosité inutile, masquant la vérité musicale était
certainement là, avec ce nouvel adage trop vite estampillé
« fusion ».<br />
Yellojackets, c’est un groupe qui a eu, comme Spyro Gyra et même Steps Ahead d’ailleurs,
du mal à se stabiliser côté personnel.<br />
Sous la houlette du leader pianiste Russell Ferrante y’a eu un paquet de
jeunots, futures pointures, qui se sont fait l’expérience chez eux. <br />
L’album « Mirage à trois » est celui qui m’a fait découvrir ces
artistes proposant une alternative dans cet immense ensemble qu’était devenu
désormais le… jazz.<br />
<br />
Eux aussi, des costards, ils s’en sont fait tailler…<br />
Pas forcément jaunes d’ailleurs, mais plutôt virulents, généralement leur
musique a été sous-estimée de la critique, les reléguant à l’estime et à des
fans suiveurs, tels que moi.<br />
<br />
« Four Corners » subit de plein fouet la post influence Weather
Report, tant dans l’axe musical, compositions et arrangements de synthétiseurs
orchestraux africanisants, que dans l’approche rythmique.<br />
Est-ce pour autant un album à ranger en sous-catégorie ?...<br />
Ce serait, face à une impression initiale, un peu hâtif que de passer à côté
d’un tel moment jubilatoire, optimiste, enjoué, énergique et inventif.<br />
<br />
On a trop vite enfermé le propos d’ici dans une sorte de froideur mécanique due
aux sons de synthèse et de machines propre à ces fins eighties.<br />
Pourtant, contrairement à nombre d’albums où le son eighties peut
paradoxalement rester sous séduction du fait de ce qu’une certaine pop/variété
internationale en ait fait marque de fabrique – une marque dont notre mémoire a
du mal à se défaire, incapable d’estimer le vieillissement de l’objet – et
contrairement à l’approche de textures de certains groupes usant des mêmes
artifices, ici cela est certes représentatif, mais bien loin d’avoir pris la
moindre ride.<br />
Donc j’en reviens toujours à la même conclusion…<br />
Si le son est mis au service de la musique et non au seul service de lui-même
(comme nombre de prods electro d’aujourd’hui), alors celle-ci prend directement
le dessus et s’impose par nature.<br />
Me voici au bout du compte à réécouter ce « Four Corners », qui
défile, me rappelant ce que j’en connais de fond en comble et l’accrochage est
resté identique, immédiat, instantané.<br />
« Mile High » et son shuffle aux marquages rentre dedans, aux synthés
en riffs, au sax alto (Marc Russo) déchirant le spectre sans pour autant
agresser l’ouïe, me revient en mémoire, tel un coup de tampon inaltérable.
Enorme !<br />
Haslip, toujours reconnaissable à son jeu Fretless, a trouvé un nouveau
partenaire à la batterie en la personne de William Kennedy, remplaçant Ricky
Lawson (engagé chez Michael Jackson) et leur jeu s’est intensifié, fusionné, a
pris un autre sens.<br />
Même si le maitre de l’ouvrage (et ce n’est pas, pianiste que je suis, pour me
déplaire) reste Russell Ferrante, le voici ouvrant l’espace à cette nouvelle
dimension qu’apporte Marc Russo aux saxs alto et soprano.<br />
Les compositions sont bien évidemment d’un niveau de pensée et de développement
soliste dépassant l’axe quidam du genre (« Postcards »).<br />
Et leur « interprétation » va de pair.<br />
Bref, s’il est un album absolument incontournable des Yellowjackets, de ceux
qui ont amené le jazz, ailleurs, ce sera bien celui-ci.<br />
<br />
---<br />
<br />
Bonnes écoutes à vous tous.<br />
<br />
<br />
<span style="mso-spacerun: yes;"> </span><br />
<br />
<span style="mso-spacerun: yes;"> </span><br />
<br />
<br />
<br />
<span style="mso-spacerun: yes;"> </span><br />
<br />
<br />
<br style="mso-special-character: line-break;" />
<!--[if !supportLineBreakNewLine]--><br style="mso-special-character: line-break;" />
<!--[endif]--><o:p></o:p></p>Pascal GEORGEShttp://www.blogger.com/profile/01916469417040396074noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-201099176728897658.post-25028046092538523842024-03-21T19:40:00.000+01:002024-03-21T19:40:05.242+01:00REECOUTES-REHABILITATIONS<p> </p><p class="MsoNormal">REECOUTES-REHABILITATIONS<o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal">Pas franchement mis en avant…<br />
Oubliés…<br />
Edités à l’époque en imports et peu plébiscités…<br />
Bon, y’en a un paquet, j’en ressors certains.<br />
Bah oui, pourquoi pas ?<br />
Allez.<br />
<br />
---<br />
<br />
LEE RITENOUR « Feel The Night » - Craft Rrecordings 1979.<br />
<br />
En 79, Lee n’a pas encore le statut que va lui conférer le label qui arrive à
grands pas et qui ravira les amateurs de ce jazz dit fusion qui trouveront
là : LA maison, leur maison…<br />
Celle qui leur est dédiée, celle qui met un point d’honneur à cet « autre
jazz », plus du tout rock, parfois smooth mais cette
« catégorie » n’a pas encore ses lettre anoblies.<br />
Alors ces artistes encore inclassables, malgré nombre d’albums à leurs actifs
respectifs, trouveront (y compris Corea pour ses projets électriques nouvelle
mouture) chez GRP (mais aussi chez Elektra Musician) le label permettant de
« valider » quelque part leurs désirs esthétiques.<br />
<br />
Ritenour il était remercié avec moultes chapeaux dans l’album de Polnareff,
américain… celui d’après la rupture française, celui du départ, précipité,
celui que beaucoup ont boudé. <br />
Michel P. y chantait en anglais accompagné par un nombre conséquent de requins
de studio américain, dont Lee, justement.<br />
C’est là que j’ai lu et retenu son nom pour la première fois.<br />
Puis au fil du temps j’ai lu et vu qu’il apparaissait un peu partout, en
sessions, pas vraiment possible de le cibler autrement côté projets personnels,
juste un excellent guitariste, capable de tout jouer avec brio, voilà à peu
près ce que j’en retenais avec un parallèle évident avec son ami Larry Carlton
ou encore le pas encore devenu Toto Steve Lukather.<br />
<br />
Puis, il y eut le groupe « Friends », puis il y eut cet album dégoté
par un ami et que je m’empressais de dupliquer car il ne l’avait qu’en K7… <br />
Import japonais oblige…<br />
Ah… la glorieuse époque des platines double K7…<br />
<br />
Ici, point de jazz rock donc.<br />
Juste ce qui effectivement va s’apparenter à un jazz (si l’on veut considérer
que le jeu instrumental improvisé, que les méandres harmoniques et que le
« ton » instrumental général peuvent se rassembler autour du terme
jazz) plutôt binaire, groovy (on disait funky en ces temps…), latin et majoritairement
instrumental.<br />
<br />
Les sidemen sont du plus haut niveau et donnent le meilleur, de toutes façons
ceux là ne savent pas faire autrement…<br />
Gadd, Laboriel, Boddicker, Findley, Williams, Watts, Grusin, Underwoods, Reichenbach,
Hey, Acuna, Lukather – ces noms il suffit d’avoir n’importe quel album de rock
dit Calif’, de chanteur américain à connotation internationale, d’artiste
instrumental issu du jazz et s’émancipant de celui-ci, etc. entre 75 et 90 et
automatiquement ils se glissent quelque part dans le listing, avec Lee Ritenour
il va de soi.<br />
<br />
Lee Ritenour l’aura prouvé par la suite avec ses participations chez GRP, en
s’associant avec Dave Grusin, n’est pas qu’un immense guitariste, c’est aussi
un compositeur de la plus haute volée et cet album où il est le leader le
prouve sans équivoque.<br />
Côté compos, arrangements (la Jerry Hey section et son écriture qui a fait les
belles années glorieuses de Al Jarreau) c’est le haut du panier en mode
amréicain.<br />
<br />
On me rétorquera que le son aurait un peu vieilli, non, il est juste en phase
avec ce temps dirais-je et rapport à certaines productions tellement entichées
des machines sorties en ces années 80 naissantes qui feront tout se normaliser,
finalement, cette « perfection » promue par ces habitués du studio
qui enquillaient session sur session dans les mêmes journées, fait ici mouche.<br />
C’est envoyé, expédié propre et sans bavures comme, forcément, dans le titre à
volonté passage radio FM « You Make me feel like Dancing » où Tom
Bahler prend les vocaux et où même l’ami Steve Lukather vient faire la petite
joute amicale.<br />
<br />
Electrifié, saturé même, comme en acoustique avec une sonorité très made in
Brazil (« Midnight Lady »), Lee Ritenour a la guitare nerveuse,
technique mais sans en mettre les tonnes que tant d’autres ont cru utile de
faire, il a aussi la guitare mélodieuse et charmeuse, délicate et subtile.<br />
Alors le toujours sublime Ernie Watts s’en donne à cœur ouvert, comme je l’aime
et comme j’aime à le reconnaitre immédiatement tant il est d’un trait de sax,
charismatique, immédiatement accrocheur et d’une sonorité ravageante.<br />
<br />
Je pourrais passer ainsi en revue chaque détail par et de chaque musicien
participant à cet album, à ces titres d’égale inspiration et d’égale qualité –
l’association mythique Gadd/Laboriel en presque premier lieu, une association
que notre Michel Jonasz national n’avait que le rêve à cette époque de, qui
sait… un jour… les réunir… chez lui, à ses côtés…<br />
Et le fit, le bougre.<br />
Et qui sait, il a peut-être ce bon vieux Michel écouté en boucle ce « Feel
the Night » afin d’y puiser son groove, sa bossa, ses balades, bref, son
rêve américain qui faillit le couler financièrement… <br />
Mais un rêve, ça n’a pas de prix, surtout si on le réalise.<o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal">---<br />
<br />
CHUCK MANGIONE « Disguise » - Columbia 1984.<br />
<br />
Voici le type d’album qui, à sa sortie m’a - comme nombre d’autres typés « son
synthétique eighties » – laissé perplexe et de presque côté.<br />
Chuck Mangione j’avais adoré ses compositions ambitieuses, sa sonorité (au
bugle) de velours ce, même dans les aigus les plus perchés. <br />
Lui aussi… il était toujours incroyablement entouré.<br />
<br />
Et il y a eu ce « Disguise », mécanique, synthétique, presque froid,
métronomique, rigoureux et rigide, du moins, m’avait-il semblé à sa sortie.<br />
Je l’avais cependant mis sur K7, les albums de Chuck Mangione étaient plutôt
rares à dégoter, alors…<br />
Mais je me rappelle que, finalement, en voiture, le chapelet de ces titres à la
voix systématiquement mélodique avaient largement pris le dessus et fait leur
taff.<br />
<br />
Un fait… ce son a inondé la décennie. <br />
- Ces basses puissamment synthétiques, ces boites à rythme grossies pour le
dancefloor, ces pianos aux sonorités FM, ces guitares funky en cocottes cleans
et sèches…<br />
- Ce mode compositionnel à la cubase où la quantification et le pattern, où la
structure en développement se raréfia pour rentrer dans l’écran, où le copié
collé d’un élément qu’on avait mis des heures à installer, calibrer, midifier,
paramétrer devenait crédo… a fini par s’installer dans nos usages auditifs et a
tout embarqué sur son passage.<br />
Nougayork, You’re under Arrest qu’il soit de Miles ou de Serge, Balavoine,
Patricia Kass, Donna Summer, Tina Turner, même Aretha, bon si je les cite tous
on va terminer l’article avec la liste et encore pas sûr.<br />
Ce son a ratissé tellement large et dans tellement de contrées…<br />
<br />
Ce son, on le retrouve ici, au profit du délicieux bugle de Chuck
Mangione.<br />
Et quand il n’est plus aussi omniprésent et mécanique, le mode de composition
et de jeu « réfère », comme mû par une ligne directrice
(« Josephine »), une sorte d’unité.<br />
<br />
Le maitre d’ouvrage synthétique et de studio est Jerry Barnes et il connait
bien son environnement chargé de tous les joujous électroniques de l’époque. <br />
Le gars a du matos… et sait s’en servir, un peu comme Philippe Saisse en ce
temps, d’ailleurs.<br />
On trouve un invité de marque en la personne de Deodato (producteur de l’album)
qui, avec Steve Gadd (autre surprise surtout pour son « emploi »)…
s’est chargé de la programmation des boites à rythme… eh oui ! ça laisse
sur le c… mais si l’on veut bien prêter attention à leur travail on les
reconnait, même là, derrière les machines, autre constat des plus intéressants
tant que surprenant.<br />
Jeff Mironov, un autre habitué des studios est aux guitares, dans son rôle, il
excelle.<br />
Et puis Chris Valada a sorti toutes ses flûtes et si vous tendez bien l’oreille
vous constaterez qu’il est l’adoucisseur de son qui complète avec bonheur le
moelleux du bugle de Chuck.<br />
<br />
« Disguise », j’avais donc failli l’oublier au fond du tiroir à K7s,
mais voilà… il est réapparu, je ne sais plus trop comment et auréolé d’un
« tiens, après tout, pourquoi pas – ça donnait quoi, déjà ? » il
a repris la route et finalement non seulement a fait largement le taff mais
s’est, qui plus est, augmenté d’un bonus appelé recul avec une écoute des plus
appréciables.<br />
<br />
---<br />
<br />
DON CHERRY « Home Boy, Sister Out » - Barclay 1985.<br />
<br />
On trouve cet album en streaming aujourd’hui avec les titres dans un autre ordre
que dans le vinyle original et de savoureux bonus tracks. <br />
Peu importe, le contenu reste malgré tout plus que surprenant et surtout
complètement enthousiasmant.<o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal">Si l’on veut écouter l’ensemble des albums où Don Cherry a
sorti sa trompette ou plus exactement sa pocket trompette, il va falloir
prendre du temps et être en grande capacité d’ouverture tant cet artiste,
nourri au free chez Ornette a ratissé au plus large possible.<br />
<br />
Cet album, dès sa sortie je ne sais trop pourquoi, j’ai tenté le coup, il
semblait faire une certaine unanimité rock-punk-new wave et interpeller tant
que répugner certains jazzeux…<br />
Rien de tel donc pour pousser la curiosité.<br />
Qu’il soit sorti, qui plus est, par Barclay, prouve là encore la capacité de ce
label français sous l’égide de son patron Eddie à oser, à s’engager, à être et
avoir été, finalement le label français le plus indépendant et autonome qui
soit.<br />
<br />
Puis j’ai remarqué le truc le plus improbable, à savoir cette réunion d’un
moment entre des français pure souche sessions des studios avec Jannick Top et
Claude Salmieri, ou encore Jean Pierre Coco et même Elli Medeiros,
l’avant-garde de N.Y avec Laurie Anderson, Arto Lindsey des Lounge Lizards et
bien sûr les Talking Heads, sans parler de la mouvance africaine avec Abdoulaye
Prosper Niang, Fil Mong, Negrito Trasante etc.<br />
<br />
Musicalement on est très loin de ce qu’on pourrait attendre ou imaginer d’un
artiste issu du jazz ce même lorsqu’il a exploré la world music avec Codona
(trio avec Walcott et Vasconcelos chez ECM).<br />
L’adage qui mettrait cet album entre le « Remain in Light » des
Talking Heads et le « Mister Heartbreak » de Laurie Anderson, deux
albums que j’ai usé jusqu’à n’en jamais finir, avec celui-ci, d’ailleurs et
justement, s’avère, avec là encore ce recul d’aujourd’hui, parfaitement exact.<br />
J’y ajouterais l’album Byrne-Eno « My Life in the Bush of Ghosts »,
forcément un album de Fela, un bon Lounge Lizards ou les Golden Palominos et
j’achève avec le premier Kip Harahann, sans oublier les Mobo de Kazumi Watanabe
et la liste sera … presque … complète pour un retour dans cette période de
métissages musicaux. <br />
Une période où les musiciens savaient se réunir pour briser leurs propres codes
et leurs barrières, savaient se croiser et se rencontrer pour fusionner leurs
univers respectifs et surtout… créer… expérimenter… chercher… et partager.<br />
<br />
Aucun doute, reprendre le chemin de ces grooves afro-new wave-punk/jazz-tribal/jam-world
music-reggae/dub par un tel monument déviant, autre et interpellant, c’est non
seulement un rappel de ce passé des « tout possibles » et du bonheur
que de tels albums pouvait simplement procurer.<br />
A ne louper sous aucun prétexte et à remettre en platine de façon urgente et incessante.<br />
<br />
---<br />
<br />
MIKE STERN « Jigsaw » - Atlantic Jazz 1989<br />
<br />
S’il en est un auquel de nombreux costards ont été taillés c’est bien Mike
Stern.<br />
Un guitariste jazz qui joue la guitare Fender…<br />
Un guitariste jazz au son saturé que les rockeurs renient…<br />
Mais… <br />
Mike Stern est-il vraiment un musicien de jazz ?<br />
<br />
Bon on s’en tape.<br />
Mike Stern c’est avant tout un extraordinaire tant guitariste que musicien.<br />
Je l’ai su dès son entrée fracassante chez Miles, à son retour où il ouvrait le
feu dans ce fantastique « Fat Time ».<br />
Le son, le solo, l’énergie juvénile, l’envie, la fraicheur, le rock fait jazz,
l’identité absolue…<br />
Mike Stern…<br />
<br />
Je l’ai vu moultes fois avec Miles, y compris quand il tenait le crachoir en
duettiste avec Scofield pour la tournée de « Star People »… <br />
La turbulence harmonique contre la vérité rock…<br />
Miles a toujours su ce qu’il faisait…<br />
<br />
Mike Stern c’est cet éternel adolescent chevelu, un peu comme son ami Pat aux
teeshirts marins hors mode, sans âge car resté dans l’esprit initial, sans modifications,
car le temps n’a pas de prise sur le langage universel.<br />
Le mec planté raide comme un piquet sur la scène qui débite ses phrases
incroyables, son phrasé tellement reconnaissable qu’en fait, on aimerait bien l’imiter,
mais que bon, certains obtus en restent à ce son, lui-même tellement idéalement
identitaire.<br />
Tu entends cette guitare, ce jeu… et tu sais que c’est Mike Stern.<br />
Qui peut encore prétendre réellement ça aujourd’hui ?...<br />
Et rien que ça, ça impose un infini respect.<br />
<br />
Mike Stern, il en a sorti des albums<br />
Mike Stern, il a participé à tout ce qu’il est possible de croire en jazz
fusion et jazz dit rock.<br />
L’album que je kiffe le plus, si l’on parle jazz de « puristes » (le
mot que je bannis ici car je hais ces puristes sectaires du jazz) c’est le « Yesterdays »
de Lew Soloff, où, excusez du peu il partage l’affiche avec Charnet Moffett et…
Elvin Jones. <br />
Une montagne que cet album !<br />
<br />
Difficile tant que culte que se procurer ses premiers albums dans les années
80, dont celui enregistré avec Sanborn, Steve Jordan et Jaco Pastorius (des
amis depuis BS&T), aussi quand il a sorti ce « Jigsaw »
relativement facile à se procurer, tu parles que je me suis jeté dessus.<br />
Et j’ai découvert là non seulement la continuité du guitariste emblématique
mais également un compositeur absolument remarquable.<br />
Et au passage le réel traumatisme face à ce jeu de batterie de Dennis Chambers,
car à cette époque il sortait un batteur traumatisant environ tous les six mois
et franchement, pour un musicien français qui œuvrait sur l’instrument dans le
jazz fusion c’était quasi démoralisant car cela sous entendait des heures de
pratique, des heures d’écoute et d’assimilation, de compréhension et d’adaptation.<br />
Il fallait juste, en fait, avoir un peu de recul et penser « autrement »
- mais jeunesse oblige et frénésie obsessionnelle de technique haut niveau, je
n’en étais absolument pas capable.<br />
Heureusement que Peter Erskine, présent également ici, pouvait nous remettre
sur des rails disons plus « accessibles »…<br />
<br />
« Jigsaw » a été un album CD que j’ai énormément écouté, à la maison,
en training drumming, dans la bagnole… j’en ai connu chaque recoin et joué
tellement de fracassants plans que c’en est une fatigue rien que d’y repenser.<br />
<br />
« Jigsaw » a l’avantage d’avoir été mis en partitions dans quelques
real books officiels cités comme new et à la lecture de ces partitions d’une
formidable précision tant que d’un concept de lisibilité du propos absolument « modèle »,
j’ai pu réellement découvrir l’autre versant, celui de la qualité et de la
dimension des compositions de ce guitariste.<br />
Chaque instrument a sa place, détaillé, parfaitement écrit et assemblé pour des
pièces forcément binaires et fusion qui ne laissent place à aucune
approximation.<br />
<br />
Un contexte parfaitement approprié pour les pointures qui s’épanchent ici,
incroyablement impliquées, formidablement adjointes au projet.<br />
Les deux stars du sax, à savoir le regretté Bob Berg et l’autre regretté
Michael Brecker se tapent la joute amicale, le premier au ténor, le second à l’EWI,
ce sax synthétique dont il a sorti le meilleur et le plus incroyable et dont
ici on a le parfait témoignage (« Chief »).<br />
La rythmique Andrews/Chambers est de celles qui ont fait rêver tant de
musiciens adeptes du genre et en souhait d’en arriver au dixième.<br />
Jim Beard est l’anti claviériste virtuose par excellence et tisse de
magnifiques ambiances afin de lisser quelque peu le sujet et Manolo Badrena
vient ajouter la touche acoustique avec ses percussions.<br />
<br />
D’aucuns ont trouvé cet album froid et quelque part, synthétique… époque oblige
et production idem (Steve Khan, autre immense guitariste). <br />
« Rythm or Reason » pourrait peut-être faire réviser cet « à priori »
peu flatteur, lorgnant vers Pat, justement…<br />
<br />
Je crois bien que j’ai vraiment fait une fixette sur cet album, en son temps, c’est
peut-être bien pour ça que j’ai mis du temps à le ressortir et le réécouter
véritablement.<br />
J’ai adoré les précédents…<br />
J’ai vraiment penché Stern avec l’album de Steve Smith, son premier, « Vital
information », puis les suivants se sont éparpillés sans réellement
prendre une place prépondérante…<br />
Et pourtant, en les écoutant aujourd’hui je sais être passé aux côtés d’un
certain quelque chose.<br />
<br />
Ah oui, au fait, les jazzeux inconditionnels de bop et autres traits véloces,
écoutez donc le titre final « Kwirk » et mettez-vous au boulot… <br />
Ce titre est, quelque part, effarant.<br />
<br />
Mike Stern, <br />
à reprendre et réhabiliter sans hésiter qui plus est, avec cet album en haut de
pile tant il recèle d’entrées d’écoutes multiples et de chemins des possibles.<br />
<br />
---<br />
<br />
DJAVAN « Djavan » - EMI 1978.<br />
<br />
Dès que j’ai découvert et entendu cette voix, cette « profondeur »,
cette authenticité brésilienne autre que l’idée qu’on a de la bossa, mais plus
proche d’un Gilberto Gil, métissant les influences, cherchant une autre
direction que celle attendue par le made in Brazil, alors j’ai immédiatement
cherché qui était ce Djavan et cet album de 1978 a été mon « premier ».<br />
<br />
Si l’on aime un tant soit peu cet artiste alors cet album, son second, sera
celui qui sera peut être le plus attachant.<br />
La voix…<br />
Cette voix…<br />
On se laisse envouter, on se laisse séduire, on se laisse emporter par ce seul
vecteur vocal.<br />
Peu importe ce qu’il raconte, sa voix suffit à nous emmener.<br />
C’est rare.<br />
Et même en 1978, avec cette langue, qui plus est, c’est forcément déviant,
attachant, magnifiant.<br />
<br />
Les arrangements autour de la voix et de la guitare, les composantes de l’idée
brésilienne sont parfaitement ajustés pour leur mise en valeur.<br />
Le samba est peut être bien plus présent que la bossa, Rio s’est probablement
déplacé vers une Amazonie potentielle, une probable autre authenticité que
quelques cordes, un sublime accordéon, des percussions légères, un diaphane
Rhodes, une section rythmique en duvet semblent vouloir embellir et rendre plus
populaire.<br />
On aime Milton, on aime le Djavan d’avant la récupération médiatique américaine,
celle qui aura voulu en faire une star internationale pour qu’il revienne
finalement à ses racines, sa vie, son art, ses… bases.<br />
Elles sont là, quelque part et partout, dans ce second opus, simple, aux chansons
courtes, directes et épurées.<br />
Impérieuses.<br />
<br />
On parle peu de Djavan.<br />
Bien dommage.<br />
<br />
….<br />
<br />
<br />
<span style="mso-spacerun: yes;"> </span><br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br style="mso-special-character: line-break;" />
<!--[if !supportLineBreakNewLine]--><br style="mso-special-character: line-break;" />
<!--[endif]--><o:p></o:p></p>Pascal GEORGEShttp://www.blogger.com/profile/01916469417040396074noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-201099176728897658.post-84444474658159634632024-03-09T20:40:00.000+01:002024-03-09T20:40:59.173+01:00EN TOUS SENS…<p> </p><p class="MsoNormal">EN TOUS SENS…<br />
<br />
Au gré des humeurs l’envie de découvrir et d’aller trouver juste à côté des
habitudes.<br />
<br />
---<br />
<br />
TOM BROWNE « THE TOM BROWNE COLLECTION » | 2007 Silva Screen Records<br />
<br />
Pour parcourir les divers méandres musicaux de ce trompettiste énergique,
volubile, habile et nourri à tout le jazz, l’idéal est – une fois n’est pas
coutume – une bonne petite collection…<br />
Des albums Tom Browne en a sorti un paquet, de décennies en décennies, de modes
eighties, disco, funk, reggae, dub, r’n’b, rap, hip hop et autres groove
sessions.<br />
Et dans chacun il glisse toujours, comme un hommage, une forme de respect au
patrimoine afro américain, sa jazz touch, avec ça et là quelques standards pur
jus avec des formations idem – et toujours des invités de renommée (Goldings,
R.Carter, D.Reeves…).<br />
Tom Browne c’est un peu un résumé de la culture musicale afro américaine du
ghetto de ces 40 dernières décennies (si ce n’est plus).<br />
Le gaillard connait son sujet jazz sur le bout des lèvres et des pistons, il
est d’ailleurs comparé à Freddie Hubbard, voire Miles Davis dans le
« milieu », donc ça interpelle.<br />
J’ai ré-écouté très attentivement cet artiste multiformes, aux interjections
bop aiguisés, aux hallebardes jetées telles un afficionado sorti d’une section
de cuivres salsa, aux capacités de velours si le propos love et smooth
s’invite, enfin, bref, on s’ennuie pas vraiment.<br />
Alors c’est vrai, sa période eighties, avec le paquet de caisses grosses
forcément renforcées et au son énormissime surenchéri de basses synthé gourmandes
en spectre sonore, lorgnant vers le funk-disco de facture n’est peut être pas
l’entrée idéale pour épouser sa carrière, alors c’est vers cette collection que
j’ai préféré vous emmener de prime abord.<br />
On passe par tous les états, le parcours stylistique est plutôt large et
l’acoustique va allègrement côtoyer les machines, samples et autres rythm-box. <br />
Ainsi, sous l’égide du leader au jeu fédérateur et charismatique on pourra
probablement s’amouracher du « truc » tel cette reprise hip de
« Watermelon Man » de Herbie, qui en aura vu d’autres et qui se place
très correctement sur l’échelle des reprises qui dévient le sujet, ce jusqu’à
la grille et même en écorchant sans vergogne le thème célébrissime.<br />
Faire du neuf avec du très vieux, je suis sûr que même le grand Herbie qui a
tant adoré faire joujou les petites machines technologiques aura apprécié cette
déviance où le trompettiste se la joue Miles.<br />
Larry Goldings et Ron Carter (dont il faut noter le jeu de temps à autre, en
accords, ce, à la contrebasse) le soutiennent pour le thème de Duke « In a
Sentimental Mood », où l’artiste cette fois flirte du côté de Cat Anderson
mâtiné Wynton Marsalis – mais n’allons pas croire que ce n’est que pastiche ou
imitation, avec l’instrument à vent, la personnalité prévaut, même si la
référence en hommage est, comme ici, légitimée.<br />
D’autres standards sont revisités ici, comme l’incroyable version du « All
Blues » de Miles où le cliché « So What » se glisse
imperceptiblement – énorme de groove !<br />
Il y a également ce truc resté improbable à jouer mais pourtant régulièrement
joué qu’est « Freedom Jazz Dance », on passe en deux titres du groove
hip hop à l’acoustique de combo pure et dure, ce, sans aucune transition, ce
sans que cela ne puisse le moins du monde questionner, c’est naturel, c’est
donc culturellement assumé et lié par le leader.<br />
Puissant constat.<br />
Et sur ce seul accord c’est un festival de solistes, aux traits caractérisés, à
l’énergie poussée par une batterie d’un drive époustouflant.<br />
Vous l’aurez compris, entrer dans les albums de cet artiste ça va être
jubilatoire…<br />
Commencez par celui-ci et je suis certain que vous pousserez les autres portes
d’entrée.<br />
<br />
---<br />
<br />
NORMAN CONNORS « SATURDAY NIGHT SPECIAL » - Buddah Music 1975.<br />
<br />
Dernière période électrique de Miles, avant retraite, deux albums scellent cet
arrêt, brutal pour les fans, logique tant que normal, pour l’intéressé.<br />
Pourquoi je parle de Miles ici ?<br />
Allez j’y viens.<br />
Il avait là une équipe incroyable, menée par le socle du bassiste Michael
Henderson qui avant l’arrivée, post ce qu’on croyait une retraite définitive,
en 81, de Marcus Miller, était la cheville ouvrière de sa musique.<br />
Ah les bassistes, chez Miles…<br />
Il y avait là Gary Bartz, occasionnellement, tellement Miles usait ses
saxophonistes.<br />
Il y avait là l’autre cheville ouvrière : le rythmicien guitariste Reggie
Lucas, sorte de chef d’orchestre du fatras davisien « d’Agharta » et
de « Pangea » et de « On the Corner ». <br />
Ces musiciens ont par la suite, quand Miles s’est isolé dans son appartement
newyorkais, forcément fait « carrière », tel le regretté Dominique
Gaumont de retour dans l’hexagone trop étriqué pour sa musique, décédé en …
1983 et qui fut l’un des rares à oser taper le duel pseudo hendrixien avec le
mage noir après McLaughlin.<br />
<br />
Henderson, Bartz et Lucas, on les retrouve ici, au creux de cet album dont le
leader, Norman Connors est batteur.<br />
Cette influence davisienne, jazz dit rock, chargée de Fender Rhodes bidouillés
en modules (Onaje Allan Gumbs), d’un funk bon aloi reposant sur des lignes de
basse centrales, on la retrouve, dans la lignée de ce que fit Herbie avec son
sextet, ici.<br />
La section de cuivres est justement empruntée à celle de Herbie tant en
écriture qu’en certains personnels.<br />
Un jazz « électrique » disait-on alors.<br />
<br />
Ca flirte soupe parfois, ça groove funky souvent tel que l’aura fait Narada
Michael Walden autre batteur reconverti à la prod disco et funky en ces années-là.<br />
Ca chante en toutes vibes, normal.<br />
<br />
C’est presque dirait on un peu inégal tant encore une fois ça veut ratisser et
surfer sur ce qui se faisait en ces temps côté black music et
« Akia » serait un excellent résumé de cette mouvance.<br />
Puis…<br />
On appréciera que, pour une fois, un album de batteur ne soit pas inondé de
batterie, j’entends par là de solos, breaks démonstratifs et tout et tout mais
juste de musique, l’artiste se cantonnant au rôle que le propos lui impose, de
fait.<br />
Seule exception et d’une rare qualité de jeu, le titre « Kwasi »,
introduit par un formidable solo permettant d’amener cette direction
latinisante chère là encore à ce jazz fusionnel de ces années et qui a réuni
tant le rock que le jazz.<br />
Alors avec Michael Henderson ils font socle, équipe et là-dessus tout peut se
balader même dans les contrées les plus aérées (« Skin Diver »)
permettant de découvrir s’il en est la chanteuse Jean Carn, sorte de Gayle
Moran vocalisante. <br />
Le presque oublié Eddie Henderson est à la trompette et son jeu, si l’on a bien
écouté le sextet de Herbie est immédiatement reconnaissable, pour notre plus
grand plaisir.<br />
<br />
Les amateurs du genre trouveront là de quoi largement satisfaire, en retrouvant
ce « son » jazz électrique des seventies, leur curiosité et
adhèreront certainement à cet artiste, cet album… en allant forcément en
trouver davantage. <br />
Ils auront raison – sa discographie est tant intéressante que passée aux
oubliettes, ce qui est finalement bien dommage, mais les stars du genre sont
venues sur nombre de ses albums, c’est certainement un signe qui peut permettre
d’en connaitre un peu plus.<br />
<br />
--- <br />
<br />
EMILIE MAYER « Piano Quartets 1 & 2 » / Mariani Klavier Quartett -
CPO 2018.<br />
<br />
Emilie Mayer 1812-1883.<br />
Désormais c’est acté, je fais mon marché de curiosités sur Insta, parfois
Facebook, mais ce dernier devient maintenant un « truc de vieux »…<br />
Voilà… je parcours en faisant glisser sur l’écran les nombreux (ses) personnes
que je suis, des artistes, des collectionneurs de disques, des disquaires, des profs,
des mélomanes…<br />
Il y a des pianistes à la pelle…<br />
Bon je reprends.<br />
Me voici face à une « ‘tite jeune », prof de musique de collège et musicienne
(il va de soi), depuis son salon elle te raconte en 1 mn et qq chrono trois
anecdotes de la vie, du parcours d’un(e) compositeur (trice) et me voilà
intrigué, intéressé. La fille a dans la trentaine et elle respire la passion.<br />
Je fouille dans ses « publications » et me voici embarqué vers cette compositrice
berlinoise estimée (notez le véritable sens valable tant que « limitatif »
du terme) en son temps, Emilie Mayer, qui m’est absolument inconnue. <br />
Aujourd’hui et ici, je me contente de l’évoquer et de présenter ses quatuors avec
piano, la musique de chambre permet souvent d’entrer en souplesse dans l’univers
des compositeur (trices) classiques.<br />
Une forte influence pré romantique se dégage ici de ces pièces délicates, toutes
en dentelle précieuses, romancées et poétiques à souhait.<br />
On entre dans ces salons richement décorés, on s’assoit et le concert peut dérouler
ses entrelacs de notes et de méandres dirigés par ce « sentiment »
tonal agréablement marqué qui nous emmène de par sa simple progression par des
chemins, certes balisés en degrés harmoniques, mais au travers desquels il fait
bon flâner, s’arrêter, admirer, observer, imaginer et surtout être « bien ».<br />
Il aura fallu des siècles pour que les compositrices, mises à l’écart de leur
temps (où elles avaient un succès parfois d’estime et confidentiel) puis
oubliées par ce même temps soient enfin remises à l’honneur.<br />
Emilie Mayer s’est également attaqué au « genre » symphonique et a
même connu un certain succès, en son temps avec ce répertoire, puis… on l’a rangé,
avec ses partitions sur le placard du temps. <br />
Mais voilà qu’heureusement les curieux interprètes du classique avides de
changement de répertoire, de découvertes … ont ouvert ces partitions et y ont
trouvé cette musique merveilleuse.<br />
J’aurais bien évidemment l’occasion de parler plus abondamment de mon ressenti
face à son œuvre vraiment très plurielle et conséquente.<br />
En attendant, venez à sa rencontre par ce délicieux album tout en finesse, tout
en féminité musicale, tout en poésie juste un peu romantique, et encore presque
classique.<br />
<br />
---<br />
<br />
SCHOENBERG « The Music of Arnold Schoenberg, Vol III » / Philharmonia
Orchestra – Robert Craft – Koch International Classics 1999.<br />
<br />
Même petit chemin – le net est finalement un jeu d’enquêteur si l’on veut
chercher et en savoir… plus.<br />
Je vous explique comment j’ai fait pour en arriver là, chez Schoenberg et me
trouver face à un travail d’intégrale monumental, équivalent à celui par
exemple que j’ai cité il y a quelque temps pour le projet Haydn.<br />
Il est autre compositeur que là aussi je ne connaissait strictement pas, Felix
Draeseke… qui est apparu dans mon streaming car j’ai cherché après Emilie Mayer,
d’autres albums de ses interprètes.<br />
De là, le nom de ce compositeur apparait, <br />
Puis, un blog (<a href="https://www.physinfo.org/index.html">https://www.physinfo.org/index.html</a>)
qui, entre autre, nous change un peu de notre minuscule sphère dont, dernier
exemple de ce qui me hérisse et m’atterre, les récents débats fustigateurs
autour de Déodato. <br />
De ceux qui me font définitivement, de fait, prendre de plus en plus prendre
des distances que j’estime vitales face à la c… de la redondance superficielle,
de la gratuité d’avis péremptoire, etc. etc.<br />
<br />
Je reprends, mais il fallait que ça sorte, l’insupportable m’apparait là comme
à un certain paroxysme.<br />
<br />
Donc, je creuse les articles et découvre qu’en face d’un Boulez, référence, que
l’on croit, de la continuité, mais aussi de l’interprétation de cette époque et
de ces compositeurs dits de l’école de Vienne il y a eu, un chef tout aussi « compétent »
tant qu’impliqué pour interpréter ce répertoire : Robert Craft.<br />
Robert Craft qui a connu et travaillé avec Schoenberg et qui a consacré sa vie
à son œuvre afin, quelque part, de la populariser, si ce n’est de la « désintellectualiser »,
Boulez, justement en ayant fait un argumentaire d’inaccessibilité, d’élitisme
intellectuel, une sorte de Graal que seuls quelques « initiés » d’une
rare « supériorité intellectuelle » seraient aptes au-delà de la
mélomanie, à non apprécier, mais juste comprendre.<br />
Apprécier étant face à la musique de « ce niveau » un sentiment
sensoriel inacceptable, car seule la démarche intellectuelle ayant « du
sens ».<br />
<br />
Le dilemme boulezien, de ceux qui m’ont toujours véritablement pris à défaut.<br />
D’un côté, le chef, immense, à la lecture et à la direction innovantes, à côté,
le compositeur qui met un point d’honneur à l’inaccessibilité de son œuvre et…
en toile de fond le grand manipulateur de l’idéologie socio-cul, installant l’élite
en piédestal d’inaccessibilité et qui du haut de son « savoir » a su
tirer la plus incroyable épingle d’un jeu de dupes.<br />
<br />
Je découvre donc le travail effectivement bien plus lisible, bien plus « réaliste »,
véritablement vibrant à l’écoute et faisant appel aux sens, de façon immédiate
et physique, de ce chef, qui finalement avait réellement saisi l’essence de
cette œuvre au-delà de la seule entrée cérébrale avec laquelle on a coutume de l’aborder
pour finalement la rejeter.<br />
La musique de ce génie précurseur qu’était Schoenberg se revêt alors d’un autre
sens et qui plus est, du fait que Robert Craft a consacré sa vie à la présenter
dans son intégralité, la voici enfin présentée dans avec une certaine « ligne »
qui permet non seulement de la comprendre plus aisément, de l’écouter sans
préambule en tant que telle et surtout, de l’apprécier.<br />
<br />
Peut être qu’enfin, par ces directions - voulant briser les cadres d’enfermement
bien arrangeants pour certains afin de se placer en supériorité - la musique et
le langage dodécaphonique et sériel, unique et révolutionnaire en pensée, afin
de déstructurer les usages communs tonaux et modaux et de créer de nouveaux
espaces créatifs, vont permettre à cette école viennoise de s’installer presque
communément sur l’échiquier de notre histoire culturelle.<br />
Il serait temps. <br />
<br />
<span style="mso-spacerun: yes;"> </span><br />
<br />
<br />
<br />
<br style="mso-special-character: line-break;" />
<!--[if !supportLineBreakNewLine]--><br style="mso-special-character: line-break;" />
<!--[endif]--><o:p></o:p></p>Pascal GEORGEShttp://www.blogger.com/profile/01916469417040396074noreply@blogger.com6tag:blogger.com,1999:blog-201099176728897658.post-66072762480280828362024-02-27T20:07:00.001+01:002024-03-01T20:13:08.785+01:00NED DOHENY, ART FARMER/BENNY GOLSON, BOBBY HUTCHERSON, SPHERE.<p> NED DOHENY, ART FARMER/BENNY GOLSON, BOBBY HUTCHERSON, SPHERE.</p><p class="MsoNormal">
<br />
Petite virée au gré de mes disquaires internationaux favoris que je suis par
les réseaux.<br />
Comme toujours, des découvertes à prendre (ou non) en compte.<br />
On commence.<br />
<br />
---<br />
<br />
NED DOHENY « Hard Candy » - Legacy recordings 1976.<br />
<br />
Encore un obscur de ce rock dit Calif’…<br />
Une pochette qui rappellerait celle, kitichissime, d’un certain « Double
Fun » de Robert Palmer et si l’on s’arrête là ce sera difficile d’aller
plus avant, tant ce côté visuel ados insouciants concons de série B américaine
qui envahit encore aujourd’hui les programmes et pas que de Netflix saoule par
son inconsistance irréelle.<br />
Mais comme toujours il faut dépasser l’impression hâtive de première vue et
écouter.<br />
Calif’ pur jus, dirais-je, avec tous les ingrédients, les recettes efficaces et
bien concoctées, qu’elles soient culinaires ou de cocktails savamment dosés.<br />
Les amateurs du genre auront la banane, les détracteurs du genre feront leur
moue habituelle.<br />
A chacun ses goûts et ses choix.<br />
Ici le casting est, comme il se doit, de haute tenue.<br />
David Foster est aux claviers, on trouve Steve Cropper (ce qui n’est pas rien)
aux guitares, John Guerin, aisément reconaissable, partage la batterie avec le
moins connu Gary Mallaber, il y a trop de bassistes dans le studio pour que je
les nomme tous et par contre un autre habitué des séances de ce genre est là,
Victor Feldman aux percussions. Et puis Findley et Scott (« The swing
Shift ») aux sections vents, c’est forcément attractif.<br />
On oscille entre une pré version vocalisante de ce qu’a fait David Crosby
récemment, les balades soupe et les groove-beat funkysants en 16 usuels chez
Michael Franks ou chez les Doobie.<br />
Le travail d’écriture et de réalisation des chœurs est somptueux et luxueux,
comme du CS&N ou du Steely Dan (« Sing to me ») de ciselage.<br />
Une reprise (on disait pas cover à cette époque), sortie du répertoire du
Average White Band – « Love of your Own » et « « Get it up
for Love » qui fut un tube chanté par David Cassidy et composé par Ned
Doheny himself.<br />
« Valentine », si j’avais découvert ce titre plus tôt, je l’aurais
volontiers joué au piano pour la Saint Valentin … qu’à cela ne tienne, je le range
dans ma tête, un bonbon comme ça, même présenté dur, ça s’imprime, avec le
goût, dans la tête. <br />
<br />
On se laisse flotter, caresser par cette petite brise douce et chaleureuse et,
cheveux au vent, on se prend à se dire qu’on aurait bien aimé investir dans une
décapotable en même temps que dans les chemisettes hawaïennes (autre mode kitch
d’une autre époque), afin de donner une substance plus concrète à ce
déferlement de parfaite coolitude.<br />
Vivement l’été.<br />
<br />
Il a sorti quelques autres albums ce « beau-gosse.com », va falloir
que j’aille creuser ça.<o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal">---<br />
<br />
ART FARMER-BENNY GOLSON JAZZTET « Another Git Together » - Mercury
1962.<br /><br />
Trois cuivres pour ce sextet, Art Farmer au bugle, Benny Golson au ténor et Graham
Moncur III au trombone et la section rythmique avec Harold Mabern au piano, Herbie
Lewis à la basse et Roy McCurdy à la batterie.<br />
J’ai toujours été attiré par ce son feutré et moelleux du bugle et en
particulier de ce qu’Art Farmer a pu en faire. Une sonorité qui ici a une
teinte toute particulière aux côtés du son caressant et reptilien de Golson sans
parler du jeu toujours subtil de Moncur III.<br />
La section rythmique même si elle n’est pas une montagne envers laquelle irait
toute mon admiration a au moins la qualité d’être en parfaite adéquation avec
ces arrangements taillés sur la mesure des trois personnalités cuivrées. Elle
se cantonne presque à un jeu d’écritures stylistiques (« Another Git
Together ») qui agit avec une grande efficacité, mais semble s’installer
en une gestion type pattern.<br />
De là, les solistes surfent avec aisance sur cette rigueur confortable et au
beats assumés.<br />
Les arrangements surgissent, de ce fait, dans toute leur valeur d’écriture. <br />
Une écriture où chaque voix a une place qui s’associe comme se détaille tant la
pertinence de celle-ci est forte d’intensité de couleur, en témoigne le
formidable « Along Came Betty » tant en thème qu’en riffs internes
post solos, cette composition de Benny Golson - compositeur de ce mouvement
hard bop trop peu joué et dont pourtant les thèmes sont de pures merveilles.<br />
« Another Git Together » est l’un de ces albums où l’on sait qu’on
embarque pour un moment de véritable jazz, tel que l’on aime à s’en délecter, à
s’y ancrer, à se laisser aller.<br />
Une expression de ce jazz cool à l’écriture soigneuse et ciselée, complètement
maitrisée et magnifiée.<br />
Et, chose à noter, le trois temps est à l’honneur (« This Nearly was
mine » - « Domino »).<br />
« Reggie » termine en beauté l’album, up tempo, mais toujours soft
comme l’étaient ces quelques quatre frères qui, sur des tempos de feu
n’oubliaient jamais, de rester … cools …<br />
<br />
---<br />
<br />
BOBBY HUTCHERSON « Montara » - Blue Note 1975.<br />
<br />
Une rythmique « latino », sans aucune équivoque, irise ce délicieux
album de Bobby Hutcherson, ce claviériste percussif (vibes, marimbas et autres)
… une rythmique comme échappée d’un Santana première mouture, là où le
guitariste flirtait encore avec le jazz dit rock et son
« Caravanserail ».<br />
Cuivres obligatoires et le plaisir de retrouver ici Ernie Watts, tant au sax
qu’à la flûte. <br />
Oscar Brashear est à la trompette. <br />
J’ai également aimé retrouver le jeu toujours électriquement subtil et
mirifique de Larry Nash aux claviers. <br />
L’album défile sur ce tapis de percussions qui installe cette infinie malléabilité,
arrondissant le jeu du bassiste Dave Troncoso et adoucissant le drumming, tout
en finesse, de Harvey Mason.<br />
Les marimbas ou les vibraphones de Mr Hutcherson, réel virtuose (« Yuyo »)
des instruments (qui pourtant n’en fait nullement montre), peuvent alors
prendre une place minutieuse et pointilliste, véritables leaders aux textures
sonores magiquement placées sur l’échiquier de ce jeu où la finesse est
maitresse d’ouvrage.<br />
Entre échappées salsa, balades langoureuses et grooves légèrement fusionnels
avant l’heure Spyro Gyra, le flash d’éclairage commercial Grover Washington, ou
les appuis plus rock, donc radicaux de Santana ( il reprend ici formidablement
l’incontournable, d’ailleurs, « Oye Como Va »),
« Montara », mi seventies, met l’accent sur le jazz tout en
considérant avec lucidité la mouvance qui l’entoure en s’en emparant avec
intelligence et souplesse.<br />
Un album qu’il faut certainement – un de plus – avoir dans ses étagères et
surtout sortir sans hésitation dès qu’un besoin de bien être se fait
nécessaire.<br />
<br />
---<br />
<br />
J.R. MONTEROSE « J.R. MONTEROSE » - Blue Note 1956.<br />
J.R Monterose, Saxophone Tenor - Ira Sullivan, Trompette – Horace Silver, Piano
– Wilbur Ware, Contrebasse – Philly Joe Jones, Batterie.<br />
<br />
Là, directement on entre dans le lourd…<br />
J.R Monterose est souvent considéré comme un musicien underground, il est
estimé, respecté mais se veut inclassable, même si son jeu est, de fait, ancré
dans le post bop, hard bop.<br />
Il a été influencé comme tant d’autres par Coleman Hawkins, Trane, Stan Getz ou
encore Sonny Rollins.<br />
Jeune il intègre le Big Band de Buddy Rich pour le quitter assez vite estimant
que la place de soliste n’était pas suffisante.<br />
Il a joué avec Mingus, Thornhill, Teddy Charles ou encore Kenny Dorham, un
joyeux CV s’il en est.<br />
Puis il est parti en Europe principalement Belgique et Pays Bas et a vécu de
petits clubs en petits clubs ce qui, côté carrière, l’a vite fait oublier et
classer dans le registre pour amateurs avertis, collectionneurs compulsifs, de
là son aura underground. <br />
Ici pour son premier album le voici remarquablement entouré ce qui donne à l’ensemble
une dimension d’excellence. Le jeu d’Horace Silver est tonique de bout en bout,
l’éternel drive de Philly Joe Jones est réjouissant et lumineux, le soutien de Wilbur
Ware ne s’en laisse pas conter et Ira Sullivan, magnifique, déchire le spectre
sur son passage.<br />
Quant au leader et principal compositeur des titres à l’exception de « The
Third » (Donald Byrd), Ka-Link (Philly Joe Jones) et Beauteous (Paul
Chambers) il tient à ce point la comparaison avec Sonny Rollins, par exemple,
que cet album est considéré comme l’un des joyaux oubliés du label Blue Note.<br />
Et en effet, on se demande comment un tel monument de post bop a pu passer sous
les radars tant ça envoie, ça pulse, ça s’excite, ça swingue, ça débite, ça
joue donc…<br />
On découvre donc un excellent compositeur doublé d’un soliste très branché dans
le style de son temps mais avec cependant une réelle et puissante personnalité.<br />
Les amateurs de ce « genre » ne pourront qu’apprécier et savourer.<br />
<br />
---<br />
<br />
SPHERE « Inside Ourselves » - Strata 1974.<br />
Eddie Nuccilli, Trompette - Larry Nozero, saxophones soprano et ténor - Jimmy
Peluso, Drums – John Dana, Bass – Keith Vreeland, keyboards.<br />
<br />
Le hasard total que d’être tombé sur cette petite perle rare, ce groupe inconnu
à mon listing que Sphere.<br />
Enregistré live à l’institut des arts de Detroit le 28 Juin 1970 et paru en 74,
ce concert est une véritable plongée dans ce jazz en mode jam session tel qu’en
ces années mode Woodstock il était commun de jouer en considérant l’espace
musical comme collectif.<br />
Ce groupe est d’une rare pertinence et d’une qualité de propos remarquables ce tant en cohésion collective qu’en compositions<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>- les thèmes sont vraiment originaux et très mélodiques, l’organisation
structurelle est dirigée par une réelle vision – sans parler des solistes qui
se font pousser par une rythmique luxuriante, nous voici face à un « objet »
tant unique que de grande valeur musicale.<br />
Il est des instants capturés qui peuvent défier l’éternité…<br />
En voici un et ce groupe inconnu, tout comme les deux derniers titres présentés
ici… est bien l’une de mes découvertes les plus remarquables de ce début d’année.<br />
---<br />
<br />
Terminer cette chronique avec Sphère était certainement la porte la plus
ouverte possible vers un bel univers.<br />
J’en resterais donc là et puisque rien ne se referme avec une telle musique (de
telles musiques), bonnes écoutes à tous.<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br style="mso-special-character: line-break;" />
<!--[if !supportLineBreakNewLine]--><br style="mso-special-character: line-break;" />
<!--[endif]--><o:p></o:p></p>Pascal GEORGEShttp://www.blogger.com/profile/01916469417040396074noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-201099176728897658.post-41160345215441053072024-02-16T20:10:00.000+01:002024-02-16T20:10:28.459+01:00VOYAGE BAROQUE – STEPHANIE VARNERIN.<p> </p><p class="MsoNormal">VOYAGE BAROQUE – STEPHANIE VARNERIN.<o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal">Ce qu’il y a de toujours remarquable chez les interprètes
des périodes baroques, anciennes et classiques c’est cette quête permanente de
répertoires oubliés, rangés sur l’étagère poussiéreuse de l’histoire, ce désir
de mettre en lumière des compositeurs évoqués mais dont l’on n’a pas
spécialement d’airs, de pièces ou autres œuvres, en mémoire.<br />
Si je vous dis Giovanni Paisiello, Niccolo Piccinni, Baldassare Galuppi, Felice
Alessandri, Giuseppe Scolari ou Gioacchino Cocchi, Carlo Francesco Cesarini, ces
noms vous évoquent t’ils quelque musique ?<br />
Pour certains certes et certainement…<br />
Pour même le féru mélomane, pas forcément.<br />
<br />
Stéphanie Varnerin j’ai la chance de la connaitre un peu, très, ou… trop peu,
car sur une courte période toute aussi courte que celle qui m’amené d’une
rentrée scolaire de pédagogie musicale à un départ en retraite, j’ai pu avoir
le plaisir de la cotoyer comme « collègue ».<br />
Il n’y a pas besoin de mois ou d’années pour cerner une personne et surtout
penser avoir avec elle des échanges sur notre métier qui soient constructifs –
la nature des choses fait qu’il y a des personnes vers lesquelles d’emblée l’on
« va » et d’autres dont l’on sait qu’à part les avoir face à soi en
réunions la relation s’arrêtera là.<br />
J’ai donc eu quelque peu l’occasion de discuter avec elle, hors le marasme
pédagogique dans lequel on l’avait engluée et, l’écoute de ces deux
projets/albums, n’a pu que renforcer mon opinion éminemment positive à son
égard. <br />
Son engagement éthique envers l’esthétique musicale ancienne qu’elle défendait
afin d’être entendue comme réelle interprète mais également pédagogue de cette
spécialité/spécificité s’entend et du moins se comprend ici sans la moindre
équivoque.<br />
Une jeune femme passionnée, engagée, passionnante et solide dans ses choix et
arguments afin de non défendre, mais simplement expliquer sa démarche tant
artistique que - dans le cadre de nos relations – pédagogique et donc
professionnelle.<br />
<br />
Il est ici question de qualité, de style, d’élégance, de conscience, d’engagement
et quelque part d’une forme de mission envers ces ouvrages qui se doivent,
comme tout un pan de cette musique passée aux oubliettes de l’histoire
(repensons à Vivaldi réhabilité vers 1930…<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Et dont on ne cesse de retrouver des œuvres… une véritable mine d’or
musicale), d’être enfin (ré)exposés au grand jour.<br />
<br />
Dès que vous l’écouterez chanter, vous classerez sa voix et son nom comme une
artiste à suivre, aucun doute.<br />
<br />
---<br />
<br />
« Opera arias in Turin in 18th Century from Societa del Whist –
Accademia Filarmonica » est sorti en janvier 2024, label CPO.<br />
Elle m’a informé de sa sortie via les réseaux sociaux et de suite, l’argument
m’a intrigué et incité à faire le détour. Il faut toujours faire le détour,
c’est là qu’on découvre les plus belles choses, les plus beaux endroits, les
plus beaux ouvrages.<br />
Stéphanie est accompagnée par l’Astrée et, ensemble, ils nous emmènent voyager
à Turin - en particulier à cette époque (1740) où la cité va se doter d’un
théâtre, le Teatro Regio, haut lieu de la culture vers lequel convergeaient sur
une courte durée de programmation les amateurs de drames musicaux et de danse. <br />
Le reste de la programmation était donné dans un autre théâtre, le Teatro
Carignano, plus modeste.<br />
Nombre d’opéras furent composés pour être donnés dans ce haut lieu culturel,
politique et social que fut le Regio, mais nombre de pièces de théâtre et
d’ouvrages, représentations en tous genres (et langues) trouvaient place au
Carignano.<br />
Tout cela est détaillé dans le livret de l’album qu’il faut absolument lire
afin d’un guide en « complément » d’information.<br />
<br />
Parlons musique, comme toujours ici.<br />
Face à nous sur cette scène que l’on peut maintenant imaginer, virtuellement ou
d’après quelques gravures d’époque, cet ensemble… précis, « joueur et
enjoué », délicat et subtil et … la voix, cette voix, virtuose, pure,
limpide, qui se joue avec la plus grande aisance de ces vocalises, de ces
traits qui ne souffrent la moindre faille technique et qui n’oublie jamais, au
passage la charge émotionnelle qui est inhérente à ce style.<br />
Autrement dit, seule la musique et la partition suffisent à l’expression, nul
besoin de surenchère, d’effets de « manche »,
« d’interprétation » ampoulée. <br />
Le rôle, la musique…<br />
<br />
On est simplement en voyage, dans cette époque de faste et de sentiments de
cour aux affres soupirants, aux enflammements de cœurs en émois, dans cette
dramaturgie musicale qui est le reflet de l’humain d’une société
« haute » où l’apparat, la politique et les méandres des affaires
s’emmêlaient dans l’admiration de ces interprètes stars virtuoses de la voix,
vecteur charnel et émotionnel de ces « divertissements ».<br />
<br />
Ces arias s’écoulent et s’enrobent sur ce tapis instrumental à l’effectif resserré,
tel qu’en ce temps afin de faire mieux briller la voix, il était coutume.<br />
<br />
On admirera ce magnifique « Air de la Fauvette » de Gretry où la voix
s’entrelace dans une écriture magique avec la flûte et cet air conclusif du
voyage turinois ne donne que l’idée de le refaire, depuis le début et ainsi qui
sait, commencer à pointer tel ou tel compositeur pour tenter d’aller trouver ses
œuvres afin – curieux que nous devrions être – de faire des détours et de
s’intéresser d’avantage à ce pan d’histoire musicale bien trop peu mis en
lumière.<br />
Des détours…<br />
<br />
---<br />
<br />
« Cantatas » / Carlo Francesco Cesarini - Stephanie Varnerin, L’Astrée,
Giorgio Tabacco – Academia Montis Regalis | Aparté 2017<br />
<br />
Partons maintenant à Rome, début 18<sup>e</sup> siècle, dans l’entourage du Cardinal
Benedetto Pamphilj avec cet album consacré à la musique de Carlo Francesco Cesarini
et plus particulièrement, ici, à ses cantates profanes. <br />
Cesarini, compositeur et responsable de l’Académie Musicale se mit dès l’âge de
vingt ans au service du Cardinal et composa de la musique sacrée, des
oratorios, des opéras et des cantates profanes (« de chambre ») dont
environ soixante-dix nous sont aujourd’hui parvenues.<br />
Le Cardinal est l’auteur de quatre des textes des cantates présentées ici, il
était également guitariste amateur et son rôle dans la vie culturelle romaine
était très important. <br />
Il s’entourait de compositeurs tels que Corelli, Scarlatti ou encore du jeune
Haendel.<br />
Cette lecture historique me fait encore une fois réfléchir abondamment sur
cette notion de soutien, de mécénat, d’engagement envers l’art, la création qui
à cette époque étaient choses communes, représentatifs de personnalités
éduquées, cultivées, intéressées par l’art tant que quelque part,
désintéressées, sachant qu’elles œuvraient pour aider à la postérité. <br />
Le mécénat… existe encore aujourd’hui ou du moins en a gardé le nom et l’acte est
souvent estampillé « partenariat ». <br />
Les banques ont pris la place des personnalités, les associations telles que
Rotary et autres Lion’s aussi et bien entendu l’état, qui a instauré la
pyramide érigée en dossiers.<br />
Quant aux Sacem, Spedidam et autres Adami, je passe mon tour. <br />
Nous sommes ici pour parler musique …<br />
<br />
Revenons à cet album qui fera certainement découvrir ce compositeur romain
incontournable de cette période d’un baroque dit « tardif ».<br />
Qui plus est, soulignant encore une fois ce travail de recherche historique,
musicologique, il faut savoir que les cantates présentées ici n’ont jamais,
jusqu’alors, été enregistrées, ce qui donne à cet album une saveur toute
particulière.<br />
Des œuvres pleines de contrastes, de ferveur et de rôles, d’une grande
sensibilité et d’un caractère précieux que Stéphanie interprète justement, sans
préciosité, mais avec une densité vocale et intentionnelle particulièrement
prenantes.<br />
Là encore, l’ensemble Astrée est bien plus qu’un point d’appui et une totale
osmose entre la chanteuse et l’ensemble se dégage tout au long de cet autre
voyage dans le temps, avec, qui plus est, une prise de son absolument limpide
et détaillée, d’une grande et naturelle présence.<br />
<br />
Dans les récits d’une parfaite précision, au gré des arias où la voix impressionne
par son aisance technique, là encore au service du texte musical, par la
remarquable diction, par la justesse tant de propos que de tenue musicale, cet
album émeut … et magnifie, très certainement, ces pièces sorties, là encore,
des bibliothèques et autres archives, pour retrouver le faste qui leur est dû.<br />
<br />
Une entrée dans la musique de Cesarini, ce compositeur du reste trop peu connu,
quasi obscur qui ici, sous couvert d’inédit, reprend place en pleine lumière,
défendu, interprété, présenté avec un certain volontarisme par l’Astrée et Stéphanie
Varnerin.<br />
<br />
Ce voyage romain ne pourra que vous enchanter et suscitera, de pair, l’image de
cet esprit pastoral représenté par nombre de peintres de cette époque.<br />
<br />
---<br />
<br />
Turin, Rome …<br />
L’art vocal …<br />
La délicatesse du baroque …<br />
<br />
<br />
<br style="mso-special-character: line-break;" />
<!--[if !supportLineBreakNewLine]--><br style="mso-special-character: line-break;" />
<!--[endif]--><o:p></o:p></p>Pascal GEORGEShttp://www.blogger.com/profile/01916469417040396074noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-201099176728897658.post-60141911773038902572024-02-07T17:52:00.002+01:002024-02-07T17:52:48.020+01:00FELICIA ATKINSON.<p> </p><p class="MsoNormal">FELICIA ATKINSON.<br />
<br />
Intrigué…<br />
Fasciné…<br />
Captivé…<br />
<br />
Il fallait que je creuse.<br />
<br />
Felicia Atkinson, 1981, artiste française communément classée dans la musique
électronique.<br />
Pas simple de se renseigner plus avant sur cette femme compositrice, écrivaine,
plasticienne…<br />
L’art à part entière.<br />
Un peu de renseignements ici :<br />
<a href="https://shelter-press.com/felicia-atkinson/">SP — Félicia Atkinson</a><br />
et ici, entre peu d’autres, selon les critères de recherche :<br />
<a href="https://www.la-criee.org/fr/felicia-atkinson/">Félicia Atkinson – La
Criée centre d'art contemporain</a><br />
<br />
Une bonne semaine que je n’écoute presque plus qu’elle – vous savez, quand
j’accroche j’aime à aller plus loin, comprendre, chercher, fouiller.<br />
Son espace musical mais également artistique me fascine, ça ne s’explique pas,
c’est un tout et ça s’écoute.<br />
Un mix entre musique électro, musique électroacoustique, musique concrète, contemporaine,
pop underground de tous âges… j’ai eu un rapide flash Laurie Anderson. <br />
Rapide. <br />
Elle va tellement plus … loin.<br />
Avec la musique contemporaine j’essaie toujours d’avoir l’esprit ouvert au
maximum afin de pénétrer dans l’univers des artistes et la supercherie, le
camouflet des machines et des sons, l’idéal matos en place du véritable concept
musical et artistique et tant d’autres effets de frime, de manche, de mode, de volontés
de choquer sont tellement communs qu’avant de trouver de réels esprits
créateurs il faut soit en bouffer de ce fatras sonore, soit tomber par biais
interposés sur des artistes de cette trempe.<br />
<br />
J’ai pris au pied de la lettre et des sens ces quelques mots évoqués dans une
de mes chroniques précédentes… et récupérés sur Wiki, à défaut.<br />
Le premier mot qui m’a attiré est : <u>hasard</u>.<br />
J’ai instantanément cherché à me souvenir de ce fait dans l’axe créatif et de
ce qu’il peut engendrer.<br />
Un son… et l’on va tout élaborer autour.<br />
Un simple accord qui va déclencher une progression et offrir un paysage
harmonique.<br />
Une pensée et l’on va s’y fixer pour lui trouver un habillage…<br />
Le hasard est partout, il suffit d’avoir l’esprit ouvertement propice à
l’appréhender et à « l’utiliser ».<br />
Il est certainement l’un des meilleurs moteurs de la création artistique et
même si l’on est apte à « expliquer » ce qui a fait que l’on a créé
telle ou telle œuvre, l’on n’a pas souvent souvenir qu’en fait cela était le
fruit… du hasard de la vie.<br />
Puis je me suis arrêté sur Science-Fiction.<br />
De plus loin que je me souvienne dans mon enfance j’ai été nourri à la
science-fiction, par mon père qui m’a passé cette passion. Sous toutes ses
formes : romans, bien entendu, BD, obligatoire, films, forcément… (dont
rares sont les B.O qui sortent vraiment de « l’ordinaire ») et
l’extrapolation visuelle de l’art abstrait ou fantasy, ou autre.<br />
Créer pour imager et imaginer le futur… avec optimisme ou pessimisme, réalisme
et effectif…<br />
Et accompagner ces pensées, ces images, ces « perspectives » d’une
bande son générée dans l’esprit et pour laquelle aucune sonorité, aucun univers
sonique ne peut être in-envisagé.<br />
Le bruit…<br />
Un jour il faudra bien que ce terme entre définitivement dans la création
musicale et que ce bruit, tel qu’un certain Pierre Henry l’imaginait en le
traitant comme concret, devienne note, partition, réalisme dépassant ce que les
compositeurs d’antan tentaient « d’imiter » avec instruments,
mélodies et effets pour « imager » afin de créer une autre et
nouvelle conception musicale.<br />
Le bruit n’est en aucun cas « vilain » et le sample permet avec
toutes ses possibilités créatives de dépasser cette idée que d’un côté il y
aurait le paradis des notes et de l'autre, l’enfer du bruit…<br />
La poésie.<br />
Felicia Atkinson aime conter, raconter, parler, traiter le vocal non chanté
mais juste parlé comme l’élément humain musical et affectif, expressif et
sensoriel ultime. Tout y passe et ces voix qui sont finalement présentes, comme
celles que l’on a dans notre environnement quotidien auxquelles l’on peut soit
prêter une attention afin d’en saisir le sens ou les considérer comme faisant
obligatoirement partie de l’univers environnemental du lieu, emplissent sa
musique. L’on cherchera à en saisir le sens textuel ou l’on appréhendera
celles-ci comme étant des éléments sonores à part entières.<br />
Improvisation et composition sont forcément au cœur de l’action créative et
dans sa musique, comment pourrait-il en être autrement ? ...<br />
Afin d’être plus ciblés Wiki parle d’usage de drones, à ne pas confondre avec
les joujoux des familles en sortie le week end. Il s’agit simplement de
« bourdons », notes qui lissent un espace et sur lesquelles l’on peut
s’appuyer afin d’élaborer la musique. C’est ancestral.<br />
<br />
---<br />
<br />
Felicia Atkinson. <br />
Sa musique est empreinte de « culture » analo-sensorielle.<br />
L’on y trouve tout un fatras de brocanteur, là où l’on tombe sur de petites
choses désuètes, uniques, spéciales, étranges, attrayantes…<br />
Chez elle l’impression que j’ai c’est que les notes de musiques et leurs
instruments deviennent bruits, pulsations et autres sonorités aléatoires, alors
que le bruitisme devient, lui, musique, notes, entrelac mélodique et même
parfois la notion d’une progression proche de l’harmonie.<br />
Un inverse étrangement cohérent et à l’organisation déroutante se présente face
à nos habitudes et il faut reprendre nos « concepts » auditifs.<br />
<br />
---<br />
<br />
Felicia Atkinson.<br />
Elle a d’abord de 2009 à 2013 produit ses univers sonores sous le nom de
« Je suis le Petit Chevalier » en référence à une chanson de Nico.<br />
Là encore j’aime à comprendre le déclic, l’orientation, le référencement, le…
pourquoi.<br />
Il suffira d’écouter ce titre absolument minuscule : « Le petit
chevalier », album « Desertshore » et qui sait, une partie de
l’énigme sonore qui surgit dans toutes les plages musicales de Felicia Atkinson
sera, non levée, mais en tout cas engagée dans nos esprits…<br />
<br />
Avant d’aller plus loin il faut aussi savoir qu’avec son compagnon ils ont créé
la maison d’édition « Shelter Press » qui réunit tout, ou la majeure partie de son travail
créatif. <br />
<br />
---<br />
<br />
Commençons…<br />
<br />
« An Age of Wonder » - Je suis le Petit Chevalier | Shelter Press
2012 <br />
<br />
L’on parle aussi de pulsations pour définir l’un des axes de ses textures
musicale.<br />
« Fever Dunes » pourrait effectivement en être l’une des illustrations
avec cette toile de fond qui installe cette pulsation à divers degrés selon que
l’on désire un découpage segmenté et rapide, un autre plus métrique ou encore
l’idée d’un « temps » fort…<br />
Plusieurs entrées, plusieurs séquences, une forme d’hypnose, des voix à
l’origine à peine chantée non identifiables, des bribes à peine mélodiques et
d’apparence aléatoires… pour 18 mn d’envahissement et d’immersion totale dans
ce nouvel univers qui va évoluer lentement et où le son va emplir le temps et
l’espace en dégénérant vers le bruitisme réverbéré le plus troublant.<br />
« The First Forest » d’un minutage identique met l’auditeur dans une
zone futuriste sous contrôle, une sorte de salle d’attente de transfert vers un
ailleurs où un pseudo orgue à la religiosité paradisiaque omniprésent se
confond avec des machines robotiques étrangères.<br />
L’orgue se saturera, à l’excès, cauchemar ou simple déformation à l’intérieur
de notre esprit ?...<br />
<br />
« Dark Morse » - Je suis le Petit Chevalier | Shelter Press 2013<br />
<br />
Dark est bien, effectivement, l’environnement dans lequel dès « Drying in
Abou Dhabi ».<br />
Là encore, la notion de pulse s’omniprésente et joue son rôle d’hypnose
répétitive, rebondirait presque, se sature à force de, enveloppe tant le
charnel que le mental.<br />
Un vocal lointain, de « science-fiction » vient prendre place au
milieu de cette sécheresse étouffante. Mais où est-elle donc ?<br />
« Esmeralda on the Lake » n’est que la continuité sur ce battement de
cœur artificiel qui dérive. La voix peine à prendre place. Elle devient
« machine » et la machine cherche la musique.<br />
« Broken Drum » me rappelle les expériences des trains de Henry, ce
mouvement perpétuel, ce rythme qui envahit le corps et prend la place de tout.<br />
Puis, tout va s’enchaîner tel un chapelet mouvant et indéfinissable, chargé de
percussions inexactes et curieusement scientifiquement agencées…<br />
« The Names », l’oppressant « The War », bourdonnant comme
le serait le cerveau et l’ouïe après explosion et désastre humain.<br />
Tout s’achève dans un taudis « The Slum Nun » sonne le glas de cet
album en mode Ep ne dépassant guère les 36 mn.<br />
36 mn d’après chaos, d’après destruction, sans reconstruction, avec juste un
constat, une errance, un regard sur l’obscurité que l’homme est capable
d’engendrer.<br />
<br />
« Dark Morse » ne sera pas l’album que l’on écoute afin d’agrément.
Il sera celui où le son nous met face à l’absurdité humaine, face à
certainement la destruction ultime et ce que le futur nous laissera.<br />
Une B.O sur laquelle les images de notre cruelle actualité se suffisent
désormais.<br />
<br />
« Those Vermillions Sands » - Je suis le Petit Chevalier | Shelter
Press 2013<br />
<br />
Tout au long de l’album on va retrouver le même principe environnemental
obsessionnel entre concret et notes/harmonies induites. <br />
« Sculpture, Georges ? » …<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Déroutant au possible, chargé de voix susurrées qui finissent par
prendre le dessus sur ce vertige sonore. Extraordinaire expérience que d’entrer
là, à la recherche de Georges…<br />
« Big Hands Animal Saffron » apparait plus « classique »,
comme si l’on était passés de l’inédit, de l’incertain, du méconnu où seules
les voix sont repères aux duettistes de Chrome ou de Suicide sortant de leurs
tombes. Un presque repère de séquence minimale mélodique, un faux rythme, une
pseudo-basse. Des semblants de repères, quoi.<br />
« Cold Flame » s’étale entre le bruit assourdissant d’une usine ou
d’un volcan et toujours ce murmure vocal imperceptible, chuintant et futuriste,
sorti de vos films de SF les plus tangents.<br />
« The Orchid Cantata » nous fait changer de pièce. Le bruit devient
bourdonnement, la voix érotique nous chuchote, murmure, chantonne à l’oreille
et un spectre aigu s’insinue en nous, omniprésent, se vrille, se déforme. En
toile de fond, un rythme va apparaitre…<br />
« Vermillion Sands » cherche à donner du sens mélodique, à organiser
le désordre. Une basse électrique semble sortir de son placard et tenter de
donner une direction fondamentale.<br />
Felicia nous/vous parle depuis le début… Mais que dit-elle ?... Ce message
caché semble définitivement et délibérément un bric et broc subliminal.<br />
<br />
--- <br />
<br />
« Je suis le Petit Chevalier ».<br />
Trois albums, EP…<br />
Trois brulots soniques déclarés sur la « quasi » même dimension
expérimentale diront certains, assumée penserais je sans hésiter. <br />
Hasard peut être parfois…<br />
Musique volontairement affirmée sans aucun doute.<br />
Notre petit Chevalier, enfant de comptine naïf et charmeur, surgit dans la
chanson de Nico a ouvert les yeux et a découvert le « monde » des
humains.<br />
Il présente l’image sonore de notre aspect de l’âme le plus sombre, réalité qui
en 2012/13 et 10 années plus tard en 2024 naissant s’est encore accentuée. Peu
d’espoir semblerait émaner de cet environnement sonore obscur, (re)présentant
ce qui fut caché au fond de nous tous, collectivement, représentés par des
dirigeants autocrates et désaxés de l’humain, l’embarquant dans leurs spirales
infernales.<br />
Et pourtant… la magie de cette musique électro-concrète opère en nous mettant
face à notre reflet, sans déformation, juste tel qu’on n’ose le voir, tel qu’on
sait ne pas l’aimer.<br />
Tel qu’on le rejette.<br />
Artiste complète et à considérer sous cet « angle » général
(pictural, littéraire, musical…), Felicia Atkinson avec ces trois albums impose
directement par le son des références visuelles, des pensées dont sa lecture,
en toile de fond ne serait qui sait que l’expression à voix basse et intime de
celles-ci.<br />
Penser à voix basse.<br />
Secrètement.<br />
Avoir l’esprit occupé par des événements sonores indéfinissables selon le terme
réducteur de « musique » et leur donner sens et vie.<br />
Emplir le tout de l’image, réelle ou virtuelle.<br />
<br />
---<br />
<br />
Continuons.<br />
<br />
---<br />
<br />
Je rétrograde.<br />
2011, sous le label Home Normal, Felicia Atkinson sort « O-re-gon ». <br />
Elle a donc trente ans. <br />
Et artistiquement à l’écoute de ces deux titres, elle a largement dépassé le
cadre expérimental pour une véritable identité expressive dans laquelle son
langage, que j’ai tenté de décrypter plus haut, est parfaitement et déjà tant
limpide que compréhensible.<br />
Deux titres au timing se différenciant de 20 secondes et aux images inversées.<br />
« Grey and Green » - 15 :37 mn<br />
Et déjà le schéma répétitif sous hypnose autour duquel la musique s’organise
est omniprésent.<br />
Lentement, autour d’une note unique et pulsée, un agglomérat de sonorités dont
on cherche de quelle guitare, de quel bruit, de quelle origine il est issu va
surgir, s’installer, disparaitre, réapparaitre, jongler, rebondir, prendre
place et s’additionner… entrer en vous.<br />
« Green and Grey » - 15 :07 mn<br />
Un vibraphone, des « nappes » aigues qui s’insinuent, en vrille, la
voix, un semblant de piano, des sonorités cordées et le temps s’emplit de ce
paysage sonore, de cette vie répétitive, de cet enfermement, de ce
« paysage » quotidien - ni confortable, ni oppressant. <br />
Juste là.<br />
Le vibraphone s’estompera, le piano prendra le relai… peu importe.<br />
A quoi bon penser repères ici et croire que les instruments sont tels qu’on
aimerait avoir l’habitude de les entendre, écouter, comprendre, même.<br />
<br />
---<br />
<br />
« Crystal Arrows For a Cosmic King » - Sangoplasmo Records, 2012.<br />
<br />
J’entre directement dans un univers industriel, urbain, fait de tubes, de
tuyaux, de fumées, de hangars, de mécanique bruyante, de stress, de mystère et
d’urgence.<br />
Un vieil orgue, identifiable comme tel, tente tant bien que mal de mettre un
peu de sphères paradisiaques dans cet enfer mécanique.<br />
L’humain n’est pas, n’est plus, ne sera plus.<br />
Un bruit obscur et opaque a remplacé la note, rendant ce drone, ce bourdon, ce
lissage sur lequel tout est construit absolument et inconsidérément nauséeux,
difforme et envahissant.<br />
Je ne passe pas pour autant. <br />
Ce Roi Cosmique, nouvellement Cramoisi a détrôné les autres.<br />
Mettez la série B de SF glauque que vous voulez, le film idem… <br />
Peu arriveront au niveau de cette étrangeté musicale qui n’a pas à être pour
autant, négligée ou déconsidérée.<br />
Qui dit encore que le « beau » en art est seul critère ?<br />
Cela fait bien longtemps que cette pseudo notion s’est estompée au profit de la
« juste » expression par l’art.<br />
<br />
2012 – ça va être dur de dépasser le label obscur pour signer un grand cru avec
un tel acte.<br />
<br />
---<br />
<br />
2013 serait une année importante, si on lit et croit une presse un peu
attentive, et l’album « Visions/Voices », sorti en double vinyle
apparait comme représentatif de son travail artistique entre 2010 et 2012,
réunissant nombre de pièces sorties en éditions limitées.<br />
Le label, Umor-Rex.<br />
Elle affirme désormais son nom : Felicia Atkinson et a rangé son petit
chevalier dans le placard de ses visions.<br />
L’intitulé… musiques du monde…<br />
« The Impermanent Gold » ouvre ce recueil de huit titres, aux timings
divers et aux influences éparses, sorte de kaléidoscope où l’onirique,
l’étrange se mélangent pour une curieuse plongée dans un univers musical comme
parallèle où les repères sont là, mais inhabituels à appréhender.<br />
A en juger cette voix chantée et vocalisante qui semble prise d’une transe
inconsidérée, comme sortie d’un « autre monde ». Une solitude
ineffable, une pièce vierge, une femme qui chantonne, ayant saisi un vague
sitar et qui laisse le son de sa voix et de l’instrument envahir la neutralité
du lieu. <br />
Une forme de folie cérébrale magnifique.<br />
« Hooves Drummed » décolle tel un titre courant d’ambient music en
faisant émerger d’une densité synthétique une suite de notes pouvant
s’apparenter à une mélodie. Ce seul et simple axiome va ainsi s’étaler sur
toute la plage pour se détuiler progressivement en fin de parcours laissant la
seule mélodie émerger enfin de ce trop plein de strates sonores.<br />
« Infant Vampire » par son titre ira chercher au plus profond de nos
angoisses quand l’évocation de ces créatures machiavéliques, d’un simple mot,
se fait. La puissance du mot, de l’image rejointes par le son, lointain,
d’outre-tombe et cet harmonium…<br />
« All the roads are circular » est effectivement une pensée
circulaire mise en reliefs de textures sonores. Là encore, les fréquences
servent de pulse et l’organisation et la forme musicale se nuance avec et
autour de celles-ci.<br />
« Entomology » est une bien étrange façon d’étudier les insectes, le
traitement des orgues est littéralement somptueux et la voix semble comme
collée à leurs émanations.<br />
« The Owls » est la pièce maitresse de l’album, par sa durée, mais
également par son développement.<br />
La musique répétitive et son école s’invitent ici, sous couvert de ce libre
espace où s’enchevêtrent un flot de petites boucles, aériennes, légères et
nocturnes. Evasion…<br />
« Franny » … replonge dans l’univers solitaire du premier titre, un
dépouillement initial et vocal qui va progressivement s’envouter autour de
l’axe cordes percussif, jusqu’à la transe.<br />
« Badlands » n’a pas grand-chose à voir avec notre ami Bruce… mais
cette fois, la voix chantonnante interne semble s’être apaisée, elle semble
avoir trouvé une forme de paix intérieure qu’elle semblait jusqu’alors chercher
presque vainement, en usant compulsivement du son « à portée ».<br />
<br />
Sûr que cet album aura pu marquer et être remarqué. <br />
Sûr que là, une véritable identité créatrice aura dépassé la seule curiosité de
l’éventuel passant musical en posant un recueil identitaire et solitaire,
intime et futuriste.<br />
La suite sera probablement autre. <br />
La brèche est maintenant ouverte et elle a laissé entrevoir un labyrinthe de
couloirs et de pièces vides de sens que l’artiste aura à même d’emplir, seule
propriétaire de cet espace désaffecté.<br />
<br />
Il faudra compléter cet album par le long titre « organisé » et
organique « With Her Own Hands » réalisé la même année un peu plus
tardivement et sorti seul. Une sorte de lever de soleil sur une planète
inconnue au paysage décharné qui s’épanche en un long crescendo de cumul sonore
et aléatoirement improvisé pour s’évaporer tel qu’il est entré en notre esprit.
Autre B.O idéale d’un film, roman, d’une nouvelle… de S.F. <br />
Chez nous, ou ailleurs, le soleil n’apparaitra peut-être plus que dans des
espaces temporellement restreints, donnant à son apparition une valeur sans
précédent avant de le voir décliner et espérer le revoir, un jour.<br />
<br />
---<br />
<br />
« A Readymade Ceremony » | Shelter Press 2015<br />
Cet album sera sélectionné parmi les vingt albums expérimentaux de l’année 2015
par Pitchfork.<br />
On s’en tape un peu, mais la « reconnaissance » pour une artiste qui
s’embarque sur ce terrain esthétique est, quelque part, essentielle.<br />
Felicia va progressivement décliner ses titres également en français, ce qui
donne un sens plus littéral à ses compositions très vite classées musique
concrète.<br />
« Against archives » et son lourd battement de cœur profond et
percussif d’où se dégage la voix angélique,<br />
« L’œil » où la voix murmure - telle maman racontant une histoire -
surplombant un fatras entre tonnerre terrestre et évasion céleste.<br />
« The book is the territory », se déjoue des repères entre notes
éparses et bruits-notes, lissé par des nappes synthétiques grandioses.<br />
« Carve the Concept and the Artichoke » titre aussi étrange en pensée
que la musique qu’il promet.<br />
Felicia aime les métaux percussifs et aime en jouer.<br />
« Recherche de la base et du sommet » conclut au fin fond de quelques
notes de piano gravissimes cet album passionnant et qui embarque complètement,
si l’on veut bien se laisser prendre par la main et cette voix intemporelle de
semi conteuse. Les éléments sonores d’antan, qui installaient un malaise, une
forme d’oppression et d’angoisse parfois lors des plages de ses
expérimentations et découvertes précédentes n’ont pas disparu, ils restent
délibérément intégrés et font partie de ce vocabulaire sonore qui fait le
langage de notre artiste. <br />
Cependant le « ton » s’est épuré, le traitement de l’espace, du mix,
des usages s’est clarifié et spatialisé et Felicia semble aller plus
directement à l’essentiel, installant lisiblement son propos, sa vision
spirituelle et mentale de façon plus conceptuelle.<br />
La brocante a été rangée et organisée, chaque objet classé est à la place
qu’elle a souhaité, sa place donc. Le ménage a été fait et les rares parasites
qui pourraient encore tenter de circuler sont immédiatement cadrés ou dégagés.<br />
Felicia déclare que cet album est comme la deuxième partie de son livre
« improvising sculptures as delayed fictions », l’on y retrouve aussi
ses lectures de jeunesse.<br />
Sa culture.<br />
<br />
---<br />
<br />
« Comme un seul Narcisse » - Felicia Atkinson/Jefre Cantu-Ledesma |
Shelter Press 2016<br />
Je vous invite à regrouper les titres ci-dessous tels qu’ils se présentent sous
une pochette pastichant le « Sticky Fingers » de nos Stones
planétaires.<br />
Une fois le mystère levé voici que cette musique du quotidien reflètera à la
perfection ce message simple et codé.<br />
O<br />
B<br />
J<br />
E<br />
TS <br />
ME <br />
LA <br />
NC<br />
OL<br />
IQUES<br />
<br />
---<br />
<br />
« Hand in Hand » | Shelter Press 2017.<br />
<br />
Tel que sa pochette le suggère « Hand in Hand » serait le filigrane
contemporain idéal d’une chorégraphie déviante, d’un défilé de mode hors
normes…<br />
Une attache velcro au visuel, le support idéal de tout univers futuriste
« matérialisable ».<br />
Un an de gestation pour cette dimension surréaliste épurée où l’idée de
relatifs silences, en tout cas de dimensions spatiales, respirantes, hors
métrique serrées et stressantes, hors bourdons abyssaux permet une approche
plus « publique ».<br />
C’est « immédiatement » perceptible (« I’m Following
You »).<br />
L’axe « spoken music » se précise, lumineux et détaillé
(« Valis »).<br />
Les instruments percussifs tapotent en aléas pour finir par installer une autre
rythmique autour de laquelle le jeu synthétique robotique surgit
(« Curious in Epidavros »).<br />
« Adaptation assez Facile » est une association fraiche et
passionnante de lecture sous laquelle le bruit annoté est organisé en rythmique,
souligné par des marimbas. Une lecture à voix basse, détachée, comme on lit des
notes. <br />
Des notes… ai-je dit…<br />
« Monstera Deliciosa » avec ses slides de basse et ses étrangetés
sonores qui circulent dans une stéréo ample et large est un jeu de rôles
sonores qui attise la curiosité. On finira par prêter une attention
particulière à cette minuscule mélodie qui va tenter de surgir pour se faire
dévorer par ce son guttural et abyssal.<br />
« Visnaga » est apaisant, reposant sur une addition de séquences
agissant en pulsations lentes espacée et qui mettent la respiration vocale là
encore parlée, en valeur.<br />
Un véritable exercice de composition d’éléments sonores.<br />
« A House A Dance A Poem » en est la continuité, son développement
avec des cymbales samplées qui s’ouvrent et se ferment au gré d’une
improvisation, certainement, de pads.<br />
« Hier le désert » est constitué sur la même pulsation interne. Un
ensemble minimaliste de sons en delays réverbérés, synthé, percussions
électroniques, cloches du lointain posent un échafaudage de pulsations
envoutantes. <br />
J’ai une attirance toute particulière pour l’atmosphère générée par ce titre.<br />
« Vermillions », décidément cette couleur… installe une probable
harmonie tonale sur un fond de métaux rebondissants, de battements cardio. La
voix tente de percer alors que la robotique des arpeggios sortie du krautrock
semble venir d’un autre âge.<br />
« Not Fear but Anticipation » va conclure l’album dont un véritable
concept sonore peut être, à l’issue, décliné. Quelques oisillons synthétiques
s’ébattent dans cette jungle mécanique du futur et terminent en batifolant
amoureusement.<br />
<br />
Cette fois le voyage était apaisé.<br />
La musique provoquant une forme d’apesanteur laissait place au temps, sous une
certaine zenitude, auréolée d’une atmosphère optimiste et relaxante
bienveillante.<br />
J’ai personnellement mis cet album régulièrement afin qu’il emplisse de ses
sonorités lumineuses et clairvoyantes, l’espace de mes pièces de vie.<br />
<br />
---<br />
<br />
« Coyotes » | Georgraphic North 2018.<br />
<br />
Dans la lignée du précédent, « Coyotes » (dont l’on aura la
description encyclopédique murmurée) est l’un de ces moments électroniques,
contemporains et concrets dans lesquels il fait bon plonger, se laisser
prendre, ouvrir son âme et son esprit pour partir à la découverte et explorer
de nouveaux horizons. <br />
Une évasion intime, interne et cérébrale qui suscite la curiosité, l’attention…<br />
Pleine de surprises, luminescente.<br />
De profondes inspirations, amples et larges jalonnent « Lighter than
Aluminium » puis, une fois le coyote décrypté on va entrer dans une
minuscule transe rythmique qui va se développer pour se désagréger, telle la
course rapide de l’animal décrite ici.<br />
Ce crescendo rythmique finira par s’épuiser pour s’élaguer et de vibraphones,
pianos en Rhodes tout va rentrer dans un calme relatif.<br />
Un documentaire sonore, un cheminement animalier, une autre dimension musicale
et artistique.<br />
Quinze minutes plus tard entre en piste « Abiquiu » une pièce où
improvisation, hasard et aléatoire pourraient être maitres mots. Des éléments
disparates, synthétiques, instrumentaux… jouent à cache-cache anarchiquement
pour se réunir autour d’un orgue fantomatique. <br />
Puis Felicia prend le murmure sur (ou sous) un amalgame moelleux et en
troisième partie de développement tout va se réorganiser et trouver une
pulsation commune.<br />
Enveloppant…<br />
<br />
« Coyotes » sera le second album écouté plusieurs fois afin de tenter
de saisir et d’entrer dans cette musique parallèle, cette dimension abstraite
faite sons et musique, musique et sons.<br />
Ces deux pièces sont à placer quelque part en priorité d’écoute pour celles et
ceux qui voudraient réellement pénétrer cet universalité sonore.<br />
<br />
---<br />
<br />
« The flower and The Vessel » | Shelter Press 2019 s’inspire de la
nature et en particulier de l’Olympic National Park, situé dans l’état de
Washington, à proximité de Seattle.<br />
Un voyage de sensations, d’impressions, d’images, de souvenirs, de réalisme
paysager.<br />
Il y a là des pianos, des « ambient sounds », des bestioles
électroniques, des drones qui installent l’horizon, de la lenteur d’observant,
des gens, une « relation », de la quiétude et du bien-être.<br />
Du repos…<br />
Du recul et des vacances aussi.<br />
Des éléments, des pierres, des reflets, de l’eau, du bois… la nature.<br />
Du grandiose et du minuscule.<br />
Il y a là la vie.<br />
La notre et celle à laquelle l’on a oublié de prêter attention.<br />
<br />
« Des pierres » a été réalisé en collaboration avec Stephen O’Malley
du groupe « Sunn O))) » et cette fois Felicia rend audible son parlé.<br />
Cette longue pièce conclusive flirte allègrement avec l’ambient music et la
musique noisy.<br />
Le concept et le contexte s’y prêtaient.<br />
<br />
---<br />
<br />
En 2020, en pleine pandémie et isolement, Felicia reste sept mois en résidence
artistique.<br />
Il en sort l’album « Echos », quelque part plus
« acoustique », épuré, libre et véritablement poétique.<br />
Beaucoup de pianos, des instruments ciblés, un concept où les instruments
« de musique » reprennent place sur l’échiquier jusqu’alors bruitiste
et électronique, samplé et réverbéré, mentalement murmuré.<br />
Aux confins d’une certaine ambient music qui semble maintenant prendre
direction dans son espace créatif « Echos » joue sur le réalisme
sonore mais n’oublie pas pour autant les compositions sur données concrètes tel
« A Swan », « The Waves »…<br />
Pandémie oblige, j’aurais imaginé un album plus dark ou introverti et me voici
face à une sorte de fraicheur naturelle bienfaitrice.<br />
<br />
---<br />
<br />
« Everything Evaporate » | Shelter Press 2020.<br />
<br />
Suggestif, symbolique, évasif… tant que réel.<br />
« Everything Evaporate » reprend nombre d’usages d’un univers et de
langages propres à l’artiste.<br />
La caractéristique d’un espace plus ample et vaste dans le concept de
l’agencement des compositions semble désormais de mise, même si la
« pulse » sous quelque forme qu’elle soit, ce même sous forme d’une
rythme répétitif, reste génératrice.<br />
L’instrumentarium « repérable » (pianos, cloches, sitars, guitares,
marimbas… ce jusqu’aux synthétiseurs analos) en plus présent dans ses/ces
paysages sonores (« Transparent, in Movement ») et contraint à une
écoute plus empreinte de familiarité qui orientera plus aisément l’auditeur.<br />
Le « chant » s’invite, du moins le vocal susurre mélodiquement, mais
n’oublie jamais son axe « spoken ».<br />
précédent « This is the Gate », s’ouvrant sur une nouvelle dimension,
libre et entrouverte, encore à défricher, « Don’t Assume » cherche
mais ne trouve et s’emploie à se désorienter.<br />
Oui, tout s’évapore… comme l’indique la pochette.<br />
<br />
---<br />
<br />
« Mada Kokuni Iru, original Soundtrack Recomposed » - Felicia
Atkinson, Takuma Watanabe, Akira Rabelais | Inpartmait Inc 2020.<br />
<br />
En partant de la bande son originale composée par Takuma Watanabe, compositeur
de musiques de films japonais (qui fut partenaire de tournée de David Sylvian),
Felicia traite la bande originale sonore du court métrage « Je suis
toujours là » pour embarquer vers une sorte d’impressionnisme électronique
fort en évocations et en sensations.<br />
4 titres, beaucoup de reverse sounds, de réverbérations, mais peu importe cet
« aspect » purement technique.<br />
A part tant que parallèle à son œuvre, cet album installe une véritable
poétique japonaise musicale et imagée.<br />
Incontournable et d’une grande et délicate sensibilité féminine.<br />
<br />
---<br />
<br />
« Un Hiver en plein Eté » - Shelter Press 2021.<br />
<br />
Je terminerais mon parcours de la discographie artistique presque sélective
d’un petit chevalier devenu Felicia, qui de cassette en cd, a fait un chemin aux tracés et contours affirmés, revendiqués et identifiés.<br />
Cet album (le dernier « image langage » je l’ai chroniqué juste
précédemment et c’est lui qui m’a incité à creuser l’ensemble du parcours de
l’artiste) ne va pas déroger aux précédents.<br />
L’on y trouve l’ensemble de ce qui fait désormais « langage » tant
bruitiste, synthétique, parlé, donc vocal, pulsé, naturel et instrumental de
Felicia Atkinson.<br />
Je mets l’ouvrage de façon à ce que cette musique enveloppe littéralement le
son 5.1 de mon salon.<br />
Je pars une dernière fois à l’écriture de cette chronique, en voyage avec sa
galaxie sonore.<br />
Mes animaux sont intrigués…<br />
Les chattes apparaissent et cherchent, corps tendu, aux aguets face à ce flot
sonore envahissant et pour elles indescriptible.<br />
Ma chienne a les yeux grands ouverts, elle cherche autour d’elle d’où sortent
ces bruits étranges qui la mettent en éveil.<br />
Le piano de « Quelque chose » les remets un certain temps dans la
familiarité, mais « Septembers » et ses voix enfantines lointaines et
comme célestes, avec son profond marimba et sa flute aérée ouvre à nouveau une
autre pièce de ce couloir dans lequel j’ai aimé à fuir le quotidien, ouvrir
chaque porte et entrer, parfois à tâtons, parfois en … hésitation, mais aussi
sereinement, ou encore avec sureté, laissant le son et ses surprises musicales
me happer littéralement. <br />
Chaque titre, comme encore ici avec ses récupérations difformes d’un orchestre
acoustique de vents de brocante, chez Felicia Atkinson, chaque album, chaque
Ep, chaque B.O imaginaire ou pseudo réelle, virtuelle ou te faisant créer ton
propre chapelet d’images, chaque titre, chaque séquence interne à un titre,
bref, du plus large au plus microscopique… la vie musicale, sonore, mentale,
artistique, la pensée même de cette artiste est un lieu où l’on part à
l’aventure et où l’imaginaire est sollicité, incité, cérébralement motivé.<br />
<br />
« Un Hiver en plein Eté » semble plus « pacifié »,
peut-être, plus serein, probablement, plus méditatif, on penserait. Les
instruments « traditionnels », utilisés de façon forcément peu
conventionnelle côtoient la nature, le quotidien des bruits. <br />
La vie mise en espaces sonores avec l’interaction de la pensée et de ses
ruptures rapport à l’environnement quasi physique…<br />
<br />
Terminer ce long et captivant voyage au gré de son évolution et de sa maitrise
compositionnelle par ce merveilleux album dépasse l’idée d’approprié.<br />
<br />
---<br />
<br />
Voilà, c’est plutôt très rare que je prenne le temps et l’envie d’aller aussi
profondément dans de telles esthétiques musicales et créatrices qui, au
demeurant, m’ont toujours passionné.<br />
Mais quand ce qui se qualifierait de génial, sans redondance, sans inutile
aveuglement, s’offre là, au détour d’une première écoute qui incite par un
sentiment plus précis que la curiosité… il faut chercher et oser, il faut
mériter et donner un sens à ce qui est autre, différent, ailleurs, parallèle ou
qui sait, céleste.<br />
Alors entrez dans les pièces que le long couloir neutre et vierge de cette
artiste invite à ouvrir et laissez votre esprit et vos sens partir
« ailleurs ».<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<span style="mso-spacerun: yes;"> </span><br />
<br />
<br />
<br />
<br style="mso-special-character: line-break;" />
<!--[if !supportLineBreakNewLine]--><br style="mso-special-character: line-break;" />
<!--[endif]--><o:p></o:p></p>Pascal GEORGEShttp://www.blogger.com/profile/01916469417040396074noreply@blogger.com5tag:blogger.com,1999:blog-201099176728897658.post-18774605696928884722024-01-27T19:50:00.000+01:002024-01-27T19:50:00.810+01:00DU NOUVEAU ? ...<p><br /></p><p class="MsoNormal">DU NOUVEAU ? ...<br />
<br />
Juste une question… que je me suis posé à l’écoute récente du premier album qui
va être chroniqué ici.<br />
Nouveau parce que ça vient de sortir ? <br />
En ce cas, du nouveau, y’en a un paquet…<br />
Ou nouveau parce que la musique, la direction artistique, le ton même apportent
quelque chose de… nouveau, d’inédit parfois, de réapproprié aussi. <br />
Avec des etc.<br />
<br />
On se pâme donc face à un nouvel album, un/e nouvel/le artiste, interprète ou
autre plus ou moins charismatique personne(age).<br />
Si la production, l’enrobage, le marchandising, le concept sous angles
d’actualité prennent le dessus, alors on s’en va crier au génie, l’on va
s’émouvoir inconsidérément parce que, oui, effectivement, ça tape et ça touche
là où l’on est sensibles.<br />
Alors, plus ça va « ratisser » large, plus ça va être plébiscité dans
la presse, idéalement de tout ordre - c’est fait pour ça.<br />
<br />
Pour autant, une fois cette réflexion que je me fais en toile de fond -derrière
l’écoute paresseuse, flatteuse, agréable, plaisante, émouvante (parfois),
sensible ce qui est essentiel, chargée de repères plus ou moins balisés qui
rappellent par-ci, par-là, ce petit quelque chose que chacun assimilera à… sous
couvert d’une relative in-identité recouvrant paradoxalement une personnalité
heureusement artistique – devrait elle forcément gâcher l’entrée en plaisir
immédiat.<br />
Certes non…<br />
Puis certes un peu, à force d’écoutes où l’on entre un peut trop facilement
dedans, comme dans un piège…<br />
Certes finalement oui, un peu et parfois beaucoup même.<br />
<br />
Alors l’on se dit que l’on est passé à côté d’un truc… probable.<br />
Alors on se dit en se raccrochant à nos bouées du passé qu’enfin on serait là
face à de la « vraie musique », vintage personnages que nous sommes
(que je suis trop souvent)<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>- comme si
finalement, nous nous retrouvions véritablement face à une réelle
« nostalgie » et que les zones multiples de confort savamment et
intelligemment proposées insistent sur notre affect passéiste.<br />
Le fameux : « c’était mieux avant », « avant au
moins… », « rien n’est plus comme avant », etc.<br />
<br />
Dans quelle (juste) mesure un relatif recul est-il possible face à … la …
nouveauté.<br />
Et qui plus est quel choix, quelle incitation, humeur ou envie face à la
pléthore de ces nouveautés désormais accessibles à profusion via plateformes,
youtube etc. <br />
Si ce n’est, encore une fois et je boucle la boucle, se laisser influencer par
une presse qui n’en est plus une (elle ne l’est plus depuis bien longtemps),
nos blogs qui périclitent, espaces d’expression « libre » dans
lesquels finalement l’on adhère par affinités se laissant influencer car
similitudes de goûts, de choix et donc parfois autour de cela, découvertes
parallèles à ces zones là encore de confort dans lesquelles nous aimons nous
cocooner sans être par trop brusqués.<br />
<br />
Ciblés par quelques ffff, chocs de la musique, références inrocks ou autres
pointages du doigt, des artistes, leurs albums, leur « musique » ou
leur voix, instrument… sortent alors, comme au bon vieux temps … du lot des
autres. <br />
Ces mêmes autres pas forcément meilleurs ou pires se retrouvent face à : « j’ai
loupé le coche » - il suffit parfois d’un éclairage, d’une personnalité
singulière, d’un effet de mode, d’un certain nombre de likes, bref… et tout
bascule.<br />
<br />
Donc retour, l’on se pâme…<br />
L’on croit avoir en mains la nouvelle pépite, l’artiste du futur, la vérité
artistique… et puis un jour, si cela n’a pas marqué un moment précis de notre
vie, impacté celle-ci d’une façon ou d’une autre, alors l’on se demande ce qui
a bien pu, une fois l’effet kiss cool passé, provoquer un tel engouement à
l’époque de la part de la « presse », des relayeurs ou non (blogueurs
dinosaures)<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>et bien sûr de nous-mêmes.<br />
<br />
On a tous eu un choc.<br />
Il reste parfois intact même après des écoutes successives et une sorte de par
cœur tant physique que mentale.<br />
Et d’autres fois, si ce n’est pas … relié … à quelque chose de notre vie,
l’interrogation apparait.<br />
<br />
---<br />
<br />
ANOHNI / Antony and The Johnsons – « My Back was a bridge for you to
cross » | ROUGH TRADE 2023.<br />
<br />
C’est par cet album plébiscité de part et d’autres que m’est venu cette longue
réflexion.<br />
Je l’ai d’abord écouté dès sa sortie, de façon totalement curieuse et sans la
moindre « influence » extérieure, listé parmi le stock de nouveautés
proposé sur mon streaming et me semblant, malgré une pochette qui repousserait
(subjectivement) tout à chacun, intéressant.<br />
Je me souviens m’être trouvé face à une sensation de redite musicale aisée à
écouter, agréable et plaisante, facile, un truffage de clichés habilement mis
en forme afin d’un produit haute gamme où commercialement nombre pouvaient s’y
retrouver.<br />
Spectre large, ratissant toutes étiquettes et porté par une voix qui sans avoir
la moindre connotation d’exceptionnelle, faisait largement son effet d’émotions
calculées.<br />
Je crois l’avoir écouté plusieurs fois même, embarqué dans ce tourbillon
confortable, aisé, appréciable et lisse.<br />
Alors (je fais toujours le chemin inverse) je me suis rendu compte que cet
album avait une presse considérable et là…<br />
Je me suis demandé si le public avait à ce point besoin de retrouver ses vieux
repères et j’ai réfléchi que si c’était réellement le cas (et ça l’est à n’en
douter), cet album tapait grave dans cet axiome.<br />
Une nouveauté donc, sans rien de réellement nouveau.<br />
Alors dirons nous y’en a des tonnes comme ça et finalement, en fait-on des
tonnes à chaque sortie de chacun d’eux ?<br />
Non…<br />
Donc certainement qu’ici y’a un truc en plus…<br />
J’ai creusé et musicalement, même vocalement voire instrumentalement, en
orchestrations (si l’on peut mettre ce terme ici…), rien.<br />
C’est donc encore une fois une question d’image, de propos, de
« visuel », etc. qui fait prédominer l’affaire. <br />
Je n’ai strictement rien contre, après tout.<br />
Comme je n’ai rien contre ces guitares qui arpègent à tour de doigts et qui
pour faire rock se saturent parfois, ni contre cette rythmique pop de base qui
n’apporte rien d’autre que le fait qu’elle soit « jouée » en place
d’être « programmée », ni encore contre ces pianos dignes d’un élève
de 5 années max de cycle d’études, ni même contre cette voix androgyne qui joue
avec calcul sur nos émotions et nos affects, avec une parfaite maitrise et un
talent bluffants, mais un bluff calculé et aseptisé.<br />
Les compos, forcément elles sont soignées, étudiées et travaillées pour le plus
grand nombre.<br />
Alors mode oblige, on emballe le tout de sonorités vintage, chaudes, histoire
de « toucher » encore mieux et c’est réussi.<br />
Oui, c’est réussi…<br />
Et ça marche et ça a marché, car qui aurait parié (là aussi chapeau le coup de
marketing) qu’avec une pochette aussi hideusement repoussante la moindre chance
de dépasser l’écoute du curieux de base ait pu être possible…<br />
Il y a forcément un truc… vous inquiétez pas, je continue à le chercher, mais
je vais pas y passer ma vie…<br />
J’ai d’autres nouveautés ou de nouvelles vieilleries à écouter et ce n’est pas
ce qui manque.<br />
Pour autant, ne boudez pas ce nom – là aussi subtilement imaginé pour créer
l’imprégnation dans vos mémoires, car une fois « retenu » il sera
difficile de l’oublier… comme quoi ici, rien, strictement rien n’est
« hasard » - après tout ce n’est pas tous les jours qu’on peut sous
couvert de « nouveauté », faire un gigantesque bond dans notre cher
passé.<br />
<br />
---<br />
<br />
JB DUNCKEL « Paranormal Musicality » - Warner Classic 2024.<br />
<br />
Nouveauté encore, JB Dunckel (vous connaissez ? C’est le cofondateur du
duo Air) sort ce « Paranormal Musicality », dédié à sa professeure de
piano, partie pour un autre espace, pas que musical.<br />
Du piano…<br />
J’aime inconsidérément… le piano…<br />
<br />
J’ai toujours aimé et accroché à Air, cette musique qualifiée de French Touch,
oscillant entre un Vangélis relifté et un Eno presque dés-ambientisé…<br />
Une <u>vraie</u> pop classieuse, bien souvent instrumentale et produite avec
ces outils vintage qui firent pâlir en leur temps tous ceux qui, croyant que la
modélisation FM était l’avenir, avaient vendu d’occas’ leurs vieux synthés
analogiques… (d’autres le firent, les malheureux… avec le vinyle…).<br />
<br />
Rien de vraiment « nouveau » dans cet album, mais on reste dans et
sur la lignée, en plus introspectif et solitaire, intimiste et personnellement
rétrospectif, du célèbre duo.<br />
Une identité qui se cible immédiatement dès les premières notes de JB Dunckel
et pour lui, la nouveauté, c’était dans le passé. <br />
Aujourd’hui il n’a pas grand-chose à défricher, il peut se contenter et il le
fait, avec grâce et talent, de logiquement et simplement… continuer.<br />
<br />
J’aime cette pause permettant un hommage marqué à son enseignante qui l’a fait
« entrer » dans la musique – il lui en est reconnaissant, ne peut l’oublier,
elle fait partie de son ADN et cela ne peut que me toucher, il va de soi.<br />
J’aime cette simple idée de l’exprimer de façon pure, au piano. <br />
Le ton est mélancolique, tonal, épanché avec pudeur.<br />
Sa musique s’écoule…<br />
Mais cela n’a pas sa place dans une écoute de « musique de fond », on
s’en rend très vite compte car sa musique développe et s’enrobe, au fil des
plages, d’un véritable sujet.<br />
De ce véritable sujet.<br />
Bien sûr l’on n’échappera pas aux référencements que l’on voudra bien accoler à
chaque titre (à certains titres) dans lequel l’on plonge sans vraiment y être
préparé car cela se fait naturellement, tout seul.<br />
Des flashs…<br />
Ravel-Debussy, l’école minimaliste américaine, Chopin, Satie, un romantisme
d’expression, une nouvelle cathédrale qui s’est engloutie, qui sait… normal
quand on a étudié le piano que d’avoir sous ses doigts des réminiscences
réflexes… <br />
Une « culture » de l’instrument.<br />
Mais on se rend vite compte que cela s’efface rapidement à l’écoute car il n’y
a ici ni pastiche, ni imitation et cela met cette « nouveauté » à une
autre place que sur un axe consistant à récupérer en ratissant le plus large
possible à des fins médiatiques et commerciales.<br />
Il s’agit ici d’un artiste en pleine possession de son propre langage, avec sa
vie, sa culture, ses expériences et tout cela passe – avec qui plus est cet
hommage respectueux et introverti – par son piano et son imagination
émotionnelle musicale.<br />
<br />
Je me suis laissé embarquer (et je continue à le faire) par ce piano poétique,
évasif, hors temps, à l’accord ancien et pas forcément parfait, ce qui renforce
cet espace intime entre pensées du passé et son expression actuelle. Un espace
juste partagé et à partager.<br />
<br />
Là pour sûr l’on parle bien … d’art.<br />
<br />
---<br />
<br />
FELICIA ATKINSON « Image Langage » - Shelter Press 2022.<br />
<br />
Art toujours…<br />
Il existe très certainement des univers cérébraux parallèles dont la porte d’entrée
est cachée dans un recoin de notre/votre esprit.<br />
La musique et les images qui y sont projetés, quand, par hasard, l’on trouve la
clé et que l’on a franchi le seuil, semblent comme neutres, diaphanes et
irréelles.<br />
S’entrecroisent alors des sonorités démultipliées, parfois lucides, d’autres
fois tant obscures que mystérieuses, un spectre de textures inédites sans pour
autant sembler, étonnamment, inconnues.<br />
Lors, l’être humain s’apparente de façon logique à une voix féminine qui développe
et raconte, apaise et insiste, sans aucune réelle autre présence qu’être juste
là, à remplir l’espace-temps.<br />
Seul objet commun planté parfois là au milieu de ce décor blanchâtre… un vague
piano dont on croit reconnaitre le son resté, en mémoire du passé, familier.<br />
Puis l’on se rappelle – si on l’a fait un jour – l’une de ces « visites »
dans ces salles blanches de musées ou d’expositions contemporaines, avec ces œuvres
de totale abstraction face auxquelles notre esprit s’évade… et l’on se dit que nous
somme surement là face à cette abstraction mais version sonore.<br />
<br />
Felicia Atkinson est une compositrice française née en 1981.<br />
<i>Son « travail » de production musicale est présenté comme une mise
en exergue d’improvisation, de science-fiction, de composition, de hasard, de
bruit et de poésie. <br />
Une musique caractérisée par l’usage de drones, de pulsations, de voix et de
réverbérations.</i><br />
cf : wikipedia.<br />
<br />
J’ai découvert sa musique et son univers parallèle il y a peu et trop peu d’ailleurs,
car si j’avais eu cette rencontre en 2013, avec son premier opus « Visions/Voices »,
celle qui se produisait sous le nom de « je suis le petit chevalier »
serait immédiatement devenue le réflexe sonore dont j’aime à emplir mon espace
quotidien afin qu’il disparaisse de ma pensée et s’emplisse d’autres visions
cérébrales.<br />
<br />
Si le mot « nouveauté » devait avoir un certain sens, non lié à l’idée
d’une « sortie » nouvelle de tel ou tel album, mais bel et bien sur
un plan artistique, j’aimerais ranger sa vision sonore de ces images et
langages sur la petite étagère où la nouveauté créatrice artistique ne
contient, depuis l’entrée en ce XXIe siècle que peu de « recueils ».<br />
<br />
Il se passe quelque chose d’autre ici…<br />
A vous d’aller découvrir quoi, car, une fois que la petite porte se sera
ouverte, c’est à chacun de faire son propre chemin dans cet espace où tout est
neutre et à découvrir, où l’on peut rester immuable, cheminer, observer, déambuler,
admirer… mais jamais… passer sans que notre âme n’ait été touchée, interpellée,
ou juste effleurée.<br />
<br />
…<br />
<br />
<br />
<span style="mso-spacerun: yes;"> </span><br />
<br />
<br />
<br style="mso-special-character: line-break;" />
<!--[if !supportLineBreakNewLine]--><br style="mso-special-character: line-break;" />
<!--[endif]--><o:p></o:p></p>Pascal GEORGEShttp://www.blogger.com/profile/01916469417040396074noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-201099176728897658.post-91006161311207617922024-01-17T19:57:00.000+01:002024-01-17T19:57:12.674+01:00SI ON BOUQUINAIT ? …<p> </p><p class="MsoNormal">SI ON BOUQUINAIT ? …<br />
<br />
Ouais, pour lire, faut le temps…<br />
Ou le prendre…<br />
Et le prendre…<br />
<br />
Cela fait un bon moment que je voulais parler de ce qui suit, il est donc
temps.<br />
<br />
---<br />
<br />
« IL N’A JAMAIS FAIT AUSSI BEAU » - Eric Buffard.<br />
<br />
Des bouquins qui parlent de rock, te « racontent » le rock, y’en a
pas mal…<br />
Des bios…<br />
Des « analyses » de mouvements musicaux, d’esthétiques diverses et
variée.<br />
Eudeline, l’insupportable Manœuvre, allez, tutti quanti.<br />
Des témoignages édulcorés, de la récup’ suite à une
« reconnaissance » de gratte papier de revues telles rock’n’folk,
retour de Best, etc… etc…<br />
<br />
Attitude, fantasmagorie, connaissance d’un sujet version VIP.<br />
<br />
Et puis, un petit miracle arrive par le biais de commentaires, d’une relation
respectueuse et lointaine – une « rencontre » virtuelle mais bien
réelle.<br />
De fil en aiguille, Eric, à force de discussions blogueuses sur base de jazz
(comme quoi), puis d’emails, afin de souder les échanges, finit par m’envoyer
son livre, tiré à compte d’auteur (un schéma que je connais bien versant
musique).<br />
Presque boulimique et avide, à peine reçu, me voilà plongé dans le premier
chapitre pour arriver, à la fin de celui-ci, à la conclusion suivante :
« bon là c’est du lourd… je le pose et le mets de côté en dessus de la
pile de tout ce que je n’ai pas encore lu, pour réellement avoir le temps de
m’imprégner de cette bio » - car finalement c’est est une.<br />
Enfin c’est plutôt un réel témoignage où l’auteur est l’acteur, relatant par sa
vie, son vécu, son passage… dans le quotidien qui, vu de l’autre côté semble
glauque, sombre, hanté… de la « génération » punk. <br />
Une génération et un mouvement qu’il n’a pas – comme certains devenus notoires
et s’en servant à des fins autres – fait qu’effleurer ou récupérer.<br />
<br />
« Sex and Drugs and Rock’n’Roll », c’est pile dans le bon ordre de ce
titre éminemment ajusté qui fit le succès éphémère de Ian Dury, pour
cette lecture qui nous embarque au gré d’albums de groupes (référencés par
chapitres) obscurs - des groupes pour lesquels le mot underground semble désuet
- au cœur de la scène, de la vie, des squats, des quartiers, des communes et de
la région proche, des trains, des places, des ruelles, des concerts, des clubs,
bars, scènes, disquaires, pharmacies, campings, zones... de Bordeaux.<br />
Une B.O acide, rarement paisible, excessivement nerveuse et urgente accompagne
donc d’entrée, chaque chapitre, afin de lui donner, si le besoin s’en
ressentait, encore plus de véracité. Elle s’impose et si l’on a la chance de
trouver ces groupes et leurs albums, elle renforce la lecture. Ici la musique
n’est pas véritablement le sujet, ici la musique fait juste partie du package
triangulaire et elle ne peut en être détachée ou même extraite.<br />
Et des acteurs, enfin cela pourrait l’être si une plateforme découvrait ces
« épisodes » et avait l’envie d’en faire une « série »,
non… des compagnons …, petite communauté de route, de fortune et d’infortune
qui passent, suivent, agissent et interagissent avec les tribulations de vie de
l’auteur.<br />
Des gonzesses aussi et forcément, qu’on imagine belles, sortes de fantasmes
rock’n’roll sexy et diaboliques, parfois junkys, accros comme leurs
partenaires, au sexe, comme un exutoire, comme une nécessité, comme un besoin
viscéral, un plaisir parfois extrême, détaché de la notion sociale empreinte de
cette lourde éducation religieuse de l’époque, de « culpabilité ». <br />
Une libération instantanée, impulsive, un horizon libérateur nécessaire. <br />
Un zeste d’amour, aussi.<br />
Il en faut.<br />
Et puis il y a la et les drogues, l’alcool – tout ce qui est socialement
diabolisé – authentiques comme fabriquées, imaginées en mélanges et
associations chimiques diverses et variées à partir de produits du quotidien. <br />
Et alors il y a aussi la mort, le sida, l’enfer carcéral et le corps comme
l’âme en débris.<br />
<br />
Alors me voici entrant dans la réalité prégnante et poignante, palpable,
visuelle, captivante, réelle et vécue d’une époque, d’un mode de vie réellement
antisocial, d’une effective contre-culture revendiquée, assumée, affirmée et
parfois violente.<br />
Une immersion totale, remarquablement narrée par une écriture rapide, flash,
percutante dans un espace parallèle à des « valeurs » socialement
correctes, une chute dans l’abîme de la vie éphémère, non prioritaire, que l’on
brûle à coup de paradis artificiels, « junky » n’ayant plus même de
réel sens, car ici cela s’englobe dans une volonté délibérée d’une vie
« autrement » et en fait juste partie…<br />
<br />
Cette vie-là, on aime et on a l’habitude de l’extrapoler autour des
« stars » du système, quelque époque que ce soit et de leur
entourage, quel qu’il soit.<br />
Les punks, eux, qu’ils soient pseudo stars, là encore éphémères( et de cette
fugacité de l’instant de vie au présent devenus parfois légendaires) – on le
lit à la perfection ici – c’est une véritable identité autrement sociale,
autrement communautaire, autrement quotidienne.<br />
Paraissant extrême.<br />
<br />
Ici on est face à leur vie, leur « état d’esprit », leur être
profond. Et ce qui semble et semblait, de « l’extérieur » (à savoir
du point de vue social « pensant », à cette époque) – entendons un
extérieur par rapport à eux qui était la norme – incompréhensible, comme un
qualifiable quelque part, d’anarchie chronique, n’est finalement rien d’autre
qu’un état voulu de vivre autrement, en la brûlant délibérément cette vie, en
l’imaginant et la souhaitant immédiate, détournée des usages généraux de la
société en cours.<br />
Ni juvénile, ni comme l’on imaginerait le pointer, irresponsable ou dégénérée,
non … juste avec des valeurs et des codes spécifiques et autres. <br />
<br />
Ce qui est intéressant de constater et j’en finirais ici avec ce livre que je
vous souhaite de découvrir - surtout ceux qui aiment à « parler » si
presque bien, de rock et souvent de s’y croire affiliés par l’écoute et
l’écriture, ça les fera prendre du vrai recul et se relativiser – c’est que
nous somme ici, non à Londres, Paris ou Berlin… <br />
Non, nous sommes simplement à Bordeaux, face à une jeunesse qui a besoin
radicalement et viscéralement de se démembrer par rapport à des valeurs
sociales (on n’imagine même pas le sens du mot politique, d’ailleurs ici il
n’en est nullement question tant elle semble microscopique à l’échelle de ces
autres valeurs – en écrivant cela, je repense à la scène légendaire Balavoine /
Mitterrand, qui parallèle à cette période, semble déjà tellement, d’une part
comme évidemment de l’autre, intégralement décalée comme pathétique) - dans
lesquelles la seule idée d’une parcelle de reconnaissance, au sens large, n’a court.<br />
C’eut pu être Grenoble, Clermont Ferrand, Draguignan, Nantes, Dijon ou autre…<br />
La jeunesse et ses appartenances antisociales n’a pas de localisation
géographique, d’urbanité ou de ruralité. <br />
C’est l’autre évidence de ce bouquin.<br />
<br />
Et pour conclure en lisant ce livre je n’ai pu éviter, justement, un
rapprochement évident avec un de mes anciens élèves, fils d’une amie, parti à
l’adolescence épouser cette vie, de façon tant surprenante pour tout son
entourage qu’il soit familial, amical, proche et même du petit village où il
n’était pas certainement « à sa place ». <br />
Un choc social pour une petite commune rurale que de le voir de temps rares à
autres temps rarissimes repasser au gré de ses errances et de ses coupes skin iroquoises
nullement fashion en tenues paramilitaires, mais juste identitaires, voir ses
lointains proches… <br />
J’ai souvent parlé avec lui.<br />
J’ai souvent tenté d’y voir clair, de façon amicale et détachée et ai touché du
doigt, certainement, la chose. <br />
J’aime savoir…<br />
<br />
En lisant ce livre, j’ai peut-être bien eu la clé « qui me manquait ».<br /><br />(Eric est sur Facebook, pas difficile à trouver et en mp vous pourrez commander son livre)<br />
<br />
---<br />
<br />
« NOWHERE GIRL » - Magali Le Huche – Dargaud/Bande Dessinée.<br />
<br />
La musique sauve, soulage, est exutoire, permet de s’évader, d’entrer dans un
monde parallèle…<br />
Et tant d’autres choses encore.<br />
Comment pourrais-je dire le contraire ?<br />
<br />
Magali a 11 ans, c’est une petite gamine attachante au sein d’une famille de
classe moyenne « normale », une mère attentionnée et truffée des
clichés de tentative d’être cool avec ses ados, une « grande » frangine
en forme de faux modèle, ironique tant qu’iconique pour sa petite sœur, qui
charrie très fort et qui peut écouter sans forcément comprendre, un père…<br />
Des copines nunuches, des profs revêches… des garçons boutonneux…<br />
<br />
Magali était heureuse, insouciante. <br />
Une petite fille lambda.<br />
<br />
Elle entre au collège et tout va basculer.<br />
Elle n’y est nulle part à « sa place ».<br />
Stigmatisée par les profs, elle qui jusqu’alors était bonne élève, la voici
face à un stress de réussite scolaire inexplicable – une phobie scolaire.<br />
Montrée du doigt par ses camarades, n’ayant aucune « appartenance » à
la vie sociale adolescente quotidienne de ses « copines », n’arrivant
pas à communiquer socialement, humainement, « amicalement », familialement
sur le moindre sujet commun à toutes et tous la voilà qui va progressivement
s’enfermer, aimer la solitude comme solution de repli, jusqu’à, au fil d’un
cheminement médical psy rapide se déscolariser et faire l’école « chez
elle ».<br />
Ainsi elle sera dans une zone de pseudo confort recluse qui, au bout du compte
lui convient probablement.<br />
Car ainsi elle peut… non vaincre, mais échapper à ses peurs.<br />
Un sacré sujet qui est traité ici.<br />
<br />
Mais Magali a fait une découverte chanceuse…<br />
Elle est tombé sur un album des Beatles et le miracle est apparu sous la forme
d’un fanatisme boulimique, inexplicable, amoureux et passionnel envers eux.<br />
C'est ce qui va donner à cette vie un « sens » et l’aider à franchir sans
heurts réels, sans conscience angoissante trop prenante, cette étape solitaire
de sa vie adolescente d’enfermement social.<br />
<br />
Alors elle va tout connaitre des Fab Fours, elle découpe leurs images, elle
s’imbibe des « citations », elle prend parti pour les uns et les
autres… <br />
Sa vie tourne désormais exclusivement autour des Beatles.<br />
Dans sa maigre période scolaire collégienne elle en arriverait aux mains avec
ses camarades ignares face à cette musique de vieux, leur préférant les
chanteuses en vogue de r’n’b et autres stars sorties d’une académie.<br />
Cette inculture, cette méconnaissance face à ce qu’elle estime être le plus
grand groupe du monde et à leur musique l’exaspère.<br />
C’est aussi ce qui va progressivement mais rapidement l’inciter à trancher avec
cette société dans laquelle - puisque sa passion n’est pas acceptée, reconnue
ou même n’a simplement pas la moindre place dans son quotidien - elle n’estime
avoir de place.<br />
<br />
Alors Magali rentre chez elle, s’enferme dans sa chambre et s’évade au gré de
titres, de chansons, de musiques et de paroles qu’elle ingurgite, absorbe,
envahissant son corps, son esprit, son âme et toute sa vie.<br />
Sa famille s’inquiète, suit ces pérégrinations de délire adolescente avec un
désarrois certain, tente tout ce qui est en son pouvoir afin de guérir ce qui
devient, au fil des années qui ne sont plus passade mais s’allongent, ce
comportement associable, cet enfermement maladif.<br />
Ils espèrent.<br />
Elle s’évade.<br />
Ils vont vers elle, font leur possible entre énervement, écoute, discussion,
intérêt et toute autre forme de compassion et de dialogue possibles pour
simplement comprendre afin de solutionner.<br />
Elle s’enferme et repart à l’aventure onirique et musicale.<br />
<br />
Mais un beau jour…<br />
Oui, car tout a parfois, une fin.<br />
<br />
---<br />
<br />
« MONTANA 1948 » - Larry Watson – Totem.<br />
<br />
Nous voici au cœur des tabous, des non-dits familiaux, du poids social et
familial… et de ses … secrets.<br />
Des notables, famille bien-pensante, référente d’une communauté, politiquement
et socialement placée, financièrement aussi.<br />
Un domaine, un ranch, on est dans le Montana et en 1948 le poids américain
social, on l’imagine mais on le réalise en lisant ce livre, est lourd, chargé…<br />
de bonnes manières, de bienséance, de bigoterie, d’apparence et d’apparat, de
valeurs affichées et de lâcheté sociale. <br />
<br />
Un gamin, pré adolescent va à travers son regard murir très vite et réaliser,
face à une réalité familiale connue et tabou de tout son entourage parents,
grand parents, épouses et même amis, relations et personnel embauché, que son
oncle, notable de la ville est très loin d’être le type sympa, jovial et
avenant envers son neveu dont il a « l’image ».<br />
<br />
Alors à travers le regard, qui d’innocent et interrogateur, de ce gamin
deviendra lucide, mature et surtout qui, de passif, deviendra acteur et pris à
parti de façon inévitable, on va suivre avec passion, malaise, curiosité
presque voyeuriste cette histoire de la destruction lente, mentale, morale,
sociale d’une famille qui tentera de sauver les apparence, de garder la tête
haute et froide, se déchirera de désaccords en décisions inéluctables pour
finir par se désagréger.<br />
Et partir pour tout laisser.<br />
<br />
Un fait pas vraiment divers.<br />
Une tentative pour l’amoindrir, puis l’éradiquer.<br />
<br />
Une société avec ses usages passée au crible.<br />
Racisme, abus, pouvoir social, éducation communautaire.<br />
<br />
Des images comme sorties d’un vieux film, presque de cowboys, en Panavision.<br />
Un ranch, des pickups, Ford, des chevaux, du cuir, du bois, de la chaleur, de
la poussière.<br />
Des humains ridés par la dureté du travail, du climat, de la vie… soumis au
climat, aux saisons.<br />
Une famille et ce qu’il en restera.<br />
<br />
Et un adulte qui raconte ce qui a marqué son enfance, afin que l’on n’oublie
surtout pas.<br />
<br />
---<br />
<br />
Bonne(s) lectures.<br />
<span style="mso-spacerun: yes;"> </span><br />
<span style="mso-spacerun: yes;"> </span><br />
<br />
<br style="mso-special-character: line-break;" />
<!--[if !supportLineBreakNewLine]--><br style="mso-special-character: line-break;" />
<!--[endif]--><o:p></o:p></p>Pascal GEORGEShttp://www.blogger.com/profile/01916469417040396074noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-201099176728897658.post-6774476096473834112024-01-10T20:23:00.001+01:002024-01-10T20:23:45.810+01:00POUR BIEN COMMENCER… L’ANNEE…<p>POUR BIEN COMMENCER… L’ANNEE…</p><p class="MsoNormal"><o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal">---<br />
<br />
NATIONAL HEALTH – « National Health » - Affinity Records 1978.<br />
<br />
On parle pas mal de cette fameuse école de Canterbury, sorte de parallèle
fusionnel british entre un rock qu’on estampille « prog » et une réappropriation
du jazz, mélange auquel j’ajouterais pour ma part peu objective mais juste de
constat, le mouvement R.I.O (Rock in Opposition), fleuron de groupes tels Henry
Cow, Art Bears et autres issus du premier.<br />
Ces collectifs représentés par des artistes engagés qui passeront, tel Bill
Bruford, premier batteur de ce groupe, à la renommée, dépassant largement ce
spectre esthétique, ce mouvement artistique et musical, ce microcosme
géographiquement et culturellement ciblé, ont proposé, <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>au gré de groupes éphémères et d’albums
déviants, curieux, atypiques ou étranges parfois, du passionnant, de
l’anecdotique, de l’expérimental mais également du captivant.<br />
Il y a des décennies que je n’ai écouté ce premier album de National Health,
porté par le leader charismatique Dave Stewart, aux claviers, un de ces
claviéristes au jeu intriguant, usant de sonorités âpres et crues, acides et
intensives, de synthétiseurs séculaires, d’orgues traficotés, de pianos quasi
préparés qu’ils soient électriques ou acoustiques. Dave Stewart que j’aime à
écouter dans les albums de Bill Bruford, justement et qui fait merveille de
complicité cohérente avec le regretté disparu Alan Holdsworth, ce guitariste
qui lui aussi a flirté avec les groupes (Soft Machine) de ce mouvement.<br />
Ici quelques noms : Phil Miller (guitares), Pyp Pile (batterie), Neil
Murray (basse fretless), Dave Stewart (claviers), Alan Gowen (claviers
additionnels), Jim Hastings (anches) et la chanteuse vocaliste Amanda Parsons.<br />
<br />
Ce qui caractérise d’emblée cette musique, ce groupe, c’est la couleur
spécifique du propos musical joué. L’orientation jazz que certains oseraient
qualifier de « jazz-rock », truffée d’improvisations là aussi liées à
cette connotation pourrait en première écoute s’installer comme prioritaire.
Pourtant, et c’est là tout l’intérêt, il n’y a que cette école qui soit
immédiatement reconnaissable par cette approche si significative et
particulière, du fait d’une réappropriation culturelle spécifique.<br />
Dans certains titres (« Brujo ») c’est un peu comme si le Return To
Forever première mouture de Chick Corea rencontrait Soft Machine et les King
Crimson/Yes naissants.<br />
Et le Miles de « On The Corner » n’est finalement pas si loin…
(« Elephants »)<br />
<br />
Le parcours musical presque initiatique que propose(ait) cet album de mixité
musicale et d’appropriation stylistique se fait donc avec le plaisir curieux
que cette énergie presque juvénile impose.<br />
Les compositions sont d’une exceptionnelle tenue, les improvisations d’une
puissance identitaire peu commune et les textures sonores recherchées - usant
de pédales d’effets qui permettent aux guitares comme aux claviers (et basses)
de sortir des spectres habituels – sont, en soi, uniques.<br />
National Health a sorti entre 1978 (2) et 1981(1), trois albums que
compléteront plus après des ajouts issus d’archives.<br />
Ce premier album est comme une carte d’identité de ce mouvement, représentant à
de nombreux égards l’idée musicale et sonore tant qu’imaginative cette
étiquette peu lisible apposée là.<br />
Curieusement intéressant…<o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal">---<br />
<br />
DAVID LEE ROTH – « Eat ‘Em and Smile » - Warner bros 1986.<br />
<br />
Bon, pas certain que cet album fasse bonne figure dans une soirée années 80 au
milieu des serviettes et des beaufs enivrés, mais bon 86…<br />
Nombre préfèrent placer - s’il s’agissait de penser à David, ex-Van Halen, puis
repreneur de flambeau Van Halen après Sammy (Hagar) - le célébrissime
« Jump » qui déchire les ouïes au vélodrome marseillais.<br />
<br />
Bon, venons directement à ce formidable feu d’artifice hard, soit disant glam
hard, bref, ce truc en mode brûlot furax qui part en toutes directions y
compris le blues schuffle pur jus, cuivres à l’appui (« I’m Easy »), bref
un truc kaléidoscopique qui d’emblée sonnera comme un vrai réveil matin, de
ceux qu’on n’a pas envie de défoncer pour le faire taire, mais plutôt de ceux
qui te font te lever d’un pied fougueux et partir au taff en oubliant que,
justement tu pars au taff…<br />
<br />
David Lee Roth, chanteur à la voix rauque unique en un genre quasi crooner (sa
reprise de « Just a Gigolo » en atteste) sera toujours le chanteur de
Van Halen, qu’il le veuille ou non, le public en a décidé ainsi… et c’est
quelque part, bien dommage car sa carrière solo est franchement autre que
parallèle ou anecdotique.<br />
J’en ai écouté pas mal de ses albums, ce, dès qu’ils sortaient. <br />
J’sais pas, sa voix, pour sûr et quasi certain. Cette énergie genre équivalente
à celle que tu reçois quand tu te prends une châtaigne électrique lors d’un
moment d’inadvertance en branchant un truc.<br />
<br />
Si je veux remettre le couvert du rock bien pêchu en ce début d’année ce sera
par lui et avec cet album car là, en plus, le gaillard s’est entouré du must
côté zicos et forcément ça relève la barre d’un gros cran…<br />
Un festival de guitares forcément héroïques par l’immense Steve Vai qui balance
tout son jus et son brio, de titres en titres, scotchant en quelques traits de
tapping, de quadruples croches, de riffs incendiaires (« Elephant
Gun ») tout énergumène rêvant un jour de sortir de son mi, la ,si… et lui
faisant réaliser que la musique c’est… du boulot, un métier, un savoir-faire et
aussi du talent si ce n’est du génie.<br />
Pour enfoncer le clou et surligner le trait les plombeurs Billy Sheenan (basse)
et Greg Bissonette (batterie) achèvent l’affaire. Lourds, techniques, efficaces
tant que marqueurs de points d’écriture (« That’s life »), ces deux-là
savent fabriquer et forger le métal.<br />
<br />
Bon, cet album c’est un véritable festival métallique, une véritable explosion
de jouvence et tel un bouchon de champ’ qu’on aura essayé vainement de sortir
du goulot afin de rester classe, il finit par péter à grand coup de sabre,
arrosant toutes et tous sur son sillage.<br />
Et, même délicieusement kitch (« That’s life »), sans faire vraiment
dans la dentelle, David convainc l’auditeur passé là.<br />
Alors cet album, c’est un gage d’énergie, de bonne humeur, de rock sérieusement
joué sans être sérieux, c’est un fabuleux magasin de farces dans lequel on se
fait immédiatement attraper tant il est incitatif, festif, amusant et délirant,
déjanté et débridé. Il rase tout sur son passage éclair et dès qu’il s’achève
la seule envie c’est… « on le remet ? » …<br />
Moi ce sera dès demain matin… ce sera royal avec la galette.<br />
<br />
---<br />
<br />
STEVE PERRY – « Street Talk » - Columbia 1984.<br />
<br />
Ah là là, ce son eighties ! ...<br />
Ce rock synthétisé en FM avec batteries triggées, électronifiées …<br />
Détestable ?...<br />
<br />
Steve Perry a fait prendre un virage radical à Journey après leurs débuts post
bab’ Santana et tutti quanti – z’étaient sacrément déjà bons sur ce critère,
puis Steve est arrivé et ils ont gagné les stades et les charts et non qu’ils
furent meilleurs, non, ils collèrent tout simplement plus « à leur
temps ».<br />
Steve Perry n’a donc pas - comme certains aiment à le dire dès qu’un nouvel
élément entre dans un groupe pour le faire se muter, évoluer et devenir (le
vilain mot) célèbre – dénaturé Journey. <br />
Il les a juste aidés à franchir l’étape déterminante qui mène au succès autre
que celui d’estime.<br />
<br />
Steve Perry, on a donc sa voix de performer en tête avec le groupe aux
multiples tubes - une voix encadrée par Neal Schon ce guitariste sur lequel
nombre auraient là aussi dû fantasmer, Steve Smith, ce batteur qui lui en a
fait fantasmer à en choper des tendinites à plus d’un et un certain Greg
Rollie, claviériste d’un temps lointain qui pourtant a fait école.<br />
Et Steve Perry en solo ? alors ? <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>car l’on sait bien que la version ego tend la
perche à nombre de stars en place de leader de groupe.<br />
Ca réussit, parfois et même fait énorme carrière, ce n’est pas Sting qui dira
le contraire et comme là, ça ressemble plus à une récréation, une parenthèse de
vacances, d’autant qu’ici il convoque ses anciens potes de son précédent groupe
Alien Project.<br />
Difficile d’estimer dans quel état d’esprit il se lance dans ce premier opus
solo (il n’y en aura que peu d’autres) mais il faut reconnaitre ici une
excellente facture musicale, dans la globalité, même si à part le magistral tube
« She’s Mine », taillé 100% rock FM, l’ensemble est assez égal, sans
réelle crête permettant d’imaginer que le succès ait pu être correctement au
rendez-vous.<br />
« It’s Only Love » original par son mix entre steel drums caribéens
et environnement rock massif fait preuve que de telles associations sonores
sont du domaine du possible, c’est un exemple.<br />
<br />
Les détracteurs de ce son FM eighties auront forcément ici de quoi satisfaire
leurs hargnes respectives envers un rock qui a dû évoluer avec la technologie,
le temps, l’axe commercial des ventes, les espaces de diffusion et le boom
quelque part de la vente du produit « disque », sans parler de l’arrivée
qui sera prédominante du CD.<br />
Ils pourront donc placer, et je n’ai guère envie de les blâmer où de débattre
avec eux sur le sujet, cet album aux côtés de certains Foreigner, Toto en
évolution et autre malencontreux Europe (que j’assimile au pire…), sans plus de
discernement.<br />
Pourtant à l’écoute de « You should be happy » j’aime à me rappeler
que c’est bien de rock qu’il s’agit ici, bien ficelé, bien envoyé et
subtilement présenté.<br />
Mais de la part d’un des membres d’un groupe tel que Journey, il n’est
nullement étonnant d’être face à de la belle ouvrage.<br />
<br />
Alors en écoutant – par hasard – cet album j’ai pu immédiatement dégager ces
œillères trop faciles à enfiler dès que ces DX7 FM sous perfusion cubase atari
surgissent et me constituer neutre afin d’aller, hors textures sonores, vers
l’essentiel musical proposé par ce chanteur au demeurant charismatique et
remarquable de post feeling.<br />
Il faut savoir se laisser prendre au jeu, parfois.<br />
<br />
---<br />
<br />
FRANK ZAPPA – « You are What You Is » - Barking Pumpking 1981.<br />
<br />
Sacré Frankie…<br />
A cette époque en début eighties le lascar sortait tellement d’albums en une
année qu’avec lui seul tu cassais la tirelire (si t’étais fan), d’autant que
bien souvent, comme ici, il envoyait du double album.<br />
Alors parmi cette débauche de sorties boulimiques et créatives, pourquoi je me
ressors celui-ci ?<br />
En fait c’est le format chanson qui, en place des longueurs improvisées, des
effets orchestraux avec ou sans cartooning, dont j’avais souvenir ici.<br />
Et puis, cet album est comme une checklist de tout ce qui se joue à l’époque en
style musical et dont Zappa fait ici un cinglant résumé, en véracité de jeu comme
en pastiche des usages de ce jeu également – du grand art quoi.<br />
Et puisqu’on évoque parodie, texte et vertus d’écriture autres que musicale du
bonhomme, ici il passe en revue, avec ce prétexte de pastiche stylistique, tout
ce que la société américaine d’alors a de plus schématique. Tout le monde passe
à la moulinette, des télévangélistes en passant par le milieu de la mode, les hippies,
bref, il se régale !... <br />
Nous avec.<br />
Alors on va se balader de reggae en country, de hard rock en doo wop, de jazz
en new wave et forcément de blues en soul, et bien sûr on va avoir quelques
chansons pop pur jus.<br />
Cette réappropriation pourra parfois agacer, énerver et on serait tenté de « zapper »,
mais au sortir si l’on souhaite s’amuser un peu et jouer le jeu on saura le
retrouver de façon inimitable dans « Theme for the 3rd Movement of
Sinister Foorwear », du pur Zappa, par exemple comme sorti de son célèbre « Shut
up… » où il a réuni en un triple album quelques solos de guitares triés
sur son volet, sans parler d’un certain « Tinseltown Rebellion »,
parallèle.<br />
Sortir de ce lot en forme de cadeau surprise tel ou tel titre c’est carrément aberrant,
mieux vaut, maintenant qu’on a plus de faces A,B,C,D à tourner, s’enchainer le
truc de a à z et se laisser faire, cet album fiche une belle et bonne humeur. <br />
Ici, ça chante donc beaucoup et chacun prend sa part, en lead, en chœur, en
talking, en sketches, en vocaliste (« You are What You Is ») ou en
voix chargées d’effets issus d’un certain « Joe’s Garage » … <br />
L’orchestre est rodé, d’une formidable aisance et doté de cette capacité à
vraiment tout savoir jouer et faire… incroyable comme chaque style musical est
complètement dedans avec ce dehors, ce recul parfait qui permet d’être capable
de tout à la fois…<br />
Le pluridisciplinaire claviériste Tommy Mars, le virtuose guitariste Steve Vai,
le caméléon batteur David Logeman, les fidèles Ray White et Ike Willis
chanteurs et guitaristes, Arhur Barrow à la basse, quelques cuivres et anches,
Ed Mann aux percussions – un listing impressionnant de petites mains actives,
subtiles, d’ouvriers et ingénieurs spécialisés sortis des grandes écoles du savoir-faire
d’études et des clubs du tout azimut musical américain.<br />
Zappa entre donc dans les années 80 avec un album qui défile comme un résumé
captivant de son art mais aussi de cette époque où les orientations musicales
ont explosé là encore, le support commercial ayant permis ce large
développement créatif.<br />
Entre chutes de studio, overdubs en collages, issus comme il en a l’habitude de
tout ce qu’il enregistre, sur scènes, à l’hôtel, en tournée, chez lui dans son
nouveau jouet home studio, compositions retrouvées ou actuelles, « You are
What You Is » m’a fait une vraie piqure de rappel zappaien.<br />
J’avais presque failli oublier à quel point ce type était tant génial qu’agaçant,
énervant tant que capable comme ici de susciter l’admiration la plus totale.<br />
Un génie quoi… <br />
Qui aujourd’hui est encore capable d’une telle maitrise, d’une telle démesure, d’une
telle surproduction suivie d’un véritable public, inconditionnel, nombreux et
véritablement « amateur » ?<br />
Incroyable touche à tout entre compositeur, orchestrateur, guitariste, chanteur,
leader … PDG d’une (de son) entreprise musicale quasi indépendante, producteur …
ce gaillard connaissait toutes, mais absolument toutes les facettes de ce que
la musique a dans son entier.<br />
Unique donc… et à remettre en platines de toute urgence.<br />
<br />
---<br />
<br />
Et bien ce sera tout pour aujourd’hui et il y a déjà de quoi faire.<br />
Avec la musique, on oublie tout le reste, ne l’oublions pas, alors plongez vous
dans ces quelques albums si ça vous dit et l’effet sera garanti.<br />
A + pour la suite.<br />
P.G<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br style="mso-special-character: line-break;" />
<!--[if !supportLineBreakNewLine]--><br style="mso-special-character: line-break;" />
<!--[endif]--><o:p></o:p></p>Pascal GEORGEShttp://www.blogger.com/profile/01916469417040396074noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-201099176728897658.post-85099399368395153062024-01-03T19:21:00.001+01:002024-01-03T19:21:59.134+01:00MEILLEURS VŒUX POUR 2024<p><br /></p><p class="MsoNormal">MEILLEURS VŒUX POUR 2024<br />
<br />
Chers lecteurs de ce blog et amis tout court et de la musique en général, je
vous adresse mes meilleurs vœux pour cette nouvelle année 2024.<br />
En résumé à chacun d’y associer les siens…<br />
Et vu 2023, je pense qu’il y aura de quoi faire.<br />
<br />
Alors, je vais me prêter au jeu rétrospectif de 2023 – pas sûr que j’y
arriverais vraiment, mais je tente.<br />
<br />
2023…<br />
<br />
Si l’on regarde autour de nous c’est quand même un sacré bordel.<br />
<br />
Je ne vais pas m’étendre sur la politique et ses sbires, car là, on franchi d’année
en année des degrés de démonstration d’absurdie (ce monde parallèle à celui d’Olivier
Rameau), d’égocentrisme, de dangerosité… <br />
De beaux parleurs en excités, on a notre dose…<br />
<br />
Les guerres… qui n’ont jamais cessé et n’en finissent pas.<br />
Cette haine, cette violence, cette intolérance de toutes parts.<br />
<br />
Notre espace de vie, cette planète qui reprend ses droits et face à laquelle l’on
ne réalise toujours pas que, petits, nous sommes, qu’infimes <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>et humbles nous aurions pu rester.<br />
<br />
La vie… la nôtre… qui accumule les difficultés de tous ordres, dettes, « pouvoir »
d’achat, tribulations administratives de plus en plus imposantes…<br />
<br />
…<br />
<br />
Alors 2023 ?... comme 2022… et les autres avant, on plie le chapitre et on
espère du mieux, globalement.<br />
<br />
Pourtant 2023 de mon côté c’est, sans s’étendre et pour en rester à peu près à
la musique…<br />
Un trio avec des amis (Vincent Minier contrebasse et Eric Berger batterie) qui
se sont investis dans le projet suivant mon album solo dédié à la musique de
Faton Cahen (<a href="https://www.youtube.com/playlist?list=PLe8U95Rb1_EWNUTKZEj-oFQNISyQrLCM-">(39)
PG TRIO joue François "Faton" CAHEN - YouTube</a>), des concerts, une
émission de radio (<a href="https://www.cigaloun.fr/episode/pg-trio-joue-francois-faton-cahen">PG
Trio joue François « Faton » Cahen – Radio Cigaloun</a>)… bref un
projet qui vit malgré l’habituelle réticence des programmateurs à laisser
entrer chez eux autre chose que leurs sphères en zone de confort avec labels à
l’appui.<br />
Un groupe de jazz fusion qui décolle et là encore se produit, « Story Of »
(<a href="https://www.youtube.com/@strory-of-jazz-quintet/videos">(58) STORY OF
Jazz Quintet - YouTube</a>). Se lançant cette année dans un « tribute to
Sade » avec déjà quelques beaux concerts en perspective.<br />
C’est aussi deux duos,<br />
dont Naïma (<a href="https://soundcloud.com/user-411376616">NAIMA | Écoute
gratuite sur SoundCloud</a>) qui a été créé en 2003… et qui continue son chemin
forcément amical avec mon ami Jean Marc Eyraud aux guitares – un été chargé de
prestations, de partage musical et de titres dont le listing dépasse l’entendement
mais qui permet à chaque fois cette fraicheur qui manque tant aux formations
existant depuis des lustres<br />
et Jessika and The Rabbit (<a href="https://soundcloud.com/jessicaandrabbit-83">Stream
JESSIKA AND THE RABBIT music | Listen to songs, albums, playlists for free on
SoundCloud</a>) avec Bérangère Carrion au chant, pour du jazz mais pas que.<br />
<br />
Puis 2023 c’est ce truc nouveau pour moi qu’on appelle la retraite, vous savez
ce moment dont on rêve, pour lequel on manifeste, pour lequel on fait débat et
que j’ai bien fait de prendre…<br />
Oh pas pour la rupture avec l’enseignement (quoique…), mais surtout là encore
avec ce poids d’une administration chronophage qui m’aura fait oublier combien
peut être merveilleux ce métier de partage de ce que l’on aime avec qui plus
est cette chance de l’enseigner.<br />
L’établissement d’enseignement artistique est devenu un espace régenté par des
administratifs protocolaires absolument déphasés avec l’idée d’artistique, de
créatif, d’instantané, et simplement d’envie… <br />
Un calibrage méthodique en place d’une écoute de l’élève, un fatras de
paperasserie et emails justifiant là aussi l’absurdité et freinant la
motivation, le projet, l’envie…<br />
Bref, rien de tout cela ne me manque, juste le partage, dans l’espace dit « classe »,
avec les élèves en devenir. <br />
<br />
En 2023 j’ai aussi réussi, de fait, à tenir un peu plus régulièrement le blog
ici présent.<br />
La blogosphère musicale qui, elle aussi, est en panne sèche, même si quelques
semblants d’initiatives afin qu’elle vive un tantinet restent parfois (j’insiste
sur ce mot) louables.<br />
Mais tout cela, comme moi, est et reste bien vieillissant… <br />
Instagram et même TikTok s’imposent en mode flash, en instantané, alors, qui
lit vraiment aujourd’hui et surtout, parfois, qui a envie de lire des propos systématiquement
critiques en mode négatif, des enfermements récurrents et antiques, des schématiques
en brossage superficiel car non aptes à… être à la hauteur des sujets.<br />
Bref, le mode blog s’essouffle ou se meurt.<br />
Tout ne dure qu’un temps, mais comme pour le disque vinyle ou même la K7… il y
aura toujours un regain d’intérêt… alors qui sait, un jour ici la poignée de
formidables suiveurs que vous êtes et je vous en remercie deviendra,
miraculeusement, petit public et sans pour autant viser la foule, au moins le
partage que je tente de faire au mieux, portera plus largement ses fruits.<br />
<br />
---<br />
<br />
En 2023…<br />
Mon compositeur de jazz préféré, Wayne Shorter, est parti rejoindre ses
mentors, là-haut dans un espace que déjà il visionnait dans ses rêves musicaux,
ce paradis intemporel.<br />
Si vous désirez en savoir plus sur sa carrière, sa philosophie mais aussi sa
vie, une série en trois épisodes parle de lui et de son art, sur Amazon Prime. <br />
Juste à ses côtes a disparu David Lindley, rien à voir dirons-nous… oui mais,
David Lindley, lui, faisait instantanément sourire, il transmettait la joie, le
bonheur par la musique.<br />
Et puis j’ai été touché par le départ de Tony Bennett, mon petit papy crooner
favori, celui avec qui le mot jazz sonne comme un acte délicat, romantique,
précieux et savoureux.<br />
Jane B a eu, elle aussi le temps de quelques-unes de mes fugaces pensées, difficiles
à séparer de Serge, alors c’est resté tel quel, donc fugace.<br />
Par contre Jeff Beck, tout comme David Crosby, qui ont marqué par leur musique,
leur jeu, leurs identités respectives ma génération, ne sont pas passés de
façon fugace dans l’actualité nécrologique de l’année décidément chargée dans
le genre. <br />
Curieusement j’avais entamé, à cheval entre 2022 et 2023 un « autour du
Lighthouse Band » qui accompagnait David Crosby et…<br />
<br />
En 2023, j’ai pas mal parlé de musique classique.<br />
Je crois bien qu’avec l’âge mais aussi les heures à jouer pop, jazz, funk… la porte
de sortie vers cet ailleurs où tout est grand, beau, pensée, esprit et âme,
émotion et richesse sonore m’est nécessaire…<br />
Alors sans distinction, de Mahler à Haydn (dont je vous recommande vivement les
albums qui vont s’échelonner sur le thème Haydn 2032, par Giovanni Antonini et
Il Giardino Armonico, déclinant toute son oeuvre), de Haendel à Mozart, de Bach
à Rachmaninov, mais aussi avec enfin sur le « marché » de l’écoute,
ces femmes compositrices, le classique remplit largement ma vie audiophile.<br />
En 2023, j’ai opté définitivement pour le streaming via Qobuz, cette plateforme
qui propose une orientation différente me semble-t-il. <br />
Des articles, des livrets, un son HD…<br />
Tiens, ils viennent de m’envoyer mon box-office d’écoutes de l’année… <br />
C’est toujours intéressant de savoir vers qui l’on penche régulièrement.<br />
Eno, Harold Budd, Keith Jarrett, Tony Bennett et Bill Charlap y figurent en
pole position…<br />
Avec le dernier Lukather, Jeff Lorber mais aussi le music for installations de
Eno (encore) et bien entendu mon album solo dédié à Faton dont j’ai détaillé
tous les recoins du mixage final sur les plateformes.<br />
Il est vrai que l’album de Eno fait partie avec le classique de ce que j’écoute
le plus régulièrement dont le titre « i Dormienti », juste fabuleux
et qui m’apparait comme un mystère.<br />
<br />
En 2023, j’ai n’ai bien sûr pu éviter le jazz, m’aidant pour cela de,
justement, Instagram et des profils de certains disquaires ou collectionneurs
du monde entier mettant en avant des albums oubliés, des pépites rares et
merveilleuses… <br />
Free, fusion, classic…<br />
Le côté lumineux du réseau social.<br />
Et puis il y a eu ces échanges avec ces compil’s à thématiques, révélatrices
parfois et faisant débats, là aussi… <br />
Je me suis également amusé à chercher du côté des labels, quelques disques
emblématiques, oubliés, curiosités… certains estampillés par le « son »
d’une époque.<br />
<br />
La nouvelle rubrique « à eux la parole » a été suivie de lectures,
Eloïse poursuit son bonhomme de chemin artistique (Olympia en Novembre…), a
sorti son nouveau single (« Je t’abîme ») – bref, dans la lignée de
ses propos ici.<br />
D’autres jeunes artistes seront à l’honneur ici, le plus dur sera de caler le
temps des interviews et d’installer un rendez vous blog, mais aussi dans leur
emploi du temps pour que ce soit aussi retrouvaille et convivialité.<br />
<br />
---<br />
<br />
Alors 2023 se referme et 2024 s’ouvre avec des perspectives que l’on voudra(it)
plus enchanteresses. <br />
Heureusement, ici l’on parle principalement de musiques, avec le moins d’œillères
possibles si tant est que cela puisse être et l’on continuera à le faire si
tant est que le temps et l’envie me le permettent.<br />
En tout cas, merci à vous de suivre ici ces partages musicaux, d’en débattre
parfois, ce, pas forcément en commentaires publics mais aussi par email
personnels, ce qui augmente le sens de cet espace blog créé il y a bien
longtemps… sur un<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>coup de tête, une
envie, un pourquoi pas et devenu tant habitude qu’addictif.<br />
<br />
Bonne et heureuse année, en musique(s), chers amis lecteurs et mélomanes
curieux.<br />
Bien à vous.<br />
P.G. <br />
<br />
<br />
<br style="mso-special-character: line-break;" />
<!--[if !supportLineBreakNewLine]--><br style="mso-special-character: line-break;" />
<!--[endif]--><o:p></o:p></p>Pascal GEORGEShttp://www.blogger.com/profile/01916469417040396074noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-201099176728897658.post-81930993080065427672023-12-15T19:51:00.001+01:002023-12-15T19:51:54.964+01:00HAYDN – MOZART, Symphonies / Neville Marriner, Academy of St Martin in The Fields.<p>HAYDN – MOZART, Symphonies / Neville Marriner, Academy of St
Martin in The Fields.</p><p class="MsoNormal">
<br />
L’admiration entre eux était réciproque, Haydn était l’ami et le soutien indéfectible
de Mozart, Mozart admirait Haydn, lui écrivait et lui confiait ses avancées
artistiques, le questionnait…<br />
Haydn a « calibré » la symphonie classique et a pourtant annoté au
côtés des n° des titres évocateurs (« militaire », « la surprise »,
« le matin », « le midi », « le soir », « Oxford », « London »,
« le philosophe » …).</p><p class="MsoNormal">
Plus généralement les symphonies de Mozart sont regroupées par lieux, lieux où
il séjournait et où il les a composé.<br />
Mozart a composé 41 symphonies, Haydn 104, classée A et B…<br />
Qu’importe.<br />
<br />
Les interprétations de ces œuvres, symphoniques donc, sont innombrables, diverses
et variées.<br />
En vision, en expression, en approche de mise en valeur des pupitres, en
tempos, parfois, en énergie aussi et bien entendu en effectif, rendant
certaines « trop » romantiques, rendant d’autres « trop »
baroques… Juste milieu classique certainement à trouver et aujourd’hui on est
également en train avec des compositeurs tels que Carl Phillip Emmanuel Bach de
réaliser enfin qu’entre baroque et classique il y a eu une phase transitoire
importante à prendre en considération.<br />
<br />
Walter, Böhm, Karajan, Harnoncourt, Abbado et tant d’autres « grands »,
y compris bien entendu Bernstein…<br />
Puis arrive Neville Marriner et son Academy of St Martin in The Fields, pas
franchement inconnu, mais pas non plus sur le devant de la scène encore bien
occupée par allemands, italiens, américains et quelques anglais dont il fait
partie. <br />
Des Anglais qui vont, avec le jeu baroque sur instruments anciens (Christopher
Hogwood, Trevor Pinnock, Gardiner puis Christie) apporter une fraicheur et
faire ainsi découvrir un son, un répertoire en le débarrassant de faux usages et le revigorant par une étude méticuleuse d’un jeu historique, au départ
musicologique, cherchant une vérité sonore représentative de l’époque de ces œuvres.<br />
Et l’image « classique » dans tout ça ?<br />
Est-ce sa collaboration avec Forman pour un « Amadeus » qui remit
Mozart en compositeur star qui fit de Neville Marriner quelque part le
dépositaire d’une vision de l’interprétation mozartienne ? Il y a fort à
penser que ce coup de projecteur médiatique a effectivement révélé ce travail,
cette intention, ce souci de donner à Mozart une texture plus réaliste, moins
ampoulée, qui laisserait parler la musique d’elle-même, juste par son texte installant
cette élégance, cette galanterie, ce sentimentalisme suggéré, ce drame exprimé,
cet esprit de révolte à deviner, cette indépendance encore presque impossible à
imaginer…<br />
Musique/image …<br />
On aura beaucoup critiqué l’image véhiculée par le « Amadeus » de
Forman, présentant Mozart comme un rocker d’antan accro à de nombreuses
addictions, capable des pires excès, fantaisiste et gamin devant l’éternel et
conspué par la profession, jalouse de son indiscutable génie, génie qui avait
peine à être apprécié à sa juste valeur, peine à être rétribué pour vivre.
Mozart sous le joug paternel, présenté comme un artiste en proie à de nombreux
doutes, devient très vite sous les traits présentés par « Amadeus »
un être obligatoirement attachant, puéril mais d’une incroyable maturité –
bref, l’archétype de l’artiste souvent emprisonné dans la tourmente, celle des
autres, mais également la sienne avec ses divergences, questionnements, affres
personnelles.<br />
De Haydn nul effet de projecteur médiatique ne s’est éclairé jusqu’à nous.<br />
Sa rébellion musicale envers son mécène et employeur est un des rares faits représentatifs
de sa personne. On préfère lui attribuer - du fait de son attachement et
quelque part travail à mettre la symphonie en forme, forme qu’il respectera
quasi généralement à la lettre – une image assez sévère, entendons là, celle d’un
savant de la musique, une sorte de « professeur » qui a cadré les
choses, mis de l’ordre dans un lâcher artistique et créatif afin d’installer de
nouvelles directions.<br />
Haydn, Josef de son second prénom, a également permis - en nettoyant l’écriture
généralement horizontale contrapuntique pour une écriture verticale plus
simple, plus lisible, où la mélodie règne, simplement accompagnée par un
cheminement harmonique et quelques contre chants - de mettre la musique à la
portée de tous, d’une façon auditivement pédagogique.<br />
Une façon qui aujourd’hui régit l’ensemble de la musique dite tonale, pop, donc
populaire si l’on veut bien aller jusqu’à nos jours, car, cette approche claire
et qui permet quasiment de « deviner » où l’on va, par le biais de
rapports harmoniques où la "tension" amène d’emblée vers une évidence auditive est
encore largement usuelle aujourd’hui, tous styles confondus.<br />
<br />
Mettre Haydn et Mozart côte à côte se révèle une formidable plongée.<br />
Ils semblent avoir une certaine proximité stylistique, même si l’ont peut avec
aisance les distinguer.<br />
Pour ce faire je me suis fait le plaisir d’écouter l’intégrale de leurs
symphonies par ce chef et son orchestre qui m’apparaissent encore aujourd’hui
comme véritablement représentatifs de cet esprit d’interprétation « classique »
au même titre que d’autres peuvent être référents d’un axe baroque, romantique
ou bien sûr d’école française ou de Vienne, et contemporaine.<br />
L’avantage que propose également Neville Marriner c’est que ces deux compositeurs
et en particulier leurs symphonies, on peut les faire défiler en coffrets d’intégrales.<br />
Il suffit alors en ordre ou désordre - préférant, pour ma part, le désordre
chronologique afin de ne pas me laisser m’embarquer dans une quelconque idée d’analyse
d’évolution de style d’écriture qui ( me connaissant) parasiterait directement
le plaisir de cette simple plongée - d’appuyer sur start et de savourer.<br />
Oui, de savourer, de se laisser emporter par cette écriture de l’un comme de l’autre,
d’une infinie précision, délicatesse, nuancée, équilibrée, détaillée, concise
et jamais, au grand jamais « d’école », mais toujours inspirée,
attachante, chantante, prenante et chargée d’agrément.<br />
Jeu de timbres, contrastes émanant du clair-obscur, inflexions rythmiques,
dialogues de pupitres, tuttis, caractère, lignes mélodiques caractérisées et
jamais noyées, effets syncopés, accents toniques, développements imagés, effet
pastoral garanti, drame de soupirants et soupirantes de cours en courtisans et
courtisanes, menuets de caractère, appuyés et de circonstances, cors lointains,
flûtes diaphanes, cordes somptueuses, bois luxuriants… <br />
Tout cela et bien d’autres choses sentimentales, sensitives, humaines et
humanistes transparaissent là, à l’écoute de ces monuments musicaux qui se
placent sans rivaliser, sur l’échelle de la perfection faite musique, s’il en
était une.<br />
Le liant, l’unité, le lien étant ce chef devenu spécialiste du genre et cet
orchestre, cette académie musicale également tributaires de cette texture, de
ce « son », de cette (em)prise musicale et sensorielle.<br />
<br />
Je passe ma semaine avec Haydn, Mozart, Neville Marriner et son Academy of St Martin
in the Fields et ces symphonies incomparables.<br />
Une semaine suffira-t-elle ?<br />
<br style="mso-special-character: line-break;" />
<!--[if !supportLineBreakNewLine]--><br style="mso-special-character: line-break;" />
<!--[endif]--><o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal"><o:p> </o:p></p>Pascal GEORGEShttp://www.blogger.com/profile/01916469417040396074noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-201099176728897658.post-78673931911459043142023-12-11T18:41:00.000+01:002023-12-11T18:41:22.903+01:00DU JAZZ … Quel que soit l’étage…<p> </p><p class="MsoNormal">DU JAZZ … Quel que soit l’étage…<br />
<br />
Et c’est reparti pour une plongée bénéfique dans le rayon jazz.<br />
Il y aura de tout, avec quelques détours, quelques curiosités du style
« ah, tiens ! il a fait ça ? ».<br />
Epoque, son, mode, style, ouverture, allez tout va y passer.<o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal">---<br />
<br />
SONNY ROLLINS « The Way I Feel » - Milestone 1976.<br />
Patrice Rushen – Keys, Billy Cobham – Drums, Alex Blake or Charles Mills –
Bass, Bill Summers – Percussions, Lee Ritenour – Guitars, & Brass Section.<br />
<br />
Versatile Sonny Rollins, je commencerais par lui, l’aventure Rolling Stones « Tatoo
You » m’ayant fait me replonger dans sa carrière.<br />
Nous voici en pleine période (1976) où le jazz sous la houlette de Miles a pris
un tournant diaboliquement électrique. Chacun va donc partir vers ces contrées,
abandonnant peu à peu le swing pour aborder avec hésitation ou carrément les
rythmiques binaires portées par les instruments fétiches du rock (guitares
électriques, basses électriques, batteries envahissantes, pianos électriques
Fender…). <br />
Tous n’adhèrent pas de plein pied au jazz-rock, mais nombre s’en approchent,
fusionnent, funkysent, « rockent », « popent », parfois.<br />
<br />
Avec « The Way I Feel » Sonny Rollins embarque avec lui la crème des
musiciens de la mouvance fusionnante, Billy Cobham en tête avec le jeune et déjà
grandiose Lee Ritenour et la claviériste Patrice Rushen. Les requins de studio
du genre, à l’aise dans tous les domaines estampillés « jazz », sollicités
dans le rock calif et autres sessions disco, funk et j’en passe.<br />
Même s’il faut un petit temps pour appréhender Sonny Rollins dans ce contexte
foisonnant où Cobham ne s’en laisse, comme d’habitude, pas conter, menant en
pleine puissance (ce qui semble parfaitement convenir au leader) l’ensemble des
titres, ce même dans les balades – cet album, une fois installé, fera son
effet. <br />
La « qualité » du jeu de ce groupe de studio qui trempe dans le style
« actuel » de ces métissages de genres usuels en ces seventies (mais
cela n’est pas spécifique à cette époque semble-t-il, puisque, finalement, le
jazz aime toujours s’élargir) n’est pas pour rien à ce que dégage l’album.<br />
Sonny Rollins finalement joue comme à son accoutumée, avec ce « gros
son » de colosse du sax ténor qui le caractérise, ample, généreux, lyrique
et dense, fiévreux et bluesy (« Shout it Out » et sa section de
cuivres d’une remarquable écriture)…<br />
Alors chaque mélodie, qu’elle soit empreinte d’une certaine candeur presque
mièvre ou qu’elle émane d’un sentiment pop se pare de ses plus beaux atours, interprétée
par un leader qui lui donne toute sa verve, son charisme sonore pour ensuite l’emmener
vers l’infini par son incommensurable savoir-faire d’improvisateur.<br />
Adhérer au propos se fait donc aisément car ici, même si Sonny flirte
allègrement avec ses voisins musicaux « à la mode », le partage qu’il
en fait et l’enrobage orchestral propulsé par le groupe quasi jovial voir
juvénile ne peut qu’enthousiasmer.<br />
<br />
---<br />
<br />
MICHAEL CARVIN EXPERIENCE « Flash Forward » - Motema 2014<br />
Jansen Cinco – Bass, YaYoi Ikawa – Piano, Keith Loftis – Saxophone, Michael
Carvin – Drums.<br /><br />
Michael Carvin est un batteur au CV impressionnant.<br />
Il a joué avec à peu près tout ce que le jazz dit moderne a de pointures (Mc
CoyTyner, Jimmy Smith, Pharoah Sanders, Alice Coltrane, Cecil Taylor… et
tellement d’autres).<br />
<br />
Ce que j’aime ici c’est d’emblée l’engagement et attaquer par « So
What » semble presque tellement « usuel », mais…. voilà … ces
inconnus qui l’entourent, illustres pour tous d’ailleurs, ne laissent aucune
hésitation à l’idée de les suivre.<br />
Alors on y va, et c’est un peu comme si on se retrouvait là, embarqué dans un
club par curiosité, amitié, envie de sortie, histoire d’être entre potes et de
boire un verre et que soudain le pouvoir de la musique dégomme tout. <br />
On est alors hypnotisé, attiré, envahi de musique et plus rien, strictement
plus rien n’existe que cette pugnacité trempée dans l’énergie la plus saine et
régénératrice.<br />
Monk, Miles, Dizz (la version de « Night in Tunisia » jouée dans
le cadre qui était devenu commun à Gillespie est ici totalement décapante)… et
finalement peu importe qui va « y passer » … en tout cas leurs noms,
standards, titres emblématiques et autres figurent ici dans un festival de
volontarisme jazz qui n’incite à aucune équivoque.<br />
Parler ici des solistes semble totalement surfait et inutile tant l’évidence du
niveau de ceux-ci est indiscutable - en commençant par le leader qui chez Monk,
ou encore Dizz offre des solo de batterie expédiés avec une telle véracité
qu’on renoue directement avec l’adage du « solo de batterie ».<br />
D’ailleurs, le « drive » de Michael Carvin, au cœur de tout cela est,
pour conclure, l’axe fédérateur qui emporte tout.<br />
Enorme…<br />
Jouissif…<br />
Magnifique…<br />
<br />
--- <br />
<br />
TSUYOSHI YAMAMOTO TRIO « A Shade of Blue » - 2023 Evolution Media.<br />
Hiroshi Kagawa – Bass, Toshio Osumi – Drums, Tsuyoshi Yamamoto – Piano.<br />
<br />
A l’âge de 75 ans, le pianiste japonais, qui a joué avec nombre de grands tels
Dizzy Gillespie, Carmen McRae, Billy Higgins, Elvin Jones ou encore Sonny Stitt
– un CV plutôt d’emblée engageant – sort un nouvel album en formule trio.<br />
Rien de bien moderne ou encore novateur dans le jeu trempé d’un style old
school (Garland, Kelly, Garner…) du pianiste ici remarquablement soutenu par
une section précieuse et pointilliste, au service du leader.<br />
Aussi ne boudons pas le plaisir que cet album procure de bout en bout.<br />
Le « sujet » du standard est magnifié et parfaitement
« rodé » par le pianiste qui est le résident emblématique du club
« Misty », à Tokyo depuis … 1974.<br />
Chaque intro du pianiste est un petit bijou, en soi, chacun de ses solos chante
avec aisance et délicatesse (le solo bluesy formidablement stylé
« Midnight Sugar »), chaque thème est exposé sobrement avec une
clarté et l’ensemble coule avec une limpidité rare.<br />
Hiroshi Kagawa peut sortir l’archet, booster par un walking précis à pâlir, il
colle au piano, avec une justesse enthousiasmante.<br />
Toshio Osumi soutient l’édifice délicat avec brio et finesse. Que ce soit aux
balais, puis baguettes (« Girl Talk » dont la version aux paroles
françaises par Nougaro nous a fait malheureusement oublier la réelle et
véritable poésie musicale du morceau), son jeu en retenue tant de nuance qu’au
fond du temps apparait comme idéal pour cette forme trio.<br />
« A Shade of Blue » s’écoute « avec le son » (et quelle
prise de son), pour la passion du jazz mais il peut également être idéal pour,
justement, apporter cette touche spécifique jazz qui en toile de fond permettra
d’envelopper de jazz – comme au piano bar – les bons moments de la vie.<br />
Savoureux serait le bon terme, je crois.<br />
<br />
---<br />
<br />
CORNELL DUPREE « Teasin’ » - Atlantic 1974.<br />
Richard Tee – Keys, Chuck Rainey – Bass, Bernard Purdie – Drums, Ralph Mc
Donald – Percussions, George Stubbs, Paul Griffin – Piano & Horns :
Jon Faddis, Joe Newman, Garnett Brown, Joe Farrell, David Newman, Seldon
Powell…<br />
Cornell Dupree - Guitars, Sitar ;<br />
<br />
Allez, un peu de blues, de groove, de funk et de rythm’n’blues.<br />
Cornell Dupree, guitariste émérite du groupe Stuff est décédé le 18 mai… peu en
auront parlé, y compris ma pomme…<br />
On s’informe et on lit que le lascar a participé en sessions à environ 2500
albums !<br />
Découvert par King Curtis, alternant avec un certain Jimi Hendrix encore
inconnu, faisant l’ouverture d’un concert des Beatles en 65, Uncle Funky tel
qu’on le surnommait a prêté son talent et sa sonorité de guitare si
reconnaissable à tant d’artistes que la liste ressemble à ce que serait la
discothèque idéale…<br />
<br />
« Teasin » s’emballe direct avec le titre éponyme, funky à souhait,
embringué dans des clavinets groovy propulsés par l’ami Richard Tee (pour les
fans de ce pianiste dont je suis, cet album est un bonheur) puis le blues à
l’hammond en toile de fond churchy et aux cuivres souples et larges prend vite
sa place avec « Blue Nocturne ».<br />
« Jamaican Lady » n’oublie pas qu’un bon riff peut également servir
de ligne générale.<br />
« Feel All Right » est juste ce qu’il faut de très bon blues shuffle
avec une section cuivres que tout le monde rêverait d’avoir chez soi.<br />
« How long will it Last ? » ferait bonne impression dans une B.O
pour un film de Clint, en mode jovial.<br />
« What Would I Do Without You » nous rappelle que le blues et ses
sujets amoureux… même quand c’est instrumental… BB autre King n’est pas loin.<br />
« Okie Dokie Stomp » est presque traumatisant d’aisance et tellement
roots…<br />
« Plain Ol’ Blues » achève dignement ce micro voyage en pièces de
puzzle résumant rapidement, en fait, ce que peut représenter le mot et le jeu « blues »
en 1974. <br />
Copié mais resté inimitable, Cornell Dupree, dont on sait maintenant
reconnaitre le son si particulier (avec ce vibrato chantant si proche de celui
de BB mais pourtant – malgré tout – si différent) est une légende, un emblème
de ce blues qui jamais ne nous quitte et qui reste le langage le plus commun et
prisé de tout musicien. <br />
<br />
---<br />
<br />
DEXTER GORDON QUARTET « Manhattan Symphonie » - Columbia 1978.<br />
George Cables – Piano, Rufus Reid – Bass, Eddie Gladden – Drums.<o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal">Rien de tel qu’un bon Dexter pour remettre les pendules du
jazz à une certaine heure, celle d’un minuit autour duquel, avec Tavernier, il
a montré la facette d’acteur missionnaire du sujet et plongé ainsi nombre de
personnes dans la vérité artistique du musicien (de jazz).<br />
1978… <br />
Certains, comme Sonny, précédemment cité, dans les seventies vont s’émanciper,
chercher une nouvelle direction, électrique.<br />
Dexter, lui, poursuit son bonhomme de chemin, purement jazz, que forcément les
puristes n’ont de cesse d’apprécier et de revendiquer.<br />
Nombre se seront arrêtés au Dexter « made in Blue Note » avec sa
pléthore d’albums hard bop tous aussi légendaires les uns que les autres et
cela suffirait presque, en soi…<br />
Pourtant Dexter n’a cessé d’enregistrer, suivant ce tracé, sorte de dernier
survivant de cet idiôme au verbe chaleureux, forcément bluesy, riche
d’émotions, de ferveur, d’une certaine foi, même.<br />
Le quartet qui officie ici est constitué des « réguliers » qui
l’accompagnent et l’osmose entre eux est évidente. <br />
Dire que ça swingue est peu, chez Dexter ce mot est comme son ADN, directement
branché sur lui.<br />
On ouvre le Real Book des standards et directement on va mettre cet album parmi
ceux qu’il faut écouter pour bien les entendre, comprendre, lire et jouer,
Dexter c’est le savoir-faire absolu du genre et ici on est heureux d’en écouter
plusieurs de ces standards qui ne sont pas spécialement fréquemment joués.<br />
« Moment’s notice », entre latin-rythm et pur swing va mettre Rufus
Reid en évidence avec un solo superbe suivi par une courte série de 4-4 (moment
où la batterie dialogue en solo toutes les quatre mesures de la grille avec
d’autres solistes) envoyé mais pesée. Et quelle douce coda…<br />
Cables est un somptueux pianiste et fait miracle dans ce contexte
(« Tanya » sur base blues, de D. Byrd, très coltranien), enrichissant
le jeu de Dexter, funambule en équilibre autour de la rythmique.<br />
Dans cet album, Dexter nous offre une longue et merveilleuse version de
« Body and Soul » qui à elle seule vaut le détour par cette « Manhattan
Symphonie » tant il remet le couvert sur ce thème avec une verve démesurée,
le revisitant même jusqu’à son intitulé et son tempo ici médium.<br />
Et puis, il y a le doucereux « Ruby, My Dear » de Monk, posé là, sur
cette ligne d’horizon tel l’objet merveilleux d’une rare collection.<br />
Oui, avec Dexter, le jazz est toujours à l’heure, au rendez-vous, présenté avec
une classe presque indécente par l’un de ses plus magnifiques représentants.
Alors, charmé, j’achète.<br />
<br />
---<br />
<br />
MICHEL GRAILLIER « Agartha » - 1970.<br />
Alby Cullaz – Bass, Bernard Lubat – Batterie, Michel Graillier – Piano.<br />
<br />
On oublie trop vite nos aficionados français du jazz, pourtant…<br />
Michel Graillier (Magma, mais aussi accompagnateur de Chet Baker pendant 10
ans, a joué avec la plupart des artistes référents du jazz français – Jeanneau,
Levallet, Escoudé, Le Lann, Thollot, P.Catherine…, mais aussi de la chanson –
Eddy, Maxime, E.Caumont… sans parler des américains de passage en France qu’il
a régulièrement accompagné, comme Steve Grossman…) sort en 1970, son premier
album.<br />
Il a à ses côtés deux partenaires qui eux aussi feront date et carrière et
que l’on va retrouver dans tout ce que la scène jazz française ou de chanson a
de meilleur.<br />
« Agartha » est un album où la musique coule comme de la poésie,
comme ce langage aux mots soignés, évocateurs, mis en rimes sur organisation
savante.<br />
Sentiments, paysages, images, évocations… sont installés en traits limpides, en
mélodieuses phrases, en touches essaimées, en petites intentions et inflexions.<br />
Un style bien caractéristique, à la française, même si le jeu d’influences
logiques pourrait venir interagir.<br />
Lubat est d’une rare sobriété (de sa part… ce, même en soliste –
« Ankh »), Cullaz se situe en point central et positionne l’édifice. <br />
Michel Graillier est décédé en 2003.<br />
Il fait partie du paysage musical français et en solo comme accompagnateur il
fait bon le retrouver de temps à autre afin… de ne jamais l’oublier.<br />
<br />
---<br />
<br />
MALACHI THOMPSON « Spirit » - Delmark 1983<br />
Carter Jefferson – Tenor Saxophone, Albert Dailey – Piano, James King – Bass,
Nasar Abadey – Drums, Randy Abbott – Congas, Arnae Burton vocals on « Back
To The One », Leon Thomas vocals on « No More Hard Times ».<br />
<br />
D’emblée, ce son, archétype quelque part de cette image sonore d’un certain
jazz dit moderne.<br />
Cette sensation que tous sont là, sur la scène, directement liés à nous.<br />
<br />
Malachi Thompson (1946, 2006), a participé à de nombreuses aventures musicales
audacieuses, mis son jeu de trompette perçant et nerveux au profit de nombre d’artistes
renommés.<br />
Avec Joe Henderson, Jackie McLean, Frank Foster, Archie Shepp…<br />
Personnellement je l’avais mis en mémoire pour son travail aux côtés de Lester
Bowie, cet autre défricheur d’usages, briseur de la chose commune et co-fondateur
de l’Art Ensemble of Chicago.<br />
Chicago où Malachi fit ses débuts sur la scène des big bands et autres
formations de blues et rythm’n’blues.<br />
Ces racines, on les perçoit aisément ici, dans cet album « Spirit »,
qui prend directement la route sinueuse de ce langage post hard bop teinté
systématiquement de blues où l’on joue à fond la caisse, en urgence, avec une
certaine hargne, une sorte de volonté d’en découdre, d’affirmer son
appartenance, son identité, sa ténacité créatrice.<br />
La mise en forme et en place ne laisse rien au hasard et tout est ciblé,
calibré pour que cette énergie transpire.<br />
Les arrangements des thèmes sont taillés à la mesure de cette volonté d’immédiateté.<br />
Chaque soliste expédie avec brio son solo, sa transe, puisant dans la
multiplicité des langages et flirtant souvent avec la new thing. Dans ce
contexte véloce et impérieux le jeu du pianiste Albert Dailey impressionne et
la rythmique foisonne comme le serait une végétation libre telle une jungle
(urbaine) où il faut que chacun trouve sa voie et se fraye un passage.<br />
Sept titres dont cinq composés par le leader et deux standards dont le
majestueux « I Remember Clifford » de Benny Golson (joué sans piano,
sans harmonie de repère et épuré ainsi à l’extrême) et « Dearly Beloved »
de John Coltrane envoyé, comme le reste, dans cette urgence de session
renchérie par la présence affirmée et non anecdotique des congas de Randy
Abbott.<br />
Engagé et sans équivoque.<br />
<br />
---<br />
<br />
DON PULLEN & DON MOYE « Milano Strut » - Black Saint 1979.<br />
Don Pullen – Piano, Don Moye – Drums.<br />
<br />
Du free, en voilà et avec d’emblée cette « Conversation » il va
falloir s’accrocher et oser adhérer à cette fureur-furie, agressivité
énergique, puissance dérangeante inhabituelle, audace engagée et affirmée.<br />
Don Pullen j’ai eu ma phase d’écoute régulière quand il a joué avec George
Adams ou aux côtés de Charles Mingus. Un pianiste hors normes, un excellent
organiste également comme l’atteste le titre « Milano Strut », nourri
à tout ce que la musique afro américaine a de racines (gospel, blues, rythm’n’blues,
jazz), il est représentatif d’une forme de liberté sous contrôle d’une tradition
qui reste ancrée en lui.<br />
Capable de la brillance mélodique, de l’expérimentation du son du piano comme
du jeu free le plus rythmique et débridé, il reste une sorte de légende, un cas
à part, inclassable.<br />
Ici il dialogue avec Don Moye, l’inventif batteur de l’Art Ensemble of Chicago
et la captation de ces échanges immédiats, virulents parfois… est plutôt
représentative de cette forme de libre improvisation qui va succéder plus
généralement au free jazz qui lui, s’inscrit dans la continuité d’une histoire
du jazz et de ses racines évolutives.<br />
Ici le dialogue entre les deux amis circule dans tous les sens qu’ils soient
musicaux ou inventifs.<br />
« Milano Strut » finalement très « classique » et funky
brise l’axe semblant délibérément pris dès le départ, axe provocateur, axe
mettant l’auditeur face à lui-même et le forçant certainement à être en
capacité d’oser aller plus loin et ne pas regretter son achat de l’album barré
très libre. <br />
Un axe quasi pédagogique, obligeant à accepter, à mieux comprendre pour adopter
ce que le terme de jazz peut aussi englober.<br />
Cet album se mérite donc et il se vit comme une aventure, un sport extrême, une
sensation unique, inhabituelle et parfois tant intrigante que dérangeante. <br />
Une aventure dans des contrées que l’on explore que trop peu, mais il faut
savoir parfois, s’aventurer et nos deux guides connaissent parfaitement le
sentier.<br />
<br />
---<br />
<br />
MAKOTO OZONE « After » - Columbia 1986.<br />
Bill Pierce – Tenor and Soprano Saxophones, Eddie Gomez – Bass, Tommy Campbell –
Drums, Makoto Ozone – Piano.<br />
<br />
J’avais découvert ce pianiste il y a fort longtemps aux côtés de Gary Burton
avec lequel il a enregistré une poignée d’albums absolument merveilleux. Puis j’ai
usé son « Ozone » en duo avec Eddie Gomez qui est ici comme toujours
le roc solide et volubile qu’on connait bien.<br />
Tommy Campbell, je l’ai adulé chez Kevin Eubanks et Bill Pierce avec John
Williams…<br />
Donc là, avec un tel quartet je suis en terrain quasi connu, regroupant sous les
compositions du leader ces personnalités imposantes et représentatives, chacun
en son domaine et instrument.<br />
Bill Pierce est un interprète de l’écriture quasi chambriste du jazz et les
compositions soignées de Makoto Ozone correspondent à merveille à sa « lecture »
musicale.<br />
Tommy Campbell est un jongleur-batteur, positionné dans un jazz fusion et dans
un jazz d’écriture, le trouver là aux côtés de l’immense Eddie Gomez, serviteur
du jazz depuis des décennies est pur plaisir.<br />
Le jeu véloce et incisivement romantique de Makoto, souvent comparé et
comparable à celui de Chick Corea (ainsi que ses compositions) est ici magnifié
par la présence de ce casting de haute volée qui se met avec passion au service
de ce répertoire créatif.<br />
Eddie dans « If You Knew Sushi » nous pose un de ses solos
immédiatement reconnaissables, pointu et appuyé-piqué, rapide et inspiré.<br />
Tommy circule en tous sens avec un jeu oscillant entre Gadd et Cobham, précis
sans être lourd, nerveux sans être fracassant – du grand art.<br />
Il y aura duo (« Waltz for Ronko »), trio sans Pierce (« Merry
Go Round ») et « After » sera délicieusement égrené de façon
evansienne, en solo, tel une rêverie, par Makoto… <br />
Rêverie qui fera clôture de l’album avec juste cette « Improvisation »…<br />
Tout cela est tellement bien composé, joué, rendu, imagé…<br />
Chambriste donc... <span style="mso-spacerun: yes;"> </span><br />
Intimiste, pour sûr.<br />
A mettre en évidence pour surtout ne pas oublier de l’écouter encore et encore…<br />
<br />
---<br />
<br />
Délectez-vous de jazz avec ces albums, c’est bientôt Noël.<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<span style="mso-spacerun: yes;"> </span><br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br style="mso-special-character: line-break;" />
<!--[if !supportLineBreakNewLine]--><br style="mso-special-character: line-break;" />
<!--[endif]--><o:p></o:p></p>Pascal GEORGEShttp://www.blogger.com/profile/01916469417040396074noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-201099176728897658.post-79226785605206228142023-12-02T19:44:00.000+01:002023-12-02T19:44:48.289+01:00 NOËL – HÄNDEL (Haendel).<p> NOËL – HÄNDEL (Haendel).</p><p class="MsoNormal">
<br />
Cette année, au lieu de présenter ou sortir du carton l’un des éternels et
vivifiants albums de Noël, où, en général il est de mise de chanter ces tubes
que désormais tous fredonnent dans les allées des supermarchés, dans les
ruelles des villes qui ont ces marchés de Noël, barbe à papa en mains et vin
chaud (pour les grands) à foison, je barre classique.<br />
Répertoire américain, crooner mais pas seulement, tout le monde s’y est mis et
s’y met encore.<br />
Maria Carey en profite pour réalimenter son compte bancaire, Frankie est
incontournable ainsi que Tony…<br />
Bon, je me suis fait le plaisir du Ray Charles, top !<br />Mais je barre donc - redite - classique.<br />
<br />
----<br />
<br />
Allez, en ces temps de non paix sur la planète, un peu de spiritualité, ça
fera, qui sait, du bien.<br />
J’ai jeté mon dévolu sur cette nouvelle version du célèbre et incontournable « Messie »
de Georg Friedrich Händel enregistrée par les chœurs et l’orchestre English
Concert sous la direction de John Nelson.<br />
L’English Concert et ses chœurs furent fondés voici 50 ans par Trevor Pinnock
et par exemple leurs versions des concertos grosso de Händel est pour moi une
référence et a célébré, à mon sens, cette nouvelle direction baroque,
cherchant sur instruments d’époque à balayer l’interprétation romantique et
ample des compositeurs de cette époque d’antan.<br />
Cet enregistrement a été réalisé en novembre 2022, dans la nouvelle cathédrale
de Coventry, sous la direction du chef américain d’origine portoricaine John
Nelson, jusqu’alors plébiscité pour être l’un des spécialistes actuels de la
musique de Berlioz.<br />
J’aurais un jour l’occasion de tenter me réconcilier par ce chef, avec Berlioz,
qui sait, un jour j’arriverais à apprécier ce compositeur – challenge à relever
pour ma part.<br />
<br />
Cette version du Messie, une œuvre que j’aime écouter régulièrement, dans son
intégralité, m’étant arrêté bien souvent sur la version de Minkowski, ample et
généreuse tant que très précise, est remarquable et procure une sorte d’état
admiratif immédiat.<br />
Elle touche profondément l’âme.<br />
<br />
Comme il est courant dans les démarches des « baroqueux », le chef et
l’ensemble instrumental ont fait des recherches de textes, de partitions, de
versions et se sont plongés dans l’histoire.<br />
Ils ont ainsi fait leur petit « mix » à partir de différentes
versions que Händel a laissé, car le grand compositeur n’a cessé toute sa vie
de remanier ce « Messie » pour des raisons diverses, des occasions
diverses mais également pour des raisons disons « relationnelles ».<br />
C’est Charles Jennens (1700-1773), certainement ami de Händel qui eut l’idée de
cet oratorio.<br />
Jennens collectionnait les œuvres de Händel et les faisait mettre au propre par
des copistes afin d’avoir un exemplaire éditable, il collectionnait également
nombre de partitions du répertoire italien dans lequel Händel puisait
régulièrement des idées à leur lecture.<br />
Il collabora également pour des livrets d’oratorios, de façon directe ou
indirecte, avec le compositeur.<br />
C’est ainsi qu’il proposa une série de textes issus de la Bible à Händel afin d’imaginer
la base d’un oratorio.<br />
Nous sommes en 1739, Händel prend cela en considération mais est très occupé
par des représentations, concerts et commandes et Jennens, insistant, lui
remémorera le projet en 1741…<br />
Pour ce faire il proposera d’autres textes bibliques afin d’élaborer cet oratorio
autour du thème du Messie, l’organisant en trois actes.<br />
1/ Prophétie messianique d’Isaïe 2/ Sacrifice du Messie 3/ Résurrection et
rédemption spirituelle de l’humanité.<br />
En aout 1741, le 22, Händel se lance
enfin dans la composition de l’ouvrage avec l’objectif commun entre le
librettiste et le compositeur de donner la première à Londres pour la semaine
sainte.<br />
Händel écrira la première partie en six jours seulement.<br />
Puis du 06 au 14 septembre il terminera la seconde partie qui comporte le
célèbre Hallelujah.<br />
L’une des clés de la rapidité pour ce faire est bien entendu l’incroyable
faculté du compositeur ainsi que sa science d’écriture mais également – comme nombre
le font et le firent – il remodela certaines de ses œuvres ainsi que des airs
de répertoire italien qui lui apparurent appropriés pour figurer dans l’oratorio.<br />
Ainsi, des duos, des airs de ses opéras mais également un chant de noël, populaire
encore en Sicile, « Quanno nascette Ninno » qu’il utilisa pour une
évocation champêtre et sa sinfonia « Pifa », basée également sur un concerto
de noël de Corelli.<br />
Rapide mais cependant soucieux du détail et de représentations orchestrales
comme pour l’écriture des trompettes qui servent encore de modèle du genre, en
solo comme en ensemble, Händel n’en a pas moins apporté un soin tout
particulier à cette œuvre qu’il ne cessa par la suite de remanier, ce qui
explique les diverses et nombreuses versions. Pour certaines il changera même
la mesure en passant de ternaire 12/8 à binaire 4/4.<br />
Parallèlement il se lance dans un autre oratorio, « Samson » -
personnellement il est impressionnant encore aujourd’hui de constater la
productivité créative de tels compositeurs, si l’on relie en plus leur vie à l’histoire
musicologique.<br />
En effet, il va être non réellement interrompu, mais ses plans vont changer car
il est invité à Dublin afin d’y inaugurer Fishamble Street, une nouvelle salle
de concert.<br />
Il reste à Dublin plus longtemps que prévu et, à cours de partitions pour le
public il va décider, rompant, certainement son contrat moral et tacite avec Jennens,
désireux d’offrir la première du Messie à Londres, de donner l’œuvre pour le
public irlandais.<br />
Quittant l’Irlande en Aout 1742, Händel de retour à Londres envoie la version présentée
à Dublin au librettiste le mettant dans une rage folle et au regard des
intentions qu’il estime mal interprétées par le compositeur, il éditera de son côté
une version avec ses propres corrections…<br />
C’est ainsi que plusieurs versions – entre celle communément jouée
correspondant à cette édition, celles remaniées par Händel par la suite afin de
démêler positivement une relation semblant rompue avec Jennens (qui s’adoucira
par la suite) et la version originale de Dublin qui est ici la base générale de
cet enregistrement – de ce Messie existent.<br />
Celle de la première à Londres en 1743 restant la plus communément jouée.<br />
Il faut ajouter, qu’en fonction des interprètes, des contextes et même de l’orchestre,
Händel a également transposé des airs pour des voix inférieures, mais aussi
modifié les instrumentations.<br />
<br />
L’œuvre d’une vie, très probablement, un peu comme les messes de Bach dont
celle en Sim ou les incontournables Passions.<br />
<br />
A Noël, il est commun de chanter l’Hallelujah, sorte de tube classique dont on
ne manque pas de citer son appartenance au Messie. <br />
Comme souvent, on résumerait très et trop souvent une œuvre gigantesque à un
infime extrait.<br />
Ecouter le Messie de Händel est une formidable expérience, un voyage spirituel.<br />
L’on accède à une seconde dimension, porté par une musique intemporelle,
éternelle et dont la diversité mélodique est unique.<br />
Souvent interprété de façon pompeuse et massive nombre des détails de la
partition se noient dans une surenchère d’énergie et de bonne volonté.<br />
Ici, John Nelson souligne le trait, le caractère. Les solistes sont naturels,
ils content et jouent simplement leurs rôles respectifs.<br />
Mais ce qui m’a fasciné ici c’est la qualité et la beauté des chœurs. <br />
Une rare clarté, une réelle plénitude, une précision vocale qui évite l’excès
et reste dans l’unité, sans en rajouter, la seule musique suffisant à elle-même.<br />
Et… la prise de son est d’une fabuleuse clarté.<br />
<br />
Cette année, mon axe de noël sera, chose éminemment rare, certainement spirituel
et comme un oratorio en amènera un autre, Händel en ayant composé nombre, il
est grand temps que – grand admirateur du compositeur que je suis – je me
penche avec sérieux et âme sur ces ouvrages.<br />
<br />
En attendant, tentez l’aventure avec cette version remarquable de John Nelson,
l’English Concert et Choir. <br /><br /><i>(Nombre des informations dans cet articles issues et résumées du livret de l'album).</i><br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<!--[if !supportLineBreakNewLine]--><br />
<!--[endif]--><o:p></o:p></p>Pascal GEORGEShttp://www.blogger.com/profile/01916469417040396074noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-201099176728897658.post-37995801596026888692023-11-28T20:07:00.000+01:002023-11-28T20:07:36.805+01:00LIBRE… FREE…<p> LIBRE… FREE…</p><p class="MsoNormal">
<br />
ça fait rêver… que le simple mot de liberté, d’être libre…<br />
Free… sans faire la moindre publicité pour cet opérateur qui a su utiliser
l’idée… bon eux, j’en parle pas, m’ont occasionné trop de déboires.<br />
<br />
Free jazz, jouer free, improvisation libre, musique libre…<br />
Vous le savez, j’aime ces engagements artistiques, ces moments où
volontairement, ou non, l’on sort du « cadre », de la zone de confort
au plus minimal… des usages pour en imaginer d’autres… au plus engagé.<br />
<br />
Free, supercherie ?<br />
Free, contribution historiquement relevée au patrimoine du jazz, donc
free-jazz ?<br />
Improvisation libre – Libre improvisation, que sous-entend cette
distinction ?<br />
<br />
Ce n’est pas ici que je vais me lancer, dommage, dans ce débat.<br />
Mais parfois, le jeu, l’esprit, la connotation, la teneur
« free/libre » s’invite là où l’on ne peut l’imaginer, là où le terme
bizarre parait de mise, là où finalement l’on invite le trublion free afin d’un
peu de peps pour booster un titre par une idée ou par quelque chose d’à priori
incongru… ou tout simplement… d’autre.<br />
<br />
Allez, on explore.<br />
<br />
--- <br />
<br />
« Aladdin Sane » - David Bowie | RCA 1973.<br />
<br />
Entre cabaret déjanté et nouvel avatar histoire de plier Ziggy le grand David sous
la houlette du génial Mick Ronson sort cette pépite.<br />
Il aime comme toujours brouiller les pistes, sort de temps à autre son
saxophone, glam sur l’entêtant « Jean Genie » au riff incomparable et
puis, là, dans ce titre phare « Alladin Sane », il lâche la bride à
l’autre Mick, celui qui sera souvent son compagnon de route pianistique :
Mick Garson. <br />
Et le voilà qui sort un solo dont, personnellement, je ne me suis jamais véritablement
remis, cherchant souvent non à l’imiter, car c’est inimitable que ce jeu, mais
plutôt à en tirer parfois l’essence.<br />
Le trait de génie de ce moment unique ?<br />
Un axe mélodique sous-jacent mais quasi omniprésent, ce qui au regard du
traitement barré de celui-ci, interpelle de suite, une empreinte blues
caractérisée et un jeu totalement free qui pourrait faire pâlir les tenants
jazz du titre, tout cela sur cette basse qui s’organise sur un intervalle de
seconde, je descends, je remonte… Et David qui, au fond puise dans des notes
diversement aléatoires, mais forcément, le connaissant, calculées, au sax, afin
de donner au tout encore plus de puissance, d’interpellation auditive…<br />
Quand c’est sorti, j’avais 13 ans et je n’allais jamais à une boum sans cet
album et sans mettre ce titre en pâture, m’éclatant comme un halluciné sur ce
moment crucial.<br />
Je ne suis pas certain que cette sensation se soit tant que cela éloignée
encore aujourd’hui, ce solo qui manie avec science, talent et génie l’art d’une
certaine liberté n’a pas pris une ride dans mes interpellations musicales.<br />
<br />
« Cat Food » - King Crimson « In the Wake of Poséidon »
1970.<br />
<br />
Après « In the Court », le pavé dont on dit qu’il fut le déclencheur
du « mouvement » progressif, King Crimson reste un groupe, certes
conceptualisé et propulsé par Robert Fripp, mais un groupe.<br />
L’axe Canterbury est presque évidence, on l’oublierai tendancieusement… et au
gré des textes de Sinfield totalement exacerbés par un Greg Lake qui ne tardera
pas à se barrer avec E.L.P, le Roi Cramoisi invente, conceptualise, mélange,
ose et expérimente, triture…<br />
Il n’y a rien d’étonnant alors à trouver là le représentant free d’un jazz à
l’anglaise que certains Soft Machine lorgneront très vite (cet axiome free), à
savoir Keith Tippett.<br />
Si l’on s’amuse à faire le rapport avec le titre précédemment proposé, la
similitude semble acquise.<br />
A trois années d’avance prêt.<br />
Et finalement l’axe, jeu harmonique pop et posé, contrastant avec les jets free
et les rendez vous sur le chant de Lake semble jailli du même moule initial.<br />
Il faut écouter tous les détails de ce titre, le jeu jazzy de Fripp, la
solidité basse batterie, les rendez vous à la guitare acoustique et bien
entendu les échappées libre et miraculeuses de Tippett.<br />
Fripp et Tippett se rejoignent au final, un dialogue des plus intriguant, mais
qui fonctionne avec une écoute des plus attentives.<br />
L’éternelle erreur qu’on a face au progressive rock c’est de placer le truc sur
une sorte de vision élitiste et technique de la musique.<br />
Pour autant, on est là face à une réelle énergie rock, un riff / beat qui
s’ancre dans le sol et un lead vocal sans équivoque – c’est juste, qu’autour de
cette solidité des gars s’invitent et osent des trucs qui interpellent,
incitent et surtout changent des us et coutumes déjà prises.<br />
C’est so british…<br />
On est désormais en identité, loin de Jimi – mais côté free, Jimi (« Are
you experienced ? ») connaissait lui aussi son affaire…<br />
<br />
« Alife » - Rober Wyatt « Rock Bottom » 1974.<br />
<br />
J’ai largement réécouté, et plusieurs fois, cet album placé sur l’échelle des
essentiels et encore une fois, je suis resté perplexe.<br />
Bienfaits d’une sortie suite à un drame qui a secoué la sphère rock ?<br />
Flash sur une production amicale de Nick Mason, donnant ainsi un crédit
Floydien complémentaire ?<br />
Bref, qui sortirait aujourd’hui un truc pareil, carrément dépressif, artisanal, introverti et s’ouvrant sur un univers des plus glauques avec
l’infini pourcentage d’idée que cela devienne « culte » ?...<br />
Quand je dis perplexe, c’est que, quand je me retrouve face à cet univers
absolument hyper personnel et lugubre, les remontées acides avec leurs
déformations du réel semblent directement ressurgir, alors, malaise.<br />
Mais franchement, je me suis souvent demandé à quoi a pu servir un tel album et
… pourquoi cet engouement ?<br />
En tentant de sortir des habituels poncifs liés à sa genèse et dont finalement
peu sont enclins (ou aptes) à sortir, se débarrasser, j’ai donc tenté une
énième fois de plonger non du haut de ce balcon fatidique, mais dans ce fatras
sonore artisanal, amateur, expérimental, avant-gardiste et certainement il faut
le reconnaitre… unique.<br />
Savoir que quelque part les échappés de Canterbury sont venus prêter main
forte, que le mouvement R.I.O est forcément invité d’honneur (Henry Cow) et que
même le tout jeune Oldfield est passé par là, explique un peu ce fouillis
sonore, ces mélodies atypiques et ces chansons informelles chargées de la
profonde émotion que procurera désormais (mais c’était déjà le cas avec Soft
Machine) le chant de Wyatt.<br />
Si j’ai adoré et fait ressortir de toute cette plongée ultra-dépressive le
titre « Alife » c’est pour son absolue désorganisation apparente placée
hasardeusement autour de ces accords lunaires et animée par ces percussions qui
agissent en tout sens et puis, bien entendu ce sax totalement libre qui parfois
rejoint Robert, le soutient, l’approche pudiquement ou avec crainte pour
terminer de façon presque « a- normale », afin d’apaiser cette
transe, cette hypnose, cette dépression, cet abîme, ce monde qui n’est en rien
jouissance mais dont on sait que si on l’a croisé un jour il est préférable de
l’éviter.<br />
C’est donc certainement pour cela que « Rock Bottom » dans son
intégralité mystique et shamanique ne m’a que rarement permis une pleine
entrée, un total don de moi car les fantômes qui y sont enfermés peuvent avoir
trop d’emprise, trop de rappels et trop… de pouvoir. <br />
<br />
« The Bells » - Lou Reed « The Bells » - Arista 1979.<br />
<br />
Un bien étrange album que ce « The Bells » de Lou Reed.<br />
Un album qualifié de jazz/rock/art-rock électrique, bref, on ne sait pas
vraiment où le ranger…<br />
Don Cherry (trompette) et Marty Fogel (saxophones) y sont les invités de
marque, arrangeurs pour cors et expérimentateurs sur la base du free jazz. <br />
Et dans ce titre, Lou Reed a même demandé à Don Cherry d’évoquer le « Lonely
Woman » d’Ornette Coleman.<br />
Il y joue de la guitare synthétiseur, tel qu’un certain Pete Cosey l’eut fait
chez le Miles électrique de l’avant pause retraite du trompettiste et s’inspire
d’Edgar Allan Poe.<br />
Lou Reed entre en totale expérimentation chez Arista et s’ingénie à mixer les
tendances, est-ce génial ? Est-ce une supercherie ? ... <br />
C’est du Lou Reed, tout bonnement, ne cherchons pas outre mesure et apprécions-le
à cette seule valeur.<br />
Biberonné depuis le Velvet à tenter l’improbable, l’inédit, l’inutile parfois… <br />
Reed a un certain crédit qui lui permet de tenter, d’imaginer, de réunir ou de
fédérer, de s’entourer pour essayer, expérimenter. Il est capable de la chanson
rock ou pop la plus basique, du concept arrangé et orchestré le plus audacieux,
du « bruitisme » musical le plus expérimental et peut comme là
ingurgiter le free jazz dans son expression la plus réelle dans sa musique.<br />
Il n’est pas forcément aisé de le suivre, de l’appréhender, de le comprendre
parfois… mais il faut lui reconnaitre une audace que trop peu n’ont, une
permissivité absolue et un statut d’essayiste musical unique en son genre.<br />
Et ici Don tant que Marty ont pu probablement, au-delà de la simple invitation,
imaginer profiter de l’aubaine d’être participatifs et essentiels dans un album
rock pour exprimer leur free jazz comme s’ils étaient chargés d’une mission, d’un
rôle… profitant ainsi et certainement de cette opportunité pour offrir ce jeu à
un public à priori plus large. <br />
Déroutant, certes, mais comme toujours captivant.<br />
<br />
« The Purple Lagoon » - Frank Zappa « In New York » | 1977.<o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal">Ce « In New York » a été emblématique dans la
discographie de Zappa.<br />
Parler de free sans évoquer Zappa sur le versant rock serait oublier un
essentiel de cette mise en mixité.<br />
Ici nous voici, live, face à un déferlement musical absolu…<br />
D’emblée le solo de Michael Brecker - sous lequel Terry Bozzio est à l’extrême
(chose qu’ils referont au sein des Brecker Brothers avec l’album live à la
verve identique « Heavy Metal Be Bop » dont le titre est un programme
en soi) – pose le sujet sans aucune concession, applaudi comme il se doit et le
maestro ne peut que prendre une répartie bluesy, seule alternative possible
après le délirium free de Michael.<br />
Patrick O’Hearn et Eddie Jobson qui ici use en background des pizzs de son
violon restent accrochés à la « ligne » tant le propos, autour d’eux
part en tous sens, ce même quand le bassiste prend le solo fretless.<br />
Puis ce sera au frangin Randy Brecker avec son module de trompette harmonizer
de remplir l’espace de façon tout aussi expansive, provocatrice et forcément
virtuose. <br />
Puis l’écriture cartooning typiquement zappaienne va, comme au départ lors d’une
exposition thématique prétexte, conclure l’affaire.<br />
Le public est en transe, les musiciens, pour qui certainement la seule consigne
a été d’y aller librement, sortent de cette bataille avec eux-mêmes épuisés
mais heureux… ce n’est pas tous les jours qu’on te permet, dans un tel contexte,
de faire ainsi…<br />
Mais Zappa a toujours flirté avec le free et la musique contemporaine…<br />
<br />
« Couleur Café » - Serge Gainsbourg 1964.<br />
<br />
Adieu Vian, adieu Saint Germain des Prés… <br />
Serge part en voyage africain, exotique, chaleureux, érotique comme toujours et
subtil comme d’habitude.<br />
Percussions affirmées et quelques musiciens jazz incontournables de la scène
française sont là, à ses côtés et parmi eux Michel Portal, instantané, encadré
dans un court chapelet de secondes et en presque audace penchant vers le free
qui est - aux côtés du classique dont il interprète les œuvres – sa soupape de
liberté musicale.<br />
L’audace il ne l’a que dans cette gamme sortie d’un ailleurs qui détonne, qui
interpelle, qui attire l’attention et qui, au beau milieu de ce tube de l’univers
du grand Serge, sonne comme un déraillement de train ronronnant à sa vitesse de
croisière.<br />
<br />
« Don’t Stop me Now » - Toto « Fahrenheit » 1986.<br />
<br />
C’est quand même le must, t’offrir, en pleine gloire de renaissance Miles Davis…<br />
Et lui laisser totale liberté…<br />
Miles ne joue plus « free » depuis longtemps… <br />
Depuis son retour en 81 il a peaufiné son sujet, cadré petit à petit sa ligne
musicale. Un jazz-funk groovy a pris progressivement place.<br />
1986, nous somme ici en plein tournant davisien avec la sortie de « Tutu »
et Miles, comme il l’a souvent fait côtoie sans distinction les musiciens de
tous horizons.<br />
Invité ici en guest par le groupe Toto et pour un titre forcément organisé pour
lui, le voici qui « circule » autour du thème, un thème aéré, écrit
afin que sa trompette harmon si caractéristique puisse passer dans les interstices,
les espaces, les respirations.<br />
Miles est libre comme l’air, son jeu n’est plus vraiment free – il a largement
jeté ses débridages à la face du monde depuis des lustres et a fait la pige à
tant de ces jeunots qui croyaient lui en montrer dans le genre…<br />
Non il est simplement – ici – libre…<br />
<br />
« Slave » - Rolling Stones « Tatoo You » 1981.<br />
<br />
Faire du neuf en fouillant dans les poubelles, les rebuts, les oubliés…<br />
C’est ça « Tatoo You ».<br />
La mode c’est : une face A qui envoie, une face B qui apaise (sacré David
Bowie, merci à lui) mais bientôt avec le format du CD où tout s’enchaine, ça
disparaitra…<br />
Et curieusement c’est le truc de génie…<br />
Je me souviens bien la première fois que je l’ai écouté, je n’y croyais plus
vraiment et j’ai filé directement à la Fnac l’acheter…<br />
Et j’ai mis en boucle ce « Slave », pour son riff, pour son beat ou
Charlie est incommensurable, pour Mick qui gémit, en rut, cherchant des aigus
rythm’n’blues et… pour ce solo de saxophone nullement crédité sur la pochette
initiale et dont l’enquête m’aura amené à découvrir que le dépositaire de ce monument
soliste n’est autre que Sonny Rollins…<br />
Ce solo qui illumine non seulement le titre, mais l’album tout entier, qui,
comme un de ces excellents vins, reste en bouche et distille cette saveur
inoubliable, s’installant en ADN dans l’auditeur, happé par cette mixité géniale
qui fait se rencontrer et s’aimer follement jazz et rock, rock et jazz –
musique(s) quoi.<br />
Rare, trop rare mais finalement c’est ce qui fait l’exceptionnelle saveur du
truc que cette partouze mixte, on est là, voyeurs de ces ébats amoureux et l’on
devient en un instant esclaves de ce titre, en boucle, déterminant ce qui nous
reste, en ces années où le synthétique va définitivement s’installer en
eighties, d’empreinte rock et de penchant jazz.<br />
Ah, les gars, vous avez vraiment fait très et trop fort là…<br />
<br />
« Fletcher Blemish » - Soft Machine « Fourth » 1971.<br />
<br />
Canterbury… sacré fatras sous cette étiquette…<br />
Le free jazz et le rock se côtoient en paradoxe sur ce quatrième album du
groupe où Robert Wyatt signe sa dernière participation avant accident, de
batteur.<br />
Elton Dean (il faut savoir qu’Elton John est un mix entre Elton Dean et John Lennon
– le chanteur pianiste ayant à ses débuts travaillé dans un groupe de rythm’n’blues
avec celui-ci, avant de trouver son pseudonyme) au saxes tient le crachoir.<br />
On aura lu que cet album sonne « creux » et sera prémonitoire des
futures dérives free d’un groupe qui, de par ses nouvelles directions musicales
sera forcément délaissé par ses fans des débuts psychédéliques.<br />
Ouais…<br />
Il parait évident qu’ici le free (jazz) domine.<br />
Et pour autant ce free là n’est en aucun cas ancré dans celui américain où
Trane et Ornette s’installent en patrimoine.<br />
Là, nous voici certainement dans les prémices affirmés de ce que sera
finalement le free à l’anglaise puis plus généralement à l’européenne, Soft
Machine en quelque sorte précurseurs de cette récupération expressive.<br />
Paradoxe d’un groupe qui aura débuté avec l’image rock psychédélique (aux côtés
de Floyd quelque part à ses débuts tout aussi libre), qui aura choisi des
directions free et électriques, dignes de Weather Report à leurs débuts mais
avec cette touche unique et différente, tant en racines qu’en culture, car, à l’instar
de ces rockers récupérateurs du blues, ceux là firent de même avec le free
jazz.<br />
Puis Soft Machine avec Jenkins (devenu Sir) et Holdworth ont continué dans
cette trace pour un jazz dit rock de la plus belle facture.<br />
Et c’est une autre histoire.<br />
<br />
Petits bonus… avec redites.<br />
<br />
« Neuköln » - David Bowie « Heroes » 1977.<br />
Encore Bowie…<br />
Trilogie berlinoise et face B du second opus de celle-ci.<br />
Les synthés prédominent, une mélodie plane et David sort et fait gémir,
gueuler, couiner, brâmer, hurler de jouissance expressive son sax.<br />
Intense, inaccessible, impensable et pourtant bien là, réel, inédit,
incalculable et excitant.<br />
Poignant même… surtout en final…<br />
Incroyable ce final où l’instrument tel une voix enfermée jusqu’alors, s’échappe
enfin.<br />
<br />
« Chunga’s revenge » - Frank Zappa « Chunga’s Revenge »
1970.<br />
<br />
Revisité par le tango electro de Gotan Project.<br />
Ian Underwood au sax wahwah est ici le dépositaire de la cellule free avec un
solo majeur qui ouvre le champ à Zappa, tout aussi inspiré.<br />
Ici c’est le batteur Ansley Dunbar qui propulse l’affaire, avec ce jeu jam session
très seventies à l’américaine – il sera par la suite l’un des membres
fondateurs de Journey aux premiers albums dans une lignée directionnelle se
voulant à l’identique.<br />
Quelque part l’essence de la culture zappaienne tant d’écriture que de mode
improvisé se résumerait dans ce titre et l’expression qui en émane – mais à
chacun son appréciation de la chose.<br />
A chacun son Zappa donc…<br />
En tout cas, sur cette ligne de basse obsessionnelle permettant une
batterie volubile, Ian et Frank s’en
donne à cœur joie, libres, évidemment…<br />
<br />
---<br />
<br />
Il y a forcément tant d’autres titres, d’autres axes et de mixités entre les
musiques ayant permis à la liberté d’ouvrir un cadre rigide de chanson, de
faire dévier vers des sommets inexplorés un titre, d’inciter l’oreille à aimer,
grimacer, se questionner et finalement s’habituer…<br />
Bref, être libre n’est pas forcément un style, un jeu dans le seul cadre d’une
étiquette esthétique…<br />
C’est aussi oser, s’inviter, faire, être apte à…<br />
C’est avant tout se laisser aller et surtout lâcher prise pour s’exprimer avec
l’oubli de la contrainte et juste sa profondeur d’énergie et d’âme.<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<!--[if !supportLineBreakNewLine]--><br />
<!--[endif]--><o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal"><o:p> </o:p></p>Pascal GEORGEShttp://www.blogger.com/profile/01916469417040396074noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-201099176728897658.post-83355469278133264112023-11-06T18:53:00.000+01:002023-11-06T18:53:49.821+01:00 LET’S DANCE…<p> LET’S DANCE… <br /><br />Vision complémentaire de la compilation participative proposée par mes soins dans le blog :<br /><a href="https://lesrubriquesenvracdurock.wordpress.com/blog/">Blog | Les rubriques en vrac du rock</a></p><p class="MsoNormal">
<br />
La danse, la musique…<br />
Let’s Dance – Bowie, bien sûr…<br />
Dans l’histoire musique et danse, danse et musique sont majoritairement liés.<br />
On n’y pense pas toujours, mais on agit souvent de sorte que, en réflexe, comme
ça, parce que là, c’est juste physique, irrésistible, hypnotique, collectif,
convivial, bref… et même on se retrouve à danser, gigoter sur des trucs qu’on
exécrerait presque mais qui pourtant (ah les mariages…).<br />
J’aime bien creuser un peu. Pourquoi réduite le mot danse au seul dance
floor ? <br />
De tout temps danse et musique… les suites de Bach sont en fait souvent écrites
à partir de rythmiques de danses populaires et l’organisation de celles-ci sera
par la suite la première mouture de l’organisation des œuvres symphoniques en quatre
puis finalement trois mouvements, le seul qui subsistait - devenu trop empreint
de passéisme royal – à savoir le menuet, finit par dégager (mais être autrement
remplacé). Chez Bach donc (et tant d’autres de ses prédécesseurs ou
contemporains) on a : des gigues, des bourrées, des menuets, des
siciliennes, des sarabandes… récupération d’un creuset populaire mais aussi
argumentaire rythmique souvent obstiné. Et puis, à cette époque, pas de
métronome alors comme on savait les danser, ces danses, il suffisait juste de
faire le bon pas, au bon tempo et voilà, le tour était simplement … joué. <br />
<br />
N'oublions pas qu’avant de parler de tempo (mesuré par le métronome dont le bpm
60 s’aligne-ait sur la vitesse de la seconde) on parlait de mouvement. <br />
Les plus communs : Allegro, Andante, Allegretto. D’autres : Minuetto
(tiens donc), Alla turqua, Scherzo/Scherzando, Moderato… et tant de termes qui
en soi, donnent la « vérité » de la vitesse même si une relative
approximation restait « de fait ».<br />
<br />
Et puis, la référence à la danse populaire, elle est « l’emblème » de
la 7<sup>e</sup> de Beethoven, sorte d’hommage à la danse composé par le grand
maitre.<br />
<br />
La danse et l’écriture musicale « pour celle-ci » a également fait
sortir, souvent, puis heureusement (fin XIXe) … l’écriture musicale du
« carcan » scientifique et théorique dans lequel la forme
l’avait enfermé et éloigné ainsi la musique de quelques racines essentielles et fondamentales …<br />
<br />
Alors l’argumentaire de ballet, devenu spectacle aura permis à la musique de
s’échapper (Ravel, Stravinsky, Delibes, Tchaïkovski, etc. ) et d’offrir de
nouvelles page, de nouveaux horizons… vastes et sans contraintes rigoureuses afin
de « libérer » le compositeur. <br />
Celui-ci mettra alors, sa « science » au profit d’un argumentaire, d’un
« visuel », d’un spectacle… en place de considérer celle-ci juste
pour l’argument musical lui-même.<br />
Je suis bien entendu plutôt schématique, car l’envie de sortir du cadre est
inhérente à la création artistique et l’évolution de la symphonie vers le poème
symphonique est le parfait exemple de cette déclinaison, de cette orientation qui
aura poussé vers l’imaginaire musical. <br />
Les arguments auront pris progressivement leur place afin de donner un autre
corps aux quatre et parfois moins, ou plus, mouvements, permettant des ouvertures
de champ de tous les possibles.<br />
De la timide amorce, mais déjà bien imagée « Pastorale » de Ludwig
(décidément), en passant par celle qui révolutionna la symphonie en elle-même et
permit d’authentifier le poème symphonique à savoir la « fantastique »
de Berlioz – qui propose à l’emplacement commun du mouvement à trois temps « un
bal » - jusqu’à Richard Strauss spécialiste du genre (« Zarathoustra »,
« Don Quichotte » etc.) en n’oubliant surtout pas Claude Debussy (« la
mer »), on peut dire que le compositeur et la compositrice (puisque
désormais et enfin on fait entrer ces dames dans la cour jusqu’alors réservée à
la gente masculine) se sont saisis de tout argumentaire pour donner de la
substance vitale à leur créativité.<br />
Pour en revenir à la danse, même dans les œuvres classiques déterminées et
cadrées (rappelons que Haydn a établi les codes de l’écriture symphonique
classique avec en tête de premier mouvement la forme dite sonate), il faut
remarquer ce menuet (à trois temps, organisé
en forme tripartite, de façon quasi similaire à ce que sera l’organisation thématique
de la valse musette dans un temps plus récent…), flatterie obligatoire envers
la noble cour qui avait ce besoin de « repères » rythmiques pour
apprécier une œuvre. <br />Et, bien souvent, ce même jusque dans les méandres de
symphonies mahlériennes, l’usage de cellules rythmiques issues de danses
populaires est resté commun, traditionnel afin d’une éternelle passerelle entre écriture savante et ancrage populaire. <br />
Je vous laisse réfléchir sur le plus célèbre compositeur ayant utilisé cet
axiome, à savoir Bela Bartok.<br />
…<o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal">Humm…<br />
Penser jazz sans penser danse… c’est oublier qu’il y eut un Cotton Club et que
le swing, le shuffle viennent tout droit des usages des danseurs de claquettes,
pas ceux connus d’Hollywood, démonstratifs populaires comme Kelly, non, ceux de
la rue, à Harlem, qui se faisaient des joutes dignes du hip hop actuel. <br />
On parle là de patrimoine, d’un patrimoine qui nous dépasse et dont l’idée qu’on
a n’est qu’une imagerie de synthèse véhiculée par la culture américaine dans
laquelle on a été baigné, de loin…<br />Broadway, Hollywood, paillettes, comédies musicales - omniprésence de la danse.<br />De là sont issus la plupart des standards de jazz, des chansons qui, souvent, justement...</p><p class="MsoNormal">
…<br />
<br />
Pour le reste… je laisse à chacun ce que lui impose son corps, de façon
irréfléchie, dès les premières mesures de…<br />
<br />
Pour ma part, le versant opposé de la piste de danse, c’est-à-dire celui où
l’on joue pour faire danser, je le connais par cœur et l’ai pratiqué (et il
m’arrive encore de le faire, parfois à mes dépends dans des situations
improbables, comme quoi – cf, juste avant…) depuis l’adolescence où juché
derrière ma batterie puis par la suite mes claviers j’ai à peu près tout joué
jusqu’à l’arrivée des DJ mais aussi des tubes irréalisables en groupe… <br />
Bal rock (bière, whisky et baston vers minuit incontournables), <br />
bal musette (ricard, vin blanc, rouge et baston en général un peu plus tôt vers
23h), <br />
bal folk en mode irlandais (repas bio, chiottes vers les bottes de paille et
bière locale ou cidre sans parler des herbes à fumer), <br />
balluche années 80 (la vision de la France, tellement éloignée de la politique
socialo mitterrandienne et les jeunes aussi jeunes que nous, totalement
débridés avec arrivée d’autres substances donc descente de police vers 02h du mat' et fouille des véhicules des zicos vers 04h sur le parking)… <br /><br />
Puis le DJ est arrivé, il passait d’abord des « disques » adaptés…
puis il a commencé à faire joujou les platines et remixer, puis c’est devenu un
métier et de là des artistes.<br /><br />
J’ai fait du bal Lindy Hop, épuisant, mais tellement…<br />Et du bal folk, cf plus bas...<br /><br />
Orchestre de rythm’n’blues… bien rares étaient les « concerts » où le
public restait assis, enfin si, le temps d’engager le premier morceau, puis
après…<br />
<br />
Faire danser… le plus dur ?... ouais… les… sentir, ceux-là, en face de toi
et les faire décoller, puis ne pas les lâcher, jusqu’à épuisement, jusqu’à la
fin de la nuit et les regarder heureux, s’éclater, sourire, chanter à tue-tête,
avec nous. <br />
Savoir et surtout comprendre que créer des listes de titres ne sert à rien si
l’on veut les épuiser… et les rendre heureux.<br />
Il faut juste les suivre, s’adapter, et puiser dans tout ce qu’on a (et il faut
en avoir… du répertoire… du métier…)<br />
Ouais… un bien beau métier. <br />
LE métier… disaient les anciens quand je montais sur scène avec eux pour l’apprendre.
<br />
Maintenant c’est moi, l’ancien…<br />
<br />
---<br />
<br />
Allez engageons la partie :<br />
<br />
01 – Ballet Royal de Flore « Première entrée, Le Soliel II » - Jean
Baptiste Lully / La symphonie du Marais |Hugo Reyne.<br />
<br />
Louis XIV était un grand danseur. <br />
Il aimait et voulait éblouir sa cour et ses invités par cet art dont jeune, il
avait la parfaite maîtrise. <br />
Il s’octroyait, sous des chorégraphies spécialement dédiées et une musique
composée à cet effet, des rôles charismatiques et flamboyants et se
représentait bien évidemment principalement en astre solaire. <br />
Un pouvoir absolu mis en scène par un talent et une aptitude physique hors du
commun qui lui permettaient d’éblouir littéralement « sa cour ». <br />
Mais la capacité physique dure un temps et, avec ce ballet qui scella la fin de
son partenariat avec Henriette d’Angleterre (empêchée pour fausse couche), il
tirera la révérence finale de ces extravagances démonstratives.<br />
Macron a-t-il dansé le 49.3 avec Brigitte, Charles et Camilla ? (côté tempo ça nous fera un slow très très mais vraiment très ... lent...).<br />
<br />
02 – « Sugar Rum Cherry » - The Nutcracker Suite | Duke Ellington.<br />
<br />
La musique de Duke et la danse…<br />
Les fameuse suites (donc de danse…) de Duke.<br />
Ici il s’ingénie à revisiter le « Casse-noisette » ballet
emblématique de Tchaïkovski.<br />
Cela aurait pu être une excellente alternative pour « Fantasia »,
mais en tout cas, Tchaïkovski devient ellingtonien en une mesure de toms jungle
beat et en de légers riffs d’anches saxées.<br />
Je reste un inconditionnel de Duke, même si, j’avoue, je ne le dis pas assez ici.<br />
Yes.<br />
<br />
03 – « Edges of illusion » - John Surman.<br />
<br />
C’est avec ce titre que j’ai découvert John Surman lors d’une conférence ou
d’un cours sur la danse contemporaine et cette pièce mettait en évidence le
travail de Carolyn Carlson. <br />
Des arpeggios à la Schulze, un empilage de saxes tour à tour écrits, free et
même carrément en contrepoint baroque (écoutez ce côté baroque qui commence à
poindre vers le milieu).<br />
Directement estampillé dans la case mémoire.<br />
<br />
04 – « Music » - Madonna.<br />
<br />
Ça, c’est lié à un souvenir mais également un gros défouloir en mode party. <br />
En gros, une jeune milliardaire délurée, arrière-petite-fille d’une très grande
célébrité de la peinture se marie…<br />
Mon ami DJ nous place en duo avec la chanteuse extraordinaire avec laquelle je
travaillais à l’époque (une de mes étudiantes en dernière année, voix
incroyable). <br />
<br />
On est là pour deux soirées en une.<br />
1/ On doit faire le vin d’honneur de ladite milliardaire, déjà bien éméchée et
absolument sous le charme de notre boulot. Adorable est le mot… mais bien
bourrée. <br />
2/ On doit jouer la musique en mode pot de fleur pour des Russes qui ont
réservé une aile du château et éventuellement faire « dansouiller ».<br />
Pour 1/ c’est : « Je vous en supplie, quand vous avez fini venez
nous rejoindre et vous éclater avec nous », mais voilà… quand aura-t-on
fini ? à cette heure-là de fin d’am, c’est bien la question.<br />
2/ ils arrivent, tirent une gueule d’enterrement… s’assoient et mangent,
mutisme total, rien, pas un mot, juste la mariée qui pleure et le marié qui
fixe ses pompes. On joue. On varie tant que possible le répertoire, à peine
chahutés par le bruit de quelques rares fourchettes, l’ambiance n’est même pas
au repas et à la simple idée de manger. 1h chrono et l’affaire est pliée. <br />
Le frère du marié arrive vers nous, nous glisse un merveilleux et incroyable
pourboire en s’excusant et nous explique que … ils sont arrivés ce matin de
Russie, sont allés à l’église pour la cérémonie et que… tout simplement… le
responsable du mariage à l’hôtel a juste… <u>oublié</u>… de convoquer un curé…
Donc pas de mariage religieux… pas de mariage. C’est des Russes, hein…<br />
Le mec a été viré dans la soirée. <br />
Nous on plie et on file à la fête d’à côté.<br />
Retour à 1/ La mariée est au taquet. Son degré d’alcoolémie n’est plus
évaluable. Elle nous voit entrer, elle trépigne : « Hein déjà, ils
n’ont pas voulu de vous ? etc. etc. ». <br />
Elle fait un clin d’œil suppliant à mon pote, aux platines : « remets
moi Madonna ! STP… ». <br />
Il me regarde, tout sourire, il sait pertinemment que ça va me botter.<br />
Le morceau n’est pas encore officiellement sorti, elle l’a chopé par relation
et là ! <br />
On est partis dans une folle aventure débridée sur fond de décibels avec un
titre qui a duré car bien entendu passé en mode remix à l’ancienne par le pote
en question. Puis on s’est retrouvés, passant à côté de l’équivalent d’un
camion plein de bouteilles vides, sur des transats, au bord de la piscine, dans
un rêve éveillé où une mariée absolument sublime, mais complètement bourrée
dansait, à poil, dans la flotte (sous l'oeil attentif mais également goguenard du personnel craignant une éventuelle hydrocution), avec ses invités.<br />
Music… quand avec alcool, tu nous tiens…<br />
Je ne sais absolument pas à quelle heure j’ai bien pu rentrer, mais le soleil
tapait bien fort et ma tête, oh, ma tête…<br />
Heureusement qu’on avait pris le soin de rentrer le matos dans les voitures
entre… deux…<br />
<br />
05 – « Alexandrie, Alexandra » - Claude François, version remix
Dimitri From Paris.<br />
<br />
Ce que j’aime dans ce remix c’est finalement l’intelligence de la récup’ de
tous les ingrédients (plus le solo de piano à la fin) qui rendent ce tube
fédérateur. <br />
Une sorte de découpage au scalpel de tout ce qui marche dans ce truc de génie. <br />
Les cuivres à la Quincy-Brecker, les percus en mode Santana Woodstock, la mise
en avant de cette ligne de basse phénoménale, tous les gimmicks vocaux de
Claude, les chœurs samplés, les cordes de folie, etc. car chaque truc est millimétré.<br />
Le dernier groupe de soirées dansantes que j’ai monté (encore parfois en
activité), spécialement dédié aux soirées privées (de tout’ y’a plus que les
soirées privées qui se payent des groupes…) a obligatoirement mis ce titre au
menu. Le bassiste, l’un des meilleurs avec lesquels j’ai et je joue (é) m’a dit
qu’il kiffait absolument cette ligne de basse et CloClo. <br />
Ouais, pour un mec groove et funk genre clone de Marcus Miller, on est surpris
d’un tel enthousiasme le jour où il te sort ça, mais… quand il envoie le truc
on comprend très vite.<br />
<br />
Mais cela dit. <br />
La soirée traine un peu, ils n’arrivent pas à bouger leurs culs de leurs
chaises ?<br />
Aucun souci – One. Two. Three. Four. Il suffit d’envoyer cette basse, ce piano
et hop, tout le monde arrive et c’est parti. <br />
Là, ils ne vont plus quitter la piste et c’est le traiteur, en panique qui va
arriver me dire « bon les gars, faites-les rasseoir car j’aimerais bien
qu’on passe au fromage… sinon à deux plombes on est encore là et jamais on fera
la pièce montée à minuit » …<br />
CloClo, ado j’aimais pas. <br />
Mais faut jamais dire jamais… car de tout’ quand c’est bon… et puis, envoyer un
truc dont tu sais que ça fera plaisir à tout le monde !<br />
<br />
06 – « I’m the one » - Material.<br />
<br />
Sacré Bill Laswell, il te sort un « Baselines » genre l’album ne que
t’as presque pas pu écouter jusqu’au bout, installe face à Zorn un trio
intitulé « Massacre » dont le nom est encore bien gentillet à côté de
la musique qu’il propose et le voilà qui impose Material, ce groupe hybride
avec, devinez qui ? Nile Rodgers et Tony Thompson de Chic, Beinhorn aux
claviers acides et crades et Bernard Fowler en groovy vocaliste. <br />
J’ai l’album en vinyle, j’ai le maxi 45 dégotté par le pote dont j’ai parlé
juste avant. <br />
Et pour les inconditionnels de Nile, c’est du bien avant les Daft pas du tout
Punk mais c’est tout autant trippant que « get lucky » car oui, ça
apporte du bonheur que tout cela…<br />
<br />
07 – « Twist and Shout » - David Lindley.<br />
<br />
Lui, il est décédé juste après Wayne Shorter. <br />
J’en ai parlé. <br />
Echo plus que minimal… mais qu’est-ce qu’il a donc fait pour qu’on l’oublie
comme ça ?<br />
Le gars festif, ensoleillé, multi instrumentiste qui mélange en mode cocktail
fortement dosé tout ce qu’il est possible de prendre autour de soi.<br />
Résultat avec cet orgue sorti de la brocante ?<br />
Bah si vous bougez pas, servez-vous un verre, votre compagne, amie, copine,
épouse (j’arrête là) devrait décoller direct.<br />
<br />
08 – « Reels : St Ruth’s
Bush/The Fos Hunter’s Reel/Scotch Mary » - The Shaskeen Ceili Band.<br />
<br />
Là, c’est lié à un moment qui a changé ma vie…<br />
Rapidos : Claire, amie de fac, monte un Ceili Band. <br />
Elle cherche un pianiste, m’appelle. <br />
Je ne connais absolument pas, je n’ai jamais joué cette musique, mais
connaissant la grande artiste spécialiste du bal folk et pédagogue de cette
musique qu’elle est, j’accepte. <br />
Ce sera là une expérience de vie tant musicale qu’amicale et conviviale,
incroyable.<br />
Bon, pas de partitions, de l’oral, que de l’oral. <br />
Alors j’écoute. Studieux, je transcris mes grilles, installe ma pompe
pianistique et les premiers contrats je suis un peu dans le guidon puis on se
détend, puis on connait et le par cœur d’installe… mais il me manque un truc. <br />
Je demande alors à Claire de « me montrer les pas ». <br />
Alors je n’ai plus joué assis, mais en dansant et cette pompe n’a plus jamais
été la même…<br />
J’en ai fait des bals et de toutes sortes… mais le bal folk dépasse tout ce que
j’ai connu en force et convivialité réunis, mais aussi en osmose entre
musiciens et danseurs. <br />
De la scène c’est un truc absolu à vivre… (si en plus, même derrière un piano,
on danse, alors…)<br />
<br />
09 – « Oye Como Va » - Eliane Elias.<br />
<br />
Bon pour moi Eliane Elias est la représentante pianistique symbolique du piano
actuel brésilien. <br />
Je n’ai pas honte de dire que je lui ai tout pompé dès que la syncope made in
Brazil entre en jeu – bah quoi ? elle a dépoussiéré le style enjazzé par
des Américains en mal de binaire, car elle, non seulement le jazz elle sait le
jouer qu’il soit très moderne avec Steps Ahead, ou modal (hommage à Bill Evans
magnifique) mais en plus elle lui apporte une aura féminine alternative bienfaisante
à la diva Krall (que j’adore aussi détrompez-vous). <br />
Mais là il s’agit de bien autre chose… de patrimoine et de culture.<br />
Donc on ne pourra pas lutter et son solo de Wurtlizer vaut à lui seul un plus
que détour.<br />
Et le dépoussiérage de ce standard Tito Puente mais aussi fer de lance de
Santana c’est jouissif.<br />
<br />
10 – « Dolphin Dance » - Herbie Hancock.<br />
<br />
A l’évidence ils dansent tous sur ce thème merveilleusement composé par Herbie,
capitaine de croisière. <br />
Freddie flotte et surfe sur la vague nouvelle. <br />
George joue avec les vagues en ski-nautique. <br />
Ron c’est la lame de fond et Tony, ah Tony…<br />
L’un des thèmes les plus improbables d’Herbie en l’air toujours… en l’air…<br />
<br />
11 – « I Won’t Dance » - Robin McKelle with Kurt Elling<br />
<br />
Tellement de versions de cette invitation à la danse et à la drague classy… <br />
J’y vais, j’y vais pas, j’peux, j’peux pas…<br />
On s’en tape, allez cocotte, viens donc danser…<br />
Nouvelle version, rien de bien nouveau, si ce n’est que rendre hommage à Ella,
de temps en temps et ne pas l’oublier, c’est bien… aussi.<br />
<br />
12 – « Gonna have a Funky good Time » - James Brown.<br />
<br />
James en live rien de tel.<br />
Lui, l’orchestre se donnent au-delà du raisonnable.<br />
Paillettes…<br />
Ici scène forcément honorifique, on est au japon, à Tokyo et ils sont heureux
et ils le lui font bien « sentir ».<br />
Nous aussi car JB… c’est levage de cul immédiat et cet album japonais…
irrésistible. <br />
<br />
13 – « Dance to the Music » - Sly and the Family Stone.<br />
<br />
Irrésistible ? à vous de voir.<o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal">14 – « Disco Inferno » - Tina Turner.<br />
<br />
Depuis l’adolescence je crois bien que j’ai toujours tant été attiré qu’effrayé
par Tina Turner, avec Ike d’abord puis sa carrière solo, suite à cette
séparation dramatique, médiatisée et mise en biopic.<br />
Génial le biopic d’ailleurs. <br />
Bon Ike dans tout ça… pas reluisant hein…<br />
Mais Tina, il suffit qu’elle empoigne le micro et hop, un feulement vocal et on
se lève…<br />
Qui sait encore faire ça aujourd’hui ? Enfin j’entends… réellement faire
ça, au-delà du tube qui met en avant, non, juste par la voix, la présence, le…
truc…<br />
<br />
15 – « Dance with me » - Rufus and Chaka Khan.<br />
<br />
Chaka c’est un peu pareil.<br />
Elle, la demi-mesure, connais pas.<br />
Direct à fond, direct dedans, direct ça envoie une telle énergie, toujours
au-dessus, toujours lead vocaliste même si tu lui mets 100 choristes de gospel
à fond dans le trip elle passera, coute que coute, c’est son truc, c’est sa
came.<br />
Là elle retrouve le groupe Rufus, ses débuts, sa montée vers la gloire et les
retrouvailles sont live et méritaient un album historique direct.<br />
Je ne saurais dire combien de fois j’ai écouté cet album…<br />
<br />
16 – « Shinning Star » - Earth Wind and Fire.<br />
<br />
Ok je crois bien l’avoir dit un jour s’il est un album essentiel de EW&F ce
sera juste ce live « Gratitude ». <br />
J’ai dit essentiel. <br />
A vous de voir.<br />
Et il y a là cet impact de cuivres à l’écriture hurlante – coup de génie d’orchestration
en soi.<br />
<br />
17 – « Party Everybody » - Chic.<br />
<br />
Réduire Chic à trois, quatre tubes max, c’est un peu oublier que la limousine
de luxe de Nile c’était un peu autre chose que la surface reluisante de ce
sommet d’iceberg au potentiel incalculable (sauf en royalties). <br />
Alors ce que j’aime c’est l’autre versant de tous leurs albums et il y a de
quoi se dire que, si…<br />
Mais la vie…<br />
<br />
18 – « Je m’éclate au Sénégal » - Martin Circus.<br />
<br />
La fête babacool version débuts du club med’. <br />
Allez go, on danse, on picole, on fume, on partouze sur la plage, on tape sur
des gamelles et on croit même qu’au… Sénégal… on entend des… cigales ? ...<br />
Pas grave, moi quand c’est sorti, j’étais un gamin et le chant des cigales c’était
juste le truc qui faisait un bruit dans celle en poterie de chez ma grand-mère.<br />
Ma mère quant à elle m’a vite interdit d’acheter - à cause de ces paroles scandaleuses - ce disque en 45t, que
j’adorais, car c’était… avec les Poppies… le truc qu’on mettait dans les boums.
<br />
Une ampoule de couleur, un électrophone portatif, à fond, saturé et un de
corvée pour changer au plus vite les précieux disques, sans les rayer (crime de
lèse-majesté). <br />
Pendant que la marmaille s’éclatait dans le garage, les mamans faisaient
certainement la réunion Tupperware. <br />
Mais un jour ma mère est partie plus tôt et a entendu ces effrayantes paroles
de débauche…<br />
Rien de tel pour créer un mythe interne et personnel, s’imaginer, à poil même
si l’on ne fait pas de cheval, avec une copine… mais trop jeune pour comprendre
l’allusion et rester accro à ce truc samba rock riff bien dedans… <br />
Bref rock, pour sûr et que les mal entendants réalisent que les Martin Circus c’était
tout de même un sacré groupe.<br />Il parait que leur batteur habite à quelques petits km de chez moi, qui sait, un jour...<br />
<br />
19 – « Dance the Night Away » - Van Halen<br />
<br />
Tu vois, j’ai toujours aimé Van Halen, du début avec le jeu concours radio pour
savoir d’où provenait ce solo précédent « You Really Got Me » et qui
nous a fait cogiter des heures voir des jours…<br />
Van Halen c’est le rock en mode fête. J’ai toujours vu ça comme un gros feu d’artifice,
de ceux qui émerveillent, font applaudir, pousser des oh et des ah et danser en
sueur en mode 14 juillet sans réfléchir, juste portés par David qui harangue en tous sens, par
Eddie qui mitraillait en tapping tout ce qui a 6 cordes et soutenus par du
plomb mais pas n’importe lequel, un alliage qui t’oblige à…<br />
Et ça…<br />
<br />
20 – « Pizzicato Polka » - Josef Strauss<br />
<br />
Il est devenu commun de dire que le jazz c’est le mix entre le blues et… la
polka.<br />
Ici elle n’est pas seulement piquée, mais pizzicato, c’est-à-dire aux cordes,
sans archet.<br />
C’est une épreuve, un challenge que jouer ainsi, juste, précis…<br />
Mais les viennois ont cette danse, avec la valse, dans le sang. <br />
Leur blues à eux, certainement. <br />
<br />
…<br />
<br />
Bonnes compils, y’en a plein d’autres sur le blog avec un choix plus qu’embarrassant
mais qui pourra rendre boulimique : <a href="https://lesrubriquesenvracdurock.wordpress.com/blog/">Blog | Les
rubriques en vrac du rock</a><o:p></o:p></p>Pascal GEORGEShttp://www.blogger.com/profile/01916469417040396074noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-201099176728897658.post-11464728285071696042023-10-31T20:17:00.000+01:002023-10-31T20:17:16.100+01:00 COMPIL’, PLAYLIST… etc…<p> COMPIL’, PLAYLIST… etc…</p><p class="MsoNormal"><o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal">C’est en cogitant et organisant la dernière compil’
participative pour mes amis du blog : <a href="https://lesrubriquesenvracdurock.wordpress.com/blog/">Blog | Les
rubriques en vrac du rock</a> , que me sont venues nombre de réflexions quant à
l’exercice de la chose et les motivations qui incitent tel choix, tel titre
issu d’un album au demeurant remarquable ou malheureusement peu digne d’un
grand intérêt, à part le titre en question…<br />
<br />
Je rentre d’une semaine de vacances sur l’ile de Rhodes, le genre qui repose,
fait du bien et permet de se ressourcer, sans hâte, sans visites au pas de
charge…<br />
Des sites archéologiques – et j’aime être face à l’histoire – à couper le
souffle, des paysages à perte de vue aux couleurs éblouissantes, des gens
simples, avenants, naturels, souriants et détendus. <br />
Une voiture de loc’, tu chemines à travers l’île avec parfois un but, d’autres
fois sans but, te laissant porter par le hasard. Il aura été chaque fois
propice à la découverte. L’intérieur de l’île c’est à chaque minute l’envie de
s’arrêter pour admirer… tout comme en faire le tour par le littoral. <br />
Pas un chat (si des chèvres), tu peux rouler 20 mn sans croiser une voiture, tu
t’arrêtes où bon te guide et le moindre café, restau c’est une invitation à la
saveur.<br />
Alors, une fois que tu es entré dans la voiture de loc’ au gps en grec
exclusivement, donc peu probant pour le guidage d’autant que ton réseau c’est …
zéro pour les habitués du google maps, tu mets en route le bluetooth et la
question… : silence, album, mais lequel, playlist, mais quelle musique
peut bien accompagner ce périple bienfaisant ?…<br />
La radio locale te propose un choix de tubes rarement autre que de la musique
grecque et là déjà, c’est un point appréciable, mais même si j’aime la plongée
culturelle, naviguer en permanence au son du sirtaki qu’il soit joué trad, pop,
rock, hard même, ne fera pas mon affaire sur la durée. <br />
D’autant qu’en restaus c’est la norme et c’est heureux, car cette revendication
identitaire fait finalement beaucoup de bien.<br />
<br />
J’avais donc au préalable préparé quelques playlists et non compils, allez
savoir pourquoi je me différencie l’intitulé…<br />
Chacune avoisinant les 6 heures…<br />
Téléchargées en cas de wifi capricieuse (ce qui fut le cas et franchement être
en détox de tel, ça fait un bien fou) ,elles étaient simplement référencées
ainsi : Ambient, Classique, Rock/Pop, Jazz, Frenchy.<br />
Et le choix interne était d’y glisser des titres « que j’aime »,
juste histoire d’être bien, pas en mode découverte et surprise faisant cogiter,
pas en mode obligé de zapper parce que, pas le moment , pas l’envie, pas…<br />
Des playlists simples, qui – qui sait ? – seraient juste le reflet
finalement d’un certain moi musical et artistique, du moins une partie, le côté
lumineux, familier… le côté obscur n’étant pas de mise je l’ai dit plus haut.<br />
Et des titres pas forcément tête de liste d’une, d’un artiste, mais semblant
utiles, représentatifs d’une envie, d’une émotion, d’un moment de vie, aussi.<br />
<br />
Puis, de retour, est arrivé le casse-tête que j’attends avec impatience :
la compil’ à thématique proposée par nos amis.<br />
Rien à voir… <br />
Coller à un thème, trouver le bon angle d’approche, organiser les titres de
façon à créer un véritable enchainement entre des esthétiques différentes, voir
diamétralement opposées – l’exercice est autre, captivant, mais autre. <br />
L’exercice, je le connais bien. Il est similaire quand on me demande une
conférence non sur un album, un artiste ou une œuvre, mais sur une thématique
et coller la musique à cette thématique. <br />
Sauf que pour une conférence, même si un ordre de « passage » est
obligatoirement envisagé, c’est l’argumentaire qui va primer alors que là,
c’est le défilement musical qui sera quelque part, la clé.<br />
L’exercice est dont riche en recherches. <br />
Se souvenir, creuser, ne pas oublier un/une tel pour finalement le/la laisser
de côté car absolument incasable dans le cheminement de la compil’, ou sinon
tout réorganiser autour de lui/elle… donc reprendre à zéro.<br />
<br />
Prendre le thème « au pied de la lettre » ? le détourner ?
l’extrapoler ? l’amplifier ? ...<br />
Que de pistes à envisager…<br />
Dès que la dernière participation intitulée « let’s dance » sera en
ligne je publierai ici un complément d’infos expliquant mes choix et parlant
des titres artistes proposés.<br />
Face à « let’s dance », que faire ?<br />
Aller à l’évidence qui consiste à mettre en avant le titre de Bowie ?<br />
Partir du titre de Bowie et explorer autour des musiciens qui en sont la
substance et en font la richesse, à savoir Nile Rodgers donc là, on peut
largement avoir une compil’ autour de Nile… et Nile et la danse c’est du tout
cuit… mais aussi Steve Ray Vaughn, tiens donc… <br />
Et puis y’a la section rythmique, et puis, et puis et là…<br />
S’embarquer dans l’expression et ce qu’elle sous-entend ?<br />
Moi, j’ai cherché dans la danse et comment la musique s’est toujours mise à son
service, mais aussi comment la musique fait… danser… bref, cette interaction
qui en fait, imbrique l’une et l’autre sans réelle distinction, chose que l’on
a parfois tendance à oublier… sauf notre corps…<br />
Et de démontrer que la danse a été l’un des moteurs qui a permis à la musique
de sortir de son carcan d’écriture « sérieuse » pour s’ouvrir vers
des espaces imaginatifs où le cadre théorique n’a plus cours en soi, mais est
au service de l’imagination. Sans parler du rythme, simplement.<br />
<br />
Puis il y a eu la lancée saisonnière de la suite, à savoir « chanson
d’automne » …<br />
Chanson ? Automne ? <br />
Distinguo à faire, ou pas…<br />
Se focaliser sur le seul mot automne ou autumn ?<br />
Bref, elle est terminée bien entendu et je ne pense pas y revenir… <br />
j’ai presque failli ne mettre que des versions d’autumn leaves.<br />
<br />
Bon, l’exercice dans le sens playlist ou compil est différent, car le sens
l’est également.<br />
<br />
J’en reviens à mes playlist d’accompagnement vacancier, dont le seul axe était
involontairement, mais réellement stylistique…<br />
Rock/Pop… du Zep, du Bonamassa, du Journey, du Floyd, du ELP, du KC, des
Talking Heads, du Bowie, Steely Dan, LaBounty, Lukather, Trower, Winwood,
Traffic , Elton … bien sûr et tant d’autres…<br />
Classique… Beethoven, Mozart, Poulenc, Ravel, Debussy, Mahler, Wagner, Vivaldi,
Handel, Bach et Berg… là aussi entre autres.<br />
Ambient… essentiellement Eno, Budd et Guthrie mais aussi y glisser quelques
vieux Tangerine et Shulze…<br />
Jazz… Miles, Shorter, Herbie, Weather Report, Getz, Jarrett, Garbarek, Rypdal,
Trane…<br />
Frenchy… Sheller, Sanson, Aznavour, Ferré, Ange, Triangle, Berger, Serge,
Baschung et Daho… <br />
<br />
Assemblés ou en désordre, à lire dans l’ordre ou en aléatoire, là, finalement
peu importe, seule la « connaissance » des titres et la satisfaction
de les écouter importera et ce fut le cas.<br />
<br />
Sans plus de détails, juste en ordre rangé ou à déranger, voici ces playlists …
<br />
Curieux, j’avais mis à la file plusieurs titres de chaque artiste. <br />
Je fais rarement ça…<br />
Un titre, une seule raison de choix… parce qu’il y en a toujours une, qu’on le
veuille, l’admette ou non.<br />
<br />
Rock/Pop : <br />
- « Shine on your crazy diamond part1-5 » / Pink Floyd. Pour le solo
de sax baryton qui me fait systématiquement frissonner.<br />
- « Black Dog » / Led Zeppelin. Pour la relance historique de Bonham
et la furie qu’elle génère juste après.<br />
- « No Quarter » / Led Zeppelin. Pour les « sorties »
vocales de Plant à la fin qui sort de la coquille du piano éthéré de Jones pour
balancer son jus.<br />
- « Can you hear me knockin’ » / Rolling Stones. Pour le riff, tout
simplement, eux seuls sont capables de tels riffs.<br />
- « Slave » / Rolling Stones. Pour le solo sous emprise de Sonny
Rollins et là encore… le riff… (zut, deux raisons)<br />
- « Entangled » / Genesis. Pour les cordes synthétiques de Banks
absolument magiques.<br />
- « Ripples » / Genesis. Pour le génie mélodique et le chant de
Collins.<br />
- « Awaken » / Yes. Pour l’extraordinaire performance de Rick Wakeman
et la forme structurelle du titre.<br />
- « Onward » / Yes. Pour la simplicité mélodique qui se dessine.<br />
- « Rainmaker » / Traffic. Pour le jeu de Chris Wood à la flûte.<br />
- « Roll Right Stones » / Traffic. Pour le chant de Steve.<br />
- « Tonight » / Elton John. Pour l’incroyable orchestration de
Buckmaster.<br />
- « Boogie Pilgrim » / Elton John. Pour les cuivres Brecker-Sanborn
dans un tel contexte pop groovy.<br />
- « Where’s The Shoorah ? » / Elton John. Pour les chœurs
gospel.<br />
- « Just the Way you Are » / Billy Joel. Parce que c’est l’une des
chansons que je préfère jouer et chanter au piano bar.<br />
- « Be still my beating heart » / Sting. Le jeu baroque et lumineux
de Branford Marsallis.<br />
- « They Dance Alone (Gueca Solo) » / Sting. Pour l’ambiance unique
qu’il dégage et sa fin dédoublée en toute souplesse.<br />
- « The low Sparks of High Heeled Boys » / Steve Lukather. Pour le
jeu d’orgue et le fait que c’est un titre de Traffic totalement reboosté.<br />
- « Bridge Of Sight » / Steve Lukather. Parce que Steve lance un solo
d’une puissance de feu inimitable et unique et que c’est l’un de mes titres
préférés de Robin Trower.<br />
- « One more Night » / Phil Collins. Pour l’art mélodique de Phil.<br />
- « That’s just the way you are » / Phil Collins. Pour la magie
vocale qu’apporte David Crosby en choriste.<br />
- « The Rythm of the Heat » / Peter Gabriel. Pour l’oppressante
transe qui colle jusqu’au terme du morceau hypnotisant et les cris retenus et
contenus de Peter.<br />
- « San Jacinto » / Peter Gabriel. Pour la puissance expressive.<br />
- « Amor real » / Jon Anderson. Pour la rencontre avec Milton.<br />
- « Houses in Motion » / Talking Heads. Pour l’afro beat implacable à
la Fela et le solo de « trompette » de John Hassell.<br />
- « To Turn ou On » / Roxy Music. Pour la voix de crooner délicat de
Brian et le solo de Phil qui illumine le centre du titre.<br />
- « Heartbeat » / King Crimson. Pour le modernisme qu’a apporté cette
énième mouture de KC et ces improbables guitares, pourtant véritablement rock.<br />
- « North Star » / Robert Fripp. Pour ce qui est le point de départ
d’un album étrange et hasardeux, celui de Daryl Hall « Sacred
Songs ».<br />
- « Don’t Change » / Hall and Oates. La fusion de la pop américaine
et du rock Fm Toto…<br />
- « Is it a Star » / Hall and Oates. Pour la production,
l’inventivité zappaienne et le casting Utopien de Rundgren.<br />
- « Who’s Crying Now » / Journey. Pour Neil Schön, tout simplement.<br />
- « Keep on running » / Journey. Pour le jeu de Steve Smith qui reste
fondamentalement rock tout en appuyant chaque élément de la musique.<br />
- « Don’t Stop Believin’ » / Journey. Parce qu’on tient en Perry un
chanteur de haute volée.<br />
- « Urgent » / Foreigner. Juste parce que je les ai vu en concert et
que ça a été presque inoubliable et que ce titre… d’en face, en live !<br />
- « Pariah » / Steven Wilson. Pour le mur du son de guitares de la
fin en faux solo.<br />
- « Drive Home » / Steven Wilson. Parce que j’ai découvert S.W par ce
titre, via Chris et son blog et que je l’ai directement mis au programme d’un
de mes groupes d’élèves pour leur exam.<br />
- « The Raven that Refused to Sing » / Steven Wilson. Parce que j’ai
essayé de chanter cette chanson mais que je n’ai jamais pu à cause du trop
plein d’émotion qu’elle génère (oui, ça arrive parfois ce genre de situation
incontrôlable)<br />
- « Aja » / Steely Dan. Pour les soli combinés de Shorter et Gadd. Le
summum de l’art du studio.<br />
- « Deacon blues » / Steely Dan. Parce qu’en le faisant jouer à l’un
de mes élèves je suis tombé sous emprise de la progression harmonique qui défie
toutes les lois de l’écriture pop, même si ici il s’agit de pop/jazz.<br />
- « Glamour Profession » / Steely Dan. Pour le beat de Gadd et
surtout le solo de S.Khan qui conclut le titre.<br />
- « Time out of Mind » / Steely Dan. Pour l’échappée du choriste.<br />
- « Look Who’s lonely Now » / Bill LaBounty. Pour ce groove.<br />
- « Nobody’s Fool » / Bill LaBounty. Pour sa voix…<br />
- « A new career in a new town » / David Bowie. Pour l’audace de
balancer un tel morceau.<br />
- « Alladin Sane » / David Bowie. Pour le solo de Garson.<br />
- « Rebel Rebel » / David Bowie. Pour le riff, immédiat.<br />
- « Heroes » / David Bowie. Simplement parce que c’est l’une des plus
belles chansons que je connaisse.<br />
- « China Girl » / David Bowie. Shhh… quel érotisme…<br />
- « I’m Afraid of Americans » / David Bowie. Pour la créativité de
l’agencement et du mix.<br />
- « Neuköln » / David Bowie. Pour le solo sax déjanté de David.<br />
- « I’ve seen that face before » / Grace Jones. Pour Sly and Robbie,
Wally, le bandonéon tango, tellement à sa place et tellement ajusté à ce beat
reggae.<br />
- « Heaven or Las Vegas » / Cocteau Twins. Pour les guitares.<br />
- « Carolyn’s Fingers » / Cocteau Twins. Pour la performance vocale
intrigante tant qu’agaçante.<br />
- « Lorelei » / Cocteau Twins. Pour ce son acide et cet énorme
drumming.<br />
- « Sail on » / Robin Trower. Pour la voix diaphane de Dewar.<br />
- « Farther up The Road » / Robin Trower. Pour l’ambiance.<br />
- « Roads to Freedom » / Robin Trower. Pour la chaleur du jeu de
Robin.<br />
- « Karn Evil 9 – 1st, 2d, 3d » / ELP. 4 titres à enchainer comme une
symphonie électrique rock en plusieurs mouvements.<br />
- « I Can’t Stand it » / Eric Clapton. Souvenir de jeunesse…<br />
- « Can’t Find My Way home » / Eric Clapton. La plus belle chanson de
Winwood, quel que soit son interprète.<br />
- « Flor d’luna » / Santana. Parce qu’on l’a joué tout l’été et que
ce titre c’est des souvenirs. Beaucoup de souvenirs.<br />
- « Badge » / Robben Ford. Parce que Robben Ford illumine tout titre
qu’il reprend.<br />
- « Help The poor » / Robben Ford. La preuve…<br />
- « I Can’t Stand the Rain » / Robben Ford. Par 9.<br />
- « Had to Cry Today » / Joe Bonamassa. Encore Winwood et le jeu de
guitare de Bonamassa transcende le titre !<br />
- « Heartbreaker » / Joe Bonamassa. Parce que le mot rock sans Glenn
Hughes n’a pas réelle valeur.<br />
Et j’en ai tant zappés… mais avec ce package, la route était tracée.<br />
<br />
Jazz :<br />
<br />
- « Speak No Evil » / Wayne Shorter. Pour ce thème mystérieux et
efficacement swing… et Elvin…<br />
- « Infant Eyes » / Wayne Shorter. Parce que c’est certainement ma
ballade préférée si je m’évade jazz.<br />
- « So What » / Miles Davis. S’il est un titre de jazz, ce sera
celui-ci, à jamais…<br />
- « Directions II » / Miles Davis. Pour l’énergie fracassante.<br />
- « E.S.P » / Miles Davis. Parce que Wayne, Herbie, Ron et Tony…<br />
- « Utviklingssang » / Carla Bley. Pour sa simplicité et l’émotion
directement dégagée.<br />
- « The girl who cried Champagne » / Carla Bley. Pour l’intelligence
d’un « à partir de rien, ou si peu » et être capable de tels
développements.<br />
- « Scotown » / John Scofield. Pour le côté rythm’n’blues que John
n’a jamais lâché et qui reste inhérent à son jeu.<br />
- « High and Mighty » / John Scofield. L’inimitable fusion de Daryl
Jones et Omar Hakim que l’on retrouvera chez Sting et fera l’originalité de ses
débuts.<br />
- « Pick Hits » / John Scofield. Pour les lumineux Sanborn et Ray
Anderson.<br />
- « Last Night » / Larry Carlton. La quintessence du jeu de Larry.<br />
- « Old Folks » / Keith Jarrett. La façon d’introduire, d’amener le
thème…<br />
- « The Wrong Blues » / Keith Jarrett. Tout semble up, en l’air…
virevoltant et sautillant.<br />
- « Chelsea Bridge » / Keith Jarrett. Et soudain, la magie opère.<br />
- « Sandu » / Keith Jarrett. Le Jarrett pêchu que j’adule, bien
rentre dedans, complètement bluesy. Mon éternel modèle.<br />
- « 4 AM » / Herbie Hancock. L’inévitable rencontre Pastorius-Herbie
avec H.Mason. Un trio de rêve.<br />
- « Actual Proof » / Herbie Hancock. Ce solo de Fender Rhodes,
unique, absolu !<br />
- « Help Yourself » / Herbie Hancock. Mon titre préféré du Herbie
funky eighties.<br />
- « Speak Like a Child » / Herbie Hancock. L’arrangement mystérieux,
sinueux…<br />
- « Dolphin Dance » / Herbie Hancock. Une composition énigmatique.<br />
- « The Peacocks » / Bill Evans. Ce seul titre de Jimmy Rowles
transcendé par Bill me suffit comme titre pour cet immense pianiste.<br />
- « Windows » / Stan Getz. Qui transcende cette composition de
C.Corea boosté par un Tony Williams au-delà d’inventif.<br />
- « Yesterdays » / Stan Getz. L’art de la souplesse fait jazz.<br />
- « I Wanted to Stay » / Stan Getz. Idem et quel groupe ! Un
modèle.<br />
- « Amourous Cat » / Stan Getz. Dernier album studio avec un casting
impressionnant dont Jeff Porcaro aux drums ici magistral.<br />
- « Crystal Silence » / Stan Getz. Certainement la composition de
C.Corea que je préfère.<br />
- « The Peacocks » / Stan Getz. En duo avec le compositeur, le
fusionnel absolu.<br />
- « Willow Weep For Me » / Stan Getz. Pour le jeu bluesy de Stan.<br />
- « Club 7 and other Wild Places » / Stan Getz. Parce que Stan n’a
jamais pu oublier l’axe latinisant…<br />
- « Summer Poem » / Stan Getz. Parce que j’ai adoré diriger ce titre
arrangé pour Big Band pendant plus de dix années et qu’il recèle bien des
merveilles tant mélodiques qu’harmoniques.<br />
- « Straight to the heart » / David Sanborn. Ou comment Dave saura
toujours exprimer avec conviction n’importe quelle mélodie qu’elle soit jazz,
pop… peu importe.<br />
- « It’s you » / David Sanborn and Bob James. Additionnés de
Gadd-Miller, le summum de la perfection.<br />
- « Waltze for Dave » / Chick Corea. Mais quel compositeur !<br />
- « Side Walk » / Chick Corea. Pour le choc que m’a provoqué cette
direction musicale eighties avec l’Electrik Band.<br />
- « Second Sight » / Chick Corea. Là encore quel compositeur, dans
quelque direction esthétique que ce soit.<br />
- « Eternal Child » / Chick Corea. Certainement le titre de l’E.B qui
m’a le plus marqué avec son éternel retour hispanisant et le jeu félin de
Weckl.<br />
- « Quartet N°1 » / Chick Corea. S’il est un album de jazz
« composé » et écrit comme une suite classique il faudra positionner
celui-là.<br />
- « Pools » / Steps Ahead. Pour le développement du solo de
M.Brecker.<br />
- « Safari » / Steps Ahead. Pour le modernisme.<br />
- « Renaissance Man » / Michael Brecker. La chaleur du trio
orgue-guitare-batterie et le jeu de M.Brecker qui entre dans ce son.<br />
- « Nightwings » / Michael Brecker - Claus Ogerman. Beau…<br />
- « Choices » / Michael Brecker. L’organisation autour d’un motif.<br />
- « Nothing personal » / Michael Brecker. Le premier groupe qu’on a
invités à la naissance de notre jazz club a joué ce titre.<br />
- « Cannonball » / Weather Report. Poussé par Narada.<br />
- « Three views of a Secret » / Weather Report. Quand pour une
émission Arte de la première heure il fallut choisir un titre à trois temps
pour éclairer l’accordéon midi, nouvel objet sonore encore très peu usité, avec
Pat, on a choisi de jouer ce titre.<br />
- « Madagascar » / Weather Report. Pour le boostage final de Jaco. Et
le voyage qu’implique ce titre.<br />
- « The Well » / Weather Report. Le duo amical Shorter/Zawinul. Le
croisement de deux univers qui se sont côtoyés tant d’années et qui vont
repartir chacun de leurs côtés respectifs et respectueux.<br />
- « Blue Sound – Note 3 » / Weather Report. Pour les sons de Joe et
l’atmosphère hurlante qui va sortir de cette densité.<br />
- « Lawns » / Carla Bley. Séquence émotion. Son plus beau
titre ?<br />
- « More Brahms » / Carla Bley. Le solo de batterie de Victor Lewis
sur plans écrits. Anthologique.<br />
- « Talking Hearts » / Carla Bley. Hiram.<br />
- « On the Sunny Side of the Streets / Ben Sidran. Faire du neuf avec du
très ancien…<br />
- « It didn’t all come true / Ben Sidran. L’inventivité groovy de Erskine
et Gomez…<br />
- « Easy Street » / Ben Sidran. L’idée « idéale » que
j’avais du piano bar. Il y a si longtemps…<br />
- « Individual Choice » / Jean Luc Ponty. C’était avec un
« clip » absolument hypnotisant et ça le reste.<br />
- « Plastic idols » / Jean Luc Ponty. Idéal au décollage de l’avion.<br />
- « Cats Tales » / Jean Luc Ponty. L’art et la manière de jouer avec
les carrures et les mesures.<br />
- « Modern times Blues » / Jean Luc Ponty. Ou comment intégrer le jeu
de Benson dans un espace synthétique.<br />
- « Tunji » / John Coltrane. Une phrase et l’imaginaire s’envole.<br />
- « Endangered Species » / Wayne Shorter. L’après Weather Report. Le
nouveau choc.<br />
- « Ponta de Areia » / Wayne Shorter. Avec la voix de Milton…<br />
- « 502 Blues » / Wayne Shorter. Composition de Jimmy Rowles. Polar…<br />
- « Footprints » / Wayne Shorter. Me transporte à chaque fois que cette
version originale.<br />
- « House of Jade » / Wayne Shorter. L’autre de mes ballades jazz
préférées<br />
- « Top Secret » / Yellowjackets. Mon exercice de FM préféré pour
faire trouver la pulsation (avec Lively up Yourself de Marley)<br />
- « Minuano » / Pat Metheny. Le Metheny made in Brazil poétique.<br />
- « What Cha Gonna Do for You » / Rufus and Chaka Khan (live).
Irrésistible !<br />
- « Trouble » / Lizz Wright. La voix, cette voix.<br />
- « Amazing grace » / Lizz Wright. La foi, cette foi.<br />
- « Lovely Day » / José James. Des lumières plein les yeux.<br />
- « Tenderly » / José James. Un rêve.<br />
- « Moanin’ » / Philippe Saisse. Quand l’acid jazz relifte le
séculaire.<br />
- « Oh la la » / Jeff Lorber. Comme le dit si bien le titre…<br />
- « The Bijou » / Jeff Lorber. Comme le dit si bien le titre…<br />
- « The in Crowd » / Jeff Lorber. Le must du groove en mimétisme
Herbie Headhunters.<br />
là encore il (me) faudrait au moins une liste triple à celle-ci.<br />
<br />
<br />
Classique :<br />
<br />
- « Scene am bach. Andante molto moto – Symphonie N°6 » /
Beethoven-Harnoncourt. L’idée de, justement, pastoral. Vision de la nature par
l’homme.<br />
- « Andante con Moto – Symphonie N°5 » / Beethoven-Harnoncourt. Pour
le thème magnifié par l’orchestration beethovenienne.<br />
- « Allegretto – Symphonie N°7 » / Beethoven-Harnoncourt. Parce que
c’était le moment musical préféré de mon père qui m’a initié à la musique et
surtout à l’écouter.<br />
- « Allegro Moderato – Symphonie Inachevée » / Schubert-Minkowski. Un
jour, un cours de musique, en seconde…<br />
- « Molto Allegro » et « Andante » - Symphonie N° 40 / Mozart-Riccardo
Minasi. Parce qu’une nouvelle vision est toujours possible.<br />
- « In Gemashlicher Bewegung, ohne Hast » - Symphonie N°4 /
Mahler-François Xavier Roth. Un monde en soi.<br />
- « Idylle – Suite Pastorale » / Chabrier-François Xavier Roth. Si
simple d’apparence.<br />
- « Daphnis et Chloé – Troisième partie » / Ravel-François Xavier
Roth. Certainement l’œuvre qui me donne encore le plus de frissons
d’imprégnation sonore et musicale.<br />
- « Adagio Sostenuto – Piano Concerto N° 2 » /
Rachmaninov-Buniatishvili-Järvi. Le temps s’est arrêté.<br />
- « Intermezzo-Adagio » - Piano Concerto N° 3 » /
Rachmaninov-Buniatishvili-Järvi. Le temps s’est arrêté à nouveau et j’en
pleurerais.<br />
- « Suite in B Flat Major » / Handel-Buniatishvili. La pureté.<br />
- « Deborah’s Theme » / Morricone-Buniatishvili. Comme et si proche
de l’émotion du silence.<br />
- « Allegro ma non troppo, Larghetto, Rondo Allegro – Concerto pour
violon » / Beethoven-Faust-Abbado. Parce que c’était l’œuvre préférée de
mon père, dans son intégralité.<br />
- « Adagio, allegro, andante, allegro – Sonata in N° 1 in B minor » /
Bach-Faust-Bezuidenhout. Parce que Bach peut aussi faire rêver.<br />
- « Langsam – Concerto pour violon en ré mineur » / Schumann-Faust.
Arrêt romantique sur images au choix.<br />
- « Prelude to Act 1 – Parsifal » / Wagner-Janowski. Je me rappelle,
j’avais 11 ans, on était à Garnier, on était là-haut, dans les cintres et là,
en bas, la beauté montait jusqu’à moi, simple gamin choriste parmi d’autres.<br />
- « Ouverture – Tannhauser » / Wagner-Janowski. Quel crescendo orchestral !<br />
- « Prelude de l’acte 1 – Tristan et Isolde » / Wagner-Janowski. La
beauté du romantisme à l’état pur. Je ne saurais jamais m’en passer.<br />
- « Prelude de l’acte 3 » / Wagner-Janowski. Le drame fait musique.
Hermann s’en est tellement inspiré…<br />
- « Prélude de l’acte 1 – Die Meistersinger von Nurnberg » /
Wagner-Janowski. Le faste orchestral.<br />
- « Passacaglia – Concerto pour violon N° 1 » /
Chostakovitch-Batiasvili-Pekka Salonen. Envoutant et la cadence violon par
Katia Batiasvili est d’une extraordinaire expression.<br />
- « V & V » / Kancheli-Batiasvili-Pekka Salonen. L’idée de la
pureté et de l’absolu musical.<br />
- « Adagio – Concerto pour violon en Re Majeur » /
Brahms-Batiasvili-Thieleman. Cette écriture d’entrée, aux bois m’a tant de fois
servi de modèle pour démontrer un frome de perfection d’écriture de section.<br />
- Allegro, Largo, Allegro – Concerto Grosso N° 1 » / Handel-Accademia
Bizzantina. Ecouté sans relâche pendant une longue période.<br />
- « Lascia ch’io Pianga – Alcina » / Handel-Piau-Paladins. L’art du soupir
amoureux…<br />
- « Giunse alfin il Momento … deh vieni no tardar – Les noces de
Figaro » / Mozart-Piau-Bolton. Souvenir d’une très-trop longue tournée qui
aura fini par me faire arrêter le métier de l’opéra, l’issue choriste au mieux
petite rôle ne m’était pas envisageable et cet air aura sonné cette fin.<br />
- « Stabat Mater Dolorosa – Stabat mater » /
Pergolèse-Piau-Rousset. L’œuvre de mon île déserte.<br />
- « Feuilles Mortes – Bruyères – Livre II des préludes » /
Debussy-Pollini. Il est venu me chercher à la fin d’un examen, m’a demandé
d’intégrer sa classe et m’a initié à « ce piano là » … je lui en
serais reconnaissant toute ma vie. Mr Neveu.<br />
- « Prélude à l’après midi d’un Faune » / Debussy-Boulez. Alors la
porte s’est ouverte…<br />
<br />
Ambient :<br />
<br />
- « 1/1 » / Brian Eno. Un simple motif joué par Robert Wyatt au piano
et le temps se désorganise autour de lui.<br />
- « First Light » / Brian Eno, Harold Budd. La notion d’espace
intemporel.<br />
- « Among fields of crystal » / Brian Eno, Harold Budd. Derrirèe
l’apparente froideur, l’émotion se cachera toujours.<br />
- « Dunwich beach, Autumn 1960 » / Brian Eno. Paysage…<br />
- « Jane 3, Jane 8, Jane 16 » / Harold Budd. Là, tout est calme et
beauté. Et j’y suis bien.<br />
- « Bell Tower » / Harold Budd. J’ai beaucoup initié à cette autre
musique mes élèves pianistes par ce simple titre et l’idée de cette cloche qui
rebondit et resonne au lointain.<br />
- « Candylion » / Harold Budd, Clive Wright. Voyage.<br />
- « Plumade » / Harold Budd, Clive Wright. Air… espace… ailleurs…<br />
- « Sweet Earth Flying » / Harold Budd, Clive Wright. Entre les
notes, l’espace.<br />
- « Stars » / Brian Eno. L’idée SF de la lévitation en atmosphère.<br />
- « Deep blue Day » / Brian Eno with Daniel Lanois. Et du retour sur
terre en traversant les nuages (idéal en avion)..<br />
- « I Dormienti » / Brian Eno. Mon titre fétiche représentant
l’aléatoire.<br />
- « Crystal Lake » / Klaus Schulze. Que d’heures à le passer en
boucle, à sa sortie.<br />
- « Rubycon Part 1 » / Tangerine Dream. Le rdv SF télévisuel…<br />
- « Desert Dream » / Tangerine Dream. Flûte mellotronée, dimension
futuriste et nostalgique.<br />
- « Love Theme » / Vangelis. Mon film fétiche, bladerunner…<br />
- « The tao of Love » / Vangelis. Une autre vision de la Chine,
poétique.<br />
- « Memories of Green » / Vangelis. J’ai présenté ce titre à un
concours professionnel ça les a changés… je ne l’ai plus jamais rejoué depuis.
Etrange…<br />
- « Crystal Garden » / Jean Michel Jarre. Totale immersion sonique.
Le pied !<br />
- « Ho Renomo » / Cluster et Eno. Quand j’ai découvert cet album
quelque chose a changé.<br />
- « Oil » / Eno Moebius Roedelius. Puis il y eu celui-ci. Même
constat.<br />
- « Wintergreen » / Roger et Brian Eno. Des coloristes.<br />
- « Urban Landscape » / Robert Fripp. Mon addiction aux
frippertronics date de là…<br />
- « Water Music II » / Robert Fripp. Et de là.<br />
- « Art Decade » / David Bowie. Beau, autre, léger, différent.<br />
- « Subterraneans » / David Bowie. Pour le « geste » et les
voix.<br />
- « Revue » / Robin Guthrie. Pop et ambient à la fois.<br />
- « Winter Garden » / Bernocchi-Budd-Guthrie. En fait cette musique
s’impose comme un rêve éveillé.<br />
- « Sunflowers Stories » / Robin Guthrie. S’installer, regarder… au
loin…<br />
- « Thunderbird Road » / Robin Guthrie. Attendre que le temps passe.<br />
- « Cadence » / Robin Guthrie. Penser, sans hâte.<br />
- « Radiance » / Robin Guthrie. Admirer la nature.<br />
- « Horse Heaven » / Robin Guthrie. Et partir dans les limbes…<o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal"><br />
Allez, il est temps de refermer la page. Je vous épargne le frenchy, ce sera
pour un autre jour car j’avais ajouté également une section spéciale ECM…<br />
Piochez, ou pas, parmi tout ça.<br />
Mais après tout, à chacun sa playlist et ses gouts, souvenirs, envies…<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<!--[if !supportLineBreakNewLine]--><br />
<!--[endif]--><o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal"><br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<!--[if !supportLineBreakNewLine]--><br />
<!--[endif]--><o:p></o:p></p>Pascal GEORGEShttp://www.blogger.com/profile/01916469417040396074noreply@blogger.com5tag:blogger.com,1999:blog-201099176728897658.post-150357086216715042023-10-24T20:50:00.000+02:002023-10-24T20:50:41.665+02:00 ROYALE MUSIQUE…<p> ROYALE MUSIQUE…</p><p class="MsoNormal"><o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal">L’encre budgétaire a et continue de couler autour de la
venue d’un prince Charles, devenu in extremis roi d’une Angleterre qui ne va
guère mieux que notre France macronisée.<br />
<br />
Des symboles qui interrogent…<br />
Versailles … haut lieu représentatif du pouvoir absolutiste royal.<br />
Le monarque de sang… reçu par le… proclamé élu… monarque
« républicain ».<br />
<br />
Chacun y est allé de sa « note de frais » et de son rituel cancanier.<br />
Parmi les invités, histoire de tenir Cie à la « reine » Camilla, un
certain Hugh Grant… au sourire de bellâtre certifié conforme et un Mick Jagger,
dandiné, certifié momifié. <br />
Z’auraient pu penser à Elton – ah m… boulette, qu’ai-je dit… Elton, Lord, a
dédié une chanson à Diana.<br />
Chez nous Lady Charlotte Gainsbourg, toutes belles jambes en évidence, le style
« à la française » et l’insoutenable Stéphane Berne, le mec qui se
pâme dès qu’il voit un blason, dès qu’il caresse avec turpitude passionnée le
moindre taffetas poussiéreux endormi au fond d’un royal placard ou sur le siège
d’un carrosse…<br />
Un défilé de ce qui rend les « peuples » croit-on admiratifs. <br />
Il n’en est plus rien.<br />
<br />
Bon, au moins ça aura fait bosser du monde…<br />
Fait s’affairer les petites mains de tous ordres et catégories.<br />
Il faudra renouveler la cave, car, là ils ont carrément fait une descente.<br />
Bon, le repas, forcément, digne de l’art culinaire le plus noble… à la
française. <br />
Tant mieux pour celles et ceux qui ont, là encore, travaillé pour « eux ».<br />
<br />
Musique et musiciennes/musiciens, dans tout ça ? ...<br />
Hmmm, Macron n’a finalement pas oublié une donnée royale capitale… <br />
Lui-même parait-il quelque peu pianiste, aimant Rossini, jouant Polnareff… <br />
Charles féru de musique classique ayant « étudié » plusieurs
instruments dont trompette et violoncelle… <br />
Il aura fait venir pour l’occasion le jeune
violoniste d’origine suédoise, étoile montante de la sphère virtuose
classique Daniel Lozakovich, à la carrière internationale, qui se produit
régulièrement avec l’Orchestre National de France.<br />
<br />
---<br />
<br />
Depuis Louis XIV, sous l’égide du Roy, la musique était écrite pour additionner
à l’aura du charismatique et autocrate Louis, l’empreinte du pouvoir absolu.<br />
Lully aura été le compositeur qui aura destiné sa musique à contribuer à cette
mise en place sonore de l’éblouissement que devait procurer l’apparition d’un
Roy s’autodéterminant Soleil, maitre des astres…<br />
Outre-Manche, Händel aura lui aussi, plus tard, mis son génie au profit du
faste du pouvoir avec des suites fanfaronnantes destinées éclabousser le King
d’admiration ordonnée sur la Tamise avec des « Water Music » mais
aussi avec des Feux d’artifice Royaux, qui d’ailleurs déclenchèrent un
incendie.<br />
Mais la musique annonçant le pouvoir n’est pas chose nouvelle, je pense à cette
fanfare introduisant l’Orfeo destinée à accueillir le « mécène » de
l’œuvre et non pour introduire comme ce sera le cas par la suite, la substance
de l’œuvre. J’en parle plus loin.<br />
<br />
La musique et le pouvoir…<br />
Le pouvoir de la musique …<br />
Insensé mais tellement, si l’on y pense, réellement aptes à être en corrélation.
Les uns se servant d’elle pour leur « image » (Louis XIV – Lully /
Hitler-Orff), les autres sous son charme au point d’en oublier, en s’évadant en
elle de façon irrationnelle (Louis II de Bavière / Wagner), leurs
responsabilités d’état.<br />
Sans parler des compositeurs ayant dédié leur musique au pouvoir, le temps
d’une admiration (Beethoven/Bonaparte), ou encore qui s’obligèrent à s’inscrire
(Richard Strauss) dans des idéologies. <br />
La musique, bannie par le pouvoir (Prokofiev…), a aussi contraint à l’exil…<br />
<br />
Je me penche sur un contemporain de Lully, sorte de génie musical qui aura eu
peine à retrouver sa place dans une certaine histoire… Marc Antoine
Charpentier.<br />
Lully était également un terrifiant autocrate… il avait pouvoir décisionnel
absolu, conféré par le Roy, sur toute musique qui pouvait être créée dans le
royaume. <br />
Il décidait donc, par un arrêté royal, de la « validité », pérennité,
« qualité » d’une œuvre…<br />
Il aura(ait) ainsi mis à l’écart nombre de ses contemporains compositeurs
s’arrogeant ainsi une exclusivité. Pire même, une autorisation de jugement qui
aura, non seulement mis dans l’ombre nombre de compositeurs, mais également les
aura rangés par la suite, dans le placard de l’histoire.<br />
La redécouverte de l’œuvre de Marc Antoine Charpentier, mise remarquablement en
lumière, entre autre, par Sir William Christie (tiens, un anglais…) semble
avoir rectifié aujourd’hui ce non oubli, mais ce dommage collatéral dû au
pouvoir absolutiste de l’époque.<br />
Il n’en est pas moins terrifiant que de constater de telles choses.<br />
Lully a, par sa musique, célébré l’aura royale, le pouvoir absolu, le
« divin » sur l’homme et le peuple.<br />
Par sa musique le Roy, fier danseur également, impressionnait une cour
d’admirateurs béats, prédécesseurs de Bern avant l’heure, simplement embarqués
par le faste, la « mise en scène » du pouvoir. Un pouvoir martelé par
une musique absolue et absolument sans la moindre équivoque.<br />
La relation Lully/Louis XIV l’un devant tant à l’autre et ce, réciproquement,
aura certainement autorisé à Lully cet abus de pouvoir afin de verrouiller
totalement de façon sécuritaire, sa musique.<br />
Conférant également à celle-ci un autre absolutisme.<br />
<br />
Aujourd’hui, même si ces données historiques, pas forcément révélées au plus
grand jour, obligent à une autre, peut-être… écoute… et bien que la musique de
Lully ; qu’elle soit d’apparat, de divertissement associée à Molière en
comédie ballet ou bien évidemment religieuse ; impose par son… justement…
pouvoir, il faut être en mesure de faire, comme on dit… la part des choses et...
un peu de rangement.<br />
<br />
Cette non-part des choses deux compositeurs en ont fait de larges frais…<br />
Richard Wagner, pangermaniste politiquement affirmé a toujours été
nébuleusement ou directement associé au nazisme, de par ses positions
antisémites clairement exprimées. Le nazisme du temps wagnérien n’était pas, mais
il ne tarda pas à pointer son nez et les idées tranchées (bien que souvent
contradictoires en actes – Wagner engageait par exemple des musiciens et chefs
d’orchestre juifs…) du compositeur furent une récup’ aisée pour le dictateur.<br />
Richard Strauss, également.<br />
Deux génies musicaux qui ont fait avancer la musique à de nombreux égards tant
en pensée qu’en conception, orchestration, usages. <br />
Bien au-delà de visionnaire, leur œuvre est une pierre incontournable de
l’édifice de l’histoire de la musique.<br />
Wagner, lui, pourtant politiquement tant bruyant qu’actif extrémiste, fascinait
Louis II de Bavière, à tel point que celui-ci s’offrait des premières
orchestrales, ou autre, afin d’évasions que seule la musique de Wagner savait
lui procurer. <br />
Une addiction sonore, un fan plus qu’inconditionnel et donc… un mécène sous
emprise.<br />
Nous aurons ainsi eu la démesure critiquée - comme toute démesure envers l’art,
ce quelles que soient les époques – de Bayreuth, ce petit théâtre intégralement
transformé pour devenir le temple de l’univers wagnérien… <br />
Un monarque sous emprise.<br />
Un compositeur qui, grâce au pouvoir de sa musique a réussi à obtenir de lui,
le projet ultime, le rêve absolu pour le spectacle d’art total, sorte de cinéma
immergé avant l’heure.<br />
<br />
Pour Richard Strauss, lui, contemporain du nazisme, l’affaire qui fait encore
débat est finalement peut être moins complexe qu’il n’y parait. L’homme, afin
de protéger sa belle-fille, Alice, qui est juive, va « composer »
avec le régime hitlérien. Certes, comme tant d’autres il admet avoir cru en
Hitler à ses débuts… jusqu’à ce que… cela touche directement son cercle
familial. <br />
En 1948 il passera devant la commission de dénazification. On sait ce que ce
genre de fait - historiquement prouvé qui, si l’on remet les choses dans leur
contexte, se doit d’être revu, corrigé et certainement relativisé – peut jeter un
opprobre durable sur n’importe qui. <br />
Alors sur un compositeur de renommée…<br />
<br />
Restons dans le sujet avec, par exemple, les fameuses « Carmina
Burana » de Carl Orff, un compositeur dont l’appartenance apparemment tant
active qu’idéologiste au nazisme fait encore débat. <br />
Hitler admirait Wagner… et Orff, ce dernier en seconde « position »
dixit l’intéressé dictateur.<br />
Les thèmes abordés dans le « Carmina Burana » étant forcément chargés
d’idéaux politiquement récupérables par le pourvoir nazi. <br />
Sans parler du pouvoir immédiatement hypnotique de sa musique sur le commun des
mortels. <br />
Alors, l’associer au pouvoir idéologique et politique…<br />
Pourtant sa musique a d’abord été rejetée par le troisième Reich. Trop moderne,
trop jazzy (!), trop de percussions… Finalement ce seront ses éditeurs qui le
feront accepter par le pouvoir argumentant une œuvre enracinée dans la race (!)
et le peuple… et il aura ainsi la commande d’une pièce d’ouverture de JO de
Berlin en 1936. Versatile, Orff a lui-même installé le doute sur ses appartenances
cela lui évitant un procès de dénazification.<br />
<br />
Changeons de Strauss et partons à Vienne avec la célèbre famille de
compositeurs de valses, polkas, mazurkas et autres marches célébrantes (Radetzky), quadrilles, sans parler des opérettes de divertissement. La musique
des Strauss en particulier de Johann, second du nom, est indissociable de l’image
sonore de l’empire austro-hongrois et bien que ce dernier provoquât dans sa
jeunesse le pouvoir en jouant des œuvres « interdites » telles la… « Marseillaise »,
il parvint, en dédiant certaines marches patriotiques à l’empereur François Josef
1<sup>er </sup>, à installer sa famille (sa dynastie serait plus appropriée) - en
devenant directeur de la musique de bal de la cour – et sa musique, comme
symbole musical de l’Empire.<br />
Qui n’imagine Vienne sans ses bals ou la valse fait perdre la tête ?<br />
Qui n’a pas été marqué de façon directe ou indirecte par cette imagerie relayée
par les films au long cours représentant de façon édulcorée une impératrice
Sissi ?<br />
Fait intéressant, Strauss s’est toujours (et c’est vérifié) affirmé juif et sa
musique aurait dû ou pu, de ce fait, être interdite par le régime nazi. <br />
Mais… Hitler aimait les valses de Strauss et il lui octroya même à titre
posthume un… certificat d’aryanité… <br />
Ce qui ne l’empêcha pas de se servir copieusement dans la fortune amassée par
la famille, jusqu’à la ruiner.<br />
Mais également ses valses servirent à « accompagner »
bien des atrocités du pouvoir nazi, en particulier dans les camps.<br />
<br />
Fanfares… j’y reviens.<br />
Monteverdi, fondateur a-t-on toujours exprimé, de l’opéra avec son Orfeo.<br />
C’est le 24 février 1604, à Mantoue, au palais ducale, dans les appartements de
la duchesse de Ferrare, sœur du duc de Mantoue (Vincenzo Gonzaga), que l’œuvre composée
par Monteverdi - et dont le livret de Striggio, secrétaire particulier du Duc,
s’appuyant sur de nombreuses œuvres tant poétiques que philosophiques – sera donnée
pour la première fois.<br />
Le commanditaire et dédicataire de la partition est Francesco Gonzaga, l’héritier
du Duc.<br />
L’opéra, au sujet mythologique s’ouvre par une puissante fanfare, puis celle-ci
laissera place à la Musica, personnage emblématique et principal, qui descend
de la demeure des muses…<br />
Mais alors… pourquoi donc une telle fanfare qui reviendra à plusieurs reprises,
musicalement hors contexte, musicalement hors du sujet de ces madrigaux organisés
en une suite musicale où la monodie poétique est quelque part le mode principal
d’écriture…<br />
Simplement pour annoncer tant la reprise après les entractes, et surtout, au
passage célébrer le mécène et commanditaire de l’œuvre par une fanfare claironnante,
brillante et installant le respect tant que son pouvoir ducal. <br />
<br />
Des exemples comme ça, l’histoire en est truffée…<br />
Récente également…<br />
Obama n’a pas spécialement besoin de nous balancer sa playlist chaque année… pourtant
je pense que nombre de ses suiveurs la mettent bien en évidence dans leurs portables.
Bruce, d’ailleurs a forcément fait certains frais de son amitié avec l’ancien
président et certains n’écoutent plus le rocker de la rue, rebelle… de la même
façon depuis que…<br />
<br />
Personnellement je n’ai pas été surpris de voir Jagger, résidant en France,
pointer son nez à Versailles pour le repas plus que royal. <br />
Enfin…<br />
Ça sonne un peu étrange non ?... un peu comme si, quelque part et véritablement
les choses ont <u>vraiment</u> changé… <br />
Je me rappelle des gentils Beatles et des vilains Rolling Stones… le genre de
truc qu’on te martelait à coup de revues spécialisées et manœuvrées (tiens l’était
pas là le Philippe ?) pour que tu choisisses bien « ton camp »…
Et ben les gars, raté… ! On s’est bien fait …<br />
Et du coup, ce dernier Stones… j’sais pas… mais d’avoir vu Mick se dandiner
devant sa majesté, ça lui donne pas le même reflet.<br />
<br />
ONJ Lang… <br />
Le jazz en mode étatisé et hop, les zicos virent à gauche (enfin… à gauche… cf « Les
Barbares »/Lavilliers, de gauche bien rangés) et récupèrent leur rive
bourgeoise estudiantine. Chacun espérant une place, qui sait, un jour, au sein de…
<br />
Et que dire de … la « fête » de la musique… ah, récup de jeunesse
électorale, quand tu nous tiens…<br />
Rassurez-vous, ou pas, j’me suis fait avoir… comme tout le monde.<br />
<br />
Mais au fait, la musique et nos derniers présidents ? ...<br />
A part Giscard qu’a réussi le doublé remise à la mode du balluche et box
offices des albums de Verchuren et d’Yvette Horner, on n’a pas trop l’idée que
la musique… pour eux…<br />
Ah si, Sarko/Bruni… enfin bon… ceci dit, quand elle fait un concert, elle est
sure d’avoir du (un certain) public…<br />
<br />
---<br />
<br />
La musique…<br />
Le pouvoir…<br />
Le pouvoir…<br />
La musique…<br />
<br />
Le pouvoir de la musique…<br />
<br />
---<br />
<br />
J’arrête là de méditer. <br />
Ca devient …<br />
<o:p></o:p></p>Pascal GEORGEShttp://www.blogger.com/profile/01916469417040396074noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-201099176728897658.post-37565784239165700722023-10-01T10:38:00.008+02:002023-10-01T10:53:39.550+02:00 « A EUX LA PAROLE » - ELOISE MINAZZO : « En Boucle ».<p> « A EUX LA PAROLE » - ELOISE MINAZZO : « En
Boucle ».<br /><br />Il fallait laisser passer l’été pour engager cette nouvelle rubrique annoncée
il y a un moment déjà.</p><p class="MsoNormal">
« A eux la parole »…<br />
Nombre de mes anciennes et anciens élèves on fait de la musique leur métier,
donc leur vie…<br />
Conjoncture actuelle, changement total des critères de diffusion, production,
médias et autre, omniprésence des réseaux sociaux, multiplicité des petits
labels et démocratisation de l’autoproduction… contraintes intermittentes de
plus en plus raides pour les professionnels dont c’est le seul statut
véritable… j’ai expliqué dans mon article initial présentant cette rubrique à
quoi la jeunesse artistique d’aujourd’hui était confrontée.<br />
Mais il n’y a rien de tel que de les interviewer… car c’est tout de même eux
qui en parlent le mieux.<br /><br />---<br /><br />
Eloïse Minazzo a vingt-trois ans, une volonté de fer, une voix à l’identité
bien travaillée et déjà un parcours professionnel déterminé (il vous suffira de
taper son nom dans la barre de recherche pour vous en rendre compte). <br />
Un mot est revenu souvent dans notre échange, c’est « travail »,
qu’elle associe beaucoup à « passion » et « partage ». <br />
Elle a donc tout compris.<br />
<br />
Elle compose et écrit les textes de ses chansons, elle les joue au piano et
bien entendu les chante. <br />
Sa vie oscille entre Paris et Sainte Maxime. <br />
A Paris elle est au cœur de la vie artistique.<br />
A Sainte Maxime, elle vient se ressourcer en famille et travailler l’été avec
sa voix et son piano. <br />
Pas d’artefacts, juste voix et piano… et elle séduit à chaque fois son public,
j’en sais quelque chose car elle me fait l’amitié de m’inviter à l’accompagner,
au piano, quand l’occasion le permet.<br />
Amitié… quand on est face à une artiste qu’on a connu sur les bancs du
conservatoire pendant plus d’une dizaine d’années, cela est un résultat
relationnel gratifiant, satisfaisant et surtout bienfaisant à constater.
Auréolé d’une forme de fierté, il va sans dire.<br />
Alors …<br />
On a laissé passer l’été, mais je voulais absolument commencer cette rubrique
avec et par elle.<br />
<br />
Voyons un peu ce qu’elle nous raconte à l’occasion de la sortie récente de son
single « En Boucle ».<br />
<br />
<a href="https://linktr.ee/eloiseminazzo">eloiseminazzo - Official Music,
Videos, Instagram - Linktree</a><br />
<a href="https://www.qobuz.com/ca-en/album/en-boucle-eloise/zb9wvoksfvnqc">En
boucle, Eloise - Qobuz</a><br />
<a href="https://www.varmatin.com/musique/eloise-sort-son-premier-single-a-ecouter-en-boucle-840164">La
jeune Maximoise Éloïse sort son premier single, à écouter en boucle - Var-Matin</a><br />
<br />
L’interview a été réalisée le 14-09-2023, retranscrite depuis notre échange en
visio, elle a un emploi du temps très chargé et sa vie artistique c’est du
plein temps…<br /><br />---<br /></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEgUPNBWaHO14ZnxjmGSONVSeRXrRFBX2ZkQcthV6BHRZWR2cjAlBMmhtELJhjVl9Ug2WPqEOco5f5RikMJ1Pd-znYV_ER2j8uOCX7J8YlUhYHvxQyxUWldprHEmsqIjIokJ5OAQnRO9ihW46fskzZXPZgK_ted27zUBTNZD6qBTO-3EVt5GlJK6GYUIrACm" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="" data-original-height="453" data-original-width="991" height="146" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEgUPNBWaHO14ZnxjmGSONVSeRXrRFBX2ZkQcthV6BHRZWR2cjAlBMmhtELJhjVl9Ug2WPqEOco5f5RikMJ1Pd-znYV_ER2j8uOCX7J8YlUhYHvxQyxUWldprHEmsqIjIokJ5OAQnRO9ihW46fskzZXPZgK_ted27zUBTNZD6qBTO-3EVt5GlJK6GYUIrACm" width="320" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div>- <i>« Bon alors, vas-y… tu te présentes ?... »</i><br />
- Je m’appelle Eloïse Minazzo, j’ai vingt-trois ans et je suis chanteuse,
pianiste, auteure, compositrice.<br />
J’ai commencé la musique à l’âge de six ans, par le conservatoire, en tant que
pianiste, piano classique en formation pendant quatre ans et puis après j’ai
bifurqué en musiques actuelles puis j’ai fait en tout dix années de
conservatoire.<br />
- <i>« Ah ouais quand même, ça en fait beaucoup »</i><br />
- 2006 à 2016. Dix ans. <br />Dix ans de conservatoire et après avoir bifurqué en
musiques actuelles j’ai eu plusieurs groupes de rock, etc. et j’ai arrêté après
l’obtention du B.E.M (Brevet d’études musicales).<br />
Après, j’ai eu un parcours scolaire classique et à l’obtention de mon BAC je
suis partie étudier deux ans dans une école de musique qui s’appelle la Music
Academy International (M.I.A) sur Nancy et après ces deux années-là j’ai
commencé à chanter dans des restaurants, des hôtels, etc. pour me
professionnaliser et ça fait trois ans que je vis de ça maintenant.<br />
- <i>« D’accord… tu en vis vraiment »</i><br />
- Ouais… ouais, ouais. J’en vis à 100%, je ne fais que ça.<br />
- <i>« D’accord… est-ce-que ça a été difficile ? Tu vis ça
comment ?»</i><br />
- Alors moi j’ai beaucoup de chance parce que j’ai réussi à avoir le statut d’intermittent
du spectacle ce qui permet d’en vivre aujourd’hui. Assez rapidement, après la
sortie de mon école, en fait, l’été qui a suivi, beaucoup de concerts, du coup
j’ai réussi à obtenir ce statut. <br />Grâce à ça aujourd’hui j’ai des revenus
mensuels. Donc j’m’en sors pas trop mal et à côté, j’ai aussi
beaucoup de projets qui commencent à se goupiller, notamment mon projet qui est
dans la création, la composition… <br />Ecrire des titres, sortir des chansons, etc.<br />
Après j’ai quand même eu beaucoup de chance d’avoir eu ce statut pour pouvoir
en vivre.<br />
- <i>« Oui mais alors, attends, tu estimes que c’est une chance, ou tu as
fait quoi… une chance comme ça, ça se provoque un peu non ? Ce n’est pas
arrivé du ciel… »</i><br />
- Ah oui… mais avec mon école, comme c’était une école avec formation
professionnelle, il faut considérer qu’on avait un statut qui nous a ouvert
cette possibilité de droit d’intermittence et après j’ai fait pas mal de
concerts, une chance dans ce sens-là. Après j’ai travaillé pour l’avoir …<br />
- <i>« Ouais, c’est-à-dire ? Quand tu dis j’ai travaillé pour
l’avoir, tu démarches toute seule, tu fais quoi ?»</i><br />
- Oui j’fais des démarchages, j’ai contacté des bookers, j’ai eu des
rendez-vous, etc… puis j’ai été référencée dans un réseau d’agences, de booking
d’artistes et j’ai été placée surtout dans la région PACA puis maintenant un
peu partout sur Paris, Courchevel…<br />
- <i>« Oui, donc t’as quand même un peu provoqué tout ça… c’est pas
toi, c’est pas toi qui te débrouilles toute seule uniquement »<br />
</i>- Non, bien sûr, j’ai de l’aide extérieure puis après, je trie de mon côté
mais j’ai des gens qui m’appellent etc… c’est un réseau en fait, j’ai un petit
réseau avec lequel je travaille.<br />
- <i>« D’accord… oui c’est important de dire ça car on croit en fait que
le statut d’intermittent c’est simple… Non mais ça n’est pas tout le monde qui
peut l’acquérir »</i><br />
- Bien sûr, bien sûr…<br />
- <i>« Pour avoir le statut d’intermittent, il faut quand même, je pense,
une part de talent tout de même… »</i><br />
- Ah, certainement bien sûr, après c’est beaucoup de travail, le talent on l’a
ou on ne l’a pas mais après, au-delà de ça, c’est énormément de travail et
d’assiduité.<br />
- <i>« Qu’est-ce que tu entends par assiduité ? »</i><br />
- Qu’il faut travailler un petit peu tous les jours comme on peut … le métier d’artiste,
chanteuse, interprète c’est de se mettre à la place du public, de travailler
des nouveaux morceaux, de renouveler son répertoire, c’est de travailler aussi
son instrument qui pour moi est la voix, le piano. <br />Enfin, ce que je veux dire
c’est que tout ça c’est… du travail<br />
- <i>« Alors, tu travailles combien de temps par jour – à peu près
? »</i><br />
- … avant les prestations ou …<br />
-<i> « Non, en gros… tu t’entretiens ? Tu as un quotidien organisé comment
pour ton travail musical ? »<br />
</i>- … moi c’est un p’tit peu aléatoire j’avoue. Quand j’ai des dates,
etc. j’travaille aussi en amont donc tout mélangé j’dirais trois, quatre
heures, ça dépend… En vrai y’a des journées où j’peux passer huit heures sur
mon piano, d’autres pas du tout. J’me mets pas trop de contraintes de c’côté-là
mais après je sais que quand j’ai des contrats, c’est réglo.<br />
- <i>« Un minimum et des fois t’as la pression… »</i><br />
- Oui, oui<br />
- <i>« Ouais bien sûr c’est logique… Donc c’est un VRAI métier, on est
d’accord »<br />
</i>- (rires…) Ah oui, c’est un vrai métier, oui…<br />
- <i>« C’est pas moi qui vais te dire le contraire mais j’aime bien te
l’entendre dire… »</i><br />
- (rires…)<br />
- <i>« Donc, à vingt-trois ans … je sais que dans ta famille y’a pas de
musiciens… »</i> <br />
- Non, non, aucun… mais si, y’a ma petite nièce mais … c’est tout nouveau…<br />
- <i>« Oui, ça va être toi le modèle… »</i><br />
- (rires) hmmm. ouais, c’est ça…<br />
- <i>« Comment ça s’fait alors… comment ça t’es arrivée un truc pareil –
de choisir… ça ? »</i><br />
- La musique… ça m’est arrivé en fait, un peu par hasard. <br />J’ai eu un accident
quand j’étais petite, ça m’a paralysé mon bras droit ... et comme les
médecins et les spécialistes pensaient que mon bras n’allait jamais se développer,
ils ont conseillé à mes parents, après un an et demi je crois, de paralysie, de
plâtre etc. quand ils ont vu que mes nerfs commençaient à repousser, de me
mettre au piano pour la rééducation en plus du kiné. <br />C’est comme ça que mes
parents m’ont inscrite au conservatoire. <br />Et… à la base ma mère a toujours voulu
que quelqu’un fasse de la musique dans la famille mais mes frères ils n’ont
jamais voulu… du coup elle s’est « servie » de moi pour réaliser son
« rêve » et en fait je n’ai jamais arrêté … <br />
- <i>« Mais tu… en fait c’est le hasard. Mais au sortir, cette décision
d’en faire ton métier c’est venu comment ? »</i><br />
- Et bien, c’est venu… c’est venu un peu grâce à toi quand même… <br />
- <i>« Ah… merci… »</i><br />
- C’est venu quand j’ai commencé à chanter. A la base je ne faisais que du
piano en classique, ça m’plaisait, j’faisais un peu d’chorale à côté, tout le
parcours conservatoire, solfège, etc. et puis… y’a un moment je n’ai pas voulu
arrêter mais j’étais un peu lassée, ma mère n’a pas voulu que j’arrête donc
j’ai continué. J’ai alors décidé de passer en musiques actuelles pour arrêter
le classique, ça m’plaisait plus et après, de là, moi je ne chantais pas du
tout … donc c’est toi qui a commencé à me mettre sur des chansons en tant que
choriste puis après tu m’as dit « prends la lead » et puis … j’ai
pris la lead. <br />J’étais pas du tout à l’aise, mais après, j’ai pris des cours de
chant – ouais puis j’ai jamais arrêté et j’pense que le chant a pris un peu
l’dessus sur le piano.<br />
- <i>« Hmm » …</i><br />
- Et je me suis vraiment rendu compte plus vers mes douze ans, que j’voulais
faire ça. <br />
Douze treize ans …<br />
- <i>« Et après tu ne lâches plus quoi… »</i><br />
- Ouais et après je n’ai pas lâché bien sûr. <br />Même si j’ai arrêté le
conservatoire j’ai continué à prendre des cours avec toi en parallèle et puis
des cours de chant… voilà je n’ai jamais arrêté. <br />Jamais, jamais …<br />
- <i>« Je sais que tu joues dans les restaurants, les hôtels, etc… puis
l’an dernier tu m’as confié que quand même c’était bien mais que ne t’allais
pas y passer ta vie, qu’il n’y a pas que ça… »</i><br />
- Hmmm… non… <br />Pour moi, au-delà du fait que ce soit ma passion etc., je
considère que c’est un petit peu « alimentaire ». <br />En partant du
principe que j’aime tellement la création, la composition… écrire et composer…
je me dis que dans les années à venir mon objectif c’est vraiment de faire
connaitre ma musique et aussi d’envisager d’écrire, composer pour d’autres
artistes et travailler autant dans la lumière que dehors. <br />
- <i>« Ah oui, tu veux vraiment développer la création mais pas
exclusivement pour toi ? »</i><br />
- C’est ça. Bon dans un premier temps j’aimerais vraiment faire connaitre mon
projet en espérant que ça marche et je pense que, dans un deuxième temps,
j’aimerais beaucoup aider des artistes à écrire leurs chansons.<br />
- <i>« C’est un bon projet… c’est bien »</i><br />
- Hmmm.<br /><br />
- <i>« Alors on va parler de ton single, pour le moment, puisque c’est un
single… : « en boucle » – je l’ai réécouté plusieurs fois
attentivement. Bien sûr, il tourne autour du piano… »</i><br />
- Ouais, ouais… ouais…<br />
- <i>Et… ça parle… de quoi ? »</i><br />
- … ça parle d’une rupture en fait, d’une rupture amoureuse … dans les grandes
lignes… et je l’ai écrit vraiment… pratiquement… d’entrée… <br />
J’étais à Paris, dans mon appartement et… j’écris, franchement je n’ai pas du
tout d’horaires, de méthode, de plan d’attaque… pour écrire une chanson, c’est
vraiment par hasard, souvent et là, en l’occurrence, c’était le soir, j’étais
dans mon lit et puis j’ai commencé à écrire un truc et… ça a bien pris. Donc
j’suis partie au piano. Instinctivement j’ai trouvé des accords tout de suite,
c’était très, très fluide et du coup, il se trouve que la veille ou
l’avant-veille j’avais rencontré quelqu’un qui est devenu mon ami par la suite
et qui fait toutes mes productions et arrangements.<br />
- <i>« Il s’appelle comment ? »</i><br />
- Il s’appelle Tom Bourcier<br />
- <i>« Donc… ouais, ouais, c’est du vécu ou pas, alors ? »</i><br />
- Ah oui, oui, c’est du vécu. <br />
Ce sont des expériences. <br />
J’écris rarement sur des choses qui ne me concernent pas de près ou de loin,
même si je n’écris pas toujours sur moi. <br />
Mais j’écris toujours sur des choses que j’ai ressenties, vécues, entendues … <br />
- <i>« C’est pour ça que j’ai écouté…on y croit… c’est normal… j’veux
dire ça ne semble pas fantasmé ou… tu vois… les paroles sont directes, on
écoute et c’est clair, évident. J’voulais savoir parce que, des fois, on écrit
en se basant sur tel ou tel sujet… »</i><br />
- Oui bien sûr, ça arrive à plein d’artistes. Ça va certainement m’arriver
aussi mais pour le moment c’est vrai que je pars sur mon vécu.<br />
- <i>« C’est important »<br />
…</i><br />
- <i>« Bon, tu m’as expliqué ta façon de procéder quand tu composes,
alors… une fois qu’c’est fait, là… tu procèdes comme ça… tu t’en rappelles par
cœur ? tu notes un peu les choses ?</i><br />
- Non je… <br />
Les paroles je les note sur mon téléphone… j’ai pas trop le cahier avec le
stylo… j’essaie mais j’ai du mal parce que souvent c’est aléatoire, donc comme
j’ai toujours mon téléphone sous la main c’est avec lui que je note et puis les
accords je les note aussi en grille comme ça. Et puis, surtout, j’enregistre
sur dictaphone pour pas oublier les toplines parce que là, par contre, je peux
avoir une idée et après j’oublie. <br />
Donc ça je l’ai enregistré et en fait, il se trouve que le lendemain j’avais
une session studio – j’l’ai proposée comme ça, sans être sure, j’sais pas.
J’aimais bien mais je n’étais pas hyper… enfin je ne sais pas, je … vraiment
j’ai proposé ça comme ça et il m’a dit, « c’est une super bonne idée, on
va travailler sur ce titre ». C’était pas du tout prévu qu’on travaille ce
morceau, à la base, c’était un autre. Et on est partis sur celui-là. On s’est
rendu compte que ça rendait bien et on a travaillé dessus pendant… au moins… au
moins… sept mois je pense… sept, huit mois…<br />
<i>- « Alors vous avez procédé comment ? Parce que sept huit mois de
travail pour sortir un morceau, bon j’présume qu’en parallèle vous en faites
d’autres, hein… »</i><br />
- Oui, en fait, on a chacun nos projets, lui est extrêmement pris aussi… on
s’voyait un peu par intermittence. Y’avait des mois on s’voyait très peu, donc
on travaillait de chez lui, de son studio room, sa chambre. Il a un mini studio
et du coup, on travaillait comme ça les sessions sur Logic et une fois qu’on a
vraiment eu et décidé du truc, moi je suis partie enregistrer les voix chez un
ami en Bretagne. Quand les voix ont été prêtes, on a fini et fignolé la prod et
on est parti sur le mix-master de ce titre qui a été fini l’année dernière en
juillet… <br />
Après j’ai mis beaucoup de temps à le sortir parce que – je ne sais pas- je
pense que plusieurs facteurs entraient en ligne de compte. <br />
Ce n’était peut-être pas le bon moment… chaque fois y’avait quelque chose qui
repoussait la sortie… et… il est enfin sorti en Mars, là, cette année.<br />
- <i>« Ah oui, quand même de juillet à mars… ça fait quand même un
p’tit temps… »</i><br />
- (rires) <br />
- <i>« Tu me dis effectivement que t’étais pas sure, etc. qu’est-ce qui
détermine… en fait là tu m’as fait me poser une question… en fait le ce n’est
pas le bon moment … comment est-ce que tu choisis « ça » ? »</i><br />
- Honnêtement j’en ai aucune idée… j’pourrais pas expliquer… mais je sais que
le titre il a été terminé en juillet, on a fait la pochette d’album en aout. <br />
J’ai appelé un ami qu’est photographe qui est super – on a défini la cover
ensemble – fin aout. <br />En fait le titre a été prévu pour le mois d’octobre et
après je n’ai aucune idée de pourquoi ça ne s’est pas fait. <br />J’pense que je me
posais beaucoup de questions sur la promo… j’ai beaucoup repoussé la sortie par
rapport à ça, j’avais un peu peur et pas forcément de contacts pour m’aider
là-dessus… <br />
En fait j’avais peur de le sortir dans le vent et que ça ne marche pas du tout
et que les gens passent au travers. <br />
…<br />
Entre temps j’ai fait des rencontres au MaMA Convention à Paris, c’était au
mois de novembre je crois (après vérif’ c’était mi-octobre), c’est une convention
où énormément de gens du métier se rencontrent, avec des labels, producteurs,
managers…<br />
C’est un pôle vraiment indispensable pour tous les artistes qu’ils soient côté
comme moi auteure, compositrice, interprète ou qu’ils soient de l’autre côté, production.
Là, on m’a conseillé quelques trucs, j’ai rencontré du monde et on m’a recommandé
de ne pas le sortir pendant la période des fêtes parce que, vraiment, ce
n’était pas là le bon moment. Décembre, Janvier sont passés puis du coup, de là
j’me suis dit « allez on y va » en sachant qu’il faut un mois de
délai pour un premier titre j’l’ai déposé fin février et il est sorti en mars.<br />
---<br />
Et entre temps j’avais fait des rencontres qui m’ont permis d’envisager une
promo un peu plus poussée, sans que ça soit exceptionnel, je n’ai pas eu les
moyens de faire un clip, malheureusement, mais c’était prévu…<br />
- <i>« C’est quand même étonnant, enfin moi, ce qui m’épate, c’est comment
tu fais pour arriver à faire ça… bref, tu rencontres des gens, etc. , faut
quand même une sacrée force de conviction, parce que t’as un projet à défendre,
t’as peut être des gens qui le défendent un peu, mais… t’es allée au charbon
tout de même, faut y’aller quoi ! »</i><br />
- Hmmm, ouais, c’est ça, j’pense, bon comme c’est le premier, c’était un peu le
grand saut et j’pense que j’avais un peu peur des retours, de faire un flop, de
ne <u>pas</u> avoir de retour même… et je pense que ces quelques mois où le
titre devait sortir et où il est sorti m’ont vraiment permis de me lancer, pas
tête baissée, mais justement d’avoir fait des rencontres qui m’ont un peu
aidée. <br />
J’ai rencontré quelqu’un notamment qui a un label et à qui j’ai fait écouter
des titres, qui m’a rassurée sur le projet. <br />
Tout ça a fait qu’à un moment donné je me suis sentie vraiment prête et le
titre est sorti.<br />
Il a pris comme il a pris, je ne regrette pas de l’avoir sorti et de toutes
façons il faut bien sortir à un moment donné ses titres, sinon, ils restent
enfermés dans les placards toute la vie…<br />
Ce n’est pas le but !<br />
- <i>« Tu as raison, alors il est en streaming, j’ai vu… j’imagine sur
YouTube, etc. En gros aujourd’hui t’en es à combien de lectures, d’écoutes… à
peu près … tu dois avoir des stats ? »</i><br />
- Alors, ça c’est une très bonne question… <br />
Je suis sur la plateforme DistroKid, j’ai placé mon titre sur ce site pour le
distribuer à toutes les plateformes de streaming. Et je n’ai pas réussi à me
renseigner pour avoir toute la totalité des streamings confondus, en revanche
je sais que sur Spotify, je suis pratiquement à 30.000 écoutes… Apple, Deezer,
etc. je n’en ai aucune idée et YouTube c’est affiché vu que c’est public, tout
le monde peut le voir, pratiquement 3000 écoutes. Hip, juste la pochette avec
le son. <br />
Faudrait que je me renseigne pour savoir combien d’écoutes cumulées au total,
mais je sais que le titre continue à vivre pas mal. <br />
Il y a eu un regain au mois de juillet, c’était assez calme mai, juin et puis
en juillet c’est reparti – mais j’laisse faire, c’est aléatoire…<br />
- <i>« C’est ce titre-là qui t’a amené… oui j’ai vu que t’as fait une
tournée, alors tu vas nous parler de tout ça… »</i><br />
- En fait ce titre, avant de le sortir, ce que j’ai fait c’est l’envoyer un peu
partout. <br />
A plein d’amis, de potes, de gens dans le métier. <br />
J’ai essayé de le faire découvrir en amont de sa sortie pour que,
potentiellement, les gens soient moins étonnés s’ils l’entendent et surtout que
l’écoute soit familière. <br />
Je me suis dit que c’était un bon moyen peut être pour les professionnels et
les médias que de l’avoir déjà entendu et je l’ai envoyé à plein de monde… <br />
Là j’ai eu des contacts qui m’ont proposé de faire une première partie en
Corse, grâce à un ami et le titre, enfin <u>le projet</u>, a été proposé – car
il y avait vingt minutes, donc à peu près cinq / six titres. <br />
Le projet a été validé et grâce à ça j’ai fait la première partie de Jennifer
en Corse, cet été.<br />
- <i>« Combien de concerts ? »</i><br />
- Avec Jennifer, un. <br />
Mais après j’ai tourné avec un autre projet, différent, avec un groupe, que de
la reprise, c’est un groupe que j’ai intégré au mois de mars, grâce à Tom (avec
qui j’ai fait mes titres). <br />
C’est complètement différent mais ça se rejoint un peu parce que c’est
important. <br />
La finale c’est à l’Olympia, le 11 novembre. <br />
On est en tête d’affiche sur une soirée.<br />
- <i>« Et tu vas aussi chanter tes chansons ? »<br />
</i>- Non, du tout, là vraiment à l’Olympia, ce n’est que des reprises. <br />
C’est pour une association qui s’appelle « Premier de Cordée pour les
enfants à l’Hôpital », c’est vraiment à but caritatif, mais, par contre
mes chansons, c’est toujours… à côté, c’est pour ça que je disais que c’est
détaché de mon projet mais c’est tout aussi important pour moi parce que c’est
quand même l’Olympia, ce n’est pas rien, et… je suis hyper contente de chanter
là-bas !<br />
- <i>« Et ta première partie de Jennifer, y’a eu quel impact, au niveau du
public ? »</i><br />
- Au niveau du public y’a eu un très, très bon retour. <br />
Je ne m’attendais pas à avoir autant de retours positifs… <br />
J’ai beaucoup de gens qui sont venus me voir après, j’ai eu pas mal de nouveaux
ajouts sur mes réseaux. <br />Après, c’était un concert de deux mil personnes, donc,
c’est beaucoup. <br />
Mais c’était un seul donc pour fidéliser un public c’est plus compliqué – les
gens te voient une fois puis après ils ne te voient plus… mais, en revanche, ça
m’a apporté pas mal de visibilité sur mes réseaux et là on a eu récemment un
contact d’une production dont Jennifer fait partie pour potentiellement faire
d’autres premières parties. <br />
C’est en cours de cheminement et ça va se faire, là, dans les prochains mois,
j’espère en tout cas. <br />
La production était contente on a eu des bons retours de tout le monde.<br />
- <i>« C’est important que tes projets ils aient une lisibilité publique
aussi… »</i><br />
- C’est sûr !<br />
- <i>« Tu comptes faire des scènes prochainement avec tes chansons ? »</i><br />
- Là j’en ai une en préparation soit début décembre, soit début janvier, dans
une salle qui s’appelle le Can Can à Pigalle. <br />
J’en ai une autre qui est en discussion, là où j’ai fait d’ailleurs mon premier
showcase au Bizz’Art à Paris et une troisième en discussion également. <br />
C’est pour ça que pour le moment je ne mets rien car aucune date encore fixée,
mais ça va se faire, au Sofar, c’est un concept où les artistes viennent
chantent leurs compos, etc. fidélisent un public et il y a pas mal de gens du
métier qui viennent aussi… ça permet de faire connaitre le projet. <br />
- <i>« ça existe encore ces scènes, là, c’est bien ! »</i><br />
- Oui, y’en a pas mal, bon c’est surtout à Paris, en fait.<br />
<i>- « C’est ce que j’allais te dire, c’est là où nombre d’artistes ont
décollé, sur ce genre de scènes où tu viens présenter tes projets, etc. c’est
bien que ça existe encore, j’en étais plus du tout convaincu »</i><br />
- De quoi, que ça existe ? Si, y’en a beaucoup à Paris, ça se fait
beaucoup, même pour les premières parties etc.<br />
- <i>« Parlons vite fait métier – donc toi tu n’vas pas changer de métier
alors… »</i><br />
- « Ah non, pas du tout, non, non. <br />
Absolument pas, j’pense que je n’suis pas faite pour faire autre chose, donc
non, non. <br />
Enfin je ne me vois pas faire autre chose que ça, non, non.<br />
- <i>« C’est dur au quotidien ou pas ? Financièrement… »</i><br />
- Ouais… c’est dur… en fait c’est un peu une pression permanente, être dans la
musique on n’est jamais au repos parce que… ce n’est pas parce qu’on est pas
dans la lumière qu’on ne travaille pas. <br />
On travaille plus hors de la lumière que dedans et je trouve que… quand on est
surtout … indépendant … comme ça, y’a personne… <br />
Quand on n’a pas d’équipe c’est compliqué et même quand on en a une je pense
que la pression est la même, faut toujours se dépasser, faut toujours proposer
de nouvelles choses pour avoir de la créativité… faut s’mettre au niveau, faut
beaucoup écouter ce que les autres font aussi pour s’enrichir. Je trouve que ce
n’est pas facile… surtout … que ce soit financièrement, oui, c’est une chose,
mais mentalement faut avoir le moral bien accroché. <br />
C’est aléatoire, c’est un jour oui, un jour non – un jour on appelle, un jour
on n’appelle pas…<br />
- <i>« Décourageant… des fois ? »</i><br />
- Ah oui, c’est sûr.<br />
- <i>« A chaque fois qu’t’as un truc, c’est une victoire en fait… »</i><br />
- Oui… une victoire et en même temps… une satisfaction de n’avoir pas lâché,
d’avoir travaillé comme il faut mais après, même quand c’est décourageant, etc.
il faut se rappeler pourquoi on le fait et à la base c’est juste une passion,
donc, il ne faut pas que ça devienne de la torture quoi…<br />
- <i>« D’accord, j’comprends » (courte pause).</i><br />
---<br />
- <i>« La suite… tu vas en sortir d’autres ? »</i><br />
- La suite… là est prévu, j’espère pour avant la fin de l’année, un nouveau
single … je ne miserais pas sur deux, à la base j’avais prévu deux, mais je
pense ça va être un peu short, enfin, je ne sais pas.<br />
Mais de toute sûr, oui, un nouveau single avant la fin de l’année avec un clip,
ça c’est sûr. <br />
Pour que les gens puissent avoir un repère visuel sur qui je suis, parce bon là
j’ai des photos etc. mais c’est important d’avoir un clip quand même. Et vu que
je n’ai pas pu en sortir un pour le premier il faut absolument que pour le
deuxième il y en ait un.<br />
Et puis j’ai une stratégie d’en sortir un avant la fin de l’année puis un
troisième single, puis après le troisième single selon comment ça prend, sortir
un EP.<br />
---<br />
Parce que sortir un EP maintenant c’est trop tôt, les gens ne connaissent pas
encore assez le projet. <br />
Je trouve ça dommage de lâcher cinq titres d’un coup qui passeraient
potentiellement au travers alors que quand on a travaillé dur dessus… et …
j’aimerais bien que les titres aient un tout petit peu plus de lisibilité.<br />
Donc je pense que, déjà … un single … voir un peu les retours, les retombées du
deuxième et … le troisième et puis après … voilà.<br />
- <i>« Bon c’est une stratégie, vraiment, là t’as un plan de campagne en
fait… tu t’présentes aux élections… bon on raisonnait pas vraiment comme ça
avant, mais c’est bien ! ça a changé, hein… c’est les réseaux sociaux
qui ont fait changer ça …»<br />
</i>- Oui, beaucoup… les réseaux sociaux c’est vraiment… pfff (rires), c’est
compliqué !...<br />
- <i>« Alors tu vis ça comment les réseaux sociaux… au quotidien… parce
que je trouve et je sais que tu es assez active, mais… comment tu
procèdes »</i><br />
- Oui je suis active mais je le vis pas forcément très bien, enfin, en fait, si
je pouvais m’en passer je le ferais volontiers. Moi j’ai un peu du mal avec ce
qui est Tik Tok etc. etc.<br />
Je suis assez spontanée, mais je n’ai pas le réflexe de filmer toujours ce que
je fais, c’est-à-dire que même quand je compose je n’ai pas forcément envie
d’avoir mon téléphone à côté qui enregistre tout ce que je fais. <br />
Du coup c’est un peu compliqué pour me faire connaitre sur les réseaux. <br />
Je publie beaucoup de photos parce que c’est facile, mais tout ce qui est
vidéos, parler des projets … ce n’est pas un réflexe pour moi que de prendre
mon téléphone et filmer et de parler aux gens.<br />
Du coup, si je pouvais m’en passer je le ferais, mais comme je ne peux pas, bien…
je fais avec et j’essaie petit à petit de … faire un peu … comme tout le monde,
entre guillemets, filmer sur Tik Tok… filmer des bouts de compos… pour faire
vivre le truc…<br />
- <i>« Est-ce que tu penses que mettre ta vie, quand tu crées, quand tu
fais ceci ou cela, etc… est-ce que tu penses que ce serait, vraiment,
absolument… nécessaire ? »</i><br />
- Je pense que ça l’est quelque part, parce qu’aujourd’hui les gens … sont dans
une espèce d’intrusion … qui fait qu’ils ont envie de « savoir » un
peu … <br />
Et je pense que la vie des artistes et comment on les perçoit ça a un peu
changé. <br />
Maintenant les gens ont envie de se sentir un peu familiers et je trouve et du
coup y’a ce truc de … quand on partage beaucoup de ce qu’on fait, les gens se
sentent proches de nous et, du coup, ils ont plus envie d’être avec nous et
nous suivre … de … <br />
ça n’est pas comme avant où … en fait … les gens, les artistes, on ne les
entendait pas, ils sortaient un album, on venait les voir en concert et ça
s’arrêtait là …<br />
Parce qu’il n’y avait pas les réseaux sociaux pour suivre. <br />
Maintenant, comme, entre guillemets, tous les artistes et les personnages sont
publics et… on a des réseaux qui sont publics, du coup, quand on les suit on a
envie de voir un peu ce qu’ils font … <br />
Enfin … tout le monde, hein… <br />
…<br />
Je pense que c’est nécessaire, mais après, chacun fait un peu comme il veut
aussi, mais … je ne me forcerais pas à faire des trucs que je n’ai pas envie de
faire, ça c’est sûr !... <br />
Je me dis que chacun doit y mettre un peu du sien et qu’il faudrait que… que je
m’y mette aussi…<br />
- <i>« Ok, ça c’est un manque sur lequel il faudrait que tu te
penches… »<br />
</i>- Mais c’est une stratégie aussi, les réseaux sociaux c’est … après il y a
des gens qui sont adeptes, d’autres pas. <br />
Je ne dis pas que sans réseaux sociaux on ne peut pas réussir, ce n’est pas
vrai, mais je pense que ça aide beaucoup aussi aujourd’hui… même au niveau des
labels, etc. <br />
Je sais… j’ai déjà entendu, après est-ce que c’est vrai, pas vrai… toutes les
sources sont discutables mais, que certains labels ne regardent même pas les
artistes qui sont proposés s’ils n’ont pas … moins de 10.000 abonnés, des trucs
comme ça quoi… en gros ça joue quand même énormément parce qu’ils considèrent
que si on est suivi par Instagram, Tik Tok et tout, c’est que le projet peut
être intéressant et eux s’y mettent aussi… <br />
Bon c’est un peu le serpent qui se mord la queue…<br />
- <i>« Mais bon, il faut bien gérer ton image dans ces cas-là »</i><br />
- Ah oui, c’est super important, je pense qu’il faut partager sa vie mais il
faut savoir mettre une barrière sur l’intimité et … pas dire tout et n’importe
quoi… <br />
- <i>« Oui c’est pas évident, parce que il y a certains artistes qui se laissent
même piéger, t’as bien vu l’affaire Juliette Armanet/Michel Sardou
récemment… »</i><br />
<br />
Echanges sur le sujet que nous garderons pour nous… <br />
L’occasion d’une autre pause et de causer en toute amitié, hors sujet.<br />
<br />
- <i>« Aujourd’hui - par rapport à la musique que tu as réalisé, y’a de
l’électro, ça tourne autour du piano, ça groove, j’ai beaucoup aimé par exemple
la ligne de basse, j’ai bien accroché sur tous ces systèmes musicaux… A un
moment, aussi, le changement de voix, lui aussi traité d’une façon électro…
enfin je trouve que c’est très actuel/tendance – moi je qualifierai, ce qui
n’est pas, excuse-moi, une mauvaise qualification… cela … comme de la <u>bonne
variété actuelle</u>. Je pense que c’est un tube ce que tu as fait là. Quand je
te dis <u>bonne variété actuelle</u>, en fait on parle d’Armanet, Luciani et je
pense à d’autres artiste comme Sabrina Claudio, je te trouve pas mal dans cette
mouvance. C’est un choix délibéré ? C’est ce que tu aimes faire ?
c’est ? … »<br />
</i>- Tout à fait, j’ai toujours aimé la pop, la variété. <br />
J’ai toujours été dedans et je pense que c’est un peu un mélange de tout,
c’est-à-dire que comme j’ai fait beaucoup de rock aussi … et j’adore ça … j’ai
essayé de mêler un peu tout ce qui me plaisait et j’ai eu la chance, aussi, de
trouver quelqu’un avec qui ça marchait bien musicalement parlant et qui a
vraiment su comprendre ce que j’aimais. <br />
Il l’a mis, en fait, sur « En Boucle », parce que moi, à la base,
j’arrive juste avec un piano-voix. <br />
C’est sûr que, les idées je les ai, mais je ne sais pas forcément les exprimer,
donc pour arriver à se comprendre c’est un langage assez particulier à établir…<br />
- <i>« Ah, ça c’est le plus difficile… »</i><br />
C’est ça !<br />
- <i>« Faut trouver la bonne personne pour les arrangements et… »<br />
</i>Oui, une bonne musique, s’il y a les bons arrangements, ça peut changer la
donne. <br />
Après, de base, il y a quand même une règle de se dire que si une musique sonne
bien piano-voix, elle peut sonner en arrangement. <br />
Mais après, à l’inverse un mauvais arrangement ne fera pas faire sonner piano-voix.<br />
- <i>« Bien sûr… Est-ce que quand vous élaborez les arrangements, etc… tu
donnes ton avis, tout de même »</i>.<br />
Oui, bien sûr…<br />
Au début j’avais une règle. C’est d’être là à toutes les sessions studio, parce
que j’ai eu des mauvaises expériences par le passé où en fait les personnes
travaillaient mon titre quand je n’étais pas là et m’envoyaient des versions…
et … c’est vrai que je trouve que c’est une perte de temps parce que quand il y
a des choses qui ne me plaisent pas, et bien, eux ils ont travaillé des heures
dessus pour rien… et moi je leur dis « bah, non, ça en fait je n’aime pas,
faudrait rechanger… ».<br />
Donc, tout le monde perd son temps. <br />
Et je me suis dit, si je suis là à toutes les sessions, on peut avancer
beaucoup plus vite en sachant que quand on a terminé une session, on a déjà
avancé et il n’y aura pas de machine arrière, en se disant, ça… finalement euh…
j’en veux plus. <br />
Enfin ça peut toujours arriver, mais c’est amoindri.<br />
…<br />
Alors que travailler avec quelqu’un à distance, s’il t’envoie un truc, qu’il y
a passé cinq heures et qu’au final 90% du travail qu’il a fait ça ne te plait
pas, c’est un peu… compliqué…<br />
<i>- « Oui, puis… humainement, aussi… pour la personne… »<br />
</i>Oui, c’est pour ça. <br />
Et là, au moins… et même moi… même si mine de rien je n’y connais pas
grand-chose, plus j’assite à des sessions, plus je commence à comprendre un peu
le traitement des voix, les différents sons, le studio, etc… ça me permet également
d’avancer.<br />
<i>- « Tu t’intéresses ainsi aux tenant et aboutissants de ton projet, ça
c’est important, c’est la bonne démarche » - (je raconte à Eloïse un de
mes récents déboires face à un titre qu’on m’a envoyé, que j’avais pour travail
d’arranger mais dont la somme de travail était telle - car il n’y avait ni
direction, ni investissement de l’artiste, ni mise en place réelle de la piste
audio - qu’au bout de quelques heures de mise en place, réflexion, écriture et
enregistrement de bases afin d’un minima de substance, j’ai appelé et laissé
radicalement tomber l’affaire…)<br />
</i>…<br />
- <i>« Bon alors, vingt-trois ans, tu te donnes combien de temps pour
devenir une star ? »<br />
</i>(Rires…) …<br />
C’est une vraie question d’interview ça ? ...<br />
Franchement, être « une star » ? … je n’en demande pas tant…
mais au moins avoir la reconnaissance de mon travail et arriver à faire des
scènes, j’aimerais bien que dans… en fait le plus rapidement possible en fait…<br />
<i>- « Demain, ça serait bien » </i><br />
Oui, en gros… (rires…)<br />
<i>- « Bon c’est le truc con mais, on a tous rêvé de ça – quand on est
jeune, c’est normal… c’est un statut qui fait rêver et… qui fait rêver
comment ? »<br />
</i>…. …. Je pense que c’est un statut qui fait rêver
mais qui fait très peur aussi…<br />
Je pense que malheureusement dans la lumière et dans le fait d’être vedette il
y a toujours une part d’ombre et ce qui me ferait peur ce serait de perdre pied
ou de… choisir les mauvaises personnes. Mais après, je pense que ça n’arrivera
pas parce que j’ai assez les pieds sur terre. <br />
Mais on ne sait jamais et je pense que pour ça, y’a certaines choses qui font
peur dans le fait d’être connue, reconnue, enfin, je veux dire, d’être un
personnage public, d’être dans le regard des caméras, etc. <br />
Après ça fait rêver, je pense, dans le sens où a tous choisi ce métier parce
que on a envie d’être dans la lumière et qu’on a besoin de reconnaissance. <br />
Une reconnaissance qui ne peut s’apporter que par-là, parce que, sinon, on ne
ferait pas ce métier. <br />
Et je pense que c’est un plaisir de partager avec les gens ce qu’on aime faire
et d’avoir un retour qui montre qu’ils aiment aussi. <br />
En tout cas si je fais ce métier c’est aussi pour ça. <br />
C’est pour voir dans les gens … un truc qui fait qu’ils sont super contents,
que ça leur plait, qu’ils chantent les mêmes paroles que toi, qu’il y a une
connexion. <br />
Enfin pour moi c’est vraiment du partage…<br />
<i>- « Avec une démarche comme ça … tu devrais t’en sortir »</i><br />
Oui (rires), je l’espère.<br />
<i>- « Par rapport au côté paillettes, certaines ne voient que ça,
donc… »<br />
</i>Les paillettes ça ne reste pas… (pause…) …<br />
C’est aussi pour ça que je me dis que j’aimerais beaucoup travailler avec des
artistes parce que je ne sais pas comment je serais -peut être que ça ne sera
pas le cas et que je ferais de la scène toute ma vie – mais je me je me dis que…
si un jour, j’ai un certain âge, que je n’ai plus envie, famille ou autre … je
sais que j’aurais besoin d’aider des gens. Les aider à se mettre en lumière eux
aussi, tu vois.<br />
<i>- « Tu as déjà travaillé avec d’autres artistes ? »</i><br />
Non jamais … mais par contre j’aime bien m’amuser à écrire des chansons pour
les autres…<br />
Des gens connus…<br />
Des fois je suis chez moi et j’écris un truc et je me dis « ah non, en
fait ça ce n’est pas pour moi, mais je le verrais bien chanté par telle
personne » …<br />
Du coup je garde et je me dis… on ne sait jamais, ça peut… ressortir.<br />
Non, ça ne m’est jamais arrivé de travailler avec des artistes connus ou pas,
mais j’aimerais vraiment qu’un jour ça puisse aboutir. <br />
Là petit à petit j’aimerais déjà travailler avec des amis, les aider. <br />
J’aime beaucoup écrire, donc, comme ça n’est pas facile pour tout le monde et
qu’il y a beaucoup de gens qui n’écrivent pas… alors, leur composer quelque
chose…<br />
<i>- « Si… t’as fait des chœurs pour quelqu’un y’a pas longtemps… »<br />
</i>Oui j’ai fait des chœurs pour Ridsa. <br />
<i>- « Et alors ? »</i><br />
Ben, très chouette expérience, hyper rapide… si l’enregistrement studio a duré
vingt minutes ça a vraiment été le bout du monde, mais vraiment c’était
chouette. <br />
Le titre a super bien marché…<br />
Je suis contente pour lui.<br />
<i>- « C’est quoi le titre ? »</i><br />
Santa Maria.<br /><i>
- « Comment tu as été contactée ? »</i><br />
Une amie qui travaillait avec le label qui a eu un contact.<br />
Et elle m’a appelé tout de suite en me demandant si j’étais dispo. <br />
Je crois que c’était le jour J soit le lendemain, donc très rapproché… pour
venir faire des chœurs. <br />
J’ai dit oui parce que j’étais là et que ça me faisait vraiment plaisir … ça
s’est fait… comme ça.<br />
…<br />
<br />
<i>- « Bien on va s’arrêter là. Je te remercie d’avoir joué le jeu et
répondu à mes questions. Et… Je te souhaite le meilleur »</i> <br />
Merci beaucoup ! <br />
<i>- « Et j’espère qu’ici tu seras lue et que tu auras de bons retours
ainsi que de nouveaux auditeurs. 42 mn environ d’interview… on a bien
développé… ».<br />
<br />
---<br />
<br />
</i>Ainsi s’est terminé notre échange.<br />
Face à moi, une jeune femme déterminée, passionnée et lucide.<br />
Elle sait ce qu’elle fait et maitrise sa vie artistique avec choix, pragmatisme
et perspectives, même si tout cela, bien entendu, évolue au fil de l’avancée logique
de ses projets.<br />
Elle sait s’entourer, a un bon contrôle sur sa musique, son équipe, son image
aussi, car le sujet a été largement abordé et, en d’autres occasions j’ai eu
largement le temps de discuter de tout cela avec elle.<br />
Des mots clés tels que passion, travail, reconnaissance, partage ont été
largement exprimés ici lors de ses réponses.<br />
Là encore, la superficialité n’a pas cours, Eloïse se construit artistiquement
sur des données essentielles, fondamentales. <br />
Notre échange sur le sujet des réseaux sociaux témoigne là encore de sa
lucidité.<br />
Professionnellement, la voilà encore, complètement active, responsable et
gestionnaire de son travail avec des vues à court, moyen voir long terme sur
son devenir créatif.<br />
A vingt trois ans, elle a une immense maturité et un recul pragmatique sur la
réalité du métier sans pour autant négliger la passion qui amène à
« faire » celui-ci, ce truc indescriptible qui est par contre,
totalement perceptible si l’artiste en est imprégné.<br />
Avec Eloïse, aucun doute, sa passion est là et elle fait tout pour la garder
intacte, chose essentielle mais pas simple au quotidien à gérer.<br />
Alors, vous apprécierez ou zapperez « En boucle », son single. <br />
L’axe variété actuelle qui m’est venu spontanément dès l’écoute de son titre
est loin d’être un « vilain mot », bien au contraire.<br />
<u>L’essentiel restant de créer la musique qui nous corresponde, d’être
artistiquement soi-même</u>. <br />
C’est cela la force de la crédibilité… et cela agit, sans tromperie, auprès du
public qui en a, plus que tout, par les temps actuels… besoin.<br />
<br />
Il apparait évident que notre relation amicale a privilégié la direction de
cette interview.<br />
Être et rester ami avec des artistes (ainsi que là, ses parents - dont il faut saluer l’engagement
inconditionnel) pour lesquels on a contribué un temps à l’épanouissement est
réel un privilège qu’il faut savoir savourer.<br />
Je lui souhaite véritablement de continuer à vivre ainsi de sa musique, de son
art, de ses créations.<br />
Il est des élèves dont ont sait, dès leur plus jeune âge, qu’ils/elles
deviendront musicien(ne)s.<br />
Je n’ai jamais imaginé Eloise autrement…<br />
<!--[if !supportLineBreakNewLine]--><br />
<!--[endif]--><o:p></o:p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><br />
<p class="MsoNormal"><br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<i><o:p></o:p></i></p>Pascal GEORGEShttp://www.blogger.com/profile/01916469417040396074noreply@blogger.com6tag:blogger.com,1999:blog-201099176728897658.post-50649268990606425002023-09-26T20:53:00.001+02:002023-09-26T20:53:46.191+02:00SUR LES CONSEILS DE ... Antoine/Dev'<p> SUR LES CONSEILS DE…</p><p class="MsoNormal">
<br />
Oui, sur les conseils d’Antoine qui a « rebondi » suite à ma dernière
chronique où j’ai ré-encensé « Blue Moves » d’Elton John.<br />
Le voilà qui m’incite, après que j’ai clairement dit que l’après « Blue
Moves » je l’ai décroché, à essayer deux albums de la légende Elton John
parus en ce siècle appelé XXIe.<br />
Qu’en est-il ?<br />
<br />
« SONGS FROM THE WEST COAST » - 2001 / EMI.<br />
<br />
Elton, pochette… est installé pensif sur la banquette du restaurant mythique
« Rae’s restaurant », à L.A. <br />
Quelques symboles…<br />
Il mate avec suspicion un pigeon blanc, posé là et qui lui tourne… le cou.<br />
Derrière les stores, une bagnole de flics.<br />
Elton a presque rangé ses extravagantes tenues pour arborer veste noire rayée
de paillettes argentées (le luxe classieux tout de même). Chemise blanche,
cravate noire – parfait combo.<br />
Pour les lunettes il a dû passer chez Optic 2000, au rayon basics et pour la
coupe de tifs (à moins qu’il ne s’agisse d’une perruque), il a aussi opté pour
une certaine sobriété.<br />
Il n’a encore rien commandé…<br />
Mais ça va surement venir, ça s’active en cuisine, c’est Elton, tout de même…<br />
<br />
Côté casting, là le beau monde s’est réuni, histoire de redorer le blason et de
fêter dignement le retour de son parolier fétiche Bernie Taupin.<br />
Idem pour le retour en agréable surprise pour ma part du batteur qui fit les
grandes heures du Elton John Band, Mr Nigel Olsson – il partagera les futs et
cymbales avec Matt Chamberlain, Paul Bushnell a la tâche de soutenir tout ça à
la basse.<br />
Il y a comme toujours une attention particulière au rôle divers des
percussions, c’est Jay Bellerose (Robert Plant/Alison Krauss) qui s’en charge.<br />
Paul Buckmaster est – et pour moi cela revêt un sens particulier (cf
« Tonight ») – aux commandes arrangements et direction d’orchestre. Il
est même spécifiquement cité comme arrangeur des cors dans la première chanson.<br />
Aux guitares, du beau monde de studio : Davey Johnstone, là encore un
pilier du E.J Band, Rusty Anderson qui a beaucoup travaillé avec Paul McCartney
et Bruce Gaitsch qui est co compositeur du célèbre tube de Madonna « La
Isla Bonita » et qui a également, et forcément, beaucoup travaillé avec
elle.<br />
Aux claviers additionnels ce sera Patrick Leonard qui sort le grand jeu vintage
comme au bon vieux temps de… avec Hammond B3 et autres orgues, mellotron… <br />
Elton comme d’habitude se réserve le piano mais aussi il va aller triturer un
vieil harmonium – ah ! quand le churchy reprend le dessus…<br />
Les invités maintenant…<br />
Là c’est la soirée V.I.P : <br />
Stevie Wonder qui a sorti son clavinet du carton et son harmonica de sa poche.<br />
Billy Preston qui vient faire ronfler son bon vieil Hammond.<br />
Rufus Wainwright s’empare des chœurs.<br />
<br />
Elton a sorti du chapeau le grand jeu et la volonté de revenir à ses premières
amour chantonnante lui a fait même enregistrer sur bande analo, histoire
d’avoir un son plus chaud.<br />
Ca aura bien entendu impliqué une grosse équipe en studio, dont je vous passe
le listing équivalent à la lecture qu’on se fade (ou pas) quand on est au
générique de fin d’un film – moi j’y reste pour écouter la musique jusqu’au
bout m’octroyant ainsi les regards suspicieux de l’ouvreuse ou du personnel qui
se tape le ménage des blaireaux à pop corns et autres paquets de chips jetés là
parmi les sièges. <br />
Bon pour cet album – y’a du monde.<br />
<br />
Alors… alors… si tout le monde s’accorde à inciter à l’écouter, genre tu verras
c’est un retour à sa période la « plus » créative, etc, etc… doit
bien y avoir une raison.<br />
<br />
- « The Emperor’s New Clothes » démarre sur un bon gros piano sous
lequel se glisse la ligne de basse.<br />
Elton nous refamiliarise avec sa voix bien pêchue.<br />
Cymbales et chœurs comme au bon vieux temps entrent en lice avec cet éternel
accord diminué typiquement d’usage pianistique.<br />
Puis enfin le drumming de Olsson va écraser massivement le tout avec une basse
bien carrée et tout et tout.<br />
Bien énergique comme on en avait l’habitude.<br />
Un faux solo de piano comme là encore on en a l’habitude. <br />
Les cors, majestueux, il s’agit d’un Empereur bordel ! ... mettons les
formes.<br />
Elton a du texte à débiter dans des mesures cadrées, faut pas mollir. <br />
Bernie est de retour, donc…<br />
Une coda en appui sur cet usage gospélisant qui sort toujours du chapeau Elton
et voilà, c’est emballé. <br />
Et… mais c’était bien bon tout ça. Bon je n’ai pas vibré comme au bon vieux
temps, mais franchement, là d’emblée je pousse plus loin, non pas par curiosité,
mais je le pense déjà… par plaisir.<br />
<br />
- « Dark Diamond ».<br />
Un break semi reggae ouvre le titre qui va s’épancher groovy hip hop. <br />
Mais ce truc qui wahwahte derrière, mais oui, c’est l’ami Stevie…<br />
Puis il sort son harmo fétiche, s’installe pépère dans le beat, illumine comme
à chaque fois qu’il est quelque part, le Stevie.<br />
Pas plus kiffant que ça, mais tout de même ça le fait et puis, on reconnait
bien dans le refrain avec ces chœurs, la pâte Elton.<br />
Le packaging est plus « actuel », le groove mid shuffle half time
fait bien le boulot et c’est un peu comme si on avait déplacé une ancienne
chanson typiquement Elton dans un environnement tout neuf.<br />
Sympa… jusque-là. <br />
Je commence à croire qu’il va y avoir de belles et bonnes surprises.<br />
<br />
- « Look Ma, No Hands »<br />
Ceux qui auront fait un peu de piano et se seront éclatés à s’escrimer sur les
plans d’Elton vont de suite trouver là de quoi se régaler – même Michel Berger
en a fait sa came digitale que ça…<br />
Berger/Elton, une vraie filiation. Quoi ? Vous n’aviez pas
remarqué ?... D’ailleurs France a chanté en duo avec notre ami british
(so…) – il n’y a pas de hasard dans les vies.<br />
C’est up, Elton pousse sur sa rythmique, imbriquant délicieusement sa voix dans
ce piano intensément syncopé. <br />
Matt Chamberlain ancre le drumming afin de faire avancer le sujet.<br />
Les chœurs en petit contrepoint font leur vie et les guitares rockeraient
presque.<br />
Bon, un bel emballage pop. <br />
J’ai dodeliné du chef, c’est un très bon signe et à l’arrivé du pont là encore
en faux solo pianistique un régal de constater que ce savoir-faire de
compositeur n’est pas resté au placard. <br />
Un arrière-goût d’un « à peine léger » country, tiens donc…<br />
intéressant…<br />
<br />
- « American Triangle »<br />
Une élégie qui met en avant l’assassinat de l’étudiant gay Matthew Sheppard en
1988. <br />
Rufus Wainwright a rejoint Elton pour ce moment musical chargé d’une intense et
prude émotion. <br />
Le piano typiquement Elton, la progression harmonique idem, un tapis d’orgue,
des points d’arrêt, des relances, une guitare qui a sorti la panoplie du
pedal-board, toute la charge nécessaire pour que cela fonctionne ce, jusqu’à cette
octave de main gauche finale, lugubre qui reste en tête et résumerait presque,
à elle seule, le chemin parcouru dans cette chanson intense. <br />
<br />
- « Original Sin »<br />
Un tube, associé à un clip façon magicien d’Oz où Elisabeth Taylor et Mandy
Moore ont la vedette.<br />
Un rêve de fan… de qui ? mais d’Elton bien entendu.<br />
Délicieuses guitares, percussions d’une infinie douceur, Elton vocalise avec
merveille sur ce background magique qui va, logiquement s’intensifier avec
l’entrée du Band.<br />
La seconde voix est d’un soin remarquable, les cordes somptueuses enrobent le
tout pour magnifier par des contrechants subtils étirés cet somptueuse balade.
Il faut juste pencher son attention vers elles, justement, qui en quelques
secondes de coda démontrent encore tout le talent de Paul Buckmaster.<br />
Tiens, le piano est passé en second plan, derrière les guitares, dans le mix…<br />
<br />
- « Birds »<br />
J’ai failli croire un instant au retour de Lynyrd avec ces balais obsédants,
ces guitares qui slident, ce piano honky et la voix d’Elton qui nasille pêchu. <br />
Déroutant et en même temps directement attractif.<br />
Le refrain tombe pile et on s’embarque dans la somptueuse bagnole, on relève la
capote, on met le bras sur la portière et, lunettes de soleil sous le Stetson
en couvre-chef, on part au loin en suivant le ruban d’asphalte. Elton ouvre un
mini champ d’action pour un solo de guitare de style.<br />
Southern ?... Rock ? ...<br />
<br />
- « I Want Love »<br />
Ce titre a été le single choisi à la sortie de l’album, je vais tenter de
comprendre pourquoi.<br />
Et dès l’intro pianistique, c’est l’évidence absolue. <br />
C’est un peu comme si c’était un titre oublié dans les cartons de studio d’un
vieil Elton.<br />
La batterie de Nigel, bien lourdingue, la guitare si typée et chantante (le
solo), les nappes de cordes, les chœurs en vocalises, la ligne de basse qui
circule. <br />
Un saut dans le temps.<br />
Un titre idéal pour annoncer le retour aux sources.<br />
Un titre qui d’un trait éclaire le souvenir en flashs, jusqu’au piano et pas
que le jeu, mais aussi sa prise de son.<br />
Elton veut de l’amour …<br />
Un romantique en somme.<br />
<br />
- « The Wasteland »<br />
Bon gros blues sur ce sujet (la terre des déchets).<br />
La basse du piano distord la corde, le schuffle bien marqué aurait presque pu
inviter l’ami Clapton.<br />
Elton libère enfin sa main droite pour un regroupement de triolets tendus,
l’orgue est évidence tout comme les chœurs obligatoires et là, il va balancer
un presque vrai solo de piano (Elton pianiste n’est pas soliste, on l’aura
compris, mais pourtant son jeu reste référent et inimitable, l’archétype d’un
jeu piano pop qui a fait école).<br />
Oui c’est bien bluesy, à souhait, jusqu’à la voix, rauque (rock) et c’est
court, envoyé sans détours.<br />
Certains diront « vintage » - dire qu’aujourd’hui on met ça dans le
bac « classic rock »…<br />
<br />
- « Balad of the boy in the Red Shoes »<br />
Je m’assois, je me laisse emporter par cet éternelle façon, manière… de faire
de l’artiste.<br />
J’admire les cordes là encore, totalement « autonomes » rapport au
titre, pas en accompagnement, pas en nappes, mais qui suivent leur chemin et
apportent tant en texture, en qualité, avec ces chœurs encore une fois
vocalisant et rejoignant parfois le texte.<br />
Ce beat pop usé mais indispensable. <br />
Davey a sorti la mandoline et ce côté pop-folk jaillit comme au bon vieux
temps. <br />
On nous avait prévenus, Elton revenait ici à ses premières amours musicales.<br />
Les fans apprécieront, la mélodie, entre autres, est superbe.<br />
Et il y a ceux qui passeront leur chemin.<br />
Je suis aux deux tiers de l’album et franchement, je sais qu’il y a là de quoi
largement creuser, même si on le sait également, l’on n’en sortira pas vraiment
de classiques à jouer au piano bar, l’album tient définitivement ses promesses
eltonjohn-ienne(s).<br />
<br />
- « Love her like Me »<br />
Immédiatement j’adore le beat où basse et batterie ne font qu’un, le riff de
guitare qui dialogue avec l’arpège de piano, le mode articulé rythmique du
chant d’Elton, l’organisation de la chanson vers ce renfort en tutti, l’orgue
discret mais efficace…<br />
Un puzzle d’éléments qui font ressortir ce titre du lot.<br />
<br />
- « Mansfield »<br />
Elton a toujours aimé ce côté groovy mid tempo qui avance en syncopant
légèrement funky.<br />
Son jeu pianistique d’ailleurs installe bien cet axe avec lequel il aime coller
ses inflexions vocales.<br />
Ici j’ai retenu la souplesse de la rythmique, les cordes en quatuor, si
chambristes, avant d’être plus amples, le boulot formidable des guitares et
toujours ces chœurs, qui élargissent le champ de cette action musicale.<br />
<br />
- « This Train Don’t Stop There anymore »<br />
Beat gospel à 6/8, le piano a repris sa juste place et tout s’est construit
autour de ce jeu typiquement, là encore mais clairement assumé churchy.<br />
La chanson trace son chemin, comme ce train qui ne s’arrêtera pas et encore une
fois l’on sera attiré par cette magnificence des cordes, cet accord vocal en
chœurs qui sont toujours aussi remarquablement écrits tant qu’exécutés. <br />
C’est en théorie le dernier titre de l’album.<br />
Un bonus, logique, cependant se glisse pour conclure ce retour vers un passé
glorieux et quoi de mieux que de reprendre :<br />
<br />
- « Your Song ».<br />
Alors hormis l’éternel plaisir que de réécouter ce titre absolument magique, au
regard de la qualité du travail de packaging présent dans chaque titre il
semble déjà savoureux à la lecture de la set list que cette reprise du plus
célèbre tube d’Elton sera sur la même dimension.<br />
Alessandro Saffina, qualifié de « ténor pop » a été convié pour
duettiser avec Elton et bien entendu, que ça fonctionne. Un peu trop presque…<br />
Mais là encore l’orchestration remporte l’adhésion, même sur ce beat remixé et
actualisé.<br />
Au sortir, j’aurais préféré rester sur ce train qui ne s’arrête plus… mais je
pense à ces chœurs grandiloquents et certainement au bonheur des participants
que d’avoir poussé le vocal dans cette énième version de cet incontournable des
titres classés pop. <br />
Le sceau Elton, en quelque sorte.<br />
<br />
Il est fort probable que, comme je l’ai fait ces derniers temps, « Songs
from the West Coast » revienne un peu plus souvent, en intégralité
d’ailleurs, dans le listing de mes écoutes. <br />
Il recèle nombre de ces recettes inspirées qui font, ou du moins ont fait, ce
que j’aime chez Elton, ce Captain Fantastic de la pop, héro déjanté mais
tellement sensible et attachant, extravagant mais génial compositeur
représentatif de ce que le mot « pop » a de plus sérieux.<br />
Son jeu pianistique, on le retrouve imité ou souvent simplifié, mais gardant
son essence, dans chaque chanteuse/chanteur qui s’accompagne sur le vénérable
instrument, et du coup, il en va de même pour son association et empreinte
vocale avec ce jeu pianistique, les deux imbriqués, comme indissociables, sorte
de siamois musicaux pour lesquels un véritable distinguo semble illusoire.<br />
Elton chanteur ? Elton pianiste ? ...<br />
Non, en fait… Elton, les deux à la fois, en même temps, ensemble, inséparables,
fusionnels. <br />
Ce jeu je l’ai inculqué à mes élèves pendant des années et je l’ai même
qualifié de « EltonJohning » afin qu’il prenne un sens culturel,
comme un patrimoine, comme un monument historique, comme un usage.<br /><br />///<br />
<br />
L’autre album que m’a conseillé Antoine est « The Union » en duo avec
Leon Russell.<br />
Il est sorti en 2010. <br />
On le dit délibérément axé 1970, sorte de brassage entre Captain Fantastic et
le LP éponyme de Russell.<br />
Avant d’attaquer, je me renseigne…<br />
Là encore, côté casting musicos, on a de quoi satisfaire une forme de curiosité
et d’envie de délectation…<br />
Je note d’emblée la présence de Jim Keltner, un batteur pour lequel mon
admiration est sans bornes, moins connu qu’un Gadd, mais tout aussi important à
mon avis.<br />
Savoir que Marc Ribot est présent guitaristiquement sur l’ensemble des plages
augmente d’emblée ma curiosité, car sa présence signifie, une texture, une
ambiance, une pâte particulière que j’adore.<br />
T Bone Burnett prend aussi la guitare mais a produit l’album, ce qui implique
là aussi, une tendance sonore qui n’est pas pour me déplaire.<br />
Et puis, l’orgue est confié à Booker T Jones, j’en salive d’avance…<br />
Tiens, parmi les chœurs, forcément nombreux et généreux, sont crédités sur deux
titres Neil Young et Brian Wilson – là encore c’est digne du plus grand
intérêt.<br />
Des cuivres… sous la houlette de Darrell Leonard au CV qui fait que directement
tu l’embauche (Stones, Steve Ray Vaughn, BB King, Percy Sledge, Little Feat, Jimmy
Smith…).<br />
Elton et Leon se font les pianos en duo… ça va être du
lourd.<br />
Parfait tout ça…<br />
<br />
Allez, on envoie.<br />
<br />
- « If it Wasn’t So Bad »<br />
Premières mesures, je vérifie… non ce n’est pas un album de gospel, pourtant
j’ai bien cru…<br />
C’est lourd, insistant. <br />
Va falloir que je m’habitue. <br />
Chaque break laisse place au piano et ça semble finalement construit autour.<br />
Les cuivres pompeux, sont planqués dans le mix et apportent une texture
particulière. <br />
Les chœurs en vocalises sur eux en unissons fanfare – bon faut que j’intègre ce
« son » de club de fin fond de Louisiane, ça faisait un bail.<br />
<br />
- « Eight Hundred Dollar Shoes »<br />
Les pompes, décidément…<br />
Cette fois ça y est, j’entre dans le sujet – directement Ribot est là, bien là
et puis il y a ce cello là-bas, derrière. Ce beat country waltz à la Mose
Allison, cette fois je le tiens, je sais que je vais aller plus loin.<br />
L’entrée a été un peu abrupte, loin du son mix Elton popisant qu’on connait,
donc peut-être ai-je été dérouté…<br />
J’ai jeté mes idées reçues – il fallait juste prendre une direction différente
et chercher autrement.<br />
C’est fait et ce titre est ma porte d’entrée.<br />
<br />
- « Hey Ahab »<br />
Il paraitrait qu’Elton a mis désormais ce titre parmi la track-list de ses
concerts.<br />
Piano sautillant, jeu rock-rythm’n’blues, là encore le son est enveloppant,
lourd, ça suinte et le clou est bien enfoncé, ça tambourine à foison. C’est
bien punchy et le chœur laisse échapper une brillante soliste rappelant un
certain titre des… Stones… je vous laisse réfléchir.<br />
Jim appuie fortement le beat sur chaque temps en conclusion pendant que le
chœurs (décidément ils sont de plus en plus présents et essentiels) terminent
en beauté.<br />
Retour aux sources ? ou aux racines…<br />
<br />
- « Gone to Shiloh »<br />
Le piano semble sortir d’un vieux gramophone, lointain. <br />
Ah, ça y est, il est sorti et apparait au grand jour pour laisser transparaitre
cette délicieuse balade.<br />
On l’aurait deviné c’est bien entendu là qu’intervient Neil Young dont
l’apparat vocal va intensifier tant Leon qu’Elton. <br />
L’arpège de piano obsédant ne lâchera pas son affaire pesante pendant tout le
titre, tandis que basse et batterie enveloppent le tout d’une masse sonore qui
renforce ce sentiment.<br />
Cette fois, je sais pourquoi cet album entre maintenant dans mon sillon
préférentiel.<br />
C’est une aventure rare et inhabituelle qu’Elton et Leon ont décidé de vivre,
là.<br />
<br />
- « Hearts have turn to Stone »<br />
Toujours ce beat de fin fond de Louisiane, quasi-swing.<br />
L’orgue a pris position, les cuivres aussi, chœurs et lead ne peuvent être
séparés.<br />
Ribot qui depuis le début contribue largement à l’atmosphère particulièrement
dense de l’album continue là sa contribution essentielle.<br />
Les deux comparses ne font finalement qu’un s’effaçant chacun au profit de
l’autre – une rare attitude ce même dans les albums où l’on duettise. <br />
Excellent, ce titre.<br />
<br />
- « Jimmie Rodger’s Dream »<br />
Comme toutes ces balades à connotation « country » on adhère
directement (Jimmy Rodgers est considéré comme « le père de la musique
country »), ce côté j’appuie sur le temps fort pour mieux laisser l’after
beat faire son implacable boulot de levée inoxydable, comme le zinc du
comptoir.<br />
J’admire franchement et ce depuis le début de l’album, le travail de texture de
la rythmique basse batterie, absolument pas commun, courant, pop ou autre
d’usages, mais roots à souhait, complété par Marc Ribot qui décidément est la
cheville ouvrière de ce pur joyau musical.<br />
La plupart des titres sont courts en timing – on va donc à l’essentiel.<br />
Solos rarissimes et, quand il y en a, ce sont en fait des plages instrumentales
qui mettent en avant rythmique, chœurs, mais jamais de soliste à proprement
parler, juste de background qui ressurgit sans le chant. Une approche là encore
inhabituelle et au sortir qui contribue, justement, à l’atmosphère si
envoutante de l’album dont personne n’ose s’échapper et où chacun est installé
pour faire bloc et masse sonore.<br />
<br />
- « There’s No Tomorrow »<br />
Les deux voix ne font qu’une, les deux pianos également.<br />
Le beat bluesy en 6/8 s’appuie, l’orgue ne veut surtout pas quitter les lieux. <br />
Des chœurs à la Raylettes, sortis directement de l’église paroissiale du
quartier viennent soutenir Elton et Leon, Leon et Elton. <br />
Ribot prend (enfin) un solo à la mesure de son immense talent.<br />
Comme un bon vieux Waits, comme un Lanois de facture…<br />
Un pur régal.<br />
<br />
- « Monkey Suit »<br />
Tel un bon rock comme en a tombé Elton bien plus jeune sur ce piano
boogisant-honky en binaire.<br />
Cuivres et guitares en unisson se sont planqués au fond du mix laissant place à
ces whoo whoo whoo propulsés par ces choristes décidément extraordinaires de
bout en bout.<br />
La bottine d’Elton, pailletée, il va de soi, tape compulsivement le tempo alors
qu’il se remémore Jerry Lee dans des ostinatos d’aigus que tout pianiste un
tantinet rock’n’roll a dans les poignets (et éventuellement les doigts – faites
le vous me comprendrez…). <br />
Hu Hu Hu Shoo shoo shoo… <br />
4.46 mn qui passent d’un trait.<br />
Comme quoi la valeur du temps quand il est encore temps et qu’il fut un temps…<br />
---<br />
Sur seize titres (j’ai dû mettre en lice la version bonus) me voici à
mi-parcours.<br />
Ce bon gros côté Louisianais-Sudiste-Blues-Mississipi-Bar/Pub/Saloon-Nouvelle
Orléans brassage multiculturel-Roots est carrément enthousiasmant.<br />
Le son est inhabituel pour une production typiquement Elton et tant mieux car
ce n’en est absolument pas une. <br />
Là, même si l’on veut lui accoler encore et encore une étiquette identitaire,
genre biométrique, là si l’on veut à tout prix se raccrocher à un passé qu’on
estime glorieux et vers lequel enfin il tendrait à revenir et bien je crois
qu’on a tout faux…<br />
Ils sont bel et bien deux, chanteurs comme pianistes et ne font qu’un, une
somme pour cette unité évidente dans laquelle on finit par oublier qui pourrait
être qui et qui pourrait, des deux, faire quoi…<br />
C’est bel et bien là qu’il faut lâcher prise sur ce qu’on attend aimerait,
voudrait ou imaginerait.<br />
C’est bel et bien là qu’on est juste face à un album qui, du fait de ce plaisir
de s’associer pour présenter un projet commun, tant en composition qu’en
production sonore (là on est carrément loin des usages fantasmés face à
l’idée…) apporte une sorte de jouvence immédiate.<br />
<br />
C’est probablement pour cela qu’il m’aura fallu « m’adapter » et
« accepter » l’idée qu’il faut simplement oublier Elton ou Leon mais
juste prendre cette musique enracinée dans ce que le rock, le blues ont de plus
fondamental en tant que tel.<br />
Il suffirait simplement, en fait, d’écouter cet album sans savoir de qui il est
et le prendre tel qu’il se présente. Peut être que là, gommé de toute référence,
de tout étiquetage, de toute pseudo attente, il se révélera davantage. <br />
Je n’ai pu ou su le faire… mais cela n’a pas gâché la découverte pour autant…<br />
---<br />
<br />
- « The Best Part of the Day »<br />
Finalement cette fois, face à du presque « pur » Elton me voici coincé,
mais le drumming diffère et embarque ailleurs. Et à eux deux, finissant par
dialoguer et s’échanger les verses, après s’être rejoints en chœurs, ils
finissent par me faire oublier en avançant ce piano si trempé. <br />
Le solo d’orgue qui prévient leur reprise en chœurs mutuels et additionnés est
simplement majestueux, tout faire et dire avec un minimum.<br />
<br />
- « A Dream Come True »<br />
Un beat à la « Lay Down Sally », les deux pianos en parfaite addition
rythmique.<br />
Dennis Crouch, à la contrebasse fait un boulot de fou…<br />
Le bar est ouvert, le zinc reluit, la bière coule à flots…<br />
Irrésistible ? peut-être bien… jusqu’au « tuba » final. <br />
<br />
- « I Should Have Sent Roses »<br />
Au fond, ça groove, peut être bien, tout simplement… <br />
Cuivres présent mais encore une fois en retrait du mix, juste pour la couleur.<br />
La batterie est sortie de la pseudo sagesse dans laquelle jusqu’ici elle
s’était cantonnée, c’est bien « rempli » et ça fonctionne à merveille
car tout s’articule là-dessus et avance avec. <br />
L’orgue n’en peut plus de remplir le fond et la guitare a lâché sa bride de
contexte et d’atmosphères pour soloïser sans vergogne.<br />
<br />
- « When Love is Dying »<br />
D’emblée la délicatesse d’écoute des deux pianos ensemble, le côté nasillard de
Leon (un peu à la Willie Nelson), la récup’ popisée d’Elton et les backing
vocaux de Brian Wilson…<br />
Mais franchement cette association pianistique qui se complète… du pompeux à la
Elton, certes mais qui comme toujours fonctionne à la perfection.<br />
<br />
- « My Kind of Hell »<br />
Le ton donné dès le départ avec ce riff cuivré, cette guitare qui slide, ce
beat half time. Elton adore ce genre de rythmique, il surfe dessus et avec elle
jusqu’au shuffle avec bonheur. Nos deux pianistes chanteurs, là encore, quelle
formidable façon d’associer leurs deux jeux tant vocaux que digitaux.<br />
La rythmique est volontairement dans le grave « jungle » afin de
faire ressortir les pianos qui de texture seraient sans cela, forcément
envahissants. <br />
Court, envoyé rythm’n’blues et pesé dans la foulée.<br />
<br />
- « Mandalay again »<br />
J’enquille ce titre et je me fais la remarque suivante : « Voici
enfin un album où le schéma de conclusion de titre ne s’est pas encore fait en
fade out ». Cet « esprit » de session live, de « jouer »
le titre de a à z… juste ce brin de remarque dans ma tête qui redonne ce
caractère là encore bien roots, ancien, enraciné et forcément « direct ».<br />Ils aiment les balades.</p><p class="MsoNormal">
Bennie Maupin que je n’ai pas encore cité s’est, comme à l’accoutumée emparé de
l’ensemble des textes mais cette fois il a été plus concis, direct, immédiat.<br />
Mais écoutez moi cette batterie, ce Jim Keltner, tout de même, quelle
originalité de jeu (très peu de cymbales ou de cette charley métronomique dans
l’album - des fûts, principalement ce, sans être pour autant un jeu de
percussion transposé – on est bien dans la batterie, mais « autrement »),
quelle capacité à rendre le sujet autre, original et divergeant sans jamais
perdre un essentiel.<br />
Du coup, la basse prend toute son autre ou véritable réelle dimension et ce
socle transporte les chansons vers d’autres espaces.<br />
Et puis, le jeu de Ribot est à lui seul tout au long de l’album un modèle du
genre pour guitaristes en mal d’originalité, d’autre chose, de couleurs et de savoir-faire
de réglages pedal-board et amplis…<br />
Et ces deux voix entrelacées…<br />
<br />
- « Never too old (to hold somebody) »<br />
Les amateurs de chant sur background pianistique devraient mettre immédiatement
ce titre à leur répertoire. Mélodie directement accrocheuse, refrain avec
encore une fois ces chœurs fédérateurs, cette adéquation pianistique qui reste
fondamentalement dans le sujet.<br />
Superbe…<br />
Quoi, c’est déjà (presque) la fin ?<br />
Je n’ai pas pu décrocher un seul instant, c’est rare…<br />
<br />
- « In the Hands of Angels » sent bon le dimanche paroissial où les
deux comparses sur ce beat sous-jacent, en mode gospel waltz soutenu
magiquement par orgue et chœurs se payent un bon coup de fun ecclésiastique.
Ils ont sorti le costard de cérémonie et te posent l’équivalent d’un gros
standard légèrement appuyé aux pianos. Une fin d’album majestueuse, empreinte
de « réalité musicale ».<br />
On termine en paix, recueilli et finalement admiratif face à ce parcours
musical où les nombreuses « recettes » des nombreux styles chers aux
deux immenses artistes ont été prises en compte sans jamais être clichés, sans
jamais être surfaites, sans jamais être réellement utilisées juste pour…<br />
Cette et ces musiques, finalement, sont tellement parties intégrantes de leur
jeu de leurs identités comme influences musicales mais aussi éducatives,
culturelles… qu’en les jouant, ils ne font que mettre cela en avant. <br />
Restait à présenter l’ensemble de façon autre.<br />
Ne pas refaire un énième album d’Elton ou de Leon, mais bel et bien un album où
eux deux ne sont qu’un.<br />
T Bone Burnett à la production et le socle Keltner/Ribot avec principalement
Dennis Crouch à la contrebasse ont apporté la texture qui rend cela autre,
unique et à part si l’on considère l’ensemble des productions de ces deux
artistes légendaires. Il fallait non l’oser, mais juste le penser ainsi.<br />
Et le résultat est juste au-delà de n’importe quelle espérance que l’on avait
en l’esprit.<br />
<br />
« Si tu essaies, mon commentaire aura eu un double essai kiss cool » m’a
dit Antoine.<br />
Essayé, approuvé, écouté, adopté et pas juste pour dire, mais désormais
installé dans l’envie de réécouter, comme ça, quand ça prend ...<br />
Gagné Dev’ !...<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<!--[if !supportLineBreakNewLine]--><br />
<!--[endif]--><o:p></o:p></p>Pascal GEORGEShttp://www.blogger.com/profile/01916469417040396074noreply@blogger.com10tag:blogger.com,1999:blog-201099176728897658.post-46900470121401427322023-09-14T15:33:00.000+02:002023-09-14T15:33:06.161+02:00REDECOUVERTES Chapitre II<p> REDECOUVERTES Chapitre II</p><p class="MsoNormal">
<br />
Îles Désertes… à chacun ses essentiels et ses solitudes… (Bruce Springsteen,
Elton John, Ludwig Von Beethoven, Brian Eno, Miles Davis, Beatles)<br />
<br />
Y’en a-t-il vraiment encore, de ces îles désertes ?<br />
Mais parfois il fait bon de croire que se couper du monde et s’isoler pour une
vie autre, pas forcément sereine (le trauma Koh Lanta – tu parles…). <br />
Quant à embarquer une caisse de disques…<br />
Bon faut aussi prendre ton panneau solaire, ou pédaler… quant à ramer…<br />
Bref, c’est le truc fantasmé et absurde que j’aime dans cette image des 10
albums à embarquer sur l’île déserte. <br />
Désuétude du propos… aujourd’hui franchement, qui sort
« réellement », un album… même si le format vinyle semble avoir de
nouveau le vent en poupe.<br />
Mais c’est derrière ça l’idée qui importe et à chacun d’avoir ses dix
albums fétiches, ceux qu’on réécoutera sans cesse, pour lesquels on a un
attachement sentimental, culturel, professionnel, amoureux… en fait, c’est bien
là que la musique, souvent, se réfère juste et simplement à nos vies
personnelles et qu’un album, une chanson, une musique c’est lié à une part de
notre vie.<br />
<br />
« dis-moi ce que tu écoutes… je te dirais qui tu es… »<br />
<br />
---<br />
<br />
Tiens Macron s’est fait huer et siffler lors de l’un des grands événements
sportifs organisés par la France, une coupe du monde de ballon, ovale, cette
fois, ça change un peu des chochottes du rond et d’un pognon plus
qu’indécemment affiché. <br />
Là il en a eu pour son argent, le Macron… <br />
La honte ! ...<br />
90.000 spectateurs, une retransmission planétaire et un peuple au-delà de la
grogne. <br />
Bon, parmi cette représentation populaire (entendons du peuple français dans sa
globalité, donc bien au-delà d’un tri communément sélectif pour sondages à
faire pencher), combien ont voté « pour lui », ou par-là, contre
l’autre ?... <br />
Miroir mon beau miroir…<br />
Déçus les Français… non, en rage ! <br />
Pas sûr qu’ils y avaient réellement cru en cet arrogant maladif, mais comme ils
se sont fait manipuler.<br />
<br />
Bon, une bonne grosse bâche de temps en temps ça fait du bien… là c’est sûr
c’est du lourd.<br />
Médiatiquement il(s) minimisera(ont) – mais en réalité là, ça a touché grave au
point sensible de l’égo… <br />
Et Dieu sait à quel point ce genre de personnage a l’égo sensible…<br />
Bien seul le Macron sur son podium en mode île déserte, au milieu du stade en
tourmente…<br />
Mais la tourmente qui hue, c’est majoritairement par elle qu’il est là et son
sourire de gêne circonstancielle ne serait-il pas, finalement, celui encore une
fois de l’arrogance leur disant que… ils firent leur choix…<br />
à interpréter donc… que ce sourire narquois…<br />
<br />
Bon…<br />
Dieu dans tout ça… d’ailleurs…<br />
Il a tout de même soufflé qu’aider les restos d’un cœur en urgence d’AVC
irrémédiable serait une bonne « œuvre », vous savez quand on met les
fonds de porte-monnaie dans le panier de la messe ou dans le tronc (ah ce film
des pilleurs de tronc, un monument… les pilleurs… bon j’arrête là les
enchainements d’idées). <br />
Alors Bernard s’y est collé… et …<br />
Ouh la la… l’aile gauche est sortie du maquis.<br />
<br />
Rewind… (rembobinnage…)<br />
S’était pris pour Lady Gaga, Bruce ou encore la Madone en tournée au milieu du
stade le Macron, pas de pot, il a pas de tube à faire chanter en chœur par une
foule en délire… <br />
Pathétique, à l’image de son sourire qui ravale fièrement, prétentieusement, l’humiliation
planétaire.<br />
<br />
---<br />
<br />
La planète, bouge, la planète tremble, la planète part en vrille…<br />
Alors, se poser sur une île déserte, s’installer paisiblement au soleil sous
tropiques, pas sûr que ce soit le bon plan… un ouragan, un cyclone, un typhon,
un tsunami, un raz de marée… pourraient très bien gâcher l’écoute sous palmier
bienfaisant de ta sélection avisée.<br />
M… Marrakech maintenant… <br />
Pensées… panser…<br />
<br />
---<br />
<br />
4 albums la dernière fois, m’en reste donc 6…<br />
Impossible.<br />
Finalement je vais partir avec mon streaming, y’aura peut-être du réseau…<br />
En attendant je les ai ressortis… en cd… y’a encore des voitures équipés de
lecteurs, si, si…<br />
<br />
---<br />
<br />
« BORN IN THE U.S.A » - Bruce Springsteen / Columbia 1984.<br />
« LIVE 1975/85 » - Bruce Springsteen and The E-Street Band / Columbia
1986.<br />
« NEBRASKA » - Bruce Springsteen / Columbia 1982.<br />
<br />
1984, moi, perso, je suis à fond dans le jazz et franchement, Bruce j’en ai pas
grand-chose à cirer.<br />
Le genre rocker qui cavale en tous sens, qui gesticule dans un stade plein à craquer,
pas ma tasse, trop de café.<br />
Donc à sa sortie avec, qui plus est le passage obligé en balluche de jouer le
titre phare à grands coups de caisse claire pétaradante sur synthé nerveux et
acide et piano en boucle, voilà une forme de rejet direct que j’ai pu avoir…<br />
<br />
Vie de quartier lotissement de petites maisons HLM en quasi-campagne, voisinage
travailleur et qui aime à se retrouver les week-ends, autour de verres et repas
collectif improvisé par chacun qui amène « son truc », sur une
placette centrale banalisée pour les occases répétées. <br />
Musique à fond (Claude François côtoie Donna Summer et Police), rires, partage
de vies diverses et respect, oui, respect de chacun.<br />
La vie simple, la camaraderie qui peut devenir amitié, selon, et perdurer,
selon, car pour certains c’est transitoire que cette vie et ce lieu, pour
d’autres ça restera … à vie, pire maintenant, à mort.<br />
Jeune couple, comme nous, le gars est très branché rock, actu, etc. et il a investi
comme moi dans ce nouveau truc… le CD…<br />
Mes samedis libres restent rares, mais quand j’en ai un, je ne manque jamais à
l’appel de ces moments et heureusement que rejoindre la maison, c’est juste là
à 20m, à pied… on picole grave.<br />
Son dernier achat, le live de Bruce, un somptueux coffret représentatif des
concerts de l’artiste sur une période de 10 années. Franchement, quand il met
le cd en platine, ce genre de réflexion n’est pas ce qui me vient, juste je
réalise que j’ai dû louper, deux ans avant… un truc…<br />
Il me prête les cd.s, le coffret… je mets tout ça sur K7, le soir même à peine
rentré, sans écouter… trois en tout et ce sera pour la voiture, je sais
dorénavant que mes semaines de trajets à venir seront Bruce…<br />
Elles l’ont effectivement été et j’ai réalisé là que tout ça dépasse largement
la seule idée de rock, mais que j’avais chaque jour dans les haut-parleurs de
la 205 un truc exceptionnel et très vite devenu indispensable.<br />
Donc, retour en arrière rapide, direct et sans hésitation…<br />
Il me fallait en savoir et surtout en « avoir » plus.<br />
<br />
Fin de répétition chez Jeff, 1982… juste avant de partir à l’armée.<br />
On enregistre une K7 de compos, j’attends le courrier d’affectation, et en
attendant , justement, on remplit le temps par du jeu musical, on sait pas de
quoi sera fait l’avenir militaire. On enregistre toutes nos… idées (j’ai encore
la K7 dans un coin de placard, y’avait du bon et du correct).<br />
Quelques bières, c’est la pause…<br />
Au passage, B… le pianiste venu avec ses potes – un gars vraiment jazz – parle
de la sortie d’un album appelé « Nebraska » et dit qu’enfin sort un
truc intimiste, musical, inspiré, bref… enregistré, comme on était en train de
le faire, sur un 4 pistes…<br />
Je note ça dans un coin, mais là encore… ce ne sera pas suivi d’effets…<br />
J’aurais dû, j’ai pas fait.<br />
<br />
Donc direct après le live déclencheur, je ne suis presque plus las de fracasser
ma caisse claire d’autant qu’il y a un solo de batterie coupé par un « one
two three four » qui permet tout de même d’en mettre… des caisses… en bal.<br />
Et j’embarque dans l’album éponyme.<br />
Passé le titre phare, me voici face à non réellement le rock tel que façon
british j’en ai l’habitude, tel que façon américano-blues j’en ai usé, mais une
sorte de resucée ancrée dans le rock’n’roll (Dire Straits en a aussi fait
creuset), tant vocale, tant instrumentale que même sonore (les grattes…).<br />
Alors la batterie, énorme, le formidable prétexte pour envoyer du lourd
scéniquement et massacrer le matos (et détruire les oreilles du public), c’est
bien du eighties.<br />
Alors les synthé crachant un venimeux et obsédant « pattern », là
encore, en pleine new wave, c’est bien « d’époque »… mais soudain les
voici tissant de longues toiles et nappes sur ces chansons incitant à prendre
la route, à voyager, racontant l’Amérique et les gens, les usages, la vie…<br />
Alors ces cocottes de guitares, cette batterie qui trace la voie, cette voix
qui sort du passé du rock’n’roll Elvis pour prendre aux tripes et raconter, raconter
et faire rêver, ou pas, te prenant par la main et t’emmenant dans ce
« voyage » - je n’avais pas franchement « réalisé » tout
cela à l’époque, que cette filiation directe rock’n’roll, juste que c’était du
« rock », à l’américaine, pas que c’était LE rock américain par
essence.<br />
<br />
Les décennies sont passées.<br />
J’ai fait un hommage pédagogique à Bruce, avec des élèves, pour un de ces
projets thématiques permettant un éclairage sur un artiste. <br />
Y’avait son bouquin, une actu et l’emblème. <br />
Y’avait plus qu’à.<br />
« Born » y fut obligatoire et incontournable, ce avec explication de
texte, histoire de remettre les choses dans leur véritable sens, de même que
quasi tout l’album et « Nebraska » y prit aussi une bonne place…<br />
Plusieurs concerts, plusieurs ateliers de groupes et Bruce a repris du sens
dans ma vie.<br />
Et l’album a de nouveau été ressorti, avec son pote live et son camarade
intimiste.<br />
Trois cachets de cire gravés dans mon Adn d’écoutes musicales.<br />
<br />
Il a encore une fois été ressorti, cet été.<br />
Et puis on a joué souvent « Dancing in The Dark » et à chaque fois,
les gens se retournent vers nous, souriants, signe de tête, pouce de j’aime
mais en mode réel… et je me dis que les prochains dans la longue liste des
titres à jouer seront certainement « I’m on Fire » ou le remarquable
« My Hometown ».<br />
<br />
Emblème…<br />
<br />
---<br />
<br />
« BLUE MOVES » - Elton John / MCA Rocket Records 1976.<br />
<br />
Ce ne sera ni la première ni la dernière fois que j’encenserais cet album…<br />
A chaque fois d’ailleurs que j’en cause en face de moi les mêmes interrogations
soupçonneuses… « Quoi, lui ? Il aime Elton John ?... ».<br />
<br />
La première fut, dès sa découverte, une longue lettre à l’un de mes meilleurs
amis afin de lui décrire le choc ressenti à l’écoute de « Tonight ». <br />
J’en avais oublié de lui donner simplement de mes nouvelles… c’était donc en
octobre 1976, je venais d’avoir tout juste 16 ans.<br />
Cet album, je l’avais en fait piqué à ma frangine qui l’avait acheté pour le
tube « Sorry Seems to be… » et je crois même que je lui avais…
racheté.<br />
Elton, jusque-là, j’aimais bien, je trouvais ça « sympa ». <br />
Je m’amusais à repiquer ses plans de piano, à l’oreille. Pour une fois, le
« rock » pouvait, par mimétisme, au-delà des méandres de E.L.P ou
encore des triturages massifs de Jon Lord me proposer quelque chose
« d’abordable », de jouable avec ma méconnaissance totale du sujet
grille et ma technique essentiellement classique.<br />
« Captain Fantastic », « Don’t shoot me… » ont pas mal usé
mes doigts et peut être bien là aussi apporté un peu d’usages réflexes
difficiles à renier comme par exemple l’assimilation du jeu pianistique gospel
qui est une composante évidente des gimmicks d’Elton.<br />
Alors, de temps à autre, quand un album sortait, emprunt direct en médiathèque
et je me mettais au piano, histoire de, par simple plaisir.<br />
<br />
Je ne sais plus trop à quelle émission TV, en famille, on s’est retrouvés face
au « clip » de « Sorry seems… », mais l’effet produit fut
multiple.<br />
Ma frangine a couru acheter le disque.<br />
Mon père a reconnu la musique vraiment « bonne » mais s’est offusqué
du look de l’artiste.<br />
Quant à moi, c’est l’accordéon qui m’a intrigué, rebuté, puis irrémédiablement
séduit, sans parler de cette progression harmonique qui s’est inscrite
immédiatement avec cette mélodie de piano introductive renversante.<br />
<br />
L’album est donc arrivé à la maison. <br />
La pochette hideuse a fait l’objet d’un rejet direct de mon père et c’est
malheureusement là, parfois que l’attirance – ou pas - se faisait aussi en ces
temps seventies… la… pochette…<br />
<br />
Je me rappelle d’avoir été peu enclin dès l’entrée en matière avec la petite
amusette musicale instrumentale d’ouverture, mais dès « Tonight »
j’ai été comme hypnotisé et j’ai avalé le double album en émerveillement total.
<br />
Elton, boulimique de tournées et concerts, a écrit cet album à l’issue d’une
tournée américaine épuisante. Il n’hésite pas à exprimer qu’il est l’un des
préférés de sa production mais qu’il en a bavé pour le réaliser, les
connotations jazz (« Idol ») et l’écriture complexe lui ayant donné
du fil à retordre.<br />
Le groupe qui l’accompagne est un soutien véritablement exceptionnel, capable
de tout jouer et de donner à chaque chanson une identité expressive propre tout
en donnant à l’ensemble de l’album une cohésion identitaire implacable.<br />
Et puis, le symphonisme sous la houlette d’un Paul Buckmaster, arrangeur quasi
compositeur de ces enrobages stylisés apporte là une dimension grandiose sans
pour être autant, car c’est souvent le cas dans les productions de rock avec
orchestre symphonique, grandiloquente à grand renforts de pompiérisme(s).<br />
Des invités de marque comme la section cuivre des Brecker, écrite tel qu’ils en
ont la couleur et jouée comme tel. A savoir, les Brecker version premier album
avec en sus le somptueux David Sanborn (qui y participait d’ailleurs à ce
premier album des frangins) qui ici fait, comme toujours, montre de son jeu
charismatique et acidulé.<br />
Les percussions de Ray Cooper sont innovantes dans le genre, approchant parfois
le rôle du percussionniste symphonique.<br />
Les chœurs… du grand art, qu’ils soient directement sortis de l’église et
dirigés par le révérend James Cleveland (« Boogie Pilgrim »
définitivement prégnant), posés par Crosby and Nash (« Cage the
Songbird », hommage à Edith Piaf, qu’ils subliment agrémentés par le
mellotron de J.N.Howard) ou réalisés par le groupe lui-même.<br />
Le rôle des guitares est écrit, subtil et finalement pas très rock en
l’essence, elles s’additionnent à l’élément central piano mais leur traitement
va au-delà de ce seul axe coloriste. Elles ont un usage pas forcément habituel
dans la pop ou le rock, agissent souvent mélodiquement et c’est bien là tout
l’intérêt qu’il faut leur porter.<br />
Elton, fantastique vocaliste - faut-il le rappeler ? - chante comme
toujours les lyrics de son ami Bennie Maupin et sa voix, son piano sont
logiquement au centre. <br />
James Newton Howard se charge d’un autre « symphonisme », celui de
multiples claviers synthétiques, un axe encore assez neuf. Et bien sûr il
déploie le panel Hammond, Rhodes, mellotron et autres clavinets très présents
d’ailleurs.<br />
<br />
« Blue Moves » c’est tout un ensemble de pièces qui forment un puzzle
kaléidoscopique aux couleurs variées et cela pour un tout qui n’est en rien
conceptuel, mais qui s’aborde juste comme un inextricable foisonnement de
petites trouvailles additionnée. Tout cela coupé par des intermèdes instrumentaux
récréatifs, agissant comme les interludes TV encore d’usage ou encore tellement
proches de nos quotidiens cathodiques.<br />
Rock, pop, mid funk, balades et slows, gospel, jazz. <br />
Elton et ses comparses s’emparent de tout, le fondent en recette pour un
résultat des plus original, des plus captivant et varié.<br />
<br />
Je crois bien que c’est simplement après cela que le nom d’Elton s’est, pour
moi, arrêté.<br />
L’avant, je l’ai à partir de là, écouté afin de savoir comment, justement il en
était arrivé à un tel monument.<br />
L’après m’a définitivement et certainement regrettablement désintéressé et
« Song for Guy », autre scie du balluche plus tardive a sonné le glas
de l’affaire.<br />
Mais ici… avec « Tonight » en seconde position… le sceau a été
imbriqué. <br />
Un sceau quasi royal, il va se soit…<br />
<br />
---<br />
<br />
BEETHOVEN « The Symphonies » - Chamber orchestra of Europe -
N.Harnoncourt / Teldec Classic 1991. (déjà chroniqué)<br />
<br />
L’avantage du coffret, c’est que ça compte pour un album…<br />
Difficile de trouver parmi la pléthore d’interprétations des symphonies de
Beethoven celle qui vous conviendrait « le mieux ».<br />
Karajan les a enregistré plusieurs fois, argumentant à raison que l’évolution
technologique de la prise de son permettait de magnifier d’avantage, à chaque
fois, le matériau beethovenien et que sa lecture de l’œuvre avait également
évolué. <br />
Ce qui semble logique au regard de l’immense complexité du matériau
beethovenien.<br />
<br />
On les aura eues sur instruments d’époque, avec effectif adéquat…
compréhensible… (très) discutable (Hogwood)…<br />
Abbado ou Rattle, magnifique, grandiose, ample – essentiel – mais de toutes
façons c’est la Philharmonie de Berlin, ils ont ça dans leurs gènes. <br />
Furtwängler, historique et référentiel, comme l’est un patrimoine.<br />
Bernstein, fougueux… pas forcément le plus captivant.<br />
Et tant d’autres, le catalogue à lui seul et leur écoute attentive prendrait
une bonne année de lecture globale, microscopique, argumentée…<br />
Alors, à un moment je (me) fais un choix… arbitraire, subjectif… faut bien
trancher.<br />
Alors à un moment si j’embarque de la musique classique pour un isolement quel
qu’il soit, et après longue et mure réflexion, ce sera probablement Beethoven.<br />
Il y aurait bien Ravel avec Daphnis, aussi…<br />
Et Igor avec le sacre, encore…<br />
Et peut être Handel et son Messie, ou Mozart et son Requiem, Pergolèse et son
Stabat Mater… afin d’avoir un bout de croyance.<br />
Et le concerto à la mémoire d’un ange – Isabelle Faust/Abbado – Berg, là aussi.<br />
<br />
Mais… cet engouement commun pour Beethoven entre mon père et moi, malgré des
discordes d’approches, reste le plus fort et prend au sortir le dessus et c’est
peut-être bien là (Beethoven en qui il se ressourçait, régulièrement, yeux
fermés) et par lui que j’ai compris la valeur de l’acte essentiel qu’est
« écouter la musique ».<br />
Mais… chez Beethoven la richesse interne, lisible en multicouches de
découvertes possibles à chaque écoute, semble être un choix d’occupation
intellectuelle (Ouh, le vilain mot montré comme tel dans le dico mitchardien…)
procuré avant tout par une formidable énergie sensorielle qui permet de ne
jamais se lasser, d’être systématiquement « touché », d’être
directement sollicité.<br />
<br />
Ce coffret qui présente l’ensemble des symphonies du grand compositeur, dans le
désordre… permet clairement tout cela. <br />
Et c’est l’avantage de la direction parfaite, immuable, détaillée et soignée,
sans proéminence de sentimentalisme, sans romantisme exacerbé, sans flou de
texture, sans énergie débridée… de N. Harnoncourt.<br />
Un orchestre absolument précis, cohérent, soudé et une direction des plus
réaliste et authentique, voilà pourquoi ce choix. <br />
La prise de son, a également ici, son importance.<br />
<br />
On pourra se délecter à suivre et chercher, tel qu’en un jeu de pistes dans un
labyrinthe, le motif célèbre de la 5<sup>e</sup>.<br />
On pourra réaliser que la 7<sup>e</sup> est un hymne à la danse et enfin
apprécier le motif rythmique - noire, deux croches noire, noire - comme étant
ce « pas » de danse implicite et obsédant.<br />
On vibrera obligatoirement à l’entrée du mouvement final de la 9<sup>e</sup>,
aux contrebasses poignantes, aux chœurs puissants, aux solistes enfin précis,
tant la partition est difficile vocalement pour eux (dextérité, ambitus,
énergie…).<br />
On découvrira la 1<sup>e</sup>re, la 2<sup>e</sup>…
là où tout a génialement, bien évidemment, commencé.<br />
On rêvera de façon enfin bucolique en admirant le tableau pictural de cette
douce pastorale, comme au musée, face à ces œuvres où la nature est organisée,
accueillante, prospère et où même l’orage semble magnifié. Oiseaux, ruisseau,
bruissements, vent…<br />
On se chargera d’héroïsme face à une 3<sup>e </sup>… à la dédicace rayée.<br />
Et la 4<sup>e</sup>, modèle d’écriture, sans argument réel révèlera vraiment toute
son infinie inventivité, bien que cadrée par le modèle « classique »…<br />
<br />
Une par une…<br />
Dans leur ensemble…<br />
Chronologiquement ou dans l’ordre organisé pour ce coffret…<br />
Nous voici face à ce monument de l’histoire de la musique tout court avec des
symphonies qui elles ne le sont pas, courtes… mais qui expriment avec des
développements d’une intense richesse, la pluralité des sentiments.<br />
<br />
Beethoven était un révolutionnaire engagé musicalement, politiquement,
humainement et socialement.<br />
Un fort caractère, un combattant social et un rebelle vindicatif.<br />
Mais il était également, à l’opposé, d’une immense sensibilité émotionnelle. <br />
Et il l’exprimait. <br />
Et il exprimait ce tout, par la musique.<br />
Et par les actes ou les paroles, également.<br />
<br />
Face à cette dualité, face à ce tourbillon de sentiments multiples aux valeurs
éparses, face à ce savoir incommensurable de l’écriture musicale, la somme de
ces symphonies engage l’auditeur dans un voyage qui ne prendra jamais fin et
qui, en fait, recommencera sans cesse.<br />
Harnoncourt est le vecteur de celui-ci.<br />
Et j’ai pris mon billet pour l’éternité.<br />
<br />
---<br />
<br />
« KIND OF BLUE » - Miles Davis / Columbia 1959.<br />
<br />
J’ai aussi parlé ici nombre de fois de cet album.<br />
Je pourrais certainement le faire encore et encore. <br />
J’assume.<br />
<br />
« Quel est ton album de Miles préféré ? » me taquine Jean Marc.<br />
A peine une hésitation et je réponds : « Kind of Blue »…<br />
Et juste après « On the Corner »… mais face à la liste de références de la période électrique qui m’a réellement bouleversé et qui a provoqué nombre
d’attitudes musicales de ma part, l’hésitation a été plus réelle…<br />
« Jack Johnson », certainement.<br />
« Get up with it », obligatoirement.<br />
« In a Silent Way », forcément.<br />
« Live Evil », inévitablement.<br />
« Black Beauty », instantanément.<br />
« Bitches Brew », bien évidemment…<br />
<br />
Et puis, et puis… avant…« Water babies », « ESP »,
« Sorcerer »…<br />
Après… « The man with the Horn », « Tutu », « Star
People », « Decoy »… <br />
Bon, le coffre à disques est plein… de Miles Davis… ça pourrait suffire en
soi ?<br />
<br />
En fait s’il n’est qu’un seul album de jazz, ce sera « Kind of
Blue ».<br />
Juste l’âme profonde qui s’en dégage, l’éternité absolue vers laquelle tend
chaque solo, les racines du blues ré-évaluées comme jamais et plus jamais
après, la démarche conceptuelle, les compositions où chaque astuce révèle le
coup de génie, l’axiome Bill Evans, le fonceur Trane, le brûlot Cannonball, le
swing immuable de Jimmy Cobb, la souplesse inventive de Paul Chambers, le
« style » de Wynton Kelly et bien entendu la magnificence de Miles.<br />
On croit, là encore, le connaitre par cœur et à chaque fois c’est le frisson,
comme au premier jour. <br />
Un album qui représente probablement l’idée d’éternité… et qui à mon sens est
simplement l’un des plus représentatifs de l’idée du jazz.<br />
Un ancrage culturel indélébile, une recherche afin de faire avancer des sujets
enlisés, des « acteurs » formidablement impliqués, conscients de
graver là un moment certainement historique, un pont, une passerelle entre
l’avant et ce qu’il va inciter à devenir l’après… <br />
<br />
« Kind of Blue » est unique, inégalé et inimitable. <br />
C’est peut-être l’album le plus écouté du jazz et en tout cas celui qui a
permis de champ d’ouverture de celui-ci. <br />
Après lui, tout va changer, parfois radicalement, parfois
progressivement, parfois dans la suite pure et simple de ce qui semble la
lignée créée par ces systèmes modaux, ce survol en toute coolitude de Miles sur
le sujet, ces solos qui se devraient d’être inscrits au patrimoine culturel de
l’humanité. <br />
Charnière, il y donc eu l’avant « Kind of Blue » et un après qui sera
foisonnant, expérimental parfois autant qu’audacieux et même parfois totalement
inutile, certains cherchant quelque chose sans savoir vraiment quoi chercher,
juste afin d’essayer… <br />
Miles, lui, a toujours eu cette éminente intelligence : il savait où il
allait et ce qu’il faisait, ce pourquoi il le faisait aussi. <br />
La « Direction » semblant ici établie par Miles aura donc été très
diversement appréciée et prise et peu importe, il faut bien un élément
déclencheur.<br />
Alors je m’installe, savoure l’entrée éthérée de « So What » et la
simple phrase de couleurs de Bill…<br />
Et c’est parti ! Jimmy entre en lice et ce sera un déferlement de pur
plaisir où chaque note chantée en mémoire reprend le dessus, se faufile à
nouveau en moi, imperceptiblement, mais avec une rare assurance.<br />
<br />
--- <br />
<br />
BRIAN ENO & HAROLD BUDD « Ambient 2 – The plateaux of Mirror » /
EG 1980.<o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal">L’Ambient Music…<br />
Peu d’années en arrière, je fais une conférence sur cette esthétique, dans le
public, l’un des participants me sort, suite à l’écoute d’un extrait de
« Jane » de H.Budd : « ça ce n’est pas de la musique, c’est
de la supercherie ! ».<br />
Aucun intérêt à démonter un tel argument (si toutefois c’en est un).<br />
Plutôt démontrer en quoi cette « non-musique » est en fait le meilleur espace
de bien-être que je connaisse.<br />
Et cet album en particulier, bien que les quatre volumes d’Ambient ainsi que
l’expérimental et premier jalon « Discreet Music » seraient eux aussi
directement dans le sac de voyage (je les charge d’ailleurs souvent en
streaming quand je voyage…).<br />
Voyage, déjà deux fois exprimé…<br />
Donc c’est peut être là le véritable mystère, c’est peut être là que tout se
joue.<br />
Mais je reste convaincu qu’il s’agit là d’une incitation à un voyage intime,
intérieur, en soi, pour soi… etc.<br />
Avec les plages sonores et ne se reliant que peu avec l’idée de musique telle
qu’on peut culturellement l’avoir - donc je pense son, texture sonore, espace
sonore, fréquences sonores, matériau sonore etc. – cet album, suspendu dans un
temps qui n’existe plus, au sens là encore auquel nous sommes habitués, m’a
toujours permis une évasion totale de ma réalité, de ma vie, de mon
environnement.<br />
Prendre cet album c’est prendre des « vacances » de la vie, c’est
passer dans un monde parallèle, que l’on n’explore que peu… le nôtre, « à
l’intérieur ».<br />
Alors l’on est en paix, loin de tout et une quiétude bénéfique s’installe.<br />
L’esprit gomme toute pensée qu’elle soit positive ou négative et il se promène
dans un territoire vierge qu’il n’est nullement utile d’emplir… il le restera
et à chaque fois l’expérience se renouvellera.<br />
Le son amène vers le vide d’un espace où strictement rien d’autre ne semble
utile et paraît même futile, car le temps semble alors non s’arrêter
réellement, mais juste ne plus être valeur en soi.<br />
<br />
« Ambient 1 – Music for Airports » déclarait les choses intemporelles
ouvertes et si vous avez été en transit dans un aéroport cette curieuse
sensation d’une autre dimension du temps, vous la connaissez certainement –
elle est ici transcrite en sonorités musicales. <br />
L’on a donc, indiciblement, une « référence ».<br />
« Ambient 2 » va vers des paysages imaginaires intuitifs et internes.
<br />
Il redimensionne l’espace musical par le son et c’est là toute mon attirance
envers cet album que j’écoute à minima environ une bonne trentaine de fois par
an si ce n’est plus… et qui plus est… en boucle ce une fois lancé…<br />
Le 3 avec Laaraji au sitar est lui, un véritable voyage où la notion de musique
reprend le dessus. <br />
Quant au 4 - auquel il conviendrait d’additionner « Apollo » - il
appuie davantage sur les textures sonores et espaces, insistant donc sur le
réalisme de ce voyage interne.<br />
<br />
Eno et Budd sont certainement les artistes que j’écoute le plus sur la…
distance.<br />
Le besoin de se ressourcer, de s’évader, de paix… certainement.<br />
<br />
---<br />
<br />
« ABBEY ROAD » - The Beatles / Apple 1969<o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal">Mon sixième sera celui-ci.<br />
A y bien réfléchir je crois qu’il me reste indispensable…<br />
« Come together » et sa ligne de base m’a traumatisé…<br />
« Something » est une sublime chanson.<br />
Si je veux un peu de pêche rock, « I Want You » me suffira largement<br />
Et il y a cette face B… ce truc inimaginable, ce puzzle aux pièces forcées mais
qui ont réussies à s’emboiter.<br />
Ces petites miniatures essentielles, qui agissent comme un flash et illuminent,
en un court instant, l’esprit.<br />
<br />
Les Beatles on peut quasiment tout savoir d’eux… de la couleur de leur froc en
passant par la chronologie de leurs relations amoureuses ou pas, ce qu’ils ont
bu ou mangé tel ou tel jour pendant la gestation de telle ou telle chanson…
comment l’idée est venue, etc.<br />
Un long mais formidable film en mode série a ajouté la couche finale à la
légende, sur Disney, intitulé « Let it Be » et on aura vu comment de
bribes, de trainasseries en hésitations, puis en coup de génie ils
« construisaient » une chanson, donc pour eux cela veut dire… un
tube.<br />
Il n’y a pas une chanson des Beatles qui ne reste en mémoire, c’est ainsi et il
faut bien l’admettre, c’est l’axe créatif collectif le plus génial de
l’histoire de la musique, alors en soit, c’est unique et essentiel. <br />
Un peu comme Mozart (tiens j’ai pas mis Mozart… pourquoi ? mais parce que
trop de choix tue le choix… ou alors ce sera les Noces, tout simplement), mais
à plusieurs…<br />
<br />
« Abbey Road » constitue à mon sens la quintessence de leur génie
collectif créatif, même si, on le sait bien c’est Paul et John qui sont les
vecteurs, George, le liant et Ringo le bricoleur assembleur de génie, quant à
l’autre George, c’est le savoir-faire… et quel savoir-faire !...<br />
<br />
Il y a dans cet album de quoi largement avoir à écouter et écouter encore tant
sa richesse n’a pas fini de se dévoiler pour celui qui souhaite creuser au-delà
de la seule faculté mélodique qui saute à l’esprit dès le départ. <br />
C’est en fait une mine musicale.<br />
<br />
J’aurais dû prendre « Dark Side of The Moon » … hmmm, il doit bien
rester une petite place pour ce monument.<br />
<br />
<!--[if !supportLineBreakNewLine]--><br />
<!--[endif]--><o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal"><br />
</p><p class="MsoNormal"><br /></p><p class="MsoNormal">
<!--[endif]--><o:p></o:p></p>Pascal GEORGEShttp://www.blogger.com/profile/01916469417040396074noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-201099176728897658.post-47459579723436856332023-09-05T19:03:00.007+02:002023-09-06T16:36:32.126+02:00 REDECOUVERTES, REDECOUVRIR… (Syndrome de l'île déserte ?)<p> REDECOUVERTES, REDECOUVRIR… (Syndrôme de l'île déserte ?)</p><p class="MsoNormal">
<br />
A force d’accès quasi illimité à la nouveauté, on en oublierait presque de
ressortir quelques bons vieux albums, pas ceux réédités, remixés ou
remasterisés, juste ceux qu’on a là et qu’on se dit que parfois, si l’idée d’ile
déserte avait encore un sens…<br />
<br />
---<br />
<br />
STEVE WINWOOD « Steve Winwood » - Island 1977.<br />
<br />
Steve Winwood est à mon sens l’un des derniers grands créateurs, songwriters et
même instrumentistes (guitariste, organiste, pianiste sans parler de tous les
autres instruments dont il joue) et également chanteur hors pair, d’une musique
qu’on a communément appelé rock, mais c’est bien parce que, au départ, très
jeune, il est entré de pleine carrière dans ce mouvement émergeant.<br />
Bon, on ne va pas se refaire une bio qui serait comme un bottin, mais petits
rappels tout de même.<br />
Spencer Davis Group, Traffic, Blind Faith, l’orgue du Voodoo Child de Hendrix
et tant d’etc…<br />
Partout où Steve a posé ses doigts, sa voix et-ou son esprit musical c’est dès
que je l’écoute, toujours cette même vibration qui émane de lui, cet
incommensurable feeling qui perce quand il exprime la musique.<br />
Cela peut s’apparenter au génie, en tout cas s’il est un homme avec lequel le
mot musique rime totalement c’est bien lui.</p><p class="MsoNormal">
En 1977, Steve fait une pause Traffic, ce groupe qu’il a mené tel une affaire
collective et qui a quelque part posé une alternative à ce que l’idée de rock
commençait à devenir, sans pour autant basculer totalement vers le versant pop.<br />
Il s’installe chez lui, à la campagne et sous la houlette de Chris Blackwell,
patron de Island, il va enregistrer un album très personnel, si personnel qu’il
y joue quasiment tous les instruments, se faisant parfois aider par ses vieux
compagnons de route tels Reebop et bien entendu Jim Capaldi, Nicole, mais aussi
par la section rythmique de luxe que sont Newmark-Weeks.<br />
Six chansons, trois par face.<br />
Un bon vieux piano droit certainement enregistré directement dans le salon, des
techniques de re-recording préfigurant les futurs home studios. Un album
véritablement artisanal, qui sent bon l’intimisme, le coin du feu, l’amitié, la
campagne sans être bucolique comme la face B du III de Zep, n’exagérons pas.<br />
Ici, finalement seraient presque cristallisées toutes les composantes créatrices
de cet immense artiste.<br />
Le voici libre, face à lui-même avec la responsabilité intégrale, ce jusqu’au
jeu multi-instrumental de ses chansons. Pas de groupe à gérer, pas de vie
collective inhérente, pas de personnalité émergeante mais noyée dans l’axe
groupe. <br />
Juste lui… et sa musique.<br />
Les intervenants justement interviennent mais il tient les rênes du sujet et
ils ne font que jouer (batterie, basse, agrément de chœurs et congas) ce que
ses seules potentielles limites instrumentales ne peuvent accomplir, tel que
lui, l’entend.<br />
Alors les claviers, pianos, guitares sont maitres de ces perles rares, alors sa
voix elle aussi peut véritablement en dire plus et chanter plus qu’au-dessus du
fatras des groupes, retrouvant la qualité et la pureté qu’il avait eu
l’occasion d’offrir avec Blind Faith pour le magique « Can’t Find My Way
Home ».<br />
En 1977, comme à l’accoutumée ma grand-mère pour mon anniv’ me donnait non un
cadeau matériel, mais de l’argent. Elle savait très bien que je filerais à la
FNAC pour me payer un disque.<br />
La seule différence d’avec mes autres achats discographiques est que je mettais
un point d’honneur à ce que ce cadeau soit un disque dont je savais qu’il me
resterait cher dans le temps, une sorte d’investissement sentimental permettant
de me souvenir systématiquement d’elle et de savoir qu’elle aurait contribué à
mon cheminement musical par ce simple geste.<br />
Aussi ces albums ont compté plus que tout et les autres et elle y est
intrinsèquement liée.<br />
En me précipitant acheter cet album dont la pochette, curieusement était plus
grande de quelques cm rapport au format habituel des pochettes de 33 tours,
j’avais donc méticuleusement fait mon choix. Adepte des nombreuses productions
précédentes en groupes où Steve Winwood était actif, j’avais pressenti que ce
premier album solo me serait déterminant.<br />
<br />
Me voici donc à le ré-écouter à nouveau et croyant comme souvent le connaitre
« par cœur », je me retrouve face à, encore une fois, de nouveaux
angles d’appréhension de cet ensemble musical si captivant.<br />
Par exemple, à l’écoute de « Time is Running Out », un titre qui aura
rempli une grande part de mon temps de vie d’écoutes, me voilà en capacité de
comprendre pourquoi, dans mon jeu de claviers, naturellement, sans vraiment y
réfléchir, dès que j’ai un son de clavinet dans les doigts, c’est bien de là
que ces rythmiques d’un groove obsédant me viennent instinctivement, comme
ayant été imprimée dans mon esprit puis assimilées sans le véritable travail de
jeu, mais juste par identification.<br />
C’est d’ailleurs idem pour ce Fender Rhodes en delays dont j’use et abuse, le
laissant faire sa vie une fois engagé et emplir l’espace sonore ou encore cet
orgue qui glisse pour mieux entrer dans ce foisonnement chatoyant. Et puis il y
a ces synthétiseurs qui en une infime phrase installent toute une dimension
orchestrale.<br />
Six titres donc. <br />
Et en chacun chaque fois, un nouveau plaisir, une confirmation de…, une pierre
supplémentaire qui remet mes propres pendules à l’heure.<br />
Alors je n’échappe jamais au détour de chaque titre à la question genre, par
quoi a-t-il commencé ? (entendez quelle a été sa piste sur laquelle il
aura tout échafaudé, échelonné, empilé…) – chose déjà problématique à l’entrée
d’un titre lorsque l’on enregistre en multipistes avec les outils d’aujourd’hui
et des logiciels (cubase, sonar, protools…) qui permettent tout et dont le
résultat ici semble totalement incroyable avec les multipistes à bandes de
cette époque…<br />
Alors je me plonge dans ces guitares à la richesse de jeu déconcertante
d’autant qu’il en émane une trop apparente « simplicité », puis je
prête l’oreille à Reebop qui est l’élément de chauffe et le coloriste auquel
l’on n’a jamais trop prêté attention, ce, même dans Traffic. <br />
Je continue avec la voix de Jim, sorte de complément fraternel de celle de
Steve qui lui aussi balance des chœurs inévitables. Et puis, la rythmique
Weeks/Newmark, la perfection… et celle mue par Steve lui-même, tout aussi
« imprégnante » que le jeu de chacun des instruments qu’il touche.<br />
<br />
Alors je crois toujours savoir ce que je dois de l’écoute d’un tel album.<br />
Et de n’avoir douté de ce choix… décisif de l’acheter en cette année 1977 car à
chaque fois, je dis bien à chaque fois, que je le ressort il me procure
exactement le même sentiment, m’emmène découvrir d’autres angles et me rappelle
tant et tant ma grand-mère bien aimée.<br />
<br />
--- <br />
<br />
BOB BELDEN « Straight to My Heart – The Bob Belden Ensemble plays the
Music of Sting » - Blue Note 1991.<br />
<br />
Après l’avoir écouté et réécouté des heures lors de son achat, puis décrypté
comment, à partir d’un matériau « pop » ou disons populaire/grand
public, il était possible d’oser l’arrangement dans tous les possibles (j’ai
largement pompé non la matière mais la substance de ces idées lorsque j’ai
arrangé justement de tels répertoires afin d’imaginer un
« autrement » principalement à caractère pédagogique), l’autre jour
je l’ai « enfin » ressorti.<br />
Il était temps, il commençait à prendre la poussière sur les étagères à CD et
il ne méritait pas un tel sort.<br />
J’ai écouté à en faire indigestion de plaisir Sting tant que Police, j’ai joué
en cover trio Police au point que je m’en suis détruit le bras de frappe
position tambour de la main gauche, je joue encore et encore des titres comme
« Fragile », « Roxanne », « Fields of Gold »,
« It’s Probably me », « Shape of My Heart », « Walking
on the Moon » dès que l’occasion pianistique me le permet.<br />
Aujourd’hui je ne suis plus du tout l’actu Sting même si je reste admiratif de
cet artiste et de sa musique .<br />
Il y a peut-être un temps pour tout et il y eut un temps pour tout, me dis-je.<br />
<br />
La sortie de cet album a été pour moi une véritable révélation et m’a apporté,
sur un plateau orchestral, la musique de Sting sous un angle différent. <br />
Les arrangements proposés ici, qu’ils soient orchestraux, vocaux, rythmiques et
servis par des solistes hors pair (par exemple John Scofield dont finalement je
pense que l’expérience ici l’aura qui sait, amené à son album Ray Charles dans
lequel on trouve des pensées similaires ou encore le remarquable John Hart aux
guitares également), soutenus par des rythmiques impressionnantes de lecture et
de groove (Dennis Chambers, Daryl Jones…) amènent vers… un autre Sting.<br />
De celui que j’avais commencé à découvrir lorsqu’il avait collaboré avec Gil
Evans, par exemple.<br />
Pas forcément un Sting jazz, même si l’on sait l’artiste fréquemment sur la
frontière entre jazz, rock et pop, mais un artiste dont la musique – un peu
comme celle des Beatles à y bien réfléchir – possède un tel matériau créatif
qu’on peut l’imaginer et la détourner, l’user, l’utiliser, l’arranger,
l’orchestrer… de toutes les façons possibles.<br />
Une porte vers un imaginaire dont finalement les seules limites ne sont que
soi-même.<br />
<br />
Cet album c’est un peu comme un véritable album d’école pour arrangeurs en
devenir ou en manque d’idée face à un sujet de quelque espèce musicale.<br />
<br />
« Sister Moon » m’a refait l’éternel même effet épidermique avec ces
gros tubas introductifs, ce sax gémissant à la lune et cette performance vocale
si soul de Phil Perry.<br />
Le détournement de « Shadow in the Rain », davisien / evansien à souhait
avec ses riffs syncopés, son piano libéré (Joey Calderazzo), le thème éthéré et
étiré à souhait tout en harmon trompette …<br />
« Every breath you Take » en vocal-percu enraciné african beat…<br />
« Wrapped Around Your Fingers », repassé à la moulinette groove par
Diane Reeves sur fond de riff en flûtes, émaillé de pianos diaphanes et
illuminé par le solo de John Scofield.<br />
« I Burn For You » et son décapant solo pianistique de Kevin Hays…<br />
<br />
Bref, sans détailler plus avant, si un jour les éternelles redites des chansons
magiques de Sting ou Police, reprisent par lui-même ou passées en mode cover
chill-out sur ABC lounge Radio, vous blasent… alors il faut venir ici pour un « reset »
bénéfique et surprenant.<br />
<br />
---<br />
<br />
JACK DEJOHNETTE « Special Edition » - ECM 1979.<o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal">Quand on parle ou pense free jazz, de suite l’ombre logique
d’Ornette se pointe, de suite quelques rictus grimaçants, de suite une sorte de
rejet, de méfiance, de suspicion de supercherie.<br />
Le free jazz n’est pourtant rien d’autre que la continuité logique d’un jazz
afro américain et de son histoire, musicale, sociale, politique, revendicative,
identitaire…<br />
Le free est engagement, liberté délibérée d’expression, révolte identitaire…<br />
Ici Jack DeJohnette s’est entouré de jeunes lions en les artistes David Murray,
Arthur Blythe, Peter Warren, lui-même assurant batterie et un instant
pianistique.<br />
Pas d’harmonie, pas d’accord réellement affirmé par un instrument dédié comme
justement le piano, mais de l’horizontalité linéaire, « mélodique »,
permettant un jeu ouvert, désancré du repère de la grille, des chords, du
« cadre ».<br />
Pour autant, il n’en est pas moins là, ce cadre, mais la structure orchestrale,
les solistes et l’ouverture d’esprit permettent aux protagonistes tant qu’à
l’auditeur de n’avoir le loisir d’y penser mais au contraire d’en partir et de
s’en émanciper.<br />
Un hommage non camouflé à Eric Dolphy, ce précurseur – « One for
Eric » - sur un fondamental blues là encore non camouflé mais qui saura
partir d’emblée vers des contrées enrichissantes.<br />
« Zoot Suite » c’est en quelque sorte une réminiscence d’usages
d’orchestres à l’ancienne complètement déjantée… c’est un délire nuancé et
entêtant, c’est entrecoupé de mystérieuses plages méditatives charmées par la
contrebasse à l’archet de Peter Warren…<br />
« Central Park West », composé par Coltrane, joue sur l’expression et
l’on remarque cette sonorité si perçante de Blythe qui s’épanche, s’attendrit,
chante…<br />
« India » est le grand incontournable de l’album. Seconde composition
de Trane qui figure ici son approche m’interpelle directement, me saisit et je
sais que c’est de là qu’en ces années eighties naissantes que mon dévolu pour
le free est parti. Chaque solo est incroyable, le jeu de Dejohnette est tout ce
que la batterie m’attire, le drive de Warren…<br />
« Journey to the Twin Planet » est une autre vision de l’approche
free. Une pédale et quelques surgissements disparates, une ambiance, une vision
puis ça se débride totalement en collectif, comme un rappel d’un certain album
d’Ornette… « Free Jazz », comme une réminiscence de certains
Coltrane, avec… Eric.<br />
La boucle est bouclée.<br />
L’album est court, il se suffit ainsi.<br />
Il est instantané, immédiat, direct et sans détours inutiles.<br />
Il m’a appris à percevoir le jazz… autrement.<br />
<br />
---<br />
<br />
JONI MITCHELL « Hejira » - A & M – Asylum 1976.<br />
<br />
Certains albums, comme ceux précédemment cités, marquent à jamais.<br />
« Hejira » dépasse largement pour moi ce constat.<br />
Il agit toujours et encore comme un refuge musical dans lequel je m’enferme
régulièrement, n’hésitant jamais à le sortir pour l’installer en platine(s).<br />
Quand il est sorti il a de suite attisé en moi une sorte de fascination, c’est
assez inexplicable, plutôt simplement sensoriel, juste que la curiosité mue par
l’article de présentation rock’n’folk et une pochette vraiment intrigante qui s’y
accolait m’ont indiciblement mené vers lui.<br />
1976, à seize ans soit l’on s’enferme dans une musique, soit l’on se cherche
et/ou cherche encore la musique tout court et dans tous les sens du terme. <br />
Le rock a forcément fait son ravage bénéfique, le jazz pointe son nez de façon
totalement anarchique mais surtout délibérément hors de ce que mon père a pour
coutume d’écouter et le classique, hors études, devient viennois, contemporain
et là aussi en recherche d’ailleurs.<br />
Je voyage beaucoup en train Corail, car je commence à partir en tournées et cet
album, vite mis sur K7 et ancré dans mon premier mais vital walkman, va dès la
poussée du bouton play prendre une place inamovible, obsessionnelle, addictive
et obligatoire.<br />
Il passe au fil des paysages, de la somnolence et de l’endormissement pour instantanément
dès le clic symbolique de fin de lecture, être repris par un rewind toujours
trop long et une habitude d’avoir toujours des piles de rechange.<br />
De l’écoute happée par le rythme lancinant des guitares, par le débit textuel
de Joni et les interjections de Jaco et Larry se préciseront au fil du temps toutes
les subtilités qui s’organisent autour de ce socle instrumental et vocal. <br />
Quelques bribes de clarinette (Abe Most), la fluidité du vibraphone (Victor
Feldman), le jeu de batterie minimaliste (John Guerin – ex compagnon de Joni
dont la rupture douloureuse est quelque part à l’origine de cet album et des
multiples réflexions qui en émanent), d’improbables cors (Chuck Findley/Tom Scott),
un harmonica qui s’est gouré de gamme (Neil Young), une contrebasse de piano
bar (Chuck Domanico), des percussions imperceptibles (Bobbye Hall)…<br />
Jaco Pastorius sera l’angle du changement et pourtant il ne joue que sur quatre
titres, mais ses basses mêlées, en re-recording, chantantes sans prendre le réel
parti des fondamentales (l’un des questionnements de Joni que de réviser ce
rôle de la basse) bouleversent ici tout ce que l’on avait entendu jusqu’alors.<br />
Larry Carlton - ici dans un jeu qui ne lui est pas coutumier - sera l’indispensable
complément avec un jeu en contre chant,
en pédales de volumes, en phrases émergeantes, jamais en solo, mais toujours
soliste complémentaire.<br />
De l’autre part Max Bennett et John Guerin, ex L.A Express (comme Tom Scott) -
groupe qui fit des tournées avec Joni et dont un live (double) est absolument impérieux
à avoir chez soi – assurent une rythmique à peine utile mais tellement
nécessaire à certains titres.<br />
La section rythmique… ici… c’est la guitare de Joni et autour d’elle, tout s’organise
avec les talents et personnalités, spécificités de chacun, certains comme Larry
Carlton, sortant carrément de leurs zones habituelles – presque - de confort, d’autres
comme Jaco Pastorius se permettant d’aller bien au-delà de leurs expressions
habituelles, car, contexte musical oblige, Joni n’est ni Weather Report ni B S
& T…<br />
<br />
Joni parle ici de rupture, d’amour, de relation de couple, de relation avec les
hommes, tout court (« A Strange boy », ce petit ami de passage peut
être heureux d’avoir été l’objet d’un tel titre…), de tournées et de voyage, de
transports divers et variés, d’une vie décalée d’autant qu’elle est accro à la
cocaïne et que sa conscience de cette addiction la fait également souffrir,
allant jusqu’à visiter un maitre de méditation boudhiste afin de guérir de
cette dépendance (« Refuge of the Roads » qui est ma chanson fétiche
de l’album).<br />
Elle parle aussi en femme et de femmes et les mêle à ses réflexions à sa vie du
moment et à ses états d’âme. Amelia – Amelia Earhart – se retrouve ainsi
prétexte au milieu d’un fatras sentimental, contextuel et de destinée féminine.
Sharon, qui se réfère à son amie d’enfance Sharon Bell qui voulait devenir
chanteuse et a épousé un agriculteur alors que Joni voulait devenir
agricultrice et est devenue chanteuse… et qui évoque le suicide, celui de la petite
amie de Jackson Browne, ex petit ami de Joni aux excès d’humeur violents…<br />
On croise Furry Lewis, chanteur de blues, et Sam Shepard, cet homme à femmes,
relation amoureuse de Joni (« Coyote »)…<br />
« Hejira », titre de l’album et chanson magnifique se réfère à l’exode
du prophète Mahomet de La Mecque à Medine, Joni déclarant qu’elle avait trouvé
en ce terme chopé dans le dictionnaire… l’idée de « s’enfuir avec honneur ».<br />
<br />
Avec « Hejira », Joni, lasse des musiciens rock qui avaient pour
coutume de l’accompagner voulait s’entourer d’artistes ayant une autre
approche, une autre conception de la musique et c’est à partir de là qu’elle a
commencé à travailler avec des musiciens de jazz.<br />
<br />
Années après années, « Hejira » m’inspire toujours.<br />
Il y a dans cet album un nombre incalculable de trouvailles, de sonorités (ces
guitares en open tuning qui permettent, justement au jazz modal de s’épancher),
de détails qui, autour d’elle permettent de comprendre et apprécier comment
transformer un matériau de chanson en un écrin d’une richesse in-imaginée.<br />
<br />
L’œuvre de Joni Mitchell est à ce jour
considérable et elle compte avec un Dylan ou un Springsteen, par exemple, parmi
les artistes qui auront marqué de façon durable et importante la musique
américaine. <br />
Il suffit d’écouter les démos qu’elle enregistrait avant de faire carrière sur
son magnéto Nagra à bandes, pour comprendre que cette femme fait figure d’exception
et doit être considérée en tant que ce tout relativement rare de auteure, compositrice,
interprète…<br />
Ces chansons reflètent une certaine destinée.<br />
Il n’y a pas d’album de Joni Mitchell qui soit anecdotique, ce, quelle que soit
la « période » pendant laquelle elle l’a enregistré… Folk (l’incontournable
« Blue »), Jazz (« Mingus »), Rock (« Wild things run
Fast »)… à chaque fois elle a surpris, et été passionnante.<br />
Mais s’il y en a un qui est indispensable, cela reste bien « Hejira ».<br />
<br />
---<br />
<br />
J’aime bien faire un petit « reset » de temps en temps…<br />
Voilà…<br />
C’est fait.<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<!--[if !supportLineBreakNewLine]--><br />
<!--[endif]--><o:p></o:p></p>Pascal GEORGEShttp://www.blogger.com/profile/01916469417040396074noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-201099176728897658.post-54627203378461350052023-08-27T18:32:00.000+02:002023-08-27T18:32:15.007+02:00SANDRINE PIAU<p> SANDRINE PIAU</p><p class="MsoNormal">
<br />
C’est ainsi, un jour au gré d’un trajet, comme ça, entre deux cd ou un
branchement de streaming, la radio… (classique) - tu t’arrêtes et es subjugué.<br />
Oui, j’ai bien dit subjugué…<br />
Alors, même si le nom de l’artiste tu l’as déjà (encore heureux) repéré, il
aura suffi d’un air de Haendel – « Lascia ch’io Piangia » - de ceux
qui, à chaque fois provoquent, ce truc épidermique indescriptible, magique,
sensuel et addictif.<br />
Alors tu mets le nom dans un coin de tête et attends (musique classique oblige)
le véritable moment qui va te permettre
de te laisser véritablement envouter par cette voix exceptionnelle.<br />
<br />
Un coup de bio et je découvre que finalement à une poignée d’années prêts, on
aurait pu se croiser puisque l’artiste a fréquenté les banc de la maitrise de
Radio France à l’époque épinglée ORTF.<br />
Résultat, la curiosité s’augmente, forcément, j’y ai passé tout de même
quelques années et je crois bien que si je suis devenu musicien un jour (ou
tous les jours de ma vie) ce haut lieu de l’éducation musicale et culturelle y
a été pour plus que quelque chose.<br />
<br />
Sandrine Piau - Haendel (Handel).<br />
Cataloguée baroque, une logique médiatique due à ses années aux côtés de
William Christie, l’artiste dont je découvre la discographie plurielle ne peut
être réduite à ce seul cadre esthétique.<br />
C’est effectivement par et avec Haendel que j’ai flashé sur sa présence vocale
tellement musicale et précise, mais comme toujours, il faut creuser et aller
chercher « ailleurs »…<br />
Je lis que ses relations avec le chef n’étaient pas spécialement des plus
cordiales si ce n’est tendues, malgré un respect, une école et une réputation…
tiens, curieusement Christie fait la une, il aurait giflé un chanteur lors de
la récente tournée … tout ça pour une histoire de simple protocole de salut
final… hmmm…<br />
Peut-être serait-il temps que l’autocratie musicale soit révélée ?...<br />
<br />
Allez, je pioche…<br />
<br />
---<br />
<br />
« Après un rêve » - Sandrine Piau accompagnée de Susan Manoff (piano)
– Naïve Classic 2011.<br />
<br />
<i>« Comment préserver cette part d’enfance qui rend chacun unique ? <br />
Y renoncer est-il un deuil nécessaire ? <br />
Qu’est-ce qu’un rêve ? <br />
Qui n’a jamais tenté d’en prolonger le charme au matin ? <br />
Quand les monstres de la nuit passent le seuil du jour, la vie n’est-elle plus
que cauchemar ? <br />
Qu’osons-nous vivre quand l’illusion de notre immortalité s’évanouit ?<br />
Au commencement, la nuit, berceau de nos terreurs enfantines, peuplée de
créatures redoutables autant que fascinantes… Sorcières cocasses, gnomes
facétieux et chimères étranges se croisent en un ballet absurde dans ce champ
magique de tous les possibles. Quand les images de l’enfance pâlissent pour se
muer en fantasme, que nos songes éveillés luttent contre une réalité trop
banale ou que la folie trace son sillon en une ultime évasion, nous oscillons
tels des funambules sur le fil de la vie entre désir d’envol et tragédie de la
chute… » - </i>Extrait préambule du livret.<br />
<br />
L’art de la mélodie ici sublimé.<br />
Strauss (Richard), Fauré, Mendelssohn, Chausson, Bouchot, Poulenc, Britten…<br />
Des mélodies que l’on a forcément déjà (si l’on a écouté du classique) en
mémoire (Fauré), des découvertes (Bouchot), des confirmations (Strauss)…<br />
Le programme est captivant, Strauss installe fantastiquement, Fauré apaise, Mendelssohn
surprend, Chausson interpelle, Bouchot émerveille, Poulenc décrit, Britten
magnifie.<br />
Alors le dessin de chaque mélodie vient prendre l’esprit, celui-ci sous emprise
aura peine à s’échapper et se laissera embarquer par cette voix enchanteresse
(qui est d’ailleurs le titre de l’un de ses autres albums) pour un voyage
effectivement empreint de rêves. <br />
Et l’on n’aura pas la moindre envie d’un réveil vers la sombre réalité.<br />
<!--[if !supportLineBreakNewLine]--><br />
<!--[endif]--><o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal">---<br />
<br />
HANDEL « Enchanteressses » - Alpha Classics 2022<br />
Les Paladins / Jérôme Correas.<br />
<br />
Handel fait définitivement partie des compositeurs que j’écoute le plus, une
sorte de préférence assumée et qui soumet forcément à la curiosité
d’interprétations.<br />
Le florilège de ce programme choisi autour des héroïne des opéras de Handel -
un répertoire que Mme Piau connait effectivement bien après les avoir incarnées
de nombreuses fois à la scène – se résume ici : « Les ailes du désir
auront brûlé trop vite ces magiciennes qui, à l’instar d’Icare, sont tombées de
leur piédestal dans la pleine irrévérence de leur envol ».<br />
Sandrine Piau avouant une attirance particulière pour ces « perdantes
magnifiques ».<br />
<br />
Nous voici transportés avec un remarquable brio tant instrumental, orchestral
que vocal dans l’univers lyrique et mythique tant que mythologique, légendaire
et épique cher au compositeur.<br />
Entrecoupé de « pauses » extraite du catalogue imposant des concerto
grosso, ce programme agissant « de concert » permet quelque part l’accès
immédiat à l’œuvre lyrique colossale du grand compositeur.<br />
Le brio vocal est impressionnant car la partition est d’une écriture virtuose
qui forcément aura ici l’ornementation stylistique permettant les nombreux
enrichissements d’interprétation.<br />
L’orchestre s’impose par sa texture et sa présence rigoureuse permettant à la
diva de jaillir de ce feu d’artifice musical. <br />
Handel, feu d’artifice… c’était facile, mais l’écoute de cet album installe
cette idée définitive de brillance, de puissance, d’enchantement et… de
perdition…<br />
En cela, réussite et accroche totale au sujet.<br />
Quel univers passionnant !<br />
<br />
---<br />
<br />
Mozart « Desperate Heroins » - Naïve 2014.<br />
<br />
Je l’attendais forcément dans Mozart.<br />
Une telle voix ne pouvait que sublimer le génie mozartien.<br />
Restait là encore à installer l’argument de programme et ces héroïnes que nous
connaissons bien, aux airs souvent désespérés exprimant leurs souffrances,
leurs affres, leurs déceptions, leurs attentes, leurs incertitudes, leurs
sentiments bafoués, leurs questionnements, leurs colères ou leur révolte
parfois, mais aussi leur amour. Les voici réunies se déplaçant sur cette ligne
d’horizon reflétant une époque où la femme, finalement était face à une société
aux usages restés encore… bien actuels.<br />
Je commence à prendre conscience de l’engagement de l’artiste et de sa volonté
par l’héroïne d’opéra, de mettre en avant au-delà de la seule musique, mais à
travers elle, les tristes réalités sociales que chaque opéra mozartien ou pas d'ailleurs,
finalement, sait mettre en évidence.<br />
L’opéra ne l’oublions pas c’est le spectacle, le reflet des époques sous la
forme la plus grandiose possible.<br />
Mozart…<br />
Sa vie est jalonnée par ces chef d’œuvre lyriques, sortes de points centraux
qui lui obsédaient l’esprit et autour certainement desquels il écrivait ses
commandes et autres œuvres, tellement nombreuses.<br />
Son génie mélodique et dramatique est ici subjugué, sans fards, sans
ostentation, avec la seule idée d’interpréter au plus « juste »
chaque air et le sentiment exprimé par son héroïne.<br />
C’est direct, c’est poignant, souvent touchant et d’une grande densité.<br />
Une sorte de concentré d’expression mozartienne qui empoigne l’auditeur. <br />
<br />
---<br />
<br />
SCHOENBERG, BERG, WEBERN – QUATUOR DIOTIMA, SANDRINE PIAU, MARIE NICOLE
LEMIEUX.<br />
Naïve Classique 2010.<br />
<br />
Du baroque au contemporain il n’y a souvent qu’un pas.<br />
Question d’approche, d’ouverture…<br />
Ce n’est pas nouveau dans le blog que de savoir que je suis un fervent adepte
de l’école de Vienne.<br />
Et dès les premières mesures de Schoenberg imposées par le quatuor me voici
immédiatement servi.<br />
Tout est ici « perceptible » au détail prêt, l’interprétation est
tant magistrale que la prise de son qui est au service du moindre dessin
musical.<br />
Comme toujours avec cette esthétique musicale, il convient d’un minima de
préparation, pas forcément intellectuelle, sinon on m’en taxerait encore, mais
juste mentale et être en état de pouvoir ce faire.<br />
Le quatuor n°2 de Schoenberg en Fa dièse mineur avec soprano va donc prendre
place dans l’espace temporel et Sandrine Piau va sublimer l’œuvre aux troisième
et quatrième mouvement.<br />
C’est avec cette œuvre que Schoenberg s’émancipe véritablement des repères
fondamentaux de la tonalité, il l’aura composée dans l’une de ses périodes les
plus créatrices et innovantes, en quête d’autres directions et parallèlement sa
vie personnelle aura été affectée.<br />
Cela donne donc une œuvre particulièrement tenace, dense et audacieuse.<br />
L’une des innovations sera justement l’apport de la voix à partir du troisième
mouvement, un acte inhabituel dans le schéma jusqu’alors très balisé de
l’écriture et même de la structure du quatuor à cordes.<br />
Ici l’atonalisme même s’il n’est pas encore littéralement affirmé pointe son
axe d’étrangeté à de nombreux moments, rendant le tonal encore plus émouvant,
poignant et pénétrant.<br />
Voici le troisième mouvement.<br />
D’entrée, Sandrine Piau s’empare de l’axe mélodique tortueux et le fait sien.<br />
Instrument vocal parmi ces entrelacs de cordes elle impose une expression et
une articulation hypnotiques, retenant les envolées trop souvent surfaites en
lyrisme exacerbé qu’on a usage d’écouter dans ce répertoire elle est encore une
fois d’une phénoménale justesse d’interprétation, se mêlant sans fards à la
texture si novatrice produite par l’écriture de Schoenberg.<br />
Le quatrième mouvement avec son introduction mystérieuse et presque oppressante
sur ces graves de violoncelle obstinés nous fait attendre la voix, un suspens
savamment édifié, préparé et mis en scène musicalement. Là encore, en une part
progressive expressionniste chargée de mise en relief de chaque mot, note,
phrase, l’on est saisi par la volonté de susciter l’intérêt établie par le
compositeur et largement exprimée par les interprètes.<br />
<br />
Le reste de l’album -avec les interprétations vocales de la contralto Marie
Nicole Lemieux, que ce soient les six bagatelles de Webern additionnées d’une
septième chantée et jusqu’alors inédite ou encore la fameuse suite lyrique de
Berg pour quatuor à cordes version avec soprano - insiste sur ces années
viennoises de recherche menées par cette école qui a brisé les codes, en a créé
de nouveaux en développant autour du système de l’écriture musicale d’usage des
axes créatifs réglés, autrement régentés afin d’amener l’imaginaire musical
vers de nouveaux horizons, espaces et critères.<br />
Des inventeurs…<br />
Et avec cet album, finalement, je réalise que voilà bien une excellente porte
d’entrée pour pénétrer dans cette époque si riche en audaces et si particulière
en directions créatrices. <br />
<br />
---<br />
<br />
PERGOLESE « Stabat Mater » - Alpha Classics 2020.<br />
Sandrine Piau, Christopher Lowrey, Les Talents Lyriques, Christophe Rousset.<br />
<br />
Lié à un véritable choc musical de mon enfance ce stabat mater reste l’une des
œuvres classiques que j’ai toujours en moi. Cet art du drame tonal-dissonant et
en sensibles ne semblant jamais en capacité de se résoudre, ce croisement vocal
entre les deux solistes aux possibilités de choix seulement mues par la
tessiture, cette spiritualité si forte et si dense qu’elle prend instantanément
l’âme…<br />
Être soliste dans un tel monument musical n’est pas mince affaire.<br />
On aura eu l’ampoulé, la juvénilité, le lisse de circonstance parce que se
voulant baroque d’esprit… tant de versions, tant de visions, tant de mises au
service d’une œuvre intemporelle, immortelle donc.<br />
Les versions sont rarement, et ce quel qu’elles soient, anecdotiques. <br />
Le Stabat Mater de Pergolèse impose dès ses premières mesures une implication
totale, savoir comment chacune ou chacun (de plus en plus de contre ténors,
comme ici, s’emparent de la partition) gère cette implication est affaire de
vision. <br />
J’ai écouté nombre de versions de ce Stabat Mater. Chacune se
« défend » et en préférer l’une à l’autre semble compliqué à assumer.
L’œuvre se suffira à elle-même et même si par excès parfois de choix
d’interprétation des penchants se distinguent ils ne peuvent en rien effacer
l’extraordinaire dimension du matériau musical initial.<br />
Alors me voici face à cette version présentée par cette voix que je pars
découvrir, me voici face à, je commence à m’y habituer, une exigence, une
rigueur, une qualité de jeu et de don vocal et de personne indiscutables.<br />
D’entrée le tempo un peu plus lent, retenu plus qu’à l’accoutumée va
obligatoirement retenir l’attention, chercher l’émotion au plus profond de ses
notes sensibles (7<sup>e</sup> degré de la gamme et d’autant plus poignant
qu’en mode mineur celle-ci a été installée afin de « parfaire »
auditivement la résolution en cadence). <br />
Les deux solistes se mêlent, s’entrecroisent, se complètent sans écarts
personnels, portés par ces jonctions mélodiques qui font de leurs duos des
moments de parfaite cohésion. Et que dire de chaque partie soliste… l’œuvre est
ici déroulée avec un lien ténu entre les voix qui prennent chacune au fil de
l’avancée des sections, l’énergie expressive de l’autre, comme un passage de
relai avec des points de rendez vous communs en duo.<br />
L’ensemble orchestral est le point d’équilibre et d’accroche de ces directions
mélodiques et ses appuis harmoniques tant que contrechants lient ce tout de
façon tant soutenue que solide.<br />
Un « Stabat Mater » de Pergolèse de plus que, forcément, je vais
directement installer dans la longue liste de tous ceux que j’écoute oh combien
régulièrement.<br />
Mais ce n’est pas tout…<br />
Deux œuvres inédites et inconnues complètent ce pavé de la musique sacrée, le
« Salve Regina » de Nicola Porpora qui fut maitre de chant de…
Farinelli et maître de … Haydn, ainsi que « Beatus Vir » de
Leonardo Leo, des œuvres « à la piété méridionale » dixit Christophe
Rousset.<br />
L’occasion d’en découvrir d’avantage et qui sait de rencontrer ces deux autres
compositeurs très connus et plébiscités en leurs temps qui, comme un certain
Vivaldi, passèrent dans l’oubli le quasi plus total.<br />
Ah… l’histoire… et la postérité…<br />
<br />
---<br />
<br />
HAYDN « 2032 – L’addio » - Il Giardino Armonico – Giovanni Antonini /
Sandrine Piau.<br />
<br />
Cet album clôt une intégrale consacrée à Haydn réalisée par cet ensemble et ce
chef qui ont redonné à cet immense répertoire et compositeur un coup de neuf et
un nouvel éclairage.<br />
S’y insère la scène dramatique de « Berenice », elle, qui, abandonnée
par son amant y chante son désespoir tant que sa rage.<br />
Dans ce registre, là, on le sait maintenant Sandrine Piau excelle.<br />
Les contrastes rappelant logiquement le fameux clair-obscur sont la matière du
jeu expressif où l’énergie rageuse et furieuse s’alterne avec le plus profond
anéantissement, cela impliquant des performances vocales tant puissantes que
décisives au degré de l’approche tessiture et ambitus mais également une
profondeur sensible et expressive qui laisse transparaitre la douleur de l’âme.<br />
Idéalement placée en troisième ouvrage de l’album cette « pause »
vocale ouvre le champ des possibles, installant une écoute différente d’un
Haydn qu’on aura plus volontiers en l’oreille comme compositeur instrumental et
orchestral.<br />
La puissance dramatique de cette scène est un condensé d’environ 10 mn d’expression
directe. <br />
Elle possède un pouvoir quasi charismatique et peut également avoir sur
l’auditeur un réel pouvoir d’adhésion immédiate.<br />
Quant au reste de l’album même s’il contient les symphonies les plus
emblématiques (du moins certaines des plus emblématiques) de Haydn, cette
approche avec cette unité orchestrale fait merveille.<br />
<br />
---<o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal">« BETULIA LIBERATA » - Sandrine Piau, Nahuel Di
Pierro, Teresa Iervolino, Chœur Accentus, Les Talents Lyriques dir Christophe
Rousset.<br />
<br />
Encore Mozart, pour un oratorio qu’il composa à l’âge de… 15 ans.<br />
On juge le livret de Metastase assez médiocre, qui fut initialement refusé par
Hasse principal collaborateur de celui-ci.<br />
Mozart a saisi là une belle opportunité pour se faire connaitre. Pourtant il n’existe
aucune trace d’une représentation de cette œuvre qui aurait dû être créée à
Padoue en 1772.<br />
Elle est contemporaine à Mitridade, opéra de jeunesse et d’entrée on est dans
la texture familière de cette écriture du génie mozartien avec nombre de
caractéristiques d’écriture et d’orchestration qui sont sa « pâte ».<br />
Le registre vocal est techniquement exigeant et est magnifié par une
distribution remarquable, le chœur, qui comme toujours chez Mozart a une part
minime mais systématiquement d’une remarquable écriture, saisit littéralement l’auditeur
et dans le rôle d’Amital nous allons retrouver Sandrine Piau qui dès le récit « E
in che Spera ? » installe son empreinte dramatique et poignante.<br />
Dire que l’on découvre encore des œuvres de Mozart…<br />
Et cet oratorio (opéra à caractère sacré), qui plus est de jeunesse est une
pierre de plus à l’édifice de plus de 800 œuvres composées, rappelons-le, en
une poignée d’années sur cette terre…<br />
Une mention toute spéciale à cet ensemble orchestral et à Christophe Rousset
qui nous incarne l’esprit mozartien dans une certaine splendeur qu’il fait bon
(re)trouver.<br />
<br />
---<br />
<br />
ANDRE CAPLET « Conte Fantastique, Septuor, Les Prières » - Ensemble
Musique Oblique – Harmonia Mundi 2007.<br />
<br />
Attention, plongée poétique sans précédent…<br />
Ce conte fantastique, inspiré d’Edgar Allan Poe (« Le masque de la mort
rouge ») pour harpe et quatuor à cordes est simplement renversant de
beauté et ce sous couvert de cette écriture estampillée contemporaine.<br />
On sait – ne l’avais-je dit ? – que Sandrine Piau a étudié la harpe et la
retrouver ici pour les deux sonnets « Quand reverrais je, hélas » et « Doux
fut le trait – Ronsard », accompagnée par le si délicat instrument est
juste un arrêt intemporel qu’il faut faire.<br />
Puis la voici comme « voix » dans le « septuor à cordes vocales
et instrumentales », une œuvre pour trois voix de femmes et quatuor à
cordes où sa dimension instrumentale vocale, emmêlée dans l’écriture complexe
tant que dans l’insolente évidence mélodique de Caplet, se fond en bloc dans ce
mini chœur vocalisant.<br />
Avec cette artiste, l’on part aussi à la découverte et celle-ci, à savoir l’entrée
vers l’œuvre de Caplet, n’est pas des moindres.<br />
A fleur de peau…<br />
<br />
---<br />
<br />
Je pourrais ainsi décrypter et me promener des heures parmi la discographie de
cette immense artiste au chant dénué de fioritures d’usages et inutiles, allant
à l’essentiel qu’est la musique et l’interprétation au plus juste tant de l’axe
mélodique que du texte.<br />
Il serait logique de mettre en évidence les nombreux opéras dans leur
intégralité qu’elle a enregistré dont certains (Purcell, Handel, Rameau) sous
la direction de William Christie et pour les amateurs du « genre » il
conviendra de faire ce chemin par soi-même…<br />
D’ailleurs il n’y a pas que le baroque dans cette affaire, mais également Mozart,
Offenbach, Mendelssohn ou l’étonnant Cendrillon de la compositrice Pauline
Viardot – encore une femme compositrice à découvrir… où Sandrine Piau là encore
émerveille.<br />
Elle a également enregistré nombre d’albums de mélodies (« Si j’ai aimé »
- « Chimères » - « Voyage intime »…), amenant ce « genre »
hautement difficile à interpréter à un degré d’excellence rarement atteint avec
un répertoire couvrant nombre de compositeurs et d’époques ainsi que de langues
poétiques.<br />
<br />
Je vais juste terminer ici par sa collaboration avec Anne Gastinel et les
violoncelles de l’orchestre national de France pour un album intitulé « Americas »
et consacré à Piazzolla ou – là où celle-ci intervient – Villa-Lobos avec les « Bachianas
Brasileiras ». <br />
Un projet qui va me permettre de clore en beauté cette chronique qui j’espère
va vous permettre de découvrir tant l’artiste Sandrine Piau que les œuvres et compositeurs
qu’elle interprète, défend, exprime… avec une sensibilité, une musicalité, un
sens du texte et du sujet et une approche vocale (et forcément technique)
exaltante.<br />
A vous de prendre ce temps si précieux pour aller à sa rencontre.<br />
Et il n’est jamais, surtout dans ce cas, de temps perdu…<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<!--[if !supportLineBreakNewLine]--><br />
<!--[endif]--><o:p></o:p></p>Pascal GEORGEShttp://www.blogger.com/profile/01916469417040396074noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-201099176728897658.post-60715470430742067182023-08-19T15:10:00.003+02:002023-08-21T09:17:27.155+02:00KENNY DREW, SADAO WATANABE, DAVID MURRAY, JUNIOR MANCE, WOODY SHAW.<p> KENNY DREW, SADAO WATANABE, DAVID MURRAY, JUNIOR MANCE,
WOODY SHAW.</p><p class="MsoNormal">
<br />
Du jazz, encore et toujours…<br />
Enjoy !<br />
<br />
----<br />
<br />
KENNY DREW « Dark Beauty » / Steeplechase 1974<br />
Kenny Drew – Piano / Niels-Henning Orsted Pedersen – Bass / Albert Heath –
Drums<o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal">Quand on adule la formule trio, voilà un album qui ne peut
que répondre à toutes les attentes.<br />
Il a été enregistré à Copenhague en 1974 que ce « Dark Beauty » et
c’est très certainement sous l’impulsion de Niels-Henning Orsted Pedersen qu’un
tel joyau a pu être réalisé.<br />
Une musique d’une grande finesse, d’une envieuse liberté, d’une infinie
musicalité se dégage au gré des plages où effectivement l’idéal de beauté est
délibérément exprimé.<br />
Le jeu de Kenny Drew est large, ouvert, généreux, espacé, souple et pouvant se
débrider – libre.<br />
La contrebasse de Niels-Henning Orsted Pedersen peut prendre, chose assez rare,
l’archet pour des envolées lyriques d’une infinie justesse et d’un chant
profond, sans parler de ses lignes et walkings en soutien ample et mesuré.<br />
Albert Heath navigue, lance, émaille, booste, soloïse à merveille (« All
Blues ») … d’une écoute et d’un partenariat diablement imbriqués.<br />
Reprises de standards peu joués (« in your own sweet way ») ou
inusités, compositions insérées (« dark beauty »), tout est maximisé
dans ce jeu à trois renversant, actif, déterminé et engagé.<br />
Un trio à installer dans les « favs » de votre playlist jazz à
écouter en boucle.<o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal">----<br />
<br />
SADAO WATANABE « Bird Of Paradise » / Flying Disk 1979<br />
Sadao Watanabe alto Saxophone with « The Great Jazz Trio » (Hank
Jones piano/Ron Carter bass /Tony Williams drums).<br />
<br />
On lit le casting et on sait que ce sera du lourd…<br />
Sadao Watanabe n’a jamais estompé son admiration et sa passion pour Bird. <br />
Il s’entoure là en 1979 de l’un des plus grands trios en activité, sous la
houlette de Hank Jones et propose avec ces accompagnateurs de
« rêve » un chapelet des plus grands standards de l’altiste qui a
bouleversé le jazz en installant le bebop comme langage à suivre (« Donna
Lee »).<br />
En digne suiveur, disciple et admirateur il fonce dans le bop, bride abattue,
boosté par un Tony Williams, comme toujours sur vitaminé (« Donna
Lee »), chevauché par le sage Ron Carter (« Embraceable you »-« Star
Eyes »), pilier ample et bienveillant et contrôlé par un maître d’œuvre
implacable en la figure de proue d’Hank Jones.<br />
Le résultat ne peut qu’être enthousiasmant et réjouissant.<br />
Bird passe alors en prétexte, même si l’omniprésence de sa musique est de mise
et l’on est là, oreilles tendues vers chaque instant magique, décisif,
ahurissant, jouissif et jubilatoire qu’offre cet album, comme un cadeau, comme
un de ces moments où le mot jazz prend encore toute sa dimension.<br />
Sadao, en pochette est l’expression même du bonheur que cette musique lui
apporte autant qu’à nous.<br />
Et il y a de quoi.<br />
Quoi ? Vous ne connaissiez pas Sadao Watanabe ?... <br />
Eh bien, il est grand temps.<br />
<br />
---<br />
<br />
DAVID MURRAY « Deep River » / DIW 1988<br />
David Murray – Tenor Saxophone, Bass Clarinet…<br />
Dave Burrell – Piano<br />
Fred Hopkins – Bass<br />
Ralph Peterson Jr – Drums<o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal">Pour les amateurs de Free Jazz ou pas, mais en tout cas de
« réalité musicale » voilà un album auquel il convient de prêter
toute attention. <br />
Il pourrait presque relancer un débat relativement récent sur l’appréciation de
musique, lancé par un zozo se réclamant en tête de gondole Rolling Stones et
qui n’a certainement pas bien écouté, avec attention, par exemple, un titre du
groupe intitulé « Slave » dans lequel Sonny Rollins balance tout son
jus, y compris sa verve, justement, free.<o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal">Cette fameuse verve libertaire, David Murray en reste l’un
des plus fervents représentants, enraciné dans cette culture, qu’il défend au
même titre que ses racines, qu’elles soient blues, gospel et bien sûr jazz…
mais enfoncer les portes de ces filiations afro américaines est … lapalissade.<br />
Là où le free aura eu tendance à s’enliser, et, comme nombre de mouvements
récupérés, décapés ou encore devenus l’ombre technique et cliché d’eux-mêmes,
le rendant forcément inintéressant, bavard, inutile ou hors champ, les
véritables pionniers, engagés, artistes et politiques, tels David Murray, de ce poing levé persistent
et perdurent en authenticité.<br />
Leur langue tant que leur langage est restée empreinte de vérité et chacun des
traits, des déluges ou des vibrantes notes qu’ils engagent en témoignent.<br />
Ce »Deep River » dont le titre est issu d’un
« traditionnal », entendons là un gospel séculaire et commun, en est
une preuve incontestable.<br />
Il faudra bien entendu oser ouvrir la porte et y pénétrer, découvrir ainsi des
racines autrement envisagées, abordées ou présentées, mais, très vite,
l’évidence et cette réalité -témoignant d’un mouvement resté vivace et qui, en
1988 nous a apporté nombre d’artistes inscrits sous l’égide de Young Lions –
prendront immédiatement le dessus, car, en art, c’est toujours la vérité et la
foi qui gagnent. <br />
Et cette foi, cette vérité, David Murray avec ses complices d’ici, les a,
indiscutablement.<br />
<br />
----<br />
<br />
JUNIOR MANCE (His Piano, His Trio and The Bob Bain Brass Ensemble) « Straight
Ahead ! » / Capitol 1964.<br />
Junior Mance – Piano / Monty Budwig – Bass / Shelly Manne – Drums <br />
The Bob Bain (guitare) Brass Ensemble.<br />
<br />
Un de ces albums qu’on sait pouvoir écouter souvent.<br />
Les titres, d’une part, choisis parmi ces standards les plus célèbres, que l’on
connait, fredonne dès les premières mesures, sifflote en accomplissant le
quotidien ou en écoute attentive…<br />
L’enrobage moelleux et extrêmement confortable de cette présentation cuivrée,
somptueusement arrangée, qui donne un dialogue entre le trio et l’ensemble des
plus gouteux…<br />
Le trio, lancé sur des rails blues et ellingtoniens, aux réminiscences parfois
de Basie qui fait bloc autour de Junior Mance, au jeu aéré, qui prend le temps
de chaque trait, de chaque note, de charger de feeling le moindre instant. Le
tandem Manne / Budwig est fondation, le Brass Ensemble est quasiment réjouissant
et les deux parties s’amusent l’une avec l’autre pour un festival de plaisir
simple, mais en aucun cas coupable.<br />
ça swingue comme rarement et rien que ça… et comme l’indique le titre c’est
vraiment du « Happy Time ».<o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal">----<br />
<br />
WOODY SHAW « Stepping Tones (Live at The Village Vanguard -1978) » -
Columbia 1979.<br />
Woody Shaw – Cornet & Bugle / Carter Jefferson – Tenor & Soprano
Saxophones / Onaje Allan Gumbs – Piano / Clint Houston – Bass / Victor Lewis –
Batterie.<br />
<br />
Capturé en ce lieu mythique, le groupe de Woody Shaw présente là un concert
typique de ce que le jazz en fin de seventies pouvait offrir.<br />
Cette plongée dans ce lieu avec sur la scène un orchestre d’une rare cohésion
est un plaisir qu’il faut prendre en l’état, sans distinction comparative quelconque.<br />
L’improvisation est le tracé général, le modal y est couleur, le blues y est coutume, le bugle associé
au soprano est douceur et pureté.<br />
Ce quintet joue sur les règles de l’art avec bonheur, aisance, justesse et professionnalisme
précis.<br />
En pochette, les voici photographiés très certainement en loges afin d’immortaliser
cet heureux moment qu’ils veulent faire partager. <br />
Woody est tout sourire que d’être entouré de tels partenaires et son jeu volubile, legato
et dense (« Watership Down ») est ici exacerbé par la qualité de ses
comparses.<br />
J’ai retrouvé avec satisfaction Victor Lewis qui reste l’un des batteurs que j’admire
sans limites (Carla Bley, Stan Getz…). Un jeu carré, solide, balisé et
permettant à ses compagnons la meilleure des libertés d’expression ("On Green Dolphin Street" et toute la retenue du thème).<br />
On pourra apprécier tant qu’être emporté par le jeu technique et inventif (« Solar »)
de Onaje Allan Gumbs, un pianiste qui dans ces années là faisait souvent la
part participative au dos de nombre de pochettes d’artistes renommés (Mel Lewis,
Ronald Shannon Jackson, Angela Bofill…) mais qui est resté curieusement dans l’ombre.
<br />
Un artiste décédé des suites d’un accident cardio vasculaire en 2020. Il faut
prendre le temps d’écouter ses albums solos.<br />
<br />
Voilà donc un de ces moments live jazz qui s’écoutent avec réelle joie
participative, capté de façon admirable avec un sentiment de « comme si on
y était ». <br />
Le concert avance, l’équipe se débride, les solistes débordent d’envie, la
rythmique se met à foisonner, la puissance de jeu s’installe en force, Carter Jefferson prend lentement mais surement sa place, la
vélocité/virtuosité commune au live passe en jeu naturel… et on est, comme le public
dans la salle, conquis. Alors on applaudit, emballé, embarqué, admiratif.<br />
<br />
---- <br />
<br />
Allez, encore une poignée de jours fin aoutiens, la chaleur revient, le soleil
brûle les corps et fatigue les âmes … respirer, le soir et jouer, jouer…<br /><br />- Un grand merci à https://www.instagram.com/charliemsm/# qui est sur Instagram une de mes piqures de rappel tant que source de découvertes préférées du moment. <br />Et qui plus est il ne collectionne pas que les albums mais aussi... la bière... <br />
<!--[if !supportLineBreakNewLine]--><br />
<!--[endif]--><o:p></o:p></p>Pascal GEORGEShttp://www.blogger.com/profile/01916469417040396074noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-201099176728897658.post-73728518274367201332023-08-04T19:41:00.003+02:002023-08-04T19:41:52.409+02:00 TONY BENNETT (NY 03-08-1926 / NY 21-07-2023)<p> TONY BENNETT (NY 03-08-1926 / NY 21-07-2023)</p><p class="MsoNormal"><o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal">Il me fallait écrire plus qu’un entrefilet afin de rendre un
hommage digne de ce nom à Mr Tony Bennett…<br />
Plus de 70 albums, 96 années sur la planète et près de 70 années de carrière au
service du jazz après avoir été militaire et combattu en Europe pendant la
seconde guerre mondiale, participant entre autres faits de guerre à la
libération du camp de concentration de Kaufering.<br />
Vous trouverez tout cela et le reste concernant l’artiste dans les habituels
liens web.<br />
<br />
Tony Bennett, je l’ai ignoré totalement jusqu’à ce concert lors du festival de
jazz à Vienne le 04 Juillet 2000 où il était à l’affiche avec Diana Krall.<br />
Diana était en tournée estivale et se faisait ainsi l’ensemble des festivals de
jazz européens.<br />
On connait le topo, avion, taxi, hôtel, room, repas sur le pouce, balances
éventuelles, loge ou hôtel, concert et hop on recommence… avec quelques variantes.<br />
Là, pour le coup avec l’avion en retard, Diana est montée directement sur la
scène, avec son trio, pas de fard, crevée par le trajet, la voici posée là,
sans balance préalable, en première partie de Tony.<br />
Ou seconde ?...<br />
Me souviens plus…<br />
Ce dont je me souviens par contre c’est que le fringuant senior n’a pas raté
une note de la prestation de la dame, très attentif qu’il était en coulisses.<br />
Ce dont je me souviens c’est que ce soir-là, j’ai non seulement inscrit Mme
Krall dans ma liste d’artistes à suivre et qu’ensuite il en a été de même pour
Tony Bennett, que nous avons découvert ensemble avec mon épouse venue avec moi
ce 04 Juillet 2000.<o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal">En parfait gentlemen charmeur, costard et attitude d’une
rare élégance, Tony Bennett a distillé un show qui comme je l’ai déjà dit
semblait directement sorti d’un club de Broadway.<br />
Tout sourire, quelques brins d’humour, déclamant tout en le chantant son Great
American Songbook et accompagné d’un trio piano, contrebasse, batterie des plus
classieux, le chanteur qualifié aisément de crooner m’a littéralement happé et
attrapé.<br />
J’ai gardé en mémoire nombre de souvenirs des concerts du festival de jazz à
Vienne, car entre 90 et 2000 j’avais pour habitude de prendre un abonnement 5
soirées et de m’y rendre avec mon ami trompettiste Joël et parfois, selon la
programmation avec mon épouse Martine.<br />
Dans cette mémoire il y a eu des moments restés gravés car marquants, d’autres
où à peine les noms me sont restés tant ces prestations étaient noyées dans une
masse et peu dignes d’intérêt et il y eu, comme ce soir-là, quelques infimes
heures de pure magie, impossibles à déconnecter, restées gravées semble-t-il à
jamais.<o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal"><br />
Alors, j’ai commencé ma lente quête disparate et même irrégulière consistant à
découvrir l’imposante discographie de Mr Bennett et celle-ci n’est, au sortir,
pas encore réellement terminée…<br />
<br />
Deux albums ont posé le point de départ de cette chasse aux trésors :<br />
« Here’s to the Ladies » où il rend un hommage poignant aux grandes
chanteuses du jazz.<br />
« MTV Unplugged » où j’ai retrouvé le show et son
« esprit » que j’avais tant admiré à Vienne et qui, en cd ne m’a pas
forcément autant conquis.<br />
Le premier album s’ouvre par « People » sur un tempo swing d’une rare
lenteur, bien au fond du temps, chargé de cuivres écrits en mode big band
absolument décapants et tout en une retenue magistrale.<br />
Avec cette entrée en la matière j’ai donc définitivement adopté le style
jazzistique Bennett, systématiquement original – j’en parlerais après,
impérieusement newyorkais, tracé dans le swing le plus implacable et nourri à
cet idiome qualifié de « romance ». <br />
<br />
Tony Bennett est un artiste qui a su quelque part rénover, réactualiser,
redonner un autre sens au jazz des « standards ». <br />
Il surprend de façon quasi systématique dès l’entrée en matière de n’importe
quel titre dont à la seule lecture sur pochette on a communément la capacité de
siffloter, fredonner, chanter, susurrer…<br />
Prenons le « Fly me to the Moon » magistralement annoncé avec un brin
d’humour dans le « MTV Unplugged », chanté dans sa limite extrême
d’ambitus aigu afin de donner plus d’impact au texte et accompagné comme une
balade, juste au piano… et agrémenté, chose de plus en plus rare, de
l’introduction en récitatif.<br />
Autre exemple « Sentimental Journey » généralement joué en mesure à
quatre temps se retrouve ici détourné en valse swing avec encore une fois un
récitatif sur un délicat tapis de cordes.<br />
Selon les contextes, le projet, les accompagnateurs et la « formule »
musicale, il ose la retouche, la relecture tout en gardant précisément la
mélodie initiale, le dessin du texte.<br />
Le plus parfait exemple de cette approche se trouve dans son association
presque apparemment improbable avec le pianiste Bill Evans où, en duo, l’un
installe son habituel art vocal et sa diction magistrale du texte tandis que
l’autre est complètement lui-même, plaçant ses avancées harmoniques, son
impressionnisme et son toucher tant habile que délicat en point d’équilibre et
d’égalité avec le chanteur. <br />
« But Beautiful » … pourrait à lui seul résumer ce formidable
partenariat qui sublime leurs arts respectifs.<br />
S’il est un album du rayon jazz que je place en haut de liste tant par son
esprit que par sa surprenante modernité, ce sont bien ces sessions entre eux
deux.<br />
Tony Bennett c’est en quelque sorte une bibliothèque du jazz américain, un peu
comme Sinatra l’autre « voix » populaire du jazz. Ils se respectaient
tant que s’admiraient semble-t-il.<br />
Il est emblématique de ce répertoire dont il possède tous les recoins, dont il
maitrise l’art subtil et dont il connait parfaitement l’origine et le
contextuel, cela lui permet alors de le dévier sans pour autant le déformer car
il reste accroché au texte dont il accentue la diction et à la mélodie pour
laquelle il ne se permet que peu d’écarts, peu ou pas de vibes, laissant juste
sa voix naturellement exprimer l’essence même du sujet.<br />
Sa voix a pris avec son corps les rides du temps et des temps, mais cette
modification n’a en aucun cas altéré cette formidable énergie contenue pour
l’expression la plus directe, la plus poignante, la plus réelle.<br />
Le temps n’a pas eu de prise sur son style, son sourire, sa bonhommie et son
bonheur de transmettre et chanter ce patrimoine américain qu’il défendait juste
en le chantant, en étant finalement son véritable emblème.<br />
Chez Tony Bennett, pas de fariboles, de scats de remplissage, de fins de
phrases vocalisées en tout sens, bref, on va à l’essentiel : l’émotion.<br />
Très souvent d’ailleurs la place insert soliste est infime, il préfère chanter
le standard en son entier, réduisant le timing du titre à son minima, le swing
n’ayant guère temps de s’étaler en bavardage, la charge émotionnelle étant
ainsi positionnée en avant plan.<br />
<br />
En bon papy jovial, farceur et plaisantin, bienveillant et patriarche familial
universel, Tony Bennett a beaucoup chanté Noël. Ces albums délectables encadrés
du symphonisme de Broadway (« Snowfall »), des plus brillants et
charismatiques big bands (avec Count Basie), soutenus par les rythmiques les
plus subtiles et/ou dynamiques sont parmi mes préférés car là encore avec un
répertoire tellement usité il nous fait du cousu main, apportant une touche
éminemment personnelle à cette coutume à laquelle peu de chanteurs ont échappé.<br />
<br />
Chez Tony Bennett il y a aussi cette coutume discographique du partage, qu’il a
inscrite en lettres de noblesse sous le terme de « Duet », dédiant
des albums complets à ce concept allant aussi jusqu’à associer sa voix et son
talent charismatique avec certaines (généralement des femmes) complices.<br />
Je commence par son association là encore plus qu’improbable avec Lady Gaga
pour deux albums de la plus haute tenue associés à une série de shows dans la
pure tradition du cabaret.<br />
L’une, comme un poisson dans l’eau d’un élément qu’est ce jazz, s’amuse avec
un professionnalisme et un niveau qui pourra laisser sur le carreau nombre de
chanteuses estampillées « jazz » (« Lush Life »).<br />
L’autre charme et joue de ce partenariat inédit entre la star de la variété
internationale aux sonorités electroïdes et son chant tant que sa présence
charismatique.<br />
Du très grand art que ces deux albums ceux-ci étant également touchants car
Tony atteint de la maladie d’Alzheimer et la diva, elle aussi de santé fragile
(Fibromyalgie) s’y offrent tels le grand père et sa petite fille, une sortie
récréative de celles que l’un comme l’autre ne peuvent oublier.<br />
D’ailleurs Lady Gaga a écrit un message sur les réseaux sociaux des plus
touchants exprimant leur relation et son chagrin.<br />
<br />
Tony a beaucoup invité Diana Krall et finalement son dernier album, dédié aux
frères Gershwin, sera intégralement en duo avec elle. Elle n’y joue d’ailleurs
pas de piano, elle « duettise » uniquement au chant avec le grand
homme et le résultat, là encore est remarquablement déviant et parfois
inattendu au détour de certains standards réinstallés de façon inaccoutumée
(« I Got Rythm » avec un arrangement du trio de Bill Charlap qui
brise les codes). <br />
En toute quiétude voici deux géants du jazz rassemblés, deux écoles, deux
époques, mais pour la même cause – et pour eux le meilleurs des trios de la
grosse pomme, lui aussi engagé dans cette direction patrimoniale. C’était couru
d’avance, cela ne pouvait qu’être excellent car ici, les egos sont mis de côté,
il y a juste… la musique.<br />
« Duets I ou II » me font fondre de plaisir. <br />
Les résumer c’est impossible. <br />
Il y a là tout le « gratin » des stars internationales sorties de
leurs espaces calibrés, de leurs zones de confort invitées là à prendre un
verre de jazz, en toute amitié, en famille, en toute cordialité avec un respect
et un packaging adapté à chacune et chacun.<br />
Lady Gaga, KD Lang (avec laquelle il a également enregistré un album en duo
« A Wonderful World », là encore un pur moment de douceur), Amy
Winehouse, Norah Jones, Andrea Bocelli, Maria Carey, Barbra Streisand, George
Michael, Billy Joel, Elton John, Sting, Bono, Stevie et tant d’autres… se
trouvent là pour une sorte de best of de la sphère musicale familière de Tony. <br />
C’est luxueux, c’est classieux, c’est une sorte de cadeau qui fait miroiter les
papilles auditives.<br />
Et presque pleurer, parfois (« How do you keep the music playing »)
et en tout cas foutre la chair de poule et frissonner.<br />
Si vous voulez craquer littéralement de plaisir non coupable, je vous conseille
par-dessus tout son album « Sings The Blues, playin with my friends »,
là encore de duets avec une version poussant les limites de ce plaisir
irrésistible du célèbre « Everyday (I Have The Blues) » où Steve
pousse le solo d’harmonica à son paroxysme.<br />
<br />
On ne peut résumer la carrière immense de Tony Bennett à ces seuls magnifiques
objets sonores qui deviendront très vite cultes.<br />
Une carrière jalonnée de brillants albums, moins médiatiquement (nouveau XXIe
oblige) plébiscités, mais tout autant scintillants est à son actif, car plus de
soixante-dix albums de carrière tout de même…<br />
<br />
Alors en vrac, mais avec choix, je commence par « I Wanna Be Around »
sorti en 1963 avec son titre phare en cette récupération de la chanson de Sacha
Distel, « La Belle Vie » redorée en « The Good Life » sous
un écrin symphonisant. Un album tout en souplesse, délicatement arrangé,
empreint du romantisme le plus réel qui avance en tout swing retenu. Du grand
art.<br />
<br />
« Berlin » (1987) accompagné par son trio de l’époque (Ralph Sharon
piano, Joe LaBarbera drums et Paul Langosh basse) nous promènera tout en
finesse à travers les compositions de Irving Berlin, dont Tony Bennett reste
l’un des plus grands interprètes, avec au fil des plages quelques invités
prestigieux tels Diz (« The song is ended » & « Russian
Lullaby » au solos de Harmon immédiatement identifiable, la pâte bop de
Dizzy Gillespie dans toute sa splendeur artistique et personnelle), Dexter
(« All of my Life »), ou encore G.Benson (« Cheek to
Cheek » au tempo hyper enlevé et endiablé et sur lequel il use de son éternel
jeu guitare/scat) … de quoi ravir. <br />
Tony décontract’ sifflote, joue de ses accompagnateurs en exprimant ces petites
perles, en surfant sur ce swing inimitable mais omniprésent (Now it can be
Told »). Ralph Sharon est le maitre du jeu, il drive, dirige, insuffle et
pose là de courts mais particulièrement brillants solos et les deux comparses
LaBarbera (qui accompagna également John Scofield tant que Bill Evans…) ou Paul
Langosh sont de parfaits piliers pour faire valoir cette plongée dans
l’univers de I.Berlin.<br />
A capella dans « When I Lost you », Tony embarque le thème d’un trait
en faisant une conclusion d’un seul trait pianistique – là encore, surprenant
ou encore transforme « Let’s Face the music and Dance » en une balade
pianistique mélodico-romantique enlevée par son texte.<br />
Un album qui passe à une vitesse époustouflante, court, ramassé sur lui-même et
allant directement à l’essentiel. L’articulation de Tony est un véritable
modèle et le cadre musical s’y affirme de lui-même, là encore sans force, sans
insister, juste par la qualité des arrangements et le respect entre
protagonistes… et pourtant ces invités prestigieux eussent pu tirer le propos
vers eux.<br />
Hautement recommandable que ce « Berlin » (« Shakin’ The Blues
Away » et un LaBarbera aux balais, magistral !) qui va se conclure
par le doucereux « White Christmas » avec pour l’occasion le retour
moelleux de l’inimitable Dexter Gordon, tout en ayant, au passage fait
découvrir des titres du compositeur mis en hommage peu joués et peu connus.<o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal">Avec « I left my heart in San Francisco » (1962),
Tony est en recherche d’une plus grande popularité, il s’éloigne du cadre du
jazz et va combiner le Broadway Song avec une approche, pour l’époque, plus
actuelle. Il va mettre plus avant sa voix, la lyriser un tantinet d’avantage et
lui donner un grain qui va l’identifier plus précisément, à tel point que de
crooner on lui accordera l’idée de bariton. Son partenaire Ralph Sharon est aux
arrangements, le matériau musical est globalement choisi dans la balade pop
telle qu’on pouvait la concevoir en ces débuts de sixties (« Marry
Young ») et qui donnera chez nous les Sacha et autres Aznavour, enrubannés
de cordes et vocalises en chœurs disneyens (« I’m always chasing
Rainbows »), soutenus par une rythmique totalement effacée au profit de ce
symphonisme qui fera le son varièt’ de ces sixties.<br />
Pour autant, même si cette mode de présentation « grand public »
semble correspondre au terme de kitch, cet album possède un charme (égal à
celui de Tony) absolument certain.<br />
Et puis comme toujours, il s’empare, par exemple d’un « Love for
Sale » pour le latiniser, le bopiser, le brusquer en toute tranquillité
d’apparence, son sourire passant par-dessus tout alors que derrière lui, entre
congas débridés et solo de flûte omniprésent, y’a du copieux.<br />
« Takin a Chance With Love » qui suit balance le big band comme au
bon vieux temps.<br />
Et finalement on est face à un album qui présente le Tony Bennett
multifacettes, star désormais internationale d’une certaine variété du même
registre qui va influencer et inonder les ondes, récupérant même un certain
beat rock assoupli (« Candy Kisses »), Elvis, nouveau crooner et ses
influences étant forcément passé par là.<br />
Et puis, ces orchestres volumineux, ces arrangeurs, orchestrateurs en pagaille,
cette régie qu’il fallait maitriser pour sortir un album (des albums) de cette
trempe, au moins ça faisait du travail à de nombreux degrés artistiques, ça
embauchait du musicien, ça mettait le professionnalisme en évidence, ça
accordait une forme de noblesse d’art à la musique, même populaire et les
studios regorgeaient de carnets d’adresse, d’orchestres en tout genres,
capables de tout jouer, de la BO au concert classique, de l’arrangement de
chansons comme ici au cadre jazz swinguant tel ce « Rules of the Road »
mêlant en un titre une quantité et qualité de personnel et de compétences formidables.<br />
Et oui, en ces temps bénis, apprendre la musique pouvait aussi signifier en
vivre… <br />
Mais comme toujours « The Best is Yet to Come »… <br />
<br />
« Cloud 7 » a été enregistré en 1955, Tony Bennett a trente ans et le
format LP va leur permettre à lui et à son producteur Mitch Miller d’envisager
la commercialisation musicale sous d’autres angles, avec l’idée
« d’album », ça change tout, en effet.<br />
Accompagné d’un simple combo cuivré mené à la couleur guitaristique, Tony a
déjà une approche bien trempée et personnelle et récupère comme avec « My
Baby Just Care » tout ce qui fait acte et sera date dans le registre du
répertoire environnant de son époque – il agit déjà véritablement en chanteur
« populaire ».<br />
On trouve là un socle de titres qui seront la base de la tracklist de sa vie.<br />
Très proche des premiers enregistrements de son alter ego Frank Sinatra (il faut également écouter l'hommage qu'il lui a rendu dans le somptueux "Perfectly Frank"), tant
par la voix mais également par le background, sobre, léger, laissant émaner
d’un fond lissé afin de permettre à la voix une plus ample expression quelques
solistes « pur jus », comme sortis directement du club avoisinant le
studio. LA voix de Tony est limpide, travaillée avec soin et l’articulation
souvent accentuée qui sera par la suite sa marque d’expression n’a pas encore
cours, là l’idée de beauté vocale prévaut… et c’est particulièrement
accrocheur.<br />
« Old Devil Moon » se transforme le temps d’un riff en
« Tequila » et on verra cet axiome latinisant s’inscrire assez
régulièrement dans ses futurs albums.<br />
<br />
« The Movie Song Album » est sorti en 1966.<br />
Tony s’empare des chansons qui ont été accolées à la production
cinématographique hollywoodienne, l’emballage est soyeux, ample et symphonique
et l’idée de la balade romantique prend là toute sa popularité.<br />
Tony s’épanche, s’émeut (et nous émeut), lyrise avec ampleur, attriste, prend
le temps d’une intention de chaque détour mélodique, de chaque mot, de chaque
phrase et du sens exprimé par ces titres emblématiques d’une image.<br />
Le swing est parfois là (« The Trolley Song », endiablé, jovial plein
d’humour et chargé de clichés très très hollywoodiens), mais traité grand
écran, panavision il va de soit… et en balade à la lenteur hors temps
(« Days of Wine And Roses »), hors absolue métrique, juste là en
moyen d’expression et en langage.<br />
La bossa entre en lice (« Samba de Orfeo » - « Gentle
Rain ») , complétant ce puzzle stylistique, parfois étirée... à
l’extrême (« The Shadow of Your Smile »)<br />
L’orchestration est somptueuse et ils ont mis « les moyens »
(« Never too Late »). <br />
Là, l’idée de « variété internationale » prend réellement un
véritable sens mais le terme ne peut avoir sa connotation péjorative tant le
« niveau » est au-dessus de ces resucées qui généralement s’engouffrent
dans ce terme forcément commercial.<br />
Nougaro a peut être écouté cette version de « Girl Talk » et Diana
Krall n’a pu ignorer « Gentle Rain » dont elle s’est faite la
continuité.<br />
Et puis il y a « Emily », cette douce perle rare, ce précieux standard,
cette tendre mélopée… avec le cristallin glock… (et là on réalise que le Fender
Rhodes prendra par la suite le relai de ces sonorités perlées) <br />
Une promenade romantique à l’américaine, avec le fantasme de l’image… et
certainement l’idée véritablement affirmée de « crooner »
(« Smile »).<br />
Fauteuils rouge, pop-corn, le rideau s’ouvre, je m’installe.<o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal">« Steppin’ Out », 1994, entouré de ses habituels comparses,
en trio (Sharon, Langosh, La BarBera), enthousiaste comme toujours, Tony Bennett
rend hommage à Fred Astaire. Ces hommages ciblés il va en devenir coutumier et ils
lui serviront ainsi à mettre l’éclairage sur les représentants de ce patrimoine
newyorkais et plus largement américain.<br />
Ambiance tour à tour feutrée, intimiste, joviale et forcément dansante – le trio
est absolument remarquable d’écoute et Tony, entouré de ce simple environnement
tonifiant emporte le tout à coup de clichés claquettes, walkings sur tempos endiablés,
traits pianistiques sautillants. <br />
Ralph Sharon signe tous les arrangements - comme avec « They can’t take
that away from me » habituellement joué en swing médium et ici traité en
pure balade afin de lui donner textuellement plus de valeur – il va redorer le
contexte, lui donner une touche parallèle, déviante, en restant respectueuse du
sujet initial. <br />
C’est effectivement du grand art et une grande maitrise que d’avoir la capacité
de cela.<br />
Aussi on se laisse faire par un album d’une confortable aisance qui, au détour
de chaque titre apporte son petit lot de surprises, chanté par un Tony
absolument décontract’, cool, relax et meneur d’énergie.<br />
Et… au passage on va très vite devenir admiratif du jeu et de la qualité-inventivité
musicale d’arrangeur de Ralph Sharon (« nice work if you can get it »).<o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal">Tony Bennett a également sorti quelques albums live, moments
captés en tournée, lors de galas, d’événements particuliers… <br />
Là encore le show « à l’américaine » est une composante essentielle.<br />
Toujours formidablement accompagné, mis en valeur que ce soit par une petite
formation ou un grand ensemble, il enthousiasme le public, enfilant les
standards comme des perles rares, vedette absolue de ces concerts, il les
chante dans leur plus simple direction, peu de solos, le récit, le thème et
voilà !<br />
« At Carnegie Hall – June,9, 1962 » en est un parfait exemple. Le
public est dynamisé, venu là ovationner sa star, entourée d’un orchestre à
multiples fonctions pour lequel chaque détail d’écriture a été parfaitement
soigné, au violon solo prêt, au vibraphone cristallin limpidement placé, aux égrenages
d’accords de guitare délicatement exécutés… et le quartier latino de « West
Side Story » est venu prendre place…<br />
« Bennett & Brubeck – the White House Sessions – August 1962 ».<br />
Autre moment live de cette année 1962 ce live où les deux monstres et stars du
jazz se rencontrent pour des soirées à la Maison Blanche, invités par Kennedy.<br />
Brubeck introduit le show avec son groupe et il rejoindra Tony Bennett en fin
de seconde partie, tendu, prenant rapidement la place de Ralph Sharon. Là
encore on remarquera la différence d’approche. Le concert de Brubeck fait part
belle aux solistes sans pour autant déborder (pas de « Take Five »
avec solo de batterie) et restant – contexte oblige – dans un jazz « de
salon » et Tony présente un show chargé de ces american songs qui auront
forcément séduit un public de haute société et placé le crooner, que désormais
Sinatra placera en haut de son estime, dans des sphères de contrats « jet
set » inestimables.<br />
« Live at The Sahara – Las Vegas 1964 », introduit en fanfare par un
orchestre de format big band (« Louis Basil and his orchestra ») qu’on
sait directement conséquent et renforcé, sous les applaudissements fournis d’un
public acquis nous emporte à Las Vegas, lieu mythique où tant de stars du
showbiz se sont produites. Excellent témoignage de ce que le jazz et son
répertoire de standards a pu devenir en se popularisant, ce concert fort bien
capté pour l’époque transporte de bonheur simple et festif. <br />
Le show est parfaitement rodé, Aznavour saura faire de même chez nous, usant de
ces schémas d’enchainements, de ces encarts d’adressage au public rapidement
déclamés sur fond de piano, le truc au cordeau quoi.<br />
Tony, live, Tony dès qu’il chante – quoiqu’il chante du plus profond du blues,
du plus mélodique de Broadway, du plus populaire de son Amérique - et empoigne
le micro, c’est la personnification du bonheur (« Rags to the Riches »
expédié tout en humour…).<br />
D’ailleurs il n’y a qu’à voir son sourire sur la pochette…<br />
<br />
Je pourrais ainsi continuer à vous parler avec passion des 70 albums de Tony Bennett,
finalement grand jazzman devant l’éternel. <br />
Un éternel qui lui a tendu les bras pour l’accueillir ce 21 juillet 2023 et qu’il
est parti rejoindre nous laissant tout de même largement de quoi, en une
carrière digne du plus grand des rêves américains, satisfaire notre appétit d’une
certaine musique, le jazz, qui aura été sa direction avec la mise en avant de
son patrimoine musical le plus ancré.<br />
Avec Tony Bennett, le jazz a eu l’un de ses plus brillants interprètes et
défenseurs.<br />
Il l’aura popularisé avec amour, classe, brio, rendant le swing magique,
mettant la romance à l’état de véritable art de vivre et d’être, racontant
chaque chanson comme la toute première fois en faisant briller nos yeux et oreilles
car l’enrubannant à chaque fois d’un nouvel enrobage, d’un nouveau décor
musical.<br />
Tony Bennett c’est et fut désormais une somme musicale, une œuvre indissociable
d’une certaine Amérique et des rêves qu’en un temps pas si lointain elle nous a
apporté.<br />
Il a bien vécu et même si la maladie l’a diminué à la fin de sa vie, l’infini
respect qu’il imposait lui a amené ce qu’il y a de meilleur dans la vie, des
amis fidèles et présents et une formidable famille.<br />
<br />
Merci à lui.<br />
Il nous reste ici tellement de ce meilleur qu’il savait donner.<br />
<br />
<br />
<br />
<!--[if !supportLineBreakNewLine]--><br />
<!--[endif]--><o:p></o:p></p>Pascal GEORGEShttp://www.blogger.com/profile/01916469417040396074noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-201099176728897658.post-76253853538746262962023-07-26T16:55:00.000+02:002023-07-26T16:55:44.031+02:00 JUILLET … en fin de parcours.<p> JUILLET … en fin de parcours.</p><p class="MsoNormal">
<br />
Décidément Macron aime bien parler de loin et à midi…<br />
Choix stratégique du public visé, choix stratégique du public qui prendra le
résumé… <br />
Jusqu’au choix des journalistes interviewers surtout celui de TF1, le gentillet
de base…<br />
Les vacanciers étaient au barbec’, tu parles s’ils ont envie de se taper sa
tronche alors qu’ils en sont au rosé.<br />
Les actifs eux, étaient justement actifs et je ne suis pas certain que de leur
pause éventuelle méridienne ou qu’au boulot ils aient eu le temps de l’écouter
s’autosatisfaire…<br />
C’est ça un mec proche des gens… il s’adresse à eux quand ils ne peuvent pas
l’entendre, vachement pratique.<br />
Ceci dit il sait très bien qu’il aura été analysé, résumé, déformé, remodelé,
récupéré lisse ou à son avantage par le relai médiatique TV du soir passant
plus de temps à montrer les seuls qui l’auront écouté, à savoir l’ensemble de
ses opposants, où encore le découpant en extraits.<br />
Puis la soirée a passé, le ras le bol de ces journalistes qui ont eu là de quoi
encore gratter pour justifier leurs salaires a fait passer le français à des
sujets plus légers – ils verront à la rentrée… <br />
Macron comme à son habitude nous a certifié que tout va bien, ou presque, qu’il
a les situations en mains et qu’on soit rassurés il gère… notre argent en le
ponctionnant un peu plus, nos vies en les guidant encore plus, notre avenir en
le gratifiant de rêveries technocrate et technologique et en faisant l’autruche
habituelle sur des réalités qu’il veut ignorer il a enrobé tout ça en parfait
faux cul patriote, lui qui n’aime pas le français, qui n’aime que lui et qui
est la huée du français et la risée de la France à l’étranger. <br />
Il paraitrait qu’il a remanié son gouvernement…<br />
Super, les mêmes sourds et malentendants ont fait un jeu de chaises tournantes
et au passage on aura placé quelques potes de la finance, histoire de faire
avancer un peu leurs dossiers persos, on aura tenté quelques trucs du genre
alliances. Les mêmes et forcément, on recommence…<br />
Et comment oser encore imaginer que la politique et son microcosme de
chercheurs de pouvoirs puisse encore nous « intéresser » …<br />
En haut de tout ça il a gardé la même, c’est tout dire.<br />
<br />
---<br />
<br />
Ce matin le truc de fou.<br />
Tu mets environ deux bornes (pas la ministre) à doubler un cycliste tout
frétillant, te tapant au passage son cul en danseuse, pas franchement
réjouissant comme vision matinale.<br />
Enfin tu parviens en passant carrément sur l’autre bord de la route à le
doubler et là, t’arrives au feu…<br />
Le mec te double les 4 bagnoles qui ont réussi à faire comme moi, te grille le
feu, manque - sous le pont où ne peut passer qu’une voiture - de se faire celle qui
arrive en face, elle, dans son droit et pire il pose son vélo et engueule le mec…<br />
La pire plaie de l’été…<br />
Le cycliste, en grappe, solo, en duo qui tape la causette…<br />
Les véritables dangers publics.<br />
<br />
---<br />
<br />
On termine nos sets musicaux avec Jean Marc.<br />
Un type arrive pour nous féliciter, le fait d’ailleurs et nous sort la plus
belle de la saison…<br />
Qu’il était prêt à nous filer un pourboire, mais que, comme il a assisté à un
set musical de « passionnés », il ne le fera pas afin de ne pas… nous
insulter… ou nous "vexer".<br />
Ouais, mec, c’est sûr que la passion c’est juste amour et eau fraiche… et que,
comme le dit systématiquement un des serveurs d’un autre lieu en nous accueillant
nous ne sommes, à nos âges avancés, que des… saltimbanques ou parfois des
troubadours.<br />
On s’est regardés afin d’être sûrs qu’on avait bien entendu la même chose –
oui…<br />
Bon la prochaine fois on jouera en faisant la gueule et comme des robots.<br />
<br />
---<br />
<br />
Heureusement ces petits détails ne gâchent pas le vrai plaisir de la musique
live, car justement heureusement qu’il ne s’agit là que de l’infime pourcentage
rencontré…<br />
Pour le reste, ça va, et fort bien et c’est heureux – mais je l’ai déjà dit.<br />
<br />
---<br />
<br />
ELINA DUNI « A Time to Remember » - ECM 2023<br />
<br />
Chouette, Elina Duni a sorti un nouvel album. <br />
Elle nous offre comme à l’accoutumée un florilège musical multiculturel (et
linguistique) qui, passé dans le moule artistique et créatif de sa merveilleuse
approche, de sa voix envoutante et de son groupe céleste, offre un voyage en
cartes pastel, en miniatures soignées et détaillées, en pointillés
pointillistes.<br />
Un album qui prendra toute sa réelle dimension à l’automne prochain tant sa
poétique esthétique ne peut que s’y accoler.<br />
Est-ce qu’on peut encore dire « c’est beau » quand c’est beau…<br />
Je crois bien que oui et que parfois ça devrait suffire.<br />
<br />
---<br />
<br />
NILS KUGELMANN « Stormy Beauty » - ACT 2023<br />
Nils Kugermann / Bass – Sebastian Wolfgruber / Drums – Luca Zambito / Piano.<br />
<br />
Un trio en configuration « classique » mais mené en lead par le
bassiste.<br />
Les compositions sont de haute volée et leur exécution pleine de brio, de
détermination, de précision incite à la
découverte.<br />
Je vais parfois fouiller chez ACT, un de ces labels qui propose une véritable
mine de talents, de mise en avant d’une scène active et volubile, inventive et
mordue à l’hameçon de la conviction artistique.<br />
Jamais déçu, toujours conquis et embarqué par ces artistes émergents, aux
projets bien définis, aux contours précis et parfaitement lisibles.<br />
Ici leur musique, en osmose parfaite entre eux, trois amis, est défendue avec
certitude et une certaine foi qui agrippent instantanément l’auditeur et je me
suis mis l’album en boucle plusieurs fois d’affilée afin de me laisser
embarquer par eux, en toute confiance musicale. <br />
Luca Zambito est un pianiste fédérateur, au langage foisonnant tant que nuancé,
un incitateur de couleurs.<br />
Sebastian Wolfbruger à la batterie possède tout ce que la technique actuelle
est en mesure de proposer et il met ce tout au service du trio, avec une
lecture musicale d’une écriture parfaite et soignée assortie d’un jeu libertaire
des plus déterminants.<br />
Le leader, Nils Kugermann, à la contrebasse, est finalement le pilier central
et le point d’accroche sur lequel, sans que cela ne soit affirmé réellement,
tout repose.<br />
Du grand art !<br />
<br />
---<br />
<br />
Il s’ajoute à la liste de ceux qui sont partis et laissent une trace dans les
souvenirs, les mémoires, de certains d’entre nous.<br />
Tony Bennett, mon papy jazz préféré est parti rejoindre le bataillon des
crooners.<br />
96 ans, il a bien vécu et fait vivre le jazz notre grand père jovial, blagueur,
dragueur, charmeur, enthousiaste, fringuant, revigorant, tellement tendre et
qui inspirait l’affection.<br />
Bien sûr on pense immédiatement crooner dès que son nom est évoqué et qui
mieux, finalement que lui pouvait prétendre être le représentant le plus
authentique de cet « esprit ».<br />
Il a porté le « great american songbook » à son plus haut degré lui
imprimant sa marque de fabrique vocale et musicale, car quel interprète…<br />
Il a été l’un des représentants les plus fidèles du simple mot « swing ».
<br />
Chez Tony chaque enchainement de syllabes swingue… <br />
Tony Bennett c’est aussi le roi du partage en duo, ses albums « Duets »
l’attestent et il y a invité des artistes de tous bords les faisant sortir de
leurs registres, de leurs zones de confort ou d’usage pour les embarquer dans
ce tourbillon swing irrésistible dont lui seul savait être élément fédérateur
lors de ces occasions d’échanges et rencontres inédites et savoureuses. <br />
Un album où il pousse ses invités est bien celui intitulé « Sings the
blues ».<br />
Il a collaboré avec les plus grands… <br />
Count Basie, Bill Charlap, Diana Krall, Lady Gaga, Dave Brubeck ou encore Bill
Evans !<br />
A chaque fois les standrads, à chaque fois une nouvelle vision, un nouvel axe
et toujours cette voix inimitable.<br />
Il a fait passer - comme le fit avec My Way, Frankie pour Claude François - « La
belle Vie » de notre cher Sacha Distel, d’une chanson française à une aura
de standard international celle-ci devenant « The Good life ».<br />
Et en bon papy il a divinement chanté Noël, le réitérant sur nombre d’albums.<br />
<br />
Tony Bennett, je l’ai vu, à Vienne il y a bien longtemps. <br />
L’été ne lui avait pas ôté sa classe avec son costard trois pièces et cravate.
Il nous avait offert là un show d’une rare volée, comme s’il avait transporté
tout Broadway dans ses bagages. Un festival de swing, de balades et de ce truc
que lui seul savait porter à un certain paroxysme : la romance…</p><p class="MsoNormal">
Tony aimait les femmes, toutes les femmes et passionnément.<br />
Il leur a dédié de nombreux albums, a « duettisé » avec nombre d’entre
elles et toutes ont succombé, en interprétant de façon magnifiée en sa
présence, à son sourire charmeur et à sa voix de velours…<br />
<br />
Tony Bennett me manquera comme un grand père affectueux manque à ses petits-enfants.<br />
Il leur reste des souvenirs, des sourires, des moments inoubliables passés
ensemble.<br />
Avec mon épouse on a passé de longs moments en compagnie de sa voix d’or, de
son charme et de son interprétation sensible, réelle et unique…<br />
Il nous manque donc mais son opulente discographie est et reste et il ne faut
pas se priver de ces moments romantiques que lui seul était capable en tout
swing délicat, de procurer.<br />
<br />
Merci Tony, merci Mr Bennett, vous restez à jamais dans mon cœur.<br />
<br />
--- </p><p class="MsoNormal">Bon, ça y est, je vous ai bien plombés…<br />
on enchaine <br />
<br />
---<br />
<br />
NANA VASCONCELOS « Saudades » - ECM 1979.<o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal">Magnifique tant que totalement insolite, ECM réédite le hors
champs de toute appréciation musicale « Saudades » du regretté percussionniste,
spécialiste du Berimbau, Nana Vasconcelos.<br />
Egberto Gismondi a participé amplement à cet intriguant projet musical et
arrangé les cordes, absolument originales, qui interviennent telles des inserts
de musique contemporaine dans un enchevêtrement percussif improvisé et évasif,
qui l’est tout autant.<br />
Le soin ECM de la prise de son, remanié en mastering ici fait pénétrer et s’immerger
dans le jeu de dentelles chantantes de Nana Vasconcelos, qui loin de ce qui
sera la mode de la « world music » importe et fusionne simplement son
immense savoir faire ancestral pour un contexte insaisissable, parfois presque « dérangeant »,
mais qui pour autant n’autorise pas à penser « décrocher ».<br />
J’ai redécouvert avec plaisir cet album que j’avais à sa sortie beaucoup écouté
pour, justement, sa totale originalité.<br />
Les cordes sont absolument remarquables de « caractère » d’écriture
et de texture et finalement l’univers percussif tant que vocal que Nana
Vasconcelos embarquera partout avec lui au fil des années futures et des
collaborations les plus diverses (Metheny, Codona, Gismondi…) est là, juste là,
complètement représenté dans cet album de jungle sonore et sauvage pour le
moins inhabituel.<br />
<br />
---<br />
<br />
KIP HANRAHAN « Vertical Currency » - Pangea/Yellowbird 1684.<br />
<br />
Je reste dans les percussions avec le chef de file d’un mouvement de
renouvellement eighties s’emparant du free jazz, des réminiscences rock et bien
entendu des rythmiques cubaines, Kip Hanrahan.<br />
Des invités prestigieux, de tous bords, comme ici l’hypnotique Jack Bruce qui
chante et basse, bien sûr.<br />
Un album plus « sage » d’apparence que le premier, carrément barré où
le free sur foisonnement de congas et bongos avait la part plus que belle (« Coup
de tête »).<br />
Salsa, Mambo, Son, bref tout l’apanage latino sort du chapeau et c’est juste un
régal.<br />
Le plus surprenant étant justement Jack Bruce qui s’éclate dans ce contexte
forcément pour lui inhabituel, et c’est carrément là, quelque part, la magie indicible
du truc.<br />
Cette voix et cette basse Hohner, plus guitare basse que basse (« Two heartedly,
to the other side ») qui serpentent sur ce tapis de percussion, ce chant qui
lyrise dans ces enchevêtrement de cuivres syncopés et omniprésents d’où s’échappent
les solos les plus libres et ensoleillés.<br />
Cette originalité décisive de chaque instant (« Smiles and Grins »)
qui nous oblige, nous appelle, nous interpelle.<br />
Au fil des plages, du très beau monde (Airto Linsey, John Stubblefield, David
Murray, Lew Soloff, Milton Cardona, Ignacio Berroa, Steve Swallow) et une
filiation Carla Bley en lointain filigrane qui n’est pas (et ne fut pas) pour
me déplaire.<br />
<br />
---<br />
<br />
Bon, c’est fini pour juillet.<br />
Méfiez vous des cyclistes, des sangliers, des trottinettes électriques, de Macron
et profitez bien…<br />
Bonnes mi vacances à toutes et tous.<br />
<br />
<br />
<!--[if !supportLineBreakNewLine]--><br />
<!--[endif]--><o:p></o:p></p>Pascal GEORGEShttp://www.blogger.com/profile/01916469417040396074noreply@blogger.com0